Chapitre douzième : La préparation avant la rencontre des seigneurs

La nuit était dorénavant d'un noir d'encre, ne laissant que la lune comme lumière dans le ciel. Comme par une sorte d'enchantement, aucunes étoiles n'étaient visibles, cachées probablement par ce phénomène inexplicable. Malgré cette description glaciale de l'endroit, l'air était assez chaud, vestige de la journée. Un vent de l'ouest emportait de minces nuages de poussières du désert, créant ainsi une atmosphère quelque peu étouffante.

C'est dans cette température que les deux Gerudos guidaient Léomund vers la forteresse. Ils durent s'arrêter quelques fois pour répondre aux interrogations de leurs semblables sur la présence de l'inconnu. Mais cela ne les empêcha pas d'arriver enfin à l'entrée de la forteresse. Deux gardes étaient postées de par et d'autre du couloir, empêchant les non admis d'entrer. Lorsque le groupe s'avança pour entrer, il fallait s'attendre à ce que les gardes réagissent, et c'est ce qu'elles firent. Tout en croisant leur lance, elles demandèrent en cœur les raisons pour voir le seigneur de ces lieux. La Gerudo au visage félin leur expliqua l'arrivé du sorcier Léomund et sa fameuse requête dont seul lui connaît. Après maintes réflexions, les gardes décidèrent de les laisser passer. C'est alors juste après avoir confié la Gerudo blessée aux gardes, que l'étranger entra dans l'établissement avec sa guide à ses côtés.

S'attendant à voir une immense pièce décorée d'immenses reliques de guerre, Léomund fût déçu de ne voir qu'un couloir débouchant dans un cul de sac. La Gerudo s'enquit d'un petit rire et passa devant. Elle avança de quelques pas et s'arrêta pour passer sa main sur le mur de gauche. Celle-ci s'arrêta sur un bloc de pierre légèrement encastré dans le mur. Cherchant une entaille du bout de ses doigts féminins, elle tira légèrement le bloc vers elle pour que celui-ci s'enligne avec les autres blocs du mur. Un léger déclic se fît entendre, et une petite passerelle sortie du mur, conséquence d'un mécanisme venant de se déclencher. La guide monta dessus et invita l'homme à faire de même. Dès que l'invité dût sur la passerelle, le visage félin sauta d'un bon vers le cul de sac, se retrouvant ainsi de nouveau sur le sol du couloir. Ne sachant pourquoi il devait faire cette acrobatie, Léomund répéta le geste. Ceci fait, la femme recommença sa recherche d'une pierre et en poussa une, enclenchant ainsi le mécanisme de la passerelle, mais en sens inverse. Après avoir observée la mine interrogative de l'étranger, elle continua son périple dans le couloir, toujours vers le cul de sac. C'est alors, à la grande surprise de notre vilain, que la Gerudo disparut dans le mur. Ne cherchant toujours pas à comprendre, il avança lui aussi vers le même endroit, et lui aussi traversa le mur. Une illusion!

Il commençait à comprendre. Tout ce qu'il venait de traverser dans le couloir, il l'avait fait devant le seigneur de la forteresse à son insu. Prenant alors le temps d'observer la pièce, il pût admirer les toiles et les rideaux recouvrant les murs de pierre. Dans le fond de la pièce, des armes étaient posées sur des autels en forme de mains. Et, pour finir le décor, le trône reposait fièrement dans le milieu de la pièce, cachant ainsi une énorme montagne de reliques précieuses et de rubis. Le seigneur était assis sur son trône et le visage félin s'avançait vers lui. Étrangement, Léomund ne remarqua aucun garde dans la pièce. Il dût par la suite diriger son attention sur la raison de sa venue car des voix étaient maintenant audibles dans la salle.

Plus aucun citadin ne se trouvait dans le bourg à l'heure qu'il était. Les plus jeunes étaient maintenant au lit et les adultes préparaient les plans de leur journée du lendemain. Certains finissaient aussi la journée dans une taverne, fêtant je ne sais trop quoi. Tout ça pour dire que les rues étaient maintenant désertes, n'ayant comme vie des chiens errants et nos deux VSD. Ils arrivèrent enfin à l'auberge après s'être débarrassé de deux chiens manquant trop d'affection.

Lorsqu'ils ouvrirent la porte et pénétrèrent dans l'endroit, Link et Mathors les attendaient sur deux chaises et une boisson à la main. Les ayant vu, ils leur firent signe de venir les rejoindre, tout en se levant. Le quatuor était maintenant réuni. Ils commencèrent à discuter d'un sujet plutôt important sur le moment, la location des chambres.

-Bon, mes amis., commença Binhord. Que prenons-nous pour la nuit? Est-ce que chacun de nous dormira dans une chambre simple ou bien nous prendrons deux chambres doubles?
-Nous n'avons qu'à demander à l'aubergiste ce qui nous reviendra le moins cher mon frère., répondit Mathors.
-Oui, j'y vais de ce pas., dit le icemage en s'avançant vers le comptoir. Bonsoir à vous aubergiste. J'aurais une question pour vous avant de louer ma chambre.
-Allez-y mon seigneur. Je vous écoute.
-Qu'est-ce qui serait le moins dispendieux entre quatre chambres simples et deux chambres doubles?
-Et bien, une chambre simple vous coûtera 10 rubis pour la nuit et une chambre double vous en coûtera 15.
-Quoi? Encore des rubis, s'exclama Binhord. Vous nous prenez pour des détenteurs de trésors royaux ou quoi?
-Pardon? 10 rubis, ce n'est pas la fin du monde mon seigneur.
-Qu'est-ce qu'il y a Binhord, demanda Mathors en arrivant.
-Ça va nous coûter 30 rubis pour deux chambres doubles, et c'est son meilleur prix, lança le icemage furieux. Voilà ce qui ne va pas!
-Laisse moi régler ça, veux-tu, lui proposa le barbare.
-Je veux bien, mais je ne veux pas de violence, tu m'as bien compris?
-Oui, tu n'as rien à craindre., s'adressant maintenant à l'aubergiste. Dites, si je vous offrais 15 pièces d'or comme celle-ci, nous pourrons avoir nos deux chambres doubles?
-Laissez-moi voir. Hum, à 20 pièces comme ça, je veux bien.
-Marché conclu, dit-il en donnant l'escompte, puis en se retournant vers le groupe, les clés à la main. Tu vois, sans violence, et avec la diplomatie., lança-t-il d'un ton moqueur.
-Comment as-tu fait?
-C'est simple. Je suis allé acheter une épée pou Link et le marchand me demandait des rubis. Je lui ai dit que je n'en avais pas, et je lui ai montré mes pièces d'or. Le forgeron me les a estimées à 2 rubis par pièce. J'ai donc conclu que ce serait la même chose ici.
-QUOI, explosa Binhord. J'ai donné 10 de mes saphirs qui m'ont pris 30 ans de recherche pour acheter une fée qui m'aurait coûté seulement 10 pièces d'or?
-Tu me fais une blague n'est-ce pas, grand frère?
-AI-JE l'habitude de FARCER?
-Tu t'es fait rouler alors. Mais n'aie crainte. Le forgeron m'a parlé d'une banque dans laquelle nous pourrions échanger un certain montant d'or par des rubis. Nous irons rechercher tes saphirs par la suite.
-Il vaudrait mieux pour cette caissière.
-Mais pourquoi est-il aussi fâché, questionna Link.
-C'est fort simple Link., répondit Lym-Dull. Binhord est un collectionneur de gemmes et de tout ce qui est, de près ou de loin, des pierres précieuses. Voilà qu'il en a donné 10 alors qu'il aurait pu les garder.
-Je ne le croyais pas aussi matérialiste.
-Il ne l'est pas, sauf pour ses gemmes.
-Bon, ça suffit., coupa Binhord. Mathors, donne-moi une des clés. Lym-Dull, tu viens avec moi dans la chambre. Bonne nuit.

Et il s'engagea à l'étage pour y passer la nuit, et pour se calmer de la journée. Les trois autres le fixèrent durant sa démarche démontrant sa frustration. Et dès qu'il soit hors de porté, ils se mirent à rire de bon cœur. Pour une fois que ce n'était pas Mathors qui s'était ridiculisé, il fallait fêter ça. Il invita donc le nécromancien et le jeune adulte à boire une boisson locale se nommant du vin Zora.

Durant ce moment de détente, chacun racontait les péripéties de la soirée en détail. Et, après avoir fini leur consommation, chacun parti dans leur chambre, Lym-Dull avec le grincheux de Binhord et les deux autres ensembles. Lorsque le nécromancien entra dans la chambre, son compagnon dormait déjà, des grimaces dans la figure. Il devait s'être endormi alors qu'il réfléchissait à la perte de ses pierres. Il est vrai que de perdre quelque chose qui a pris 30 ans de sa vie à chercher n'est pas une chose comique. Ne pouvant rien pour lui avant le lendemain, il partit dans son lit.

Le lendemain, lorsque Lym-Dull se réveilla, Binhord n'était plus dans son lit. Le cherchant partout dans la chambre des yeux, il dût comprendre qu'il était sorti. Se dépêchant à revêtir sa toge noire, il pris ses affaires et parti de suite dans la salle à manger. Les deux jeunes guerriers étaient en train de manger, rigolant un peu des faits de la veille. Link remarqua le vieux VSD et l'invita à s'asseoir.

-Tu viens manger avec nous?
-Pas tant que je ne sais pas où Binhord est.
-Ne t'en fait pas., coupa Mathors. Il est parti à la banque faire des transactions et il voulait récupérer ses chers saphirs.
-Bon, si vous le dites. Qu'est-ce qu'il y a à manger?

Avant que le duo ne dévoile le menu, la porte de l'auberge s'ouvrit, laissant voir une silhouette bien connue, celle du icemage. Le regard triomphant, le bras droit en l'air, il agitait sa main de gauche à droite tout en s'exclamant :

-Je les ai enfin récupérés. Et de plus, j'ai le plaisir de vous dire que nous détenons pas moins de 500 rubis.
-Je vois que tu as repris du poil de la bête, cher collègue., remarqua Lym-Dull, content pour son vieil ami.
-Et oui. Finissez vos repas, nous devons aller au château aujourd'hui même.

Sur ces mots, les guerriers finissent leur assiette et Lym-Dull pris quelques galettes d'avoine qu'il mangera en route. Lorsqu'ils sortirent dehors, le soleil était assez bas, et la peuplade du bourg n'était pas encore tout à fait réveillée. C'est dans ce calme urbain que le groupe se dirigea sans obstacle vers la forteresse.

Arrivés à la barrière, un garde les arrêta. Binhord pris la parole et lui rappela son entretien du matin. Le garde ouvrit donc la barrière et laissa passer le groupe. Intrigués, les trois autres demandèrent au leader du groupe ce qui s'était passé un peu plus tôt. Il leur expliqua que, pour ne pas perdre de temps, il est allé passer un accord avec le garde le matin, qui en fait se résumait à remplir des papiers prouvant qu'ils avaient un bon motif pour rencontrer le roi et la princesse Zelda. Satisfaits de leur réponse, tous se préparèrent à rencontrer le souverain et sa descendance dans quelques minutes.