Chapitre 31 : Des vérités qui blessent

Dès qu'il franchit les portes de sa maison, Shaolan se dirigea vers le salon où il découvrit sa mère.

Elle était à la fenêtre, le regard perdu dans la contemplation de son jardin. Shaolan s'avança lentement comme s'il devinait la raison pour laquelle sa mère refusait de poser les yeux sur lui, alors qu'elle avait entendu le bruit de ses pas.

Elle avait un beau profil tout comme ses filles qui lui ressemblaient beaucoup. Elle était encore une belle femme et se serait certainement remariée, si seulement le souvenir de son mari ne l'en empêchait pas.

Il n'avait jamais connu son père. Il ne le connaissait qu'à travers des photos, les souvenirs de sa mère, et les histoires de son oncle.

Il aurait tant voulu connaître ce père. Ce père dont on louait les qualités. Il était loin d'être comme lui. Et parfois, lorsque les regrets étaient bien trop lourds à porter seul, il lui en voulait d'avoir quitté trop vite cette terre. Avec son père à ses côtés, il aurait pu être un autre Shaolan.

Mais ce qui est fait est fait, pensa-t-il. Je me suis promis d'accepter ce que je suis, de ne plus avoir de regret. C'est à moi de devenir un homme digne de la mémoire de mon père. Et j'y arriverai coûte que coûte.

« Mère ? »

Yelan ne répondit pas.

Elle continuait à fixer l'horizon, sans trop savoir ce qu'il y avait d'intéressant à regarder.

« J'aurais tellement voulu que tu sois épargné, Shaolan », déclara-t-elle soudain.

« De quoi parlez-vous, mère ? »

« Tu es impulsif, passionné et téméraire. Tu as cette arrogance et cette volonté farouche de ne jamais baisser les yeux devant tes adversaires. Mais tes erreurs, tu as tant de mal à les accepter. Et lorsque par miracle, ils viennent enfin te hanter, tu choisis la manière la plus radicale pour les évacuer. Tu es comme ton père. Tu es comme tous les Li ! Vous faites votre bonheur, mais vous en êtes les destructeurs ! »

Shaolan ne sut que répliquer devant le tableau si véridique que lui dressait sa mère.

Sa voix était tremblante comme si elle allait d'un moment à un autre se mettre à pleurer. Ses poings, elle les serrait fortement.

« Je sais que je ne suis pas neutre dans cette affaire. N'ai-je pas accepté de te nommer "Shaolan" alors que tous les clans me le déconseillaient ? Même ton père refusait que je le fasse. Mais il est mort avant d'avoir pu connaître le nom de ce fils qu'il attendait depuis tant d'années. Ce fils que Clow me permettait d'avoir si je te nommais comme tu l'as été. Je n'ai pas l'impression d'avoir fait un pacte avec le diable. Après tout Clow n'est-il pas l'un de vos ancêtres ? Pourtant, le clan Li n'a cessé de me le reprocher. Et aujourd'hui, les événements leur donnent raison. Et moi... Je vais sûrement perdre la chair de ma chair... je le sais... Il n'y aura pas d'autre solution... je le sais... J'ai croyais que... J'ai cru que tu serais capable de ne pas te laisser influencer par ce sang... mais si l'ancêtre a pu prendre possession de toi, c'est que tu es bel et bien noyé sous des sentiments que tu ne sais pas gérer. »

« Mère... je ne saisi pas toutes vos paroles. Vous savez pour l'ancêtre ? Mon oncle vous a donc appelé comme je m'en doutais ? Mais quel rapport avec mon caractère et mon sang ? »

Yelan se tourna alors vers son fils et là, Shaolan vit les larmes couler le long de ses joues sans aucune honte. Il n'avait jamais vu sa mère pleurer. Et voir cela pour la première fois… Il sut que les choses n'allaient pas.

« Si j'avais su tout cela... Phoebe et l'ancêtre dans vos corps...Jamais je n'aurais laissé cette situation perdurer. Je suis fautive et je... »

« Mère, arrêtez ! Vous me faites peur en parlant ainsi ! »

« … Je pensais que ton amour serait assez fort pour effacer tes rancunes, apaiser tes doutes, consolider tes espoirs... Mais, j'ai oublié que tu étais un homme et un Li ! Que ce qui compterait pour toi ne serait que cette idée de pouvoir, de parvenir à prouver ce dont tu étais capable aux douze clans, qui par leurs médisances et leurs jalousies ont déjà provoqué une catastrophe par le passé ! S'il m'avait fallu t'abandonner le jour de ta naissance pour t'éloigner de ce conseil, je l'aurais fait ! »

« Mère... »

Yelan dévisagea son fils.

Shaolan était pétrifié devant ces aveux.

Horrifiée par ce qu'elle venait de dire, Yelan avança, réduisant la distance qui la séparait de son fils, pour l'enlacer.

Mais malgré l'étreinte de sa mère, Shaolan gardait les bras le long de son corps, comme traumatisé par ce qu'il venait d'entendre.

« Vous ne m'aimez pas ? lâcha-il tristement. Je ne suis pas le fils que vous vouliez avoir ? »

« Non, tu te trompes ! Shaolan, tu es mon fils. Je t'aime plus que tout au monde. Tu es mon petit garçon, celui que j'attendais depuis si longtemps. Tu m'as toujours apporté le bonheur, et j'ai toujours été fière de toi. »

« Alors pourquoi ? Pourquoi ces mots ? dit-il en s'écartant brusquement d'elle. Est-ce qu'une mère aimante souhaiterait avoir abandonné son enfant ! Comment pouvez-vous me dire cela ! »

Shaolan la considérait avec des yeux qu'elle ne lui connaissait pas.

Il l'accusait du regard. Il lui reprochait cet aveu aussi douloureux à prononcer qu'à entendre.

La porte s'ouvrit lentement.

« Mère ? demanda Feimei, en passant la tête dans l'embrassure de la porte. Que se passe-t-il ? »

« Pourquoi ? demanda une fois de plus Shaolan, en ignorant sa soeur. Vous... Tu m'as toujours écouté quand je me sentais seul, dit-il en utilisant subitement le tutoiement. Tu m'as dit et répété que même si le monde entier était contre moi, toi, tu serais là pour moi. Tu m'as toujours encouragé. Tu étais la seule en qui je pouvais avoir confiance parce que je savais que tu ne me jugerais jamais. C'est pour toi que j'ai voulu devenir quelqu'un de bien. Pour que tu ne puisses jamais avoir honte de moi devant les autres femmes du clan, toi qui étais seule après la mort de papa. Et aujourd'hui... Je m'aperçois que toi aussi tu as peur de ce que je suis... Qu'est-ce qu'il y a en moi et qui vous fait tant craindre que je sois là ! Ce n'est tout de même pas cet ancêtre ! «

« Shaolan, pourquoi parles-tu ainsi à mère ? demanda Feimei en s'avançant vers sa mère. Pourquoi pleurez-vous mère ! »

« Mon oncle vous a certainement dissuadé de me révéler son nom, reprit-il froidement en reprenant le vouvoiement, mais dites-moi qui est la maîtresse des cartes. »

« Je ne peux pas. Si je te révèle son nom, c'est toi que je condamne. »

« Pourquoi, mère ! Vous croyiez que je ne suis pas assez fort pour la battre ! »

« Non ! Arrête un peu de toujours en revenir à tes capacités ! Tu es digne d'être le chef de ton clan, tu es digne d'obtenir les cartes ! Tu es digne d'être un Li ! Mais le fait est que ce sont des sentiments que nous craignons tous ! »

« Pourquoi ? Qu'est-ce que mes sentiments ont à voir avec la maîtresse des cartes ? »

« ... »

« Dites-le moi, mère ! »

« Shaolan, arrête ! Tu ne vois pas que mère souffre ? »

« Et moi alors ! Personne ne pense à ce que je peux ressentir face à vos secrets ? »

Cette fois-ci leurs cris avaient ameuté toute la maisonnée qu se tenaient sur le pas de la porte à écouter la dispute.

« Qui, ici, peut m'éclairer sur la question ! »

Silence.

« Ne me dites pas que vous êtes tous au courant ? Dites-moi que je ne suis pas le seul idiot à ne pas savoir son nom ! Shefa ? Feimei ? Futie ? Falen ? Eriol ? »

Aucun ne répondit.

« D'accord. Je vois que ma propre famille s'est bien moquée de moi. »

« Ce n'est pas ce que tu crois, Shaolan, intervient Eriol. Ne va pas encore te... »

« Me fâcher ? J'ai des raison de l'être, non ? Pourtant, ce n'est pas ce que je vais faire. »

Cette nouvelle les étonna tous. C'est vrai que pour le moment, Shaolan prenait plutôt calmement les évènements. Aucun objet du salon n'avait encore subi de dommage, et les vitres résistaient encore.

« Je vais agir comme je le prévoyais avant de venir ici », dit-il en se dirigeant vers la sortie.

« Attends, Shaolan ! » dit Eriol en lui saisissant le bras.

« Lâche-moi », menaça Shaolan entre ses dents.

« Où vas-tu ? »

« Ce n'est pas tes oignons. »

« Réfléchis bien avant de faire une bêtise. »

Soudain, Shaolan frappa son cousin au visage sous les yeux choqués de sa mère et de ses soeurs.

« Voilà ! Ma bêtise je l'ai faite. Je vais pouvoir me pencher sur mon travail. Tu m'excuseras, hein ? »

Sur ce, il quitta enfin le salon et monta directement dans sa chambre.

Les filles se réunirent autour de leur mère qui s'était effondrée en pleurs.


« Et bien, la maîtresse des cartes, c'est toi. »

Sakura resta pétrifiée devant la révélation de Tomoyo.

« Ce... Ce... Ce n'est pas moi. Ce n'est pas possible. Tu te trompes. »

« Si ! Tu es la maîtresse des cartes, Sakura ! Et ça depuis tes dix ans ! »

Sakura fit les cents pas, angoissée.

« Je l'aurais su si c'était moi... »

« C'est bien toi. Il n'y a aucun doute là-dessus. »

« Je... »

« Si c'est la vérité ! Et maintenant tu sais pourquoi je ne voulais rien te dire. Lorsque Shaolan l'apprendra tu pourras lui dire adieu ! Est-ce que c'est ça que tu voulais m'entendre dire ? Dis-moi est-ce que ça t'a aidé ? »

« Pardon... Ce n'est pas... Je m'excuse Tomoyo, dit-elle en allant se blottir dans les bras de son amie. Je suis celle qu'il déteste et... Il ne voudra plus de moi... Tomoyo, c'est à cause de moi que Shaolan se sent si mal au fond de lui. Il a des raisons de m'en vouloir... Je lui ai volé le trésor de sa famille. »

« Je t'en prie, calme-toi. »

Soudain, Sakura s'écarta de son amie et le considéra d'un regard étrangement vide.

« Je t'en prie, sors... »

« Sakura... »

« Non, je veux rester seule... »

« Appelle-moi si tu as... »

« Oui, je t'appellerai si j'ai besoin de toi ! » coupa-t-elle.

Tomoyo porta un dernier regard sur son amie avant de quitter la chambre.

Qu'est-ce que j'ai fait ? pensa Sakura. C'est fini entre nous...

Non, Sakura, tu...

N'essaie pas de me rassurer, Phoebe. C'est la vérité. Shaolan mettra un terme à notre relation. Qu'est-ce je vais faire s'il me déteste ?

Il comprendra...

Non, il ne comprendra jamais ! Tu le connais comme moi, maintenant. Tu sais comment il est... Il ne me reste plus qu'une chose à faire avant de découvrir dans ses yeux, le dégoût qu'il aura de moi...

Sakura, ne fait rien que tu pourrais regretter par la suite.

Non, je ne regretterai jamais ce que je m'apprête à faire.

Elle ouvrit sa penderie, sortit un jean propre ainsi qu'un pull, puis les vêtit.

Elle sortit discrètement de sa chambre et descendit lentement les escaliers. Parvenue au vestibule, elle sortit en refermant délicatement la porte.


Intrigué par le soudain appel de Kyo, Shaolan avait abandonné son travail, entrepris depuis moins d'une heure, pour se rendre chez son ami.

Shaolan aurait certainement ignoré l'appel, si Kyo n'avait pas prononcé le nom de Sakura. Qu'avait-il à lui dire de si important sur elle ? Agité par cette interrogation, Shaolan avait quitté sans hésitation ses formules magiques pour se rendre à ce rendez-vous nocturne.

De toute façon, ses recherches - pour parvenir à retrouver la maîtresse des cartes - ne le menaient à rien. Peu importe les formules utilisées, pas moyen de ressentir ne serait-ce qu'une once de magie provenant de cette japonaise. Pourtant, il aurait dû ressentir son pouvoir malgré la distance qui les séparait.

Il ne comprenait pas.

Deux possibilités s'imposaient à son esprit.

Soit la maîtresse des cartes était morte mais cela était improbable car son oncle n'aurait pas manqué de l'avertir de cette nouvelle. Soit, et cela était plus probable, la maîtresse des cartes maîtrisait à ce point sa magie qu'elle était capable de la dissimuler aux autres sorciers. Mais il n'osait pas penser à cette éventualité car cela signifiait purement et simplement qu'elle était aussi douée que le sages du conseil.

Je me pencherai sur cette question dès que j'aurai appris ce que Kyo à me dire sur Sakura, songea-t-il en courant dans les rues.

Il avait quitté sa famille sans qu'aucun ne lui demande où il se rendait. Heureusement, car il ne souhaitait pas leur parler pour le moment. Il devait encaisser encore les paroles de sa mère et le silence de ses sœurs. Peut-être que demain, ou lorsqu'il aurait enfin les cartes en sa possession, il se déciderait à demander des comptes à sa mère afin de crever totalement l'abcès…

Combien de fois s'était senti seul par le passé ? Il ne s'en souvenait pas, mais sa mère et ses soeurs avaient toujours été là pour le soutenir et atténuer sa solitude. Aujourd'hui, il était vraiment seul… seul comme il ne l'avait jamais été, abandonné de tous.

Il ne me reste plus que toi, Sakura. J'espère que tu ne vas pas à ton tour me rejeter ou me mentir comme l'ont fait tous les autres.

Il avait besoin de se confier à quelqu'un pour vider enfin son sac. Sakura serait désormais la seule à lui accorder une oreille attentive. Il le savait parce qu'elle l'aimait.

Demain, je te dirai tout ce que j'ai sur le cœur, Sakura. Tu verras à quel point ton amour m'est nécessaire pour ne pas sombrer définitivement…

Sombrer vers où ? Il ne le savait pas vraiment mais il était certain qu'il ne supporterait pas une autre déception de la part d'une personne qu'il chérissait. Encore une autre désillusion, et le sol s'ouvrirait sous ses pieds... Il n'osait même pas imaginer l'endroit où il échouerait… l'enfer ? Peut-être bien.

Lorsque enfin il arriva devant l'appartient de Kyo, il sonna.

Personne pour lui ouvrir.

Décidé à faire comprendre à Kyo à quel point il était de mauvaise humeur, Shaolan ne trouva rien de mieux que de s'acharner sur la sonnerie, se moquant au passage du bruit qu'il causait dans le voisinage.

J'avais déjà pas la tête à discuter…Et lui, il me fait poireauter ! J'espère pour lui qu'il n'est pas avec sa mystérieuse copine, sinon je...

La porte s'ouvrit.

En voyant, la jeune fille en peignoir devant lui, sa colère, déjà bien attisée, s'enflamma pour de bon.

A suivre….

Je vous laisse en plan, là ?

Alors dites-moi, suis-je gentille ou méchante ? Vous avez vu ? J'ai réussi à faire pleurer la mère de Shaolan, trop fort ! Et Sakura/ Tomoyo c'est plus au beau fixe non plus. Quelle sadik, je fais !

Non, je vous jure que je ne m'amuse pas à faire souffrir mes persos (hou la menteuse, elle est amoureuse, lol). Seulement, là… Vous voyiez bien kon est arrivé à un tournant très net de l'histoire.

Quel final aurons-nous (c'est pas maintenant, vous inquiétez pas, mais c'est pour bientôt) ? La mort de Shaolan est en tout cas programmé par le conseil. Sakura va bien être obligée d'avouer son secret à son amour, et lui... croyez-vous ke Shaolan comprendra ce ke sa mère voulait dire par ses reproches ? La fin de cette fic dépend de Shaolan et de son fichu caractère. Alors, non… je ne suis pas sadik. C'est l'histoire ki avance ainsi. Je suis comme le destin. Tout n'est pas écrit en avance… Le destin d'une personne dépend des choix qu'elle fait, non ? Alors priez pour ke Shaolan puisse ouvrir les yeux avant kil ne soit trop tard.

Pour la semaine prochaine, je vais ralentir le tempo. Il y aura sens doute 1 ou 2 chapitres. C'est parce ke j'arrive à un moment crucial de l'histoire (genre !) et je réfléchie à plusieurs scénarios et donc je m'embrouille un peu la tête (à la longue, ça devient une habitude). Bref, je suis en train de relire les chap précédents pour bien m'assurer ke je vais bien répondre à toutes les interrogations et les mystères ke j'ai parsemés. Et kom je sens ke je m'approche du Final, il vaut mieux aller doucement sans koi je vais m'emmêler les pinceaux.

Sur ce… je vous souhaite une bonne semaine !