Chapitre 25 : Le pacte

- Je suis vraiment désolée.

- Ce n'est pas de ta faute, Sakura, la rassura Aya.

- Si ! J'aurais dû être là au lieu de me reposer à l'infirmerie. Je suis nulle !

- Mais non, lui assura Tomoyo tout en l'enlaçant aux épaules. On préfère voir que tu vas mieux.

- Onizuka va nous tuer.

- Je ne pense pas, dit Sey.

- Vous le croyiez vraiment ? Alors dites-moi qui lui annoncera la mauvaise nouvelle ?

- On s'est bien battue, répondit Aya. Je pensais qu'on allait perdre à plate couture mais non, elles ont ramé pour nous faire tomber. On n'a pas à rougir de notre prestation. Pas vrai les filles ?

- Ouais !

- Oui, mais...

- Bon, si tu veux vraiment qu'on oublie cette histoire, et bien remporte nous le relais. Tu seras la dernière à partir donc tu devras tout donner pour remporter la course. C'est d'accord ?

- Promis !

- Donc, l'affaire est réglée. Allons voir les mecs.


Le match allait bon train.

Il restait encore quinze minutes à jouer.

Les déplacements de part et d'autres du terrain étaient rapides.

Le ballon circulait avec fluidité entre les deux équipes. Mais il était évident que l'équipe C maîtrisait le jeu. Entre Eriol qui avait une bonne vision du jeu et était pour la plupart du temps l'auteur de plusieurs passes décisifs, et Kyo très bon pour les feintes et les actions rapides, les points s'enchaînaient à une allure folle.

Shaolan n'avait pas tort : son équipe se débrouillait très bien sans lui. D'ailleurs, il regardait le match au côté d'un Onizuka qui exultait.

Lorsque enfin l'arbitre siffla la fin du match, Onizuka sortit de sa réserve pour sautiller et danser sur le terrain en entraînant avec lui ses élèves.

- Il est au courant qu'il nous faut tout de même remporter nos trois prochaines rencontres ? s'enquit Tomoyo.

- C'est l'idée qu'il se rapproche de mlle Yin qui le fait courir de joie, pas notre victoire, répondit Eriol.

- Et vous les filles, ça a été ? demanda Kyo.

- Et ben...

- On a perdu à cause de moi, répondit Sakura.

Les regards se tournèrent vers Onizuka qui sautait joyeusement sur le terrain.

- Qui va lui dire ? demanda Shaolan.

- Il vaut mieux ne rien lui dire, conseilla Aya.

- Il va l'apprendre de toute façon, fit remarquer Tomoyo. Il vaut mieux que ce soit de notre bouche.

- On devrait appeler les pompiers au cas où il aurait une attaque, non ? proposa Kyo.

- Mais non, ça ira, assura Sey.

- Qu'est-ce qui ira ?

Ils sursautèrent tous en voyant Onizuka à leur côté.

- Bah, vous avez vu un fantôme ?

- Euh... non...

- Pour le moment, on a remporté toutes nos rencontres ! Le Great Teacher est trop fort ! dit-il en bombant le torse.

- A ce propos, commença Tomoyo. On a quelque chose à vous dire.

- Ce n'est pas la peine de me remercier d'avoir été votre entraîneur. Je suis...

- C'est pas ça, coupa Sey. Asseyez-vous, m'sieur.

- Pourquoi ?

- On a perdu contre la terminale A, répondit Sakura de but en blanc.

Le sourire de Onizuka disparut sur son visage.

- Pourquoi tu lui as dit ça aussi sec ? lui reprocha Shaolan.

- Il le fallait bien. Au moins c'est clair, là.

- Tellement clair qu'il en est mort, dit Kyo en passant sa main devant les yeux blancs de Onizuka.

- Il est vraiment mort ? s'enquit Aya.

- Mais dites pas n'importe quoi ! s'écria Eriol.

- Tu l'as secoué, dit Sey.

Onizuka ne bougeait plus. Il était telle une statue.

- Cette fois-ci, on l'a bel et bien perdu, dit Shaolan faussement attristé. C'était un bon prof.

- Vous croyiez que je suis dans son testament ? demanda Kyo.

- Je crois que le seul bien qu'il aurait à léguer, rétorqua Eriol, c'est son corps… ou ses vidéos porno, mais je suis certain qu'il se ferait enterrer avec.

- Arrêtons les plaisanteries et ramenons-le !

- Je vais finir par devenir médecin, dit Kyo. J'ai besoin d'une volontaire.

- Si c'est pour faire comme l'autre jour avec Shina, commença Aya, c'est non.

- Vous voulez récupérer votre prof chéri ou pas ?

- Bon, je me dévoue puisque c'est de ma faute, dit Sakura.

- Pas question ! s'opposa Shaolan.

- On se dépêche parce que je crois qu'on nous attend, fit remarque Kyo.

Effectivement, l'équipe à affronter patientait sur le terrain avec l'arbitre.

- Allez-y, on va s'en occuper, dit Sey. On va s'y mettre toutes et là ça va le faire réagir.

- Pas trop, dit Shaolan. Il a l'esprit assez pervers pour que vous n'en rajoutiez pas.

- On vous attend ! cria l'arbitre.

De mauvaise grâce, les garçons rejoignirent le terrain en gardant un oeil sur les filles qui entouraient Onizuka.

- Comment on s'y prend ? demanda Sakura.

- Je ne sais pas, dit Sey. On peut le prendre dans nos bras chacune notre tour.

- C'est pas assez radical. Il a reçu un choc énorme en apprenant qu'il s'éloignait de la belle et pulpeuse mlle Yin. A côté, on ne fera jamais le poids.

- On peut appeler mlle Suzumura. Elle peut le remettre sur pied.

- Vous oubliez que justement, c'est elle qui n'est plus sur pied après la matinée d'enfer qu'Onizuka lui a fait passer. Elle est rentrée chez elle se mettre au lit sans même attendre les résultats du classement général du soir alors qu'elle ne les manquaient jamais les années précédentes.

- On n'est pas dans la merde, là, dit Sey.

- La méthode de Kyo.

-Mais je ne sais pas quoi lui dire à l'oreille ! avoua Sakura. Quelqu'un a-t-il une petite idée des fantasmes d'Onizuka ?

Elles rougirent toutes à cette pensée.

- Il vaut peut-être mieux attendre les garçons, non ? proposa Tomoyo.

- Moi, j'ai une idée ! dit Sakura.

Elles froncèrent les sourcils.

- Bonne ou mauvaise idée, tu nous fais peur là.

- Vous allez voir.

Sakura s'approcha de Onizuka puis se hissa sur la pointe des pieds pour être à sa hauteur.

Elle avait un peu honte de ce qu'elle allait dire mais il fallait bien réveiller Onizuka de la torpeur dans laquelle il se trouvait.

Les lèvres près de son oreille, elle murmura quelques mots.

L'information parvient au cerveau en mois de temps qu'il ne fallut pour le dire.

Sakura finissait à peine se phrase que les doigts de Onizuka se mirent à bouger légèrement puis subitement, il hurla de joie.

Les joueurs s'immobilisèrent sur place, interloqués.

Onizuka fit le tour du gymnase comme un sportif qui venait de gagner une coupe du monde. Ensuite, il revient vers Sakura et la prit dans ses bras, pour la remettre sur pied et en faire de même avec les autres joueuses toutes aussi surprises que l'ensemble des personnes qui occupaient le gymnase

- Il est bien réveillé, dit Kyo.

- Trop réveillé, ajouta Shaolan perplexe. Qu'est-ce qu'elles ont manigancé ?

- Finissons ce match et on verra bien ensuite.


Ils étaient rassemblés sur la piste d'athlétisme pour les épreuves de relais qui allaient débuter dans moins de quinze minutes.

- Aucune de vous ne sait ce que Sakura est allée lui dire ?

Elles hochèrent la tête.

- Ce n'est pas bien grave puisque c'est terminé, dit Tomoyo.

- Non, ce n'est pas terminé, dit Shaolan. C'est trop louche ! Ca fait exactement une heure et quarante-cinq minutes qu'Onizuka est impatient d'être à la fin de cette compétition.

- Il n'est pas le seul, moi aussi, avoua Kyo. Et je suis certain que les autres également.

- Personne ne trouve étrange qu'Onizuka veuille tout à coup qu'on perde cette compétition alors qu'il rêvait qu'on arrive premier pour sortir avec mlle Yin ?

- Si tu veux comprendre Onizuka, il te faudra plus d'une vie, jugea Eriol. Il a simplement dû reporter son fantasme sur une autre fille.

- Voilà le problème ! Qui me dit que c'est pas après ce que lui as dit Sakura qu'il a changé brusquement de proie ?

- Attention, Shaolan ! Je vois un monstre vert derrière toi. Ne serait-ce pas la monstrueuse Jalousie ?

- Très drôle, Kyo. Je suis sérieux ! Le comportement bizarre de ce pervers a un rapport avec ce que Sakura lui a dit.

- Demande-lui de te le dire.

- Tiens, j'y avais pas pensé, railla-t-il. Justement, ta meilleure amie ne veut rien me dire ! Je suis persuadé que Sakura a fait un pacte avec le diable. Il va la pervertir.

- Bah, si elle l'a pas été avec toi...

BONG.

- Le Chauve avait raison : Onizuka est Lucifer en personne ! déclara Shaolan en ignorant les reproches d'un Kyo blessé.

- Quand t'es parti dans ton trip, y'a plus moyen de te récupérer, jugea Eriol.

- Il faut que je sache sinon je vais pas pouvoir me concentrer sur le prochain match.

- On peut toujours te remplacer si tu veux assister à la course de Sakura, dit Kyo.

- Non, ce ne serait pas juste pour vous.

- Moi, j'ai de la chance, je vais pourvoir y assister parce que c'est moi qui fait le relais mixte avec Sey, fanfaronna Kyo.

- Depuis quand ? s'étonna Shaolan, qui fut d'ailleurs le seul.

- Depuis que Wufei s'est foulé la cheville au match précédent. Hé, réveille-toi ! On peut dire que dès que quelque chose te trotte dans la tête et concerne Sakura, tu auscultes tout le reste.

- Il faut que je lui parle ! s'écria Shaolan.

- Sakura doit certainement être dans les vestiaires, dit Tomoyo. Elle aime bien s'isoler avant une course.

- Eriol, je te retrouve au gymnase avec les autres ! lança-t-il avant de s'éloigner en courant.

- En plus d'être jaloux, il va finir par devenir possessif.

Kyo ne se trompait pas.

Ce Onizuka, il commence à devenir une plaie pour mon couple, pensa Shaolan. Je me demande ce quel manigance encore ce gros pervers. Mais je vais lui montrer. S'il ose poser ne serait-ce qu'un seul doigt sur Sakura, il risque fort de ne plus pouvoir s'en servir. Et Sakura qui voit en lui l'homme parfait. Elle est comme toutes les autres filles. Dès qu'elles voient un prof marrant et mignon, elles en tombent amoureuses. Je comprendrais jamais les filles.


Ce n'est qu'une course et je peux la gagner. Oui, mais c'est aussi et surtout un relais. Il suffit que l'une de mes partenaires prennent un faux départ et c'est cuit. Je ne suis pas mauvaise en course mais encore faut-il que le retard accumulé soit rattrapable. Je n'ai pas le choix puisque si je perds...

Elle soupira.

Qu'est-ce qui m'a pris de lui balancer ça ? Onizuka va vouloir que je tienne parole. Et puis, je ne suis pas du genre à ne pas tenir mes engagements. J'ai fait un pacte, et je dois m'y tenir.

Elle bondit sur ses pieds, subitement.

Et je n'ai même pas pensé à Shaolan ! Il va me... Je suis morte ! Alors, là je suis obligée de gagner ce relais. C'est l'avenir de mon couple qui est en jeu.

Toujours songeuse, elle fit les cent pas à travers la pièce.

Soudain, un rire moqueur la fit redescendre sur terre.

Elle ne s'étonna pas de reconnaître la voix de Adam Kendall.

Il se tenait sur le pas de la porte à l'observer d'un oeil narquois.

- Je suppose que tu joues les grandes sportives en venant t'isoler, railla-t-il.

- Tu ne devrais pas être en plein match ?

- Si, mais j'ai décidé de prendre une pause pour pouvoir être au mieux de ma forme pour affronter ton copain.

- Que le meilleur gagne, alors.

Elle voulut passer mais Adam s'interposa entre elle et la sortie.

- Dégage, dit-elle sèchement.

- Pas très polie, la demoiselle.

- Je le suis avec ceux qui le méritent. Pousse-toi !

- J'ai pas d'ordre à recevoir d'une fille comme toi, même pas futée et sans aucune fierté. Franchement, à part s'amuser avec toi, je ne vois pas ce que Li peut te trouver. Tu n'es bonne qu'à être exposée et c'est tout. Pour espérer être l'épouse d'un Li, il faut être aussi sans pitié. Il faut être de la trempe de ces loups solitaires et téméraires. Toi... Tu serais plutôt une pauvre et misérable colombe. Tente de rentrer dans cette famille et tu te feras croquer par les loups de la meute. Je te le dis : Tu ne seras jamais rien qu'une aventure de plus pour Shaolan. La femme qu'il épousera devra être à la hauteur de ce qu'il est.

- Je ne postule pas pour être sa femme, répliqua-t-elle. Je n'ai jamais eu cette prétention ! Mais, va dire à celles qui t'envoient que je suis désormais bien décidée à le devenir. Je suis peut-être une misérable colombe, mais j'ai des ressources. Et je n'ai pas peur de me confronter à des loups. Quant à toi, je me sentirais pitoyable de servir de facteur à des pestes. Tu n'as plus aucun libre-arbitre ou quoi ?

Furieux, Adam la claqua violement à la joue.

Sakura recula en gardant une main sur la zone meurtrie.

- Et en plus, ça ne te fait rien de frapper une fille.

- Non, j'aime bien mettre au pas les pauvres filles de ton genre, dit-il en avançant vers elle.

- Ne m'approche pas, prévient-elle.

- Sinon quoi ?

- Je hurle.

- OK, je vois...

Il soupira.

- … Tu ne me donnes vraiment pas le choix, reprit-il.

Il lui assena un coup de poing dans le ventre.

Sakura se tordit en deux et tomba à genoux.

A suivre…

Suis-je sadique pour vous laisser en plan dans un moment pareil ? OUI ! Lol. Allez, ne vous en faîtes pas, y'a plus qu'une semaine à attendre pour savoir la suite.

Avez-vous apprécié ces chapitres ? Je l'espère. J'attends vos commentaires avec impatience !

Gros bisous à tous !