Chapitre 6: La grande idée de Corela
Evidemment, dès que Carole revint au château, elle envoya un message télépathique à ses cousines qui rappliquèrent aussitôt dans sa chambre pour écouter avec attention son récit.
-C'est génial! s'écria Claire avant de hurler parce que Flora venait de faire tomber son thé brûlant sur sa robe.
-Oh la la! Excuse-moi, Claire...bafouilla Flora en tentant d'éponger le liquide avec sa propre manche. Mais tu comprends, c'est un sacré choc!
-Eh oui, Flora, il faut te faire une raison. C'est pas toi qu'il a choisi, dit Elisabeth calmement. Et donc, qu'est-ce que tu comptes faire?
-J'ai besoin de vous, évidemment, répondit Carole. Ou au moins de toi, poursuivit-t-elle en se tournant vers Elisabeth. Tu es la plus proche d'Hermione. Il faut que tu gagnes sa confiance et ensuite, tu lui parles de tes problèmes amoureux... et avec un peu de chance, elle te parlera des siens et on sera fixées. Si ça marche mais que ce n'est pas Harry, c'est mort. Si ça marche et que c'est Harry, c'est gagné!
-Et si c'était effectivement Harry mais que le plan avec Babeth ça foire? On fait comment pour savoir? demanda Flora.
-On passe au plan B, c'est-à-dire, je vais tout lui raconter et on verra bien ce qu'elle en pense, en espérant qu'elle n'ira pas tout redire à Harry après, reprit Carole avec un sourire satisfait.
-C'est pas comme si t'avais prévu tout, déjà! dit Claire en réprimant un fou rire. -Autre chose. Ron. Il ne sait rien. Et vu que c'est son meilleur ami, il serait sûrement vexé s'il apprenait ça par quelqu'un d'autre (elle lança un regard entendu à Flora), donc pas de gaffes s'il vous plaît.
-Ah! c'est cool, ça! Une mission top secrète! Enfin une aventure! s'écria Flora dont les yeux s'étaient mis à pétiller.
-Exactement ce que je me disais, avoua Carole. Y a plus qu'à espérer que la révélation de Harry soit réciproque. Sinon, on aura à traiter un cas de chagrin d'amour et en plus, je passerai pour une incapable.
-T'inquiète pas, ils sont faits l'un pour l'autre, la rassura Elisabeth. Oh! Vite! Il est presque 20h! On va rater le début de notre séance! Elle se levèrent toutes d'un bond et se rendirent devant le tableau qui gardait l'entrée de la salle commune des Préfèts-en-Chefs.
-Ah oui, j'oubliais, souffla Carole avant que Claire ne prononce le mot de passe, Harry pense qu'il n'y a que moi au courant. Vous, vous ne savez rien, compris?
Elles acquiescèrent en silence.
-Protectorum, reprit Claire.
Le panneau pivota et elles entrèrent dans la salle commune. Hermione était assise dans le canapé en face de la cheminée et écrivait sur un carnet. Dès qu'elle aperçut les Edelweiss, elle arrêta d'écrire et rangea en vitesse le carnet dans son sac posé à côté d'elle.
-Salut, les filles! lança-t-elle joyeusement. Prêtes pour un cours supplémentaire? Ce soir, j'avais pensé vous apprendre à préparer la potion de Polynectar et après on verra le sortilège de Lévitation et d'Attraction.
Les cinq jeunes filles s'assirent sur le tapis devant le feu de cheminée et Hermione leur dicta la préparation du Polynectar tout en racontant comment, en deuxième année, elle avait fabriqué cette potion pour que Harry et Ron se transforment en Crabbe et Goyle afin qu'ils interrogent Malfoy sur l'héritier de Serpentard qui était le seul à pouvoir entrer dans la Chambre des Secrets et maîtriser le basilic enfermé dedans.
-Mais pourquoi Malfoy? demanda Claire, incrédule. Ca aurait pu être n'importe qui!
-Oui, mais il s'avère que la famille Malfoy est à Serpentard depuis des siècles et Drago avait l'air bien au courant de l'histoire, d'autant plus que même s'il n'était pas l'héritier, il se conduisait comme si c'était le cas et son comportement face aux Moldus était tout à fait et est toujours d'ailleurs, dans la lignée des volontés de Salazar Serpentard, déclara Hermione, un voile de dégoût passant dans ses yeux. Après on a su que c'était Voldemort le véritable héritier. On s'était trompé mais ça ne change rien puisque Malfoy père est l'un de ses serviteurs les plus fidèles.
Pour changer de sujet, en voyant la mine déconfite des cousines lorsqu'elles avaient entendu le nom de Voldemort, Hermione décida de passer aussitôt à la pratique. Pour le sortilège de Lévitation, aucun problème, elles y arrivèrent du premier coup. Pour celui d'Attraction, Elles se servirent tout d'abord de chose légères, comme des plumes. Puis, elles passèrent aux coussins. Et enfin, à tous les objets qui se trouvaient dans la pièce. Hermione était très satisfaite. Elle ne pouvait s'empêcher de les féliciter tellement elle les trouvait brillantes, tandis que les filles lui renvoyaient la pareille tellement elles la trouvaient parfaite comme professeur.
L'heure terminée, elles remontèrent dans leur tour et allèrent se coucher. Carole se glissa dans ses draps soyeux et son cerveau se mit aussitôt à bouillonner. Elles repensa aux paroles d'Hermione de la première partie du cours. En réalité, elle ne pensait qu'à ça depuis. Et plus elle y pensait, plus sa détermination croissait. Une idée folle était en train de germer. Mais au lieu de réfléchir plus longtemps et de se casser la tête pour rien, elle fit comme si de rien n'était, et laissa cet embryon d'idée dans un coin de son esprit, sachant qu'il grandirait beaucoup mieux tout seul et que lorsqu'il serait enfin mûr, il lui reviendrait en mémoire le moment venu. Pendant les jours qui suivirent, elle passa parfois à la Bibliothèque, pour rechercher des informations dont elle avait besoin. Mais pour échafauder son plan, elle devait confirmer ce qu'elle savait déjà et surtout avoir connaissance de quelques anecdotes qui pourraient lui servir sur le sujet. Elle essaya donc de découvrir tout cela en silence. Après tout, pourquoi avoir un pouvoir unique si on n'en s'en servait même pas? C'est ainsi que pendant les déjeuners ou autres moments où elle se trouvait en compagnie des Ron, Hermione ou Harry, elle restait silencieuse. Les autres pensaient simplement qu'elle était ailleurs, comme souvent. Ce qui n'était pas exactement faux. Mais au lieu d'être dans un autre monde ou dans sa tête à imaginer quelque chose, elle s'immiscait dans celle des autres. Elle apprit par l'intermédaire d'un livre que le pouvoir qu'elle possédait de lire dans les pensées pouvait être bien plus utile qu'elle ne le pensait au début. En effet, en se concentrant bien, elle était capable de rentrer dans l'esprit des gens et de chercher, rien que par la force mentale, une information particulière. Le problème est que c'était extrêmement éreintant mentalement. Et après seulement quelques minutes, elle devait s'arrêter pour ne pas s'évanouir de fatigue. Mais Carole connaissait ses limites. Elle n'attira donc pas trop l'attention sur son attitude bizarre et fit de son mieux pour rester naturelle et avoir des moments de relaxation pour régénérer son énergie mentale.
Finalement, au bout d'une semaine d'efforts acharnés, elle décida qu'elle avait toutes les cartes en main. Elle laissa donc son plan se peaufiner tout seul pendant son sommeil. C'est ainsi que le samedi 12 octobre, lorsque Flora frappa à la porte de sa chambre, une Carole toute souriante lui ouvrit.
-Tiens, eh bien, t'as l'air d'avoir bien dormi, on dirait! s'exclama Flora en regardant d'un air étonné sa cousine.
-Comme une marmotte, oui. Et ce genre de sommeil paradoxal est excellent pour faire cogiter le cerveau, il paraît, annonça Carole en agrandissant son sourire.
-Toi, tu as quelque chose à nous dire, assura Flora avant de s'assoir dans le canapé devenu bleu nuit. Je connais ce regard et ce sourire. -Oui. Mais j'attends que les autres arrivent pour.
-Pour dire quoi? demanda Claire qui venait d'entrer par la porte restée ouverte.
-Bonjour tout le monde, poursuivit Elisabeth.
Elles s'assirent toutes les deux aux côtés de Flora, en face de Carole. Celle-ci prit une profonde inspiration et ses cousines remarquèrent aussitôt l'éclat de malice et de détermination qui brillaient anormalement dans ses yeux bleus.
-J'ai un plan. Un super plan d'enfer. Quelque chose de très tordu, mais qui peut nous aider grandement dans notre mission. Notre vraie mission je veux dire, pas le couple Harry-Hermione.
-Vas-y, on t'écoute.
-Surtout ne m'interrompez pas avant que j'aie fini. Vous allez sûrement réagir énergiquement, mais de toute façon, ma décision est prise donc toutes vos protestations ne serviront à rien.
-Oui, oui... d'accord, on promet... dit Claire en lançant un regard perplexe et légèrement teinté d'inquiétude à ses deux voisines.
-Bon. Alors voilà. Je ne sais pas vous mais moi, j'en ai marre de ne rien faire. De ne rien faire dans le sens où on est ici à vivre notre petite vie tranquille alors que d'un moment à un autre, Voldemort peut arriver et tenter une attaque, et qu'on ne serait pas du tout préparées. J'ai donc décidé d'essayer de me renseigner par moi-même. Flora, Claire et Elisabeth étaient pendues à ses lèvres, immobiles et silencieuses, mesurant chacune de ses paroles.
-Excuse-moi de te couper, murmura Flora.
-Non, vas-y, je vois que ce n'est pas pour me crier dessus donc tu peux parler.
-Je veux dire, enfin, je suis tout à fait d'accord avec toi. Je pense aussi qu'il faut tenter quelque chose et pas seulement attendre que le "Grand Jour" nous tombe dessus. On pourrait donc réfléchir toutes ensemble à une idée.
-Je ne suis absolument pas contre que vous trouviez d'autres trucs à réaliser, mais... moi, j'ai déjà trouvé quelque chose et... malheureusement, elle ne peut être accomplie que par une seule personne, pas par quatre en même temps.
-Ok. Alors, dis-nous.
-Voilà. Je vais séduire Drago Malfoy et ainsi obtenir de lui des nouvelles intéressantes sur les faits et gestes de Voldemort.
Et ce que redoutait Carole arriva. Elles se mirent toutes les trois à crier dans toutes les sens en fronçant les sourcils d'indignation. Les répliques fusaient de partout.
-Mais enfin Carole, coment peux-tu imaginer faire ça? fulmina Elisabeth.
-Il est l'ennemi public de Harry! tonna Claire.
-Il est la méchanceté et le mépris par excellence! protesta Flora. Carole attendit sagement plusieurs minutes qu'elles se soient calmées pour reprendre son explication.
-Oui, je sais tout ça, comme si je n'y avais pas pensé avant! Croyez-moi, j'ai retourné le problème dans tous les sens et je n'ai trouvé que cette solution. C'est ce qu'a dit Hermione sur Malfoy l'autre jour, quand elle parlait du Polynectar. Elle a dit que les Malfoy étaient une des familles les plus proches de Voldemort. J'en ai logiquement déduit qu'ils devaient savoir des choses que la plupart des gens ignorent vu que les Mangemorts exécutent ses ordres. On aurait peût-être pu le forcer, mais... si l'opération ne marchait pas, les conséquences pourraient être graves, alors qu'en le séduisant, je ne risque rien. Si ça ne marche pas, j'abandonne et c'est tout. Pas la peine de me regarder comme ça, Flora, je ne changerai pas d'avis. Mais je voulais vous prévenir. Je peux avoir besoin de vous. A n'importe quel moment.
-Et tu peux compter sur moi, déclara fermement Elisabeth. On doit prendre les choses en main et agir. Carole a trouvé une idée. Bizarre et complètement inattendue, j'avoue, mais brillante. Elle jeta un un coup d'oeil impérieux aux deux plus jeunes qui continuaient de faire plus ou moins des grimaces.
-On sera avec toi, annonça finalement Claire. Même si je n'approuve pas totalement. C'est vrai qu'au moins toi tu as eu une idée alors que nous, enfin en tout cas pour ma part, je n'y avais même pas encore réellement pensé.
Carole sourit puis se tourna vers Flora. Celle-ci fronçait toujours les sourcils et ses yeux étaient devenus plus ternes que d'habitude.
-Flora, qu'est-ce qu'il y a? demanda Carole en s'agenouillant devant elle. Tu ne veux pas m'aider? Tu crois que j'en suis incapble ou tu penses carrément que c'est une idée stupide?
-Rien de tout ça, j'te rassure. C'est juste que c'est quand même... dangereux, lâcha-t-elle au prix d'un grand effort. J'ai... je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose ou qu'il te fasse du mal.
-Flora, regarde-moi. Qui ne risque rien n'a rien. Notre destinée n'est pas commune, je dirais même exceptionnelle d'une certaine manière. Alors on ne peut agir qu'exceptionnellement. Vu ce qu'on doit accomplir, nos actions ne peuvent être comparables. Flora prit alors la main de Carole dans la sienne et la serra très fort. Elle renifla un coup puis sourit. Claire et Elisabeth se joignirent aussi à la poignée de main mutuelle.
Après ce moment d'émotion fortes, Claire en vint logiquement à la pratique et la bonne humeur revint vite dans la chambre.
-Notre petite Carole qui va séduire un Serpentard, le plus inaccessible, le pire, en fait. Ca va être bizarre. Tu comptes t'y prendre comment? demanda Elisabeth, visiblement intéressée.
-Ron m'a dit que les trois quarts des filles de sixième et septième année étaient déjà tombées dans son piège, reconnut Flora. -Je pense qu'il est lui-même le piège, rectifia Claire avec un clin d'oeil malicieux.
-Bon, d'accord, il est pas trop mal dans son genre, pousuivit Flora. Mais, en y réfléchissant, je ne l'ai jamais vraiment regardé... je veux dire examiner, prendre le temps de tout voir.
Carole se rendit compte à cet instant qu'elle était dans le même cas. Seuls les souvenirs encore vivaces de son intense regard gris parvenait à se matérialiser dans son esprit. Elle se sentit tout à coup idiote. Elle allait devoir réussi à plaire à quelqu'un qui a) avait un caractère apparemment exécrable, b) était un allié potentiel de l'ennemi, et c) à qui elle n'avait jamais adressé la parole. -Comme c'est quand même un travail d'équipe, je voudrais avoir vos conseils sur la manière dont je devrais m'y prendre, dit Carole.
-Commence petit à petit à parler avec lui et à le connaître, commença Elisabeth.
-Tout en restant séductrice. Ne lui parle pas comme à un ami, poursuivit Flora.
-Et une fois que tu le sens, fais-lui le numéro de la femme fatale, conclut Claire, les yeux brillants.
Elles hochèrent toutes les trois la tête d'un air approbateur en se regardant.
-Mais je... enfin... je n'ai jamais... fait ça! s'écria Carole, surprise par l'audace de ses propres cousines.
-T'as toujours eu des talents de comédienne, assura Flora, tu réussiras à coup sûr. De toute façon, on a promis qu'on t'aiderait. Et crois-moi, maintenant que j'ai enfin digéré le truc, j'ai des tas d'idées qui me viennent. On va faire de toi une arme de séduction irrésistible!
Elles éclatèrent toutes de rire. Carole se sentait beaucoup mieux à présent. Sachant ses cousines à 100% de son côté et prêtes à s'investir, sa détermination reprit encore un peu plus de force.
Quand elles avaient annoncé la nouvelle à Harry, Ron et Hermione, ils s'étaient d'abord mis dans une rage folle, comme elles s'y attendaient. Harry avait peur pour Carole, Ron avait plutôt insisté sur la "traîtrise" qu'elle allait commettre, et Hermione avait quant à elle un très mauvais préssentiment. Mais devant l'implacable volonté qui soudait maintenant les quatre Edelweiss et la force tranquille perceptible qui émanait de Carole, ils n'avaient pu que se résigner, non sans protestations, bien entendu.
Quant à Dumbledore et Soria, qui passaient la plupart de leur temps ensemble, elles ne les avaient tout simplement pas mis au courant, estimant qu'elles étaient assez grandes pour entreprendre quelque chose toutes seules, et se disant que de toute façon, ils le remarqueraient bien assez tôt.
Evidemment, dès que Carole revint au château, elle envoya un message télépathique à ses cousines qui rappliquèrent aussitôt dans sa chambre pour écouter avec attention son récit.
-C'est génial! s'écria Claire avant de hurler parce que Flora venait de faire tomber son thé brûlant sur sa robe.
-Oh la la! Excuse-moi, Claire...bafouilla Flora en tentant d'éponger le liquide avec sa propre manche. Mais tu comprends, c'est un sacré choc!
-Eh oui, Flora, il faut te faire une raison. C'est pas toi qu'il a choisi, dit Elisabeth calmement. Et donc, qu'est-ce que tu comptes faire?
-J'ai besoin de vous, évidemment, répondit Carole. Ou au moins de toi, poursuivit-t-elle en se tournant vers Elisabeth. Tu es la plus proche d'Hermione. Il faut que tu gagnes sa confiance et ensuite, tu lui parles de tes problèmes amoureux... et avec un peu de chance, elle te parlera des siens et on sera fixées. Si ça marche mais que ce n'est pas Harry, c'est mort. Si ça marche et que c'est Harry, c'est gagné!
-Et si c'était effectivement Harry mais que le plan avec Babeth ça foire? On fait comment pour savoir? demanda Flora.
-On passe au plan B, c'est-à-dire, je vais tout lui raconter et on verra bien ce qu'elle en pense, en espérant qu'elle n'ira pas tout redire à Harry après, reprit Carole avec un sourire satisfait.
-C'est pas comme si t'avais prévu tout, déjà! dit Claire en réprimant un fou rire. -Autre chose. Ron. Il ne sait rien. Et vu que c'est son meilleur ami, il serait sûrement vexé s'il apprenait ça par quelqu'un d'autre (elle lança un regard entendu à Flora), donc pas de gaffes s'il vous plaît.
-Ah! c'est cool, ça! Une mission top secrète! Enfin une aventure! s'écria Flora dont les yeux s'étaient mis à pétiller.
-Exactement ce que je me disais, avoua Carole. Y a plus qu'à espérer que la révélation de Harry soit réciproque. Sinon, on aura à traiter un cas de chagrin d'amour et en plus, je passerai pour une incapable.
-T'inquiète pas, ils sont faits l'un pour l'autre, la rassura Elisabeth. Oh! Vite! Il est presque 20h! On va rater le début de notre séance! Elle se levèrent toutes d'un bond et se rendirent devant le tableau qui gardait l'entrée de la salle commune des Préfèts-en-Chefs.
-Ah oui, j'oubliais, souffla Carole avant que Claire ne prononce le mot de passe, Harry pense qu'il n'y a que moi au courant. Vous, vous ne savez rien, compris?
Elles acquiescèrent en silence.
-Protectorum, reprit Claire.
Le panneau pivota et elles entrèrent dans la salle commune. Hermione était assise dans le canapé en face de la cheminée et écrivait sur un carnet. Dès qu'elle aperçut les Edelweiss, elle arrêta d'écrire et rangea en vitesse le carnet dans son sac posé à côté d'elle.
-Salut, les filles! lança-t-elle joyeusement. Prêtes pour un cours supplémentaire? Ce soir, j'avais pensé vous apprendre à préparer la potion de Polynectar et après on verra le sortilège de Lévitation et d'Attraction.
Les cinq jeunes filles s'assirent sur le tapis devant le feu de cheminée et Hermione leur dicta la préparation du Polynectar tout en racontant comment, en deuxième année, elle avait fabriqué cette potion pour que Harry et Ron se transforment en Crabbe et Goyle afin qu'ils interrogent Malfoy sur l'héritier de Serpentard qui était le seul à pouvoir entrer dans la Chambre des Secrets et maîtriser le basilic enfermé dedans.
-Mais pourquoi Malfoy? demanda Claire, incrédule. Ca aurait pu être n'importe qui!
-Oui, mais il s'avère que la famille Malfoy est à Serpentard depuis des siècles et Drago avait l'air bien au courant de l'histoire, d'autant plus que même s'il n'était pas l'héritier, il se conduisait comme si c'était le cas et son comportement face aux Moldus était tout à fait et est toujours d'ailleurs, dans la lignée des volontés de Salazar Serpentard, déclara Hermione, un voile de dégoût passant dans ses yeux. Après on a su que c'était Voldemort le véritable héritier. On s'était trompé mais ça ne change rien puisque Malfoy père est l'un de ses serviteurs les plus fidèles.
Pour changer de sujet, en voyant la mine déconfite des cousines lorsqu'elles avaient entendu le nom de Voldemort, Hermione décida de passer aussitôt à la pratique. Pour le sortilège de Lévitation, aucun problème, elles y arrivèrent du premier coup. Pour celui d'Attraction, Elles se servirent tout d'abord de chose légères, comme des plumes. Puis, elles passèrent aux coussins. Et enfin, à tous les objets qui se trouvaient dans la pièce. Hermione était très satisfaite. Elle ne pouvait s'empêcher de les féliciter tellement elle les trouvait brillantes, tandis que les filles lui renvoyaient la pareille tellement elles la trouvaient parfaite comme professeur.
L'heure terminée, elles remontèrent dans leur tour et allèrent se coucher. Carole se glissa dans ses draps soyeux et son cerveau se mit aussitôt à bouillonner. Elles repensa aux paroles d'Hermione de la première partie du cours. En réalité, elle ne pensait qu'à ça depuis. Et plus elle y pensait, plus sa détermination croissait. Une idée folle était en train de germer. Mais au lieu de réfléchir plus longtemps et de se casser la tête pour rien, elle fit comme si de rien n'était, et laissa cet embryon d'idée dans un coin de son esprit, sachant qu'il grandirait beaucoup mieux tout seul et que lorsqu'il serait enfin mûr, il lui reviendrait en mémoire le moment venu. Pendant les jours qui suivirent, elle passa parfois à la Bibliothèque, pour rechercher des informations dont elle avait besoin. Mais pour échafauder son plan, elle devait confirmer ce qu'elle savait déjà et surtout avoir connaissance de quelques anecdotes qui pourraient lui servir sur le sujet. Elle essaya donc de découvrir tout cela en silence. Après tout, pourquoi avoir un pouvoir unique si on n'en s'en servait même pas? C'est ainsi que pendant les déjeuners ou autres moments où elle se trouvait en compagnie des Ron, Hermione ou Harry, elle restait silencieuse. Les autres pensaient simplement qu'elle était ailleurs, comme souvent. Ce qui n'était pas exactement faux. Mais au lieu d'être dans un autre monde ou dans sa tête à imaginer quelque chose, elle s'immiscait dans celle des autres. Elle apprit par l'intermédaire d'un livre que le pouvoir qu'elle possédait de lire dans les pensées pouvait être bien plus utile qu'elle ne le pensait au début. En effet, en se concentrant bien, elle était capable de rentrer dans l'esprit des gens et de chercher, rien que par la force mentale, une information particulière. Le problème est que c'était extrêmement éreintant mentalement. Et après seulement quelques minutes, elle devait s'arrêter pour ne pas s'évanouir de fatigue. Mais Carole connaissait ses limites. Elle n'attira donc pas trop l'attention sur son attitude bizarre et fit de son mieux pour rester naturelle et avoir des moments de relaxation pour régénérer son énergie mentale.
Finalement, au bout d'une semaine d'efforts acharnés, elle décida qu'elle avait toutes les cartes en main. Elle laissa donc son plan se peaufiner tout seul pendant son sommeil. C'est ainsi que le samedi 12 octobre, lorsque Flora frappa à la porte de sa chambre, une Carole toute souriante lui ouvrit.
-Tiens, eh bien, t'as l'air d'avoir bien dormi, on dirait! s'exclama Flora en regardant d'un air étonné sa cousine.
-Comme une marmotte, oui. Et ce genre de sommeil paradoxal est excellent pour faire cogiter le cerveau, il paraît, annonça Carole en agrandissant son sourire.
-Toi, tu as quelque chose à nous dire, assura Flora avant de s'assoir dans le canapé devenu bleu nuit. Je connais ce regard et ce sourire. -Oui. Mais j'attends que les autres arrivent pour.
-Pour dire quoi? demanda Claire qui venait d'entrer par la porte restée ouverte.
-Bonjour tout le monde, poursuivit Elisabeth.
Elles s'assirent toutes les deux aux côtés de Flora, en face de Carole. Celle-ci prit une profonde inspiration et ses cousines remarquèrent aussitôt l'éclat de malice et de détermination qui brillaient anormalement dans ses yeux bleus.
-J'ai un plan. Un super plan d'enfer. Quelque chose de très tordu, mais qui peut nous aider grandement dans notre mission. Notre vraie mission je veux dire, pas le couple Harry-Hermione.
-Vas-y, on t'écoute.
-Surtout ne m'interrompez pas avant que j'aie fini. Vous allez sûrement réagir énergiquement, mais de toute façon, ma décision est prise donc toutes vos protestations ne serviront à rien.
-Oui, oui... d'accord, on promet... dit Claire en lançant un regard perplexe et légèrement teinté d'inquiétude à ses deux voisines.
-Bon. Alors voilà. Je ne sais pas vous mais moi, j'en ai marre de ne rien faire. De ne rien faire dans le sens où on est ici à vivre notre petite vie tranquille alors que d'un moment à un autre, Voldemort peut arriver et tenter une attaque, et qu'on ne serait pas du tout préparées. J'ai donc décidé d'essayer de me renseigner par moi-même. Flora, Claire et Elisabeth étaient pendues à ses lèvres, immobiles et silencieuses, mesurant chacune de ses paroles.
-Excuse-moi de te couper, murmura Flora.
-Non, vas-y, je vois que ce n'est pas pour me crier dessus donc tu peux parler.
-Je veux dire, enfin, je suis tout à fait d'accord avec toi. Je pense aussi qu'il faut tenter quelque chose et pas seulement attendre que le "Grand Jour" nous tombe dessus. On pourrait donc réfléchir toutes ensemble à une idée.
-Je ne suis absolument pas contre que vous trouviez d'autres trucs à réaliser, mais... moi, j'ai déjà trouvé quelque chose et... malheureusement, elle ne peut être accomplie que par une seule personne, pas par quatre en même temps.
-Ok. Alors, dis-nous.
-Voilà. Je vais séduire Drago Malfoy et ainsi obtenir de lui des nouvelles intéressantes sur les faits et gestes de Voldemort.
Et ce que redoutait Carole arriva. Elles se mirent toutes les trois à crier dans toutes les sens en fronçant les sourcils d'indignation. Les répliques fusaient de partout.
-Mais enfin Carole, coment peux-tu imaginer faire ça? fulmina Elisabeth.
-Il est l'ennemi public de Harry! tonna Claire.
-Il est la méchanceté et le mépris par excellence! protesta Flora. Carole attendit sagement plusieurs minutes qu'elles se soient calmées pour reprendre son explication.
-Oui, je sais tout ça, comme si je n'y avais pas pensé avant! Croyez-moi, j'ai retourné le problème dans tous les sens et je n'ai trouvé que cette solution. C'est ce qu'a dit Hermione sur Malfoy l'autre jour, quand elle parlait du Polynectar. Elle a dit que les Malfoy étaient une des familles les plus proches de Voldemort. J'en ai logiquement déduit qu'ils devaient savoir des choses que la plupart des gens ignorent vu que les Mangemorts exécutent ses ordres. On aurait peût-être pu le forcer, mais... si l'opération ne marchait pas, les conséquences pourraient être graves, alors qu'en le séduisant, je ne risque rien. Si ça ne marche pas, j'abandonne et c'est tout. Pas la peine de me regarder comme ça, Flora, je ne changerai pas d'avis. Mais je voulais vous prévenir. Je peux avoir besoin de vous. A n'importe quel moment.
-Et tu peux compter sur moi, déclara fermement Elisabeth. On doit prendre les choses en main et agir. Carole a trouvé une idée. Bizarre et complètement inattendue, j'avoue, mais brillante. Elle jeta un un coup d'oeil impérieux aux deux plus jeunes qui continuaient de faire plus ou moins des grimaces.
-On sera avec toi, annonça finalement Claire. Même si je n'approuve pas totalement. C'est vrai qu'au moins toi tu as eu une idée alors que nous, enfin en tout cas pour ma part, je n'y avais même pas encore réellement pensé.
Carole sourit puis se tourna vers Flora. Celle-ci fronçait toujours les sourcils et ses yeux étaient devenus plus ternes que d'habitude.
-Flora, qu'est-ce qu'il y a? demanda Carole en s'agenouillant devant elle. Tu ne veux pas m'aider? Tu crois que j'en suis incapble ou tu penses carrément que c'est une idée stupide?
-Rien de tout ça, j'te rassure. C'est juste que c'est quand même... dangereux, lâcha-t-elle au prix d'un grand effort. J'ai... je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose ou qu'il te fasse du mal.
-Flora, regarde-moi. Qui ne risque rien n'a rien. Notre destinée n'est pas commune, je dirais même exceptionnelle d'une certaine manière. Alors on ne peut agir qu'exceptionnellement. Vu ce qu'on doit accomplir, nos actions ne peuvent être comparables. Flora prit alors la main de Carole dans la sienne et la serra très fort. Elle renifla un coup puis sourit. Claire et Elisabeth se joignirent aussi à la poignée de main mutuelle.
Après ce moment d'émotion fortes, Claire en vint logiquement à la pratique et la bonne humeur revint vite dans la chambre.
-Notre petite Carole qui va séduire un Serpentard, le plus inaccessible, le pire, en fait. Ca va être bizarre. Tu comptes t'y prendre comment? demanda Elisabeth, visiblement intéressée.
-Ron m'a dit que les trois quarts des filles de sixième et septième année étaient déjà tombées dans son piège, reconnut Flora. -Je pense qu'il est lui-même le piège, rectifia Claire avec un clin d'oeil malicieux.
-Bon, d'accord, il est pas trop mal dans son genre, pousuivit Flora. Mais, en y réfléchissant, je ne l'ai jamais vraiment regardé... je veux dire examiner, prendre le temps de tout voir.
Carole se rendit compte à cet instant qu'elle était dans le même cas. Seuls les souvenirs encore vivaces de son intense regard gris parvenait à se matérialiser dans son esprit. Elle se sentit tout à coup idiote. Elle allait devoir réussi à plaire à quelqu'un qui a) avait un caractère apparemment exécrable, b) était un allié potentiel de l'ennemi, et c) à qui elle n'avait jamais adressé la parole. -Comme c'est quand même un travail d'équipe, je voudrais avoir vos conseils sur la manière dont je devrais m'y prendre, dit Carole.
-Commence petit à petit à parler avec lui et à le connaître, commença Elisabeth.
-Tout en restant séductrice. Ne lui parle pas comme à un ami, poursuivit Flora.
-Et une fois que tu le sens, fais-lui le numéro de la femme fatale, conclut Claire, les yeux brillants.
Elles hochèrent toutes les trois la tête d'un air approbateur en se regardant.
-Mais je... enfin... je n'ai jamais... fait ça! s'écria Carole, surprise par l'audace de ses propres cousines.
-T'as toujours eu des talents de comédienne, assura Flora, tu réussiras à coup sûr. De toute façon, on a promis qu'on t'aiderait. Et crois-moi, maintenant que j'ai enfin digéré le truc, j'ai des tas d'idées qui me viennent. On va faire de toi une arme de séduction irrésistible!
Elles éclatèrent toutes de rire. Carole se sentait beaucoup mieux à présent. Sachant ses cousines à 100% de son côté et prêtes à s'investir, sa détermination reprit encore un peu plus de force.
Quand elles avaient annoncé la nouvelle à Harry, Ron et Hermione, ils s'étaient d'abord mis dans une rage folle, comme elles s'y attendaient. Harry avait peur pour Carole, Ron avait plutôt insisté sur la "traîtrise" qu'elle allait commettre, et Hermione avait quant à elle un très mauvais préssentiment. Mais devant l'implacable volonté qui soudait maintenant les quatre Edelweiss et la force tranquille perceptible qui émanait de Carole, ils n'avaient pu que se résigner, non sans protestations, bien entendu.
Quant à Dumbledore et Soria, qui passaient la plupart de leur temps ensemble, elles ne les avaient tout simplement pas mis au courant, estimant qu'elles étaient assez grandes pour entreprendre quelque chose toutes seules, et se disant que de toute façon, ils le remarqueraient bien assez tôt.
