auteur : misao girl

genre : yaoi, romance, triste...

couple : Kira et Setsuna

disclaimer : les persos ne m'appartiennent pas.

ANORMAL

CHAPITRE 2 : cohabitation

POV SETSUNA

Cela fait un mois que je vis près de Kira-sempai...
Il m'a persuadé d'aménager chez lui, je ne voulais pas au début, j'étais même farouchement opposé... Il fallait que je reste seul pour pouvoir penser à mes sentiments envers Sara et lui. Mais il m'a obligé à venir chez lui, il ne voulait pas me retrouver à nouveau dans une ruelle "à moitié mort", d'après ces propres termes.
J'ai mis deux semaines à guérir de ma pneumonie, deux semaines seulement alors que ça aurait du pratiquement me tuer... Encore une preuve que je suis anormal.

Kira-sempai a veillé sur moi tout ce temps, me préparant diverses tisanes et venant changer régulièrement le linge mouillé qu'il mettait sur mon front pour faire baisser la fièvre.
Deux semaines pendant lesquelles ils m'apportaient les cours et les devoirs et il m'aidait à rattraper mon retard...
Il est si attentionné, jamais je ne l'aurais cru comme cela... Je savais que c'était quelqu'un de bien qui aidait les autres quand ils avaient des problèmes, mais de là à l'imaginer jouer les infirmiers...
Au bout de dix jours, il montrait des signes d'intense fatigue, il faut dire qu'il passait la journée en cours puis qu'il s'occupait de moi une fois rentré... Il veillait également sur mon sommeil car je ne cessais de faire des cauchemars où je voyais tous mes proches me rejeter, y compris Sara et lui et c'est ce qui me faisait le plus mal.
Le douzième jour, il s'est effondré sur moi alors qu'il m'apportait les devoirs. J'étais inquiet pour lui, il privilégiait ma santé plutôt que la sienne et ça je ne pouvais l'accepter. Il ne dormait que quelques heures la nuit après s'être assuré que je dormais profondément et que je ne risquais pas de faire de mauvais rêves, en plus il dormait sur un vieux canapé ce qui ne devait pas être une partie de plaisir... Il n'arrivait pas à récupérer toute l'énergie qu'il gaspillait durant la journée.
Il a essayé de se relever mais il était bien trop faible alors je me suis poussé vers le côté gauche du lit pour qu'il puisse s'allonger à droite. Il m'a jeté un regard surpris, je l'invitais en tendant mon bras vers lui pour lui montrer que j'étais sur de vouloir qu'il reste là.
Il m'a pris la main et rien que ce simple geste m'a fait frissonner, sa main était douce et ces yeux, embrumés par le manque de sommeil, étaient encore plus beaux que d'habitude. Il s'était couché gentiment à côté de moi en ne cessant de me regarder, j'avais l'impression qu'il me contemplait tout comme je le faisais avec lui. Mais le sommeil le gagna et il ferma rapidement les yeux pour enfin récupérer les heures de sommeil qui lui manquaient. Son teint était affreusement pâle et j'avais vraiment peur qu'il tombe sérieusement malade.
Mais deux jours plus tard, après avoir séché les cours et avoir dormi les trois quarts du temps, il semblait en plein forme. Tant mieux parce que j'en avais marre de bouffer des chips et on commençait sérieusement à manquer de vivres.

Enfin voilà ça fait un mois que je suis ici et la cohabitation n'est pas toujours facile... Surtout quand il sort de la douche avec seulement une serviette autour de ses hanches et qu'il passe près de 20 minutes à fouiller son armoire en quête de vêtements. Il est pire qu'une fille en fait, je pensais pas qu'il faisait autant attention à son look mais il faut dire qu'il a vraiment du style... C'est d'ailleurs ce qui m'a attiré vers lui la toute première fois, quand je l'ai vu arrivé fringué comme ça, je me suis dit que lui aussi était différent des autres et que peut-être il m'accepterait. Parcontre j'ai eu un choc quand je l'ai vu dans l'uniforme scolaire, on aurait dit quelqu'un d'autre...

Il est vraiment très gentil avec moi, il me prépare le petit déjeuner tous les jours, sachant très bien que j'ai énormément de mal à me lever le matin, ce n'est pas que je suis paresseux mais que je n'ai pas envie de recommencer l'habituelle routine de ma vie si vide de sens...
Chaque jour, je découvre une nouvelle facette de sa personnalité, une nouvelle expression sur son visage ou alors je me rend compte qu'il a certaines manies ou rituels. Par exemple, le samedi, il fait toujours la même chose, il se lève, s'habille en moins de dix minutes(un record pour lui ! ), il regarde une émission à la télé, il s'entraîne au sabre puis il se prélasse une heure sous la douche et enfin il prend son petit déjeuner à 9h00. En comptant qu'il s'entraîne une heure au sabre, que son émission dure 30 minutes, on arrive à la conclusion qu'il se lève à 6h20 un samedi matin... En clair, il n'est pas humain ! Ou alors il a une drôle de conception du week-end. Enfin bon, il fait tout cela dans le plus grand silence et si un jour, je ne l'avais pas surpris en allant aux toilettes, je ne saurais même pas qu'il pratique ce rituel.
Un jour, j'ai voulu moi aussi être gentil et j'avais prévu de lui faire son petit déjeuner, je m'étais levé à 8h00, un dimanche, mais il s'était déjà levé et c'est lui qui, comme d'habitude, m'a préparé mon petit déjeuner. A t-il des dons de voyance ? Je vous le dis il est pas humain !

Ce soir il pleut et ça me fait repenser à de mauvais souvenirs. Je me rappelle du jour où ma mère m'a surpris en train d'embrasser Sara, je me rappelle de ces mots cruels que j'ai adressé à ma petite soeur que j'aime tant... Je me rappelle de ces pleurs... Elle a du pleurer pendant des jours à cause de moi... J'ai dit des choses si cruelles, j'ai prétendu m'être servi d'elle parce que j'étais en manque, j'ai prétendu que je ne pouvais m'intéresser à une gamine aussi "sous-développée "qu'elle... Comment ai-je pu dire de telles choses ? Était-ce vraiment la seule solution ?
Mais c'était le seul moyen de m'éloigner d'elle, la blesser pour qu'elle me haïsse et qu'elle m'oublie mais même ainsi je peux vous jurer que jamais elle ne trouvera un homme qu'il l'aime tant que moi...
Je l'aime à la folie et c'est pour ça que je lui ai dit ça, pour qu'elle soit enfin en sécurité loin de moi... Jamais je n'aurais supporté qui lui arrive encore malheur par ma faute. Elle est un ange pur, je ne dois pas la mêler à mes affaires.
Depuis que je suis ici, je ne l'ai pas vu une seule fois... Ce qui est normal, elle doit être terriblement fâchée et blessée... Mais elle me manque terriblement... Ces beaux yeux innocents et ses longs cheveux bouclés que j'ai toujours voulu caresser me manquent atrocement... Tout comme son sourire angélique et sa pureté... Sara tu me manques...
Mais je n'ai toujours pas fait le point sur mes sentiments pour elle et pour lui... J'ai beau y réfléchir, je n'arrive pas à me décider... J'ai même fait la liste de leurs défauts et qualités mais ça ne m'a pas aidé à trouver une réponse. Si je continue, je vais les perdre tous les deux et c'est peut-être mieux comme ça, je ne mérite pas d'être heureux, je ne mérite pas d'être aimé...
Je ramène mes genoux contre ma poitrine et je pose ma tête sur mes jambes. Je pleure silencieusement, mes larmes se mêlant au bruit de la pluie. Je sens que ma tête devient de plus en plus lourde et mes yeux commencent à se fermer d'eux-même. Morphée va bientôt venir me chercher...

Je me réveille d'humeur maussade, j'ai culpabilisé toute la nuit avant de m'endormir avec l'image de Sara pleurant toujours présente à l'esprit. J'en ai fait des cauchemars toute la nuit.
Je regarde mon réveil, il n'est que 6h00 mais je n'ai pas envie de me rendormir.
Cette fois, je vais enfin réussir à préparer le petit déjeuner pour Kira-sempai. Je me lève et m'habille silencieusement puis je vais préparer le festin.
Peu de temps plus tard, je vois sempai arriver, somnolant, longeant les portes pour ne pas tomber.

Oyaho Kira-sempai.

Oyaho. T'es tombé du lit ?

Pas vraiment. C'est une longue histoire.

Je suis là si t'as besoin de parler.

Oui comme toujours. Arigatou.

Après le copieux petit déjeuner, nous partons en direction des cours. Je suis la tête dans les nuages durant tout le trajet et c'est limite si je me heurte aux murs et poteaux.
Kira-sempai me fait un signe de la main et part rejoindre quelques élèves qui souhaitent lui demander conseil... Je suis jaloux, c'est mon sempai !
Je ne vois pas les heures de cours passer, totalement perdu dans mes pensées.
Quand je sors, je suis surpris, et c'est un euphémisme, de voir Sara... Elle me fait un sourire triste alors que j'essaye d'adopter une attitude détachée. Elle s'approche de moi et m'annonce que maman et elle vont partir loin, en Angleterre... Je ne montre rien de mon choc mais je tremble intérieurement...
Plus jamais je ne la reverrais...
Non c'est impossible... Je ne peux pas vivre sans elle... Je dois lui dire que je lui ai menti, je dois lui révéler mes sentiments... Je n'ai toujours pas fait le point mais même si l'idée qu'elle parte loin de moi m'est inconcevable, ma réponse est toute trouvée...
Mais en agissant ainsi, je fais preuve d'égoïsme, j'ai voulu l'éloigner de moi mais maintenant que c'est elle qui prend ces distances, que je suis persuadé que jamais je ne la reverrais... Maintenant je ne peux pas le supporter...
Je sors soudain de mes pensées en sentant un doux contact sur mes lèvres... Elle m'embrasse, tendrement, un baiser d'adieux, si fugace que je ne peux même pas y répondre... Puis je vois sa fine silhouette s'éloigner, se perdant au loin... Non... Je dois la rattraper... Je ne peux pas vivre sans elle... Mais mes jambes ne m'obéissent pas et je tombe à genoux, je reste ainsi plus d'une heure avant d'enfin me relever et de rentrer séchant le reste des cours.
Deux heures plus tard, j'entend la porte d'entrée s'ouvrir, je suis allongé sur mon lit fixant le plafond, j'entend les pas légers de Kira-sempai se diriger vers ma chambre. Je me recroqueville encore plus sur moi-même, je n'ai pas besoin d'une leçon de morale.
Il ouvre la porte et s'appuie contre la porte entrebâillée. Je sens son regard sur moi.

Est-ce que ça va ?

Je ne lui répond pas, je sais qu'il essaye d'engager la conversation pour que je me confie, pour me soulager... Mais je ne peux décemment pas lui parler de mes sentiments envers Sara... Je vais le blesser...
Je l'entend soupirer puis la porte se referme, je suis de nouveau seul enfin c'est ce que je croyais car je sens un déplacement d'air à mes côtés. Je me tourne et je le vois s'asseoir à terre, son dos prenant appui contre le lit. Il sort une clope et la porte à ces lèvres, il ne peut pas s'empêcher de fumer, il ne sait pas que c'est mauvais pour la santé ! Je lui tourne le dos me retrouvant face au mur, je veux juste être seul... Mais il ne m'a jamais laissé seul quand j'allais pas bien et c'est pas maintenant que ça va commencer.
J'aimerais tant pouvoir lui parler comme autrefois mais depuis qu'il m'a embrassé, je garde une certaine réserve... Je ne veux pas lui donner de faux espoirs... Je dois me décider vite avant que Sara ne parte... J'ai une semaine pour prendre cette importante décision...

Le lendemain matin, je me réveille avec une terrible migraine et les yeux gonflés... Je me lève à contrecoeur, je prend mon petit déjeuner en silence sans même adresser un regard à Kira-sempai. J'ai réfléchi toute la nuit et j'en suis venu à la conclusion que je ne pouvais vivre sans Sara, j'avais besoin de sa présence, de son innocence, de son sourire éblouissant...
Je ne pouvais pas la laisser partir et le seul moyen de la retenir était de lui dire que je l'aimais même si je n'en étais pas sûr... Enfin pas exactement, je savais que je l'aimais mais j'avais aussi des sentiments pour Kira... Était-il possible d'aimer deux personnes ? Non je ne devais pas penser ainsi je devais me persuader que ce que je ressentais pour Kira-sempai n'était que de la pure reconnaissance mêlée à une amitié profonde.
Je m'habillais rapidement et sortais sans même attendre mon compagnon. Je m'en voulais car je savais que j'allais le blesser en lui révélant ma décision... Je voulais retarder ce moment le plus longtemps possible et je devais aussi me trouver un endroit où habiter car je ne resterais sûrement pas chez lui... Je doutais même de pouvoir garder son amitié... Ce serait normal qu'il ne veuille plus jamais entendre parler de moi après ça...
J'étais déjà en haut des escaliers menant à ma salle de cours avant même de m'en rendre compte. Je m'avançais dans le couloir, l'esprit toujours ailleurs. Puis soudain je m'arrêtais, mon attention étant dirigé vers une affiche... Une affiche me montrant avec Sara, une affiche où Sara m'embrassait... Je ne pouvais plus bouger tellement ma surprise était grande, j'avais l'impression que mes yeux allaient sortir de leurs orbites, je ne pouvais plus respirer...
Me ressaisissant, j'arrachais l'affiche avec rage puis une autre et encore une autre, il y en avait partout, comme s'il en pleuvait... E il en pleuvait réellement, des tonnes d'affiches voletaient dehors.
Je dévalais rapidement les escaliers et je me retrouvais dehors le souffle coupé. Je me reposais un peu avant d'attraper les affiches au vol... Je m'écroulais peu après, désespérant de pouvoir les attraper. Je continuais malgré tout à m'en emparer, tel un automate et de les chiffonner espérant effacer toute trace de cet horrible accident, de ce crime.
J'essayais d'attraper une affiche qui me narguait à quelques centimètres de moi. Mais soudain un pied l'écrasait, je redressais les yeux pour retrouver Kira-sempai impassible, son regard ne trahissant aucune émotion. Puis sans même pouvoir réfléchir et sans même m'y attendre, il m'administrait une gifle monumentale.

Arrête de te donner en spectacle.

Je me donnais en spectacle... Mais après tout, c'était normal pour un animal de foire... C'était mon rôle de servir de distraction, de montrer à quel point j'étais anormal, détraqué, à quel point mon cas était désespéré.

Je te l'ai déjà dit, ceux qui te tiennent rancoeur n'ont jamais été à ta place, ils parlent au nom d'une pseudo morale sans même savoir de quoi il parlent vraiment. Tout ce cirque c'est uniquement parce que tu te laisses faire, parce que tu finis par te voir comme eux te voient... Mais c'est en t'apitoyant ainsi que tu t'attires leur foudre...

Il a raison... Si je ne m'accepte pas moi-même, comment les autres pourraient m'accepter ? Seules deux personnes m'acceptent comme je suis : Kira-sempai et Sara.
Je laisse échapper une larme et je me jette dans les bras de Kira-sempai. J'ai besoin de réconfort, de savoir qu'il m'accepte. Ces bras rassurants se referment sur moi et je pleure de tout mon saoul.
Je suis soudain pris de remords en me rappelant que ce matin même, j'avais décidé de choisir Sara... Il me réconfortait alors que moi j'allais bientôt le rejeter...
Je suis vraiment un monstre pour faire souffrir un être aussi exceptionnel que lui...

A SUIVRE