Chapitre cinquième : La veille

L'obscurité commençait à envelopper la terre d'Hyrule comme une mère le fait avec son nourrisson. Bientôt, la seule source de lumière dans tout le royaume serait la lune qui avait quasiment atteint sa pleine luminescence. Tous les agriculteurs rangeaient leur matériel pour éviter les vols de nuits, choses courantes dans la région. Les enfants et les moins jeunes revenaient de la plaine pour s'installer pour la nuit dans leur lit douillet, à l'abri des intempéries. Et, au loin, l'on pouvait remarquer une petite troupe de soldats revenant d'un champ de bataille revenir au château pour la nuit. Bref, tout était encore et toujours normal, dans la routine quotidienne qui se répétait depuis des années.

Seul un petit groupe étrange sortait du cliché habituel de la région, notre petit groupe d'aventuriers. Au lieu de se diriger vers un endroit civilisé, tous les quatre se disputaient sur un point plus au moins important.

J'en ai marre de marcher, s'exclama Mathors. C'est pas vous qui transportez plus de 75 kilogrammes de matériel sur votre dos.
-Tu sais très bien que nous emportons que l'essentiel., lui répondit Lym-Dull.
-Vraiment? Et à quoi ça va servir d'avoir un laboratoire d'alchimiste durant notre voyage? Si ce n'est nous ralentir parce que je dois faire attention pour rien casser?
-Si jamais on découvre des choses dont on ne sait la nature.
-Bha, vous n'avez qu'à vous servir de vos sorts. De toute façon, JE n'avance pas plus loin. J'en ai décidé ainsi.
-Cesse de faire l'enfant Mathors, Rétorqua Binhord un poil sec. Tu sais bien qu'on ne peut pas user de la magie aussi souvent qu'on le veut. Tu ne l'as jamais testé, mais je te jure que ça nous épuise à la fin de la journée.
-Peu importe ce que tu vas dire, ON va camper ici pour la nuit.
-Tu sais, grand balourd, que le village Kokiri n'est plus très loin, lança Link.
-Et qu'est-ce que j'en tire de cette information? JE n'avance pas plus loin pour aujourd'hui. Ça vous prend un dessin?
-Bon, très bien., lança Binhord vaincu par les paroles de son frère.

Sur ces mots, le barbare déposa son sac le plus délicatement possible, malgré l'envie de tout lancer au bout de ses bras pour s'en débarrasser. Link riait dans sa tête. Ce que ça pouvait être amusant de voir un être si grand et fort agir comme un enfant. Il tenta de garder son calme pour ne pas éclater de rire, et réussi sa manœuvre. Cette fois-ci, il aida son nouveau grand compagnon à installer le campement tandis que les deux autres vieillards discutaient d'hypothèses sur diverses questions.

Une chose avait attiré son attention. Les deux lanceurs de sort avaient mentionné la possibilité de rouvrir le portail de l'extérieur, de leur propre monde assez facilement. Ils racontaient que d'autres membres de leur organisation étaient restés de l'autre côté et que certains d'entre eux ne pourraient bien causer du trouble. Link dût arrêter d'écouter la conversation puisque Mathors le renversa en tirant trop fort sur la toile de la tente. Celui-ci se mit à rire attendait que son aidant se relève pour continuer le travail.

La tente fût bientôt montée, et malgré le manque de lumière, tout était en ordre. Durant ce temps, Lym-Dull avait allumé un feu avec quelques brindilles et un sort pour faire des étincelles. Rien d'extraordinaire. En attendant le sommeil, les deux vieux lisaient des livres, le grand barbare prenait un bout de bois et le taillait, et Link observait le tout. Dans un moment, il allait s'écrouler de fatigue lui aussi. Son premier combat l'avait un peu fatigué, malgré le petit intervalle de temps que cela avait duré. Il décida donc de prendre congé et d'entrer dans la tente pour y passer la nuit. Lorsque le petit entra dans la tente, Binhord se rapprocha de Lym-Dull.

Il a du potentiel le petit, tu ne trouves pas?
-Peut-être, mais il sait à peine se battre.
-C'est normal, selon ses dires, il a toujours vécu avec des enfants dans la forêt.
-Oui, mais il va falloir penser à l'entraîner si tu ne veux pas le voir périr au combat.
-On pourrait demander à Mathors de le faire.
-Tu es tombé sur la tête? Tu sais très bien qu'il n'a pas la patience pour ça. En plus, (dit-il en se rapprochant et en chuchotant) il est fort au combat seulement à cause de sa force.
-Que dis-tu là, (toujours en chuchotant)? Il s'est entraîné dans sa jeunesse. Mais il est vrai qu'il ne laissera aucun répit au jeune homme.
-Je crois que Naraldor serait bien mieux pour lui dans ce cas.
-Hum… Je crois que tu as raison. Nous essayerons d'aller le chercher.

Sur ces mots il se turent tous les deux et allèrent se coucher, laissant Mathors dehors pour monter la garde durant la première partie de la nuit. Il put constater que des nuages traversaient le ciel quand il remarqua que la lune semblait se cacher selon les instants. Il se mit, beaucoup plus par habitude que d'autre chose à chantonner un air, sûrement de son pays. Lorsqu'il termina de chanter, de petites larmes coulaient le long de ses grosses joues dénuées de couleur. Si l'on pouvait lire dans ses pensés, nous aurions sûrement compris que cette chanson était bien plus qu'une simple mélodie de son folklore. Remarquant les larmes qui glissaient sur sa peau, il se ressaisit et essaya tout de suite les preuves de ses sentiments. Le reste de sa ronde, il continua à alimenter le feu et à passer le temps avec sa dague et un bout de bois.

Ce fût Lym-Dull qui prit la relève pour le restant de la soirée. Bien que Mathors n'aie pas vraiment sommeil, il partit vers la tente qu'il avait montée avec le nabot, comme il le dit si bien. Le nécromancien adorait ces moments là : l'obscurité qui l'entourait, le silence parfait d'une pureté inégalée dans la journée. Ceci lui permettait de penser à ce qui lui tenait le plus à cœur : Cyrion et Osprey, son fils adoptif et sa tendre femme. Bien qu'il passe le plus clair de son temps avec son confrère de magie, il espérait un jour pouvoir revenir à Padhivers retrouver sa femme et découler des jours heureux pour le restant de sa vie. Il jette un coup d'œil vers la tente et se mit à rire intérieurement. Il avait remarqué la fierté de Link lorsqu'il avait eu la victoire sur son tout premier adversaire. Cela lui faisait remémorer les premiers combats qu'il a entrepris. Avec le temps, il s'était endurcit et assagie, mais ces souvenirs sont tout de même restés. Après être sorti de sa rêverie, ce qui lui a pris une bonne heure, il se leva et parti contempler les environs où la clarté du feu pouvait donner cet exercice. Il regardait les arbres et les petites buttes de roche. Rien de bien extraordinaire à première vue, mais quand on sait que très peu de gens de son pays ont put venir voir CES roches et arbres, il y avait de quoi être fier.

Pour finir la soirée, l'homme vêtu de noir se ramena au feu et étudia son grimoire, comme il en avait l'habitude depuis fort longtemps. Il venait de finir son étude que le soleil se levait. La vie allait reprendre son cours, comme elle le fait à tous les jours. Pour un esprit simple, cela était normal et on ne se posait pas d'autres questions. Mais pour un esprit qui étudie la vie et la mort, ce phénomène dévoilait toute sa splendeur et sa perfection. Personne au monde ne pouvait rivaliser contre la nature. Il le savait depuis les débuts de son apprentissage de la nécromancie. Cela ne faisait que lui faire admirer tant de beauté.

Encore une fois, il sortit de sa rêverie et partie réveiller la troupe. Lorsqu'il arrive à la toile de la tente, il entendit des bruits. Il en déduisit que Binhord était déjà réveillé mais qu'il n'était pas sorti. Lorsqu'il glissa sa tête dans la fente, il pût constater que son hypothèse était vraie. Il vit Binhord en train d'observer le jeune adulte aux cheveux blonds. Celui-ci remarqua son collègue et sorti le rejoindre, laissant les deux guerriers seuls dans la tente. En arrivant dehors, Lym-Dull ne put s'empêcher de sourire.

Je vois que tu regrettes encore de na pas être resté avec Laramiss?
-Oui, répondit Binhord. Comme j'aurais aimé avoir un enfant, mais la vie en a décidé autrement.
-J'espère que tu ne comptes pas faire la même chose que moi?
-Je n'en sais rien. Tu sais, il n'a pas de parents.
-Et alors, il a toujours vécu comme ça. Ne soit pas ridicule, nous avons mieux à faire.
-Qu'est-ce qui est mieux que l'amour et la vie dans ce monde? Tu sais autant que moi la réponse.
-Bon, et bien je te laisse faire tes choix dans ce cas. Mais, à mon avis, ne t'attache pas trop à cet orphelin. Qui sait ce que le destin nous réserve, à nous et à lui.
-Je sais que tu as raison, mais mon cœur me dit autre chose. Tu sais que j'aime Laramiss. Cela ne m'a pas empêché de partir à l'aventure.
-Où veux-tu en venir? Je ne saisi pas bien ta pensée l'ami.
-Et bien, j'ai probablement commis une erreur en la quittant. Qui sait si le destin ne m'a pas offert une seconde chance en m'envoyant à un endroit où je pourrais m'occuper d'un enfant comme si c'était mon fils.
-Hé, ho! Calme-toi! Ce n'est plus un enfant.
-Pour toi qui es humain, ce n'est plus un enfant, mais pour nous les elfes, l'âge adulte commence à la fin de notre premier siècle d'existence.

Lym-Dull, ne sachant plus quoi répondre se tût et alla réveiller les autres. Une légère atmosphère l'avait mis un peu mal à l'aise. Il se dit cependant que ce n'était sûrement que temporaire, que Binhord reprendrait sur lui-même d'ici peu. Lorsque tout le monde fut debout, on servit les rations du matin et on commença à remballer l'équipement. Cette fois-ci, Link pris part au travail, ce qui plût à notre grand barbare. En moins de quinze minutes, tout était prêt et le groupe se dirigea encore une fois vers la forêt qu'il allait atteindre dès l'instant où le soleil serait à son point le plus haut, soit vers midi, l'heure du prochain repas.