Chapitre 6 : Le chant et l'art d'user des mots

- Alors, c'était comment ce premier jour de rentrée ? demanda Fujitaka.

- Très amusant, répondit Tomoyo.

- Très épuisant, jugea Sakura.

- Tiens, vous n'êtes pas d'accord pour une fois. C'est étonnant !

- En fait, c'était tellement amusant que ça nous a épuisé. C'est ce que nous voulions dire, n'est-ce pas, Sakura ?

- Je vais me coucher.

- Déjà ? Mais tu as à peine touché ton dîner ? Tu n'es pas malade, ma puce ?

- Non, papa. C'est juste de l'épuisement mental.

Sakura sortit de la cuisine et monta illico dans sa chambre.

- Il y a un problème dans votre école ? Tu peux tout me dire, Tomoyo.

- Non, il n'y en a aucun. C'est juste que Sakura a décidé de faire la guerre à un de nos camarades.

- Ma Sakura ? Et pourquoi cela ?

- Parce qu'elle le trouve arrogant, insolent, idiot et j'en passe.

- Je vois. Dis-moi, elle n'a toujours pas...

- Non. Et je trouve que c'est très bien comme ça. Sakura a assez risqué sa vie à cause de la magie. Aujourd'hui, elle est redevenue une lycéenne comme les autres et je trouve ça formidable... C'est un peu égoïste ce que je viens de dire, non ? Je ne pense pas aux vies qu'elle a sauvées ni à Kéro et Yué qui attendent impatiemment leur maîtresse.

- Ne te ronge pas de remords. Je pense comme toi. Et puis, en ce qui concerne Kéro et Yué, ils ne pensent qu'au bien-être de notre Sakura. Si elle est heureuse, ils le seront aussi.

- Mais si le conseil demande à ce que les cartes de Clow reviennent à un autre maître. Ce serait horrible pour Kéro et Yué !

- Ils ne le peuvent pas. Les cartes appartiennent à Sakura et cela jusqu'à sa mort.

- Si elle ne se souvient plus de son passé de magicienne, c'est comme si une partie d'elle était morte. La magie, c'est une essence qui coule dans ses veines et qui lui ait indispensable. Je sais que Sakura se pose des questions. Nous aurions peut-être dû lui laisser sa clé magique.

- Non, il valait mieux la laisser entre les mains de Kéro avec le livre de Clow... surtout en ces temps troubles.

- De quoi parlez-vous ?

- De rien. Retourne donc à tes activités. Je vais me charger de débarrasser la table.

- Je vais faire la vaisselle, proposa-t-elle.

- Non, ça ira, merci.

Sakura posa son verre d'eau sur sa table de chevet. Elle ouvrit le tiroir et sortit une plaquette de médicaments.

- Au dodo ! dit-elle.

La pilule dans la bouche, elle but une gorgée d'eau pour la faire passer. Ensuite, elle s'allongea sur son lit.

Un drôle de brouillard envahit la chambre. Un frisson parcourut son corps. Elle remonta les draps sur elle.

Mais... Quelqu'un l'observait.

Elle se leva et se dirigea vers les fenêtres de son balcon. Elle les ouvrit.

Une voix s'insinua dans sa tête.

Des morceaux de phrases sans réel sens se mélangèrent.

Elle plaqua ses mains sur ses oreilles pour ne plus les entendre.

Une forme blanche apparut. Les contours se précisèrent et une ravissante femme se dévoila devant le regard absent de Sakura. Une telle tristesse se dégageait du fantôme.

Elle tendit ses mains vers Sakura. Et subitement, les phrases incompréhensibles cessèrent de lui harceler l'esprit. A leur place, une douce voix mélodieuse apaisa ses maux :

"Je suis d'un autre monde, mais je vie aussi.

Je viens de la lune qui m'a tant souri.

Elle m'a dit Phoebe va et suis ta vie.

N'est plus de rancoeur, je t'offre un répit

Ce monde est si vaste, cherche donc une amie

Ta vie et la sienne, vous serez unies

Mais si par mégarde, son coeur est parti

Ton âme et la sienne, elles, seront détruites."

- Chante avec moi, Sakura, l'implora le fantôme. Ma petite Sakura, chante pour moi.

Sakura lia ses mains à celles de la jeune fille. La fleur de cerisier chanta à son tour cette ballade mélancolique :

"Je suis de ce monde, ma vie est ici

Je viens de la Terre qui m'a vu grandir

Ce monde est si vaste, j'attends une amie

Ma vie et la sienne, nous serons unies

Mais si par mégarde, mon coeur est parti

Mon âme et la sienne, elles, seront détruites."

Les deux jeune filles se sourirent avant de s'envoler vers les étoiles si près de la lune.

- Li Shaolan ! Viens immédiatement ici !

Les cris de sa mère, le firent dévaler en hâte les escaliers du manoir. Il retrouva sa petite famille, composée de ses quatre soeurs et de sa mère. Wei quant à lui, en comprenant que son maître, allait encore avoir droit à des réprimandes, préféra fuir dans la cuisine pour ne pas se retrouver impliquer dans une affaire de famille.

- Oui, mère.

- Quelle heure est-il ?

Shaolan jeta un oeil sur l'horloge.

- Dix heures du soir.

- Et puis-je savoir où tu étais durant ces dernières heures ?

- Au lycée.

- Je sais très bien que tu étais au lycée. J'ai appelé ton proviseur adjoint. Je te parle de ces dernières vingt-quatre heures où tu n'as pas mis les pieds dans cette maison !

- Souvenez-vous, mère. J'ai dû poursuivre cette ombre mystérieuse jusqu'à très tard le soir. Puis, ne voulant pas vous déranger, j'ai préféré aller dormir chez Kyo avec Eriol. Au matin, nous sommes allés au lycée...

- Après avoir discrètement demandé à Wei de vous amener vos affaires, continu...

- Exact, mère. Je vois que vous êtes toujours au courant de tout. C'est une qualité qui...

- Pas de ça avec moi, Li Shaolan ! Je t'écoute. Qu'as-tu fais après le lycée pour rentrer aussi tard ?

- J'étais chez Kyo.

- La prochaine fois que ce chenapan vient dîner chez moi, je lui...

- Sans vouloir vous offenser, mère, je doute que Kyo veuille remettre les pieds dans ce manoir après qu'il ait contemplé votre visage si... expressif dans la colère.

- Tu as l'art d'user des mots, mon cher fils.

- Vous vous complimentez, mère.

- Viens ici que je t'arrache les oreilles ! cria-t-elle en le voyant s'enfuir et disparaître dans les escaliers.

- A mon avis, commença Shefa l'une des soeurs de Shaolan, vous l'avez énormément gâtée dans son enfance, et maintenant il est un peu tard pour revenir sur son éducation.

- Il serait mon fils, intervient Falen, je l'aurais attaché à une branche d'arbre pendant une semaine pour qu'il comprenne qui est le chef !

- Je plains tes futurs enfants, répliqua Futie tout en se limant les ongles.

- Moi, je suis d'accord avec Falen, riposta Feimei. Shaolan a besoin d'une petite leçon. Il est temps de le remettre à sa place comme tous les autres hommes.

- Et où sont leur place ? demanda Shefa en refermant son livre.

- Derrière les fourneaux, à s'occuper du ménage et des enfants, répondit Feimei, n'est-ce pas Falen ?

- Oui, ma très chère soeur ! dit-elle en joignant ses mains à celles de Feimei. Tu oublies aussi qu'ils doivent réaliser tous nos souhaits !

- Merci de me le rappeler. J'oubliais l'essentiel !

- Et nous aurons du temps pour faire les boutiques qui nous attendent les bras ouverts ! Et carte de crédit dans les mains, nous irons à la conquête de l'univereeeuuuuhhhh ! chantonnèrent-elles en sautillant dans le salon.

Yelan s'écroula sur son fauteuil. Ses enfants allaient la rendre folle !

- Je pense, mère, que vous devriez au plus vite accepter que ces deux hystériques partent voler de leurs propres ailes. Cela rendrait un peu de sérénité et de calme à ces lieux, jugea Shefa.

- Laisse-les, dit Futie, elles sont à un âge où on croit encore aux contes de fées.

- Elles ont passé l'âge, tu ne crois pas ? murmura Shefa à l'oreille de Futie.

- Si, mais chez certaines filles cela dure même après les vingt ans.

Malgré les médisances de leurs deux soeurs, Falen et Feimei recommencèrent à chanter de plus belle.

- C'est pas bientôt fini ce boucan !!

- Regarde, Falen nous avons dérangé notre petit frère adoré.

- Et il est maintenant très en colère.

- Mère, il serait temps de leur trouver un mari à ces deux pipelettes !

- C'est ce que je disais, renchérit Shefa.

- Désolé mais le mariage ne nous tente pas et puis…

- Nous attendons car...

- Un jour notre prince viendraaaaa, et il...

Le portable de Shaolan sonna à cet instant. Il s'éloigna de la piste de concert où évoluaient Falen et Feimei. Il échangea quelques mots puis raccrocha.

- Qui était-ce ? demanda Yelan.

- Eriol. Je dois le rejoindre au plus vite.

- Fais attention.

- Vous me connaissez, mère. Je suis la prudence, même.

- Permets- moi d'en douter, rétorqua sa mère peu rassurée.

Ce n'est qu'après le départ de leur frère que les deux soeurs se calmèrent.

- Dite-nous, mère, vous ne lui avez toujours rien dit au sujet de la maîtresse des cartes ?

- Et alors ?

- Et alors, reprit Shefa. Vous savez pertinemment que Shaolan n'a toujours pas digéré le fait que les cartes de son aïeul soient allées à une japonaise. Or, Le conseil vous a demandé si - besoin est - de veiller sur elle. Je doute que votre fils accepte de voir débarquer dans ce manoir celle qui lui a volé les cartes de Clow sous le nez.

- N'est-elle pas encore arrivée en Chine ? s'enquit Falen.

- Si. D'ailleurs, la maîtresse des cartes se nomme Sakura Kinomoto et elle est inscrite dans la même école que votre frère.

- Si j'ai un conseil a vous donner, mère, c'est de vite choisir un pays où émigrer, lui conseilla Futie. Car lorsque Shaolan découvrira que vous lui avez dissimulé certaines informations, cette maison ne restera pas longtemps debout face à sa colère.

- Oui, mais vous êtes désormais au courant, souligna Yelan.

- Oh, non, mère, se lamenta Feimei ! Evitez de nous mettre dans vos histoires !

Shaolan retrouva ses deux complices dans leur école. En journée, l'ambiance n'était déjà pas terrible. Durant la nuit, c'était pire. Tout était trop silencieux. Même les chats n'osaient pas s'aventurer dans cet endroit à l'allure de cimetière.

Il existait un seul coin digne d'intérêt en pleine nuit. La piscine des collégiens, la seule à disposer d'un toit ouvert. Et donc, l'été c'était l'endroit rêvé pour y venir s'amuser.

Mais bon, ce n'était pas vraiment le sujet du soir.

- J'espère que vous avez une bonne excuse à me donner pour m'avoir déranger !

- Peut-on savoir ce que faisait, sa majesté, de si important ?

- Un plan.

- Lequel ?

- Un plan. C'est tout ce que tu dois savoir, Kyo. Bon, vous me dites ce qui se passe ?

- L'ombre est ici.

- Quoi ? C'est la première fois en deux mois qu'elle hante - si je puis dire- le même endroit.

- Hier, elle n'a pas vraiment hanté ce lieu, s'opposa Eriol. Elle a été contrainte de s'y réfugier parce que nous étions à ses trousses.

- Ouais, si tu veux. Qu'est-ce qu'elle cherche d'après vous ? Ça m'étonnerait qu'ici, elle puisse blesser à nouveau un magicien. C'est vide !

- Ben, y'a nous les trois idiots qui viennent se jeter dans la gueule du loup, plaisanta Kyo.

- Elle cherche peut-être quelque chose, avança Eriol songeur.

- C'est vrai ! s'écria Shaolan en frappant son poing dans sa paume. La dernière fois, elle a perdu son bracelet. Tu l'as vu comme moi, Kyo ?

- Ah, oui ! Celui avec les perles bleues. Je crois que ça venait de chez Tiffany (Et un clin d'oeil à la version anime, un ! ). Autant dire que c'est très important pour cette ombre de retrouver son précieux bien.

- Vous pouvez rester sérieux cinq minutes ? implora Eriol.

- Kyo, c'est vrai quoi ! On n'est pas des gamins alors un peu de tenu, jeune homme !

- Mais m'sieur, c'est pas moi, c'est lui.

Eriol se frappa le front avec sa main.

- Désespérant. Vous êtes désespérants, tous les deux.

- J'arrête, décréta Shaolan. A propos, qu'avez-vous à nous dire sur cette ombre, monsieur Ling ?

- Je dirais, répondit Kyo, qu'elle est attirée par cette école. Ce qui à première vue peut paraître déroutant car cette école ne possède aucun attrait. Néanmoins, si nous nous fions à la nature de l'ombre, nous pouvons comprendre que l'ambiance si... ténébreuse de cette école puisse agir sur elle. D'où sa présence cette nuit.

- Bravo, professeur Ling ! Votre analyse me semble pertinente comme toujours.

- Cessez vos flatteries, monsieur Li, vous allez me faire rou...

BONG

- A vous les studios ! coupa Eriol.

- Tu m'as fait mal ! larmoya Kyo en se tenant le crâne. Et pourquoi, y'a que moi qu'on frappe !

- Parce que tu étais plus proche de mon poing ! Et toi, Shaolan, un autre spectacle de ce genre et...

Des cris retentirent dans toute l'école.

Shaolan et Kyo reprirent leur sérieux. Ils tendirent l'oreille mais étrangement les cris semblaient provenir de différents endroits.

- On se sépare, décida Shaolan. Et que chacun reste sur ses gardes.

Ils prirent trois directions opposées. Shaolan se dirigea vers le pôle des primaires, Eriol vers celui des lycéens et Kyo celui des collégiens.

Sur ses gardes, Shaolan fit apparaître son épée, puis avança. Les cris avaient cessé mais il ressentait toujours cette aura étrange. C'était certainement celle de ce magicien qui utilisait cette ombre pour accomplir ses méfaits contre ses pairs.

Il s'introduit dans les vestiaires de la piscine des primaires.

Il perçut alors un bruit, comme un plongeon.

Une ombre qui se baigne ? C'est pas banale, ça, pensa-t-il en imaginant la scène.

Il entrebâilla la porte. La lumière passait par les murs vitrés et éclairait le bassin. Il vit alors une silhouette sortir du bassin. Aussitôt un voile fin et blanc - il semblait avoir été confectionné dans un tissu de brume - se posa sur elle, l'enveloppant entièrement.

La jeune fille s'assit sur le rebord de la piscine puis fit danser ses petits pieds dans l'eau. Puis, le son de sa voix sortit le silence de sa torpeur :

"Je suis d'un autre monde, mais je vie aussi.

Je viens de la lune qui m'a tant souri.

Elle m'a dit Phoebe va et suis ta vie.

N'est plus de rancoeur, je t'offre un répit."

Shaolan resta pétrifié devant cette voix si mélodieuse. Il était envoûté par la mélancolie qui s'en dégageait. Ses muscles ne répondaient pas. Son esprit ne pensait plus à rien sauf à cette douce voix.

Il lâcha son épée.

Le bruit qu'elle fit en tombant sur le sol, alarma la jeune fille. Elle cessa de chanter, rendant ainsi à Shaolan toute sa lucidité.

Il ramassa son épée et entra. Ce fut pour se retrouver en face d'une immense vague d'eau qui atteignait le plafond.

- Protection ! cria-t-il.

Un écran se forma devant lui juste à temps pour éviter l'attaque. Mais, il avait du mal à contenir cette vague dont la force était considérable. Il serra les dents et fit appel à tout son pouvoir magique pour contrer celle de cette mystérieuse fille.

Une ombre blanche apparut alors devant les vagues. Elle avait un visage magnifique bien que marqué par la colère.

"Une nuit un homme m'a vue dans mon lit

Mon amour, mon corps, il s'en ai servi

Devant mes "je t'aime", au nez il m'a ri"

Shaolan sentit ses forces l'abandonner. Sa magie diminuait. Sa barrière de protection ne tiendrait bientôt plus face à la vague de cette jeune fille.

"Dans ce doux regard, je vois mon aimé

Et puis dans ce coeur..."

La fureur enlaidit soudain les traits de la jeune fille. Il l'avait rendue furieuse.

Les forces de la jeune fille se décuplèrent.

Shaolan ne put contenir son attaque. La vague s'abattit sur lui. Sous le choc, les portes derrière son dos s'ouvrirent avec fracas. Shaolan fut rejeté dans le couloir.

Déboussolé, il lui sembla entendre les voix de Kyo et d'Eriol. Mais il ne s'interrogea pas plus longtemps. La jeune fille hystérique ne comptait pas en rester là. Elle flottait devant lui prête à attaquer.

- Shaolan !

Une fumée blanche envahit le couloir.

- Eole, dieu du vent, viens à mon aide ! cria Kyo.

La fumée se dissipa.

- Shaolan !

- Ca va, les rassura-t-il.

Eriol lui tendit sa main. Shaolan s'en saisit pour se relever. Il remarqua alors que derrière Kyo, il y avait...

- Qu'est-ce qu'il fait, là ? !!! dit-il en pointant son doigt vers Onizuka.

Il était en caleçon. Et vu son apparence, il sortait soit d'une douche, soit de la piscine.

- Je suis tombé sur lui, expliqua Kyo.

- Y'a rien de mieux qu'un plongeon au clair de lune, assura Onizuka en s'ébrouant tel un chien pour se sécher.

- Où vous voyiez une lune pleine ? demanda Shaolan en reculant. Elle est en croissant.

- C'est pareil.

- Et toi, Shaolan, tu as apprécié ton bain de minuit ? demanda Eriol.

- Au début, c'était génial. J'ai vu une nymphe qui sortait nue du...

- Quelqu'un a dit "nue" ? Où est ta nymphe ?

- ... Du bassin, reprit Shaolan. Et lorsqu'elle m'a surpris, elle est venue vers moi et s'est mise en colère.

- Tu ne sais pas parler aux femmes, Li, jugea Onizuka en rejoignant la piscine, laissant les trois élèves derrière lui.

- Ta nymphe, c'est celle qui était devant toi avec un visage digne d'un film d'horreur ? demanda Kyo. Elle avait plutôt l'air d'un fantôme. Depuis quand les fantômes préparent le cent mètre nage libre ?

- Comment dire ? En fait, celle qui est sortie du bassin était bien une personne en chair. Elle était trop loin pour que j'aperçoive son visage. Mais celle qui est venue à moi après, était bien un fantôme.

- Ta nymphe elle est obligatoirement soit vivante, soit morte, s'irrita Eriol. Mais pas les deux !

- Je vous jure que c'est vrai ! Et puis arrêtez de dire « ta nymphe », je ne la connais pas !

Les portes s'ouvrirent brusquement sur Onizuka qui tirait une tête d'assassin.

- Li, où as-tu caché Ayumi ?!

- Ayumi ? Vous avez donné un nom à ce fantôme ?!

- Tais-toi, Ling. Je parle à ton pote. Alors ?

- Je ne sais pas moi ! Elle est partie !

- T'as vraiment le chic pour faire fuir les innocentes jeunes filles. Je comprends pourquoi la petite Sakura t'a rembarré.

- Qui vous a dit ça ?!

- C'est une rumeur que je l'ai lancée à la sortie des cours.

- Je vais vous tuer, m'sieur !

- Allez, dit-il en mettant son bras autour de son épaule, on est quitte. Tu me retrouves la nymphe Ayumi et j'étouffe cette rumeur dans l'oeuf.

- De toute façon, c'est un fantôme cette fille !

- Et alors ? Il suffit qu'elle entre dans le corps d'une autre et le tour est joué. Moi, je suis pas contre les expériences qui sortent de l'ordinaire.

Shaolan, Kyo et Eriol se regardèrent. Un sourire flotta sur leurs lèvres. Onizuka venait de les éclairer sur un point.

- Alors, j'ai menti ?

- Elle s'est emparée d'un corps. Ce qui veut dire que ce mystérieux magicien et cette ombre qui était en réalité un fantôme, sont une seule et même personne.

- Pas certain, objecta Eriol. Ça peut être UNE magicienNE et elle peut très bien se servir du corps d'une innocente victime pour abriter son fantôme.

- Et merde ! dit Kyo. Faut toujours que tes analyses soient plus fines que les miennes. C'est peut-être à cause de tes lunettes. Prête-les moi, dit-il en essayant de les chaparder sur le nez d'Eriol.

- Dégage tes mains !

- Vas-y, prête-les ! Ce ne sont que des lunettes, après tout !

- Oui, mais j'en ai besoin !

- T'es trop radin !

- S'il te plait ferme-là, Kyo, soupira Eriol.

Ils s'éloignèrent sans se préoccuper de leur professeur.

Onizuka s'adossa contre le mur puis sourit. Avec tout ça, il avait oublié son paquet de cigarette au bord de la piscine.

- Pas banal ces trois là, dit-il en songeant aux trois magiciens. Ils m'ont l'air assez costaud pour se sortir seuls de cette histoire, mais... Je suis leur professeur et en tant que tel, je me dois de les surveiller.