• La Marque de l'Ange •

Bonne Lecture.


Chapitre 6 :

Au Chemin de Traverse

Lorsqu'Harry descendit à la Grande Salle, le lendemain matin, Ange avait déjà quitté Poudlard. D'après les dires de McGonagall, elle était partie très tôt dans la matinée, escortée par l'Enchanteresse, qui, une heure plus tard à peine, était déjà revenue, grâce au charme de vitesse dont elle était douée.

Harry déjeuna seul, triturant du bout de sa cuillère une portion de porridge qui ne lui faisait guère envie.

Il avait le sentiment d'avoir raté quelque chose. Il regrettait maintenant de ne pas avoir essayé de montrer à Ange combien la vie à Poudlard était merveilleuse, combien elle se serait plu, ici, et combien sa venue dans le monde des sorciers aurait été bénéfique. Il aurait pu être celui qui l'aurait le mieux comprise, celui qui aurait influencé son choix, il aurait pu lui redonner confiance en son monde… Au lieu de ça, il n'avait rien fait. Il ne lui avait pas parlé, pas assez du moins, il ne l'avait pas aidée et il ne l'avait pas rassurée non plus.

Lorsqu'on lui apprit qu'Ange était bel et bien partie de Poudlard, pour réfléchir aux propositions faites, il avait la désagréable intuition qu'ils ne la reverraient plus jamais.

Poudlard redevint alors aussi morose qu'avant, si ce n'est pire. Harry ne rencontrait plus aucun membre de l'Ordre, la bibliothèque ne l'intéressait plus et les quêtes à travers du château le lassaient.

Dehors, le parc était à peu près aussi ennuyant que le château. C'était même plutôt désespérant de traîner dans cette étendue d'herbes jaunâtres, d'arbres pendants et de fleurs flétries. La cabane d'Hagrid semblait abandonnée, et quant à Espoir, dont la nouvelle stalle se trouvait au fond du parc, Harry n'osait pas vraiment l'y déranger.

Il passa donc les premiers jours au terrain de Quidditch que l'absence d'adversaires rendait tristement vide. La chaleur étouffante, l'air lourd et l'absence de vents étaient pénibles et après de longues heures d'entraînements inutiles, Harry finit par délaisser son balai au fond de son dortoir.

C'est ainsi que trois jours passèrent. Trois jours étonnamment longs dont le seul bilan intéressant se résumait au rouleau de parchemin qu'Harry avait gribouillé pour les devoirs de vacances du professeur Binns.

Au troisième jour après le départ d'Ange, le climat s'était quelque peu adouci et il faisait meilleur de se promener à l'extérieur aussi Harry passa-t-il une bonne partie de son après-midi à contempler le lac, assis sur la berge, pieds nus dans l'eau.

La surface lisse du lac reflétait une multitude de couleurs, du gris et du bleu principalement, et parfois des touches de vert, de rouge, de brun et d'ocre, et pourtant, quand Harry regardait l'ensemble, c'était bien du bleu qu'il voyait.

Tout plongé dans la contemplation du décor, Harry mit un certain temps avant de réaliser que des voix s'élevaient à présent dans le parc, loin derrière lui.

Lorsqu'il en prit conscience, Harry se redressa vivement et se tourna pour voir arriver Dumbledore, quelques membres de l'Ordre et, à sa plus grande surprise, Ange.

Elle serrait dans ses bras un blouson kaki et portait des vêtements moldus pour le moins discrets. Ses cheveux ne lui descendaient plus jusqu'aux hanches mais avaient été coupés et s'arrêtaient maintenant de façon nette et ordonnée au milieu de son dos.

Si tôt qu'elle passa le portail, Ange se jeta à l'encolure d'Espoir, qui hennit joyeusement, et bien qu'il fût trop loin pour voir l'expression de son visage, Harry avait plaisir à l'imaginer souriante.

Dumbledore posa les yeux sur lui, imité bientôt par les autres membres de l'Ordre dont quelques-uns lui adressèrent des signes de la main.

Harry prit alors conscience du ridicule de sa position, pieds nus au milieu des galets, le pantalon remonté jusqu'aux genoux.

Ange lâcha enfin Espoir et se recula sagement pour revenir dans le rang des adultes. Dumbledore s'inclina poliment de la tête devant l'Enchanteresse, qui le lui rendit, et ouvrit la marche vers le château, Ange à ses côtés.

Si tôt qu'il les vit disparaître par les portes d'entrée, Harry se jeta sur ses chaussures, les enfila avec hâte et tenta de se redonner un aspect présentable avant de courir à son tour vers l'intérieur.

Il croisa furtivement le regard d'Espoir et, ne sachant trop que faire, il inclina la tête à la façon dont Dumbledore l'avait fait quelques minutes plus tôt puis se précipita vers les portes.

Quand il entra à son tour dans le Hall, les autres étaient en train de le quitter, se dirigeant vers le bureau de Dumbledore. Se doutant qu'il n'y était pas invité, Harry ne les y suivit pas, s'assit sagement sur les premières marches de l'escalier et attendit leur retour.

Presqu'aussitôt, les portes d'entrée s'ouvrirent de nouveau et ce fut cette fois Rogue qui apparut, vêtu de ses habituelles robes noires et affublé du masque d'ivoire des Mangemorts.

Rogue, qui semblait d'humeur colérique, retira son masque, posa son regard froid sur Harry et renifla d'un air tout à fait méprisant.

Il ne dit cependant rien et passa devant Harry sans lui accorder plus d'importance puis grimpa les marches deux à deux et fila vers le bureau de Dumbledore.

Harry poussa un soupir dépité, passa une main dans ses cheveux désordonnés puis enfuit son nez dans ses jambes repliées.

Deux bonnes heures passèrent avant qu'Harry ne les entende redescendre vers le Hall. Les bruits de leurs discussions animées se répercutaient dans les couloirs sans qu'il puisse en saisir une bribe.

Harry se remit vivement sur ses pieds pour les voir arriver vers lui et salua poliment les sorciers et sorcières qui vinrent lui souhaiter le bonjour et lui serrer la main.

Cette fois, Dumbledore était à l'arrière de la file, et s'entretenait avec animation près de Remus et Diggle. Ange marchait à côté du directeur, discrètement attentive à tout ce qui se passait autour d'elle, et répondait à la conversation des trois hommes par des hochements de tête, bien qu'Harry fut persuadé qu'elle n'écoutait pas tout de la discussion.

La plupart des membres de l'Ordre sortirent dès qu'ils eurent fini de saluer les autres et Rogue, tenant toujours son masque d'ivoire dans une main, fonça vers les cachots sans demander son reste.

Lorsqu'enfin Dumbledore s'arrêta à la hauteur d'Harry, il n'y avait plus dans le Hall que lui-même, Ange, Remus, Tonks et Vance.

Harry, fit Dumbledore avec un sourire tellement grand qu'il trahissait la nouvelle qu'il allait annoncer, c'est un grand plaisir que de te présenter Miss Ange en tant que future élève à Poudlard.

Harry croisa le regard de la concernée et lui souhaita la bienvenue d'un sourire qui se voulait bienveillant mais Ange détourna immédiatement la tête, les joues rosies d'embarras.

Tonks salua la petite assemblée d'une main et, suivit de Remus, quitta le Hall.

Dumbledore avança vers la Grande Salle, invitant Ange, Harry et Vance à le suivre d'un signe de main.

La table de repas était déjà dressée et les plats les y attendaient, encore chauds.

Tout au long du dîner, Harry tenta d'attirer le regard d'Ange mais celle-ci s'obstinait à ne pas le regarder, ni lui, ni personne d'autre.

Rogue revint rapidement des cachots et si tôt qu'il fût assis, entra en discussion avec Emeline Vance, McGonagall et Dumbledore.

A quelques reprises, Dumbledore s'adressa à Ange, la renseignant sur diverses choses, lui demandant si elle préférait manger quelque chose en particulier, bref, il fit tout son possible pour la mettre à l'aise mais Ange ne semblait pas répondre aux efforts du directeur. Dumbledore ne sembla cependant pas s'en vexer le moins du monde et lorsqu'Ange demanda à quitter la table pour voir Espoir, il l'y autorisa avec un sourire bienveillant.

Harry apprit ainsi que sa nouvelle camarade dormirait le temps des vacances près de la tour de Gryffondor, dans la chambre des Préfets de Gryffondor précisément, et il se vit confier le soin de veiller à ce qu'elle ne s'égare pas dans les couloirs dédaléens de Poudlard.

Il apprit aussi qu'il n'était pas encore déterminé en quelle année d'études Ange entrerait et qu'elle suivrait jusqu'à la fin des vacances des cours pour pousser au maximum ses connaissances. Ce ne serait donc qu'un peu avant la rentrée qu'elle connaîtrait le verdict.

L'idéal, avoua Dumbledore, serait qu'elle soit avec des élèves de son âge. Quitte à ce qu'elle n'y ait pas des performances incroyables, il faudrait qu'elle entre en cinquième année. Les élèves ne trouveraient pas ça normal si une élève de quinze ans étudiait en troisième année. D'autant plus que le Ministère pourrait s'en mêler et qu'il soit déjà suffisamment compliqué de la faire entrer dans le monde sorcier avec une identité falsifiée.

Résumer cinq ans d'études en un mois ne sera pas une chose aisée, objecta Rogue avec une certaine aigreur.

Ange n'est pas tout à fait sans connaissance de la Magie, Severus. Espoir lui a déjà enseigné quelques bases et ses pouvoirs sont beaucoup plus développés qu'un élève de onze ans. Je ne vous demande d'en faire la meilleure élève de sa promotion mais de minimiser les dégâts. Il vaut mieux qu'elle redouble sa cinquième année plutôt qu'elle commence en quatrième année, vous comprenez. C'est un cas d'urgence.

Rogue ne rétorqua rien mais il était évident qu'il pensait cela impossible. Et pour une fois, Harry partageait l'avis du Maître des Potions. Si des élèves comme Goyle ou Crabbe étaient arrivés jusqu'en cinquième année, il était possible qu'Ange, avec beaucoup d'aide, y arrive également. Encore fallait-il qu'elle y mette du sien et hélas, la jeune sorcière ne semblait pas disposée à une quelconque motivation.

Demain, ajouta Dumbledore à l'adresse d'Harry, Ange et toi vous rendrez au Chemin de Traverse. Vous serez accompagnés du professeur Rogue et de Kingsley Shacklebolt. Ange en est déjà informée.

Harry acquiesça et se leva. Il reposa sa serviette sur la table et quitta la Grande Salle sans bruit.

Il prit immédiatement le chemin du parc, se doutant qu'Ange s'y trouvait toujours.

Il la trouva près du lac, là où il s'était tenu l'après-midi, assise sur les galets et Espoir couchée à ses côtés.

Il s'éclaircit la gorge et d'un même mouvement, Ange et Espoir tournèrent leurs regards vers lui. Ange se redressa immédiatement et lui fit face. Les rayons de lune éclairaient la partie gauche de son visage et Harry aurait juré que son œil brillait plus que d'habitude.

Je monte à la tour de Gryffondor, dit-il maladroitement. Mais si tu veux rester ici, je peux venir te chercher plus tard…

Il avait dit cela du ton le plus aimable qu'il avait pu. Espoir s'ébroua et se redressa elle aussi, cachant cette fois entièrement le visage d'Ange dans l'obscurité.

Je vais rentrer maintenant, répondit Ange.

Harry ne savait pas trop si elle faisait pour ne pas le déranger et paraître poli ou simplement parce qu'elle était fatiguée. Il n'eut pas vraiment le temps d'y réfléchir car Espoir venait de se rapprocher de lui et soufflait à présent sur son épaule.

Elle descendit sa jolie tête le long de ses bras puis flaira ses mains. Harry leva les doigts vers le chanfrein de l'Enchanteresse et la caressa gentiment. Il flatta doucement son encolure, peu sur que c'était ce qu'il y avait à faire avec une Enchanteresse, mais celle-ci souffla tendrement dans son cou.

Un franc sourire éclaira le visage d'Harry qui s'estompa bien vite lorsqu'il perçut le regard interloqué d'Ange.

Il se détacha d'Espoir et fit mine de prendre la direction du château.

Ange enlaça elle aussi la Jument Enchanteresse, murmura quelque chose qu'il n'entendit pas puis surgit à ses côtés.

Harry les mena vers la tour de Gryffondor sans rien d'autres que le bruit de leurs chaussures pour rythmer le chemin.

Ange marchait toujours à ses côtés, gênée de son propre silence.

Ne sachant pas où la chambre des Préfets de Gryffondor se trouvait, il dut s'informer auprès de la Grosse Dame qui lui apprit alors qu'il existait deux chambres : celle du préfet dont le tableau qui en scellait l'entrée se trouvait à gauche de celui de la Grosse Dame, et celle de la préfète dont le tableau était à droite.

Et comme Harry ne savait pas quelle chambre était destinée à Ange, la Grosse Dame ajouta qu'elle avait vu des elfes de maison apporter des bagages dans la chambre de droite.

Au comble de son ignorance, il fut obligé d'admettre qu'il ne connaissait pas non plus le mot de passe mais cette fois ce fut Ange qui, dans un souffle, le lui donna.

A peine l'avait-elle donné (Adeis), que le tableau de droite –une élégante femme toute vêtue de gris- s'écarta.

Tes affaires ont déjà été apportées, répéta inutilement Harry, si tu as besoin de quelque chose, je suis dans le dortoir des cinquièmes années.

Et disant cela, il montra le tableau de la Grosse Dame.

Ange acquiesça et Harry donna le mot de passe (Griffon) de la salle commune cette fois.

Euh… Harry ?

Il se tourna vers elle, les yeux trahissant son étonnement.

Demain… on doit descendre à une heure particulière pour… aller au Chemin de Traverse ?

Oh, eh bien, répondit Harry, je pense qu'il faut descendre assez tôt, oui. Je t'attendrai ici disons à… huit heures ?

Elle hocha de la tête.

Alors à demain, conclut Harry avec un ton qui se voulait enjoué.

Bonne nuit.

Et elle disparut dans ses nouveaux appartements. Harry n'attendit pas plus longtemps et monta se coucher.

Ce soir-là, il fit attention à ce que rien ne traîne dans le dortoir, au cas où Ange viendrait lui demander quelque chose, même s'il était certain qu'elle préférait dormir au milieu du couloir que venir jusqu'ici, puis Harry se glissa dans ses draps et s'endormit rapidement.

Il fut étrange au réveil de constater qu'il n'avait rêvé ni de Voldemort –qui se faisait silencieux ces derniers jours-, ni d'Espoir –qui n'interviendrait sans doute plus jamais dans ses rêves-.

Sur sa table de chevet, sa montre indiquait qu'il lui restait presqu'une demi-heure avant de rejoindre Ange devant les tableaux.

Harry se pressa toutefois, courant de sa malle à la salle de bain, brosse à dent en bouche, serviette de bain par-dessus l'épaule et les chaussettes dans une main.

Lorsqu'il fut enfin prêt et qu'il décida qu'il avait passé son peigne dans ses cheveux suffisamment de fois pour déclarer forfait, il était à peine huit heures moins dix. Il dévala les marches de la salle commune, déboucha bruyamment dans le couloir et là, tomba nez à nez avec Ange.

Oh… soupira-t-il avec un sourire pris au dépourvu, tu es en avance…

Visiblement, elle avait eu le même souci de ne pas faire patienter l'autre.

Ange eut un faible sourire, qui s'évanouit très vite, et murmura un « bonjour » à peine audible.

Et sentant la gêne s'installer, elle feinta s'intéresser à la jupe blanche qu'elle portait ce jour-là et en défroissa pensivement les plis.

Harry lui emboîta le pas et la conduisit jusqu'à la Grande Salle où seul Rogue s'y trouvait et ne prit pas la peine de déloger son attention du journal qu'il lisait pour les saluer.

Ange regarda Rogue un bref instant puis posa un regard interrogateur sur Harry qui haussa les épaules avec une grimace éloquente.

Il s'installa à un coin de table et Ange s'assit en face de lui. Ange, qui semblait douter de chacun de ses gestes, attendit qu'Harry se serve pour le faire elle-même, et poussa son déjeuner jusqu'à ce qu'il pose lui-même ses couverts. Harry fit semblant de ne pas l'avoir remarqué, feintant s'intéresser d'avantage à sa tasse de thé, et ils déjeunèrent ainsi dans le plus parfait silence.

Entre temps, Rogue avait replié la Gazette du Sorcier et l'avait jetée négligemment sur un coin de la table. Lorsqu'Harry et Ange semblèrent avoir terminé de déjeuner, il se leva de son siège et leur fit signe de le suivre.

Rogue les mena jusqu'au bureau de Dumbledore où seul Shacklebolt s'y trouvait, affairé autour de ce qui semblait être un ancien téléphone.

Le professeur Dumbledore n'est pas là ? s'étonna Harry en regardant autour de lui.

Ce ne sont pas vos affaires, Potter, vint la réponse de Rogue qui, derrière lui, fermait la porte du bureau.

Shacklebot se redressa et les salua d'un sourire, découvrant la ligne blanche de ses dents entre ses lèvres sombres.

Approchez, fit-il de sa voix profonde, on va y aller en Portoloin, c'est plus sur.

Harry posa sa main près de celle de Shacklebot mais Ange eut un instant d'hésitation avant de poser à son tour sa main sur le combiné.

… Quatre secondes, informa Shacklebolt.

Ne lâchez pas le Portoloin, déclara Rogue à l'adresse d'Ange.

Deux… continua Shacklebolt en fixant sa montre.

Harry ne savait pas vraiment pourquoi Rogue avait jugé utile de dire de bien s'accrocher au Portoloin car si tôt que celui-ci s'activa, les quatre mains furent totalement soudées au téléphone noir.

Harry se sentit aspiré vers l'avant et garda les yeux bien grands ouverts pour ne pas avoir cette désagréable impression de chute.

L'étrange voyage fut rapide et très vite, il sentit le sol se reconstituer sous ses pieds.

La pression céda, il lâcha le téléphone, ou du moins le téléphone le lâcha, et il tituba vers l'arrière.

Ange sembla sur le point de s'effondrer mais passa simplement une main devant ses yeux pour chasser l'impression déstabilisante que lui avait laissé le Portoloin.

Le téléphone disparut dans une des poches de Shacklebolt et Harry reconnut enfin l'endroit où ils avaient atterri : il s'agissait de l'arrière boutique du Chaudron Baveur, et derrière le mur devant lequel ils se tenaient se trouvait le Chemin de Traverse.

Rogue sortit sa baguette et, de la même façon que l'avait fait Hagrid cinq ans plus tôt avec son parapluie, il toucha trois pierres dans un ordre précis puis rangea sa baguette.

Un trou y apparut, comme si Rogue avait planté sa baguette dans la roche mais très vite le trou s'agrandit en cercles concentriques jusqu'à ce qu'il s'y forme une arche joliment découpée, suffisamment haute pour y faire passer un Troll en bas âge.

Une lueur d'émerveillement passa dans le regard d'Ange mais Harry n'y perçut pas l'incrédulité qu'il avait lui-même ressentie cinq ans auparavant.

Ne vous éloignez pas, prévint Shacklebolt tandis que Rogue s'engageait sur le passage. Nous allons à Gringotts.

Et il montra d'une main la haute bâtisse impeccablement blanche qui s'élevait tout au fond du Chemin de Traverse.

Les yeux ayant doublés de volume, Ange regarda le spectacle qu'offrait le Chemin de Traverse avec une excitation empreinte d'une espèce de gourmandise, et, pour la première fois depuis qu'elle était entrée dans le monde sorcier, de l'amusement.

Devant eux, Rogue n'avait visiblement aucun mal à se frayer un passage dans la foule. Outre son charisme relativement intimidant, les étudiants de Poudlard majoritairement présents à cette époque de l'année ne connaissaient que trop bien leur Maître de Potions pour savoir qu'il ne valait mieux pas se heurter à lui. De toute évidence, et tout le monde le savait, celui qui, par inadvertance ou non, bousculerait Rogue écoperait une retenue dès la première heure de cours.

Ils arrivèrent ainsi très rapidement à Gringotts où deux gobelins hideux les saluèrent stoïquement si tôt qu'ils furent entrés dans le Hall reluisant et luxueux de la banque.

Ils s'arrêtèrent à l'entrée et Shacklebolt échangea quelques mots avec Rogue à voix basse. Pendant ce temps, Ange eut tout loisir de lire le poème de prévention, gravé sur les portes argentées.

Harry ?

Ce dernier, qui guettait la réaction d'Ange, sursauta et se retourna brusquement vers la voix qui l'avait appelé. Shacklebolt et Rogue en firent de même, seule Ange n'y fit pas attention.

Il s'agissait de Bill Weasley, le frère aîné de Ron, qui souriait de toutes ses dents et s'empressa de lui serrer chaleureusement la main. Bill avait exceptionnellement troqué ses habituels vêtements en peau de dragon, ses grosses bottes à boucles contre une robe plus à l'image de Gringotts. Il avait en revanche gardé ses longs cheveux ambrés réunis en catogan et un crochet de serpent pendait toujours à son oreille droite.

Bonjour Harry ! s'exclama-t-il sans lâcher sa main.

Bonjour, Bill. Je croyais que tu travaillais en Egypte ?

J'y travaillais, en effet. J'ai demandé à être muté ici, avec les temps qui courent, je peux…

Son regard s'était soudainement voilé.

Enfin… Je vais te laisser, j'ai encore beaucoup de travail et j'aimerai quitter plus tôt aujourd'hui. Fleur et moi, nous…

Fleur ?

Cette fois, Bill fronça des sourcils.

Fleur Delacour ! s'exclama-t-il. Tu la connais, n'est-ce pas ?

Elle est ici ? Oui, biensur que je la connais. Je ne savais pas que…

Ron ne t'a pas dit ? Maman le raconte pourtant à qui veut l'entendre !

Je ne les ai pas vus depuis le début des vacances.

Vraiment ? Ils sont ici ! Ils font leurs courses de rentrée avec Hermione. Je croyais que vous vous étiez rencontrés.

Harry se retourna brusquement pour regarder au dehors, comme s'il allait voir Hermione, Ron et sa famille aux portes de Gringotts lui faire un signe de la main. Ils n'y étaient bien évidemment pas.

Bon, et bien, bonne journée, Harry.

Merci, Bill. Toi aussi.

Bill fit un signe de tête poli vers Shacklebolt et Rogue, puis disparut.

Harry ne put s'empêcher de regarder encore une fois sur le Chemin de Traverse, scrutant la foule dans l'espoir d'apercevoir la chevelure embrasée d'un des Weasley. Il croisa seulement le regard d'Ange, qui s'était enfin détachée du poème, et la gratifia d'un sourire timide.

Ils s'approchèrent du comptoir où Shacklebolt tendit la clé d'Ange, puis celle qu'Harry venait de lui remettre.

Un vieux gobelin les mena vers leurs coffres par des voies tortueuses et Harry ne se souvenait pas que les voyages en wagonnets étaient aussi pénibles.

Il remplit rapidement sa bourse, gêné de pavaner ainsi dans l'étalage de sa fortune, puis le gobelin les mena au coffre d'Ange, qu'Harry était secrètement curieux de découvrir.

Visiblement, la famille Serpentard était moins aisée que celle des Gryffondors. Ou plus dépensière, peut-être.

Bien qu'il n'y avait pas là la moitié du trésor des Potter, mais la richesse de ce coffre était tout à fait honorable.

Harry était d'ailleurs étonné que Voldemort ne l'ait pas ruiné en investissant l'argent auprès de ses sinistres desseins.

La clé du coffre de Serpentard avait du rester entre les mains du directeur de Poudlard, à l'époque Dippet lorsque Voldemort y étudiait. S'il avait réclamé la clé de ce coffre, il aurait avoué être l'héritier de Serpentard et de ce fait, d'avoir ouvert la Chambre des Secrets.

Et puis, pensa amèrement Harry, Voldemort doit avoir d'autres façons plus radicales de régler ses dettes…

Ange était la plus surprise. Elle mit un certain temps avant de comprendre qu'il s'agissait bel et bien et lorsque Rogue lui donna une bourse à remplir, elle resta un long moment à fixer bêtement les amoncellements de petites pièces.

Finalement, elle pénétra dans le coffre et commença à remplir le petit sac pourpre que Rogue lui avait tendu, et il semblait à Harry qu'elle prenait garde à y mettre la même quantité de pièces en or, en argent et en bronze.

Une fois qu'ils eurent quitté le coffre d'Ange, le gobelin les ramena immédiatement vers le Hall, les salua bien bas, puis disparut.

Ils quittèrent Gringotts et Rogue se tourna vers eux, après quelques mots échangés près de Shacklebolt :

Comme personne n'a très envie de s'attarder ici -et son regard en disait suffisamment long pour les dissuader de répliquer-, nous allons nous partager les tâches. Shacklebolt va vous accompagner chez Fleury et Bott, quant à moi, je me chargerai de passer chez l'apothicaire. J'ai quelques marchandises à y acheter pour le compte de Dumbledore et le mien, aussi vous m'attendrez là-bas.

Harry et Ange acquiescèrent inutilement puis s'approchèrent de Shacklebolt.

Restez près de moi, fit-il alors que Rogue s'éloignait. Vous avez vos listes, n'est-ce pas ? Bien dans cas, allons-y.

Comme à chaque fois qu'Harry s'y rendait, la librairie sorcière était saturée d'élèves maugréant, de parents exacerbés et de quelques enfants pleurnichant. Harry eut toutes les peines du monde à ne pas se faire semer par Shacklebolt, tout en faisant attention à ce qu'Ange le suive bien.

Harry s'interrogea à propos des livres d'options qu'Ange devrait prendre et celle-ci lui apprit qu'après concertation auprès de Dumbledore et McGonagall, elle avait décidé de prendre les options pour lesquelles elle aurait plus de facilité à rattraper le niveau des cinquièmes années.

L'Arithmancie a l'air d'être intéressant, lui confia-t-elle alors qu'ils attendaient au comptoir, mais c'est trop compliqué. Alors j'ai pris Soins aux Créatures Magiques, Divination, et Etudes de Runes.

Les Runes ?

À vrai dire, l'Etude des Moldus, même si j'aurais eu un bon niveau, ne m'intéressait franchement pas.

Mais les Runes, c'est compliqué ça aussi, non ?

Espoir m'a initiée aux Runes il y a longtemps. Lorsqu'elle était encore prisonnière de sa dimension, elle m'a conseillée de lire des livres à ce sujet.

Trop occupée à parler avec lui, Ange ne fit même pas attention au vieux libraire qui prit ses livres et les emballa soigneusement dans du papier kraft. Il la regardait à présent avec insistance, attendant qu'elle daigne s'intéresser à lui et Harry dut lui faire signe pour qu'elle se retourne enfin.

Ca fera vingt-trois Gallions et deux Mornilles, fit le vendeur avec indulgence.

Immobile, Ange regarda le vendeur sans aucune espèce de réaction. Elle cligna des yeux trois ou quatre fois mais ne fit pas un geste. Puis elle se mit brusquement à rougir et le libraire s'éclaircit la gorge d'un air gêné comme s'il était confronté à quelqu'un de relativement stupide.

Shacklebolt, qui sillonnaient entre les rayons un peu plus loin, ne le remarqua pas et c'était Harry qui lui vint en secours.

Il sortit de la bourse d'Ange l'exacte somme que demandait le vendeur, s'excusa en prétextant qu'elle était étrangère, paya ses propres affaires puis partit rejoindre Shacklebolt sous le regard irrité de la clientèle.

Les joues d'Ange étaient toujours aussi colorées.

En sortant de Fleury et Bott, Harry sortit trois pièces de sa bourse et les présenta à Ange.

Ceci, dit-il en montrant la pièce dorée, est un Gallion. Celle-là est une Mornille et la plus petite est une Noise. Si je me souviens bien, un Gallion vaut dix-sept Mornilles, et une Mornille vaut vingt-neuf Noises.

Il relâcha les pièces parmi les autres qui tintèrent en même temps que la clochette à l'entrée de chez Madame Guipure.

Je vous laisse ici, déclara Shacklebolt. Je vais chercher les ustensiles de potions pour Miss Ange et je reviens vous chercher ensuite, d'accord ?

Et il fut englouti par la foule.

Harry, qui avait grandi d'au moins quatre centimètres depuis l'an passé, dut reprendre trois robes de travail.

Madame Guipure commença avec lui et si tôt qu'il fut installé sur le tabouret de bois, elle entreprit de dresser autour de lui des pans de tissus noirs. D'un coup de baguette, les étoffes se tissèrent en elle et Harry attendit patiemment qu'elles aient achevé de se coudre pour enfin payer ses articles.

Ange semblait beaucoup moins ravie à la perspective d'attendre debout sur le tabouret mais s'exécuta sagement lorsque la vendeuse l'entraîna devant un miroir.

Il y avait dans la boutique de prêt-à-porter absolument tout et n'importe quoi. Harry, qui n'avait jamais vraiment pris le temps de regarder, déambula entre les mannequins défraîchis (auxquels il manquait parfois un membre) et examina les robes qu'on leur avait passées avec une certaine frayeur.

Les tenues les plus excentriques s'étalaient sur une palette de couleurs allant du vert criard jusqu'au violet-fushia, en passant par du jaune poussin et du bleu électrique. Même Lockhart, qui avait pourtant l'habitude de se vêtir avec des robes peu professionnelles, n'aurait pas osé porter de telles horreurs.

Harry était en train de rire sur une robe bleue à froufrous qui lui rappelait étrangement les chemises de nuit de la tante Pétunia lorsqu'il aperçut les silhouettes agréablement familières de ses deux meilleures amies passer sans le voir de l'autre côté de la vitrine.

Se redressant subitement, Harry jeta un coup d'œil à Ange, toujours sur le tabouret et autour de laquelle papillonnait Madame Guipure, entraînant derrière elle de longs morceaux de tissus.

Il fait chaud ici, fit-il en s'éventant d'une main.

Ange posa sur lui un regard en biais et Harry poursuivit :

Je sors. Tu n'as qu'à me rejoindre quand ça sera fini, je reste devant.

Elle n'aimait visiblement pas cette perspective mais acquiesça cependant. Harry la gratifia d'un sourire puis se précipita vers la sortie.

La porte se ferma derrière lui dans un tintement de cloches et ce ne fut qu'à cet instant qu'Hermione, sourcils froncés, reconnut les épaisses lunettes et les cheveux en bataille de son ami.

Harry !

Ron, qui s'apprêtait à poursuivre son chemin, s'arrêta en sursautant, se retourna et son visage parsemé de tâches de rousseur s'éclaira d'un sourire !

Ginny avait raison ! s'écria-t-il alors qu'Hermione l'entraînait hors de la foule. C'était bien Harry qu'elle avait vu !

Ils se faufilèrent entre la porte de la boutique et l'étal de chaudrons et Hermione se jeta au cou d'Harry.

Harry ! s'exclama-t-elle de nouveau. Tu aurais du nous dire que tu étais là aussi…

Ginny t'a aperçu près de Fleury et Bott, ajouta Ron, mais elle n'en était pas certaine. Maman va être folle de joie quand elle te verra…

Je ne sais pas si je pourrais aller saluer tout le monde. Je ne savais pas que je venais sur le Chemin de Traverse avant-hier. Même si j'avais voulu vous prévenir, le hibou ne serait pas arrivé à temps… J'ai vu Bill, à Gringotts. C'est lui qui m'a dit que vous étiez ici aussi. Je ne savais pas qu'il travaillait ici maintenant.

C'est tout nouveau, répondit vaguement Ron. Fleur est ici aussi. Tu sais, Fleur Delacour, la française !

Oui, Bill me l'a dit.

Fred et Georges n'arrêtent pas de le charrier avec ça. Elle et Bill sont… hum... assez proches.

C'est ce que j'ai cru comprendre, sourit Harry.

Ron eut soudain l'air catastrophé.

Quand je pense que je l'ai invité au bal, l'année dernière ! … En parlant de bal, les jumeaux ont insisté pour m'acheter une nouvelle robe. Pendant un moment, j'ai cru qu'ils voulaient m'offrir une robe truquée ou quelque chose dans ce genre. Ils m'ont assuré que non. Ils m'ont même laissé la choisir !

Et il souleva à bout de bras un sachet brun frappé aux initiales d'un magasin de costumes. Harry eut un sourire amusé mais ne dit rien.

De toute façon, intervint Hermione, nous n'aurons peut-être pas de bal de Noël cette année.

Ron eut une moue indécise.

Fred et Georges m'ont dit que c'était bien possible, au contraire. Oh, Harry ne sait pas ! Fred et Georges ont été nommés Animateurs de Poudlard ! C'est un poste qui n'a jamais existé jusque maintenant ! Ils ont reçu une lettre de Dumbledore lui-même pour le leur proposer. Ils ont pour mission de « veiller à ce que les élèves vivent dans une atmosphère agréable, chaleureuse et amusée. »

Harry sourit pensivement.

Avec le retour de Voldemort –ne faites pas cette tête-, Dumbledore a du pensé qu'un peu d'animation nous ferait oublier ce qui se passe dehors.

Quoiqu'il en soit, dit Hermione, Mrs Weasley leur a interdit de commercialiser les produits de leur création à Poudlard. Et c'est une bonne chose, je n'ai pas envie que nous leur courrions après pour les en empêcher.

Si tu crois que Fred et George vont s'en tenir à ce que Maman a dit… En tous cas, si tu as envie de les ramener à l'ordre, ce sera sans moi.

Ronald !

Ron échangea un regard éloquent avec Harry et déclara sur un ton exaspéré :

Hermione a été nommée préfète de Gryffondor. Elle a passé l'été à lire les règlements !

Oh, félicitations Hermione ! J'avais oublié que les cinquièmes années étaient nommés préfets. Qui est le préfet ? J'imagine que Seamus…

Non, coupa Ron qui s'empourprait à vue d'oeil, c'est moi.

Harry eut la présence d'esprit de refermer la bouche et les coins de lèvre se crispèrent dans l'imitation maladroite d'un sourire.

Je ne pensais pas que ce serait moi, ajouta Ron mal à l'aise. De nous deux, je pensais que ce… enfin que ce serait toi.

Oh, j'imagine que mes entorses au règlement n'ont pas joué en ma faveur…

Tu sais, si on m'avait laissé le choix… Enfin, le poste de préfet, ce n'est comme si j'étais Percy, je…

Je ne suis pas jaloux, Ron.

Tant mieux ! Tu n'as pas de raisons de l'être et… j'étais étonné que Dumbledore ne t'ait pas choisi toi, voilà tout.

Harry lui rendit son sourire et Hermione déclara d'un ton particulièrement amer :

Je crois que c'est Malefoy qui a été promu préfet de Serpentard. Il ne finira jamais de s'en vanter…

Ron eut une grimace dégoûtée mais Harry éclata de rire, à la surprise des deux autres.

J'ai de quoi lui refermer son caquet : j'ai été moi-même attitré du poste de Capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor !

Ron leva les bras au ciel et poussa un cri de victoire. Harry s'en voulut silencieusement de ne pas avoir eu la même réaction lorsque Ron lui avait appris qu'il était préfet.

Ca alors ! J'aurais du m'en douter ! Malefoy va être vert ! Enfin, façon de parler…

A cet instant, la porte de la boutique de Madame Guipure s'ouvrit et Ange apparut sur le seuil. Lorsqu'elle aperçut Harry, elle rougit brusquement et s'approcha à pas lents en baissant la tête.

Harry se passa la main dans les cheveux d'un air gêné. De toute évidence, Ange savait maintenant qu'il n'était pas sorti pour apaiser ses bouffées de chaleur et visiblement, elle aurait voulu se trouver n'importe où plutôt que de devoir venir déranger Harry alors qu'il discutait avec ses amis.

Hermione et Ron regardèrent Harry d'un air surpris.

Tiens, Ange... Hermione, Ron, je vous présente Ange. Ange, voici mes meilleurs amis : Ron et Hermione. Ils sont aussi à Poudlard.

Elle releva son regard et les salua d'un signe de tête. Hermione fronça des sourcils et Ron marmonna un « salut » gêné.

Ange entre à Poudlard, cette année, ajouta Harry. En cinquième année.

Tu viens d'une autre école ? questionna Hermione en retrouvant son amabilité.

Je suivais des cours particuliers, répondit Ange. Mais j'ai besoin d'entrer à Poudlard pour passer les… les…

Les BUSE ?

Oui, voilà.

Harry s'étonnait de la sincérité avec laquelle Ange avait répondu. S'il ne connaissait pas la vérité, il ne se serait jamais douté qu'elle récitait là un prétexte inventé par Dumbledore.

Tu seras peut-être dans notre classe, remarqua Ron. Tu connais déjà ta maison ?

Elle ne la connaît pas, coupa Harry alors qu'Ange s'apprêtait à répondre Serpentard. Je pense que le Choipeau Magique le décidera en même temps que pour les premières années. Dumbledore pensait que c'était une bonne idée qu'Ange fasse ses achats avec moi, histoire qu'elle s'habitue déjà au… aux gens. On va vous laisser, on a encore des choses à acheter.

Ron parut déçu.

On n'a plus qu'à passer chez l'apothicaire, nous. Vous y allez aussi ?

Quelqu'un s'en ait chargé pour nous. On va passer chez Ollivanders, pour sa baguette.

Hermione planta de nouveau son regard dans celui d'Ange.

Ta baguette ? Tu n'en avais pas pour tes cours particuliers ?

Oh, si. Mais elle s'est brisée. Et comme on ne peut pas réparer une baguette…

Hermione parut tout à fait satisfaite de cette réponse. Harry, qui lui ignorait qu'on ne pouvait pas ressouder une baguette cassée, s'étonna de nouveau de la facilité avec laquelle Ange mentait. C'en était presque frustrant.

Bon, et bien, dans ce cas… bonne fin de journée. De toute façon, on se revoit à Poudlard !

Ouais, bonne fin de vacances à vous aussi…

Harry les salua une dernière fois et les regarda s'éloigner avec une certaine tristesse. Il aurait vraiment voulu les suivre, et retourner au Terrier lui aussi.

Lorsqu'il revint à lui, Ange l'observait intensément.

Je suis désolée, confia-t-elle sans autre préambule. Je ne savais pas que tu étais avec tes amis. Sinon, je ne serais pas venue…

Pourquoi ? Il n'y a pas de mal.

Tu voulais certainement parler d'avantage de temps avec eux. Ils doivent te manquer…

Oh eh bien, oui ils me manquent. Mais on va se revoir à Poudlard très bientôt et puis je ne pouvais pas m'éterniser ici. Mais c'est gentil de penser à ça.

Ange eut un faible sourire, peu convaincu néanmoins.

Lorsque Shacklebolt et Rogue revinrent en même temps, se directions différentes, et leur tendirent leurs paquets avant de se diriger tous les quatre vers la boutique de baguettes.

Celle-ci n'avait pas changé depuis la dernière fois où Harry s'y était rendu. Elle était toujours aussi désordonnée, sentait le vieux bois et une lointaine odeur d'encens.

Rogue plaça une main dans le dos d'Ange et la poussa jusqu'au comptoir, derrière lequel Ollivanders ne tarda pas à venir. Lui non plus n'avait pas changé.

Professeur Rogue, salua le vieux sorcier à mi-voix. Je ne vous avais pas vu depuis un moment, n'est-ce pas ? Bouleau, vingt-neuf centimètres de long…

Nous sommes ici de la part de Dumbledore, interrompit Rogue qui avait peine à masquer son agacement, c'est au sujet de la commande qu'il a fait il y a peu de temps…

Ollivanders s'intéressa alors à Ange et posa alternativement son regard sur elle puis sur Rogue.

J'imagine que c'est pour cette jeune fille. Je reviens…

Le sorcier disparut à reculons entre ses rayonnages dérangés et poussiéreux avant de revenir quelques minutes plus tard, une boite de carton à la main.

Il en sortit une baguette, ni trop longue ni trop courte, en bois clair et ciré.

Je l'ai fini cette nuit même… confia Ollivanders avec une certaine satisfaction.

Il tendit la baguette vers Ange et intima celle-ci à la prendre.

Ange prit la baguette entre ses doigts, délicatement, comme si elle s'attendait à ce qu'un phénomène particulièrement puissant en sorte. Mais rien ne se passa.

Bougez-la…

Ange pointa la baguette vers un amoncellement de boites vides et fit un geste désinvolte de la main droite.

De la baguette surgirent alors des étincelles bleues qui formèrent autour de sa main un faible halo de lumière azur, entrelacé de filaments blancs et scintillants.

Cela vous conviendra ? demanda Ollivanders en parlant toujours aussi bas.

Parfait, déclara Rogue d'un ton pressé.

Ange paya le prix de sa nouvelle baguette puis Shacklebolt les entraîna vers la sortie.

Ils quittèrent le Chemin de Traverse et s'arrêtèrent au Chaudron Baveur où Shacklebolt les laissa pour aller chercher le Portoloin.

Rogue s'assit à la table la plus proche, imité par les deux adolescents.

Personne ne disait mot.

Ange regardait le sachet qui contenait sa nouvelle baguette comme si elle pouvait la voir à travers les emballages.

La baguette choisi son maître et non le contraire, récita Harry à bout de patience.

Ange leva les yeux vers lui et Rogue arqua un sourcil.

Comment est-ce possible alors que Dumbledore ait commandé la baguette d'Ange ? poursuivit-il.

Les sorciers, Potter, peuvent contrôler leurs flux de magie par divers éléments. Ollivanders préfère utiliser les ventricules de dragons, les crins de licorne et les plumes de phoenix mais il en existe d'autres. En revanche, certains hybrides, ceux qui ont le sang de deux espèces, n'ont pas ce choix. Les demi géants peuvent utiliser les mêmes éléments que les sorciers mais les demi Vélanes…

Doivent utiliser un cheveu de Vélane, compléta Harry en se remémorant la baguette de Fleur qui, décidément, faisait beaucoup parler d'elle aujourd'hui.

Rogue eut un rictus ironique.

Je vois que vous êtes un peu moins dépourvu de connaissance à ce sujet qu'à celui des potions… Quoiqu'il en soit, les demi elfes n'ont pas non plus le choix des éléments de leurs baguettes et doivent impérativement utiliser un pétale de Rose elfique, connue aussi sous le nom de Fleur des Larmes, qui grandit exclusivement au Royaume des Elfes et qu'on cultive en les arrosant de larmes de phoenix. La baguette de Miss Ange est fabriquée en bois de noisetier qui est un bois neutre et qui peut s'accommoder à tous types d'éléments et à n'importe quel sorcier. Quant à la longueur de la baguette, elle dépend du gabarit de son propriétaire. Pour répondre à votre question, Potter, puisque le professeur Dumbledore avait en sa connaissance toutes les caractéristiques de la baguette à fabriquer, il a pu prendre la liberté d'en faire commande auprès d'Ollivanders et de lui faire parvenir une Rose elfique, impossible à trouver dans le commerce.

Harry mit un certain temps à remettre toutes ces informations dans l'ordre mais Rogue, déjà, se levait de son siège.

Levez-vous, nous partons.

Le second Portoloin qu'apporte Shacklebolt était une théière éméchée et rouillée par endroits, qui ne sentait d'ailleurs pas très bon.

Shacklebolt ne les accompagna pas. Lorsqu'il eut remis la théière à Rogue et qu'il eut salué tout le monde, il transplana, sans préciser où il partait.

Le Portoloin les mena directement au bureau de Dumbledore, où le ce dernier ne s'y trouvait toujours pas, et lorsqu'ils sortirent, Rogue laissa le soin à Harry de raccompagner Ange vers la tour de Gryffondor.

Demain, prévint-il à l'intention d'Ange, vous commencerez vos mises à niveau, en ma compagnie. Vous serez dans la Grande Salle à neuf heures précises. Tachez d'être à l'heure.

Fin de Chapitre

Et après trois mois de retard, j'ai enfin fini ! Haha ! ... Je me hais. --

Réponses aux reviews :

onarluca : Merci !

floOo'z : Oui, effectivement, je poste aussi sur la GdS ! Enfin, je postais puisque la GdS est, comme t'as du surement le constater, indisponible pour un long moment. Snif. Bises.