Chapitre 2
Arriver sur les Terres du Milieu, tout le monde se mit au travail. Yavanna eut soudain le désir que ces créations, les arbres, aient le pouvoir de se défendre contre les Enfants d'Illuvatar, qui risquent de ne point prendre soin de ceux-ci. Alors Eru accepta qu'elle leur donne une âme. Et elle les appela Ent. Moi, pendant ce temps, pour me divertir, je créa mon propre Ent : Tom. Cependant Maman refusa qu'il restât parmi les autres Ent alors je le fis vivre dans une petite forêt très éloignée en me promettant de lui tenir compagnie. Après le travail, un repos bien mérité gâché par Melkor. Je m'ennuyais longuement et la seule chose qui aurait pu m'amuser est faire la guerre contre Melkor mais ma mère ne voulait pas que j'y participe. Cependant elle m'entraînait à la magie et elle disait souvent que j'étais la plus douée de toutes. Mais un monde sans personne était bien ennuyeux ! Je me demandais souvent quand les Premiers Nés allaient arriver.
Puis ils arrivèrent. Melian, qui me gardait de temps en temps, décida de descendre en Terre du Milieu. Alors je me suis dit « pourquoi je n'irai pas aussi ? » et je fis de même. Je resta en compagnie de Melian pendant quelques mois jusqu'à ce que ma mère me retrouva : on devait rester à Valinor. C'est comme ça que je fis la connaissance de Galadriel et de Fëanor. Puis je tomba éperdument amoureuse de Fëanor et cet amour était réciproque, et jusqu'à ce que ma mère voie le vent venir et nous sépara, nous étions heureux.
Alors ma mère décida que nous aussi nous descendions en Terres du Milieu. D'abord, nous sommes restées avec Melian et son mari Elu Thingol. Melian me disait souvent « j'aimerais avoir une fille aussi belle que toi » lorsque j'enfilais ses robes magnifiques. Puis ma mère fit construire un château au milieu d'un superbe paysage d'ithildin. Elle définit ses propres limites, appela le nouveau pays Ithildinie et se couronna en tant que Reine.
La vie passait, continuait son cour jusqu'au jour où un heureux événement éclaira ma vie : La naissance de la magnifique Lùthien, que Beren appela Tinùviel. Car elle devint ma meilleure et seule amie dans cette terre qui était pour moi ennuyante. Ce que j'appris plus tard, c'est qu'Eru avait béni Lùthien et, à mon insu, lui avait donné la beauté de mon corps. J'adorais Lùthien, pour moi elle était tout et j'aimais tout particulièrement chanter avec elle au petit matin dans la grande forêt de Doriath. Les elfes attendaient chaque matin ce chant avec envie. Nous étions « célèbres et aimées ». La belle vie coulait, jusqu'au jour où Beren fit son apparition. Je l'ai vu dès le premier regard que j'ai porté sur elle après sa rencontre avec Beren : elle était amoureuse.
« Lùthien !
Quoi ?
Ca va ?
Oui, pourquoi ?
Tu fais une drôle de tête. Tu es sûre qu ça va ?
Oui, t'inquiète pas pour moi.
A moins que…
Quoi ?
…tu sois amoureuse ? dis-je avec un sourire complice
On peut rien te cacher, toi !
De qui ?
Un homme, Beren.
Alors je te souhaite plein de bonheur.
Merci. »
Puis ses parents apprirent la nouvelle. Son père fut particulièrement méchant avec Beren. Il était parti chercher un des simarils que Melkor avait volé à Fëanor. Lùthien, qui était morte d'inquiétude, décida d'aller aider son amour. Sans me le dire.
« Lùthien ! Que fais-tu ? demandai-je car je la voyais préparer des affaires.
Rien.
Tu vas aller aider Beren ?
Comment tu le sais ? s'écria-t-elle
Pas difficile à deviner !
Elle ferme la porte de sa chambre puis baissa le ton.
Ne le dit pas à mes parents.
Bien sûr que non. Je vais faire mieux : je t'accompagne !
Tu es malade.
Non c'est plutôt toi. J'ai des pouvoirs, cela sera utile.
Lùthien devait admettre que j'avais raison mais elle ne voulait pas m'entraîner dans son histoire.
Je ne veux pas.
Je sais, mais de grés ou de force, je te suivrai !
Accablée, Lùthien finit par accepter sa défaite.
D'accord. »
Lorsque nous arrivons à Angband, nous entendîmes un cri. « Beren ! » cria Lùthien. « Attends ! » lui chuchotai-je. Malheureusement son cri alerta les gardes de la forteresse et ils vinrent capturer mon amie. J'eus tout juste le temps de m'invisibiliser. Donc les gardes ne me virent pas. J'attendis longtemps cacher, tapis dans l'ombre. Puis je décida d'agir. En toute invisibilité, je rentra dans la salle et vit Melkor parler à Lùthien.
« Tu vas devenir ma femme, elfe, que tu le veuilles ou non !
Jamais !
Mais ce n'était pas Lùthien qui cria mais moi, redevenue visible.
Farwen ? reconnu Melkor.
Une ombre de peur passa sur son visage.
Oui, c'est moi.
Enfin j'allai pouvoir me battre contre lui. Lùthien profita de cette diversion pour se cacher puis, par la pensé, j'ouvris la porte du cachot de Beren. Elle alla le rejoindre.
Que fais-tu ici ?
Je suis venue aider mon amie et son futur mari.
Ce n'est pas tout.
En effet j'aimerais récupérer les Silmarils.
J'en donnerai un à Thingol pour Beren, et les autres je les rendrais à Yavanna pour qu'elle puisse sauver les arbres.
Tu es folle !
Non. »
A ce moment Lùthien revint en compagnie de Beren. Il voulait accomplir le vœu de Thingol pour épouser Lùthien. Melkor porta une main vers eux et là ma colère explosa sous forme de boule qui l'assomma. Beren courrait vers lui pour lui arracher un Silmaril. Je m'approcha pour récupérer les autres. Mais Melkor se réveilla puis voyant le silmaril dans la main de Beren mangea celle-ci. Alors sachant que nous ne pourrions rien faire d'autre je pris la fuite avec les deux autres, tuant sur mon passage tous les monstres de Melkor. L'exploit de Beren fut raconté dans toutes les terres et Thingol accepta que Beren prenne la main de sa fille. Seulement Melkor envoya ses sbires aux trousses de Beren et il mourut bientôt de ses blessures. Les feuilles perdaient leurs couleurs. Les oiseaux ne chantaient plus. La vie devenait triste à Doriath car sa fille pleurait la mort de son mari. J'essaya vainement de la consoler sans succès. Jusqu'à ce que la mort la prit, elle aussi. Elle me raconta plus tard ce qu'il se passa au-dessus, cependant elle est revenue sur terre accompagnée de Beren rendre sa vie à Doriath. De nouveau il y faisait beau. Mais sa mère et la plupart des elfes la pleurèrent car elle était devenue mortelle, elle, le joyau vivant des elfes. Seule moi acceptait le destin. J'étais la seule à savoir où ils vivaient et j'étais leur seul contact avec le monde extérieur. C'est moi qui ramena le Silmaril qu'on avait récupéré et qui amena Dior à Doriath. C'est moi qui les enterra.
« Tu vas me manquer ! fis-je à Lùthien, sur son lit de mort.
Dit au revoir à Dior pour moi ! dit-elle
Tiens je te la redonne. dis-je en montrant une rose en perle.
Cette rose, c'est moi qui l'avais fabriquée pour sa naissance.
Garde-la pour te souvenir de Lùthien Tinùviel.
Namarië !
Tye-Meläne Farwen !
Moi aussi Lùthien ! »
Sur ces dernières paroles, elle mourut, elle, seule elfe de ce monde.
