Chapitre 9
Lorsque je me suis réveillée, ce matin, enfouie sous ma couette, je n'ai pas voulu ouvrir les yeux. J'avais cette boule, au creux de mon estomac. Cet horrible nœud qui me serre encore les entrailles, à ce moment précis. La peur. Le doute. Je ne comprenais pas pourquoi jusqu'à ce que ma mère n'arrive dans ma chambre et n'écarte vivement les rideaux de ma fenêtre, me saluant joyeusement.
Et puis je me suis rappelé que je me mariais, aujourd'hui.
Je me suis levé et j'ai regardé ma robe, étendue sur mon lit. Elle était belle. Lumineuse, même. Je l'avais choisie dans une boutique moldue de Londres, avec Ginny. Je me souviens... je voulais être la plus belle, à tes yeux. Je me suis imaginée, descendant l'allée au bras de Harry, échangeant avec toi un regard profond, rien qu'à nous, un regard où nous aurions pu lire respectivement l'amour que nous nous portions.
Je suis stupide, n'est-ce pas ?
Je voulais tellement croire, tu sais. Croire que je t'aimais, que je voulais oublier...
Ginny est arrivée et m'aide à me préparer. Elle s'extasie devant moi. Son ventre rond et son grand sourire me réconforte un peu. Mais même elle ne peut être totalement heureuse. Elle n'est pas aveugle, elle non plus. J'aurais voulu être comme elle. Avoir un mari aimant à mes côtés, caresser mon ventre en pensant à l'enfant qui y grandit. Mais ce ne sera jamais comme ça, entre toi et moi, Ron. Je le sais.
L'heure est arriver. Je descend l'escalier au bras de Harry. Il remplace mon père... S'il était là... Oh que faire ?
Il est là, Harry. Il me dit combien il est fier de moi. Il me serre contre lui. Sa merlleure amie... J'ai envie de pleurer, de tout lui raconter, de lui dire combien ce mariage est faux. Mais je ne dis rien et je le laisse me guider à travers les quelques couloirs du château me séparant de toi. Tu as choisi Poudlard pour la cérémonie. Et là, on espère des révélations. Mais c'est tout ce que tu as à nous offrir. De petits copeaux.
Tu es là. Est-ce que tu me trouve belle, Ron ? Tu me souffles que je suis jolie. Je ne veux pas être jolie! Je me veux belle pour toi. Juste pour toi… Ton sourire est crispé, comme à l'habitude. Il n'y a pas beaucoup de monde dans la pièce. La Salle sur Demande a été magiquement transformée en petite chapelle. Tout est en pierre grise. Ça a quelque chose de froid… Mon œuvre ? Je m'attends presque à voir des roses noires dans les coins.
Dumbledore commence et je te regarde dans les yeux. Pourquoi tu détournes automatiquement les tiens ? Tu parcours la salle des yeux et je te sens soudainement te raidir. Qu'y a-t-il ? Qu'as-tu vu, Ron ? De quoi as-tu peur ?Je suis ton regard, cherchant ce qui a bien pu te surprendre. Te faire mal. Je cherche une femme pleurant la perte de son amant. Seulement, je ne cherche pas au bon endroit… Je ne cherche seulement pas la bonne personne.
À mon idée initiale d'une pauvre fille en larmes succède la vision d'un regard, tout simplement. Deux yeux tourmentés, remplis de détresse et d'amertume. De douleur sourde qui ne demande qu'à être hurlée mais qui se terre silencieusement, derrière une colonne de marbre grisâtre. Mais c'est à ce moment là que je me rend compte que derrière la colonne de marcre, ce n'est pas une femme qui te pleure, non. Mais c'est un homme, les yeux remplis de détresse, me fixant. Je mis du temps à te reconnaître, Drago. Tu n'étais donc pas mort ! Mon coeur fait un bond de joie. Toi, vivant, ici. Quand soudain, je réalise. Je me marie. Et ce qui t'a fait peur Ron, c'est lui. Tu le sais donc ? Je soutiens ton regard. Oui... Tu sais. Oh mon dieu... Cette question me perce les tympants... QUE FAIRE ?
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Est-ce que tu l'aimes, Hermione ? On ne peut pas dire qu'il soit laid, bien entendu… On dirait un ange déchu. Avec ses mèches presque blanches qui tombent sur ses joues diaphanes et ses lèvres rosées. Sa mâchoire est un peu crispée et sa lèvre inférieure mordue. Comme s'il retenait un sanglot. Ses yeux sont comme la tempête. Orageux. Mais à la fois doux, étrangement. Et si tristes. Un peu comme les tiens. Il porte une cape noire, mais même cette couleur sobre arrive à le rendre plus magnifique encore, rehaussant la pâleur cristalline de sa peau. Il semble fragile. Un peu comme un enfant. Et il a mal. Il resserre les pans de son vêtements, comme s'il avait froid. Parfois, il frissonne. Il regarde parfois la porte de la salle du coin de l'œil, comme hésitant à la franchir, à fuir loin de tout. Loin de toi.
Je sais qu'il est conscient que je l'ai aperçu. Et loin d'en être heureux, sadiquement, il semble désolé. J'ai envie de lui dire que ce n'est pas grave.
J'ai envie de lui hurler que, de toute façon, tu ne seras jamais à moi.
Dumbledore a commencé à réciter son long monologue sans que je ne m'en aperçoive. Et voilà… Le moment M, n'est-ce pas ? Un sourire aux lèvres, le vieux sorcier pose ses questions. C'est maintenant mon tour de répondre. Tu as dit oui, comme si c'était un texte que tu récitais. Je sens tous ces regards sur moi. Et bien sûr le sien, acier qui me transperce. J'aimerais lui en vouloir, t'en vouloir, mais il me semble que c'est impossible. Si j'y avais réellement cru, peut-être.
- Ronald ? Demande Albus de sa voix douce.
Et je trouve la force de sourire. Je sais cependant mes yeux remplis de larmes. J'ai si mal, Hermione, mais je t'aime. Et toi qui a sacrifié tant de par le passé ne mérite pas cela. Je ne veux pas d'une vie de mensonges. Je vaux mieux, moi aussi. Je ne veux pas d'une vie de mensonge
Je m'avance vers toi, franchissant les quelques pas qui nous séparent. Je pose juste mes lèvres sur ta joue avant de reculer.
- Ron ? Fais-tu, interloqué.
Tu sais que je t'aime je balbutie malgré moi. Et je crois même que je t'aimerai toujours. Je sais que tu as essayé d'éprouver la même chose. Mais l'amour ne s'apprend pas, Hermione. Il se vit, tout simplement. Il s'avoue.
Tout le monde écoute, boit la moindre de mes paroles. Mais je m'en fous. J'ai juste besoin de te parler. Tant mieux s'ils apprennent à voir, eux aussi.
- Si je m'écoutais, je te garderais avec moi. Je dirais « Oui » devant tous ces gens. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas t'obliger à rester alors que je sais… Alors que je sais pertinemment que tu l'aimes.
Il y a des cris étouffés derrière nous. De confusion. Mais toi, Hermione, tu me regardes simplement dans les yeux. Depuis quand ne l'avais-tu pas fait ?
- Pourquoi, Hermione? Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ? J'aurais pût t'aider ! Au début, j'aurais été en colère, mais j'aurais compris. Ne serais-ce que par amour pour toi..
Je prends ta main dans la mienne. Tu trembles. Je souris paisiblement.
- On ne trouve pas toujours la bonne personne, Hermione. Tu as cette chance. S'il te plait, ne la laisse pas passer… Ne la gâche pas inutilement pour quelques craintes injustifiées.
- Ron... balbuties-tu je voulais tellement…
- Je sais. Et moi, je veux te voir sourire à nouveau. Je veux revoir l'étincelle dans tes yeux. Même si ce n'est pas moi qui la fait revivre.
Je lâche ta main après une dernière pression. Je commence à m'éloigner doucement. Je me dirige calmement vers la sortie, la tête haute. J'ai envie de pleurer mais je ne le ferai pas. Je serai fort.
- Elle est à toi, Draco. Prends bien soin d'elle. Elle est fragile, sous les apparences. Mais tu le sais sans doute mieux que moi…
Je m'étais fourbu, mais tout va bien, maintenant. C'est comme ça que ça devait être.
