Chapitre dixième : La vallée

Jetant un dernier coup d'œil sur sa carte, Léomund pris donc la route de la vallée Gerudo. De nature lâche, l'illustre sorcier commença à incanter un nouveau sort pour l'aider à atteindre sa destination. Alors, dès que le dernier eût quitté ses lèvres en mouvement, une étrange force emporta le vilain dans les airs, le faisant léviter à quelques mètres au-dessus du sol. Et, au lieu de se diriger vers la plaine comme le font la plupart des humanoïdes, il longea le fleuve Gerudo et se mis à le parcourir au-dessus de l'onde. Lorsqu'il avait étudié la carte, il avait tout de suite compris que c'était la voie la plus rapide pour atteindre la forteresse du peuple de son futur associé.

Il n'eût aucun problème à franchir les premières chutes d'eau qui étaient d'une modeste dénivellation. Son pouvoir lui réservait assez de ressource pour s'élever davantage dans les airs pour atteindre le niveau de l'eau à la tête des petites cascades. Il était loin de se douter de l'incroyable chute qui l'attendait plus haut dans le fleuve, mais il ne tarderait pas à le découvrir.

Pour faire attendre cette rencontre avec cet obstacle d'importance, le sorcier dût ralentir sa cadence de progression à cause de plusieurs créatures lui bloquant le passage : des otorocks. Ces créatures prenant la forme de pieuvre de couleur allant du pourpre à la hauteur de la tête jusqu'au rose sur la pointe des tentacules l'attendaient, leur tête sortie de l'eau. Le léviateur observa un instant ces monstres. Une sorte de bandeau de pigment entourait leur tête d'un noir d'encre et laissait ressortir deux immenses yeux jaunes dont la pupille prenait plus de la moitié de la superficie du globe oculaire. Un peu plus bas se trouvait une bouche de forme conique laissant paraître des dents rétractables, information inutile jusqu'à présent.

Voyant que ces pieuvres ne pouvaient l'atteindre à cause de sa position dans les airs, il continua son chemin. Lorsqu'il se trouva au-dessus des monstres, il entendit un son, comme si quelque chose soufflait ou crachait quelque chose. Après s'être retourner pour jeter à nouveau son attention sur les otorocks, il reçut en pleine figure un rocher de la taille d'un ballon. Le projectile fît perdre le contrôle au sorcier et bascula alors dans l'eau, ayant perdu sa concentration et son sort par la même occasion.

Les choses tournaient mal pour le vil sorcier. Étant maintenant dans l'eau, les otorocks pouvaient en faire ce qu'ils voulaient. C'est ainsi que l'une des pieuvres relança un rocher vers leur victime tandis que deux autres s'étaient submergés pour attaquer du dessous. Mais, loin de s'avouer vaincu, le combat pris une toute autre tournure.

S'attendant à une telle manœuvre de la part de ces monstres, Léomund sorti son bâton de l'eau et pointa la gemme sur le projectile qui menaçait de percuter une nouvelle fois son corps. L'effet d'un tel geste fût que le rocher dévia de sa trajectoire pour finir sur l'une des rives du fleuve. Voyant avec quelle facilité il avait contré l'attaque de la pieuvre, Léomund se concentra récitant une nouvelle fois une incantation. Mais, au lieu de sortir de l'eau pour fuit le combat, il s'enfonça dans l'eau pour atteindre ainsi le fond, au sec. En effet, durant sa descente, l'eau s'était séparée aux alentours de sa personne, le protégeant ainsi de la pression de l'eau et du courant meurtrier.

Dans sa nouvelle posture, il pût observer à son aise les deux otorocks arrivés vers lui. Qu'elle fût leur surprise quand les monstres tombèrent sur le sol, croyant attaquer leur adversaire dans l'eau. Les deux pieuvres gigotaient dans tous les sens pour retrouver le contact humide et visqueux qui leur offrait leur support. Mais, le personnage vêtu de rouge, avec un petit rire en coin, s'élança de tous ses bras pour balancer un énorme coup de son bâton. La première des créatures s'effondra sur le choc sur le sol et commença à se solidifier lentement pour ne devenir qu'une simple statue sans vie. Quant à l'autre, Léomund s'en approcha et lui saisi deux de ses tentacules. Et, avec une force inouïe, il les arracha du corps de la bête pour ensuite les attacher ensemble. Voyant l'otorocks souffrir à ses pieds, il entendit un moment avant de se saisir du corps maintenant amputé et la plaça sur les deux tentacules attachés, formant ainsi la combinaison d'une fronde et sa pierre. Il attendait à présent que le dernier des monstres ne montre sa sale tronche, ce qui ne pris que quelques secondes. Dès que le troisième otorocks sorti de l'eau pour atterrir dans la cavité du fleuve, le sorcier fît tournoyer sa fronde d'occasion et balança ainsi le cadavre de la pieuvre, morte au bout de son sang, sur le dernier monstre, lui causant ainsi un souffrant traumatisme. Voilà la chose réglée.

Avant de repartir, le lanceur de sort pris un certain moment à réfléchir à son prochain sort pour continuer sa progression. Après maintes réflexions, il décida de continuer à pied sur le sol rocailleux du fleuve. Lorsqu'il entrepris sa marche, l'eau se séparait en face de lui pour se refermer en arrière. Il parcourut de cette façon un bon kilomètre, grimpa quelques amas rocheux invisibles à la surface de l'eau.

Mais, contre toute attente, il dût arrêter sa progression à nouveau à cause de l'immense escarpement qui s'élevait devant lui. Perdant patience, il lança un nouveau sort et cette fois-ci, il tendit la main sur la face rocheuse. Il se propulsa ensuite de ses jambes pour que son autre main atteigne un endroit plus haut que la précédente. Et ainsi, il escalada l'obstacle telle une araignée pour se trouver à son sommet, après une quinzaine de minutes d'effort.

À son mécontentement, les dernières lueurs du jour s'estompaient et il commençait réellement à ne plus voir son environnement. De plus, c'était encore et toujours de l'eau à perte de vue devant lui, ne voyant pas la fin de son parcourt. Il jeta alors instinctivement son regard vers les cieux pour lancer des injures lorsqu'il crût voir avec peine la silhouette d'un pont traversant la vallée creusée par le fleuve.

Enfin! L'épreuve physique qu'il venait de faire n'était pas vain finalement. Il se rua alors vers la rive ouest pour escalader une nouvelle fois l'escarpement rocheux. Bientôt, très bientôt, il sera à proximité de la forteresse pour rencontrer l'être qui devait l'aider à conquérir les mondes dans toute leur grandeur.

À son plus grand regret, l'escalade devait être deux fois plus longue que prévu à cause des quelques otorocks qui s'étaient mis en tête de le prendre comme cible. Évitant du mieux qu'il pouvait les projectiles jetés à son égard, il pût, sous un dernier effort, se hisser au sommet de la falaise et prendre un repos plus que mérité. Cependant, le destin lui avait réservé tout autre chose.

Deux Gerudos venaient à sa rencontre, interrompant ainsi son repos. Les deux femmes avaient à la main une lance et une torche pour améliorer leur champ de vision. Avec ces faibles lueurs provenant de la seule source de lumière, Léomund pût voir avec plaisir les doux corps féminins se trouvant devant lui. Vêtues de simples pantalons pourpres et d'un vêtement entourant leur poitrine, ces femmes étaient bien jolies, malgré les cicatrices ornant leur peau, signe évident d'affronts armés dans le passé. Loin d'être des jumelles, elles avaient tout de même toutes les deux de longs cheveux roux attachés en queue de cheval. Et, pour compléter le portrait, l'une d'entre elles avait un visage plutôt félin tandis que l'autre était plus ou moins défigurée. Son observation s'arrêta là car il se devait maintenant de participer à l'interaction qui venait de commencer :

-Vous avez un sacré culot de venir ici, homme!
-Si vous le dites, femelle. Je viens ici pour voir votre seigneur et je n'attends pas moi de vous que vous m'y accompagniez.
-Tu entends ça, lança le visage félin d'un air hautain. Et pourquoi veux-tu le voir?
-Ça ne vous regarde pas., continua Léomond dans un ton calme. Faites ce que je vous dis et il n'y aura aucun problème.
-Hahaha, laissa échapper la défigurée. Comment un vulgaire homme pourrait bien nous causer des problèmes, surtout dans ton état, sans vie et sans énergie?
-Comme ça, répliqua-t-il toujours calmement.

Toujours assis par terre, il saisit son bâton, ferma les yeux et porta un coup d'une vitesse comparable à celle d'un escargot, visant les jambes de la défigurée. Celle-ci n'eût aucun mal à intercepter le bâton, mais à sa grande surprise, sa lance se brisa et le bâton continua sa course jusqu'à atteindre le tibia de la Gerudo qui, sur l'impact, fût projeter à un mètre de distance sur le dos. Elle était maintenant incapable de se relever tellement la douleur était insupportable. En voyant tout cela, le visage félin recula un peu, pointant sa lance en direction de l'homme, qui lui commençait à se lever.

-Alors, on y va à votre forteresse? Je n'ai pas toute la journée à attendre.

La Gerudo, s'avouant vaincu, conduisit ainsi l'illustre sorcier à son seigneur, tout en portant sa camarade pour la faire soigner.