Chapitre 11 : Un visiteur inattendu
Wei leur apporta le déjeuner dans un panier avec la complicité du gardien qui le leur remit. Après avoir compatit à leur malheur, il les quitta.
- Ca à l'air drôlement bon. Ça vient d'un restaurant ? demanda Tomoyo.
- Non, Wei cuisine lui-même les plats que je mange, répondit Shaolan.
- Il craint que l'une de tes ex empoisonne ton repas ? railla Sakura.
- Peut-être. Le poison n'est-il pas l'arme des filles possessives et jalouses ? rétorqua Shaolan sur le même ton moqueur.
- Si, mais certaines ne s'abaisseraient pas à l'utiliser contre les mecs qui n'en valent pas la peine.
- Et que feraient-elles pour se venger ? Une crise d'hystérie ?
- Non, elles opteraient pour un geste radicale et symbolique.
- Et lequel ?
- L'objet contenant cette fameuse liste trouveraient une place de choix au fond d'une baignoire pleine d'eau.
- C'est sadique mais bien dans la veine de ce genre de fille.
- Je voudrais bien qu'on me traduise cette chaîne, dit Kyo, interrompant ainsi l'échange acerbe entre les deux amis, parce que je n'y comprends rien du tout.
- A mon avis, il n'y a rien à comprendre, jugea Tomoyo. Ça ne nous concerne pas.
Le silence qui s'était installé entre Shaolan et Sakura contamina l'atmosphère. Quand soudain, une ombre affamée leur sauta dessus.
Sakura et Tomoyo s'écartèrent en criant. La bête poilue se rua alors sur la nourriture étalée sur la table.
- Putain, que ch'est bon !
Ils considérèrent plus longuement ce panda devant eux. Un panda parlant ? Ça n'existe pas, ça n'existe pas... et pourquoi pas ?
Shaolan saisit sa tête et tira un coup sec.
- Onizuka ?! s'etonnèrent-ils en choeur.
- Quoi ? Vous avez jamais vu un panda affamé ?
- On n'a jamais vu un prof se déguiser en panda et engloutir toute la nourriture de ses élèves ! rétorqua Shaolan en le poussant de la table.
- T'es un vrai radin, Li. Tu pourrais partager !
- Et vous, vous pourriez être moins "sans-gêne" !
- C'est pas de ma faute, dit-il en se rasseyant, j'ai senti la bonne odeur de ramen. J'ai pas pu résisté. On peut savoir ce que vous faîtes là ?
- On vous pose la même question !
- Il habite sur le toit de notre bâtiment de cours, répondit Tomoyo. Vous ne le saviez pas ? Il nous l'a dit lors de la cérémonie.
- Ah, c'est pour ça que l'autre soir... Je me disais aussi que ce n'était pas son genre de rester tard la nuit dans le but de préparer un vrai cours à ses élèves, se moqua Kyo.
- Et si vous me disiez ce que vous faîtes sur mon territoire.
- On est collé pendant toute la journée, répondit Eriol.
- La vache ! Je savais pas qu'en Chine, on était aussi sévère. Et moi, qui me plaignais autrefois de mes quatre heures de colle par semaine !
- Ca fait seize heures de colle par mois ! Je préfère encore notre traitement, dit Shaolan.
- Ca fait que six heures de plus que vous et je vous préviens que j'y passais pas mon samedi entier.
- Ca va ! Pas la peine d'enfoncer le couteau dans la plaie.
- Y'a un truc qui me tracasse. Pourquoi mes deux meilleurs éléments sont-ils collés avec vous ?
- Et bien, je...
- Je parlais de ma frangine Tomoyo et de ma fleur de cerisier, pas du singe Kyo.
- Par esprit de solidarité, répondit Tomoyo.
- Vous voyiez ça ?!! Le Japon doit être fier de compter parmi sa population deux filles aussi généreuses et compréhensives !
- Généreuse et compréhensive, ces qualités ne sont à attribuer qu'à une seule d'entre elles.
- A votre place, les filles, j'aurais lâché Li. Il ne mérite vraiment pas votre gentillesse. Et je suppose que sa colère est dirigée vers toi, ma petite Sakura.
Il mit ses mains autour de ses épaules.
- Tu ne devrais pas t'intéresser à un sale gamin pourri et gâté comme lui. Il y a pleins d'hommes digne de ce nom qui attendent la tendresse d'une belle fleur de cerisier.
- Onizuka ôte tes salles pattes de Sakura, prévient Shaolan dont le poing commençait à le démanger.
- Mes salles pattes te gênent, Sakura ?
- Non.
Onizuka surprit le regard noir de Shaolan. Il l'ignora royalement.
- Dans ce cas, allons donc faire un tour dans mon nid. Je vais te montrer à quel point je manque d'amour. Tu es d'accord, Sakura ?
- Pourquoi pas.
- Tu nous accompagnes, Tomoyo ?
- Bien sûr.
- On vient aussi !
- Non ! Restez donc à nettoyer le gymnase et les salles de classes. Je peux très bien m'occuper seul de ces deux jeunes filles.
Les mains de Tomoyo et de Sakura dans les siennes, il y déposa un baiser sous les regards haineux des trois garçons.
- Allons-y mes princesses.
- Onizuka, tu viens de signer ton arrêt de mort, déclara Shaolan entre ses dents.
- Et surtout, prenez tout votre temps !
Il fit un clin d'oeil aux garçons avant de quitter le gymnase.
- Je le tuerais s'il touche...
- Tu sais très bien que c'est juste pour rire, coupa Eriol. Il ne leur fera rien.
- Comment peux-tu en être aussi sûr ? lui demanda Kyo tout aussi exaspéré par Onizuka et ses manières de pervers. On ne sait rien de lui. Ça se trouve, il a été viré de son ancienne école pour harcèlement sexuel sur ses élèves ou pire ! Elles sont en danger avec lui !
- Arrêtez un peu de dire n'importe quoi. Vous pensez vraiment que le proviseur aurait embauché ce mec si son passé était douteux ?
- Il a peut-être changé de nom, avança Shaolan.
- C'est vrai, il n'est pas net, continua Kyo. Comment ça se fait qu'il soit au courant pour le nettoyage alors qu'au début il s'est étonné de nous voir ici ? Il nous cache des choses.
- Si on veux réellement savoir ce que trame Onizuka, on a qu'à se dépêcher de tout nettoyer et...
Il terminait à peine sa phrase que déjà Kyo et Shaolan invoquait leurs esprits.
Ils expédièrent leurs tâches en moins de quinze minutes. La dernière salle qui reçut leurs soins express fut la leur.
Leur besogne terminée, ils montèrent les escaliers qui menaient vers le toit. Devant les dernières marches, ils découvrirent un rideau bleu où l'on distinguait un GTO inscrit en grosses lettres noires, et des petits mots.
Ils s'approchèrent pour lire.
"Hey, Onizuka, t'as intérêt à ne pas nous oublier. Sinon, je te jure que tu pourras tirer un trait sur ma mère. Quoique... Non, reste en Chine comme ça je serai débarrassé d'une tare comme toi. Murai."
"Je te préviens Onizuka, ne profite pas du fait que je sois loin de toi pour séduire des chinoises. Si tu me trompes avec l'une d'entre elles, je le saurai grâce à mon QI élevé, et je te retrouverai. Et crois-moi tu passeras un sale quart d'heure. Urumi."
" Quelle tristesse de devoir nous séparer d'un collègue aussi talentueux que vous. Mais ce n'est qu'un au revoir, n'est-ce pas ? Revenez-moi, Eikichi. J'ai tant de choses à apprendre de vous. Azusa."
"Oni-san, je suis si triste que vous partiez. Vous reviendrez, hein ? Parce que m'avez promis d'être toujours à mes côtés. Quand vous reviendrez, je serai une immense vedette pour vous. Je vous aime. Tomoko."
- Hé ben, c'est pas les fans qui lui manque. Vous avez vu ça ?
- Derrière ses airs d'imbéciles heureux, il assure avec les filles.
- Faut dire qu'il n'est pas moche sauf quand il fait ses grimaces et sa tête de pervers. Ça se voit que c'est un sportif. Il a des airs de rebelles et il fait rire. Son style plait. La preuve, Sakura et Tomoyo ont succombé.
"Kyaaaaaaaaaaaaaaah !"
- C'est la voix de Sakura ! s'exclama Shaolan.
Ils tendirent l'oreille.
"Attendez, m'sieur ! C'est la première fois.
- Fais-moi confiance. Tu n'as qu'à fermer les yeux, je m'occupe du reste. Le grand saut, ça passe toujours avec moi. Jusqu'à maintenant, je n'ai jamais déçu personne.
- D'accord, mais allez-y doucement."
S'en fut trop pour Shaolan.
Il gravit les dernières marches sans s'attarder sur les objets qui se tassaient autour de lui. Il découvrit Sakura au bord du toit qui s'apprêtait à sauter. Onizuka vérifiait la corde autour de ses chevilles. Tomoyo attendait, visiblement aussi inquiète que lui.
Il vit rouge.
- Mais vous n'êtes pas bien dans votre tête ! cria-t-il, furieux, en s'élançant sur Onizuka. Vous êtes à ce point inconscient pour inciter une de vos élèves à sauter du toit ?! Vous mesurez un peu le danger ?!
- J'ai déjà fait ça auparavant. Ça n'a jamais raté alors vient pas nous porter la poisse Li.
- Sakura, descend de là !
- Non.
- Un peu d'initiative si tu veux cueillir la fleur sur son cerisier, se moqua Onizuka.
Fâché, Shaolan s'approcha de Sakura et la saisit. Le bras autour de sa taille, il la tira sur lui. Déstabilisé, il tomba en arrière avec elle. Il soupira en la sachant en sécurité entre ses bras.
Soulagé, il accentua la pression de son étreinte. Le parfum de Sakura l'enivrait. Il ferma les yeux pour profiter de cet instant mais Sakura ne lui en laissa pas le temps.
Elle le gifla puis s'écarta de lui. Furieuse, elle défit avec difficulté le noeud et se libéra de la corde qui enserrait ses chevilles.
Elle se releva.
- Ne t'occupe plus de mes affaires !
- C'est ce que je vais faire à l'avenir, puisque les remerciements tu connais pas, répliqua-t-il tout aussi sèchement.
Ils se toisèrent du regard puis finalement ils se tournèrent le dos, les bras croisés sur leur poitrine et bien décidés à se faire la tête pendant un bon moment.
- Je ne savais pas qu'on avait des gamins à garder aujourd'hui, dit Eriol.
- Il suffira de les tenir éloigné pour ne pas créer de bagarres, ajouta Tomoyo.
- Je crois qu'on va devoir tirer un trait sur la rigolade, jugea Kyo.
- Vous voulez vous amuser ? Pas de problème ! Onizuka s'occupe de tout. Ça vous dirait de piquer une tête dans la piscine ? Pour les maillots, ne vous inquiétez pas. J'en ai toujours sous la main pour les filles.
Le regard pervers de Onizuka ne manqua pas d'hérisser les poils des trois garçons. Ils étaient à la fois enthousiasmes à l'idée de contempler les deux japonaises en maillot mais ils étaient surtout inquiet à l'idée que Onizuka leur fasse porter une chose à la limite de l'indécence.
- Ce n'est pas la peine, dit Tomoyo. Nos maillots sont dans nos casiers.
- Dommage !
Les trois garçons soupirèrent de soulagement.
Sakura et Tomoyo descendirent chercher leur maillot de bain. Rendez-vous fut donné dans la piscine du pôle lycéen.
- C'est quoi le problème entre Shaolan et toi ?
- Il n'y a aucun problème.
- Je te connais, Sakura.
- Que veux-tu que je te dise ? Il m'énerve parfois. C'est tout.
- Pourquoi ?
- Je ne veux pas qu'il joue les mecs attentionnés avec moi. Il veut que je sorte avec lui mais moi je ne veux pas, si c'est pour finir dans son portable. Je veux qu'il me laisse tranquille au lieu de chercher à me réconforter, à m'écouter et à me dire ces mots que j'attends et à vouloir me protéger alors qu'il ne ressent rien pour moi... J'ai peur de tomber amoureuse de lui et de souffrir.
- Sakura...
- Je sais ce qu'on raconte sur lui. Pourtant, j'ai l'impression que tout ça est faux. Il cherche à cacher ce qu'il est, à ne pas dévoiler ses faiblesses ni ses douleurs. Il comprend ce que je suis et...
Elle frappa doucement son front contre la porte de son casier.
- Je me fais des films, reprit-elle. Je le connais à peine et j'ose dire des choses pareilles. Tomoyo, aide-moi ! Je crois que je m'attache. Une voix dans ma tête me dit de me méfier et de ne pas donner mon coeur... J'essaie de l'écouter mais c'est si dur.
- Laisse-toi un peu de temps. Cherche à mieux le connaître et tu verras. Tu as raison, il ne faut pas se fier aux rumeurs. Le mieux est de te forger ta propre opinion sur lui. Donne-toi du temps pour juger si c'est une attirance ou un vrai coup de foudre. En attendant, ne le repousse pas aussi brusquement. Il va finir par croire que tu le détestes réellement.
- Tu crois ?
- Oui.
- Tu as raison ! Je vais essayer de me faire pardonnez. Après tout, il n'a voulu que mon bien en m'empêchant de sauter.
- Sérieusement, tu l'aurais fait ?
- Sérieusement... ? Non !
Le coeur plus léger, Sakura prit le bras de son amie et la tira en riant vers la piscine.
Onizuka, du haut de son perchoir, effectua un saut que lui seul était capable d'accomplir et qui aurait été interdit lors d'une compétition olympique. Eriol et Kyo se disputaient, comme à l'accoutumée, sur la validité du saut. Et Shaolan...
Sakura aperçut le jeune homme assis au bord du bassin, les pieds dans l'eau. Elle s'empourpra légèrement lorsque son regard s'attarda sur son torse musclé. (Oh que je te comprends, Sakura -!) Elle ramena ses pensées avant que ceux-ci ne l'emportent un peu trop loin.
Tomoyo la poussa gentiment à rejoindre Shaolan. Elle s'éloigna après lui avoir fait un clin d'oeil complice. Sakura s'approcha lentement. Comment allait-elle l'aborder ? Il allait certainement la repousser.
- Je peux m'asseoir ?
- Je ne sais pas. Est-ce que tu vas encore m'accuser de m'occuper de tes affaires ?
- Ce n'est pas ce que je voulais dire.
- Et que voulez-tu dire ? Tu avais raison. Toi et moi, ça n'irait pas. Je n'aime pas les prises de tête et encore moins l'idée qu'une copine ne me fasse pas confiance. Ce n'est pas parce que j'ai des numéros que je vais les appeler derrière ton dos. Si tu me demandais de les effacer, ça ne signifierait que deux choses. Soit tu n'as pas confiance en moi, soit tu doutes vraiment de notre amour. Et ça, je le supporterai pas. Moi, j'accepterai que tu ais des mecs dans ta vie même si ça me rend fou de jalousie. Le principal, c'est que je sache que tu m'aimes. Ça suffira à me rassurer.
- C'est drôle.
- Qu'est-ce qui est drôle ?
- On parle comme si on sortait ensemble alors que ce n'est pas le cas. Si en étant de simples amis on en arrive à de tels disputes, je me demande comment ça se passera quand on sortira ensemble.
- T'as utilisé le futur. Ce qui veut dire que tu comptes bien...
- Non ! coupa-t-elle. Ne te berce pas d'illusions, Li. C'était hypothétique. Mais si vraiment, ça devait se faire, je voudrais que tu me promettes une chose.
- Quoi ?
- Ne joue pas avec mon coeur. C'est la seule chose que je te demande.
- Je te promets de ne pas le faire.
- Maintenant qu'on est réconcilié, tu me montres tes talents de nageur ?
- On fait une course ? proposa-t-il. Je voudrais vérifier si tu es une vraie sportive comme tu le dis.
- Entendu. Le perdant devra... euh... cherche un gage avec moi !
- Il devra accorder un voeu à l'autre.
- Ca, tu le ruminais depuis un bon moment. Avoue-le !
- Mais non ! C'est toi qui...
Elle rit.
- C'est d'accord. De toute façon, c'est moi qui vais gagner. Apprête-toi à exaucer mon voeu.
- Ne sois pas aussi sûr de toi, p'tite tête. Je suis imbattable à la nage. Hey, m'sieur ! hurla-t-il à Onizuka qui faisait le mort sur l'eau. On aurait besoin de vos talents d'arbitres.
- Vous avez compris. Le premier à dévorer les deux fois cinquante est proclamé gagnant !
- On connaît déjà les règles.
- Bien. En place !
Ils montèrent sur les sur les plongeoirs.
- A vos marques. Trois... Deux... Un... Partez !
Ils plongèrent.
Les cris d'encouragements les accompagnaient.
Shaolan menait la course mais Sakura le suivait de près. Ils touchèrent le bord puis repartirent. A ce moment précis, Sakura prit la tête.
Son esprit était entièrement rivé sur la course.
Je dois le battre pour lui rabattre son caquet une bonne fois pour toute.
Mais arrivée au milieu du bassin, une douleur la prit au coeur.
Elle s'arrêta.
Shaolan continua la course sans soupçonner l'état de Sakura. Parvenu à l'arrivée, il leva les bras pour signifier sa victoire.
- T'as vu ça, Sakura ! Tu me dois...
Il vit la tête couler au fond de l'eau puis remonter. Sakura s'agitait frénétiquement pour se maintenir hors de l'eau.
Heureusement, un bras la saisit. La tête de Onizuka apparut sous l'eau. Tenant fermement Sakura contre lui, il rejoignit le bord où trois visages blafards l'attendaient.
Il l'allongea.
- Sakura !
- Hey, Sakura !
- Reculez un peu, dit Onizuka. Vous allez l'étouffer à tous vous pencher sur elle.
- Sakura ! cria Shaolan.
- Et toi, ne cours pas ! Je ne tiens pas à avoir un deuxième blessé sur les bras. Je commence à peine ma carrière de Great Teacher en Chine. Si je veux avoir une place en Europe, là où les filles n'ont peur de rien, j'ai intérêt à bien bosser dans ce pays. Et c'est pas avec deux élèves morts sur mon CV que ça le fera.
- Je m'en fous de ta carrière et de ton CV, s'écria Shaolan en s'agenouillant près de Sakura.
- Et en plus, Li est un égoïste. T'accumules les défauts, mon vieux.
Shaolan garda les yeux rivés sur Sakura, inconsciente, mais qui respirait. Pourquoi ce sommeil ?
"L'eau et la forêt sont mon environnement. Ils font partie de moi. Je les vie à travers moi. Je les ressens."
Sakura rouvrit ses yeux et aperçut une forêt autour d'elle.
Comment était-elle parvenue ici alors qu'elle était il y a une minutes dans une piscine avec Shaolan ?
Elle sentit la douce brise du matin effleurer sa peau.
Elle frissonna.
Un son lui parvient.
Elle tendit l'oreille.
Une voix douce, la même que dans ses rêves.
Alors elle rêvait sûrement.
Elle marcha en direction de ce son mélodieux.
Elle parvient dans une clairière. Ses pieds foulèrent alors une pelouse aussi douce qu'un tapis. Le soleil baignait ce lieu an abondance. Les oiseaux perchés sur les arbres accompagnaient la jeune fille dans son chant. Un orchestre naturel qui égayait ce lieu si solitaire, perdu loin de la souillure des hommes.
Sakura avança la main vers cette silhouette qui lui tournait le dos. Une belle jeune fille à la chevelure aussi argentée que les lueurs de la lune. Une biche reposait au pied du rocher où se tenait la jeune fille. Sakura en fit de même, sans apeurer la biche qui se laissa caresser.
Reine auprès des miens, on me disait déesse
Pour quelques pouvoirs qui me venaient du ciel
Mon nom est Phoebe, princesse immortelle
Veillant sur la lune, alors que je n'avais pas d'ailes
Ma forêt est vaste, elle est éternelle
Tout comme ce pacte, devant l'Eternel
Au delà des temps, je serai restée pucelle
Sans mon inconscience qui m'ouvrit mon enfer
Des sanglots mirent fin à son chant. Sakura se releva et s'approcha.
- Ne pleure plus, Phoebe.
- Mes larmes couleront jusqu'à ce que ma vengeance soit accomplie. Aide-moi, Sakura. Tu dois m'aider.
- Je le ferai si ça peut faire cesser tes larmes.
- Trouve le grimoire des sages. Peu importe le temps que cela prendra, trouve-le pour moi. Il m'est nécessaire pour accomplir ma vengeance.
Elle recommença à pleurer puis se calmant peu à peu, elle reprit sa chanson.
"Phoebe !"
Sakura se redressa subitement.
Un rêve.
Tout à coup, des bras l'encerclèrent de partout alors qu'elle se remettait à peine de ce drôle de songe.
- Woé...
- Tu m'as foutu la trousse de ma vie !
- Comme j'ai eu peur ma Sakura !
- On était inquiet pour toi !
- Aussi mauvaise nageuse, ça n'existe pas !
La façon unique de Shaolan de témoigner son soulagement la fit sourire.
- Je vais bien, les rassura-t-elle. J'en ai juste profité pour faire un petit somme.
- Et tu oses dire que t'es une sportive, reprit Shaolan avec colère. T'es lamentable, oui !
- Hé, Li ! T'es toujours aussi délicat envers les convalescents ? Si je me retrouve à l'hosto, fais-moi le plaisir de ne pas venir me voir. Je me débrouillerai avec mes douces infirmières.
Le visage contorsionné de Onizuka fit rire Sakura.
Elle se releva mais chancela aussitôt. Heureusement, elle fut vite rattrapée par plus d'un bras.
- C'est gentil mais ça ira ! dit-elle amusée devant tant de sollicitudes.
- Je crois qu'il est temps d'aller se rhabiller ! Ça vous dit de terminer votre journée de forçat par une vidéo ? proposa Onizuka.
- Je veux bien, dit Sakura, mais pas de film d'horreur avec des fantômes. Je déteste ça !
- Pourquoi t'inquiéter alors que tu as les bras les plus sûr du monde pour t'y blottir ?
- On verra, m'sieur.
Tomoyo observa son amie s'éloigner avec Onizuka. Elle avait un mauvais pressentiment. Encore cette Phoebe qui faisait surface. Qui était-elle pour que Sakura s'agite autant pour elle ?
- Phoebe, c'est le nom d'une de vos amies ?
Etonnée, elle tourna la tête vers Shaolan. Il était tout aussi songeur qu'elle.
- Non. J'ai posé la même question à Sakura mais elle ne s'en souvient plus. C'est peut-être une amie qu'elle a rencontrée en Grèce.
- En Grèce ?
- Oui, il y a trois mois, elle a rejoint son père qui était archéologue sur un site. C'est là-bas qu'elle a perdu la mémoire.
Assis sur les bancs des vestiaires, Shaolan méditait sur ce qu'il venait d'apprendre.
Sakura ne peut pas parler de la Phoebe que j'ai vu l'autre soir. Ça ne peut être qu'une coïncidence. J'ai vu un fantôme. Mais est-ce le fantôme ou bien la personne en chair et en os que j'ai aperçue au sortir de l'eau qui s'appelle Phoebe ? Si Phoebe est cette magicienne, elle aurait pu être une connaissance de Sakura. Si par contre Phoebe est le nom de ce fantôme, alors la magicienne qui la contrôle est peut être... Non ! C'est impossible ! Je l'aurais ressenti si Sakura avait un quelconque pouvoir magique.
Oui, mais mes sens sont déréglés. La preuve, Eriol a ressenti les deux auras qui sont arrivées il n'y a pas longtemps en Chine. Je n'ai rien ressenti. Pourquoi ? C'était sûrement de nouvelles recrues du conseil. Ils croient que je suis incapable de découvrir qui est cette ombre malfaisante qui plane sur la stabilité du conseil. Les idiots !
Je sais qu'ils me cachent des choses. Je ne suis pas aussi bête pour croire qu'ils me feront part de toutes leurs décisions même si c'est mon oncle qui siège en mon nom. Ils verront si je suis trop jeune et trop inexpérimenté quand je leur apporterai cette magicienne. Ils seront obligés de reconnaître mes qualités.
Pour le moment, Sakura est la seule piste que je possède. Elle a été ou est encore liée à cette Phoebe. Mais comment vais-je m'y prendre ? Durant le lycée, c'est facile de garder un oeil sur elle, mais durant la nuit... A moins, que je ne joue les espions.
- ... SHAOLAN !
Il sursauta.
- Kyo ! Ça ne va pas la tête ! Tu m'as crevé les tympans, imbécile !
- Désolé, mais comme je ne suis pas une douce jeune fille pour te ramener avec un baiser, je n'ai trouvé que cette méthode pour te réveiller.
- Sois heureux que ce soit Kyo qui ait gagné au "pierre-papier-ciseau", parce que Onizuka prévoyait une méthode assez inhabituelle.
- Avec vous, y'a pas moyen de réfléchir tranquillement !
- Excusez-nous, majesté, de vous avoir déranger, railla Kyo. La prochaine fois, vos valets attendront encore une vingtaine de minutes, voir plus si vous l'ordonnez.
- Sakura !
Shaolan sortit en coup de vent des vestiaires.
- Nous on compte pour du beurre, hein ?
- Si tu veux qu'il te témoignent plus d'attention, dit Eriol, mets-toi une perruque châtaine, des lentilles vertes, une bonne paire de nichon et épile-toi. Ensuite, il te considèrera peut-être.
A quoi, Kyo répondit par une grimace de dégoût.
Le nid de Onizuka ressemblait à vrai débarras où toutes sortes d'objets plus ou moins louches traînaient. Son canapé ne comportant que trois places, Shaolan Eriol et Kyo durent s'asseoir sur le sol non sans avoir auparavant tenté de s'approprier la place de Onizuka. Mais lorsque dernier mit le DVD dans sa Playstation, les premières images en clouèrent plus d'un sur place.
Promptement, les garçons bondirent sur les pieds. Kyo s'empara d'une corde à sa portée. Eriol et Shaolan s'occupèrent de mettre Onizuka hors d'état de nuire. Assommé, il ne put s'opposer lorsque les garçons le ficelèrent.
- Eteins-moi cette télé, Kyo ! ordonna Shaolan alors que les premiers gémissements se faisaient entendre.
- Vous... Vous êtes pas bien ! s'écria Onizuka. Je ne savais pas qu'en Chine on frappait les profs !
- Et toi, t'as déjà vu un prof mettre une vidéo porno à ses élèves ! rétorqua Shaolan fou de rage. T'es complètement barjo ou quoi ?!
- Je pensais que ça allait vous plaire, les mecs !
- T'oublies qu'il y a deux filles parmi nous ! répliqua Kyo.
Les deux jeunes filles en question n'étaient plus que deux tomates cuites à point.
- Je les avais oubliées ! Ça arrive !
- N'aggrave pas ton cas, Onizuka ! menaça Eriol.
- C'est Sakura qui ne voulait pas de fantôme et comme j'ai pas autre chose. Et puis, c'est la nature...
Shaolan lui enfonça un chiffon dans la bouche. Ses explications frisaient le ridicule.
- On s'en va !
- Mais on ne va pas le laisser comme ça, protesta Sakura encore sous le choc.
- Ca lui apprendra !
Voyant que Sakura hésitait à les suivre, Shaolan lui saisit la main et l'emporta avec lui. Bien qu'elle n'approuve pas entièrement sa façon de faire avec elle, elle n'ôta pas sa main de la sienne. La chaleur qui s'en dégageait la sécurisait.
Ils retrouvèrent le gymnase, point de départ de cette journée atypique. Ils s'installèrent sur le bord de la scène qui n'avait toujours pas été désinstallée.
- Si on fait le bilan de cette journée, elle n'a pas été aussi mauvaise que ça, jugea Tomoyo.
- Il s'en est passé des choses plus ou moins bonnes, rajouta Sakura.
- On a surtout bien rigolé en chipant la pochette du Chauve, dit Kyo.
- La pochette ! s'exclama Eriol.
- Elle est où ? demanda Shaolan.
- Ne vous inquiétez pas, les rassura Kyo, elle est dans la bibliothèque.
- Elle ne devrait pas y être ! s'écria Tomoyo. On doit la remettre à sa place !
- Quel heure il est ? s'enquit Shaolan.
- Bientôt cinq, répondit Sakura.
- On a largement le temps. Bougez pas, j'y vais.
- Attends-nous, Shaolan ! On vient avec toi.
- Non. Si le Chauve débarque à l'improviste ici, vous pourrez le retenir.
- Et s'il est dans son bureau ?
- Voilà pourquoi j'y vais seul, p'tite tête. Je m'arrangerai pour qu'il sorte.
Sur ce, il courut jusqu'à la bibliothèque.
Et là, l'inquiétude le prit.
Aucune trace de la pochette sur la table où ils avaient travaillé ni sur les autres. Il regarda dans les rayons de livres, pensant que Kyo avait peut-être rangé la pochette sans le savoir, mais en vain.
Il ressortit de la bibliothèque, inquiet. Il courut vers le gymnase.
- T'en as pris du temps, remarqua Kyo.
- Elle est où ? demanda-t-il essoufflé.
- De qui tu parles ?
- De la pochette ! Elle n'est pas dans la bibliothèque, je l'ai cherché partout ! Kyo si c'est une blague...
- Non, je te jure que je l'ai laissée sur la table !
- Elle y est plus ! On est mort !
- Calme-toi, intervient Tomoyo. Kyo a dû la ranger quelque part...
- Je l'ai posée sur la table ! J'en suis certain !
- Arrêtez de vous crier dessus ! s'écria Tomoyo. Retournons là-bas et cherchons ensemble. On la retrouvera.
- Je crois que c'est trop tard, annonça Sakura.
- Pourquoi tu dis ça ?
- A cause de lui, dit-elle en pointant son doigt vers la porte.
Ils se retournèrent en synchronisation parfaite, pour apercevoir le proviseur adjoint.
- Vous êtes bien en avance, monsieur ! l'accueillit Shaolan tout sourire.
- Je tenais à voir comment se déroulaient vos travaux.
- Dis plutôt que tu voulais nous voir trimer dur dans les dernières minutes, murmura Kyo dans sa barbe.
- Auriez-vous terminé ?
- Euh... Oui.
- Donnez-moi vos dissertations.
Chacun récupéra son sac posé contre le mur et l'ouvrit pour y sortir ses feuilles. Ils les tendirent au proviseur adjoint qui les arracha de leurs mains.
- Vous avez bien rempli vos copies mais quant à savoir si le contenu est correct.
- Vous allez être très surpris, agréablement je précise, dit Shaolan.
- Laissez-moi en juger. Je vous les rendrais dans la semaine. Maintenant, inspectons votre travail de nettoyage. Le gymnase me semble propre, dit-il en faisant le tour.
- Comment on fait pour la pochette ? murmura Sakura.
- Oubliez cette pochette, je vais m'en occuper, dit Shaolan.
- Ca veut dire quoi ?
- Ca veut dire que si je ne mets pas la main dessus, je me débrouillerai pour que cette histoire ne retombe pas sur vous.
- Et pourquoi ça ? demanda Kyo, vexé d'être écarté de ce plan.
- Parce que c'est moi qui aie lancé cette idée stupide. Je ne vois pas pourquoi tout le monde devrait payer.
- Et si on est là aujourd'hui, c'est à cause de moi, argua Sakura. Tu l'as dit, on doit être soudé. On a tous copié donc on est tous en tort si on se fait prendre.
- Chut, il arrive, fit Tomoyo.
Le proviseur adjoint se posta devant eux.
- J'ai pu apprécier votre travail dans les classes et je suis satisfait de ce que je vois ici. Vous pouvez rentrer chez vous.
- Vous êtes si généreux, railla Kyo.
- Dépêchez-vous de partir ou je vous garde ici demain.
Ils prirent leur sac et sortirent en hâte du gymnase.
- Je vous laisse là.
- Shaolan, tu ne vas pas...
- Si, Eriol. Rentrez tranquillement, moi je vais chercher la pochette.
- Pas question qu'on te laisse ! s'écria Sakura.
- Kyo. Eriol.
- Allons-y, les filles, dit Eriol en poussant gentiment Sakura et Tomoyo devant lui.
- Mais... !
- Il aime se la jouer solo, dit Kyo en croisant ses mains derrière sa nuque. On ne va pas déplaire à sa majesté.
Sakura ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil, par dessus son épaule pour voir Shaolan s'éloigner. Sans le bras de Kyo autour de ses épaules, elle aurait suivi Shaolan sans hésiter.
A suivre...
A partir de maintenant, je vous préviens, il va falloir sortir les mouchoirs car la partie de rigolade est terminée. Les nuages gris se rapprochent dangereusement et...
Je vais arrêter là avant que quelqu'un ne veuille me frapper.
Bref, si vous voulez tout savoir va falloir patienter une bonne semaine. D'ici là, gos bisous ! Et une p'tite review pour la suite... ca m'aide à patienter durant la semaine, lol.
