Les personnages, lieux et événements que vous reconnaîtrez ne m'appartiennent pas. Ce ne sont que des jouets pour mon esprit tourmenté.

Bonne lecture.

Le Loup à la Lune.


1ère partie : Et Arthur devint roi ...

Chapitre 9 - Une nuit éternelle ...


Elle était tombée. La glace avait cédé et son corps avait sombré dans un océan noir et glacé.

Mais quelqu'un était venu. Quelqu'un l'avait rattrapée, rappelée à la vie.

Des bras forts. Une voix. Une caresse. La chaleur d'un corps contre le sien. Et elle était sauve. A l'abri.

La chaleur avait disparu à présent et elle était seule dans les ténèbres. Mais elle n'avait pas peur. Plus maintenant. Et elle ouvrit les yeux.

De la neige. De la neige à perte de vue.

Elle voulut avancer, mais une sensation étrange l'envahit. Son corps était lourd et léger à la fois. Elle leva les yeux au ciel. Il n'y avait pas de soleil et pourtant il faisait jour. Comme si le ciel, bleu et clair, brillait de lui-même dans le silence ...

Un cri strident retentit et elle se retourna. Une corneille la fixait, perchée sur le pommeau d'une épée plantée dans le sol. Son épée.

Elle commença à s'approcher mais l'oiseau croassa de nouveau et elle s'arrêta. La corneille déploya ses ailes, battant l'air de ses plumes noires avant de se mettre à frapper l'épée de son bec. Et un sentiment d'horreur la submergea.

Du sang.

L'épée saignait. Chaque nouveau coup de bec s'enfonçait plus profondément dans le métal et un sang cramoisi, presque noir, serpentait le long de la lame jusqu'à la neige, formant une épaisse couronne écarlate autour de l'épée.

Elle cria mais ce n'était pas sa voix qui déchirait le silence. Ce n'était pas sa voix, mais le hurlement d'un loup qui chassa l'oiseau ...

Elle se précipita vers l'épée et empoigna le pommeau. Ses doigts glissaient sur le cuir humide et elle resserra son étreinte. Elle devait la reprendre. C'était son épée ... l'épée de son père ... mais la lame refusait de bouger.

Alors elle tomba à genoux et gratta la neige de ses mains nues. Et plus elle creusait, plus la neige devenait rouge et lourde et visqueuse, jusqu'à ce que ses doigts engourdis heurtent une surface froide et dure. De la glace.

Elle s'arrêta et fixa la glace qui emprisonnait l'épée. Elle leva les poings au ciel et la frappa de toutes ses forces. Elle frappa jusqu'à ce que son sang se mêle au sang de l'épée. Jusqu'à sentir la glace craquer.

De longues fissures coururent autour de la lame qui commença à sombrer doucement. Alors elle l'agrippa, et le métal s'enfonça dans sa chair meurtrie.

Elle se releva. L'épée émergeait lentement, lorsqu'une main surgit de la glace et se referma sur la lame. Une main blanche et fine. Une main qu'elle connaissait ...

Son coeur s'emballa mais elle ne lâcha pas prise. Elle tira l'épée de toutes ses forces, entraînant avec elle la main ... un bras ... une épaule ... une tête ...

De longs cheveux blonds flottaient dans l'eau glacée, dessinant de molles arabesques dorées, tandis que deux yeux aussi bleus qu'une nuit d'été plongaient dans les siens comme dans un miroir ...

" ... Isolde ... "

Et une voix douce, lointaine, répondit dans un murmure.

" ... Graïnne ... "

Elle sourit doucement et laissa le corps familier l'attirer dans l'eau glacée ...

" ... Mordred ... "

Une voix avait retenti. Une voix forte, rugueuse.

Elle ouvrit les yeux. L'eau était froide et noire, et la glace se reformait peu à peu au-dessus d'elle, menaçant de l'emprisonner. Elle se débattit mais ses mains restaient agrippées à l'épée qui l'entraînait vers le fond.

" Mordred. "

Il l'appellait et elle voulait répondre, mais l'épée était lourde et elle ne voulait pas la lâcher ... elle ne pouvait pas la lâcher: des mains froides et douces étaient posées sur les siennes, enfonçant la lame toujours plus profondément dans sa chair ... et son corps était fatigué, si fatigué ... ses paupièresse fermèrentet sentit le froid l'envahir ...

La mort l'avait rattrapée. Trop de peine, trop de souffrance dans la chair et le sang ... Il était temps d'abandonner ... de rejoindre celle qu'elle avait aimée plus que la vie ... temps de mourir ...

... mais des mains puissantes la rattrapèrent.


" Mordred ! "

Elle ouvrit les yeux. Un homme était penché sur elle. Ses yeux cherchaient les siens. Des yeux noirs et profonds.

" ... Tristan ... "

Sa voix était faible, à peine plus forte qu'un souffle, mais le chevalier sembla satisfait. Il se redressa et ses larges mains relâchèrent les épaules de la Scot.

Mordred promena son regard autour d'elle.

Il faisait nuit mais plusieurs flambeaux éclairaient les murs de la petite chambre. Ou du moins, elle supposaitque c'était une chambre, étant donné le lit chaud et confortable dans lequel elle était allongée. Bien plus confortable qu'aucun des lits qu'elle avait connus jusqu'à présent ...

L'éclaireur dut lire la confusion sur son visage, car sa voix rauque interrompit bientôt le silence.

" Nous sommes au fort. "

Mordred tourna la tête vers lui. Il trempait un linge dans un bol d'eau posé sur une petite table dans un coin de la chambre.

La Scot ne pouvait détourner les yeux des mains épaisses et rugueuses du chevalier tandis qu'il tordait le linge pour en extraire l'eau superflue.

" Tu as eu de la chance. "

Sa voix sourde la tira de sa transe et elle ferma les yeux.

Des bruits de pas, un poids sur le matelas, et elle sentit la douceur du linge frais contre son front en sueur.

" Tu es tombée dans le lac. Tu aurais pu y rester. "

" Mais tu m'as rattrapée ... "

Elle ouvrit les yeux.

Il la regardait, ses yeux noirs plongeant dans les siens tandis qu'il passait délicatement le linge humide sur ses tempes, ses joues, ses mâchoires, son cou ...

" Je t'ai rattrapée. "

Elle lui sourit et des doigts calleux effleurèrent ses lèvres en réponse.


Tristan la porta dans la nuit jusqu'au cimetière avant de la déposer délicatement au sol.

Ses jambes étaient encore faibles et sa démarche hésitante, mais chaque nouveau pas était plus ferme, plus assuré.

Elle déambula seule entre les tombes, ses yeux se promenant sur la forêt d'épées jusqu'à trouver la sienne. Alors elle s'approcha du monticule de terre et caressa le métal de ses mains rugueuses.

De fines gouttes de sang perlèrent sur ses doigts, réchauffant sa chair tremblante, et la nausée lui contracta la gorge.

Des images traversèrent son esprit.

Des ailes noires fendant l'air. Du sang rouge sur la neige blanche. L'éclat d'une lame plantée dans la glace. Le visage de sa soeur émergeant de l'onde...

Elle ferma les yeux et lutta pour retrouver son souffle. Pour chasser le goût de mort de sa bouche.

Mais les images étaient toujours là, tournoyant dans sa têtecomme un océan menaçant de l'engloutir ... jusqu'à ce qu'une voix chasse les flotsnoirs ... cette même voix qui hantait son esprit depuis l'enfance ... le voix de sa mère.

Et elle la vit.

Une frêle silhouette drapée dans une robe sombre. Une longue tresse rousse tordue par le vent. Et une tristesse sans fin dans ses yeux sans âge ...

Non. Elle n'était pas comme elle. Elle était forte. Libre. Et elle ne laisserait personne lui prendre cette liberté. Jamais.

Elle ouvrit les yeux. La brise nocturne caressait la tombe à ses pieds.

Dagonet s'était battu pour sa liberté lui aussi. Et il était mort.

Le coeur de la jeune fille se serra au souvenir de ses yeux pâles. Des yeux pleins de sagesse, de tendresse, de vie. Des yeux qui avaient réchauffé son âme, embrasé son coeur ...

Elle serra les dents.

Il était trop tard maintenant. Trop tard pour regretter ce qui n'avait pas été ... ce qui ne serait jamais.

Alors elle enferma la douleur dans son coeur et sa voix prit la place de larmes qui ne seraient jamais versées.

" Codladh fada,

Codladh domhain !

Eirigh ! Amharc sios,

Mo anam !

Siùil liom trid an oiche dearg.

Deireadh, deireadh an turas !

Oiche, ghealach dearg ! "

Le silence retomba sur le cimetière.

Des pas résonnèrent dans la nuit, suivis d'une voix alourdie par l'alcool.

" Dag était pas du genre bavard. A peine s'il décrochait deux mots à la suite ...mais il m'a parlé de toi. "

Elle tourna légèrement la tête et son regard croisa celui de Bors.

" Tu es la première femme dont il m'ait parlé. La seule femme. "

Elle détourna les yeux.

" Et qu'est-ce qu'il t'a dit ? "

Sa voix avait tremblé malgré ses efforts.

" Que t'as une belle voix quand tu chantes. "

Elle ferma les yeux et ravala les larmes.

" Il avait raison. "

Un faible sourire effleura ses lèvres au compliment.

" Tu vas te battre ... "

Ce n'était pas une question et elle le savait. La voix de Dagonet résonna dans sa tête.

" Tu portes ton pays dans ta chair et dans ton sang ... "

" ... comme chacun de nous ... "

Elle ouvrit les yeux.

" C'est ma terre. "

" Mais tu as la vie devant toi. Tu peux partir et trouver une nouvelle terre. Un nouveau foyer. T'es qu'une gosse. "

Un rire sans joie résonna dans la nuit.

" Je ne suis pas une gosse. Je ne l'ai jamais été. "

Ses yeux plongèrent dans la nuit, se perdant dans les ténèbres.

" J'avais neuf ans quand j'ai tué pour la première fois. C'était un Picte. Je ne me souviens pas vraiment de l'attaque. Tout est flou dans ma mémoire, comme si cette nuit n'avait été qu'un rêve ... un brouillard de sang et de cris ... mais je me souviens de lui.

Je me souviens des tatouages bleus sur son visage et son torse. Je me souviens de l'éclat de ses dents blanches à la lueur des maisons en flammes. De sa main rugueuse sur ma peau quand il m'a écartée de son chemin ... de la manière dont ses yeux se sont écarquillés quand j'ai planté l'épée de mon père dans sa chair ... de la récheur de ses cheveux entre mes doigts quand j'ai écarté les mèches brunes de son visage en sang ...

J'avais neuf ans. Et j'en ai dix-huit. Et c'est comme si une vie entière s'était écoulée ... "

Elle se tourna vers le chevalier et planta ses yeux si bleus dans les siens.

" Je suis vieille Bors. Assez vieille pour tuer ... et pour mourir. "

Le chevalier ne dit rien. Il se contenta de détourner la tête et de fixer la tombe de son compagnon.

Mordred se détourna à son tour. Elle n'avait fait que quelques pas lorsque la voix sourde du vieux guerrier l'arrêta.

" Tu aurais pu l'aimer ? "

Son coeur manqua un battement et elle inspira profondément avant de répondre.

" Je ne le saurai jamais. "


Traduction de la chanson :

" Long sommeil,

Profond sommeil.

Elève-toi ! Regarde en bas

Mon âme !

Marche avec moi à travers la nuit rouge.

La fin, la fin du voyage !

Nuit, lune rouge ! "

Il s'agit d'une chanson d'Enya intitulée " Aldebaran " que j'ai légèrement modifiée pour les besoins de ma fic.

Notes de l'auteur :

Revoilà Mordred et les chevaliers ! Comme quoi les miracles, ça existe ! lol

Ma devise c'est : " si tu commences une fic, tu la termines ". Alors je me suis prise par la main et j'ai relu les chapitres précédents, toutes mes notes ( et y'en a un paquet,croyez-moi! ), et je les ai même corrigés et remis à jour !

Et comble du sacrifice : j'ai acheté le DVD de " Roi Arthur " pour me remettre dans l'ambiance et résoudre les quelques problèmes de chronologie qui me ralantissaient !

Que ne ferait-on pas pour être à la hauteur de ses fans ! re-lol

Bref, " la Chair et le Sang " c'est reparti !

Je suis même en train d'élaborer les bio des persos qui apparaîtront dans les prochaines parties ! Et là aussi, y'en a un paquet !

Le plus difficile, c'est de mettre en place la trame générale. J'ai tellement de persos et d'intrigues secondaires à introduire, que j'en perds littéralement mon latin ( faut dire que mes derniers cours de latin remontent à pas mal d'années, quand même ! ).

Enfin, j'espère que le résultat de toutes ces prises de tête en vaut le coup !

Plus que deux autres chapitres, et j'attaque l'après-film !

Et après toutes ces jérémiades, place aux RAR :

Thaele Ellia : Comme toujours, tes compliments me vont droit au coeur ! J'espère que cette longue attente n'aura pas effacé ton intérêt pour cette fic ! J'attends ton avis avec impatience !

Sereg : J'ai longtemps hésité au sujet de la scène de la bataille sur le lac gelé. La raconter / ne pas la raconter ? Finalement, j'ai opté pour de légers flash-back à travers les souvenirs de Tristan. Je trouve que ça lui donne un caractère plus personnel. Et c'est vrai que c'est déprimant de les voir tristes, comme ça ... mais bon, faut ce qui faut ! Et en ce qui concerne ton image de sadique, rassure-toi, tu n'es pas la seule à verser ta petite larme quand l'un des chevaliers meurt ... / NOOOOOOOOONN ! Tristan ! Ne meurt pas ! Je te hais, Antoine Fuqua ! Sois maudit sur trente générations /

Bee orchid : La romance arrive petit à petit ... mais va falloir être patiente ! nyark nyark nyark ! Et tu vois : j'ai fini par le poster le nouveau chapitre ! Comme quoi ça marche les bisous d'encouragement ! lol

Via : J'ai connu le même problème que toi : après avoir lu presque toutes les fics anglaises sur Tristan je me suis dit : et maintenant ? Et voilà la seule solution que j'ai trouvé à ce problème épineux : écrire ma propre fic ! Contente de voir qu'elle te plaît ! J'espère que la suite te plaira autant !

Voilà, voilà !

Alors à bientôt pour de nouvelles aventures chevaleresques ! ( d'autant plus chevaleresques que la bataille finale approche à grand pas ! )

Zoub'.

Le Loup à la Lune.