Reviewer's corner :Bon, d'abord je m'excuse pour les loadages plus qu'aléatoires. Merci aux courageuses qui lisent quand même… Et pour celles qui se le demandent, j'oublie pas que j'ai quatre bishous coincés dans un ascenseur… Leur temps viendra…

Flojirô : gomeeeeen ! Problème de chrono ! La partie de Doku devait venir ici aussi, mais finalement est décalée un peu plus loin… Dis, tu m'en veux ? air angélique (oui, tu vas m'en vouloir, à cause de Nunuche… grrrr). Sinon, j'espère que tu t'es bien amusée à Paris ! See you !

Shaniane : mdrrr ! Non , je décris pas encore vraiment les fringues de Doku… Quelle sadique je fais… Niark ! Bon, ben voilà la suite. Fallait bien que je commence à m'intéresser aux filles, mais j'ai un mal fou avec elles… soupir J'espère que ça se laisse lire quand même…

MELLYNA, Mellyna, Mellyna : Ha, je te tiens toi ! Non mais t'as pas honte ? Méssante, me dire ça que 4 jours avant ? J'ai le temps de rien faire n 4 jours, môa ! TT ! Et voilà que je me retrouve à bourrer pour sortir une partie le jour dit et te souhaiter un « TRÈS JOYEUX ANNIVERSAIRE ! » alors que j'ai du boulot par dessus la tête ! Peuh. Au moins j'aurais noté la date pour l'année prochaine…(non, sérieusement : Joyeux Anniversaire à toi…)

oOoOoOo

« Mirrors of his Memories »

Part 2 : Amicorum meorum speculum…

Voc :

Iie non.

Koushu reine

Hime princesse

Oji-san litt. Oncle. Forme de politesse pour une personne plus âgée…

Namae wa (…) desu mon nom est…

« Cuniféraire » effectivement, le mot n'existe pas en bon français. Insulte de la fikeuse taillée sur mesure pour aller à Nî…( du latin cunus lapin et fero porter… porteur de lapin, quoi…)

Nothing changes but faces and names

(Bon Jovi)

(Tenpou : C'est pas plutôt l'inverse, ici, normalement ?

Le piaf : Ho, c'est bon, on peut pas non plus trouver LA citation idoine à chaque fois…)

La jeune femme au doux regard ambré et aux longs cheveux violets…

Parfois, elle se demandait si cet emploi absurde ne consistait pas seulement à regarder les gens passer. D'ailleurs, qui aurait dit que l'on aurait besoin de réceptionnistes même de nuit au 86e étage de la Tour Hôto ? Elle n'avait pris son poste que depuis quarante-cinq minutes et le défilé avait déjà commencé.

D'abord Sha Jien. Un type bien ce Jien. Un peu bourru, mais très gentil. Il s'occupait du PC sécurité de l'étage, juste derrière les bureaux des réceptionnistes, enfermé dans cette petite pièce dont un des murs était couvert d'écrans de surveillance ressemblant à s'y méprendre à des aquariums lumineux.

« Bon sang ! Ils sont encore en train de remettre ça dans la salle de réunion, j'ai aucune envie de voir ça » l'entendit-elle marmonner en passant. Au bureau d'à côté, sa collègue s'étrangla presque de rire, comprenant sans doute de quoi il voulait parler…Elle occupait ce poste depuis plus longtemps que Yaone.

« Je reviens bientôt, de toute façon j'ai une caméra à vérifier. » lança-t-il à la cantonade.

Ensuite Gyokumen, majestueuse et fière, une bonne demi-heure plus tard. Elle ne leur accorda même pas un regard. Comme à chaque fois, on aurait dit qu'un courant d'air glacé accompagnait chacun de ses déplacements.

Et lui. Nî Jieny. Qui la suivait de près, en fait.

« Yaone ! » s'exclama-t-il avec un sourire réjoui en la voyant derrière le comptoir de l'accueil.

Elle se mordit les lèvres, incapable de répondre. C'était la première fois qu'elle le croisait depuis… Depuis qu'elle ne travaillait plus dans les laboratoires.

« Comme cela faisait longtemps ! Je vous croyais… morte ! »

Yaone refusait de croiser le regard de cet homme. Mais elle capta le léger froncement de sourcils de la part de Shiroyuki, sa collègue, en entendant le choix étrange de ses mots. Il parlait au sens figuré, elle devait croire. Mais Yaone savait bien, elle, qu'il n'en était rien, malgré le ton enjôleur que le savant avait soudain adopté. Sans faire davantage attention à elles, Nî se glissa derrière le comptoir, et de là vers la petite porte qui délimitait le domaine déserté de Jien. Il ressortit presque aussitôt, avec une cassette vidéo dans la main. Il repartit sans un mot, cassette et lapin sous le bras, non sans jeter à Yaone un dernier regard qui la glaça.

Les minutes s'écoulèrent lentement. Yaone écoutait vaguement le babillage de sa collègue, répondant à l'occasion. Shiroyuki lui coula un regard en coin.

« Tu sais ce qu'il te manque dans la vie, Yaone ? Un homme. Quelqu'un qui puisse te protéger. »

J'ai pas besoin qu'on me protège. Pour moi c'est déjà trop tard. Ils m'ont déjà tout pris. Mon corps, ma fierté, mon travail… Pourtant je m'obstine à rester ici, je ne comprends pas. Je ne suis pas de taille… Pourquoi me soucier de ce qui pourrait arriver alors que je ne pourrai strictement rien changer ?

« Ouais, c'est pas comme si c'était mes oignons non plus… » entendit-elle l'autre secrétaire soupirer devant l'absence de réponse.

C'est vrai, c'est ce que j'attends… Que quelqu'un me sauve… Comme tout le monde.

Ses mains s'arrêtèrent de taper, ses doigts quittèrent le clavier et se crispèrent en des poings nerveux. Ses yeux se fermèrent avec force, essayant de réprimer les larmes amères qui lui venaient tout à coup, gardant une immobilité de statue pour éviter de révéler le trouble qui l'habitait. Péniblement, un long soupir s'échappa de ses lèvres, sans emporter pour autant avec lui le poids de son amertume. N'importe quoi. N'importe quoi pour penser à autre chose.

« Ton café. » Un gobelet en plastique se retrouva posé au sommet de l'écran de son ordinateur. Avant même qu'elle ait pu lever la tête pour dire merci, Shiroyuki s'était déjà rassise à sa place. Yaone se dit qu'elle ne l'avait même pas entendu quitter son poste pour aller piller le distributeur de boissons au coin du couloir. Le breuvage noir et amer lui fit faire la grimace. Mais la puissance de la caféine lui redonna un peu de courage. La voix la fit presque sursauter. Heureusement, le verre en plastique dans sa main était presque vide.

« Yaone, pas de messages pour moi ? »

Et elle renvoya son sourire chaleureux à Jien, qui était enfin de retour…

« Iie ! »

Elle regarda machinalement l'heure. Il était 20 h 25.

Mirror of my friend

Il avait perdu l'homme brun au détour d'un couloir. La silhouette familière s'était comme volatilisée. Un instant, Kougaiji se prit à penser qu'il venait juste de rêver. Une illusion due à ses propres désirs, sans doute. Un rire amer et silencieux secoua doucement son corps mince. Il erra encore quelques minutes. Jusqu'à ce qu'ils les voient. De l'une des femmes, il ne pouvait apercevoir que la courbe d'une nuque, que ne dérobait pas à la vue l'épaisse chevelure violette relevée sur le haut du crâne et retombant en deux longues tresses sur les épaules. C'était Yaone. Pas de doute possible. Si proche…Quelques pas, tendre le bras, et il pourrait la toucher.

Il ne fit pas un geste. Ou plutôt si. Discrètement, il recula. Jusqu'à être hors de vue. Adossé à un mur. Le regard dans le vide. Peut-être que s'il s'approchait trop prêt, elle tomberait en poussière, comme dans un rêve…Mais Nî n'était pas tombé en poussière, lui. Alors pourquoi ne pouvait-il toujours pas se rapprocher ? C'était ce qu'on lui avait promis après tout, qu'il allait retrouver ceux qu'il chérissait ! Il pouvait encore entendre sa voix de temps en temps, quand elle répondait au téléphone ou s'adressait à sa collègue. Ces calmes bribes de conversations insignifiantes. Il les leur enviait. Cette simple familiarité, comme elle lui manquait tout à coup !

« Tu sais ce qu'il te manque dans la vie, Yaone ? Un homme. Quelqu'un qui puisse te protéger. » Pas de réponse pour meubler un court silence gêné. « Ouais, c'est pas comme si c'était mes oignons non plus… » Il devina presque le regard en coin que devait jeter l'autre femme à Yaone, l'inquiétude qui voilait les mots qui abandonnaient la partie. Il s'en voulait. Lui aussi, il abandonnait.

Ho, bien sûr, comme la toute première fois où il avait posé les yeux sur elle, il avait envie de secourir Yaone. Un instinct tellement puissant qu'il n'avait jamais bien su l'expliquer. À cet instant, il en franchit presque les derniers pas qui le séparaient d'elle. Mais…Sa Yaone à lui gisait sous un tas de pierres qui n'étaient même pas celles d'un cairn funéraire…Elle avait juré de le servir et le suivre, il s'était juré de la protéger…Il faut voir comme cela l'avait servie, la douce Yaone !

Quand on n'est pas capable de protéger les gens qu'on aime, on ne devrait pas s'autoriser à s'attacher. Et elle est bien trop longue à son goût la liste des gens qu'il n'avait pas su préserver du danger…Ces gens qu'il avait perdus. Yaone, sa mère, Ririn et même Doku…Ils avaient tous connu le même destin. Son aveuglement à lui n'était-il pas bien plus criminel encore que celui de Gyokumen ? La reine n'avait jamais prétendu aimer les gens qu'elle utilisait comme des pions et qu'elle sacrifiait sur l'autel de ses désirs…Il n'avait pas agi tellement différemment lui-même, arguant simplement de ses sentiments pour le justifier…

Aussi, quel que soit ce qui troublait son ex-biochimiste (il la re-connaissait trop bien), il se dit que son intervention serait néfaste…Il ne ferait qu'empirer les choses, certainement. Comme c'était étrange…Il avait quitté le Paradis, s'était précipité ici dans l'espoir insensé de reprendre sa vie comme si rien ne s'était passé, et maintenant il réalisait qu'au contraire, il fallait tout changer. Tout faire pour ne pas que l'histoire de se répète. Et s'éloigner. Surtout s'éloigner et mettre le plus de distance possible entre lui et eux. Ces gens auxquels il tenait plus que tout. Ne pas intervenir, se tenir immobile dans l'espoir qu'ainsi aucun mouvement inconsidéré de sa part ne puisse faire vibrer les fils de leur nouveau destin qui se jouait ici-bas. Et surtout, ne pas faire ce qu'on attendait de lui…Parce que cela ne pourrait que mener à la catastrophe…Il existe des forces avec lesquelles il ne faut pas jouer.

Oh, pas grand-chose. Juste que tu remettes en branle le destin…

Oui, effectivement. Ça ne pouvait être qu'une sinistre plaisanterie…

Il se retourna. Il fallait vraiment qu'il sorte d'ici.

L'enfant vive et enjouée,

qui cachait la mélancolie au fonds de ses grands yeux verts

avec de mémorables explosions de tendresse…

Parfois, au moment le plus inattendu, elle l'appelle « ma princesse ». Le cœur de la fillette fait un bon dans sa poitrine. Pendant un absurde instant, elle y croit. Elle est la princesse de sa mère. Mais plus elle grandit, moins cela arrive. La femme glaciale l'appelle encore parfois « ma princesse ». Mais sa fille feint seulement de croire à la sincérité de ce mot d'amour. Et si un imperceptible mouvement dans sa poitrine affecte son cœur, c'est seulement quand celui-ci se serre de tristesse. Gyokumen ne se souvient qu'elle est censée être une mère aimante que lorsque quelqu'un est présent pour assister à la scène. Ririn a mis du temps à se rendre compte : Ririn ne compte pas. Tout au plus est-elle une poupée que l'on peut exhiber.

L'histoire pourrait ressembler à un contre de fée. Il était une fois…Il était une fois une princesse prisonnière d'une tour de verre pointée vers les étoiles. Elle était en butte à l'indifférence de sa marâtre…Oh. Pas de bol. Ce serait tellement plus simple de pouvoir se dire cela. Ma mère est ailleurs, ce n'est pas cette femme au regard froid. Il y a quelqu'un qui tient à moi quelque part et qui m'attend, qui m'appelle. Mais non. La « reine » de la Tour Hôto est bien sa mère, pas de doute possible. Et pas de père bienveillant vers qui se tourner pour apaiser son chagrin. Pas de père parce qu'il est mort. Et pas bienveillant de toute façon, d'après ce qu'elle a entendu dire. Le digne mari de son épouse. Un roi de la finance qui avait laissé un empire à sa femme. Et la solitude à une petite princesse solitaire…

D'ailleurs, « Ririn-hime » l'appelle toujours moqueusement Sha Jien.

« Y'a pas de raison, » dit-il à chaque fois. « Si tout le monde appelle ta mère Gyokumen-koushu, pourquoi tu ne serais pas une princesse ? » Il est agent de sécurité. Son uniforme bleu foncé de vigil le rend imposant, mais il est gentil. Parfois, ses yeux bruns pétillent. C'est comme ça que Ririn s'imagine le chasseur qui épargne Blanche-Neige, dans le conte.

« Ririn-hime, » la salut-il chaque fois, imitant avec un comique inimitable l'obséquiosité de ceux qui entourent habituellement sa mère. La rouquine feint de s'offusquer à chaque fois qu'il oublie « sa particule » attitrée en lui parlant, et affecte de lui faire exécuter tous ses caprices, prenant avec délices des airs de petit chef plein de malice. Ils s'entendent bien.

Et Ririn a de la ressource. Elle fait comme si. Elle parle fort pour oublier que souvent personne ne fait attention à ce qu'elle dit. Elle s'agite, pour que les gens lui accordent un regard, même si c'est un regard ennuyé. Et Ririn court, elle court dans les couloirs, pour se persuader que ce qui brouille son regard c'est la vitesse qui fait se fondre toutes les couleurs en une seule. Des larmes ? Bien sûr que non ! Vous ne voyez pas qu'elle sourit ? Vous ne voyez pas son allégresse tandis qu'elle enchaîne les tournants pour rejoindre ses amis ?

Il y a plein de gens tristes dans cette tour. Elle fait comme eux. Elle rit aux éclats, parce que c'est mieux que de pleurer. En tout cas, ce sont ces gens-là qui l'attirent. Ces gens-là qui souvent lui accordent un peu de leur temps. Et elle aime les faire sourire, les faire rire. Pour qu'il la fasse sourire et qu'ils la fassent rire, elle aussi. Pour ne pas oublier comment on fait.

En plus de Jien, il y a Yaone-chan, aussi. Elle est plus facile à trouver, maintenant qu'elle ne travaille plus à l'étage des laboratoires, mais juste à côté de Jien. Yoane-chan qui est devenue craintive. Yaone-chan qui sursaute dés qu'on hausse la voix. Yaone-chan qui ne veut jamais dire ce qui la tracasse, mais est toujours prête à écouter les petits soucis de Ririn. Et même les gros. Yaone-chan qui est trop formelle pour son propre bien et qui est incapable de l'appeler autrement que Ririn-sama.

Et l'adolescente ne peut pas en vouloir à Yaone. Même si elle déteste ça. Parce que cet imbécile de Nî-lapinophile l'appelle comme ça, lui aussi. Nî le voleur. Nî qui récemment lui prend les dernières miettes d'attention que sa mère lui manifestait parfois. Nî le cuniféraire qui avait pointé le doigt vers elle, désappointé par sa présence peut-être, quand il était venu chercher sa mère dans son bureau et en demandant d'un air mielleux à « la reine de la finance » si elle n'était pas trop occupée.

« Ririn ? Qui s'en soucie ? » avait répondu la femme au regard d'acier.

Oui, c'est vrai, qui s'en soucie…? pensa sa fille en la regardant s'éclipser vers une des luxueuses salles de conférences, entraînant derrière elle ce type pas clair qui se prétendait scientifique…

Et maintenant, elle courait sans regarder devant elle. Elle ne savait pas depuis combien de temps. Jusqu'au moment où elle rentra dans quelqu'un. Rudement. Soudain intimidée, elle leva ses grands yeux verts sur l'inconnu. Les mains posées sur ses épaules, il la tenait à bout de bras, la dévorant du regard. On aurait dit qu'il avait vu un fantôme.

« Daijoubu deska ? Oji-san ? »

« Iie. » fait-il en secouant légèrement la tête, ses mèches acajou balayant son regard clair. Ses pendants d'oreilles accrochent un instant la lumière. « Ririn. Je déteste te voir pleurer. »

Elle ne sait pas comment il peut savoir son nom. Mais d'un autre côté beaucoup de gens qu'elle ne connaît pas connaissent la fille de Gyokumen. Seulement, quelque chose est différent chez lui. Dans les prunelles violettes de l'autre, Ririn voit se refléter sa propre tristesse. Et tout à coup, ses bras se referment sur elle en une embrasse rassurante. Simplement.

« J'ai eu une petite sœur. Elle te ressemblait beaucoup. » explique-t-il un moment plus tard. « Elle m'appelait oni-chan. Si fort qu'elle en faisait parfois trembler les murs. »

Elle avait rêvé de quelqu'un comme ça un jour, quand elle était petite. Ça lui revenait, maintenant. Quelqu'un qui avait une voix grave et posée. Quelqu'un de chaleureux. Quelqu'un qui n'était jamais très loin, et lui tapotait parfois légèrement la tête avant de lui adresser un sourire affectueux. De la tendresse. C'est ce qu'elle lisait dans le regard clair. Et… Elle se sentait bien…

« Oni-chan. J'aime. C'est bien, oni-chan. » acquiesça-t-elle avec vigueur, le visage enfoui dans le manteau blanc de l'étranger.

Les contes de fée, c'est des foutaises. Pas besoin de prince charmant. Un nii-chan c'est mieux qu'un prince.

Mirror of my sister

Pauvre, pauvre petit prince qui avait décidé de fuir les êtres chers, de fuir par peur de ce qu'il désirait par-dessus tout. Trop conscient de savoir que si les liens anciens se renouent, le destin reprend simplement son cours…Ailleurs dans le temps, peut-être, mais la fin sera toujours la même. Tout perdre encore ? Il ne peut pas, il ne veut pas. Il est lâche et il le sait. Et il veut fuir. S'éloigner de ce qu'il veut toucher, détourner les yeux de ce qu'il veut tant voir. Et cette déesse qui voulait l'utiliser comme un pantin ?Qu'elle le tue si elle le veut, il n'a jamais rien demandé d'autre.

Mais même les plus drastiques des résolutions peuvent s'effondrer en quelques secondes…Cette fois, on ne lui laissa tout simplement pas le choix… Elle lui tomba littéralement dans les bras. Ririn.

Cela lui coupa le souffle. Pas le choc, malgré sa violence. Mais ce sentiment de désespoir qu'il avait déjà ressenti tout à l'heure et qui l'avait mené jusqu'aux hauteurs de cette tour…

Ririn. Tristesse. Profonde, bien trop profonde, tristesse…

Mal dissimulées dans les yeux verts qui se posent sur lui, des larmes. Aussi loin qu'il se souvienne, il n'a vu Ririn pleurer qu'une seule fois. Lorsqu'il l'a sortie de ce laboratoire où Nî et Gyokumen l'avaient enfermée…Il la regarde. Il ne peut s'arrêter de la regarder. Cette petite humaine qui est Ririn. Il la dévore presque des yeux. Les mains posées sur ses épaules comme si elle risquait de s'échapper.

« Daijoubu deska ? Oji-san ? »

« Iie. Ririn. Je déteste te voir pleurer. »

Mais Kougaiji ne sait pas quoi faire. Malgré toute sa tendresse pour sa sœur, il n'a jamais été comme Yaone qui connaissait les mots qui apaisent, ni comme Doku qui savait immanquablement comment la faire rire aux éclats. Pourtant, son corps trouve la solution, il connaît un langage qui est universel. Il la serre contre lui. Ce petit trésor que personne ne veut, lui il va le faire sien.

« J'ai eu une petite sœur. Elle te ressemblait beaucoup… »

Il éprouve tout de même le besoin de lui expliquer. À elle, il peut parler. Même s'il ne lui révèle pas tout. Qui il est vraiment, ce qu'il sait sans même la connaître… Il n'est pas sûr que ce qu'il raconte fasse grand sens, en fin de compte. Mais les mots s'écoulent. Les bribes de souvenirs refont maladroitement surface. Il perd le compte des minutes. Il parle. Elle répond. Ce qu'ils se racontent n'a pas vraiment d'importance, il devine juste qu'elle a l'air de se sentir mieux. Au bout d'un moment, elle l'a entraîné vers les bancs alignés dans le couloir pour les visiteurs. Ils se sont installés. Épaule contre épaule. Elle lui raconte qui elle est. L'histoire est tellement familière à Kougaiji que ça fait mal. Pourtant, chaque fois qu'elle l'appelle oni-chan, sans se poser de question, lui accordant sa confiance sans même savoir qui il est, Kougaiji se sent mieux lui aussi.

« Ririn-hime ! » appelle tout à coup quelqu'un.

« Jien ! » s'exclame joyeusement Ririn en retour, reconnaissant la voix et se tournant vers la direction d'où elle provient. Elle saute presque de son siège. Kougaiji, lui, se lève plus lentement, mais sa main tombe sur l'épaule de « sa sœur », instinctivement, en un besoin de contact qu'il a de plus en plus de peine à réfréner.

« Oni-chan ? » souffle-t-elle avec une légère inquiétude. Elle a senti sa main se crisper sur son épaule à la vision du nouveau venu.

Kougaiji ne s'était pas trompé, tout à l'heure. C'était bien Dokugakuji qu'il avait vu…

Même regard brun, même chevelure aile de corbeau légèrement ébouriffée. Même stature élancée. L'individu le toise du regard. Kougaiji devine que quelque chose chez lui met cet homme brun mal à l'aise. Et pourtant il lui renvoie son regard sans flancher.

« Namae wa Sha Jien desu. » le brun se sent obligé de déclarer au bout d'un moment, devant cet homme qu'il ne connaît pas…

Non. Dokugakuji, c'est le nom que je t'ai donné, le contredit en pensée Kougaiji. Même s'il sait que c'est absurde. Il n'y a jamais eu de Doku, dans ce futur. Et Sha Jien est resté Sha Jien. Il n'y a pas de Kougaiji dans ce monde. Alors le prince d'un temps lointain hoche simplement la tête, et ne veut pas répondre. Il a la gorge serrée. Ce serait si facile de l'appeler sans le vouloir par un nom qui n'est pas le sien, cet homme. Pour une raison qu'il comprend mal, Kougaiji décide même de taire son propre nom.

Le prince continue de l'observer au point que l'autre se sent obliger de baisser les yeux. Mais aussitôt, comme de leur propre chef, ils se posent à nouveau sur cet étranger silencieux qu'ils ont du mal à quitter.

Kougaiji le devine déchiré entre l'envie inexplicable de rester et le désir contradictoire de s'éloigner vers sa destination initiale. Il y a quelque chose qui l'appelle ailleurs…

« Jien ! T'as l'air inquiet… » remarque elle aussi la petite rouquine.

« Un problème avec un des ascenseurs. Y'a des gens coincés dedans. Yaone dit qu'il y a eu au moins un coup de feu, d'après ce qu'on lui a communiqué. Et… Mon frère devait venir me voir, ce soir. Je vais voir ce que je peux faire. À cette heure-ci, y'a plus personne de la maintenance. »

Le regard de Sha Jien s'est perdu vers l'un des couloirs. Si jamais son frère est là-dedans… Il a enfin un vague geste de la main pour prendre congé et de son pas élastique s'élance dans cette direction.

« Un coup de main ? »

Kougaiji s'aperçoit que c'est sa propre voix qui a dit ces mots. Il ne sait même pas lui-même ce qui lui prend de demander ça. C'est complètement idiot. Peut-être que Doku a trop longtemps été à ses côtés. Peut-être qu'il s'en sent redevable pour cette raison envers cet humain qui n'a aucune idée de ce qu'il voit en lui… Et puis, il n'a jamais aimé voir de l'inquiétude sur les traits de Doku. Il rencontre le regard de Ririn levé vers lui. Il est approbateur.

« Tu reviens vite, hein ? » l'implore-t-elle cependant.

Tu reviens vite, hein ?

Ce sont exactement les mêmes mots. Les derniers que sa sœur lui ait jamais dits. Sauf qu'il n'était jamais revenu, qu'il l'avait sentie mourir quand la forteresse s'était effondrée, alors que lui-même était encore en train se battre, dehors, pas si loin…Il y a si longtemps…

« Évidemment, » répond-t-il. Et la lueur dans ses yeux est soudain féroce. Une flamme à brûler même le destin, s'il osait se mettre en travers son chemin.

Et Ririn sourit. Elle rayonne même.

Et Kougaiji entend le petit rire approbateur de Dokugakuji ou de Sha Jien (il ne sait plus très bien) tout près. Le même qu'il a déjà entendu si souvent.

« Je sais pas qui vous êtes, » dit Sha Jien tout à coup. Il s'est arrêté de marcher le temps que le prince arrive à sa hauteur. Il semble soudain beaucoup plus détendu en sa présence que tout à l'heure. « Mais si vous arrivez à la faire sourire comme ça…Je sens qu'on va bien s'entendre. »

Et avec une familiarité extrême, son bras se pose sur une épaule vêtue de blanc. Sha Jien ébouriffe la chevelure acajou d'un homme qu'il connaît à peine et l'entraîne dans son sillage.

« Ja nee, Ririn-hime ! » lance-t-il en se retournant vers la petite silhouette déjà occupée à piller le distributeur automatique en les attendant.

OoOoOo à suivre oOoOoOoO

Bis Bald…

Mirrors of his memories

Part 3 : Ignite.