UNE NUIT : GIBBS, KATE, DUCKY ET TONY

Ducky et Gibbs échangèrent quelques mots, pendant que Kate et Tony se préparaient à rentrer chez eux, l'air fatigué et las.

"J'offre le petit dej' à Kate et Tony, tu veux te joindre à nous ? " demanda Gibbs, au moment où le médecin repartait.

"Avec joie" répondit le légiste.

"J'ai bien entendu, tu nous offres le petit déjeuné ? " questionna Tony.

"Ne me fais pas répéter Tony, ou c'est toi qui régale" donna t'il comme réponse, tout en se dirigeant vers l'ascenseur.

Les trois autres membres le suivirent.

Ils restèrent silencieux un moment, perdus dans leurs pensées. Gibbs sirotait son café, pendant que Kate jouait avec sa nourriture, Ducky paraissait lire l'avenir dans sa tasse de thé, et Tony mangeait plus par automatisme que par faim.

"On ne peut pas toujours gagner" soupira Ducky, au bout d'un moment. Les trois autres regards se tournèrent vers lui, comme si la voix du médecin légiste les avait soudain ramenés sur terre.

"C'est pas une raison" maugréa Gibbs, en faisant signe à la serveuse de lui resservir du café. Il ne supportait pas l'échec, et son humeur s'en ressentait.

"Et s'il ne l'avait pas tué ?" demanda soudainement Kate. "On n'a pas de preuves, pas d'indice, juste des présomptions. "

S'ils n'avaient pas interrogé le bon suspect cela voulait dire que le véritable assassin courait toujours, et qu'à aucun moment celui-ci n'avait été inquiété. Cette idée leur était insupportable, encore plus que celle de n'avoir pas réussi à faire avouer le suspect.

"On n'a même pas un mobile" continua la jeune femme.

"Tous les crimes n'ont pas de mobile."

"Tu ne me feras pas croire qu'on tue juste comme ça. Il y a forcement quelque chose qui pousse au crime."

"Tony a raison Kate, certains meurtres n'ont pas de mobiles, ou ils sont tellement futiles que cela paraît complètement absurde… mais je suis sûr que c'est lui."

Ils se murèrent dans le silence quelques instants, chacun repensant à ce qui s'était passé ces derniers jours et surtout cette nuit. Ce pouvait-il qu'il ait tué Shirley sans réel motif, comme il le clamait haut et fort pour ses deux premiers meurtres ? C'était déstabilisant, et donnait une impression de réel gâchis aux membres de l'équipe. Ils allaient réétudier le dossier, réinterroger tout le monde, mais ils savaient que c'était trop tard, trouver un nouveau suspect était impossible. Le meurtre remontait à plus d'une semaine maintenant, et ils ne trouveraient pas de nouvelles preuves. Ce dossier irait rejoindre tous ceux des affaires non élucidées. Il prendrait la poussière, de temps à autres, un agent plus consciencieux que les autres irait y jeter un coup d'œil, peut-être qu'eux aussi. Ce n'était pas le premier échec auquel ils étaient confrontés, ni le dernier mais malgré tout ils avaient toujours cette sensation de défaite, de ne pas avoir été plus malin que le criminel et d'une certaine façon d'avoir failli à leur devoir.

"En tout cas je suis content de m'en être débarrassé" ajouta Tony, en reposant sa fourchette. Il regarda son assiette encore à moitié pleine et parut dégoûté.

Le reste du groupe baissa la tête. Ils savaient très bien ce que Tony voulait dire, et au fond ils ressentaient la même chose. Ce type avait réussi à les cerner, plus qu'eux n'y avait réussi. C'était peut être plus ça qui les mettait en rogne. Il s'était joué d'eux, sans jamais être menacé.

Ducky but une dernière gorgée de thé. "Je rentre me reposer un peu, j'ai une autopsie en début d'après midi" fit-il au bout d'un moment. Il se leva et mit son manteau.

"Je vais y aller aussi, Max m'attend" dit Tony, en imitant le médecin.

"Qui est Max ?" demanda Kate, qui n'en avait jamais entendu parler.

"Mon chat" répondit Tony, en souriant.

Les deux hommes se dirigèrent vers la porte. D'après ce que Kate et Gibbs pouvaient entendre, Ducky s'était lancé dans une de ses histoires dont il avait le secret.

Les deux agents restèrent silencieux.

"Dure nuit" lâcha Gibbs.

Kate ne répondit pas.

"Tout ce qu'il a dit n'est pas vrai, Kate. "

"Je sais… Je crois que je vais y aller aussi." Elle se prépara à partir mais au dernier moment se retourna vers Gibbs. "Mon père est mort avant que je ne rentre à la CIA… Je ne saurai jamais s'il est fière de moi" murmura t'elle.

Gibbs gardait les yeux rivés sur son café. "Il l'est sûrement… en tout cas si tu étais ma fille je le serais."

Ils se regardérent, puis Kate se tourna vers la sortie. Elle lui fit un bref signe de la main en guise d'en revoir. Gibbs redemanda une nouvelle tasse de café. Il soupira, le visage de Shirley Kilpatrick allait sûrement hanter certaines de ses nuits.


N/A : merci pour tous les review.