Et si ça avait été Faramir…

Et si ça avait été Faramir…

Et si ça avait été Faramir qui y était allé à la place de Boromir ?

Les choses auraient-elles été si différentes ?

Partie I

Chapitre 2 : Entre Père et Fils

Une fois Faramir partit, Boromir rentra dans l'enceinte de la ville. Quelques lumières seulement étaient déjà allumées. Au moins, ainsi, personne n'était encore au courant du départ de Faramir. Il estimait qu'il n'était pas suffisamment prêt mentalement à annoncer tout cela alors autant choisir quand. Tout cela avait été si vite, les rêves, la décision… le départ. « Et si tout cela ne fonctionnait pas comme prévu ? Et si je n'avais fait qu'envoyer mon frère à la mort ? » se dit-il avec horreur. Mais il était trop tard, Faramir était partit. Il leva les yeux, pour découvrir ce que son frère contemplait au même moment : les rayons du soleil touchant la cime de la Tour d'Echtelion, illuminant la ville de pierre blanche. Il remonta lentement vers le haut de la ville, se dirigeant vers le réfectoire pour se rassasier. Il prit un peu de pain et de vin puis redescendit chercher les familles des hommes tombés au combat lors de l'attaque d'Osgiliath, deux jours auparavant. Les gens commençaient à sortir de chez eux, arrangeant par-ci par-là des choses tombées ou mangées par des cochons pendant la nuit.

'Ah ! Bonjour Seigneur Boromir' l'interpella une femme portant un panier. 'Auriez-vous vu votre frère Faramir ? Car je le cherche depuis ce matin ; il avait dit qu'il se chargerait de mon fils novice en combat et comme mon Farondas n'est pas rentré hier à la maison, et je m'inquiétais sur ce qu'il était advenu de lui. Mais je n'ai pas voulu vous ennuyer hier, vous deviez être déjà suffisamment fatigués'.

'Oui en effet, ce furent des journées épuisantes. Je ne sais pas ce qu'est devenu votre fils car je m'occupais de tenir le coté ouest de la ville alors que mon frère s'occupait de tenir le coté est, le coté qui a subit le moins de dommages. Mais je vous conseillerais d'aller faire un tour aux Maisons de Guérison, il y est peut-être. En tous cas, je peux vous assurer qu'il ne fait pas partie des morts …' « …répertoriés » ajouta-t-il mentalement.

'Merci Seigneur Boromir, me voilà déjà un peu plus rassurée.'

'Allez y faire un tour femme, et profitez de cette journée ensoleillée.'

La femme le salua et se dirigea vers les Maisons de Guérison. Quant à Boromir, il continua sa descente de la ville. Normalement, c'était à son frère qu'était attribuée la dure besogne de faire accepter à ces familles, déjà soupçonneuses de ne pas voir leur homme rentrer, la dure nouvelle. Il arrivait souvent que les gens se consolent entre eux lorsqu'ils ne voyaient pas leur mari ou leur fils rentrer en même temps que les autres, bien que souvent ils étaient dans le cas du jeune Farondas. Ils se morfondaient déjà, maudissant la ville, voleuse d'êtres aimés, puis lorsque Faramir venait à leur annoncer la triste nouvelle, ils reniaient, ne pouvant accepter ce sort, que ce n'était qu'une blague et que leur mari ou fils était resté à Osgiliath ou qu'il gisait encore inconscient dans les ruines de la ville, hors de portée de vue de ceux qui étaient chargés de retrouver les corps. Malheureusement, trop nombreuses étaient les familles vivant ces situations : la Cité manquait cruellement d'hommes d'arme, presque tous les hommes de la ville avaient revêtu l'armure. « Vers où allons-nous ? » était la pensée qui avait envahi la ville depuis bien longtemps déjà, et la défaite subie à Osgiliath ne faisait qu'empirer l'état d'esprit de ses habitants.

'Bonjour' dit Boromir, arrivé devant la première maison.

'Ah tiens bonjour Seigneur Boromir !' Dit la vieille femme qui ouvrit la porte. 'J'ai eu peur que ça ne soit Faramir… le pauvre garçon, il est présage de malheur au retour des troupes et doit subir cette mauvaise réputation alors qu'il ne veut qu'aider… quel bon vent vous amène ?'

Boromir hésita à parler. Voilà qui l'avait coupé net dans son élan, même si ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait.

'Et bien j'en suis vraiment navré mais… aujourd'hui je tiens office de Faramir.'

La seconde d'après il se retrouvait avec une vieille femme éplorée dans les bras et des enfants courant vers la porte d'entrée, eux-même devinant la cause et se joignant à la grand-mère. Les passant dans la rue les regardaient, une expression peinée à la vue de cette famille en pleurs, ne devinant que trop bien cette situation trop fréquente.

Le scénario se répéta pour les maisons suivantes jusqu'à ce que le bouche-à-oreille matinal ait fait le tour de la ville. La septième maison qu'il visita ne lui ouvrit même pas la porte. Tant bien que mal, il fit le tour de chaques maisons. Il n'y avait pas grand chose à dire à part signaler sa présence ; qui disait Faramir (aujourd'hui Boromir) devant une porte au lendemain d'un retour des troupes disait mort dans cette famille –particulièrement lorsque le retour était fait en catastrophe—les invitant à être présents lors de l'incinération, même heure même endroit, près des Maisons des morts.

Cela prit toute la matinée, puis Boromir alla au réfectoire mais en chemin un Garde de la Citadelle l'arrêta.

'Votre père souhaite vous parler.'

Le sang se glaça dans les veines de Boromir, mais il remercia calmement le garde qui l'escorta jusqu'à la Grande Salle où siégeait Denethor, Seigneur et Intendant de Minas Tirith. Le garde le laissa devant une grande porte de métal poli. Boromir poussa lentement la porte et se retrouva devant une salle de marbre blanc, aux piliers noirs entre lesquels se dressaient de hautes statues de pierre froide. Au bout de la salle se trouvait un trône vide derrière lequel se trouvait l'image d'un arbre en fleur incrustée de pierres précieuses. Sur un siège de pierre noire et sans ornements se trouvait son père, Denethor.

Boromir avança sans dire mots et s'arrêta devant son père, priant silencieusement pour que la raison de cette entrevue ne soit pas celle qu'il croyait. Mais son espoir prit fin lorsque son père prit la parole :

'Je voudrais des explications.'

La première chose qui passa par la tête de Boromir fut la question « Comment a-t-il su ? » mais il se rendit bien vite compte du détail qu'il avait omis : les gardes de la porte. Il n'était pas courant de voir un fils d'Intendant partir ainsi tôt le matin, sans préparatif de plus que leur comportement avait été quelque peu suspect. Puis la seconde chose à laquelle il pensa fut la raison pour laquelle ils avaient réagit ainsi ; jamais il ne lui était arrivé d'ainsi défier les paroles de son père. Il écarta toutes ces pensées et ne voulant d'avantage décevoir son père, décida de tout lui avouer. Il prit une profonde inspiration et commença son récit, lui rapportant les évènements de la nuit passée, observant les traits déjà sévères de son père, essayant de détecter le moindre mouvement qui manifesterait son avis.

'J'espère que vous êtes en accord avec notre décision, Père ?' demanda Boromir pour conclure.

Son père ne dit rien pendant un moment, puis prit la parole :

'En accord avec quoi ? Vous ne me laissez pas le choix ; prenez une décision à la va-vite et vous enfuyez comme un lâche ayant peur du jugement des autres. Je n'ai rien à redire sur votre acte, puisque ton frère est déjà partit. Cette … « mission » est pourtant importante, et j'ai bien peur que ton frère, élève de ce magicien, n'aille contre le bien de notre cité. T'envoyer aurait été plus sage car je sais que une fois partit, tu n'agirais pas contre ma volonté, et suivrait ce que ta raison, juste, te dicterait.'

'Mais le rêve…'

'Peu importe ce rêve ! Ce n'était qu'un rêve justement, depuis quand vous fiez-vous à ce genre de choses ? Mes fils sont-ils devenus de bonnes femmes capables uniquement de raconter un semblant de vérité devenu commérage pour occuper leurs journées trop dénudées d'actions et de sens ? C'est déjà suffisamment de tolérance de ma part que de laisser un fils partir à la recherche de réponses à des questions posées dans un rêve mais de plus changer les plans après un autre rêve qui cette fois ne tient plus debout –toi mon fils te faire tuer par des orques ?—c'en est trop !' Tout en parlant, Denethor s'était levé tremblant de rage. Boromir baissa les yeux, n'osant affronter la colère de l'Intendant de peur d'attiser le feu. Mais comment Denethor pouvait-il agir ainsi ? Ils croyaient avoir bien fait, que leur père serait d'accord avec leurs actions qu'ils avaient pourtant jugées justes. Il n'y avait aucun sens à tout cela. Boromir leva les yeux vers son père qui à présent marchait de long en large, cherchant une solution pour minimiser les conséquences de cette « erreur ».

'La seule chose restante à faire est d'envoyer quelqu'un pour s'assurer que Faramir ne fera pas d'actes déplacés, et qu'il agira correctement.' Devant l'expression d'étonnement de Boromir, Denethor s'empressa d'ajouter : 'Je ne ferai qu'envoyer un messager, portant ma parole pour qu'il connaisse mon avis et qu'il réfléchisse à ses actes. S'il ne se montre pas capable d'assumer ses responsabilités pour une mission pareille cela confirmera l'opinion que je me fais de lui. Finalement mon fils, soit heureux, j'approuve votre décision ; elle me permettra de mettre mes idées au point par rapport à ton frère.' Ajouta-t-il avec un sourire.

Boromir était indigné. Comment pouvait-il avoir si peu de confiance en son fils ? Mais aucun son ne pouvait sortir de sa gorge. Il se rendit compte à quel point il était crispé.

'Mais c'est toi qui décideras du messager à envoyer. J'ai confiance en toi, trouve quelqu'un de compétant, capable de délivrer le message clairement. Tu me l'enverras et je lui transmettrai le message qu'il doit porter.'

Boromir s'inclina, murmurant « Bien Père. » dans un souffle rauque, et fit demi-tour.

« Au moins il m'a laissé le choix, il a confiance en moi, je ne dois pas le décevoir après ce que nous avons fait… Devrais-je donc faire comme ça lui aurait plu ? » Ne voulant pas faire de décision trop hâtive –ils en avaient déjà fait suffisamment ainsi—il décida d'aller réfléchir calmement dans son lieu de recueil ; les jardins des Maisons de Guérison. Ce lieu était un lieu de repos principalement. Y régnait en tous temps une atmosphère de calme et de sérénité, de plus une des femmes qui servaient les maisons de guérisons, Neldarin lui tenait souvent compagnie, le conseillant lorsqu'il en avait besoin. Boromir se plaisait à s'asseoir sur un des nombreux bancs s'y trouvant, réfléchissant, le regard dirigé vers l'Ouest.

Il était assis sur le banc et continuait à réfléchir, mais une bourrasque de vent le tira de sa concentration ; il sentait les parfums des fleurs emporté vers les plaines, le doux bruissement des arbres, leurs feuilles s'agitant au rythme du vent et la sensation de la chaleur du soleil sur sa peau. Mais une ombre passa et l'air se figea. Un nuage noir venant de Modor cachait le ciel. « Trouver un moyen d'arrêter tout cela, d'enfin vivre en paix… » Il fallait que son frère réussisse, peut-être que les conséquences de ce voyage seraient plus importantes qu'ils ne le pensaient ?

Une main se posa sur son épaule le faisant sursauter.

'Oh du calme Boromir ce n'est que moi !' dit une voix riante.

Boromir se retourna pour découvrir une jeune femme habillée d'une robe blanche aux reflets gris, et dont les cheveux noirs semblaient être retenus par quelques fleurs blanches.

'Je réfléchissais et je ne t'ai pas entendue arriver, c'est tout.'

'C'est toujours pour réfléchir que tu viens nous rendre visite', dit Neldarin avec un regard étrange.

Boromir ne répondit pas, retournant à sa contemplation de l'horizon. Neldarin vint s'asseoir à coté de lui. À ce moment, Boromir eut l'impression de respirer une bouffée d'air fraîche et légère, et son esprit embrumé de pensée depuis la matinée s'éclaircit soudain. Sans s'en rendre compte, il avait fermé les yeux, se délectant de cette sensation revigorante et lorsqu'il les réouvrit il vit une Neldarin souriante lui tendre une de ses petites fleurs blanches sous le nez.

'Veux-tu m'en parler ?', demanda-t-elle.

Cela faisait un bout de temps que Boromir était à nouveau plongé dans ses pensées, plus claires dues à la douce fragrance émanant de la jeune fille et de ses fleurs de Feuille de Roi.

'Je ne sais pas s'il est sage de te mêler à tout ça', dit-il.

'Comme tu veux…', répondit Neldarin et elle se tut, sans réussir à chasser une petite expression de malignité sur son visage. Au bout d'un court instant Boromir ne supportant plus ce silence se résigna avec un « Bien, comme tu voudras ! » et lui exposa sa situation. Neldarin l'écouta avec sérieux, puis lorsqu'il eut terminé son récit –qu'il contait pour la deuxième fois de la journée—elle regarda au loin et resta ainsi pendant de longues minutes, puis lui demanda :

'Pourquoi ton père t'a-t-il laissé le choix du messager ?' sur un ton qui laissait deviner qu'elle en connaissait déjà la réponse.

Ne connaissant que trop bien ce ton, Boromir se résigna à un « Je ne sais pas ».

'Réfléchis un peu, qu'as-tu pensé lorsqu'il t'a désigné pour trouver le messager ?', demanda Neldarin exaspérée par le manque de perspicacité du fils de l'Intendant du Gondor.

'J'ai pensé que… et bien que je devais agir sans le décevoir une fois de plus.'

'C'est bien ce que je pensais.'

'Oui mais maintenant que tu m'as mis une question en tête, j'aimerais connaître la réponse.'

'Si tu n'avais pas été désigné pour cela, quel aurait été ton sentiment ?'

Si il n'avait pas été désigné qu'aurait-il ressentit… encore plus d'indignation, il aurait eu le sentiment de n'avoir pas eu son mot à dire, et de ne pas avoir le choix. Si ça avait été le cas, il aurait une fois de plus désobéit à son père. Son père tenait-il tant à ce que Faramir fasse ce qu'il voulait que pour agir ainsi ?

'Comment un père peut-il avoir si peu de confiance en son fils ?' s'exclama-t-il la voix emplie d'indignation.

'La différence entre vous deux…', murmura Neldarin pour elle-même alors qu'elle profitait du temps pendant lequel Boromir était à sa réflexion pour réfléchir de son coté. Puis remarquant que Boromir la regardait elle lui dit –se référant à son exclamation :

'Ne le hais pas, au départ si il était convenu que tu partes à sa place c'était bien à cause du danger de la route, peut-être que Denethor est simplement inquiété pour la sécurité de ton frère.'

'Cela n'empêche qu'il n'a pas confiance en lui… à quoi pensais-tu ?'

'Je pensais que la différence en vous deux est bien sûr vos rapports entre vous et votre père Denethor', reprit-elle après un moment de pause durant lequel elle sembla réunir les éléments de sa réponse. 'Faramir suit sa logique, ses propres choix, alors que toi, et bien ne le prend pas mal, mais tu as plus tendance à suivre les choix de ton père … Si Faramir suit les ordres de l'Intendant, il n'y aurait presque pas eu de différences entre l'envoyer lui et t'envoyer toi.'

'Le meilleur moyen de changer le cours des choses est de laisser Faramir agir comme bon lui semblera', continua Boromir.

'Peut-être mais alors il aura grandement besoin de conseil pour le guider, vous vous êtes décidés un petit peu trop précipitamment, sans avoir réfléchit plus longuement à…'

Boromir s'était levé d'un coup avant que Neldarin n'ait pu terminer sa phrase et se dirigeait déjà vers la sortie du jardin en courant.

'… la chose.' termina Neldarin alors qu'un lointain « Merci ! » se faisait entendre.

Le meilleur moyen d'envoyer des conseils à Faramir était justement ce messager que Boromir devait désigner. Il ne restait plus qu'à trouver quelqu'un à la hauteur de la tâche, et Boromir savait exactement qui. Restait encore à savoir si cette personne était encore dans l'enceinte de la ville.

(¯·..·-°¨¨°³º¤£-? ×4 5U1VR3...× ¿-£¤º³°¨¨°-·..·´¯)

Et voilà le chapitre 2 est terminé!

euh... je sais j'ai pas assez insisté sur le coté tragique de la famille en pleurs mais bon... j'en avais pas envie :p

J'attends vos avis avec impatience! ( le 3 est déjà en route ;) )

biz

niph