Chapitre 8 : Tous soudés face à l'adversité

- Sortez, elle a besoin de repos.

Malgré leurs protestations, l'infirmière ne céda pas. D'un coup de balai, elle fit sortir la petite troupe.

Ils demeurèrent dans le couloir à fixer la porte de l'infirmerie avec frustration. Comment réagirait Sakura face à cette infirmière si déchaînée dans son travail, si à son réveil elle ne voyait aucune tête connue pour la rassurer ?

- J'espère qu'elle se réveillera en meilleure forme, dit Tomoyo.

- C'est pas malin de sa part de louper ses repas ! s'énerva Shaolan. Elle tient à devenir mannequin ou quoi ?

- Hier soir, elle n'avait pas la tête à manger. Et ce matin, on est parti en catastrophe pour ne pas être en retard. Et ce midi...

- Et alors ? Y'a bien des distributeurs dans cette foutue école ! Y'a vraiment que les filles pour ne pas écouter leur ventre quand elles ont faim !

- Tu y vas un peu fort, fit remarquer Eriol.

- C'est pas moi qui suis tombé dans les pommes au beau milieu de l'école !

- C'est que notre Shaolan est très préoccupé par la santé de Sakura ! C'est étonnant. Pourquoi elle ?

- En tout cas, je te remercie Shaolan pour avoir amené Sakura à l'infirmerie. J'aurais eu un peu de difficulté à la traîner jusqu'ici.

- Tu n'as pas à me remercier, dit-il.

C'est elle qui va devoir me remercier et me payer sa dette, pensa-t-il en s'adossant contre le mur.

- Ne fais pas cette tête, Tomoyo ! L'infirmière nous a dit de ne pas nous inquiéter. Y'a un repas qui attends Sakura à son réveil.

- Je ne m'inquiétais pas, répliqua-t-elle amusée. Dis plutôt que tu profites de ce moment pour me passer ton bras autour des épaules.

- Ca ne te gêne pas ? dit-il à son oreille.

- Moi si ! répondit Eriol en empoignant le bras de Kyo et en le tordant.

- T'as pas honte de te montrer aussi violent devant Tomoyo ? s'écria Kyo.

- Et toi, t'as pas honte de l'harceler ? rétorqua Eriol.

Shaolan s'approcha de Tomoyo. Ils s'éloignèrent des deux jouteurs.

- Je peux te poser une question ?

- Concernant Sakura, je suppose ?

- Oui, avoua-t-il gêné. En fait... Je ne sais pas comment te le demander... C'est assez personnel et je comprendrais parfaitement que tu ne veuilles pas me le dire, mais...

- Pose-là ta question, dit-elle amusée. Je verrai, ensuite.

- Et bien... Est-ce que Sakura a un copain ? Si je te demande ça c'est juste pour savoir. C'est peut-être à cause d'une peine de coeur ce qui lui arrive. Tu comprends, en tant que camarade de classe, je me dois de me préoccuper d'elle.

- Tu es très attentionné, Shaolan. C'est étonnant venant de ta part.

- Il ne faut pas écouter tout ce qu'on raconte sur moi.

- Puis-je savoir ce que vous faîtes ici ?!

Le regard des quatre jeunes gens se riva sur le proviseur adjoint, à l'autre bout du couloir.

- On fait quoi ? demanda Kyo en relâchant le col de son ami.

- Il est trop tard pour fuir, répondit Eriol en remettant sa cravate en place, il nous a grillé avec ta voix d'ours.

- Qui c'est qui a une voix d'ours ?!

- Ce n'est vraiment pas le moment, intervient Shaolan.

Le proviseur adjoint s'approchait dangereusement d'eux.

- De toute façon, murmura Shaolan, on a rien a se reprocher. Alors, pour une fois pas la peine de se sentir coupable.

Ils s'alignèrent prestement en ligne.

- Bonjour, monsieur le proviseur ! dirent-ils en choeur.

- Que faites-vous à traîner dans les couloirs alors que les cours de sport ne vont pas tarder à commencer ? Monsieur Li, j'espère que vous et vos amis avez une excellente explication à me fournir.

- Vous voyez cette porte, monsieur ? La réponse à votre question se trouve juste derrière, répondit Shaolan.

- Vous plaisantez ? Nous ne sommes pas dans un jeu télévisé !

- Lisez l'écriteau, intervient Eriol.

- Je sais que c'est l'infirmerie ! Ne jouez pas au plus fin avec moi !

- Et vous ne déduisez rien ? continua Kyo, en se retenant de rire devant le peu de jugeote du proviseur adjoint.

- Je vais vous expliquer, monsieur, reprit Tomoyo qui voyait l'homme devenir rouge de colère. Une de nos camarade s'est trouvée mal et nous l'avons amener à l'infirmerie. Nous venons juste d'en sortir. Si vous ne me croyez pas, demandez donc à l'infirmière.

- Ce n'est pas la peine ! Mais pourquoi venir à quatre ?

- J'ai aidé mademoiselle Daidoji à porter notre camarade jusqu'ici, répondit Shaolan

- Il se trouve que j'avais un mal de tête incroyable, dit Kyo. J'ai donc décidé de venir demander une aspirine. Et c'est là que je suis tombé sur eux.

- Quant à moi, le stress des futurs examens a provoqué quelques étourdissements. Et donc...

- J'ai compris !! Le hasard vous a tous conduit par miracle devant cette porte ! Pensez-vous vraiment que je vais gober ces histoires ?

- Mais c'est la vérité, monsieur !

- Silence ! Pour ces mensonges, vous serez collés tous les quatre avec votre camarade soi disante malade !

- Mais Sakura est vraiment...

- Silence, jeune fille ! Vous devriez avoir honte de fréquenter ces voyous ! Je veux tous vous voir à la fin des cours dans mon bureau ! En attendant, dehors !

Ils ne se firent pas prier.

- Désolé, Tomoyo.

- Ce n'est pas grave.

- Si. Sans nous, il n'aurait pas été aussi dur avec toi.

- C'est trop tard. Maintenant, Sakura et toi vous êtes devenues des voyous de la pire espèce. Des éléments qui ont dévié du chemin lumineux de Bouddha

- C'est quoi ce délire ? demanda-t-elle.

- Ca, c'est le discours que tu vas bientôt entendre de la bouche du Chauve. C'est un fou de religion. Pour lui, nous sommes des agneaux qu'il doit diriger dans le droit chemin pour un jour espérer voir la Chine au firmament, et surtout pour rejoindre à sa mort son idole : Bouddha.

- Je t'assure que dès que tu entends son discours digne d'une secte, t'as plus envie de faire la moindre bêtise pour ne pas retourner le voir.

- Ça ne semble pas vous avoir traumatiser à ce point.

- La première fois, si.

- Je crois que c'était à son arrivée dans l'école. On devait être en cinquième. On s'ennuyait tellement à la cérémonie qu'on est discrètement sorti. Mais le gardien nous a mis la main dessus et nous a envoyé devant le proviseur adjoint qui s'est chargé de nous retourner le cerveau.

- En ressortant, je crois que j'étais prêt à me pendre devant le Dalaï lama pour qu'il interdise au Chauve d'utiliser le nom de Bouddha.

- Pour nous, il n'était pas question de laisser ce dingue dicter sa loi dans l'école.

- Mais, l'idée de devoir passer des heures à écouter ses sermons étaient un vrai obstacle.

- Donc, on a cherché une solution et on l'a trouvé.

- Et c'est quoi ?

- Les boules quiès ! déclarèrent-ils.

- Simple mais efficace.

- Le problème pour ce soir, c'est que je ne les ai pas ramené au lycée depuis le dernier cours du trimestre passé, dit Kyo.

- T'as pas fait ça ?!

- On est cuit, soupira Shaolan. Dans quatre heures, on sera transformé en gentils agneaux obéissants.

- On a survécu une fois, on peut réitéré l'exploit.

- Certainement, à condition que son discours soit spontané et pas préparé à l'avance comme je le redoute.

- Quelle différence ?

- La différence est que lorsqu'il prépare ses sermons, ils ont l'avantage d'être plus longs, plus sermonneur, plus...

- Prise de tête, termina Kyo. Je crois que finalement, j'aurais dû chiper une boîte d'aspirine.

- Bon, jusqu'à ce soir, proposa Shaolan on se quitte pas et on se soutien à fond. Si nos esprits ne font plus qu'un, on s'en sortira quasiment intact.

- Donc, Tomoyo. Tu viens d'intégrer officiellement notre groupe de voyou, dit Kyo.

- Et Sakura ?

- Bien sûr que...

- On verra, coupa Shaolan.

- Pourquoi attendre ?

- Parce qu'elle risque de ne pas être d'accord.

Sakura tendit l'oreille.

L'infirmière discutait avec une élève.

Elle tira lentement le rideau blanc puis à pas de loup elle se dirigea vers la porte. Et sortit.

Elle souffla enfin.

Elle ne pensait pas s'échapper aussi facilement des mains de cette infirmière aux attentions épuisantes, bien que louables. Ses paupières s'étaient à peine relevées qu'un plateau-repas avait surgi, de nulle part, devant ses yeux. L'infirmière s'était postée à ses côtés en lui signifiant qu'elle ne la quitterait pas tant qu'il resterait la moindre miette de nourriture sur le plateau. C'est vrai qu'elle avait sauté trois repas mais quand même ! C'était exceptionnel. Elle n'était pas anorexique aux dernières nouvelles, alors pourquoi veiller à ce qu'elle mange ?

Après ce repas forcé, l'infirmière l'avait séquestrée, l'obligeant à rester allongée sur le lit. Et dire qu'elle avait attendu ce cours de sport ! A cette heure-ci, elle l'avait manqué. Elle pouvait toujours rejoindre le cours de cuisine. Mais hors de question qu'elle avale le moindre morceau. Son estomac était saturé.

Elle aperçut des élèves se diriger vers la bâtiment technique. Elle reconnut les têtes de sa classe mais pas de Tomoyo à l'horizon. Elle était sûrement à l'étage.

Elle passa les portes du bâtiment quand soudain une main lui agrippa le bras.

- Que nous as-tu pêché, aujourd'hui, Faye ?

Trois jeunes filles fixaient Sakura d'un regard méprisant.

- Un sushi en provenance du Japon, railla-t-elle. Veux-tu que je te l'assaisonne, Meilin ?

- Qu'en penses-tu, Jade ? Je crois que tu n'aimes pas les thons.

- Je les déteste, affirma-t-elle. C'est une variété de poisson qui me reste toujours en travers de la gorge. Ils ont toujours la sale manie d'aller nager dans les lagons qui leur sont pourtant interdit.

Sakura étudia les trois lycéennes d'un œil critique.

Hautaine et froide avec sa longue natte brune et ses yeux gris, Jade était jolie mais il régnait autour d'elle une barrière qui la rendait inaccessible car distante. Meilin, par contre, avait un visage plus expressif, et ses deux couettes brunes lui donnaient un air de petite fille malicieuse. Quant à Faye, ses magnifiques yeux améthyste lui conféraient un aspect mystérieux avec ses cheveux noirs qui encadraient son visage.

- Sincèrement, commença Faye, je ne vois pas ce qu'il lui trouve. Mais bon, ton cousin m'étonnera toujours dans tous ses choix.

- C'est vrai, admit Meilin, il n'est pas très doué pour différencier un vrai Prada d'un faux.

- Alors pourquoi on se prend la tête pour elle ? reprit Faye.

- Le "elle" et le "thon", elle a un nom ! s'écria Sakura en se défaisant de la poigne de Faye.

- Kinomoto Sakura, c'est bien ça ? demanda Jade.

- Oui.

- Le problème avec mon cousin, c'est qu'il est du genre à être obnubilé par tout ce qu'il ne peut pas posséder. Les autres filles, elles n'étaient pas très malignes. Elles lui ont offert le forfait à la carte et tout compris en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Mais cette fille là... Elle est futée. Pour le moment, mon cousin court après ce forfait si alléchant mais à la longue il va souscrire à un abonnement à durée indéterminé. Et ça, pas question !

- Donc, qu'est-ce qu'on fait d'elle ?

- Une petite frousse pour commencer, répondit Meilin. Jade ?

- Ca me va.

- Hé ! Je ne sais pas de quoi vous parlez ! Je ne connais même pas ce cousin alors laissez-moi partir !

- Li Shaolan, ça ne te dit rien ?

- Si, mais... Hé ! Vous ne croyez tout de même pas que je veux sortir avec lui ?! Vous êtes folles ou quoi ?!

- Ton manège est on ne peut plus clair. Tu joues les filles difficiles mais on sait que tu rêves comme toutes les autres de sortir avec Shaolan. Et y'a aussi ta copine... C'est quoi son nom, déjà ?

- Tomoyo, répondit Faye.

- Elle a l'air d'une sainte nitouche mais elle cache bien son jeu en jouant sur deux tableaux. Elle a intérêt à s'éloigner d'Eriol et de Kyo.

- Si vous agissez ainsi c'est vraiment que vous doutez de votre charme. Après tout, je ne suis qu'un thon. Face à vous, je ne fais vraiment pas le poids. Alors pourquoi ces menaces et ses insultes ?

- Selon toi, Faye, pourquoi ?

- Pourquoi ? Et bien, parce que les hommes ont tendance à aller voir dans les jardins sans saveur alors qu'ils ont l'éden à deux pas de leur maison. Ils ne prennent vraiment conscience de leur trésor qu'après avoir constaté par eux même que ces jardins n'étaient qu'épines. Le hic, c'est que certains jardins ressemblent en tout point à l'éden jusqu'à en exhaler le même parfum, sauf que ce parfum est empoisonné. Et nos hommes dans ce cas prennent plus de temps à rouvrir les yeux sur l'essentiel.

- Vous êtes du jour à aimer les métaphores, remarqua Sakura, acerbe.

Elles avancèrent vers elle jusqu'à l'acculer au mur.

- Un conseil, ne joue pas avec nous, l'avertit Meilin. Si tu ne veux pas que ton amie et toi ayez tous les lycéens de l'école sur le dos, vous avez intérêt à vous éloigner de Shaolan, Eriol et Kyo.

- Restez dans votre coin et vous passerez une année scolaire tranquille, continua Jade.

- C'est un avertissement que nous te donnons. Un autre faux-pas et vous le regretterez. C'est clair, menaça Faye.

Meilin remit la cravate de Sakura en place puis s'éloigna en riant avec ses deux amies.

Sakura fulminait de rage et non de peur. Personne ne lui dictait ce qu'elle devait faire et encore moins qui elle devait fréquenter ou non, sauf son père.

- Non, ce n'est pas clair ! Si je veux empoisonner Shaolan, je le ferai et il succombera ! Et Tomoyo sera la seule à choisir celui qu'elle veut !

Sur ce, elle ne se risqua pas à attendre la réaction des trois filles. Elle se rua vers les escaliers pour rejoindre la salle de cuisine.

- Sakura !

Elle s'immobilisa devant la salle de cours.

- Oui, Aya ?

- Je croyais que tu étais à l'infirmerie, dit-elle essoufflée. C'est Tomoyo.

- Tomoyo ? Qu'est-ce qu'elle a ? demanda-t-elle affolée.

- Rien. Calme-toi. J'ai juste un message pour toi. Elle te demande de la rejoindre au gymnase Est.

- Elle ne vient pas en cours de cuisine ?

- J'en sais rien. Je fais juste le facteur. Ne t'inquiète pas. Je dirais au prof que vous êtes à l'infirmerie.

- Merci ! lança-t-elle.

Sakura dévala les escaliers, traversa la cour en direction du gymnase, en se demandant pour quelles raisons Tomoyo séchait le cours.

Elle était pressée de retrouver son amie. Traîner seule dans le gymnase n'était pas très rassurant surtout qu'elle ne croisait que des garçons pour le moment.

Elle s'arrêta et songea alors qu'elle aurait sans doute dû attendre Tomoyo à l'extérieur du gymnase. Malgré tout, elle alla voir de ses propres yeux quel sport se pratiquait dans ces lieux.

De la boxe, plus particulièrement de la boxe chinoise.

Elle avança parmi les jeunes gens, avec un sourire crispé. De l'audace, elle en avait peut-être un peu trop usée, là. Quelle soulagement lorsqu'elle reconnut enfin deux têtes familières ! Elle s'approcha de Kyo qui se tenait en face du ring.

- Il n'est pas mauvais, remarqua-t-elle.

La seule voix féminine ne passa pas inaperçue aux oreilles d'un certain boxeur. Etonné, Shaolan détourna son attention de son adversaire. Ce dernier profita de cette inattention pour lui porter un coup au visage.

Shaolan chancela mais se rattrapa. Aussitôt, il sortit précipitamment du ring pour faire face à Sakura.

En voyant le sang perler au coin de sa lèvre, Sakura avança la main. Shaolan lui saisit le poignet au vol, le sourcil froncé.

- Tu es...

- Qu'est-ce que tu fais ici ?! coupa-t-il furieux.

- Tu vas bien ? s'enquit-elle sans se formaliser de sa mauvaise humeur.

- Je te repose ma question !

- Et moi la mienne, rétorqua-t-elle sèchement, mais si tu es capable de me hurler dessus comme un dingue, c'est que tu es en forme !

Continuer à s'époumoner comme ils le faisaient, ne les mènerait à rien. De plus, Shaolan remarqua l'intérêt croissant de la salle. Même les murs semblaient attendre la suite de leur dispute. Ils se donnaient en spectacle pour le plaisir des spectateurs. Cela ne le gênait pas mais il savait à quel point Sakura virait facilement au rouge.

- Viens, dit-il plus calmement, on va continuer cette conversation ailleurs.

- Et pourquoi ? Nous n'avons jamais rien eu de personnel à nous dire à ce que je sache. A moins que les rumeurs soient fondées et que tu n'en profites pour me sauter dessus !

Atterré par les paroles de la jeune fille, Shaolan soupira et porta sa main à son front. Sakura était impossible à gérer quand elle s'emportait. Elle ne mesurait plus ses paroles.

- Je flippe rien qu'en imaginant ce qui m'attend dès que tu ouvres la bouche.

- D'accord, je m'en vais ! De toute façon, j'étais à la recherche de Tomoyo !

Elle tourna les talons.

- Attends, Sakura ! Toi, ajouta-t-il à l'intention de Kyo, le moindre commentaire et t'es mort.

Shaolan s'élança à la poursuite de Sakura. Il ne la chercha pas longtemps.

Elle l'attendait dans le couloir, adossée contre le mur.

- C'est pas trop tôt !

Il faillit tomber à la renverse. A quoi jouait-elle ? Elle n'était pas censée être à des kilomètres ? Au lieu de cela, elle l'attendait.

- C'est toi qui voulais une conversation privée, non ? dit-elle pour répondre à la mine abasourdie de Shaolan. Pas la peine de faire une tête d'idiot.

- Excuse-moi pour cette tête d'idiot mais j'ai du mal à me faire à tes différents traits de caractères.

- Ah, Sakura, t'es là !

Tomoyo lui sauta au cou.

- C'est moi qui devrais dire ça. Tu ne devrais pas être en cours ?

- Ca y est, la bande des voyous est au complet ! déclara Kyo en déboulant du gymnase.

- Woé... Quelqu'un peu m'expliquer ?

Et surtout m'expliquer pourquoi je retrouve Tomoyo avec Eriol ?

- Sans problème !

Kyo se fit un devoir de mettre Sakura au courant des derniers événements.

- S j'ai bien compris, je suis convoquée au bureau du Chauve alors que je n'ai rien à me reprocher, et tout ça à cause de vous ?

- Tu comprends vite, c'est bien.

- C'est injuste !

- On ne te le fait pas dire, acquiesça Kyo.

- Non... En fait, je ne peux pas vous en vouloir. C'est de ma faute.

- Tu l'as dit ! s'écria Shaolan. T'as une dette envers moi.

- Depuis quand les bonnes actions sont facturées ?

- Chez moi, on paie tout.

- T'es radin à ce point ?

- Encore trois centimètres et vous êtes bons pour vous embrasser, dit Kyo en surgissant entre les deux.

Shaolan et Sakura s'écartèrent l'un de l'autre en sursautant.

- Ca vous dirait un petit tour sur le toit avant d'aller chez le Chauve ?

- Et pourquoi on devrait vous suivre ? s'énerva Sakura. On a un cours !

- Libre à toi d'y aller, p'tite tête. Si tu tiens à faire des petits gâteaux pendant que le Chauve décidera de ton week-end.

- A quoi ça va me servir de sécher à part doubler ma peine ?

- C'est juste, dit Shaolan. Tu peux te la jouer solo si tu veux. C'est ce que souhaite le Chauve. En ce moment, il doit être à ta recherche et celle de Tomoyo pour tenter de vous liguer l'une contre l'autre. Sa spécialité, c'est isoler l'élève pour lui faire comprendre que le mieux pour lui est d'avouer et de balancer ses potes. Si on arrive soudé devant lui, il ne pourra rien faire. Car sans preuve, il ne peut pas nous donner d'heures de colle. Par contre, si chacun tente de sauver sa peau, il y en aura forcément un de nous cinq qui payera les pots cassés ce week-end. T'as pigé, p'tite tête ?

- Tu m'énerves !

- On se change et on revient, dit-il. Ne bougez surtout pas d'ici.

Elle qui désirait éviter Shaolan en dehors des heures de cours, c'était mal parti. Quelle histoire ! Sans son évanouissement, elle n'aurait pas eu à côtoyer Shaolan d'aussi près. Et maintenant que ses groupies s'y étaient mises, sa vie au lycée n'allait pas être de tout repos.

- Tu vas mieux ?

- Oui. Je manquais de sucre, c'est tout.

- Qui c'est Phoebe ?

- J'en sais rien. Je devrais la connaître ?

- Non.

- J'ai été étonnée de te voir avec ces trois là.

- Moi, aussi. Mais, ils sont très drôles. Tu verras. On ne s'ennuie pas avec eux.

- Oui, mais je doute que cette nouvelle amitié plaise à tout le monde.

- Les fans du trio comique, c'est ça ?

- J'ai fait la connaissance de trois d'entre-elles. Elles m'ont conseillé de nous éloigner de leurs idoles sous peine de représailles.

- Tu vas suivre leur "conseil" ?

- Je n'aime pas qu'on me dicte ce que je dois faire. Et si je les écoute, c'est comme si j'admettais leur supériorité. Je n'ai pas peur de les affronter, moi ! Et toi ?

- Je suis du même avis que toi, ma Sakura.

- On n'a pas été trop long ?

La voix de Kyo retentit dans le couloir.

- Arrête de crier, imbécile ! Comme si on n'avait pas assez d'ennuis comme ça.

- Venez, mesdemoiselles, dit Kyo en passant son bras sous celui de Sakura et de Tomoyo, je vous emmène au septième ciel.

BONG

- Excusez-le pour cet humour douteux, dit Shaolan. Et si nous allions sur ce toit ?

- Un de ces jours, vous allez vraiment me blesser, s'alarma Kyo. Et vous, ça vous faire rire ! Les filles sont devenues bien cruelles de nos jours, snif.

- Tu as vraiment des dons de comiques. C'est un plus pour séduire une fille.

- C'est vrai ? Et ça marche avec vous ?

- Et c'est reparti pour un tour !

La récréation ne dura pas éternellement. Les plaisanteries prirent fin avec le son de la cloche qui annonçait la fin des cours.

Traînant des pieds, la joyeuse bande se présenta au bureau du principal adjoint.

L'intérieur avait tout d'un temple bouddhiste avec ses icônes à l'effigie du Bouddha et ses baguettes d'encens posées sur tous les supports possibles.

Ils s'alignèrent devant leur proviseur adjoint et le saluèrent.

- Je suis étonnée de vous voir dans mon bureau. Je pensais qu'après avoir séché vos précédents cours vous n'auriez pas le toupet de réapparaître devant moi. Je me suis trompé. La désobéissance, l'insolence et le goût du risque coulant dans vos veines, j'aurais dû me douter que vous agiriez de la sorte ! Mais vous, mesdemoiselles, je ne comprends pas. Vous semblez être deux élèves modèles. Qu'avez-vous à gagner à suivre ces trois cancres ?

Il se leva de son siège. Les mains derrière son dos, il fixa la cour à travers la fenêtre puis leva les yeux vers le ciel.

- Ca va commencer, murmura Kyo à Sakura et Tomoyo qui se tenaient respectivement à sa droite et à sa gauche. Surtout ne tentez pas de comprendre ce qu'il raconte. N'essayez pas de le suivre dans son délire. Pensez à autre chose, n'importe quoi mais pas à son discours, sinon c'est la fin pour vous.

Le proviseur adjoint se tourna vers ses élèves.

- Voyez-vous, de mon temps, les jeunes gens travaillaient durs non pas pour les études mais pour aider leur famille à survivre dans la pauvreté. Nous n'étions pas encore cette nation démocratique tournée vers l'Europe. Le pays était en construction. Chacun donnait de son énergie pour qu'un jour nos descendants puissent être fiers de leur nation. Bouddha nous a donné la force d'avancer. Sa lumière a illuminé le petit dragon rouge pour qu'il puisse se réchauffer, grandir et se transformer en un gigantesque et flamboyant dragon. Et aujourd'hui, nous sommes parvenus à nous hisser parmi l'élite mondiale jusqu'à pouvoir entrer au sein de l'OMC...

Je me demande vraiment qui est cette Phoebe, songea Tomoyo. Je ne crois pas que Sakura m'ait menti. Elle ne sait pas qui est cette fille mais pourtant elle m'en a parlé pendant son sorte de délire. Elle a peut-être rencontré cette Phoebe en Grèce, et son amnésie a dû effacer sa trace dans sa mémoire. C'est la seule explication plausible. Elle disait que c'était son amie. Sakura m'aurait-elle remplacée durant son séjour en Grèce ?

Est-ce que c'est normal de se sentir aussi fatiguée en ce début de rentrée ? se demanda Kyo. Vivement les vacances d'été et les jolies filles en bikini sur la plage. D'ailleurs, en parlant de jolies filles, je me demande s'il y aurait pas moyen de voir Tomoyo et Sakura en deux pièces. Parce que le maillot de bain de l'école, il est limite pour les nones. Je dois trouver un moyen pour passer ces vacances d'été avec mes deux fleurs sur une plage de sables fins. Nota benêt : ne pas en faire part au deux cousins Li.

Finalement, c'est pas si difficile de se faire à la présence de Shaolan, songea Sakura. Il semble avoir compris que je n'étais pas intéressée par lui. Et comme ami, il assure, il faut le dire. Je crois qu'il n'est pas du genre à lâcher un pote. S'il est si fidèle en amitié pourquoi il ne le serait pas en amour ? Il n'a peut-être pas trouvée celle qu'il lui fallait. Mais loin de moi l'idée de tenter d'être cette fille.

Je suis certain que Sakura a un copain, pensa Shaolan. Sinon, je ne comprends pas pourquoi elle aurait rejeté ma proposition de sortir avec moi. (Tu ne serais pas un peu narcissique sur les bords, Shaolan ? ) A moins qu'elle ne soit pas attiré par un mec aussi instable que moi. (C'est bien, t'es redevu objectif -) Qu'est-ce que je dois faire ? Elle semble me tolérer en tant qu'ami. C'est déjà un début. Si je parviens à lui prouver que je ne suis pas ce Don Juan que les rumeurs décrivent, elle acceptera sûrement de devenir ma petite amie. Mais il y a du boulot.

Pourquoi est-ce que je ne ressens plus ces deux fortes énergies ? se demanda Eriol. Leur magie est opposée par leur nature mais se complètent. Elles sont arrivées en ville, il y a environ deux heures. Danger à l'horizon ou est-ce le conseil qui a demandé à deux magiciens de venir à Honk Kong ? Le conseil ne me répondra jamais. Et je me demande si Shaolan et Kyo ont ressenti ces deux forces magiques ? Je leur en parlerai plus tard.

- ... Vous comprenez donc que vous vous devez de rendre hommage à Bouddha en suivant son enseignement. Ainsi, vous contribuerez à élever la Chine vers la cime du triomphe mais également à assurer un avenir radieux à vos enfants et petits-enfants. Comprenez donc que votre comportement de cet après-midi était en total inadéquation avec ma vision et celle du règlement, vous en conviendrez ? Je tiens à être juste envers chacun de vous. Néanmoins, je pourrais reconsidérez votre situation si de nouveaux éléments venaient être portés à ma connaissance.

- Je crois parler au nom de chacun de mes camarades, en vous disant, que nous n'avons rien de plus à vous dire. Nous avions chacun une raison valable de nous trouver à l'infirmerie. Si à vos yeux nous sommes en fautes et bien... il n'y a plus rien à ajouter.

- Et vous, mesdemoiselles ?

- En ce qui me concerne, dit Sakura, je n'ai pas l'impression d'être coupable.

- Moi de même, renchérit Tomoyo.

- Bien. Je vois, monsieur Li, que vous êtes parvenu à enrôler deux nouveaux membres dont l'entêtement est digne du vôtre. Je n'ai rien d'autres à ajouter.

- Nous pouvons partir ?

- Oui.

Ils se dirigèrent vers la porte quand :

- Mais vous êtes tout de même collés pour avoir séché vos cours de l'après-midi.

- Oh, non, monsieur !

- Réservez-moi votre samedi. Nous allons voir si votre esprit d'équipe survivra à une matinée de nettoyage, dit-il avec un sourire sadique.

Shaolan qui fut le dernier à sortir du bureau referma violement la porte pour manifester son mécontentement.

- Il a eu la haine de ne pas nous choper sur la première affaire alors il se rattrape sur une autre.

- Finalement, vous n'auriez peut-être pas dû nous suivre, dit Eriol. Vous auriez évité la colle.

- Je ne regrette rien, dit Tomoyo. Je me doutais bien que s'il n'obtenait pas satisfaction sur l'histoire de l'infirmerie, il aurait trouvé un moyen de nous punir.

- Un samedi dans cette école. Comme si j'avais que ça à faire !

- On peut toujours s'arranger pour que ce samedi soit amusant, nota Shaolan.

- Je ne vois pas ce qu'il y a d'amusant à nettoyer une salle de classe un samedi, déclara Sakura.

- T'as jamais vu un Disney ?

- Je ne vois pas le rapport.

- Tu manques de culture disneyenne.

- Alors moi aussi j'en manque parce que je ne saisis pas l'allusion, dit Kyo.

- Merlin l'enchanteur, la Belle et la bête...

- Rassure-moi, coupa Tomoyo, tu ne vas pas nous énoncer la liste de tes DVD Disney.

- Non ! Vous êtes vraiment nuls ! Chez Disney, les personnages s'aident de la magie pour faire le ménage !

- Bon, quelqu'un aurait-il une idée pour égayer ce samedi ? continua Eriol.

- Personne ne m'a entendu ou quoi ?

- Je crois que le discours du Chauve t'a déréglé le cerveau. La magie pour faire le ménage. T'es magicien ? ironisa Kyo avec un clin d'oeil.

- Je ne parlais pas de la magie avec des baguettes et des fées, mais la magie de la bonne humeur ! Un peu de musique, des petits gâteaux, des gens qui s'apprécient et le tour est joué !

Ils continuèrent à se charrier le long du chemin qui les menait vers les grilles de l'école.

- Pour ce samedi, je vous prépare un emploi du temps sensass', déclara Kyo.

- On est mardi, fit remarquer Eriol. Tu n'as pas l'impression de t'y prendre un peu tôt ?

- C'est toi qui lui reproches d'être toujours à la bourre, rétorqua Shaolan.

- Ouais. Donc pour une fois, conclut Kyo, je m'y prends à l'avance !

Sakura s'était immobilisée avec Tomoyo.

Kyo fut le premier à remarquer leur retard.

- Eh, les filles ! Qu'est-ce que vous faîtes ?

Le visage de Sakura s'était subitement illuminé.

A suivre…

J'ai toujours eu le mot "suite " en horreur. C'est vrai koi ! A chaque fois, il faut que l'auteur ou le réalisateur de la série vous coupe au moment le plus intense. Et après, on doit se taper une bonne semaine, voir plus quand il s'agit d'un livre comme Harry Potter, avant d'avoir cette sacro sainte "suite".

Et malgré cela, j'ose - oui j'ose - vous faire la même chose ! (Wouah, ça rime !) Euh… pas fâché, hein ?

Shaolan : de toute façon, je me demande qui lira cette suite que t'essaies de vendre. Alors s'il te plait arrête de te la péter et clôture-moi cette histoire en, disons, deux chapitre maximum pour demain.

Feylie : Deux chapitres ! Tu crois que je travaille pour ton père ! Et puis, comment je vais pouvoir clôturer aussi rapidement ? Alors, là pas question, mon vieux ! Tu vas devoir faire des heures sup mais pas moi ! J'ai mes études, ma famille, mon mec, non vraiment tu rêves, là !

Shaolan : Je vais me plaindre à la SPF.

Feylie : tu voulais dire SPA, non ?

Shaolan : et en plus les fanficteurs sont stupides. La SPF, c'est le Syndicat des Persos de Fic. Alors t'as peur, hein ?

Feylie : Je te répondrais à ma prochaine intro parce que là je suis morte de rire.

Pour ceux qui sont toujours décidés à lire la fic, je vais essayer de me booster à mort, lol. Et comme je peux me permettre de lancer des chapitres en gros, je verrais d'ici, lundi pour la suite. Le titre du prochain chapitre ?... « Jalousie dans l'air » !

Salut -