Disclamer : les personnages de Fin Tutuola et John Munch sont la propriété de Dick Wolf, NBC, Universal Television et USA studio.

Le personnage de John Munch est aussi la propriété de Tom Fontana et Barry Levinson, NBC et Baltimore pictures.


UNE NUIT : TONY

Ducky était resté un moment avec le prisonnier. Tony se demanda de quoi ils avaient pu parlé. Tony mit les mains derrière la tête et se balança sur sa chaise. Ducky ne dirait rien, secret médical oblige.

L'homme avala la dernière bouchée de pizza, s'essuya la bouche avec un coin de la serviette puis se leva en s'étirant.

Tony repositionna normalement sa chaise et le surveilla du regard.

"Je veux juste m'étirer. Je suis assis sur cette chaise depuis l'après midi." Il se plaça devant le miroir, vérifia sa coiffure, puis observa le reflet de Tony. "J'ai l'impression d'être une bête curieuse, d'abord l'agent Gibbs, puis Todd, le docteur Mallard et maintenant vous. Bientôt j'aurai fait la connaissance de tous les agents de ce bureau" nargua t'il.

"Vous êtes loin d'une bête curieuse ou rare… malheureusement." Tony constata que sa réponse faisait sourire le suspect.

"Vous avez un bon crochet du droit" remarqua t'il, en grattant une tache de sang sur sa tenue. "Vous deviez être plutôt bon en sport. Vous avez pratiqué la boxe ? "

Tony ne répondit pas.

"Vous êtes moins bavard que vos amis."

"Pourquoi devrais-je vous répondre ?"

"Rien ne vous y oblige. Je suis juste un peu curieux, l'agent Todd a du vous le dire." Il se retourna pour dévisager Tony.

Tony le foudroya du regard.

"L'agent Todd serait-elle un sujet sensible ?"

"L'agent Todd est ma coéquipière, pas un sujet sensible."

"Oui, j'ai constaté ça, cependant je ne suis pas sûr qu'elle ait réellement apprécié votre intervention musclée. Y aurait-il de la concurrence ? Ou aurais-je mis fin à une grande amitié ?"

"Il en faut plus que ça" rétorqua Tony.

"Bien sûr… C'était la même chose avec Shirley. Il nous arrivait de nous disputer, mais nous réconciliions toujours."

"Pas la dernière fois, cela lui a valu six coups de couteau."

"C'est faux, je n'ai pas tué Shirley, combien de fois devrais-je vous le dire ?" s'énerva t'il.

"Cela aurait été plus simple de vous croire si votre ADN n'avait pas été fiché pour deux meurtres de femmes."

"Quand vous m'avez arrête j'ai admis ces deux meurtres, pourquoi nierais-je celui de Shirley ?" Il fit le tour de la table, et se réinstalla à sa place.

"Vous n'avez admis les deux premiers meurtres que lorsque l'on vous a dit que nous avions des preuves irréfutables."

"Cela ne coûte rien d'essayer. Mais je n'ai rien fait à Shirley."

Tony se mordilla la lèvre inférieur et plissa le front. "Ok, ce n'est pas vous qui avez tué Shirley, qui alors ? " Tony attrapa son crayon et un bout de papier, prêt à noter.

"Je n'en sais rien, Shirley était jolie, jeune… elle pouvait plaire."

"Peut-être, mais tous les hommes ne sont pas des tueurs. Il doit bien y avoir une raison. La personne qui l'a tuée s'est acharnée sur elle."

"Comment pourrais-je le savoir ? Je ne suis même pas capable d'expliquer pourquoi j'ai tué ces deux femmes à New York. D'après l'agent Todd, elles m'auraient renvoyé mes échecs."

"J'avoue n'avoir jamais bien compris sur quoi se basaient les profils. Sûrement un homme, blanc, d'une trentaine d'année, c'est ce qu'on nous donne la plupart du temps. En gros plus de la moitié de la population du pays, franchement en quoi cela nous aide. Et puis ils sont souvent impuissants ou vives encore chez maman, à croire qu'on fiche tous les célibataires qui vivent encore chez leurs parents !"

"C'est basé sur la psychologie, ce n'est pas une science exacte. Elle demande à être améliorée, mais la base est connue et reconnue."

"Vous devez avoir raison, je crois que j'ai du rater les cours la dessus. En tout cas vous avez l'air de vous y connaître ? "

L'homme sourit à Tony. "Vous êtes plutôt doué."

"Je ne comprends pas, de quoi parlez-vous ? "

"Ne me prenez pas pour un idiot, vous jouez très bien la comédie et je suis sûr qu'un certain nombre de personnes ont du tomber dans le panneau. Vous faite semblant d'être stupide, le suspect ce sent supérieur à vous et avoue une partie de son crime. Je trouve que l'idée est bonne et mais elle ne marche pas avec moi. "

"Cela ne coûte rien d'essayer" répliqua Tony.

"Et puis vous êtes un bon comédien. A croire que vous faite ça souvent, l'imbécile, le clown de service, celui qui se moque de tout… mais tout ça n'est qu'illusion, n'est ce pas agent DiNozzo ?"

"Et qu'est qui vous fait dire ça ? Je suis peut être optimiste de nature et puis j'ai toujours rêvé d'être clown."

"Les clowns sont souvent des gens tristes. Ils attirent l'attention et la sympathie sur eux en faisant rire, tout en cachant leurs véritables problèmes et leurs blessures."

Le sourire de Tony ce fit un peu plus crispé. "Votre explication tient un peu de la psychologie de supermarché. Comment pouvez-vous savoir qui je suis sans même me connaître ?"

"Vous avez raison, rien ne me permet de le dire. C'était juste une supposition, pour vous déstabiliser, mais a priori cela ne marche pas avec vous."

"Non, cela ne marche pas… Revenons au soir où Shirley a été assassiné. Vous étiez tous les deux au cinéma. Vous en êtes sortis vers 20 heures, mais elle a refusé de rester manger un morceau avec vous, protestent de la fatigue. Vous l'avez suivie et vous avez vu qu'elle avait un petit ami, cela vous a mis en colère et une fois seule vous l'avez tuée" résuma Tony.

"Tout est toujours si simple pour vous. Je savais déjà qu'elle avait un petit ami, elle me l'avait dit. Alors pourquoi ne l'ai-je pas tué il y deux mois, quant elle me l'a annoncée ?"

"Parce que vous mentez. Shirley n'en avait parlé à personne. Nous en sommes sûrs."

"J'étais son meilleur ami. Elle me confiait beaucoup de chose."

"Shirley sortait avec un officier supérieur et marié… vous comprenez tout ce que cela aurait entraîné pour Shirley et son petit ami si cela c'était su. Ils étaient très discrets, il nous a fallu du temps pour savoir qui c'était. Ils ne téléphonaient jamais de chez eux ou avec leur portable, ils changeaient d'endroit à chaque fois… Pourquoi aurait-elle risqué de se faire prendre juste pour vous ?"

L'homme se mura dans le silence.

"Aurais-je fait mouche ?"

"Vous êtes pathétique agent DiNozzo, vous vous accrochez a tout ce qui ressemble à une vérité à défaut d'être vous-même sincère. Vous cachez vos blessures par des mensonges…"

"Taisez-vous !" Tony se leva et passa ses mains dans ses cheveux.

L'homme se mit à rire face à la colère de l'agent. Ce fut plus que Tony pouvait en supporter, et il frappa des deux mains sur la table. Il allait répondre lorsque Gibbs rentra dans la salle. Il regarda les deux hommes, et fronça légèrement les sourcils en dévisageant Tony.

"Les policiers de New York ne vont pas tarder" annonça t'il.

Tony vérifia l'heure et constata, surpris, qu'il était presque huit heures du matin. Gibbs fit lever le prisonnier et lui passa des menottes autours des chevilles. Les trois hommes sortirent de la pièce.

Le bureau était éclairé par la lumière du jour et commençait déjà à ce remplir. Deux hommes s'avancèrent vers eux, portant chacun un badge visiteur.

"Inspecteur Tutuola et Munch de l'unité spéciale des victimes" se présenta le policier noir, en montrant sa plaque.

"Que lui est-il arrivé au visage ?" demanda l'autre policier en lui changeant les menottes.

"Tout est expliqué dans le dossier" répondit Gibbs.

"Vous avez eu ses aveux ?"

Gibbs ne répondit pas et les escorta jusqu'à l'ascenseur.

"Il aura ce qu'il mérite" tenta de le réconforter le policier qui répondait au nom de Munch.

"Oui, mais les parents de Shirley Kilpatrick vont devoir vivre dans l'ignorance."

Les deux policières restèrent silencieux, sachant pertinemment ce que l'agent du NCIS ressentait pour l'avoir vécu aussi. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, ils s'écartèrent pour laisser Abby descendre, puis s'y engouffrèrent. Gibbs regarda les portes se refermer sur un échec, sur son échec.

Abby observa Gibbs dans les yeux. "Je suis désolée Gibbs" murmura t'elle. Elle l'accompagna jusqu'à son bureau. Elle salua rapidement les deux autres agents puis disparut dans son labo.

Ducky pénétra dans le bureau et vérifia que Gibbs n'était pas encore parti. Il voulait savoir s'ils avaient réussi mais lui aussi comprit la conclusion de la nuit aux visages maussades des trois agents. Il soupira et s'approcha de Gibbs.