Disclaimer : Je déclare sur l'honneur que rien ne m'appartient ici ! Enfin rien en corrélation avec Harry Potter. Et en fait pas grand-chose d'autre non plus. C'est naze, hein ?
Mot de Wam : Merci à Karine et Kazy qui m'ont crié dessus et se sont indignées quand je leur ai fait lire ce One Shot. Bon en fait, ce One Shot est fini techniquement depuis longtemps, mais il me restait la conclusion à faire, et je ne savais pas comment la faire. Du coup ça a traîné des semaines inutilement puisqu'au final, je l'ai bouclé en quelques paragraphes. Donc désolée pour cette attente superflue, je ferai mieux la prochaine fois !
2 / Le Deuil du Vivant
Les marches grincèrent sous ses pas. Il s'arrêta un instant, pour vérifier que sa mère ne l'avait pas entendu, puis il poursuivit sa route. Elle n'aimait pas beaucoup qu'il sorte depuis qu'il avait quitté Sainte Mangouste. En fait, elle n'aimait pas qu'il fasse quoi que ce soit depuis qu'il avait quitté Sainte Mangouste. Il avait parfois l'impression d'être invisible, parqué dans sa chambre, convoqué aux heures de lever, de soins, et de repas. Et puis après il devait se faire tout petit, minuscule, plus de bruit, plus aucun chahut, plus de rire. Petit, invisible. Ses parents ne le regardaient pas avec haine. Alors il ne se détestait pas. En fait ses parents ne le regardaient plus du tout. Alors il jouait les invisibles, et c'était mieux pour tout le monde.
Il vérifia une dernière fois que sa mère était toujours affairée dans la cuisine, puis entrouvrit la porte d'entrée de leur maison. Après tous ces longs mois passés à l'hôpital, sans pouvoir sentir le vent ni voir les rayons du soleil autrement qu'à travers de petites fenêtres, il pensait qu'en rentrant chez lui il aurait tout le loisir de courir de nouveau dans la nature sauvage entourant la modeste demeure des Lupin. Mais il restait enfermé la plupart du temps dans sa chambre ou dans la maison. Il n'en voulait pas vraiment à ses parents pour ça. Lui aussi avait un peu peur de sortir, et parfois aussi il pensait à des choses, ou avait envie de certaines autres sans comprendre d'où cela venait, et alors, une angoisse atroce se mettait à étreindre son cœur. Il ne savait pas très bien ce qu'il était.
Il fit quelques pas sur le patio, sans refermer la porte, qui avait tendance à claquer et à résonner dans toute la maison quand on tentait de la clore. Il respira l'air lourd qui prit quartier dans ses poumons et l'oppressa comme pour l'immobiliser à terre. Oui souvent il avait peur, et il désobéissait rarement à ses parents. Mais cet été était si chaud et si étouffant, et il avait tellement besoin d'un peu de soleil pour nettoyer sa peau couverte de baume contre les cicatrices. L'air brûlant lécha sa peau devenue fragile et aussitôt un bien-être l'envahit.
Il s'enhardit et sauta les marches du patio avec sans autre but que de courir et se défouler sur l'herbe sèche et jaunie remplie de gnômes capricieux. Il pensa à tenter d'en capturer pour jouer un peu avec. Ces bestioles étaient des teignes mais il savait s'y faire. D'une certaine manière, il s'y entendait bien en créatures de toutes sortes et en nuisibles, et auparavant, son père lui disait souvent en riant qu'il serait excellent en Défense contre les Forces du Mal une fois à Poudlard. A présent, son père ne lui parlait plus vraiment.
Trois « pops » successifs et bruyants retentirent et le surprirent dans ses jeux d'enfant. Il craignit un instant qu'il s'agissait de son père, rentrant plus tôt du travail, mais il se trompait. De toute façon, son père rentrait de plus en plus tard. Devant lui se tenait trois silhouettes de sorciers qu'il n'avait jamais vus auparavant. Il y avait une femme grande et très belle, aux cheveux courts et au maquillage sombre, presque violet, tout de noir vêtue. A sa gauche un très petit homme aux cheveux très gris, presque blancs, mi-longs et lissés au gomina, portant des demi-lunes derrière des yeux gris très malins et ayant l'air plus sympathique. Un troisième sorcier, portant la main à sa ceinture contenant sa baguette et quelques armes, en imposait, vêtu d'une robe d'un rouge vif flamboyante dans la lumière. Remus étouffa un cri admiratif en distinguant sur chacune des robes des trois sorciers l'écusson blanc et or des Aurors. Le plus petit posa alors les yeux sur lui et sourit.
« Tu es le jeune Remus Lupin ? » Demanda-t-il.
« Euh … Oui. Vous êtes des Aurors ? » S'enquit-il sans pouvoir masquer l'admiration dans sa voix.
« Effectivement. Je m'appelle Cristobal Brahms. »
Le petit homme aux cheveux gris et luisants se pencha vers Remus et l'examina derrière les verres de ses lunettes de façon méthodique, presque scientifique.
« Véritablement étonnant. Et amusant. »
« Ne t'approche pas trop Cristobal. » tonna alors d'une voix rauque et puissante le grand Auror en robe rouge, tenant un poignard en argent à la main.
« Il m'a l'air bien inoffensif. » lui répondit avec simplicité Brahms.
« Je m'ennuie, intervint alors la femme pour la première fois. Faisons ce que nous devons, puis allons-nous en. »
Remus recula d'un pas, comme si on l'avait giflé. Soudain il eut très peur. Des histoires de loups-garous, il en avait entendu des tas depuis qu'il était tout petit enfant. Son père lui en racontait, pour lui faire peur, et sa mère revenait ensuite le prendre dans ses bras pour le consoler, et souriait, lui promettant qu'aucune de ces bêtes ne lui ferait jamais de mal, parce que les Aurors étaient là pour les protéger. Aujourd'hui, c'était lui la bête, et les trois Aurors qu'il trouvait impressionnants et qu'il admirait n'étaient probablement pas là pour le protéger.
Comprenant qu'ils étaient là pour lui, il les regarda vraiment pour la première fois, avec un nouvel éclairage. Il était un loup-garou. Il se réveillait chaque matin en oubliant, en faisant comme si c'était un rêve, et en se persuadant que tout cela n'existait pas, qu'il ne vivait pas vraiment, qu'il était invisible. Il faisait comme ses parents. Mais à l'instant où il était dévisagé, non plutôt scruté avec une curiosité malsaine par ces trois Aurors, la bête se mit à grogner en lui. Ou plutôt non, elle gémit, plaintivement.
Le temps passait et il la sentait de plus en plus, se débattant dans sa chair, enfermée dans son petit corps et tentant de s'en libérer avec fébrilité. Lui ressentait tout ce qu'elle ressentait, voyait par ses yeux, entendait par ses oreilles, et tous ses sens étaient décuplés par l'entité animale l'habitant. Il était hanté, comme à fleur de peau, et il avait même parfois l'impression de pouvoir communiquer avec elle, de pouvoir agir avec elle, et à présent elle le prévenait, et elle couinait plaintivement car elle avait devant elle trois prédateurs. Maintenant, Remus n'était plus un petit sorcier muet d'admiration devant des Aurors. Il était une créature de la nuit face à des chasseurs.
« Maman ! Cria-t-il. Maman ! »
Un réflexe d'enfant et de loup, chercher un protecteur là où on se sent vulnérable. Chercher l'odeur et la chaleur rassurante de celle qui l'avait mise au monde, celle qui d'ordinaire le protégerait et s'y emploierait en dépit de tout.
« On dirait bien qu'il a peur de nous … » sourit la femme.
« C'est aussi un enfant. » soupira Cristobal, pragmatique.
« Ca le rend plus dangereux. »
L'Auror armé et grandi par son uniforme rouge le jugeait avec une méfiance sévère depuis son arrivée, et Remus sentit à quel point il le considérait comme une menace. Le petit garçon ne comprenait pas pourquoi ce grand homme à l'air si puissant pouvait ressentir un sentiment aussi étrange à son égard, mais le loup hurlait de fierté et de contentement. L'enfant se sentait perdu, comme à chaque fois que depuis qu'il était « différent » une contradiction de ce genre naissait en lui.
En vérité, il les voyait tous les trois d'une façon différente maintenant. Il voyait dans le regard du petit homme une curiosité purement scientifique à l'idée d'examiner un enfant loup-garou, phénomène assez rare. La femme avait tant de mépris et de dégoût pour lui, une répulsion quasiment physique. L'Auror rouge n'attendait qu'un geste brusque pour lui planter une arme dans le cœur. Son cœur de bête, comme le disait son père. Sa mère choisit cet instant pour se ruer hors de la maison, furieuse.
« Qu'est-ce que c'est ? S'écria-t-elle le souffle court, en voyant son fils discuter avec des étrangers. Que fais-tu hors de la maison toi ? »
« Vous ne devriez pas laisser votre « enfant » sans surveillance, Mrs Lupin, se moqua la femme, sardonique. Il pourrait croiser le chemin de personnes moins bien préparées que des Aurors. »
Mrs Lupin dévisagea d'un air sauvage les trois sorciers, puis prit brutalement Remus par les épaules et le poussa derrière elle comme pour le cacher. Il sut qu'elle ressentait une grande anxiété teintée de méfiance à l'égard des trois Aurors.
« Vous êtes envoyés par le Ministère ? »
« Je me présente, Maura Black, annonça la femme Auror. Voici mes confrères, Cristobal Brahms et George Delgado. Nous venons admirer votre « petit monstre ». »
Cette fois-ci, Remus, qui continuait à se protéger de leurs regards en profitant de l'éphémère protection de sa mère, perçut une vague de colère lui traverser la chair.
« Je croyais que mon mari avait tout réglé. On nous a dit qu'il pouvait rentrer à la maison, et que toutes les formalités avaient été accomplies. »
« Pas toutes, Mrs Lupin, reprit alors avec plus de calme Brahms. Une décision du Département des Créatures Magiques ordonne la surveillance du jeune Remus Lupin par des Aurors. »
« Grotesque ! » tenta Mrs Lupin sans la moindre assurance.
« Ce n'est pas ce que pense le Ministère, reprit avec nonchalance Maura Black. Si un jour ce « garçon » goûte à la chair d'un de ses petits camarades de jeu, je doute que les victimes trouvent cela « grotesque ». »
« Ce n'est qu'un enfant ! »
« Justement. C'est suffisamment rare pour qu'on le surveille avec d'autant plus d'attention. »
« Si ça ne tenait qu'à moi, poursuivit la femme avec un air sombre, ce garçon serait enfermé en attendant qu'on soit sûrs qu'il puisse se contrôler. D'ailleurs, si cela ne tenait qu'à moi, tous les loups-garous seraient au mieux enfermés. Mais il peut tout de même vivre chez vous librement, c'est un grande chance pour lui. Bref, voici le compte rendu de la décision prise concernant votre fils. »
Maura Black lui tendit un parchemin que Mrs Lupin lut, les mains tremblantes. Remus se demandait avec anxiété ce que les Aurors lui voulaient, et serra fort le bras de sa mère, espérant qu'elle ne les laisserait pas faire, quoi qu'ils aient en tête.
« Contrôle médicomagique toutes les semaines … marmonna-t-elle en survolant le parchemin. Doit être livré aux Aurors le jour de la pleine lune ainsi que la veille et le lendemain pour des raisons de sécurité … Passera un nombre d'entretiens aléatoires à la fréquence déterminé par l'Auror chargé de le suivre. C'est quoi ces entretiens ? »
« Pour mes recherches, répondit simplement Cristobal Brahms, sans détacher son regard de Remus. Son cas est rare. Des jeunes enfants de son âge et de cette constitution survivent rarement à une morsure de loup-garou. C'est le premier cas recensé depuis vingt ans. Il faut que je l'étudie. »
« Pourrais-je assister à ces entretiens ? » Demanda Mrs Lupin avec nervosité, déjà vaincue.
« Je n'y tiens pas. » répondit avec une politesse inquiétante Cristobal.
« Et je n'ai pas le choix je présume ? »
« Vous n'avez qu'à considérer que votre « petit monstre » est déjà très chanceux d'avoir survécu et de ne pas passer toute son enfance enfermé. » susurra Maura Black.
« Et vous aviez besoin de venir à trois pour cet entretien ? »
« Absolument pas. J'étais juste curieuse de voir à quoi il ressemblait, rétorqua Maura avec désinvolture. Et Delgado est là par souci de sécurité. Votre « petit monstre » est trop faible, et la bête pourrait reprendre le contrôle à n'importe quel moment. »
« C'est absurde. Absurde. »
Mais sa mère regarda tout de même de biais son fils, vaguement effrayée. Remus cessa de lui serrer le bras, empli d'un triste dégoût. Il ressentait tout. Elle avait peur. La peur était partout, il pouvait la renifler, même sur lui. Et la bête aimait la peur. Il se rappela du jour où il avait découvert ce qu'il était devenu. Il avait vu ses parents pleurer. Tous les deux, même son père. Et puis ils s'en étaient allés. Ils n'étaient pas venus le voir ni lui parler, ni le rassurer. Le médicomage avait attendu des jours pour le lui apprendre. Pendant tout ce temps l'enfant savait mais faisait semblant d'attendre. Il n'y avait que la peur au ventre qu'il n'avait pas simulée.
Et il était resté seul, recroquevillé dans son lit d'hôpital, incapable de fermer l'œil de la nuit, s'attendant à se transformer en horrible monstre poilu à chaque instant, fixant d'un œil désespérément fixe et vitreux la lune qui brillait dans la nuit. Le pire c'était l'inconnu. Il connaissait les histoires, il savait en gros ce qui allait lui arriver, mais au fond il était dans l'ignorance. Allait-il être une bête jamais ? Quand allait-il se transformer ? Que ferait-on de lui ? Combien de temps cela durait-il ? Etait-ce douloureux ? Allait-on le tuer ? Etait-il toujours un être humain ? Etait-il toujours un enfant ? Etait-il encore Remus Lupin ? Ses parents voudraient-ils toujours de lui ?
Et la peur, toujours et encore la peur, qui l'enserrait et l'étouffait, et personne pour lui parler, pour lui dire, pour lui expliquer, encore moins pour le rassurer. Tout juste quelques regards désolés d'infirmières ou de médicomages, quelques « pauvre enfant » ou « c'est pour les parents que ce doit être terrible ». Et puis des jours et des jours passés à Sainte Mangouste jusqu'à cette fin d'après-midi, où solidement escorté et imbibé de calmants, on l'avait conduit à une cellule aux barreaux d'acier, protégés magiquement, où il avait été enfermé. Il pleurait, mais seule une infirmière prise de pitié avait pris la peine de lui expliquer que cela allait lui arriver, que c'était la pleine lune. « Ca va me faire mal ? Je vais survivre ? Je serai quoi ? » Il avait hurlé et posé toutes les questions qu'il avait pu, mais aucune n'avait trouvé de réponse.
Puis c'était arrivé. Sa peau s'était déchirée, ses muscles s'étaient étirés, ses os s'étaient déformés. Il n'y avait aucun mot pour décrire cette souffrance, et même la mort ne semblait pas si terrible comparée à cette transformation d'un fragile corps d'enfant mis en pièce par une bête sauvage et affamée. Il était certain qu'il n'existait rien de plus douloureux au monde, il sentait même ses organes internes changer de forme, et son sang en ébullition, et ses yeux s'étrécir, et ses ongles s'incurver et s'arracher sous les griffes, et sa chair décharnée. Puis la bête. Il ne se voyait pas, il savait juste ce qu'il était car sa conscience demeurait derrière la fureur. Il était vaguement conscient mais n'avait plus aucune prise sur lui-même. Il ne pensait qu'à chasser, griffer, mordre, et comme il ne trouvait pas de proie, il hurlait, colérait, rageait, et se faisait mal car il avait besoin de chair, de sang. Il avait besoin de satisfaire la bête.
Le retour sous une forme humaine n'était pas moins douloureux, contrairement à ce qu'on pense souvent. La bête était furieuse au petit matin. Elle ne voulait pas disparaître. Elle était insatisfaite, elle connaissait son sort et ne décolérait pas, ayant l'impression d'intégrer un corps trop petit pour elle. Alors elle se débattait, hurlait, voulant rester en vie. Remus avait compris des jours après, en repensant malgré lui à ce terrible matin, que la bête pouvait rester en vie, qu'elle pouvait prendre le dessus s'il ne l'en empêchait pas. C'est faux ce qu'on dit : un humain qui se transforme en bête une fois par mois. La lune est un prétexte, issu d'une malédiction magique ancestrale. En fait la bête est toujours là et cherche juste le moment propice pour sortir. Il suffit de le vouloir ou d'être faible pour qu'elle sorte à n'importe quel moment. Et Remus se sentait très faible.
Il ne se souvenait pas bien du premier matin. En fait la douleur l'avait terrassé, il avait mis des jours à se réveiller. On pensait qu'il ne survivrait pas. D'ailleurs personne ne pensait qu'il allait survivre. Peut-être était-ce pour cela qu'on ne lui expliquait rien ? A quoi bon lui faire peur s'il vivait ses derniers instants … Il était encore très faible suite à son attaque, et beaucoup d'enfants de son jeune âge ne survivent pas aux premières transformations, d'ailleurs sous forme de bête il s'était atrocement mutilé.
Il était dans un état pitoyable et pendant des semaines il n'avait pas pu respirer sans avoir mal. Il n'était pas remis qu'était venue une autre pleine lune et ainsi de suite, pendant six mois. Les trois premiers mois, il était moribond, faible, incapable de faire quoi que ce soit sans aide, terrassé par la douleur et les déchirures. Son père ne venait jamais le voir et sa mère pleurait sans cesse en voyant son état. Et ils persistaient à ne jamais rien lui expliquer. Il comprenait vaguement aux conversations des médicomages qu'il allait mourir mais cela lui était égal. Ses parents ne le regardaient plus dans les yeux. Il était déjà mort.
Finalement, il avait fini par recouvrer des forces, par un miracle que personne ne s'expliquait, pas même lui, par fatigue. Sans doute son corps avait-il finir par s'habituer aux transformations et aux lacérations, ou alors avait-il plus de volonté de vivre qu'on ne le supposait. En tout cas, il avait fini par quitter Sainte Mangouste, après des semaines de tergiversations des médicomages et de négociations avec les gens du Ministère qui se voyaient mal lâcher un loup-garou aussi jeune et faible, et instable dans la nature. De plus, le loup-garou qui l'avait contaminé était dégénérescent, donc on avait toutes les craintes. Mais il fut tout de même libéré. Ou plutôt, songeait-il à présent, ils avaient fait comme s'ils le libéraient. Il était livré à trois Aurors. La mère de Remus les avaient finalement laissés s'installer dans le salon, et elle s'était éloignée, écoutant discrètement l'entretien.
« Discutons un peu toi et moi Remus, commença Cristobal Brahms, le petit sorcier aux cheveux blancs gominés. Tu sais quel métier je fais ? »
« Vous êtes un Auror. »
« Oui mais plus précisément je suis un Auror de la section des Expertises et Investigations sur les Créatures de la Nuit. Je suis donc chargé de faire des recherches, censées faciliter notre travail, à mes collègues et moi-même. Je me suis longtemps intéressé aux vampires, à leurs mœurs, leurs habitudes, leurs traditions, leurs forces et leurs faiblesses. Fascinantes créatures. Mes études m'ont donné une certaine renommée et maintenant j'avoue avoir fait le tour de la question et j'aimerais beaucoup étudier le cas des loups-garous. Les enfants loups-garous sont rares. Ton cas va m'être très utile dans mes recherches. Nous allons passer de longues années à nous entretenir toi et moi. Si tu survis. Ou si moi j'y survis bien entendu. Dis-moi Remus, est-ce que je t'inspire confiance ? »
Remus s'imprégna des traits du visage de Cristobal Brahms, espérant y lire quelque chose qui lui ferait répondre « oui ». Il avait l'air d'un vieux bonhomme sympathique et patient, assez paternel même si son regard ne dénotait d'aucune affection, leur gris mélangeant un sentiment calculateur et fourbe. Mais il les masquait soigneusement derrière des lunettes en demi-lunes apportant une certaine bonhomie à son visage anciennement séduisant. Mais Remus sentait. Le loup grondait devant le prédateur. Il eut envie de dire « non, je ne vous fais pas confiance », car sous ces yeux-là, scientifiques et dissimulateurs, il se sentait comme un jouet ou une curiosité de foire. Mais sa mère écoutait, bien présente, alors il fit le fier.
« Vous êtes un Auror. »
Il l'avait dit comme s'il était évident qu'être un Auror faisait de lui un être exceptionnel. Delgado ne réagit pas, comme depuis la première minute de son arrivée. Maura Black émit un ricanement moqueur, mais Brahms ne broncha pas.
« Ah oui, les Aurors. Un métier admirable. Tu aurais voulu être un Auror Remus ? »
Remus hocha la tête, péniblement. Il se sentait honteux de l'admettre à présent que tout avait changé, qu'il était devenu la proie. Il aurait voulu revenir en arrière pour nier, mais c'était trop tard. Sans y penser, il s'était ridiculisé et cette fois Maura Black ne se retint pas pour éclater de rire.
« On aura tout entendu ! »
« Bien sûr, tu sais que c'est impossible, sourit avec mesure Brahms. Une créature de la nuit Auror, c'est inconcevable. Personne n'accepterait de te laisser faire ce métier. Mais tu le savais n'est-ce pas ? »
Remus prétendit que oui, mais en fait il n'y avait jamais songé. Le ridicule de son désir lui était apparu au dernier moment, celui de le dire à voix haute. Non, il n'en avait aucune idée. Il n'avait plus aucune idée de rien, de lui, de sa place dans le monde à présent. Ca faisait mal, il avait l'impression d'être nu devant ces personnes, qui eux savaient mieux que lui. Nu et idiot.
« Hum, non tu ne le savais pas, comprit Brahms, condescendant. Et sais-tu qu'il y a très peu de sorciers qui acceptent d'embaucher des loups-garous ? Tu n'arriveras probablement pas à trouver du travail plus tard, même en mentant sur ta condition, ça finit toujours par se remarquer. Il te faudra trouver du travail chez les Moldus. Eux sont aveugles, ils ne comprendront pas. La magie te sera inutile alors. D'ailleurs, il y a peu de chance pour que tu puisses aller étudier à Poudlard. Bien que cette expérience pourrait être intéressante. »
« Oh pitié, intervint Maura Black, sèche. Je détesterais qu'il aille à l'école en même temps que mon neveu, même si celui-ci est incontrôlable, j'y tiens un minimum … »
Remus se renfrogna de plus en plus, blessé dans sa chair humaine et animale à la fois. Le rejet. Etre invisible à ses parents c'était déjà une petite mort. N'y avait-il plus aucune place ? Aucune issue. Il avait mal, il n'avait jamais pensé à tout ça. Il songea qu'il ne pourrait jamais aller à l'école, ni faire de la magie comme ses parents. Déjà mort. Il avait les larmes aux yeux.
« Non, tu ne savais pas tout ça n'est-ce pas ? Continua Brahms d'un air faussement doux. J'ai encore des choses à t'apprendre tu sais. Les loups-garous n'ont pas le droit d'avoir des enfants, car ceux-ci survivent rarement à leur première transformation. Toi-même tu as failli en mourir, alors tu imagines un petit bébé ? De la même manière, il est interdit à tes congénères de se marier. La vie de loup-garou est souvent synonyme de solitude, Remus. Il te faut apprendre toutes les règles qui te concernent à présent, et il faut que je t'apprenne une chose essentielle : tu y ressembles, mais tu n'es plus un être humain. Ca ne veut pas dire que tu ne sois pas doté de sentiments, ni d'émotions, ni de raison, et ça ne veut pas dire que tu n'en aies pas l'apparence. Mais tu n'es plus un humain. Comprends-tu ce que je te dis ? »
« Je … Je ne sais pas ce que je suis. On ne m'a pas dit. Personne ne m'a rien dit. »
Il ressentait de plus en plus de honte, et il rechignait à admettre ses faiblesses face à cet adulte au regard faussement indulgent, qui ne lui voulait pas réellement du bien, mais il n'avait personne d'autre pour l'aider et lui faire comprendre. Cette fois-ci il pleura, silencieusement, sans se retenir. Les larmes coulèrent sur son visage, sur ses cicatrices, mais il n'était pas secoué de sanglots, il ne tremblait pas, pas plus qu'il ne gémissait. Il pleurait calmement, parce que se désespérer ne servait à rien. Il perçut plus qu'il ne vit sa mère quitter la pièce brutalement, partir se cacher dans la cuisine. Delgado n'avait toujours aucune émotion sur le visage. Maura Black s'amusait. Brahms semblait littéralement fasciné.
« On va passer un marché toi et moi, jeune Remus Lupin, déclara-t-il finalement, sa fascination se ressentant dans son ton excité. Je t'apprendrai tout ce que tu dois savoir, et en échange tu répondras à toutes mes questions, même les plus bizarres ou les plus embarrassantes, et sans mentir. Les questions les plus difficiles ne viendront peut-être pas tout de suite, elles viendront peut-être quand tu seras plus âgé, mais il faudra aussi à ce moment que tu me répondes honnêtement, même si c'est humiliant ou douloureux. Peux-tu me le promettre ? »
« Oui. »
Remus avait la sensation floue d'avoir scellé un pacte, et avec un homme à qui il ne se fiait nullement, mais il n'en mesurait pas vraiment les conséquences et s'en moquait. Il n'avait pas le choix. Et il y avait tant de choses qu'il voulait savoir qu'il se moquait des sacrifices que cela lui coûterait.
« Bien, je suis content de te voir coopérer spontanément. Dis-moi comment te sens-tu ? Je crois savoir que tes premières transformations ont failli te coûter la vie ? »
« Ca va maintenant. Ca fait surtout mal après, les blessures de la transformation, et puis toutes celles que je m'inflige par rage. Parfois mes os et mes muscles me lancent … Les cicatrices brûlent un peu. Mais avec le temps mon corps s'habitue. »
« Hum … marmonna Brahms en surveillant du coin de l'œil sa plume ensorcelée qui prenait des notes frénétiquement tandis qu'il l'observait, poings fermés. Et que penses-tu de ta condition de loup-garou ? Qu'est-ce que ça t'a fait de savoir que tu en es un ? »
« J'ai eu peur. »
« Et c'est tout ? »
Remus se tordit les mains, mal à l'aise. Son ouïe développée qu'il commençait à savoir maîtriser guetta les bruits de la cuisine et capta les sanglots étouffés de sa mère.
« Je me suis senti seul. Et je ne savais rien. Maman a beaucoup pleuré. » rajouta-t-il après un silence.
« Ah oui … Ta maman … Pour un enfant de ton âge, c'est ce qui doit le plus compter … »
« Il est vrai qu'il donne corps à l'expression « élever un petit monstre ». » sourit Maura Black en s'asseyant assez loin de Remus, dans la semi-pénombre.
« N'écoute pas Maura, continua Brahms sans se retourner vers sa collègue. Elle a un sens de l'humour qui n'amuse qu'elle. Et ton père, comment a-t-il réagi ? »
« Il … Il a pleuré aussi … Il n'est pas souvent venu me voir à l'hôpital. Il ne me raconte plus d'histoires. Souvent, il évite de me regarder. Papa et maman ne me regardent plus beaucoup … »
« Sais-tu pour quelle raison ? »
Remus baissa les yeux. Il commençait à comprendre ce que Brahms avait voulu dire par questions humiliantes ou embarrassantes. Il acceptait la façon dont le traitaient à présent ses parents parce que cela restait silencieux, et que personne ne mettait de mots sur cette situation. La nommer, c'est la rendre plus réelle et cruelle.
« Je crois qu'ils ont peur de ce que je pourrais faire. Je crois que je les dégoûte, ou qu'ils ne savent pas très bien si je suis toujours leur enfant. Je crois qu'ils auraient préféré que je meurs. »
« Et ça te rend triste ou en colère ? S'enquit Brahms avec un sourire, comme s'il pouvait faire une découverte. Tu pourrais leur faire du mal ? »
« Non ! Protesta Remus. Non, je suis juste … J'essaie juste d'être invisible, pour ne pas les blesser. Je fais comme si j'étais … mort. Je me sens un peu mort. »
Un bruit de vaisselle brisée retentit dans la cuisine. Le loup s'agita violemment et Remus sentit son cœur s'accélérer comme s'il avait été surpris en pleine faute. Sa mère avait sûrement tout entendu. Les trois Aurors avaient aussi compris ce qu'il s'était passé, et Maura Black étouffa un léger gloussement.
« Nous en reparlerons une autre fois … Te souviens-tu de la façon dont tu as été mordu ? Peux-tu me décrire ce qu'il s'est passé ? »
Remus se tordit sur sa chaise, embarrassé. Il faisait souvent des cauchemars où il revoyait le visage grimaçant de la femme fantomatique et du dévoreur d'enfants. Il avait l'impression de sombrer dans un gouffre quand il y pensait, de tomber très vite, sans pouvoir se raccrocher à quoi que ce soit. C'était effrayant de ne plus garder le contrôle de lui-même, surtout depuis qu'il sentait qu'il n'était plus seul en lui. Malgré tout, voyant que son hésitation faisait froncer les sourcils défavorablement à Brahms et qu'il ne voulait pas déjà d'ennuis, il fit un effort pour tout lui raconter, en détails.
« Tu as eu peur ? »
« Oui, mais j'étais calme, avoua-t-il comme si cela le surprenait lui-même. Elle m'avait lancé un sort, je ne pouvais pas bouger, et je ne pouvais pas crier. Quand le charme a commencé à avoir moins d'effets, j'ai essayé de m'enfuir mais je n'ai pu que ramper sur le sol, et crier à l'aide. Mais elle ne voulait pas m'aider. Elle a fermé les portes derrière elle. »
« Comment était-il ? »
« Il n'avait pas l'air humain, soupira Remus, évasif et sombre. Il était effrayant. Et il avait aussi l'air d'avoir mal. Il pleurait. Il m'a parlé. »
« Qu'a-t-il dit ? »
« Qu'il était maudit. Il m'a dit que les gens comme lui ne pouvaient pas vivre comme des hommes. »
« Hum … grommela Brahms avec une certaine satisfaction. J'espère que tu as bien retenu ce qu'il t'a dit, car il a raison. Les gens comme toi ne peuvent pas vivre normalement. Je ne dis pas que c'est juste. Nous parlons depuis un petit moment toi et moi. Tu as l'air d'un gentil garçon, assez calme et intelligent. Mais un jour il y aura forcément un incident. Il y en aura peut-être même plusieurs. Alors il ne faut jamais que tu sortes de ta tête cette vérité : tu n'es plus humain. Remémore-toi le visage du dévoreur d'enfants. Remémore-toi sa transformation. Remémore-toi la bête et songe, car c'est la vérité, que tu es comme lui. Dis-toi toujours que tu es comme lui, portant un déguisement d'homme, et que si tu n'y prends pas garde, tu pourrais perdre ce déguisement qui te protège. Il faut toujours que tu écoutes ta raison d'homme et que tu ignores ton cœur de bête. Alors, tu survivras. Sinon, un jour, un homme comme Delgado ou une femme comme Mrs Black te tuera. »
Cristobal Brahms rapprocha son siège de celui de Remus et cette fois, derrière ses lunettes, il lui sembla dénoter une claire menace.
« Tu n'es qu'un petit garçon Remus Lupin. Je ne sais pas si tu as la force de retenir la bête qui est en toi. Ton corps est faible, et si tu es doué de raison, j'ignore si ta volonté est suffisante. Il y a des instincts animaux et sauvages en toi, l'envie de chasser, de tuer, de courir en meute, je sais que tu les sens en toi, mais je ne sais pas à quel point ils sont forts. Mais dis-toi que plus ces instincts sont forts, plus tu risques de perdre ta raison et de devenir une véritable bête. »
« Je … Je … »
Remus ferma les yeux, comprenant ce qu'il voulait lui faire dire. Les images honteuses qui le hantaient revenaient les unes après les autres. Des rêves de chasse et de sang qui l'horrifiaient.
« Je fais des rêves … Je cours dans la nuit, sous la lune, et je chasse. J'attrape ma proie, dans ma gueule, et mes crocs sont acérés et brillent. Et puis je déchiquète la proie. »
« Des proies humaines ? »
« Oui. »
« Des humains que tu connais ? »
« Ou … Oui … avoua-t-il nauséeux. Des … Mes … De la famille … Des enfants que je connais … Des voisins … Parfois juste des passants dont je me souviens du visage. Je les attrape par la gorge, et je l'ouvre, et je bois leur sang et je goûte à leur chair. Je me vois déchiqueter des humains jusqu'à ce qu'ils soient méconnaissables. Je fais souvent ces rêves, et au petit matin, j'ai la nausée, et je vomis jusqu'à en avoir mal. Encore ce matin, j'ai la gorge en feu. »
Remus enfouit son visage dans ses mains. Dans un sens ça lui faisait du bien d'en parler enfin, au lieu de garder tout cela pour lui, comme il le faisait depuis des mois, mais il se sentait tellement sale et il culpabilisait tellement d'avoir tous ces désirs de chair, et qu'il y ait une partie de lui inconsciente qui se réjouissait d'être devenue une créature de la nuit. D'ailleurs tout au long de son récit, Maura Black avait laissé échappé des expressions de pur dégoût, et Delgado avait insensiblement serré plus fort son arme. Brahms paraissait plutôt neutre, mais satisfait de son honnêteté.
« D'après mes recherches, ce sont des rêves courants, chez les créatures telles que toi. La plupart ne passent jamais à l'action, mais c'est pour nous en assurer que nous te surveillons. Toutefois il est intéressant que malgré ton jeune âge tu fasses déjà des rêves de la sorte. Nous avançons. C'est bien, c'est très bien. Il faut que tu continues à me raconter ces rêves, et il faut que tu les combattes. Tu devras aussi me décrire que ce que te font ressentir tes sens développés. Ainsi que tes envies, tes désirs. Tu as confiance en moi ? »
Remus l'aimait de moins en moins, ce Cristobal Brahms. Il lui avait déjà posé la question. Il avait déjà dit oui. Tout ce qu'il voulait c'était le tester. Il était un objet pour lui, un sujet d'études, il voulait juste connaître ses réactions et l'utiliser. Mais il avait le savoir. Il avait des explications, il comprenait. Alors de nouveau, il scella le pacte et répondit que oui.
« Dans ce cas, nous nous reverrons très vite, dit Brahms en ramassant sa plume et ses notes. J'assisterai probablement à ta prochaine pleine lune. Au revoir Remus. »
Sans plus de cérémonie, Brahms transplana. Maura Black se leva du siège où elle s'était lovée dans la pénombre, se dépoussiéra sa robe noire et lui sourit sans la moindre chaleur.
« Nous ne nous reverrons sans doute pas. J'ai brusquement la nausée. »
Maura Black et George Delgado transplanèrent en même temps. Remus perçut des mouvements dans la cuisine mais ne voulait surtout pas voir sa mère, ni savoir ce qu'elle avait entendu de l'entretien. Il fuit en détalant dans les escalier pour s'enfermer dans sa chambre. Il se recroquevilla dans son lit, caché sous sa couverture, ignorant la chaleur qui l'étouffa. Il entendit plusieurs fois sa mère grimper les escaliers, et faire quelques pas devant sa porte, hésitant à frapper, avant de repartir aussitôt, sans rien dire. Il refusa de descendre déjeuner et elle n'insista pas.
Ne supportant probablement plus d'entendre dans le silence de la maison la présence de ce mort-vivant apeuré qui avait été son fils, elle quitta brutalement la demeure en début d'après-midi, claquant la porte. Elle ne revint qu'au bout de plusieurs heures, mais cette fois-ci, après avoir gravi les marches de l'escalier, elle frappa plusieurs fois à sa porte, et l'appela à deux reprises. Il ne répondit pas. Il sentit dans sa voix qu'elle avait pleuré lors de sa longue balade. Quand la nuit tomba, il reconnut le bruit familier de son père qui rentrait de son travail au Ministère en transplanant. Remus quitta sa cachette, enfoui sous sa couverture, sur son lit, et marcha à pas feutré vers les escaliers pour le regarder à la dérobée, comme il le faisait depuis qu'il était rentré de l'hôpital.
Avant que ça n'arrive, Remus attendait toujours que son père rentre du travail pour jouer avec lui, ou pour qu'il lui raconte des histoires, ou même seulement pour le regarder lire le journal avant le dîner. Parfois même il se contentait de le regarder taquiner sa mère, les yeux brillants d'amour, un amour qui n'avait pas faibli depuis leur mariage. Mais depuis qu'il avait changé, son père était mal à l'aise en sa présence. Il le regardait fixement, les yeux rouges et les pupilles fixes, quand il se présentait devant lui et arrêtait tout ce qu'il faisait. Il n'agissait plus jamais naturellement. Alors Remus se faisait invisible, mort, et regardait de loin.
Son père, grand homme aux cheveux châtains en bataille, aux yeux bleus adoucissant un visage encore juvénile, portait une barbe peu épaisse qui le vieillissait légèrement et le masculinisait. On disait toujours à Remus qu'il ressemblait beaucoup à son père. Epuisé par sa journée, éreinté par la chaleur du moins d'août et peu réconforté par l'idée de rentrer dans son foyer, il s'était laissé tomber sur son fauteuil préféré face à la cheminée nue et éteinte. Il regardait un point dans le vide, paralysé, comme lorsque son fils se trouvait devant lui, et pourtant Remus s'était assuré de rester bien caché.
Sa femme lui apporta une boisson fraîche qu'il déclina avec un soupir. Elle s'assit face à lui, où s'asseyait Remus autrefois pour passer du temps avec son père ou juste le regarder. Avec angoisse et tristesse elle lui parla de la visite des Aurors envoyés par le Ministère le matin même. Il soupira qu'il n'y pouvait rien, et que Remus ne leur appartenait plus vraiment maintenant, mais à une bête sur laquelle personne n'avait le moindre contrôle. Et de rajouter que le plus sûr était de faire confiance à ceux qui pouvaient la maîtriser. Sa mère s'était mise en colère. Oui elle avait peur, mais il restait leur enfant, et ils devaient le protéger, non seulement de lui-même mais aussi des autres.
Mr Lupin haussa les épaules, et traînant sa peine et sa lassitude, il quitta la maison, comme tous les soirs pour aller boire quelque part, s'attardant légèrement devant les escaliers le temps d'apercevoir une petite silhouette qui tentait de rester cachée dans l'ombre. Mais comme chaque soir il ne dit rien et transplana, ignorant le silence lourd qui criait dans la bouche de sa femme, faisant le deuil d'un vivant.
Réponses aux Reviews :
Méli-Mélo : Salut, merci pour ta review ! Effectivement ce premier One Shot était dur pour le pauvre Mumus, mais ça ne devrait pas s'arranger avant un moment : il va un peu s'en prendre plein la gueule. Merci d'avoir trouvé sa morsure originale, c'est vrai que j'ai voulu faire quelque chose d'un peu différent. Bye !
Tepthida Hay : Salut à toi ô Miroir Nantais ! Merci de me jeter des fleurs pour ce modeste One Shot, mais est-ce que je le mérite vraiment ? … Intense réflexion … Oui ! Nous aimons et méritons les reviews, nous auteurs, décidé-je, le regard brûlant de flammes ! Et c'est l'intention qui compte, donc ne te prends pas la tête si c'est court, très chère, au contraire !
Lazoule : Merci beaucoup de ta review, et d'avoir apprécié cette façon particulière que j'ai eue d'envisager la morsure de Mumus ! Et je ne me fous pas du tout que tu m'aies mise dans tes favoris, bien au contraire ! J'espère que ce second One Shot sur la vie de Remus t'aura plu !
Ayako : Ca fait bizarre de répondre si tard à une de tes reviews alors que je réponds à celles que tu m'envoies pour l'Archer toutes les semaines (et je t'en remercie encore une fois d'ailleurs, bien sincèrement !), mais jetons-nous à l'eau ! Je ne sais pas si la pleine lune m'avait influencée, mais je dirais bien que oui. Toujours. J'aime la lune (« c'est de ta faute, belle boule blonde, si j'me transforme en animal, et me fait manger brun ou blonde pour des raisons bêtement astrales ! », chanson Lune à Tics de 13 à Table si ça t'intéresse) et la lune me le rend bien, et elle m'influence tout le temps ! Merci de tes compliments, et pour répondre à ta critique, c'était voulu, de ne pas me mettre totalement du point du vue de Remus, de le laisser voir les événements, mais de ne pas entrer dans sa tête réellement. C'était tout simplement une question de style : je voulais une certaine froideur, et une ambiance percutante. Mais chaque One Shot aura un style un peu différent. Enfin bref, à bientôt !
Karmaa : Tu détestes ça ? Ah mais moi j'aime provoquer ce genre de haine, c'est même ce que je préfère ! C'est très gentil d'aimer mon univers, mais mon univers n'existerait pas sans celui de Miss Rowling. C'est elle qui a eu la très gentille idée de créer Remus Lupin et pour ça, je suis en adoration devant elle. Mumus : le Sean McNamara d'Harry Potter. Ahem, je me calme, parce que si je me mets à penser à Remus, puis à Sean, …We can't play this game anymore but can we still be frieeeeends ? Et ça y est, c'est reparti. Chuis incorrigible. Et ça ne m'étonne pas qu'on ait quasiment eu la même idée sur la façon dont Remus est devenu un loup-garou : c'est le STL, Super Twinnie Link of course ! J'espère que les futurs One Shot te plairont, petite sadique, et à bientôt !
Louloute2 : Tu veux un mouchoir ? Non parce qu'à mon avis, va encore y avoir matière à pleurer lors des One Shots suivants … Merci pour la review !
The Death : OUI ! J'aime les fics avec de la folie, j'aime le thème de la folie, j'adore ça, et je suis folle moi-même. Merci pour ta review et pour tes remarques, je ferai une MAJ pour remplacer le nom Verpey par un autre, et pour corriger la faute que j'ai repérée aussi. See you !
Caroline : Merci encore d'avoir la curiosité de lire mes fics (bon Karine doit te harceler mais j'apprécie quand même) et merci beaucoup pour cette review. Je suis ravie que tu aimes mon Lupin parce que … Moi aussi j'aime mon Lupin (nyeux nyeux plein d'amour !). Allez, kisses goodbye !
Mimichang : Merci beaucoup pour ta review ! J'espère continuer à être originale, même si ce n'est pas gagné je pense, mais en tout cas pour la tristesse, c'est garanti pendant encore plusieurs One Shots (faut bien qu'il ait aussi des moments heureux dans sa vie, non ?). A bientôt !
Fëaranë : Lol ma compassion d'être humain a bien envie de s'excuser, mais mon côté sadique crevure est bien contente que mes One Shots te fassent mal au cœur ! On ne se refait pas ! Merci beaucoup pour tes compliments sur le One Shot précédent sur Remus, et sur La Tulipe Violette (texte qui pour une fois me satisfait ! C'est rare !). Sinon ben désolée de te décevoir, mais Homo Lupus est prévue comme une série de One Shots sur la vie de Remus Lupin. Donc, oui, je ferai des suites ! Alors comme ce sont des One Shots, il ne s'agit pas de suites directes, et les textes seront normalement indépendants les uns des autres, mais il y aura quelques liens, un genre de fil rouge entre chaque histoire. Par contre, il n'y a aucune suite prévue pour mes autres One Shots … Enfin bref, merci d'être fidèle au poste et de me reviewer, ça fait bien plaisir (au fait, tu as eu ma réponse à ton mail ? Je pense te l'avoir envoyé, mais ma messagerie a fait un drôle de truc quand j'ai posté ma réponse alors … Bref.). Kisses Goodbye !
