Donna Tueuse de vampires

Par Nomad sept 2001

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Traduction benebu mars 2004

2 : Faire baisser la pression.

Donna regarda le vieux livre qu'elle avait dans les mains, estomaquée. Qui aurait bien pu prendre la peine de se glisser dans son bureau au milieu de la nuit pour y déposer un livre qui n'avait pas été lu depuis des centaines d'années, plein d'informations triviales sur un sujet si bizarre que son rapport avec l'existence moderne était inexistant ?

Quand on exposait les faits de cette façon, il n'y avait qu'un nom qui venait à l'esprit. « Quelqu'un devrait trouver un hobby au Président Bartlett, » se dit-elle en hochant la tête.

« Qu'est-ce que tu dis ? » demanda Josh alors qu'elle le croyait plongé dans le dossier qu'il lui avait réclamé.

« Je disais que le Président aurait besoin d'un hobby. »

« Bien sur, après tout, toute cette histoire de diriger le pays, ça ne l'occupe pas encore assez. »

« Je suis sérieuse, Josh. Est-ce que tu peux croire qu'il est venu dans mon bureau au milieu de la nuit pour y laisser un livre dans mon armoire de dossiers ? »

« Tu es sure que c'est le Président ? Ca ne pourrait pas être, je sais pas, moi, l'équipe d'infiltration des éditions Barnes & Noble ? »

« Josh, ce livre a au moins quatre cent ans. Est-ce que tu connais quelqu'un d'autre dans les parages qui soit fétichiste à ce point en ce qui concerne les livres anciens ? »

« Tu accuses le Président d'être fétichiste maintenant ? »

« Josh ! »

« Parce qu 'il faut que je te dise que ça aura mauvais effet sur mon compte-rendu du personnel. »

« Depuis quand est-ce que tu écris des compte-rendus du personnel, Joshua ? »

« Depuis que mon personnel est devenu parano au point de penser que le Président des Etats-Unis vient fureter dans leurs armoires. »

« Ce n'est pas de la paranoïa, Josh. »

« Bien sur que non. » Il lui fit un large sourire, et se recula avec une lenteur exagérée, montrant bien qu'il ne faisait 'aucun mouvement agressif'. « Et maintenant tu vas me parler du nombre de calories dans les muffins, non ? »

« Margaret marque un point, Josh. »

« Margaret marque plein de points, Donna. Un point pour l'esprit dérangé, un point pour se bercer d'illusions, un point pour l'hystérie… »

« Jo-sh. »

« Tout ce que je te dis, c'est qu'elle a mauvaise influence sur toi. »

« Oh, alors que la tienne est tellement bonne ? »

« Je suis le meilleur. Je suis le champion. » Il sourit d'un air suffisant, en se renfonçant dans sa chaise. Le bas de sa cravate trempa dans son mug de café.

Donna le regarda juste assez longtemps pour qu'il réalise et corrige l'incident. « C'est toi le champion, » concéda-t'elle avec une grimace, et elle sortit avant qu'il ne puisse répondre quoi que ce soit.

Cathy et Ginger étaient toutes les deux à coté de la cafetière quand Donna alla s'en rechercher une tasse. Elle n'avait pas vraiment envie de café, mais chaque fois qu'elle allait s'en chercher une tasse était une fois où elle n'y allait pas pour Josh – et il en faisait toujours toute une histoire. Non que ça lui plaise particulièrement de se disputer avec lui, ou quoi que ce soit.

Les deux autres se turent nerveusement quand elle approcha. Super. Des secrets.

« Quoi de neuf ? » demanda-t'elle en se servant une tasse. Elles ne dirent rien, l'air coupables toutes les deux. Ces gens travaillent pour les gens les plus haut placés à la Maison-Blanche, et ils sont si mauvais à garder un 'air innocent' ? Qu'est-ce que c'est que ça ?

Elles échangèrent un regard, et Cathy gagna le droit d'être celle qui annoncerait la mauvaise nouvelle. « Sam et Toby ont décidé qu'ils avaient besoin de faire appel à un expert en sondages pour ces chiffres qu'ils ont reçu hier… »

« Et alors ? » demanda-t'elle, en se servant en sucre. Elle avait une petite idée de qui ça serait… mais bien sûr ça ne lui faisait ni chaud ni froid.

« Sam a proposé d'appeler Joey Lucas, » dit Cathy, du même ton qu'elle aurait employé pour annoncer que Sam avait suggéré qu'ils fassent appel à un tueur en série.

« Et alors ? » répéta-t'elle en remuant son café un peu trop vigoureusement. Joey Lucas ? Et alors. Ni chaud ni froid. Joey-'cueillons la rose'-Lucas, de retour en ville ? Ni chaud ni froid.

Et lui lançaient toutes les deux des regards de pitié irritants. « On sait bien que tu n'aimes pas que Joey Lucas… » commença Ginger avec précaution.

« Je n'ai aucun problème avec Joey Lucas, » l'interrompit-elle rapidement. Zut. Trop défensive, sur ce coup, Donna.

« Je veux dire, c'est tout à fait compréhensible, » enchaîna rapidement Cathy. « Je veux dire, c'est embarrassant avec Josh qui… »

« Je n'ai pas de problème avec ce truc qu'il y a entre Josh et Joey Lucas ! » Oups. T'es en train de crier, là.

Grâce à Dieu Josh était toujours trop paresseux pour venir jusqu'à la cafetière lui-même. « Je n'ai pas le moindre problème, » dit-elle un peu moins fort. « Pourquoi est-ce que je devrais m'intéresser à qui il décide de rêvasser ? Pourquoi est-ce que je devrais m'inquiéter que mon patron ait assez peu de bon sens pour aller faire les yeux doux à une femme qui est venue flirter avec lui alors qu'elle couchait avec Al Kieffer ? »

Elle claqua la cuiller en métal sur la table. Elle se cassa en deux et l'extrémité de la cuiller s'envola et atterrit dans l'évier.

Toutes les trois regardèrent la cuiller cassée un long moment. Les deux autres finirent par récupérer leurs cafés et filer. « J'ai juste pensé que tu devais savoir, » dit Cathy par-dessus son épaule en s'en allant.

Donna alla jusqu'à l'évier et ramassa l'autre moitié de la cuiller. Le métal s'était brisé aussi nettement et aussi facilement que si ça avait été du plastique.

Elle rassembla les morceaux dans sa main sans y penser. « Stupide ustensile de cuisine bon marché fabriqué à la chaîne, » marmonna-t'elle, un peu hésitante.