Gravitation
My hurted heart
Chapitre I : Where are you?
Auteur : Shizuka Kurai
Genre : Yaoi, shonen aï, darkfic, léger songfic( les paroles sont de moi)
Série : Gravitation
Pairing :
Shuichi Shindô (Shui-chan)/ Eiri Yuki
Shuichi / Hiroshi (trèèèèès léger)
Persos:
Hiroshi Nakano, guitariste des Bad Luck
Suguru Fujisaki (Su-chan), pianiste des Bad Luck
D'illustres inconnus (NAN! J'ai pas dit qu'y avait des persos célèbres dans cette fic. Au cas où vous le sauriez pas, "illustres" ça veut pas forcément dire célèbre, d'autant plus que derrière ce mot, j'ai mis "inconnu". Faut lire comme il faut quand même!)
Disclaimer : les persos ne sont pas à moi. Je ne fais que les emprunter.(Bon sang ! Un de ces quatre, y faudrait que j'fasse une fic avec des persos originaux, non ? …Nan …C'est plus marrant avec les personnages qu'on connaît, on peut les torturer, les massacrer, les éclater, LES FAIRE SOUFFRIR ! HA HA HA HA HA !…..Heu… Désoulé, je crois que j'suis encore parti dans un gros délire de grooooooooosse sadique…
Spoiler : J'y m'excuse si jamais j'y en avoir fait un spoiler (ce serait bien involontaire de ma part). Mais bon, j'y connais encore que les quatre premiers épisodes de la série télé, et j'y connais pas encore touuuut ce qu'y s'passe, et j'y connais pas encore le passé des personnages alors des fois, j'y suis embêtée pour écrire pace ke j'y connais pas beaucoup trop plein les persos. Gomen à tout ceux qui mieux la série que mooooi !
« …You have hurt my heart
But I can't leave you anymore.
You are my soul forever and ever more
So can you heal my hurted heart ? »
( Fin de la chanson)
Les vivats des fans en délire s'élevèrent dans la salle dès la fin du morceau clôturant le spectacle. Le concert de ce soir avait été particulièrement réussi. Tout s'était déroulé sans aucun incident, et visiblement le public avait apprécié la performance du groupe des Bad Luck. Le chanteur du groupe, Shuichi Shindô, saluait et remerciait chaleureusement les spectateurs tout en cherchant un visage connu parmi la foule. Déçu de ne pas voir la personne qu'il attendait, il fit un dernier salut au public avant de sortir précipitamment de scène, sans même attendre les autres membres de son groupe. Hiroshi Nakano et Suguru Fujisaki, le guitariste et le pianiste des Bad Luck, échangèrent un regard intrigué avant de conclure qu'Eiri Yuki n'était pas venu assister au concert du jeune Shuichi. « Décidément, se dit Hiroshi en regagnant les coulisses tandis que les lumières s'éteignaient sur scène, je trouve ce type de plus en plus antipathique. Et dire que Shuichi en est dingue. .. » Quand le jeune homme arriva devant la loge de son ami, il trouva une porte fermée à double tour, derrière laquelle on percevait des pleurs.
« Shuichi ? » appela doucement Hiroshi.
Pas de réponse…
« Shuichi ? insista le guitariste. C'est Hiroshi. Je sais que tu es là. Ouvre la porte. »
…Toujours rien… Le silence total…
« SHUICHI ! OUVRE CETTE PORTE AVANT QUE J'LA DEFONCE ! » cria le musicien qui commençait à perdre patience, en donnant un grand coup sur la porte.
Il attendit quelques minutes sans que rien ne se passe. Puis, enfin, il entendit un bruit de clef dans la serrure, et la porte s'entrouvrit. Le guitariste entra dans la pièce mais il ne vit personne. Percevant un mouvement derrière le paravent, il s'approcha et en écarta un des pans. C'est là qu'il découvrit son camarade recroquevillé dans un coin, vêtu d'un peignoir trop grand pour lui. Le garçon aux cheveux roses sanglotait doucement. Hiroshi s'accroupit près de lui, et posa une main rassurante dans les mèches soyeuses.
« Ça va, Shui-chan ? »demanda gentiment le guitariste.
« snif snif… Hiroshiiiiii … gémit le chanteur… Yuki… Yuki… n'est pas venuuuuuuu… Pourtant… snif… il avait promiiiiiiiiiis… Ouiiiiiiiiiiin ! »
« Hé, calme-toi, mon vieux. Tu sais bien comment il est. Et puis si ça se trouve, il travaillait sur son dernier roman, il n'a pas vu l'heure passer, et il n'a sans doute pas pu arriver ici avant qu'on ferme les portes. »
« NAAAAN …snif snif… C'est pas çaaa… répondit Shuichi. Il a oubliééééé…Il ne pense pas à moi et il ne m'aime paaaaaas… Ouiiiiiiiiiiin… »
« Allons, Shui-chan. Tu racontes des bêtises, là… »
« NAAAAN… C'est la véritééééééééé…Ouiiiiiiiiiiin… » fit Shuichi en gémissant de plus belle.
Hiroshi soupira. Décidément, ce pauvre Shuichi était vraiment trop sensible. Et Eiri Yuki trop froid et désagréable. Comment un garçon aussi gentil et innocent que Shuichi avait pu tomber amoureux d'un type pareil ? Il faudrait qu'Hiroshi dise ses quatre vérité à ce bellâtre prétentieux d'écrivain. Le guitariste s'assit à côté de son camarade, et passa un bras autour de ses épaules. Le chanteur se jeta dans les bras de son ami et y pleura longtemps. Quand enfin il se calma, Hiroshi s'adressa à lui :
« Ça va mieux ? »
« … »
« Bon, maintenant, fit le musicien, tu vas rentrer et retrouver ton Yuki adoré, d'accord ? »
« … »
« Shuichi ? Tu m'écoutes ? »
« …H…Haï…Hiro-chan, » répondit Shuichi d'un ton peu convaincu.
« Bien. Allez, lève-toi et finis de te changer. Yuki doit t'attendre, et il va s'inquiéter s'il ne te voit pas rentrer. »
Shuichi acquiesça et se releva sans enthousiasme. Son compagnon le laissa après s'être assuré qu'il ne pleurait plus. Le chanteur se rhabilla avec lenteur, optant pour un short en cuir rouge et un petit haut noir sans manche très moulant en cette étouffante soirée d'été. Il passa par-dessus une veste longue très légère en satin rose pâle, car le fond de l'air était quand même frais à cette heure tardive, et il sortit discrètement de sa loge. Il quitta le lieu du concert sans se faire remarquer, et s'enfonça dans la nuit…
Le jeune homme aux cheveux roses errait sans but dans les rues enténébrées de la ville. Il n'avait pas envie de rentrer chez lui ce soir, surtout que maintenant son « chez lui », c'était chez Yuki. Et ce soir, Shuichi avait besoin de réconfort, et non des répliques acerbes que ne manquerait pas de lui faire son logeur. Le chanteur continua de déambuler au hasard, perdu dans ses pensées. En passant dans le parc, il ne remarqua pas les cinq silhouettes inquiétantes qui commencèrent à le suivre…
Quelques minutes plus tard, Shuichi traînait le pas en longeant une grande rue. Tout en marchant, il dépassait de temps à autre d'étroites et obscures ruelles à l'allure peu avenantes, perpendiculaires à la grande rue. A sa ceinture, son téléphone portable sonna, mais il ne répondit pas. Il n'avait pas envie d'être dérangé. Il ne voulait parler à personne. Il laissa l'appareil sonner plusieurs fois dans le vide. Puis, comme l'avertisseur sonore continuait de retentir tout en vibrant, le chanteur, exaspéré, attrapa l'engin pour l'éteindre. Mais il n'en eut pas le temps. Soudain, il se sentit agrippé par une poigne de fer, et entraîné sans ménagement dans une ruelle adjacente. Le portable tomba sur le sol où il continua à lancer des trilles frénétiques…
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Le téléphone retentit dans l'appartement silencieux. Quel était donc le baka qui pouvait appeler l'écrivain à une heure pareille ? 1H18 du matin. Normalement, les gens normaux dormaient à cette heure-là et les personnes bien éduquées ne téléphonaient pas à des moments pareils. Mais puisque de toute manière, Yuki était debout, travaillant sur son dernier chapitre, l'écrivain décrocha le combiné posé sur son bureau en poussant un soupir exaspéré.
« Quoi ? » lança-t-il sèchement à son interlocuteur.
« Yuki ? fit la voix d'Hiroshi à l'autre bout du fil. Est-ce que Shuichi est bien rentré ? »
« De quoi tu parles ? Vous n'aviez un concert ce soir ? Vous deviez bien être ensemble, non ? »
« Justement, c'est là le problème. Le concert est terminé depuis un peu plus de deux heures. Shuichi est parti sans prévenir personne, et ça va bientôt faire une heure que j'essaie de le joindre sur son portable sans résultat. »
« Il a dû oublier son portable dans sa loge, et maintenant il doit s'éclater en boîte de nuit. »
« Shuichi ne va jamais en boîte après un concert, répondit agressivement Hiroshi. Et je peux te certifier que son portable n'est pas dans sa loge. Mais s'il est parti en l'emportant et qu'il ne répond pas, c'est qu'il a dû lui arriver quelque chose. »
« Tu te fais du mauvais sang pour rien, fit Yuki d'un ton agressif. Il a dû simplement éteindre son appareil pour ne pas que tu l'emmerdes. »
« Bon. Visiblement, la disparition de Shuichi n'a pas l'air de t'inquiéter plus que ça, répliqua durement Hiroshi. Il sera certainement ravi de l'apprendre quand on le retrouvera. »
Et avant que l'écrivain ait pu répliquer quoi que ce soit, le guitariste lui raccrocha au nez. Yuki reposa lentement le combiné sans fil sur son socle avec une moue de dédain. Non, effectivement, la "disparition" de Shuichi ne l'inquiétait pas vraiment. Le mois dernier, le chanteur s'était volatilisé toute une nuit durant, après que Yuki eut critiqué le texte de sa dernière chanson. Le lendemain, on apprenait que le jeune homme aux cheveux roses avait passé la nuit chez son idole, Riyûichi Sakuma. Aujourd'hui encore, Shuichi devait en vouloir à Yuki de ne pas être venu à son concert, et il était certainement allé dormir chez un ami, ou encore à l'hôtel. Donc le romancier ne s'angoissait pas outre mesure. Le gamin écervelé referait bien surface quand il serait calmé. Yuki bailla puis éteignit son ordinateur avant d'aller se coucher.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
6H du matin. Au lieu du radio réveil, ce fut le téléphone qui réveilla l'écrivain. Le jeune homme blond se redressa sur un coude en grommelant et maudissant le baka qui osait le déranger aussi tôt. Il décrocha le combiné du téléphone qu'il avait dans sa chambre.
« Haï ? » demanda-t-il en étouffant un bâillement.
« Yuki ? C'est Hiroshi…On a retrouvé Shuichi… »
« Tu vois ? lança l'écrivain d'un ton méprisant. Il n'était pas bien loin. Pas la peine d'en faire toute une montagne. »
« URUSAÏ, YUKI ! répliqua le guitariste, perdant un instant son calme. Je te téléphonais juste pour te prévenir que tu aurais la paix pendant quelques temps. Shui-chan va devoir rester plusieurs jours à l'hôpital. »
« L'hôpital ? » répéta l'écrivain en pâlissant légèrement.
« C'est la police qui l'a retrouvé. Salement amoché. Ils l'ont conduit à l'hôpital central. »
« … »
« Je passerai chez toi dans la journée pour lui prendre quelques affaires. Ou alors Sakano-san peut passer tout de suite si tu préfères. »
« …Peu importe. Faites comme vous voulez… »
« Bien…Je te laisse. Désolé de t'avoir téléphoné si tôt. » fit Hiroshi d'une voix teintée de reproches avant de raccrocher.
« MATTE…kudasaï… » commença l'écrivain.
Yuki n'avait pas eu le temps de demander quelques explications au guitariste. Le jeune homme blond reposa le téléphone d'une main légèrement tremblante. Quelle connerie ce baka de Shuichi avait encore bien pu faire ? L'écrivain s'assit au bord du lit en passant une main dans ses cheveux. Puis il se leva et alla prendre une douche. Quand il fut propre et habillé, Yuki enfourna dans un sac de sport quelques vêtements pris au hasard dans les affaires de Shuichi, et sortit précipitamment de son appartement. Quelques minutes plus tard, le romancier arrivait à l'hôpital et sautait presque à la gorge de la dame de la réception en lui demandant d'un ton rude le numéro de la chambre de Shuichi Shindô. L'information obtenue, le jeune homme blond se dirigea d'un pas rapide vers le lieu indiqué. Quand il arriva, Hiroshi sortait justement de la chambre en question. Ce dernier afficha un air étonné en apercevant l'écrivain.
« Je ne pensais pas que "Yuki-dono" daignerait se déplacer jusqu'ici », fit le guitariste, sarcastique.
« …Tiens … », répondit simplement Yuki en lançant le sac de sport à Hiroshi.
« Et en plus, il a même apporté les affaires de Shuichi, lança le musicien d'un ton ironique. Mais quel homme serviable ! »
« Ne me cherche pas, Hiro… » le menaça Yuki.
« J'vais m'gêner ! » riposta le jeune homme aux cheveux longs.
Un instant, les deux hommes se toisèrent d'un regard haineux. Ils ne s'appréciaient vraiment pas l'un l'autre, et aucun des deux ne faisaient rien pour le cacher. Ce fut Hiroshi qui calma le jeu en détournant la tête pour regarder la porte de la chambre.
« Ce n'est pourtant pas l'envie qui me manque de t'en foutre une, Yuki. Mais là, j'ai d'autres soucis bien plus importants que ta sale gueule. Alors tu permets, je vais poser le sac dans la chambre. »
« Matte… » lança Yuki dans un souffle.
« NANDA ? » répliqua agressivement le bassiste en se retournant.
« …Que s'est-il passé ?... » demanda Yuki d'une voix légèrement tremblante.
Hiroshi observa attentivement l'écrivain. Ce dernier semblait aux bords des larmes. " Non…pensa le musicien, surpris. Ne me dites qu'il s'inquiète réellement pour Shuichi ? C'est la meilleure de l'année celle-là ! " Décontenancé, mais malgré tout attendri, le guitariste se reprit et dit d'une voix plus calme :
« Si tu veux, entre une minute le temps que je pose le sac, et après je t'expliquerai tout. »
« Haï… »
Hiroshi entra doucement dans la pièce, suivi d'un Yuki légèrement fébrile. L'écrivain pâlit en voyant son compagnon allongé sur le lit. Le jeune chanteur était dans un piteux état : le visage couvert d'ecchymoses, un œil au beurre noir, la lèvre supérieure coupée et tuméfiée, les bras et une main bandés, et un plâtre à la jambe gauche. Le garçon dormait d'un sommeil sans rêve. Yuki s'approcha du lit et prit la main gauche du blessé dans la sienne. Jusqu'à maintenant, ses sentiments pour Shuichi égalaient son exaspération. Le jeune homme aux cheveux roses était d'un naturel frais et pétillant, ce qui apportait un peu de soleil dans l'appartement sombre et lugubre de l'écrivain. Mais en même temps, c'était un véritable gamin, bruyant et agaçant, un instant débordant d'enthousiasme ou l'instant d'après piquant une crise de larmes pour la moindre peccadille. Yuki avait plus adopté un animal de compagnie qu'accueilli un amant chez lui, et son joyeux locataire était plus une source d'emmerdements qu'autre chose.
Jusque là, il trouvait le chanteur encombrant. Jusque là, il ne s'intéressait pas à lui. Du moins le croyait-il…Et pourtant, le jeune homme blond se surprenait à s'inquiéter pour son locataire. Il se surprenait à éprouver pour le chanteur des sentiments autres que l'agacement… un attachement qui faisait souffrir Yuki à la seule pensée qu'il pouvait perdre Shuichi… Une douleur lancinante sourdait dans la poitrine de l'écrivain. Il avait l'impression d'étouffer… Perdu dans ses pensées, c'est à peine s'il sentit la main d'Hiroshi se poser sur son épaule.
« Hé, ça va ? » demanda ce dernier d'un ton plein de sollicitude.
« … »
« Yuki ? insista le musicien. Ça va aller ? »
« Hein ? Ha !...Haï… » répondit l'écrivain, sortant enfin de sa rêverie.
Jetant un dernier regard vers le blessé, Yuki suivit le guitariste dans le couloir. Une fois sorti, les deux hommes trouvèrent des sièges et s'installèrent. A ce moment-là, ils virent arriver Suguru.
« Suguru ? Où est Sakano-san ? » questionna Hiroshi.
« Il est encore en train de faire sa déposition à la police. Ils tiennent absolument à savoir si Shuichi n'auraient pas des ennemis qui pourraient lui en vouloir au point de l'agresser. »
« Pfff, c'est ridicule ! Shuichi n'a aucun ennemi ! » lâcha le guitariste.
« Tiens ? Vous êtes venu finalement, Yuki-san ? remarqua le pianiste. Cela fera certainement plaisir à Shuichi quand il se réveillera. »
« Suguru, tu veux bien aller nous chercher des cafés ? ou ce que tu trouveras, demanda Hiroshi. Et un truc à manger aussi. »
« Haï ! Je reviens tout de suite…heu…Hiro-kun …? hésita l'adolescent. Et si c'était…? »
« Les membres du groupe "Ask "? Allons, ne dis pas n'importe quoi, Su-chan ! s'indigna le bassiste. Les Ask ne nous apprécient pas spécialement, nous les "Bad Luck ", mais tout de même, de là à se livrer à de tels actes, y a un grand pas ! »
« Pourtant, tu y as pensé, Hiroshi ! »
« Oui, c'est vrai, avoua le guitariste. Je te mentirais si je disais que non. Mais il ne faut pas être parano à ce point-là non plus ! »
« Mais… »
« Ça suffit, Suguru ! s'emporta Hiroshi. Va faire un tour, ça te rafraîchira les idées, et rapporte-nous ces cafés ! »
« H…Haï, Hiro-kun… » balbutia le pianiste avant de s'éloigner, l'air penaud.
Le guitariste et l'écrivain le regardèrent s'éloigner. Pendant quelques minutes, un silence pesant s'installa entre eux, seulement ponctué par les pas et les voix du personnel médical qui s'affairait autour d'eux. Au bout d'un moment, Yuki sortit de son mutisme.
« T'es convaincu de ce que tu lui as dit ? » demanda-t-il au guitariste.
« Bien sûr que non ! répliqua Hiroshi d'un ton acerbe. Je connais les "Ask " depuis assez longtemps pour savoir qu'ils ne reculeraient devant rien dans leur ascension vers la gloire. Pas même à s 'en prendre à leurs rivaux… »
«… »
« J'ai seulement dit ça pour rassurer Suguru. Je crois que cette histoire l'a profondément choqué. Non seulement parce qu'il s'inquiète pour Shuichi, mais aussi parce que ça lui fait peur… »
« Peur ? »
« Haï ! acquiesça Hiroshi. Il a peur d'être agressé à son tour…Ce n'est qu'un gamin, ajouta-t-il devant l'expression moqueuse de l'écrivain. Il débute à peine dans le monde de la musique, et il n'en connaît hélas pas encore les dures réalités… »
« Raison de plus pour ne rien lui cacher. Ce n'est pas en le couvant trop que tu le protégeras », lança sèchement Yuki.
« Tu crois peut-être que ça a protégé Shuichi ? » rétorqua hargneusement le bassiste.
L'écrivain resta sans voix. Hiroshi se leva en lui tournant le dos avant de lui éclater la tronche. Décidément, il ne supportait pas ce kuzu de scribouillard. Mais qu'est-ce que Shuichi pouvait donc bien lui trouver ? Ça dépassait vraiment son entendement. Le guitariste se retourna avec la ferme intention d'engueuler vertement Yuki, mais ce qu'il vit le sidéra tellement qu'il en ravala ses paroles acerbes. Complètement adossé à son siège, la tête baissé, Yuki, le froid et impassible Eiri Yuki pleurait à chaudes larmes, sans bruit. Un étrange sourire, à la fois triste et moqueur, se dessinait au coin de ses lèvres.
« Yuki …? » fit Hiroshi, vaguement inquiet.
« …J'aurais dû être là… » murmura l'écrivain.
« Hein ? »
« … J'aurais dû le protéger … continua le jeune homme blond à mi-voix. Mais je l'ai laissé tout seul … »
L'écrivain partit d'un rire nerveux qui intrigua fortement le bassiste. Ce dernier ne savait pas quoi répondre aux paroles de Yuki. C'était exactement ce qu'Hiroshi pensait : Yuki aurait dû être là pour Shuichi. Mais maintenant que le mal était fait, il ne servait à rien de ressasser le passé. Il fallait avant tout penser à Shuichi, et être là pour le soutenir.
« Oh, ça va, Yuki, lâcha Hiroshi d'un ton légèrement agressif. Tu vas pas nous la jouer mélodramatique mainte… »
Hiro ne put terminer sa phrase. L'écrivain s'était brusquement levé et l'avait agrippé par le col de son T-shirt.
« ALLEZ, VAS-Y, FRAPPE-MOI ! cria le romancier. JE SAIS QUE T'EN MEURS D'ENVIE !…JE NE MÉRITE QUE ÇA ! ALLEZ COGNE ! FAIS-MOI FERMER MA GRANDE GUEULE ! » éructa l'écrivain, les larmes ruisselant toujours sur ses joues.
Les deux hommes se regardèrent un moment droit dans les yeux. Puis soudain, Yuki craqua. Son visage se crispa de douleur. Il ferma les yeux et tomba à genoux aux pieds d'Hiroshi, en s'agrippant au T-shirt du guitariste. L'écrivain tremblait de tous ses membres, incapable de réprimer les sanglots qui agitaient son corps de soubresauts irréguliers. Hiro ne savait plus quelle attitude adopter. Le désespoir du jeune homme blond semblait sincère et le prenait totalement au dépourvu. Mais Hiroshi comprenait mal pourquoi le romancier se mettait dans un état pareil. Lui d'ordinaire si maître de lui. Les deux hommes restèrent quelques minutes ainsi, sans prononcer un mot. Puis, Yuki se calma enfin et lâcha le vêtement du musicien. Comme l'écrivain ne se redressait pas, Hiroshi le releva doucement et le fit s'asseoir. Il s'assit à son tour et tendit un mouchoir en papier à son voisin. Décidément, quand c'était pas l'un qu'il devait consoler c'était l'autre. Hiroshi aurait bien passer un bras sur les épaules de Yuki, mais connaissant le caractère entier de ce dernier, il se dit qu'il ne valait mieux pas.
« Bon, t'es calmé mainte… ! Oui, on dirait… »fit le bassiste en voyant Yuki le fusiller du regard.
« Allez, accouche, on va pas y passer la nuit ! » lança l'écrivain d'un ton agressif, ayant retrouvé sa froideur habituelle malgré un léger tremblement dans sa voix.
« OK…Shuichi a donc été agressé… »
« J'avais compris ! »
« Il a été retrouvé vers 2 H du matin par un policier qui faisait sa ronde. Le policier a d'abord trouvé le portable de Shuichi qui sonnait par terre. Puis il a entendu du bruit dans la ruelle attenante, et il a vu cinq silhouettes s'enfuir. En voulant les poursuivre, il est tombé sur Shuichi. Il a immédiatement appelé une ambulance pour le transporter à l'hôpital. »
« Comment va Shuichi ? »
« Sa vie n'est pas en danger. Cependant, ces types l'ont sérieusement passé à tabac. Shui-chan a des ecchymoses sur tout le corps, quelques côtes fêlées, ainsi que deux doigts et la jambe gauche cassés. Il a aussi pris quelques coups assez violents à la tête, et deux coups de couteaux dans l'abdomen…Mais ne t'inquiète pas, ajouta Hiroshi en voyant Yuki pâlir brusquement, les plaies étaient peu profondes, et il n'a pas perdu trop de sang. Les médecins surveillent surtout qu'il n'ait pas de traumatisme crânien ou d'hémorragie interne, mais ils sont confiants. Tout ira bien normalement. »
Yuki ne prononça pas un mot. Il se contenta de lever les yeux vers la porte de la chambre où dormait son amant. Hiroshi, quant à lui, guettait chaque réaction de l'écrivain. Et il hésitait…Il voulait dire au jeune homme blond l'autre chose que Shuichi avait dû subir…Mais il avait promis…promis de ne rien dire…Et une promesse envers SON Shui-chan était sacrée pour le bassiste. Alors, malgré son désir de tout avouer, Hiroshi se tut en repensant aux quelques mots échangés avec Shuichi quand il s'était réveillé.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Flash-backLe jeune homme aux cheveux roses ouvrit les yeux mais regretta vite de s'être réveillé. La tête lui tournait affreusement, et son corps lui faisait mal partout. Il avait du mal à reprendre ses esprits, et essayait de deviner où il était, quand une voix familière attira son attention.
« Ça y est ? Tu es réveillé, Shui-chan ? »
C'était Hiroshi. Shuichi tourna péniblement la tête vers son camarade. Il essaya de parler mais aucun son ne sortit de sa bouche.
« Chuuut. Calme-toi… » dit doucement le guitariste.
« Hi…Hiro…chan… » fit le chanteur d'une voix enrouée.
« Chuuut ! Ne parle pas, Shui-chan. Tu n'as rien de grave à la gorge, mais il vaudrait mieux éviter de parler…Tout va bien maintenant, continua Hiroshi. Tu es en sécurité ici… »
"Sécurité ?"Soudain, l'affreuse réalité resurgit à la mémoire de Shuichi. Le concert…la ruelle…les hommes…Son visage se déforma en une grimace douloureuse au souvenir de ce qui finalement n'était pas un rêve…Croyant que c'étaient ses blessures qui faisaient souffrir Shuichi, Hiroshi se leva.
« Matte. Je vais chercher un docteur pour qu'il te donne un calmant. »
« NON ! s'exclama soudain le chanteur d'une voix angoissé. Reste…Hiro-chan… »
« D'accord, je reste, fit Hiroshi en se rasseyant. Je reste avec toi… »
« …Hiro-chan…Je…ils… » commença Shuichi sans pouvoir terminer une phrase.
« Oui, je sais, Shui-chan, fit le bassiste en hochant tristement la tête. Les médecins m'ont dit pour … »
« Ne dis rien…à…Yuki… » balbutia le blessé.
« Hein ? Mais Shuichi… »
« Onegaï shimasu ! »
« Shuichi… »
« YAKUSOKU SHITTE KUDASAÏ YO ! » fit le chanteur d'une voix désespérée.
(Heuuu…Traduction : « Promets-le-moi, s'il te plaît ! ». Gomen pour le japonais, mais je trouvais que ça faisait Style. Avec un grand "S" s'il vous plaît)
Voyant que son compagnon commençait à s'agiter, Hiroshi s'empressa de lui répondre :
« Haï, Shui-chan…C'est promis, je ne dirais rien… »
Soulagé, le jeune homme aux cheveux roses ferma les yeux et avant de s'endormir, il murmura :
« Arigato…Hiro-chan… »
Fin du Flash-back
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Il était 20H44. Les nuages qui menaçaient avaient recouvert la ville d'une nuit prématurée. Ce furent les premières rumeurs du tonnerre qui réveillèrent le garçon aux cheveux roses. Où était-il déjà? Ah oui… l'hôpital…Il se rappelait avoir parler brièvement avec Hiroshi avant de sombrer dans le sommeil. La chambre était plongée dans la pénombre. Parfois un éclair au-dehors illuminait la pièce d'un éclat sinistre. Un bruit à côté de son lit attira l'attention du chanteur. C'était un livre qui était tombé par terre. Shuichi remarqua alors la silhouette assise sur la chaise. Un éclair fortuit en révéla l'identité au blessé : YUKI ! La pièce retomba dans l'obscurité et le visage aimé sombra de nouveau dans les ténèbres. De surprise et de peur, Shuichi avait poussé un cri, ce qui avait eu pour effet de réveiller l'écrivain.
« Shuichi ? Tu es réveillé? » demanda le romancier en posant sa main sur le bras gauche du blessé.
« NON ! s'exclama un peu vivement Shuichi avec un mouvement de recul. Je…j'ai mal…j'ai si mal, Yuki…» ajouta-t-il pour expliquer son geste.
« … Je vais appeler un médecin…» fit le jeune homme blond d'un ton un peu abrupte de s'éloigner.
" Oui, va-t-en, onegaï…pensa Shuichi quand Yuki fut sorti. Je ne veux pas que tu me vois comme ça…Pourvu qu'il n'ait pas compris…Oh, pitié, faites qu'il n'ait pas deviné pour …ça". Des larmes se mirent à couler sur les joues du jeune chanteur, sans qu'il puisse rien faire pour les retenir. "Yuki…Ne me regarde pas…Surtout ne reviens pas, je ne veux pas que tu me vois comme ça…Je suis sale…immonde…"
« Yuki…murmura Shuichi. Yuki… »
Sa voix s'étrangla dans sa gorge douloureuse. Shuichi ne voulait que son amant le voit, maintenant qu'il avait été souillé. Mais il y avait une chose qu'il ne comprenait pas… Pourquoi avait-il eu si peur quand Yuki avait posé sa main sur son bras ? Ce n'était pas seulement parce qu'il se sentait sale. Non, c'était autre chose… Il avait été complètement submergé par une terreur sans bornes avec ce simple contact… Il ne voulait pas qu'on le touche… Il voulait que personne ne le touche… Il se rappelait la douleur et la honte… Les larmes se mirent à couler de plus belle sur les joues de Shuichi, aussi abondantes que les gouttes de pluie qui ruisselaient sur les vitres…
A SUIVRE …AU PROCHAIN EPISODE : To feel alone
Lexique : (Heu…petite question : vous voulez aussi que je mette un lexique pour les mots français ? et pour les mots anglais ? Non ? C'est bon ? Bon, tant mieux comme ça, ça me fait moins de boulot pour taper)
Arigatô :merci
Baka : imbécile, idiot, crétin, bête, con, abruti, stupide, maladroit
Chan/kun/san : Diminutif que l'on ajoute au nom (ou prénom) pour marquer l'affection envers une personne (Chan), une certaine marque de respect envers un camarade (Kun), ou marquer une certaine hiérarchie avec des personnes que l'on connaît peu ou plus âgées (San)
-Dono : suffixe de politesse extrêmement formel et archaïque. C'est une marque de respect envers une personne aujourd'hui un peu désuète, plus guère utilisée aujourd'hui que dans les films de samouraïs ou une poignée d'occasions très formelles. Mais tout le monde il avait compris qu'ici, c'était ironique, non ? C'est pour faire râler Yuki…Hi hi hi…
Gomen : pardon, désolé, excusez-moi
Haï : oui (je le mets pour les baka qui le sauraient pas)
Kuzu : raclure, ordure, déchet, connard, sale immondice visqueux et puant, gros truc dégoûtant…(…heu…gomen, les trois premiers mots correspondent à la traduction de ce mot, le reste, ben, c'est moi qui me suis laissé emporté…)
Matte : attends
Matte kudasaï : attends s'il te plaît (Hééé oui ! Tout est dans le "kudasaï")
Nanda : quoi, plus au sens de qu'est-ce qu'il y a, qu'est-ce k'tu veux
Onegaï / onegaï shimasu : s'il te plaît
Urusaï : Ta gueule, ferme-la, tais-toi
