ben voila le chapitre suivant je remercie tous les personnes pour leurs commentaires cela me fait trés plaisir merchi merchi bcp bcp je ne le dirais jamais assez
Chapitre3
– Allons, Sasuké, accepte de venir dîner avec nous ce soir.
Tout en arpentant le bureau contigu dans le salon de Sasuké, ayamé Uchiwa employait tous les arguments possibles pour faire capituler son frère.( et oui dans cette fic il a une sœur oh !OO)
– Papa affirme qu'il te reconnaîtrait à peine dans la rue s'il te rencontrait, depuis tout ce temps.
Dans son fauteuil de cuir pivotant, Sasuké lui tournait presque le dos et regardait par la fenêtre en se massant distraitement la nuque, l'air ennuyé.
– Eh bien, montre-lui ma photo.
Ayamé connaissait bien cette mine absente ; à coup sûr, il y avait une femme là-dessous, une fois de plus. Elle était lasse de réparer ses bévues. L'expérience ne lui avait donc rien appris ?
Elle cessa de marcher et alla s'appuyer à la fenêtre en face de lui.
– Ne parle pas ainsi, dit-elle en lissant nerveusement la manche de son chemisier noir assorti à la couleur de ses prunelles, du même noir que celles de Sasuké. Papa t'aime tellement.
Sasuké rejeta en arrière une mèche de cheveux noir.
– Je l'aime aussi, répliqua-t-il d'un ton bourru. Ce n'était qu'une boutade. Je suis seulement débordé, ces temps-ci.
La belle excuse ! songea ayamé en rongeant son frein. Il était plutôt obsédé par quelque créature indigne de lui, comme d'habitude. Elle avait toujours détesté le voir ensorcelé par une femme, à commencer par Mia Scudella, cette minable intrigante qui avait tenté de le détourner des siens douze ans plus tôt.
– Es-tu vraiment occupé au point de négliger ta famille ? demanda-t-elle d'un ton froissé, sans laisser deviner sa colère. On dirait que tu nous ignores à dessein.
– Les difficultés ne manquent pas, depuis quelque temps.
Quand il la regardait de cette façon étrange, comme si ses yeux noirs la sondaient jusqu'à l'âme, ayamé avait l'impression qu'il savait. Etait-ce pour cela qu'il ne venait plus dîner au Uchiwa's chaque week-end, depuis quelques mois ? Etait-ce pour l'éviter, elle ?
Cette idée la bouleversa. Elle tolérait déjà difficilement qu'il refusât de s'associer avec les siens, préférant faire cavalier seul. Comment pouvait-il se contenter de diriger ce complexe hôtelier alors qu'ils auraient pu bâtir ensemble un véritable empire financier ? Ayamé n'avait jamais dissimulé son caractère ambitieux. Mais chez les Uchiwa, les femmes étaient exclues des affaires qui se transmettaient uniquement de père en fils.
Décidément, en quittant Las Vegas à sa majorité, itachi lui avait joué un bien mauvais tour. Depuis de longues années, ils étaient sans nouvelles de son frère cadet, lui qui comparait le trio qu'ils formaient aux Trois Mousquetaires, capables en s'unissant de conquérir le monde.
itachi n'étant plus là, et sasuké se refusant à prendre la relève, leur père risquait de céder tout ce qu'il possédait à un acquéreur étranger. Quoi de plus révoltant aux yeux de ayamé ? N'était-elle pas une uchiwa, tout de même ?
Inquiète, elle s'approcha de sasuké et lui posa une main sur l'épaule. Avait-elle perdu l'affection du frère aîné qu'elle idolâtrait ? Elle avait besoin d'être rassurée.
– S'il te plaît, sasuké, viens dîner avec nous... pour moi.
Anxieuse, elle retint son souffle.
– D'accord, dit-il enfin. Mais pas ce soir. Demain, peut-être.
ayamé respira. Cette demi-victoire la réconfortait.
– A demain soir, alors. Tu viendras, n'est-ce pas ?
– J'essaierai.
Se levant, sasuké consulta sa montre. Il avait repris son air distrait.
– A présent, le travail m'attend.
– Je comprends, dit ayamé en gagnant la porte. Je me réjouis à l'avance de te voir demain soir. Je vais annoncer la bonne nouvelle à papa.
En attendant, rien ne l'empêchait de flâner un peu dans les parages pour tâcher d'apercevoir le dernier « passe-temps AF de son frère.
Persuadée, après avoir repoussé les avances du patron, d'avoir perdu toutes ses chances d'être engagée, sakura se présenta néanmoins à l'heure pour l'audition. Si le chorégraphe se trouvait dans les parages, elle forcerait le destin, à tout hasard, ne fût-ce que parce que le sort de ino en dépendait peut-être.
A sa grande surprise, un homme vêtu d'un T-shirt et d'un pantalon souple occupait la scène éclairée. Tout en fredonnant à mi-voix, il enchaînait des pas de danse qu'elle reconnut aussitôt pour ceux de la rumba exécutée la veille par la blonde et son partenaire. Il ne manquait pas de talent, et sakura l'admira un moment avant de traverser la salle obscure. Au beau milieu d'un entrechat, il l'aperçut à quelques mètres de la scène et s'immobilisa aussitôt.
– Vous êtes sans doute sakura haruno, lança-t-il d'un ton jovial. Vous avez un nom magnifique, ma chère, tellement... évocateur.
sakura se mit à rire.
– Ma famille a émigré depuis trois générations. Les parents de mon père venaient de Pologne, ceux de ma mère d'Ukraine.
– Un croisement fort réussi, en tout cas. Permettez-moi de me présenter. Shikamaru Nara .
Il lui tendit la main.
– Venez donc me rejoindre. J'aimerais vous voir de plus près.
Eu égard à sa minceur, sa force la surprit. Bien qu'elle fût plus grande et probablement plus lourde que lui, il l'aida à se hisser sur scène avec une aisance surprenante. Avec ses traits harmonieux, son teint hâlé et ses cheveux noir, il ne manquait certes pas de prestance.
shikamaru se mit à tourner autour d'elle en exprimant tout haut sa satisfaction. Son examen semblait cependant dénué de tout intérêt d'ordre sexuel, et sakura se sentait beaucoup moins tendue que la veille, avec sasuké .
– Ferai-je l'affaire ? demanda-t-elle, plutôt amusée.
– Quelle question ! s'exclama-t-il. Avec des jambes pareilles, un buste aussi parfait et cette chevelure somptueuse... A présent, je vous en prie, dites-moi que vous êtes également capable de danser à la perfection, comme vous l'avez assuré à M. sasuké.
Stupéfaite que le patron ne lui ait pas tenu rigueur de sa réaction explosive, sakura reprit espoir.
– J'en suis capable, en effet.
– Bien, dit shika avec un large sourire. Commençons tout de suite, dans ce cas. Posez donc votre sac dans ce coin. Je vais vous montrer deux ou trois figures d'un numéro, puis nous mettrons la musique, et ce sera votre tour.
Déjà en tenue de répétition, sakura le regarda enchaîner quelques pas de rumba, ceux qu'il exécutait précisément quelques minutes plus tôt. Ce choix n'avait rien de surprenant, puisque, en assistant à la représentation, elle s'était vantée de pouvoir surpasser la danseuse. A présent, elle devait le prouver.
Avant de commencer, elle voulut s'assurer que sasuké ne la surveillait pas, mais la salle était plongée dans la pénombre.
– Voulez-vous essayer maintenant ? demanda shika après avoir effectué à deux reprises le même enchaînement de figures. Ou préférez-vous que je recommence la démonstration ?
– Si j'oublie quelque chose, j'improviserai, répondit la jeune femme.
– A la bonne heure.
shika lui fit signe d'attendre un instant tandis qu'il cherchait la bonne plage sur sa cassette, puis il hocha la tête, et les premières mesures de la rumba s'échappèrent des haut-parleurs.
Aussitôt possédée par le rythme, sakura se mit à onduler en cadence. A la fois souple et aérienne, elle esquissa les premiers pas avec assurance, reproduisant fidèlement le schéma de la chorégraphie. Il lui suffit ensuite de se laisser entraîner par la musique et d'évoquer les mouvements d'un partenaire imaginaire, aussi séduisant que... sasuké uchiwa, par exemple.
Les images de la veille l'habitaient encore, comme si les mains, le regard de cet homme avaient éveillé en elle une flamme toujours prête à se ranimer. Elle se mit à danser pour lui, donnant libre cours à sa sensualité, rêvant que leurs corps se cherchaient, se frôlaient, s'éloignaient l'un de l'autre pour mieux se retrouver. Le tempo était celui de leurs cœurs battant à l'unisson, syncopé, capricieux comme la passion. Et lorsque tout à coup la musique se tut, sakura faillit trébucher, brutalement rappelée à la réalité. Son tempérament impulsif lui avait-il fait perdre sa place ? Prête à encaisser une amère déception, elle se tourna vers Nara.
Le metteur en scène était visiblement aux anges.
– Oui, il y a un Dieu ! s'écria-t-il avec enthousiasme.
Soulagée, sakura se dérida enfin. Au même instant, des applaudissements provenant du fond de la salle la firent tressaillir, et son sourire se figea sur ses lèvres. Elle en connaissait l'auteur avant même de l'avoir vu. Son cœur s'affola brusquement tandis qu'il remontait l'allée dans sa direction, les yeux fixés sur elle, le visage hermétique. Sasuké Uchiwa avait assisté à l'audition.
Après la douche froide qu'il avait subie la veille, sasuké se croyait désormais immunisé contre les charmes de sakura haruno. Elle venait pourtant de lui démontrer son erreur en exécutant quelques pas de danse avec une sensualité torride qui bouleverserait à coup sûr son public masculin. En tant qu'homme d'affaires, il se réjouissait de l'aubaine. En tant qu'homme de chair et de sang, il était en proie à des émotions plus complexes.
– Monsieur sasuké, vous êtes un génie ! s'extasia shika. Voici exactement la danseuse qu'il nous faut.
sasuké considérait plutôt la jeune femme comme une source intarissable d'ennuis. Il en était conscient depuis leur rencontre et tout particulièrement, depuis leur premier baiser. Toutefois, il ne s'expliquait toujours pas pourquoi elle avait réagi aussi violemment quand il avait tenté de la retenir. Et la panique subite qui s'était alors emparée d'elle ne cessait de l'intriguer.
L'effrayait-il donc à ce point ? Pour être franc, il ne pouvait la blâmer d'avoir peur de lui. D'ailleurs, si elle avait un peu de bon sens, elle renoncerait à cet engagement et sauterait dans le premier avion pour New York. En territoire connu, elle pouvait aisément distinguer les « bons » des « méchants ». Ici, tout était beaucoup plus compliqué.
– Vous n'aviez pas surestimé votre talent, admit-il.
– Merci.
– Je vais la faire monter immédiatement sur les planches, dit shika en arpentant la scène d'un air affairé. D'abord, la rumba ; c'est indispensable. Barbie va grincer des dents, mais la pauvre chérie n'a pas l'envergure requise pour sortir du rang. Ensuite, nous verrons ensemble le premier et le dernier numéro du spectacle. A mon avis, nous serons prêts dans un jour ou deux.
– Je suis donc engagée ?
S'approchant, sasuké put suivre des yeux un mince filet de transpiration qui brillait sur la gorge de la jeune femme avant d'aller se perdre dans son décolleté. Son imagination suivit le même trajet, et il dut faire un effort pour rester maître de lui.
– Le rôle vous appartient, affirma-t-il.
Elle accueillit la nouvelle avec un calme surprenant de la part d'une danseuse qui n'avait pas travaillé depuis de longs mois.
– Je vais vous apprendre les autres figures de la rumba avant l'heure du déjeuner, poursuivit shika . Nous aurons ensuite tout l'après-midi pour répéter.
Il s'interrompit brusquement et la dévisagea.
– A moins que vous n'ayez d'autres projets ?
– Non. Je suis tout à vous.
Tout en s'adressant à shika, c'était lui-même qu'elle regardait, remarqua sasuké avant de préciser :
– Je compte sur vous ce soir pour assister aux deux représentations en ma compagnie. Vous vous imprégnerez ainsi davantage de l'esprit du spectacle, lui dit-il. Demain soir, le music-hall fait relâche.
– Ce qui ne nous empêchera pas de répéter dans la journée, précisa shika . Je dois convaincre votre partenaire de renoncer à son jour de congé hebdomadaire, et le reste de la troupe d'arriver plus tôt mercredi afin de préparer les deux autres numéros avec vous.
shika ayant manifestement la situation en main, sasuké le laissa s'occuper de sa nouvelle recrue. Il s'apprêtait à se retirer quand un léger bruit au fond de la salle attira son attention. Debout dans l'obscurité, quelqu'un les observait en silence. Au même instant, un téléphone sonna, et sasuké se tourna instinctivement vers le plateau où shika venait de décrocher son appareil cellulaire.
Malheureusement, l'intrus profita de cette diversion pour s'éclipser. Les yeux fixés sur la porte qui se refermait tout juste derrière lui, sasuké s'élança à la poursuite du curieux. Mais à peine eut-il franchi le seuil qu'il faillit rouler par-dessus la balayeuse de Lester Perkins, le technicien de surface.
– Bon sang ! jura-t-il en se frottant le tibia.
– Monsieur sasuké, vous n'avez rien de cassé, au moins ? demanda Lester en rajustant ses lunettes de myope.
sasuké secoua la tête avec impatience.
– Sortiez-vous à l'instant du music-hall ? demanda-t-il.
– Non, je rassemblais mon matériel avant d'y aller. S'est-il passé quelque chose ?
– Non, rien du tout.
Si ce n'était pas Lester, qui donc était venu les épier ? Perplexe, sasuké s'éloigna en direction du casino. Au bout du couloir, une gracieuse silhouette en robe verte attira son attention juste avant de se fondre dans la foule. ayamé ? A quelle manigance sa sœur se livrait-elle, une fois de plus ?
En dépit de ses efforts, sakura était encore bredouille. shika ne lui avait fourni aucun renseignement utile concernant ino dont il avait toutefois souligné le talent.
Tandis qu'elle cherchait un peigne dans son sac, quelqu'un s'éclaircit la gorge dans son dos.
– C'était bien beau à voir.
Sursautant, elle se retourna et découvrit un homme vêtu d'une combinaison de travail bleu turquoise qui levait sur elle des yeux agrandis par des verres aussi épais que des loupes.
– Merci, dit-elle à l'employé qui nettoyait le sol sans bruit depuis plus d'une heure.
– C'est même ce que j'ai vu de mieux ici ces derniers temps, ajouta-t-il avec conviction.
sakura trouva enfin son peigne et entreprit de démêler ses boucles roses.
– Travaillez-vous ici depuis longtemps ?
– Depuis la réouverture de l'hôtel, répondit son admirateur en s'affairant de nouveau. J'avais vingt ans quand je suis entré au service du père de M.sasuké.
Agé d'une quarantaine d'années, il se souvenait sans doute de la période où M. Uchiwa purgeait sa peine de prison, jugea sakura.
– Vous êtes donc satisfait de travailler pour M. sasuké, je présume ?
– Bien sûr, c'est le patron idéal, dit Perkins avec enthousiasme. Et le meilleur des hommes, à mon avis.
– Certainement, approuva sakura du bout des lèvres.
Le plus dangereux, aussi, ajouta-t-elle en son for intérieur. Si dangereux qu'elle serait sans doute plus inspirée de l'éviter comme la peste.
– Vous êtes nouvelle, constata Perkins pour réamorcer la conversation.
– Je viens de New York.
Prête à aller déjeuner, sakura hissa son sac sur l'épaule et sauta prestement de l'estrade.
– ino habitait New York, elle aussi, dit Lester comme elle s'apprêtait à partir.
sakura se figea sur place.
– Vous connaissez ino ?
– C'est ma danseuse préférée. Elle est vraiment très gentille avec moi. Nous bavardons de temps en temps.
Peut-être avait-il alors une idée de ce qui était arrivé à son amie ? S'adossant au rebord de la scène, sakura se tourna vers lui.
– De quoi parlez-vous, tous les deux ?
– Un peu de tout.
– Des hommes qu'elle fréquente, par exemple ?
L'expression de l'employé s'assombrit.
– Elle n'aurait pas dû rompre avec M. sasuké. Ce n'était pas gentil.
Un silence suivit sa révélation, ce qui donna à sakuraa le temps de digérer la nouvelle.
– ino entretenait donc une liaison avec sasuké uchiwa ?
– Elle l'a quitté voici une quinzaine de jours.
Une quinzaine de jours ! ino aurait ensuite rencontré un autre homme et décidé de l'épouser sur-le-champ ?
– Qui est l'élu de son cœur, à présent ?
Perkins haussa les épaules et se remit à l'œuvre. Mais pour une fois qu'elle obtenait une information, sakura n'entendait pas lâcher prise aussi aisément.
– ino est partie sans me prévenir. Peut-être savez-vous où elle se trouve ?
– J'ai dit que nous bavardions, répondit Lester d'un ton aigre sans même la regarder. Je n'ai pas dit qu'elle me confiait ses secrets.
Ses secrets ? Quels secrets ? sakura sentit une bouffée d'espoir l'envahir. Peut-être Perkins savait-il vraiment quelque chose à propos de ce mariage avorté ?
– Vous comprenez, je suis tellement inquiète au sujet de ino, dit-elle d'une voix altérée. C'est elle qui m'a invitée à Las Vegas. Si elle vous a dit quoi que ce soit...
Sans ralentir la cadence de son travail, Lester secoua la tête en maugréant. Déçue, sakura le salua et quitta la salle. L'esprit ailleurs, elle traversa rapidement le casino.
ino et sasuké uchiwa !... sakura ne parvenait pas à imaginer le couple qu'ils formaient. Pas une seule fois au cours de leurs six années de cohabitation, les deux amies ne s'étaient intéressées au même homme. Incapable de nier l'attirance qu'exerçait sur elle le propriétaire du Caraïbes, sakura éprouvait maintenant un vague sentiment de culpabilité, comme si elle avait transgressé la règle d'or de quelque code tacite. Toutefois, à en croire Perkins, ino avait quitté sasuké ; elle s'apprêtait d'ailleurs à épouser un autre homme.
A moins que... Une idée qui ne l'avait pas encore effleurée lui vint soudain à l'esprit : et si Gueule d'amour, le fiancé virtuel de ino, n'était autre que sasuké uchiwa ? Et si le couple s'était querellé quelques jours avant le mariage ? Impulsif, sasuké aurait pu céder à un mouvement de colère.
Frissonnante, sakura hésita tout de même à sauter ce pas. Elle devait au préalable tâcher d'en savoir davantage sur cette prétendue idylle entre ino et sasuké. S'agissait-il d'une relation suivie ou d'un simple flirt ? Peut-être trouverait-elle quelques réponses en fouillant l'appartement de son amie. La veille, sous le coup de l'émotion, elle avait omis de le faire.
Reprenant contact avec la réalité, elle s'aperçut soudain qu'elle avait parcouru plusieurs centaines de mètres en direction du sud. Elle se trouvait maintenant à égale distance de l'appartement et de sa voiture garée sur le parking du Caraïbes. Plutôt que de revenir sur ses pas, elle préféra poursuivre son chemin, ignorant les touristes qui se retournaient sur cette grande fille en maillot de danseuse et collant sans pieds.
– Vous cherchez quelqu'un pour passer la soirée, mignonne ? lui demanda un homme entre deux âges dont la bedaine débordait entre un short et un T-shirt trop ajustés.
– Désolée, mais je l'ai déjà trouvé, répondit sakura d'un ton léger.
Elle était accoutumée à recevoir des propositions bien plus directes dans les rues de Manhattan et ne ralentit pas même sa cadence. Trop préoccupée toutefois pour supporter ce genre de désagrément, elle décida d'emprunter une rue moins fréquentée que le Strip.
Le chantier d'un hôtel en pleine expansion, sur sa droite, lui en donna justement l'occasion. L'annexe comprenant une centaine de chambres supplémentaires et les piliers de soutènement d'un nouveau garage à plusieurs étages étaient déjà érigés. Les maçons, toujours à l'ouvrage, la sifflèrent du haut de leurs échafaudages. Elle leur adressa un petit signe de la main tout en longeant la clôture grillagée.
– Ne vous penchez pas trop, les gars, lança-t-elle sans se formaliser. Vous pourriez perdre l'équilibre !
Les sifflements la suivirent jusqu'au bout du passage, puis dans la rue parallèle au Strip où elle tourna ensuite. Mais elle avait déjà l'esprit ailleurs. sasuké et ino... Etait-ce vraiment possible ? Et dans l'affirmative, pourquoi sasuké lui faisait-il des avances, à présent ? Cette question la tracassait tout particulièrement, sans doute parce que leurs rapports étaient plus importants à ses yeux qu'elle ne voulait se l'avouer. Il avait ranimé en elle la flamme du désir qu'elle croyait éteinte pour toujours.
Au demeurant, jamais elle n'avait rien éprouvé de semblable. Sa plastique autant que sa personnalité intimidait plutôt les hommes, la plupart du temps. sasuké faisait exception à la règle. Il émanait de lui une telle puissance, une telle virilité, qu'en dépit de sa taille, sakura se sentait presque vulnérable, ou peut-être, tout simplement, plus féminine auprès de lui.
A l'approche de la résidence, la nécessité de retrouver ino chassa toute autre considération de son esprit. Un indice évident avait pu lui échapper la veille, se dit-elle un instant plus tard en ouvrant la porte d'entrée.
S'attaquant d'emblée à la salle de séjour, sakura fouilla consciencieusement les meubles et les étagères. Elle trouva le vieil album de son amie qui contenait peut-être la clé de l'énigme et le feuilleta rapidement, reconnaissant avec émotion les photos où elles posaient ensemble, les programmes de music-hall et les articles découpés dans les journaux de New York.
Hélas, la chronique des activités de ino s'arrêtait peu après son arrivée à Las Vegas. Les dernières pages présentaient quelques clichés des hôtels les plus spectaculaires de la ville et des photos de la jeune femme en compagnie d'autres artistes ou employés du Caraïbes. Sur l'une d'entre elles, sakura reconnut le croupier qu'elle avait croisé chez sasuké uchiwa, aux côtés de ino et de la blonde surnommée Barbie. Barbie qui prétendait tout ignorer des relations et de la vie personnelle de ino, semblait pourtant très proche d'elle sur ce cliché. Les deux femmes se tenaient en effet par la taille, l'air complice.
Ne remarquant aucun autre détail révélateur, sakura rangea l'album et poursuivit ses recherches. Après avoir exploré les moindres recoins de la salle de séjour et de la cuisine, elle passa à la chambre.
L'extrait d'acte de naissance de ino était posé sur la table de nuit, sans aucune indication concernant la personne avec laquelle elle entendait convoler. Rien d'intéressant non plus dans l'armoire et dans la penderie, dont sakura examina pourtant le contenu avec le plus grand soin. Il ne restait plus à présent que la commode où trônait le coffret à bijoux en marqueterie. Soulevant le couvercle, sakura fit rapidement l'inventaire des bagues, broches et bracelets qui lui étaient familiers. Sans doute ino avait-elle acheté récemment le rang de perles orné d'un fermoir en jais que sakura ne lui connaissait pas. Superstitieuse comme la plupart des artistes, la jeune femme faisait toujours l'acquisition d'un bijou fétiche lors d'une première pour se porter chance.
Sur le point de refermer la boîte, sakura distingua un objet insolite parmi les pièces de joaillerie et retira une clé attachée à un large anneau plat incrusté de brillants, copie d'un jeton de casino où était gravé le mot Caraïbes.
Après avoir vérifié qu'elle n'ouvrait pas la porte d'entrée, sakura envisagea une autre hypothèse. Peut-être donnait-elle accès au logement du mystérieux « fiancé ». Pourquoi ne pas l'essayer... à l'hôtel Caraïbes, par exemple ?
Elle glissa la clé dans son sac à main avant de poursuivre ses investigations. Les quatre premiers tiroirs de la commode ne contenaient que des vêtements. Dans le cinquième, où ino rangeait sa lingerie, sakura s'étonna de sentir du papier dans une pile de soutiens-gorge en dentelle. Ecartant le linge de corps, elle dénicha une enveloppe de grand format qui ne portait pas d'adresse, mais simplement le nom de ino écrit à la main en lettres capitales.
Que faisait donc cette enveloppe au milieu des sous-vêtements de ino ?
Le papier lui brûlait presque les doigts. Pour examiner plus à l'aise sa trouvaille, sakura s'assit en tailleur sur le sol. Le cœur battant, elle retourna l'enveloppe. Son intuition lui disait que son amie ne l'avait pas placée là par erreur, mais bien pour la cacher. Son contenu devait être d'une grande importance. Dominant à grand-peine son impatience, sakura la vida fébrilement devant elle. Quelques photocopies d'articles parus dans la presse tombèrent sur la moquette. Après avoir parcouru les textes et examiné les photos qui les accompagnaient, elle s'adossa au montant du lit, profondément ébranlée.
Il s'agissait de faits divers relatant deux crimes : le meurtre de la fille d'un parrain de la mafia, Mia Scudella, retrouvée poignardée dans une impasse, douze ans plus tôt ; et celui d'une danseuse de music-hall, Glory Hale, assassinée l'hiver précédent sur le chantier que sakura avait traversé en revenant ici. Comme Mia, Glory avait reçu un coup de couteau en plein cœur.
Un autre point commun rapprochait les victimes : les deux femmes avaient fréquenté le même homme, suspect principal dans les deux affaires. Un solide alibi l'avait cependant innocenté chaque fois. En outre, comme par hasard, les deux malheureuses avaient rompu avec lui peu de temps avant leur décès. Le nom de cet homme ?sasuké uchiwa.
Un physique à couper le souffle, avait-elle songé en le voyant pour la première fois. Elle ne croyait pas si bien dire.
a+ au prochain chapitre
