Les événements, personnages et lieux que vous reconnaîtrez ne m'appartiennent pas. Ils ne sont que des marionnettes pour mon esprit torturé.
Merci à Sereg et à Thaele Ellia pour leurs reviews.
Bonne lecture.
Le Loup à la Lune.
1ère partie : Et Arthur devint roi ...
Chapitre 3 - Jeux interdits.
La nuit était tombée et Mordred décida de regagner le campement.
La forêt était sombre et silencieuse, et la neige étouffait le bruit de ses pas … comme cette nuit où elle l'avait rencontré. Elle s'arrêta et leva les yeux. Un coin de ciel se détachait entre la cime des arbres, noir et profond … comme ses yeux …
Elle sourit. Tristan n'avait pas semblé enchanté par sa promesse de lui rembourser sa dette de sang, et il était parti sans rien dire après lui avoir serré la main. Tristan …
Un frisson parcourut son échine. Elle secoua la tête pour chasser la sensation de malaise qui l'envahissait et se remit en marche.
Un léger craquement la fit sursauter. Elle scruta la forêt et aperçut deux larges silhouettes avançant vers elle entre les arbres. Elle se dissimula derrière un tronc épais, ramassa une branche morte et attendit.
De très légers éclats de voix l'avertirent que les deux hommes venaient de la dépasser. Elle contourna l'arbre qui l'abritait, de sorte à se retrouver derrière eux, et elle s'apprêtait à frapper le plus petit des deux quand elle le reconnut.
" Ce n'est que toi ! "
Galaad sursauta et fit volte-face, prêt à dégainer, mais Mordred pointa son bâton acéré sur sa gorge et il s'immobilisa.
Le temps semblait s'être figé quand Gauvain éclata d'un rire sonore.
" C'est une sale manie que tu as là, jeune fille, de toujours menacer d'égorger les guerriers Sarmates que tu rencontres ! Un de ces jours, tu risques de te faire prendre à ton propre piège ! "
Elle sourit et lâcha son arme improvisée.
" On n'est jamais trop prudente … surtout avec une armée de Saxons aux fesses ! "
Gauvain acquiesça avant d'ajouter d'une voix suggestive :
" C'est vrai que ce serait dommage que tes jolies fesses tombent entre de mauvaises mains … "
" … et je suis sûre que tu pares en homme d'expérience ! "
Le chevalier sourit de toutes ses dents.
" Aucune femme ne s'est jamais plainte jusque là ! "
" Peut-être parce que tu n'as jamais rencontré de vraie femme jusque là ! "
" Hum, hum ! "
Tous deux se retournèrent vers Galaad d'un même mouvement. Mal à l'aise, le jeune chevalier détourna les yeux et expliqua d'une voix hésitante :
" On devrait se dépêcher. Les autres doivent avoir faim … "
Il ramassa le gibier qu'il avait laissé tomber dans la neige et commença à avancer. Il n'avait fait que quelques pas quand Gauvain l'arrêta.
La main gauche posée sur l'épaule de son jeune camarade, le chevalier blond désigna de l'autre la direction du camp et adressa à Mordred un sourire engageant.
" Les dames d'abord ! "
La jeune Scot se mit en route en riant, et les deux chevaliers lui emboîtèrent le pas. Après quelques minutes d'un silence pesant, Mordred entendit Gauvain marmonner derrière elle.
" … ouais … ce serait vraiment dommage … "
Quand ils arrivèrent au campement, ils trouvèrent Bors et Lancelot assis près du feu, partageant une bouteille de vin tout en aiguisant leurs armes.
En voyant arriver les chasseurs, Bors planta son épée dans la neige et sauta sur ses pieds en se frottant les mains.
" C'est pas trop tôt ! Je meurs de faim ! "
" Tu meurs toujours de faim ! "
Ignorant la remarque de Lancelot, Bors porta toute son attention au gibier que rapportaient ses camarades.
" Vous êtes partis longtemps ! J'espère que la chasse a été bonne ! "
" Assez pour contenter plus d'un homme affam ! "
Gauvain accompagna sa réponse d'un regard entendu en direction de Galaad qui rougit légèrement et détourna rapidement les yeux quand il rencontra le regard de Mordred.
Celle-ci les dévisagea à tour de rôle. Ils n'ont quand même pas … Elle secoua la tête pour chasser l'idée saugrenue qui s'était formée dans son esprit et prit le verre de vin des mains de Lancelot qui jura entre ses dents.
" Si tu as soif, prends-toi un verre ! "
" Considère ça comme un remerciement pour ne pas avoir tranché ta jolie tête ! "
Lancelot se leva et toisa la Scot de son regard noir.
" Ne joue pas avec moi, petite fille … tu risques de le regretter … "
" Vraiment … "
Elle se rapprocha de lui jusqu'à l'effleurer et, se hissant sur la pointe des pieds, elle lui murmura à l'oreille :
" Où tu veux et quand tu veux, mon beau chevalier … "
Elle le dévisagea et sourit en voyant la rage brûler dangereusement dans ses pupilles sombres.
" Lancelot … "
Bors posa une main lourde sur l'épaule de son ami dont les mâchoires serrées semblaient sur le point de rompre.
" Tu devrais aller prévenir Arthur pour le repas … "
Le chevalier continuait à fixer la jeune fille blonde devant lui.
" Lancelot ! "
Il se détourna finalement et disparut derrière un chariot. Mordred le suivit du regard et soupira.
" Des promesses, toujours des promesses … "
Bors la regarda en secouant la tête.
" Toi, t'as le don de le mettre hors de lui … "
" Il faut vivre dangereusement ! "
Le vieux guerrier lui adressa un sourire amusé puis alla aider Galaad à s'occuper du gibier.
Mordred s'assit près du feu et vida le verre de Lancelot. Gauvain s'installa alors à côté d'elle et remplit leurs deux verres.
"Tu aimes jouer avec le feu ! "
" Je suis d'une nature joueuse … et ton ami Lancelot est un partenaire de choix. "
" Je connais des jeux tout aussi amusants … "
" Je n'en doute pas. Mais prends garde : mieux vaut connaître les règles avant de commencer la partie ! "
Gauvain éclata de rire et leva son verre.
" Trinquons ! Aux jeux interdits et aux rencontres au clair de lune ! "
Ils vidèrent leurs verres et le chevalier les remplit de nouveau. Mordred ricana.
" Tu comptes me soûler pour me mettre dans ton lit ? Ce n'est pas très … honorable pour un fier guerrier Sarmate ! "
" La fin justifie les moyens … surtout quand la fin est sialléchante ! "
" La flatterie ne te mènera nulle part, mon beau chevalier ! "
" Oh, mais ce n'est pas de la flatterie, j'ai pu en juger de mes yeux … j'ajouterai que la lumière de la lune fait ressortir la pureté de ton teint ! "
Mordred se figea. C'est bien ce que je pensais …
" Tes yeux devraient se méfier de ce qu'ils regardent … "
" Ils ne font qu'admirer ce qui s'offre à eux … "
" Tu as la langue trop bien pendue pour ton propre bien. Les femmes n'aiment pas qu'on les espionne pendant leur bain … je n'aime pas qu'on m'espionne pendant mon bain. "
Elle vida son verre et se leva.
" Je t'aime bien, Sarmate, je n'aimerais pas avoir à t'estropier. Alors un conseil : garde tes yeux dans tes poches si tu ne veux pas les perdre ! "
Elle laissa tomber son verre dans la neige et se dirigea vers les chariots sans se retourner. Elle sentit les yeux de Gauvain la suivre et l'entendit marmonner dans une langue inconnue.
Une fois à l'abri des regards indiscrets, elle ralentit et soupira – Ah ... les hommes … - avant de rire silencieusement. Maintenant au moins, elle comprenait pourquoi le plus jeune – Galaad, je crois … - détournait les yeux et rougissait jusqu'aux oreilles à chaque fois qu'elle lui souriait.
Je commençais à me poser des questions sur ses capacités intellectuelles…
Des sanglots étouffés la tirèrent de ses pensées. Elle se dirigea vers la tente d'où les plaintes semblaient venir et la contourna en silence. Elle souleva doucement la toile épaisse et scruta la pénombre.
Une gigantesque silhouette noire était penchée sur un tas de couvertures desquelles émergeait une petite tête à la chevelure claire.
Mordred sentit son sang se figer. Des flashs traversèrent son esprit : de grandes mains glacées, des cris, des pleurs, une petite tête blonde sanglotant contre son épaule … Non … non ! Plus jamais ça !
Elle ramassa une pierre et la brandit au-dessus de sa tête en rugissant :
" Lâche-la ! Lâche Isolde ! Espèce de sale – "
" Chut ! Tu vas le réveiller. "
Elle s'immobilisa. Cette voix … ce n'était pas la sienne … Elle était douce et chaude … Pas comme la sienne …
Elle dévisagea l'homme gigantesque assis à ses pieds : ses cheveux ras laissaient voir la peau de son crâne, son visage portait les marques de nombreux combats, et sa grosse main caressait affectueusement le front de l'enfant endormi devant lui.
Elle baissa lentement la main.
" Je … je suis désolée … je croyais … j'ai cru que … " - elle secoua la tête – " Sans importance. "
L'homme se tourna vers elle et ils s'observèrent en silence.
" Alors c'est toi, Mordred. "
Elle acquiesça d'un hochement de tête.
" Lancelot m'a raconté votre petite rencontre de l'autre matin. Il était furieux de s'être laissé surprendre …" - il sourit – " Tu devrais surveiller tes arrières ! "
Elle lui rendit son sourire.
" Je surveille toujours mes arrières. "
L'homme reporta son attention sur l'enfant. Mordred s'assit près de lui.
" Moi, c'est Dagonet … "
" Je sais. J'ai entendu la Picte parler de toi et de l'enfant. "
Elle étudia le visage du garçon qui geignait dans son sommeil : ses mèches blondes collaient à son front en sueur. Elle les ramena doucement sur ses tempes et fronça les sourcils : l'enfant brûlait de fièvre.
" Il s'appelle Lucan … "
" Ca fait longtemps qu'il a de la fièvre ? "
Dagonet acquiesça tristement.
" Elle n'a pas baissé depuis qu'on l'a trouvé … si au moins il pouvait passer une nuit tranquille…"
Lucan sanglota faiblement et le chevalier essuya son front avec un linge humide pour le soulager.
"Il fait des cauchemars … toutes les nuits … il se réveille en pleurs … "
Son poing s'abattit lourdement sur le sol.
" Si je tenais un de ces prêtres … "
" Ils ne feront plus jamais de mal. A personne. "
Dagonet se tourna vers elle et la dévisagea. Mordred lut la question dans ses yeux et un sourire cruel déforma ses lèvres.
" J'ai rouvert le donjon et je les ai saigné comme les porcs qu'ils étaient … un par un … leur sang a baigné la tombe de leur victime … la tombe de ma sœur … "
Le chevalier ne dit rien. Il se contenta de ramener les couvertures sur le corps tremblant du garçon. Mordred le dévisagea de nouveau.
Ses traits étaient durs, marqués par des années de combats et de tueries. Une longue cicatrice serpentait le long de sa joue depuis son œil gauche.
Ce devait être un grand combattant. Un farouche guerrier. Et pourtant … son regard pâle irradiait d'une gentillesse, d'une compassion telles que la jeune Scot n'en avait jamais vues.
Elle se souvenait des histoires qu'elle avait entendues pendant ses longues années d'errance. Des histoires contant les aventures sanglantes d'Arthur et de ses fiers chevaliers Sarmates. Des histoires héroïques, pleines de chairs transpercées et de sang versé …
Elle sourit imperceptiblement. Non. Dagonet n'était pas un guerrier assoiffé de chair et de sang. Il n'était pas un héros implacable. Il était un homme. Brave et courageux sur les champs de bataille, mais un homme avant tout.
Le genre d'homme que j'aurais aimé être …
Mordred sentit une douce chaleur envahir son corps. Et pour la première fois de sa vie, elle sut qu'elle pouvait faire confiance à cet homme assis à côté d'elle, cet homme qui veillait sur un enfant malade. Cet homme qu'elle ne connaissait pas, mais pour lequel elle éprouvait déjà un respect et une affection sans borne.
Et tandis qu'elle observait le grand guerrier avec curiosité, elle remarqua son teint pâle et fatigué.
" Tu devrais manger quelque chose … "
" Je n'ai pas faim. "
" Gauvain et Galaad ont rapporté de belles prises … "
" Je préfère rester. "
Mordred soupira. Dagonet n'avait pas quitté l'enfant des yeux un seul instant. Inutile d'insister ... Elle se leva.
" Comme tu veux, mais moi je meurs de faim. "
Dagonet hocha la tête distraitement. Elle sourit.
"Peut-être que je te rapporterai quelque chose … si Bors n'a pas tout dévoré ! "
Le chevalier se tourna vers elle, étonné, puis sourit.
" Merci. "
Quand elle revint à la tente avec une assiette bien remplie et un verre de vin, Mordred trouva Dagonet endormi. Allongé près de lui, l'enfant semblait s'être calmé. Il respirait doucement sous les lourdes couvertures.
La Scot en prit une et en couvrit le chevalier endormi.
"Codladh fada … codladh domhain … "
Traduction des termes gaéliques :
« Codladh fada. Codladh domhain » : " Long sommeil. Profond sommeil "
Notes de l'auteur:
Voilà un nouveau chapitre. Ces derniers temps, ma muse arthurienne est plutôt en forme ... espérons que ça va durer !
Pour répondre à Sereg, je ne sais pas encore à quel rythme je vais envoyer mes chapitres. Ca dépendra de mon inspiration. Pour l'instant, j'ai déj les six premiers chapitres de prêts et le septième est en cours d'écriture.
Quand à l'origine du nom de Mordred, il s'agit de celui du fils incestueux d'Arthur d'après la légende ( mais je te rassure, Thaele Ellia, MA Mordred n'est pas la fille cachée d'Arthur ! ), conçu avec sa soeur Morgane, et cause de la chute du monde arthurien. Tout un programme !
Voilà, voilà !
J'attends vos réactions.
