Les personnages, lieux et événements que vous reconnaîtrez ne m'appartiennent pas. Ils ne sont que des marionnettes pour mon esprit torturé.
Avertissement : ce chapitre contient de la violence. Vous êtes prévenus.
Bonne lecture.
Le Loup à la Lune.
1ère partie : Et Arthur devint roi ...
Chapitre 4 - Les prédateurs.
Le soleil venait de se lever et Tristan finissait de préparer son cheval. Le ciel était clair et sans nuage. Si le temps se maintenait, le convoi pourrait avancer plus vite que ces derniers jours ...
" Dernier couché, premier levé, hein Tristan ! "
L'éclaireur se retourna. Bors s'étirait dans tous les sens en baillant bruyamment.
"J'vais finir par croire que tu ne dors jamais ! "
" Ce n'est pas parce qu'on ne l'entend pas ronfler jusqu'à Rome qu'il ne dort pas, Bors ! "
Lancelot venait d'arriver, suivi de près par Arthur. Bors se tourna vers lui et s'apprêtait à répliquer, quand leur commandant prit la parole.
"Bors, Tristan, assurez-vous que tout le monde est prêt. Nous devons partir le plus vite possible avant que - "
" Venez vite ! Ils vont la tuer ! "
Tristan, qui s'était retourné vers sa monture pour finir de fixer la selle, fit volte-face. Hors d'haleine, Alecto luttait pour reprendre son souffle. Arthur s'approcha de lui et posa une main sur son épaule.
"Qu'est-ce qui se passe ? "
" Ce sont ... les gardes ... les gardes de mon père ... ils vont ... ils vont la tuer ... venez vite ... "
" Tuer qui ? "
" La fille ... blonde ... "
" La Scot ? "
Le jeune Romain se tourna vers Bors et lui répondit d'un hochement de tête. Arthur lança un bref regard à Lancelot avant de se tourner à nouveau vers son jeune protégé.
"Conduis-nous. "
Alecto rebroussa chemin à toutes jambes. Arthur, Lancelot, Bors et Tristan le suivirent à travers le campement. L'éclaireur entendit Lancelot marmonner entre ses dents.
"Mais qu'est-ce qu'elle a encore fait … "
Ils dépassèrent les dernières tentes et s'enfoncèrent dans la forêt. Une voix de femme résonna bientôt dans le silence.
"Arrêtez tout de suite ! Lâchez-la ! "
Arrivés dans une petite clairière enneigée, ils découvrirent un étrange spectacle.
Plaquée contre le sol, la Scot se débattait pour échapper au soldat romain qui tentait tant bien que mal de la maintenir sous lui. Un second soldat semblait vouloir lui prêter main forte, mais la mère d'Alecto le retenait de toutes ses forces en hurlant.
"Vous entendez ! Je vous ordonne de la lâcher ! "
Arthur parla aussi fort qu'il put pour couvrir les cris hystériques de la Romaine.
"Qu'est-ce qui se passe ici ? "
Les gardes se tournèrent vers lui et Mordred en profita. Elle asséna un grand coup de genou dans l'entrejambe du Romain qui se renversa dans la neige avec un grognement de douleur.
La Scot se redressa alors rapidement et, immobilisant le torse et les bras du garde entre ses cuisses, elle commença à le rouer de coups. L'autre garde voulut intervenir, mais Lancelot avait dégainé l'une de ses épées et menaçait de l'embrocher au premier mouvement.
Arthur se tourna alors vers Mordred.
"Mordred ! "
Ignorant le commandant, la Scot continuait sa besogne. Son poing droit s'abattait lourdement sur la tête du Romain, tandis que sa main gauche agrippait l'armure de sa victime, maintenant en place son corps frêle qui vacillait avec la force de ses coups.
D'épais nuages de buée blanche s'échappaient de ses lèvres ensanglantées et de petites gouttes rouges giclaient sur son visage au rythme de son poing, recouvrant les taches de son de ses joues ...
"Tristan ! "
L'éclaireur reporta son attention sur Arthur qui lui désigna Mordred d'un mouvement de tête. Il soupira et se résigna à intervenir de mauvaise grâce.
Tristan sortit son épée du fourreau et la confia à Bors - on n'est jamais trop prudent - avant de s'approcher doucement de Mordred. Arrivé derrière elle, il se pencha, l'agrippa par la taille de ses deux bras, et l'attira à lui de toutes ses forces.
La Scot ne parut pas surprise de se trouver à nouveau dans les bras de l'éclaireur, mais elle se mit à se débattre violemment.
"Lâche-moi, Sarmate ! Lâche-moi ! "
Jugeant qu'il était dangereux de la garder si près de sa proie, Tristan la porta avec difficultés jusqu'à son chef.
"Arthur ! Dis-lui de me lâcher ! "
" Seulement si tu te tiens tranquille. "
Mordred souffla bruyamment mais se calma. Tristan la reposa au sol, tout en la maintenant étroitement serrée contre lui. Arthur hocha la tête, satisfait.
"Bors, va voir dans quel état il est. "
Le vieux guerrier planta l'épée de Tristan dans le sol puis alla s'agenouiller près du soldat romain qui gisait, inanimé, dans la neige.
"Eh ben ! Elle y est pas allée de main morte ! Il a le nez cassé et sa mâchoire est en piteux état ! "
Lancelot rengaina son épée et se tourna vers Arthur.
" Je t'avais dit qu'elle était incontrôlable ! On n'aurait jamais dû la laisser sans surveill - "
" Ce n'est pas sa faute ! "
La mère d'Alecto s'était avancée.
"C'est Octavius, le garde, il ... il a fait des commentaires ... déplacés ... "
" Des commentaires ? Sur quoi ? "
" Sur ma soeur ... "
La voix de Mordred était sourde mais forte. Elle vibrait d'une rage difficilement contenue.
Arthur se tourna vers elle et la dévisagea avant de lancer un regard à Tristan qui relâcha immédiatement la Scot.
" Bors, ramène-le au campement et voit ce qu'on peut faire pour ses blessures. Quant à toi !" - Arthur se tourna vers le garde encore debout – " Mordred est sous ma protection. Tâchez de vous en souvenir, toi et ton maître. "
Le garde soutint un moment le regard du commandant, mais ne dit rien. Il aida Bors à relever son camarade et ils se mirent lentement en route, suivis d'Alecto et de sa mère.
Quand ils eurent quitté la clairière, Arthur reporta son attention sur Mordred. Il l'examina en silence puis se décida à parler.
"Si je te rends ton épée, est-ce que tu t'engages à n'attaquer personne, Romain ou non? "
La Scot planta ses yeux bleus dans ceux du commandant.
"Je m'engage à n'attaquer ni toi, ni tes hommes, ni les villageois ... ni la Picte. "
" Et les Romains ? "
Elle parut réfléchir un instant avant de répondre.
"Qu'ils restent en dehors de mon chemin et tout se passera au mieux. "
" C'est entendu. "
" Tss. "
Lancelot avait croisé les bras sur sa poitrine et secouait la tête dans un geste évident de désapprobation.
La Scot tourna vers lui un regard amusé, cracha le sang qui s'était accumulé dans sa bouche blessée et partit sans se retourner.
"Pourquoi tu lui rends son épée ? "
" Je crois qu'on peut lui faire confiance - "
" Confiance ? Tu plaisantes ? C'est une gamine capricieuse ! Elle ne sait pas se contrôler, au premier mot de travers de la part des Romains, elle va leur sauter dessus ! "
" Je ne te savais pas si sensible au sort des Romains. "
Tristan avait déterré son épée et l'essuyait consciencieusement avec l'une de ses manches. Lancelot ne parut pas apprécier son commentaire.
"Je me fiche des Romains ! Mais je n'ai pas envie de perdre ma liberté à cause d'une petite fille sans cervelle ! "
" Elle n'est pas si écervelée que tu le penses. Elle se tiendra tranquille si elle a de quoi se défendre en cas de besoin. "
" C'est parce qu'elle aime tuer autant que toi que tu prends sa défense ? "
Tristan ne répondit pas. Il se contenta de fixer son camarade en silence.
"C'est bien ce que je pensais ! Les prédateurs se reconnaissent entre eux ... "
" Lancelot, ça suffit ! "
Arthur s'était interposé entre ses chevaliers.
" Mordred est sous ma protection jusqu'au Mur. J'ai donné ma parole qu'il ne lui arriverait rien ! "
Lancelot ricana.
" Si le grand Lucius Artorius Castus a donné sa parole, je ne vois pas pourquoi elle aurait besoin d'une arme : personne n'osera la toucher ! "
" Tu sais comme moi que Marius n'est pas un homme de confiance. Il a déjà voulu la tuer ... sans compter ce qu'il a fait à sa soeur ... il serait trop content de pouvoir poursuivre son oeuvre. Et nous ne pouvons pas veiller sur Mordred à chaque instant, nous avons assez à faire avec les Saxons. Elle doit pouvoir se défendre seule. Et je suis sûr que si nous montrons de la bonne volonté, elle finira par se calmer. "
" Bien ! Parfait ! Donnez-lui son épée ! Donnez-lui toutes les épées que vous voudrez ! Mais ne venez pas vous plaindre quand on retrouvera les Romains égorgés dans leur sommeil ! "
Il lança un dernier regard rageur à Tristan puis s'enfonça dans la forêt d'un pas décidé. Arthur le regarda partir en soupirant.
"Il ne lui pardonnera jamais de l'avoir menacé avec sa propre épée ... "
" Il finira par se calmer lui aussi. "
Tristan rengaina son épée. Arthur soupira de nouveau.
" Ai-je pris la bonne décision ... "
L'éclaireur fronça les sourcils. C'était la première fois qu'il voyait son commandant douter de lui-même. Arthur se tourna vers lui et s'expliqua.
" Lancelot n'a pas complètement tort. Mordred est instable. Elle risque de s'enflammer à la première provocation ... "
" Je lui parlerai. "
" T'écoutera-t-elle seulement ? "
" Elle a une dette envers moi. Elle m'écoutera. "
Arthur hocha la tête.
" Je te la confie. "
Quand Tristan rentra de sa mission de reconnaissance vers midi, il trouva Mordred en lisière de forêt, occupée à polir son épée. Il l'observa un moment puis se dirigea droit sur elle.
"Mordred. "
La Scot leva la tête et l'accueillit avec un grand sourire.
" Belle journée ! "
" Belle épée. "
" Merci ! "
" Ce serait dommage de la salir avec du sang romain. "
Le sourire de Mordred se figea.
"C'est Arthur qui t'envoie. "
Tristan hocha la tête et s'assit à côté d'elle.
" Il veut s'assurer qu'il n'a pas commis d'erreur en te rendant ton arme. "
" Il peut dormir tranquille, je ne toucherai pas à ses précieux Romains ..."
Elle cracha du sang et se remit au travail. L'éclaireur la regarda faire du coin de l'oeil, en silence.
La main gauche de la jeune fille tenait fermement la garde de la lourde épée à deux mains, pendant que la droite, enveloppée dans un morceau de tissu, parcourait la lame consciencieusement.
Tristan détourna les yeux.
"Bors m'a dit que le Romain ne s'était toujours pas réveillé. "
" Les Romains ont la tête dure. Il s'en remettra."
" Tu n'y es pas allée de main morte avec lui."
" Il n'y est pas allé de main morte avec ma soeur quand il l'a battue et violée. "
La voix de Mordred avait tremblé légèrement. Tristan se tourna vers elle.
" Ces Romains sont des chiens, et je serais plus que satisfait de voir leurs carcasses pourrir au soleil." - il s'arrêta un instant avant de reprendre –" Mais nous avons ordre de ramener Marius et sa famille jusqu'au Mur. Sains et saufs. C'est la dernière condition à notre liberté."
Mordred leva la tête vers lui et le dévisagea.
" Je ne toucherai pas à Marius, ni à sa famille. Tu as ma parole." - elle reporta son attention sur son épée –" Mais je ne promets rien pour le garde. "
Tristan sourit légèrement.
"Je ne pense pas que les hauts dignitaires romains fassent grand cas de la disparition d'un pauvre soldat anonyme. Il suffit d'être discrets. "
Mordred ne dit rien. Elle se leva et fit quelques pas dans la neige, sa main gauche agrippant la lourde épée.
Quand elle se retourna, un large sourire éclairait son visage.
Notes de l'auteur :
Merci à Thaele Ellia et à Sereg pour leurs reviews. Elles m'encouragent vraiment.
La preuve : voici déjà un nouveau chapitre de posté.
Les choses deviennent sérieuses. Et le prochain chapitre sera encore plus éprouvant, avec une plongée dans le passé troublé de Mordred.
A suivre.
Le Loup à la Lune.
