Chapitre 24 : Mise sur tension
Assis sur la pelouse, après un bon déjeuner, ils profitaient des dernières minutes de repos avant la reprise des épreuves.
- C'est vraiment dommage qu'on ne puisse pas assister à votre match, soupira Kyo. On sera en plein dans le nôtre. Vous viendrez nous voir lorsque vous aurez terminé, hein ?
- Dès que vous verrez nos têtes d'enterrement, vous comprendrez l'issu de la bataille, dit Tomoyo. Ça ne va pas vous démotiver ?
- Quelque soit le résultat, on se fera fière de vous ! les rassura Eriol. Et puis, ça nous motivera plus pour gagner tous nos matches.
- Je vous le dit : c'est la terminale C qui remportera la palme ! déclara Shaolan. Et on fêtera ça ce soir !
- Moi, j'aurais préféré une fête privée avec Onizuka, dit Kyo. Les autres classes vont vraiment nous saper le moral.
- C'est vrai ça ! Pourquoi ne pas en faire une sur le toit que squatte Onizuka ! proposa Shaolan.
- On risque de se faire remarquer, non ? rétorqua Aya.
- On refoule les autres élèves, répondit Shaolan.
- Je parlais du proviseur adjoint.
- Il y aura tellement de bruit dans l'école, qu'il croira seulement que c'est encore Onizuka qui fait des siennes.
- Mais s'il ne nous voit pas, il comprendra ce qu'il se passe sur le toit, ajouta Sakura.
- Et alors ? Au pire, on se fera renvoyer deux journées. Et en ce moment, vu qu'il veut être notre ami, on ne risque pas grand-chose. Alors ? On propose l'idée aux autres et à Onizuka ?
- C'est Ok !
- J'irais en parler à Onizuka dès qu'il aura arrêté sa fixation sur mlle Suzumura, dit Shaolan.
- Ah, parce que tu crois sérieusement que sa fixation va stopper comme ça ? railla Eriol. Je pense qu'il lui faudrait un deuxième ballon dans la figure pour lui faire retrouver ses esprits.
- Et bien, on s'en chargera ! décréta Kyo.
- Vous allez finir par nous le défigurer, dit Sey.
- Je me demande vraiment ce que vous pouvez trouver à ce pervers, dit Shaolan.
- Il sait parler au coeur des femmes, répondit Aya.
- Il trouve les mots qui nous touchent, renchérit Tomoyo.
- Il est attentif à tous ce qu'on fait, ajouta Sakura.
- Il est franc, rajouta Aya.
- Et enfin, il est très fort ! dirent-elles en choeur.
- Et quand il regarde dans le vide avec sa cigarette à la main, il est trop chou ! termina Sey.
- Vous ne voyez pas ses défauts ou quoi ? s'insurgea Shaolan. Il est pervers, coureur de jupon donc infidèle...
- Venant de toi, c'est pas très crédible, jugea Kyo moqueur.
Shaolan l'incendia du regard.
- Moi, je crois que celle qui aura le coeur de Onizuka pourra toujours lui faire confiance. Il n'est pas du genre à tromper sa petite amie. Quand quelque chose ne va pas avec lui, il le dit et ne s'encombre pas de mensonge... C'est ce que j'aime bien chez lui, dit Sakura. Franchise et fidélité sont l'unes des qualités que je recherche chez l'homme de ma vie.
- Bref, ce n'est pas Shaolan ! se moqua Kyo.
- Toi, la ferme !
- Dis-lui, Sakura ! Pas vrai qu'il est tout le contraire !
- Et toi, Shaolan que recherches-tu chez une femme ? demanda Tomoyo.
- Je ne sais pas... Je ne me suis jamais posé la question.
- Tu m'étonnes ! C'est pas ça qui...
BONG.
- Celle-là, tu ne l'as pas volée ! dit Shaolan en se massant le poing qui avait servi à frapper le crâne de Kyo.
- C'est fini entre nous ! s'écria Kyo en faisant mine de pleurer.
- T'en veux un autre de coup ?
- Non, ça ira.
- Bon, alors tu nous le dit, reprit Tomoyo.
- Je dirais... comme Sakura. Franchise, fidélité...
- Tu vas finir par réfléchir à travers elle, si ça continue, fit remarquer Kyo d'un air moqueur.
- Toi, tu me cherches vraiment !
- Ca, c'est de ta faute ! Fallait être plus gentil avec moi tout à l'heure.
- Si une personne profite de ma confiance, elle ne vaut plus rien à mes yeux ! C'est enfin rentré dans ta tête ou bien je dois te le graver directement au cerveau ?
- Si les Li sont obstinés, les Ling ne le sont pas moins !
Les deux garçons se tenaient l'un en face de l'autre prêt à mordre.
Sakura se releva d'un bond et saisit le bras de Shaolan.
- Tu viens avec moi, j'ai quelque chose de très important à te dire.
- Ca peux pas attendre ? demanda-t-il tout en toisant Kyo du regard.
- Non.
- Tu ne peux pas me le dire là ?
- A moins que tu ne veuilles faire profiter toute la classe de notre vie intime.
En entendant les gloussements qui commençaient à s'élever, Shaolan saisit promptement la main de Sakura et s'écarta du groupe.
Et alors qu'ils s'éloignaient, Sakura se retourna pour faire un clin d'oeil aux autres.
Là, ils pourront calmer Kyo, se dit-elle. Je me charge de cette tête de mule.
- Alors ? dit-il en s'immobilisant brusquement. Qu'est-ce que t'as à me dire !
- Je vois que ton humeur ne s'améliore pas. C'est bien ma veine.
- On s'en fout de mon humeur ! Tu parles ou pas !
- J'ai rien à te dire, rétorqua-t-elle.
- Et tu me dis ça avec un sourire ! J'avais pas que ça à faire, moi !
- C'est vrai que te disputer avec ton meilleur ami, c'était plus urgent, railla-t-elle. Je viens de sauver une amitié qui allait être compromise.
- A qui la faute ? C'est pas la mienne ! C'est lui qui me bourre le crâne avec cette... !
Sakura venait de croiser ses bras sur sa poitrine et s'amusait à le voir s'énerver pour des broutilles.
- Et en plus, je suis le clown de service !
- J'ai pas dit ça, dit-elle en souriant.
- Mais tu le penses !
- Shaolan, tu devrais vraiment arrêter de crier parce que je sens que tu vas perdre ta voix.
- J'en ai rien à faire de ma voix ! C'est lui, là !
- On dirait bien que je sors avec un gamin.
- Je ne suis pas un ga...
Sakura venait de lui sauter au cou.
- T'es vraiment stupide comme mec.
- Stupide ! Et en plus, tu m'in...
Elle fit taire sa réplique sous son baiser.
Il baissa les armes.
Pourquoi combattre quand la paix prenait le visage et le corps de Sakura ?
Il serra son étreinte, si désireux de sentir son corps contre le sien.
Tu es celle que j'attendais, Sakura. Dans tes yeux, j'y vois ta sincérité. Dans tes mots, je perçois toujours ta franchise. Et à chaque fois que je te touche, que je t'embrasse, je sais que ce corps n'appartiendra à personne d'autre qu'à moi. Je suis enchaîné à toi et tu es devenue plus qu'une main que je sers pour ne pas me perdre dans le noir. Tu es devenue celle qui m'empêche de sauter de ce radeau que j'ai construit pour porter l'enfant que j'ai été... Je te confie mon coeur blessé. Je te confie tout de moi. Si seulement je pouvais tout de dire, tout t'avouer... peut-être un jour, quand j'aurais accepté. Mais pas maintenant alors que la douleur est encore trop vive malgré tout ce temps.
- Shaolan ?
Sakura le regardait.
Il avait une expression si attristée.
Elle posa sa main sur sa joue.
Il saisit son poignet et ramena sa main vers ses lèvres pour y poser un baiser.
- Toujours à ruminer de sombres pensées ? demanda-t-elle.
- Non, je pensais juste à la peine que j'aurais si tu me quittais.
- Je ne te quitterai jamais !
- Tu dis ça mais personne ne peut en être certain. La vie nous réserve souvent des mauvaises surprises. Elle m'a gâté au début et ensuite, elle s'est dit : "Ce Li Shaolan est bien trop nanti, je dois rééquilibrer la balance avec quelques épreuves bien corsées, histoire de le voir bien galérer", railla-t-il.
- Elle est drôlement sadique cette Vie, alors ?
- Ne te moque pas ! Je suis sérieux. Je vais te perdre, je le sens. Il y a encore une chose qui va nous tomber sur la tête et nous séparer.
- Je ne te savais pas aussi pessimiste.
- J'ai peur Sakura, dit-il en plongeant son visage dans la nuque de la jeune fille, vraiment peur de ce que nous réserve l'avenir.
Le voir aussi touché, par un danger encore inexistant, troubla Sakura.
Shaolan était si difficile à cerner. Au premier abord, il paraissait si sûr de lui et si confiant comme un homme capable de contrôler les moindres aléas de sa vie. Et pourtant, derrière cette image se dissimulait un être rongé par les doutes. Douter des autres et douter de lui-même. Il avait tant besoin d'être rassuré mais pas avec ces mots qu'on adresse pour flatter l'ego. Il avait besoin d'être rassuré en se confrontant à ses démons. Il devait vaincre la source de son problème pour retrouver sa confiance en soi. Mais comment ? Elle ignorait tout de ce passé qu'il lui dissimulait et sur cette chose qu'il désirait à tout prix gagner et qu'il avait laissé échappé.
J'espère qu'un jour tu me diras ce qui te ronge, se dit-elle en lui caressant les cheveux. S'il le faut, j'attendrais l'éternité près de toi, mais un jour tu m'ouvriras cette porte secrète qui mène à tes cauchemars. Et je te jure que ce jour là, je saurai t'aider à les chasser de ta vie.
Le reflet de son visage se reflétait dans le miroir.
Elle rajusta sa queue de cheval.
Je voudrais savoir ce qui le tracasse vraiment. Qu'est-ce qui risque de nous éloigner l'un de l'autre ? Moi, je ne vois rien. Si seulement je pouvais le rassurer une bonne fois pour toute.
Elle entendit alors des sanglots lui parvenir.
Bizarre. Elle pensait être seule dans les toilettes.
Un fantôme ? se demanda-t-elle un peu effrayée. C'est pas possible que s'en soit un.
Malgré sa frousse, Sakura se rapprocha et frappa à la porte du cabinet.
Seuls des pleurs lui répondirent.
C'est un fantôme bien malheureux... Tu dis n'importe quoi Sakura. Reviens sur terre.
- Hé, le fantôme, tu as un problème ?
- Aucun alors va-t-en !
- Meilin !
- Quoi ? dit-elle en ouvrant brusquement la porte. T'as pas compris ou je dois te le répéter ?
- Tu pleures ?
- Je ne l'avais pas remarqué, railla-t-elle en se dirigeant vers le lavabo.
- Qu'est-ce que tu as ?
Meilin qui aspergeait son visage d'eau s'arrêta pour toiser Sakura.
- T'as pas autre chose à faire que de me pomper l'air ? Je vais bien alors bye-bye.
Sakura demeura sur place.
- T'es vraiment du genre à t'accrocher, hein ?
- Tu n'es peut-être pas une amie mais quand je vois une personne malheureuse j'essais de l'aider.
- Voyez-vous ça ? Une nouvelle mère Térésa.
- T'auras beau me railler, je ne te laisserai pas tant que je ne serai pas rassurée que tu ailles bien.
Elle soupira.
- C'est toi mon problème alors comment veux-tu que j'aille bien si tu es dans les parages ?
- Ca a un rapport avec un garçon ? Ou bien avec ta famille ?
- Les deux. Ça te va, là ?
- Non, tu viens juste d'aiguiser ma curiosité. Va falloir m'en dire plus.
- Ecoute, Kinomoto.
- Appelle-moi Sakura. Moi, je t'appelle bien par ton prénom.
- Aux dernières nouvelles, on n'est pas amie. Je ne vois pas pourquoi je devrais me confier à toi. Et puis, t'as pas de fierté ou quoi ? Je t'ai humiliée devant toute l'école et toi...
- En quoi avoir pitié de quelqu'un est un manque de fierté ?
- Je te fais pitié ? Dégage !
- Pas envie, rétorqua-t-elle. Intérieurement, je me marre de te voir dans cet état. Voir la redoutable Li Meilin pleurer dans les toilettes, c'est une vraie victoire pour moi. Tu vois je me sens complètement vengée alors que je n'ai rien eu à faire. Les dieux doivent être avec moi.
- Ca pour être avec toi, ils le sont ! Par ta faute, Shaolan ne veut plus me voir. Lorsque je vais chez lui, c'est à peine si je ne suis pas accueillie comme une étrangère... Alors qu'autrefois, on était si lié. Tout ça c'est de ta faute ! Si tu n'avais pas été là, il ne me considérerait pas comme une moins que rien ! Je te déteste, Kinomoto ! Je te hais ! Je te voue au diable ! Tu n'es qu'une intrigante ! Une sorcière ! Une démone !
Elle s'arrêta pour reprendre son souffle.
- C'est bon ? Tu t'es assez défoulée, là ? demanda Sakura.
- Attends encore un peu que je trouve mes mots.
- Tu voudrais voir un monstre surgir pour me bouffer les entrailles et faire un manteau de ma peau.
- Ouais, absolument !
- Qu'un vampire me suce le sang jusqu'à la dernière goutte tout en prenant son temps pour bien me faire souffrir.
- Ca aussi !
- Que les extra-terrestres viennent me chercher pour me faire subir des centaines - que dis-je - des milliards de tests plus horribles les uns que les autres.
- Ce serait parfait !
- Entendu, je les contacterai pour toi. Ça te va ? Je serai bien punie, là ? demanda-t-elle en lui souriant.
- Comment peux-tu me remonter le moral alors que moi je rêve de ta mort ?
- Je ne crois pas que tu veuilles me voir six pieds sous terre. T'aurais personne d'autre à haïr, non ?
- Ouais… et puis Shaolan m'en voudrait encore plus.
- Donc, il ne veut plus te parler à cause de moi.
- Ce n'est pas vraiment de ta faute puisque c'est moi qui aie tout déclenché. Attends une minute ! Il y a quelque chose qui me gêne.
- C'est quoi ?
- T'es pas normale ! A ta place, je ne parlerais pas à quelqu'un qui m'a causé autant de tort. Tu sais que c'est moi qui suis à l'origine de...
- On en parle plus ! Mais c'est vrai qu'à un moment je voulais te crever les yeux. J'ai même pensé à utiliser une poupée vaudou pour te faire souffrir bien comme il faut mais j'ai abandonné, ce n'est pas dans mes habitudes de jouer les sorcières... Je voudrais te demander pourquoi. Pourquoi avoir été jusque là pour me séparer de Shaolan ?
- Tu l'as dit : juste pour vous séparer. S tu savais le nombre de filles qui ont voulu mettre le grappin sur mon cousin. Lui, il s'en amusait mais elles, elles avaient qu'une seule idée en tête : rester le plus longtemps avec l'héritier du clan Li. Cette école est un vrai nid de rapaces. Ça ne se voit pas à première vue, mais les amitiés et les amours se tissent selon les ambitions. Il y a sept ans, l'héritage de Shaolan a été remis en cause. Il n'a pas supporté et il a commencé à s'éloigner de moi... surtout parce que mon père a pris la direction du clan. Shaolan est conscient qu'on attend beaucoup de lui mais ce poids lui pèse. Alors, il joue les insouciants. Il rejette les conseils qu'on lui donne, ne supporte pas qu'on lui dirige la main... Mais ce qu'on fait est pour son bien. Je pensais que s'il continuait, il tomberait un jour sur une fille qui saurait profiter de cette faille.
- Et tu as donc cru que cette fille s'était moi.
- En fait, j'ai fini par détester toutes les copines de mon cousin sans les connaître. Je ne savais pas que Shaolan tenait autant à toi. Et ça m'a fait peur parce que j'ignorais quelle genre de fille tu étais : calculatrice, ambitieuse... Je me suis fait un vrai cinéma.
- Moi aussi j'ai senti cette faille -comme tu le dis - chez lui. Il est brisé, et ça m'énerve de ne pas pouvoir l'aider. Je voudrais lui poser des questions pour...
- Ne le fais pas ! Je te le déconseille. Shaolan est une vraie coquille. Dès que tu tenteras de l'en faire sortir, il te repoussera. Avec lui, il vaut mieux attendre qu'il se dévoile tout seul.
- Il ne le fait pas souvent.
- C'est bien ça le problème... La seule solution se serait que cette fille se montre à lui et qu'ils s'affrontent enfin. Et même là... je ne suis pas certaine que ça puisse le faire sortir de sa carapace. Il n'y a pas de solution.
- Qui est cette fille ?
- Une inconnue. Elle lui a volé le seul bien qu'il cherchait à acquérir sans l'aide de sa famille...
- Ca ne m'avance pas pour comprendre.
- Il hait plus que tout au monde cette voleuse qu'on nomme la maîtresse des cartes de Clow, ajouta Meilin songeuse.
- Clow ?
- Ca ne te servira à rien que je te dise ce que c'est... Bon, faut que je rejoigne mon équipe. N'oublie pas qu'on dispute un match contre vous dans cinq minutes. Que la meilleure gagne !
- Attends, Meilin ! dit-elle en lui empoignant le bras.
- Je préfère que tu ne parles pas de notre rencontre à mon cousin ni aux autres. On n'a pas besoin de crier sur tous les toits qu'on a discuté sans se crêper le chignon.
- Je peux parler en ta faveur pour Shaolan.
- Si tu veux le quitter définitivement, fais-le. Comme ça, je serai débarrassée de toi, dit-elle en souriant. Mais non. Ce serait encore un moyen de nous séparer davantage. Crois-moi, n'essais jamais de faire changer d'avis mon têtu de cousin, il serait capable de couper court à votre relation. Je t'assure que c'est vrai. Il le prendrait comme une trahison et ça... Il ne le pardonne à personne ni à sa famille, ni à ses meilleurs amis et encore moins à sa petite amie. Tu m'as bien comprise, Sakura ?
- Je vais prendre le risque parce que je suis aussi entêtée que lui.
- Je t'aurais prévenue, dit-elle en sortant des toilettes.
Finalement, je crois que j'ai fini par apprivoiser mon ennemie, songea-t-elle en ressortant à son tour. Sa prouve bien que le pardon n'est pas si mal. J'ai l'impression d'avoir remportée une victoire sans avoir combattue avec des armes. Et ça, ça me rend trop joyeuse !
Elle s'étira et regarda une main invisible tacher de quelques coups de pinceau blanc le bleu azur du ciel.
Une belle journée en somme.
Clow... Ce nom me dit vaguement quelque chose, mais je n'arrive pas à savoir pourquoi. La maîtresse des cartes... Clow...
"Tout ira bien, Sakura".
Elle se retourna.
Mais pourquoi je me retourne ? Cette voix venait de ma tête. C'était une voix d'homme... Clow...
Soudain, une violente douleur lui vrilla les tempes.
Les paupières closes, les dents serrées, elle tomba à genoux.
La douleur était insupportable.
Des sons par milliers.
Les phrases se suivaient en chaînes sans cohérence mais elle tenta d'en donner un sens. Car bien que cela lui était insupportable, elle était persuadée que Phoebe tentait de lui communiquer une information importante.
Puis les images s'immiscèrent.
Le soleil...
La lune...
Des ailes...
Un lion...
Un homme aux prunelles grises...
Un sceptre...
Et puis, se fut le trou noir.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Sakura fut légèrement surprise de se retrouver à l'infirmerie, en fait pas du tout.
Elle se souvenait encore très bien de la douleur et de ce qui s'était passé ensuite. Par contre, elle ignorait l'identité de celui qui l'avait conduite jusqu'ici.
Elle se redressa et soudain, deux mains la firent subitement se rallonger.
- Shaolan ?
- Relève-toi encore une fois et je te jure que je me mets à cheval sur toi ! Avoue que la scène ne serait vraiment pas commode à vivre devant l'infirmière.
- Je vais bien. C'était juste de la fatigue.
- Je sais mais fais attention !
- Et puis, j'ai un match qui m'attend.
Shaolan dévia aussitôt son regard de celui de Sakura.
Alertée, elle saisit son visage pour qu'il la regarde bien dans les yeux.
- Dis-moi ce que j'ai raté ?
- Dix bonnes minutes.
- Quoi ! Et pourquoi tu ne m'as pas réveillée !
- Parce que tu t'es évanouie sûrement à cause de la fatigue et que j'allais pas jouer le méchant général en t'ordonnant d'aller sur le terrain pour remplir ton rôle !
- Tu vas vraiment finir par perdre ta belle voix, ce serait dommage.
Il s'affaissa sur la chaise, visiblement éreinté par Sakura.
- J'en peux plus... Faut toujours que t'ais le dernier mot.
- Faut dire que c'est si facile avec toi.
- Je ne répondrai pas à ta provocation sinon ma belle voix, comme tu le dis, va se rouiller.
- Je suis contente que tu écoutes enfin mes conseils ! Oh, non !
- Quoi encore ? dit-il en fronçant les sourcils. Je dois faire des exercices de vocalises pour préserver ma voix ? railla-t-il.
- C'est toi ! T'es là et... ! Alors, que tu devrais...
- J'avais presque oublié que t'avais la manie de ne pas finir tes phrases, soupira-t-il.
- A cause de moi, tu manques aussi ta partie de basket !
- Là, c'est toi qui te brise la voix, mon ange.
- C'est bon ! dit-elle en se levant. On en parle plus de nos voix !
- Mais c'est toi qui...
- Dépêche-toi d'aller sur le terrain !
- Ne t'inquiète pas, notre équipe se débrouillera très bien sans moi. Et puis, le seul match que je veux disputer c'est le dernier, celui avec la terminale A.
- Pas de bagarre avec Kendall, hein ?
- Je suis un pacifiste, tu ne le savais pas ? dit-il en se penchant sur elle.
Sakura tourna subitement vers le côté gauche.
Shaolan rencontra l'oreiller.
- On y va ! dit-elle remise sur pied.
- D'habitude, les filles adorent être embrassées par leur copain, mais manque de pot la mienne de copine est plus préoccupée par ma voix. Mes baisers, eux, ne comptent pas.
- T'as fini de faire le pitre !
- Franchement, je me demande si j'ai bien choisi la bonne japonaise, maugréa-t-il en croisant ses mains derrière sa nuque.
- T'es pressé de mourir toi ?
- Allons-y, maîtresse.
