Les personnages, événements et lieux que vous reconnaîtrez ne m'appartiennent pas. Ils ne sont que des marionnettes pour mon esprit dépravé.
Avertissement : ce chapitre ( comme ceux qui suivront ) aborde des sujets sensibles, tels que la mort, la torture ou le viol. Si vous ne supportez pas ce genre de choses, ne lisez pas ce qui suit. Sinon, c'est à vos risques et péril.
Bonne lecture.
Le Loup à la Lune.
1ère partie : Et Arthur devint roi ...
Chapitre 1 - Réveil.
" ... go deo... "
Sa voix douce résonne dans l'obscurité. Ses longs cheveux blonds dansent sous la brise.
" ...àthas ar no chroi go deo..."
Son visage, son si joli visage, s'estompe dans la nuit ... Non ! Elle ne la perdrait pas ! Pas encore !
" FAN LIOM !"
Elle ouvrit les yeux. Sa main s'était refermée sur la toile d'un chariot. Le visage, le si beau visage, avait disparu ... à jamais ...
Sa respiration était rapide, saccadée. Où était-elle ? Qu'était-il arrivé ? Elle se força à reprendre son souffle, lentement, calmement. Elle se souvenait être tombée sur un petit groupe de Saxons. Quatre grosses brutes armées de haches et d'épées. Elle se souvenait les avoir combattu et en avoir blessé un mortellement. Le reste était flou.
Elle se rappelait clairement en avoir vu un tomber, terrassé par une flèche. Mais après... De rapides flashs traversèrent son esprit : la douleur de sa jambe, son épée enfoncée dans le corps d'un homme, une flèche fendant l'air, un gémissement d'agonie ... et des yeux. Des yeux noirs et profonds...
" C'était quoi ce cri ? "
" Ca venait du chariot, je crois ... Galaad, vas voir ce que c'était ! " Des voix d'hommes.
" Laissez, j'y vais. " Une voix de femme. Des pas étouffés dans la neige.
Elle ferma les yeux et attendit. Une présence surgit dans le chariot. Un froissement d'étoffe. Des mouvements légers, agiles. Une femme.
La présence se rapprocha doucement ... de plus en plus près ... Elle sentit alors de longs doigts fins sur son front , suivis d'un murmure :
" La fièvre est tombée. "
Elle entrouvrit imperceptiblement les paupières. Une femme brune était agenouillée à ses côtés. Le dos tourné, elle semblait chercher quelque chose derrière elle. Elle se tourna légèrement et son profile apparut sous les boucles brunes. Un profile étrangement familier. La Picte !
Elle se redressa et attrapa la femme brune à bras le corps, le bras droit enserrant sa gorge tandis que le gauche maintenait ses bras le long de ses flancs. Son bras blessé tremblait légèrement et elle resserra son étreinte. La Picte eut le souffle coupé par la surprise, mais reprit vite son calme.
" Je ne te veux aucun mal ... "
" La ferme, Picte ! "
Elle scruta le chariot des yeux, à la recherche d'une arme quelconque .. Rien ...
" ... merde ... "
" Ecoute, je - "
" Tu parleras quand je te dirai de parler. "
Il fallait agir. Vite. Une nouvelle voix masculine retentit.
" Guenièvre ? Tout va bien ? "
Ses doigts se refermèrent autour du cou de la Picte qui comprit la menace silencieuse.
" Oui ... ça va ... "
Elle chuchota à son oreille :
" Qui est-ce ? "
" ... Lancelot ... "
" Lancelot ? "
" Un chevalier d'Arthur ... "
" Arthur ? Le semi-breton ? Celui du Mur ? "
" Oui ... lui et ses hommes nous ont délivré ... "
" Combien sont-ils ? "
Silence.
" Je te conseille de répondre, Picte ! "
" ... six ... sept en comptant Arthur ... "
" C'est tout ? "
" Il y a aussi le Romain, Marius, et ses hommes- "
" Eirigh ! Lève-toi ! "
La Picte obéit. Prenant appui sur elle, elle réussit à se dresser à son tour, malgré la douleur aiguë dans sa jambe.
" Avance. "
" Ils sont trop nombreux ... "
" Je ne t'ai pas demandé ton avis, Picte ! "
Les deux femmes avancèrent difficilement jusqu'à l'arrière du chariot.
" Je te conseille de ne rien tenter. "
Relâchant lentement son étreinte autour de la taille de la Picte, elle écarta avec précaution la toile qui recouvrait le chariot. C'était le matin. Un camp avait été dressé autour d'un feu. Un jeune homme brun était occupé à cuire de la viande, tandis que deux autres, dont l'un était blond, mangeaient, assis sur des couvertures. Un peu plus loin, deux hommes bruns discutaient à voix basse. Tous étaient armés.
" Tu n'as aucune chance ... "
" Silence ! "
L'un des hommes assis près du feu se leva. Il était grand. Sa moustache et sa barbe fines étaient aussi noires que ses cheveux courts et bouclés. Deux gardes d'épée dépassaient de ses épaules.
" Guenièvre ? "
La Picte voulut répondre, mais elle lui fit signe de se taire. Il s'approcha du chariot. C'est ça, approche ...
" Guenièvre ? "
Encore un peu ... Arrivé à quelques pas, il tendit la main pour soulever la toile. Tout se passa très vite.
Elle poussa la Picte au fond du chariot de toutes ses forces et, tirant la lourde étoffe violemment, s'empara de l'une des épées que l'homme portait sur son dos et en pointa la lame sur son cou.
" LANCELOT ! "
Les deux hommes restés près du feu s'étaient précipités vers le chariot, la hache à la main.
" Reculez ou je lui tranche la gorge ! "
Ils s'immobilisèrent et échangèrent des regards hésitants. L'un des hommes qui se tenaient en retrait s'approcha alors lentement.
" Ce que vous faites est inutile. Nous ne vous voulons aucun mal - "
" Je te conseille de t'arrêter toi aussi. "
Elle accentua la pression contre le cou du chevalier et quelques gouttes de sang perlèrent. L'homme s'arrêta. Le chevalier tourna la tête vers lui.
" Arthur ... "
Elle sourit.
" Alors c'est toi, Arthur ! "
" Oui, c'est moi. "
" Ta renommée a franchi le Mur, même si je doute que la moitié de ce qu'on dit sur toi soit vrai ... "
Elle l'étudia attentivement.
" Tu es moins grand que je croyais ... moins beau aussi ... "
Elle remarqua que le regard d'Arthur avait glissé légèrement : il fixait quelque chose derrière elle ...
" Ne fais rien de stupide, Picte, ou tu auras sa mort sur la conscience ... si tant est que tu en aies une ... "
Elle ne s'était pas retournée et continuait à observer les chevaliers à ses pieds. Celui qu'elle tenait en respect avait les mâchoires contractées à l'extrême : il ne devait pas apprécier sa position d'otage involontaire. Ceux avec les haches n'avaient pas bougé et fixaient la lame qui menaçait leur compagnon. Seul Arthur la regardait face à face. Maître de lui, il tentait de la raisonner.
" Ecoutez, je comprends votre réaction. Vous n'avez à priori aucune raison de me faire confiance ... "
" En effet. "
" ... mais je vous donne ma parole que nous ne vous ferons aucun mal, demoiselle. "
Un rire sans joie résonna entre ses dents.
" ... demoiselle ! C'est bien la première fois qu'on me parle avec tant de ... courtoisie. Malheureusement pour toi, la courtoisie ne te mènera nulle part, Arthur ! "
" Vous êtes seule contre nous tous. Que comptez-vous faire ? "
" Seule contre cinq hommes en armes ... j'ai vu pire, je t'assure ... "
Une seconde ! Où est le cinquième !
Elle scruta les alentours. L'homme qu'elle avait vu discuter avec Arthur avait disparu. Elle reporta son attention sur lui. Il semblait sûr de lui ... trop ... Elle réprima la panique qui lui chatouillait les entrailles et parla le plus calmement possible.
" Jetez vos armes à terre ! "
Aucun d'eux ne bougea.
" Jetez vos arm - "
Une douleur atroce parcourut sa jambe blessée et elle se sentit tomber lourdement au sol. Elle se redressa sur ses genoux aussi rapidement qu'elle put et essuya la neige qui l'aveuglait. Un fin couteau était planté dans sa jambe, juste à côté de sa blessure. Elle releva la tête et vit un homme s'avancer vers elle. Il était grand et large d'épaules. De longs cheveux bruns tombaient sur son visage impassible et ses yeux étaient plantés dans les siens ... des yeux noirs et profonds ...
Elle se ressaisit et chercha l'épée qu'elle tenait encore quelques secondes auparavant, mais son propriétaire l'avait récupérée et la pointait à présent sur elle. Elle grogna de frustration.
" Mais qu'est-ce qui se passe ici ! "
Un Romain vêtu richement avait surgi de derrière un chariot, escorté de plusieurs gardes en armure. Elle sentit la rage l'envahir.
" Toi !"
Elle arracha le couteau de sa chair sanglante et se précipita sur lui. Le Romain hurla :
" Tuez-la !"
L'un des gardes s'interposa. Elle voulut le frapper mais sa jambe la trahit une fois de plus et elle s'effondra. Haletante, elle releva la tête au moment où un couteau, identique à celui qu'elle agrippait de toutes ses forces, se plantait dans l'épaule du garde qui gémit de douleur.
Elle en profita pour se hisser sur ses jambes et fut aussitôt immobilisée par un bras puissant. Elle se débattit, mais le grand brun la tenait étroitement contre lui.
" Lâche-moi ! Lâche-moi ! Que je tue ce chien de mes mains ! "
Tremblant, le visage rouge, le Romain hurlait d'une voix hystérique :
" Tuez-la ! Tuez cettesorcière ! "
" Chien de chrétien ! Je t'arracherai le coeur et je donnerai ta carcasse puante en pâture aux fauves ! "
" Ca suffit ! "
Arthur s'était interposé.
" Commandant ! Je vous ordonne d'exécuter cette païenne ! "
" Je ne ferai rien avant d'avoir tiré cette affaire au clair ... "
" Mais vous voyez bien qu'elle est folle ! Qu'elle veut me tuer ! C'est votre devoir de me protéger ! Exécutez-la ! "
" Non ! "
Arthur se tourna vers elle. Tremblante de rage et de douleur, elle dévorait le Romain du regard.
" Demoiselle ... "
Elle se tourna vers lui.
" Pourquoi voulez-vous le tuer ? "
Elle rit. Son rire sans joie résonna dans le silence de la forêt.
" Pourquoi je veux le tuer ! POURQUOI JE VEUX LE TUER ! "
De grosses larmes coulèrent le long de ses joues.
" Demandez-lui pourquoi il a enfermé ma soeur ! Pourquoi il l'a torturée ! Pourquoi il l'a laissée mourir de faim au fond de ses geôles, oubliée de tous ! "
" C'était une sorcière hérétique ! "
" Elle avait seize ans ! Par tous les dieux ! SEIZE ANS ! "
Elle s'effondra. Le grand brun resserra son étreinte pour la maintenir debout.
" Commandant ! "
" Aucun mal ne sera fait à cette jeune fille. Elle restera avec nous jusqu'à ce qu'elle aille mieux."
Il se tourna vers le Romain. Une menace sourde transparut dans sa voix.
" Et je vous déconseille de tenter quoi que ce soit contre elle."
Le Romain grommela puis se retira, suivi de ses gardes.
Elle ferma les yeux. Ses oreilles bourdonnaient. Elle sentit une main se poser sur son épaule. Elle rouvrit les yeux et releva la tête. Arthur la regardait avec compassion.
" Ne vous inquiétez pas. Vous êtes en sécurité, demoiselle."
Elle sourit faiblement. Le souffle lui manquait et Arthur dut se pencher vers elle pour comprendre ce qu'elle marmonnait.
" ... c'est Mordred ... Mordred ... "
Ses forces l'abandonnèrent. La dernière chose dont Mordred eut conscience fut d'être soulevée par des bras puissants, et la chaleur du corps pressé contre le sien.
Traduction des termes gaéliques employés :
" go deo " : " pour toujours / à jamais "
" àthas ar mo chroi go deo " : " la joie est dans mon coeur pour toujours "
" fàm liom " : " reste avec moi "
" éirigh " : " lève-toi "
Notes de l'auteur :
Les termes gaéliques sont inspirés des paroles des chansons d'Enya. J'ai essayé d'être aussi fidèle que possible dans ma traduction.
Les phrases en italique traduisent les pensées du personnage ( en l'occurence Mordred ).
Pour fêter ma première fic plubliée, j'ai décidé de vous offrir ce premier chapitre de "La Chair et le Sang" le même jour que le prologue.
J'espère que vous aimerez cette histoire et le personnage de Mordred. N'hésitez pas à envoyer une review pour me donner votre avis !
