salut, salut a vous bientot la fin des vac de pâques du moins pour les belges sinon bonne vac pour les autres plus que quelques jours et on reprend les cours bouh enfin voilà un nouveau chapitre bonne lecture a tous
Chapitre5
Cette partie de poker qui devait avoir lieu près de l'appartement de sasuké ressemblait à un clin d'œil de la Providence, et sakura comptait bien en profiter.
Au cours de la soirée, elle trouverait bien un moment pour essayer la clé trouvée chez ino, songea-t-elle tout en traversant la salle de spectacle déserte. Une main négligemment posée au creux de sa taille, sasuké la guidait entre les tables que les serveuses achevaient de débarrasser. La chaleur de ce contact la mettait au supplice. Convaincue de pouvoir pénétrer chez sasuké grâce à cette clé – ce qui confirmerait qu'il avait bien été l'amant de ino –, elle se sentait honteuse et coupable de réagir ainsi à ses caresses.
– Eh bien, qu'éprouvez-vous à la perspective de monter sur les planches dans deux jours, à peine ? lui demanda son compagnon avant de pénétrer dans le casino.
– Je suis enchantée.
– Sans restriction aucune ?
Le vacarme habituel qui régnait dans le casino détourna un instant l'attention de sakura. Se sentant observée, elle remarqua une jeune femme brune en robe verte assise devant une machine à sous, qui semblait suivre chacun de leurs mouvements au lieu de jouer. Comme sakura la détaillait en retour, la joueuse s'affaira de nouveau.
Soudain consciente que sasuké attendait une réponse, sakura prit un ton désinvolte pour rétorquer :
– Je suis une bonne élève, sasu. Et shika ne semble pas mécontent de moi.
– Il a même une excellente opinion de vous ; là n'est pas la question. Je me demandais plutôt pourquoi, avec un talent aussi évident, vous n'avez pas dansé depuis plusieurs mois.
– J'avais besoin de repos, répondit-elle évasivement.
– Et vous avez décidé de prendre des vacances sans attendre la fin des représentations ?
– Il ne s'agissait pas vraiment d'un congé programmé. J'ai été victime d'un... accident. J'avais besoin de me remettre. Une autre girl m'a remplacée.
– Quel genre d'accident ? s'enquit sasuké. Une collision automobile ?
– N'est-ce pas une question un peu indiscrète ?
La main de sasuké glissa sur la courbe de sa hanche.
– A mon avis, le degré d'intimité de nos relations l'autorise.
sakura ébaucha un sourire crispé. Comment le nier ? Suivant la ligne de conduite qu'elle s'était tracée, elle flirtait avec lui depuis l'entracte sans aucune réticence. sasuké en avait profité pour lui voler un second baiser auquel elle avait répondu avec une spontanéité surprenante. Jusqu'où était-elle prête à aller, le cas échéant ?
– J'ai eu affaire à un individu peu recommandable, dit-elle enfin, laconique.
sasuké la serra un peu plus contre lui.
– Quelqu'un aurait-il essayé de vous arracher votre sac dans Central Park, par exemple ? demanda-t-il avec une sollicitude apparemment sincère.
– Par exemple.
L'air semblait soudain chargé d'électricité mais, heureusement, sasuké n'insista pas. Plongée dans des souvenirs encore trop vifs, sakura garda le silence jusqu'à ce que l'ascenseur les déposât au dernier étage.
– Dites-moi, ces mordus de poker seront-ils nombreux ? s'enquit-elle en examinant à la dérobée la porte de son appartement qu'ils s'apprêtaient à dépasser.
A première vue, elle était équipée d'une serrure correspondant au type de clé qu'elle voulait essayer.
– C'est une partie à quatre. Nos joueurs s'appellent Neji Hyuuga, Kiba Inuzuka, Choji Akimichi et gaara du desert. Certains de ces noms ne vous sont peut-être pas inconnus ?
En effet, hyuuga et gaara étaient des vedettes en vogue une dizaine d'années plus tôt, sakura ne l'ignorait pas. Kiba inuzuka, un célèbre joueur de tennis, avait perdu toutes ses chances aux derniers championnats de Wimbledon. En revanche, elle n'avait jamais entendu parler de akimichi.
– Une remarquable distribution, approuva-t-elle.
A l'occasion d'une excursion à Atlantic City, elle avait un jour gagné vingt dollars à la roulette, sans pour autant prendre goût au jeu. Ces gens devaient posséder de véritables fortunes pour dilapider ainsi leur argent. Mais de quel droit les aurait-elle jugés ? se demanda-t-elle en pénétrant avec son compagnon dans la suite présidentielle. Au demeurant, elle avait d'autres chats à fouetter. Sa préoccupation essentielle consistait à trouver un moyen de s'éclipser un moment pour vérifier si la clé de ino lui permettrait de s'introduire chez sasuké.
naruto uzumaki masqua sa surprise en voyant la nouvelle recrue de nara entrer au bras de sasuké. Si le patron se livrait à de véritables ravages parmi les danseuses de la revue, il tenait généralement ses conquêtes à l'écart de ses affaires. Chargé d'assurer la sécurité des parties privées, naruto montait la garde au bar, à proximité de l'entrée, tandis que son assistant se tenait de l'autre côté, juché sur un tabouret.
sasuké conduisit la jeune femme à un autre tabouret et s'approcha de lui.
– Comment se passe la partie ?
– Sans la moindre anicroche, répondit naruto à voix basse. Tout le monde est enchanté.
– Es-tu satisfait de Shino ?
– Il se débrouille très bien.
– Parfait.
naruto consulta sa montre.
– La pause aura lieu dans quelques minutes.
– Nous sommes donc arrivés juste à temps.
Jetant un coup d'œil sur la nouvelle amie du patron, naruto fronça imperceptiblement les sourcils. En dépit de la notoriété des joueurs, la jeune femme ne prêtait manifestement aucun intérêt à la partie de poker mais étudiait les lieux avec attention, comme pour en comprendre la disposition.
Grâce à un flair aiguisé par de longues années passées au service d'un truand, le « gorille » distinguait instantanément le moindre détail alarmant. Précisément, son flair était en alerte, car, pour lui, sakura haruno n'avait rien des poupées écervelées qui hantaient les coulisses des music-halls. En privé, le patron prétendait l'avoir engagée parce qu'elle connaissait bien ino yamanaka. Mais compte tenu du mauvais tour que la garce leur avait joué, naruto jugeait cette attitude plutôt curieuse et s'attendait à quelques ennuis.
En tout cas, si cette fille se mettait à imiter sa petite copine, elle regretterait amèrement d'avoir poussé la porte du Caraïbes, se promit naruto. Il veillerait à protéger les uchiwa coûte que coûte, comme il l'avait toujours fait.
sakura réprima un soupir de soulagement. Pour elle, cette pause tombait à point nommé. Naruto uzumaki, qui ne la quittait pas des yeux depuis un bon moment, commençait à la rendre nerveuse.
– Ah, uchiwa, vous voilà enfin ! rugit Akimichi, un dandy sur le retour aux tempes argentées. J'ai cru que vous ne viendriez plus.
– Allons, ai-je déjà omis de vous accueillir en personne à Las Vegas ?
– Non, je dois l'avouer. Mais qui est cette superbe créature ?
– La nouvelle vedette de ma revue : sakura haruno.
Une lueur malicieuse dans le regard, le quinquagénaire prit la main de sakura et l'effleura de ses lèvres.
– Enchantée, dit-elle en retirant ses doigts qu'il ne semblait pas pressé de lâcher.
– Je suis heureux de faire votre connaissance.
Il se tourna vers sasuké.
– Vous vous êtes donc séparé de ino ?
– Elle est partie, répondit sèchement sasuké. Elle avait mieux à faire.
hyuuga désigna sakura d'un mouvement du menton.
– Dois-je en déduire que cette merveille est à vous ?
La grossièreté de cet homme dépassait les bornes. Indignée, sakura intervint sans réfléchir davantage.
– C'est d'une personne que vous parlez, pas d'un objet, dit-elle avec humeur. Je n'appartiens qu'à moi-même. Si vous voulez savoir si je suis libre, adressez-vous à moi, je vous prie.
Il haussa ses sourcils argentés.
– Eh bien, êtes-vous libre ?
– Je n'ai pas encore décidé.
sasuké ne la quittait pas des yeux ; allait-il lui reprocher d'avoir offensé l'un de ses meilleurs clients ?
– Mais je suis flattée que vous me l'ayez demandé, ajouta-t-elle afin de tempérer sa réaction.
– Je réitérerai peut-être ma question très prochainement, si vous n'y voyez pas d'inconvénient.
– Pas le moindre ; je la considère comme un compliment.
Heureusement, sasuké détourna aussitôt la conversation, et les deux hommes se mirent à évoquer quelques relations communes. sakura profita de l'occasion pour s'éloigner et poursuivre son examen des lieux. Apparemment, la porte des toilettes donnait dans l'antichambre ; on ne la voyait pas du salon. Mais uzumaki la surveillait sans relâche. Comment échapper à sa vigilance ?
Tout en cherchant à résoudre cette difficulté, elle remarqua soudain qu'un autre homme semblait s'intéresser à elle. Assis au bar, le croupier suivait chacun de ses mouvements, son verre de Coca à la main. sakura reconnut l'homme qu'elle avait croisé la veille chez sasuké, et qui figurait sur l'une des photos de ino. Songeant qu'il pourrait peut-être lui fournir quelques renseignements, elle lui décocha un gracieux sourire.
Ainsi encouragé, le jeune homme s'approcha.
– sakura, n'est-ce pas ? Je vous ai entendue remettre le vieux hyuuga à sa place, dit-il à mi-voix. Vous avez bien fait. Cet individu se prend pour le centre de l'univers. J'espère seulement que vous ne perdrez pas votre emploi.
sakura esquissa une grimace.
– Croyez-vous que sasuké... hum, que M. sasuké me licencierait pour cela ?
Il haussa les épaules.
– C'est difficile à dire. On ne sait jamais à quoi s'attendre avec lui. Ses réactions sont plutôt imprévisibles. Il vaut mieux éviter de le contrarier, en tout cas.
Son ton sinistre donnait la chair de poule.
– Vous le connaissez bien, n'est-ce pas ?
– Assez bien, en effet.
Et de toute évidence, il ne l'aimait pas.
– Pardonnez-moi, votre nom m'échappe, reprit sakura.
– Shino Aburame. Je suis croupier au blackjack.
– Je suis heureuse de rencontrer un autre employé du Caraïbes. Jusqu'ici, je n'ai fréquenté que des membres de la troupe.
– J'aimerais avoir l'occasion de faire plus ample connaissance avec vous, dit-il.
C'était l'occasion qu'elle attendait. Mais comment approcher un autre homme tout en essayant de séduire sasuké ? Hésitante, elle s'éclaircit la gorge.
– C'est-à-dire...
– Sur notre lieu de travail, s'empressa-t-il de préciser, nous pouvons boire un café ensemble sans que personne n'y trouve à redire, vous savez.
sakura jeta un coup d'œil sur sasuké, en grande conversation avec son client. Mais pas un de leurs gestes ne lui échappait, elle en était convaincue.
– Oui, bien sûr. Pourquoi pas ? répondit-elle.
– Demain, par exemple ?
– Je répète toute la journée.
– Vous trouverez bien un moment pour souffler un peu ; disons, vers 3 heures et demie ?
– Trois heures et demie, c'est entendu.
Elle s'arrangerait avec nara. Il fallait saisir cette chance.
shino la regardait en souriant. Il ne manquait décidément pas de charme ni de prestance. Brun, typé, à peu près de la taille de sakura, doté d'une physionomie avenante, il était en outre harmonieusement proportionné. sasuké l'éclipsait toutefois indiscutablement ; pas nécessairement parce qu'il le dépassait d'une bonne tête, mais à cause de cette puissance presque magnétique, indéfinissable, qui émanait de sa personne. sasuké possédait vraiment un physique dévastateur, auquel aucune femme n'aurait pu résister.
– Retrouvons-nous au Sandbar, le café de l'hôtel, proposa shino.
Il consulta sa montre.
– Hum, la pause touche à sa fin.
La gratifiant d'un petit clin d'œil amical, il regagna la table où trois des joueurs étaient déjà assis. A l'autre extrémité du bar, sasuké prêtait une oreille distraite aux propos de akimichi.
– La partie reprend, annonça naruto.
Libéré de son interlocuteur encombrant, sasuké se tourna aussitôt vers sakura. Un frémissement parcourut la jeune femme, qu'elle attribua à l'appréhension. D'un geste discret, elle désigna les toilettes des dames. sasuké hocha la tête en signe d'assentiment et alla s'installer auprès de naruto.
Tandis que le croupier distribuait les cartes, sakura gagna vivement le hall d'entrée, attentive au bruit des jetons qui tombaient dans la coupe et au murmure de voix qui parvenait jusqu'à elle. Au lieu de se diriger vers la porte des toilettes, elle ouvrit discrètement celle qui donnait sur le couloir, puis referma avec précaution derrière elle. Trois secondes plus tard, devant l'appartement de sasuké, elle fouillait fébrilement dans son sac. A présent, elle n'avait pas une minute à perdre. Comment réagirait le propriétaire des lieux s'il la surprenait chez lui ? Aurait-elle le temps d'inventer un mensonge plausible ? Si seulement il en existait un...
Le cœur battant à se rompre, elle sortit la clé et l'approcha de la serrure d'une main tremblante. Incapable de l'y insérer, elle faillit céder à la panique. Elle devait à tout prix dominer ses nerfs. S'exhortant au calme, elle essaya de nouveau. Mais tous ses efforts furent vains. Ce n'était pas la bonne clé.
Le triangle de métal au creux de la main, sakura analysa rapidement la situation. L'échec de sa tentative la rassurait un peu. Toutefois, il ne prouvait en aucune manière que sasuké fût étranger à la disparition de ino. Elle ne devait pas prendre ses désirs pour la réalité.
– Que diable faites-vous là ?
Surprise, elle tressaillit en reconnaissant la voix de sasuké, dans son dos. Elle fit volte-face et vacilla sous l'impact d'un regard foudroyant.
– Oh, vous voilà, sasu, susurra-t-elle en glissant furtivement la clé dans son sac. Je ne vous ai pas vu en sortant des toilettes et j'en ai déduit que vous étiez peut-être allé chercher quelque chose chez vous...
– Je quitte la partie à l'instant, répliqua-t-il d'un ton sec.
– J'ai dû mal regarder, dans ce cas.
En dépit de l'air candide qu'elle avait réussi à afficher, il ne parut pas la croire un instant, mais n'insista pas davantage. Soulagée, elle entreprit de regagner la suite présidentielle, et se heurta à une paroi de muscles. sasuké lui barrait délibérément le passage. Eperdue, elle inclina la tête, bravant le sourire ironique du jeune homme.
– Je ne voudrais pas vous décevoir, dit-il d'une voix suave.
Il n'était pas dupe de ce petit manège. Mais que cherchait-elle ici ?
– Je ne suis pas déçue, répondit-elle sans savoir ce qu'il sous-entendait par là.
– Si vous souhaitez entrer chez moi, je ne voudrais surtout pas vous en empêcher, précisa-t-il, magnanime.
Comme il sortait sa clé de sa poche et passait devant elle, sakura lui posa une main sur le bras.
– Non, c'est inutile, protesta-t-elle, le souffle court. Je ne veux pas vous tenir à l'écart de la partie.
– J'avais précisément l'intention de me retirer dans mes appartements un instant.
– Ah.
Echec et mat, songea-t-il, railleur. Elle se retrouvait à sa merci. S'il décidait de l'entraîner dans sa chambre, il parviendrait probablement à ses fins ; pourtant, il la sentait réticente. Pourquoi se forçait-elle donc à accepter ses avances ? La perspective de leurs ébats, l'idée de dénuder lentement ce corps magnifique enflammèrent soudain son imagination. Irait-elle vraiment jusque-là pour servir ses intérêts... quels qu'ils fussent ?
Il la prit doucement par la taille, attentif à ne pas l'effrayer.
– Eh bien, qu'en dites-vous ? lui chuchota-t-il à l'oreille.
– De quoi parlez-vous ? demanda sakura, visiblement troublée.
– De ceci.
Il l'embrassa comme il avait eu envie de le faire toute la soirée. Le baiser volé quelques heures plus tôt l'avait laissé sur sa faim. Cette fois, il voulait savourer longuement ce fruit pulpeux dont le suc inondait ses sens. Sans quitter ses lèvres, il glissa les doigts jusqu'à un sein qu'il prit à pleine main. Elle laissa échapper un gémissement rauque qui faillit lui faire perdre la tête.
Elle méritait qu'il profitât de la situation. Il détestait les femmes qui le prenaient pour un imbécile. Et pourtant... pourquoi ne parvenait-il pas à la détester ?
Il se surprit à ne pas pousser son avantage plus loin. Que lui arrivait-il donc ? Faisait-il preuve de faiblesse ou tout simplement d'adresse ?
En tout cas, il eût été stupide de brusquer cette fille. La pauvre ne savait pas dissimuler ses émotions. Peut-être parce qu'un autre homme l'avait traumatisée, un jour. Il ne savait pas comment, au juste, mais il se renseignerait. Quoi qu'il en soit, il n'abandonnait que provisoirement la partie. Un jour ou l'autre...
Il effleura la joue veloutée du bout des doigts, écartant doucement une mèche rebelle.
– Allons prendre un dernier verre au night-club, proposa-t-il.
Les traits de sakura se détendirent instantanément.
– Allons-y.
L'enlaçant par la taille, il la guida vers l'ascenseur. Après tout, il pouvait patienter.
Sasuké venait de lui accorder un sursis, songea sakura tandis que l'ascenseur filait vers le rez-de-chaussée. Il l'avait néanmoins soumise à rude épreuve, et elle préférait ne pas trop se demander ce qui serait advenu s'il avait insisté davantage. Toutes sortes d'images lui venaient à l'esprit, mêlées à une pointe de regret insidieux.
– Ainsi, hyuuga connaissait ino ? demanda-t-elle, intriguée.
– Il l'avait rencontrée à plusieurs reprises.
– Mais elle ne lui plaisait pas ?
– Bien au contraire. Il espérait en obtenir les faveurs grâce à sa fortune.
– ino semblait-elle intéressée ?
– Par akimichi ? Il n'a pas l'étoffe d'un futur mari, si telle est votre question.
La gorge soudain sèche, sakura se souvint alors qu'elle ne lui avait pas parlé du mariage avorté de ino. Son anxiété redoubla quand sasuké se retourna pour appuyer sur le bouton rouge, arrêtant l'ascenseur en pleine course. Le cœur battant, elle recula jusqu'à la paroi opposée.
– Vous étiez donc au courant ? balbutia-t-elle.
– De quoi ?
– Que ino projetait de se marier ?
– Non. En revanche, j'ai appris que vous êtes venue ici pour lui servir de témoin.
– Mais qui vous l'a dit ?
Les traits de sasuké se durcirent.
– N'espérez pas pouvoir me dissimuler quelque chose, sakura, car j'ai des yeux et des oreilles partout.
Il avait aussi un garde du corps assez dévoué pour le blanchir aux yeux de la police au cas où elle disparaîtrait comme ino, songea sakura, au bord de la panique. Elle devait à tout prix se dominer. La panique est une réaction inutile et dangereuse ; elle le savait par expérience. Se concentrant de son mieux, elle essaya de calculer le temps qu'il lui faudrait pour atteindre le bouton de remise en marche.
– Inutile de prendre cette peine, la prévint-il, lisant dans ses pensées.
Elle tenta cependant sa chance, vainement. Aussi vif qu'un félin, il lui barra le passage, lui interdisant tout accès au tableau de bord. Machinalement, sakura se mit en position de défense, une épaule en biais, les deux mains levées, prêtes à parer un coup, suivant les gestes appris pendant plusieurs mois à son entraînement.
– Ne me touchez pas ! ordonna-t-elle.
Mais sasuké n'avait pas bougé d'un millimètre. Immobile, il la dévisageait avec une assurance tranquille.
– Vous m'avez pris une fois au dépourvu, admit-il. Cela ne se reproduira pas. Et tous vos cours d'autodéfense ne vous seront d'aucun secours contre moi. Je voulais vous démontrer à quoi vous vous exposez en vous livrant à votre petit jeu.
Les yeux fixés sur lui, sakura détendit légèrement ses muscles.
– Quel petit jeu ?
– Celui qui consiste à vous laisser séduire, alors que vous n'en avez pas la moindre envie.
Comment avait-il pu deviner ? se demanda-t-elle, éperdue.
– Prétentieux comme vous l'êtes, vous auriez pu juger tout à fait naturel de m'inspirer une attirance incontrôlable, répliqua-t-elle.
– Oh, mon pouvoir sur vous ne fait aucun doute. Seulement, je sais aussi que je suis le dernier au monde pour lequel vous souhaiteriez éprouver une telle attirance. C'est plus fort que vous, voilà tout.
– Espèce de...
– Malgré vous, vous êtes donc prise à votre propre piège, l'interrompit-il, ignorant son indignation. Vous êtes peut-être l'une des danseuses les plus éblouissantes que je connaisse, sakura, mais votre talent de comédienne laisse à désirer.
Eberluée, sakura laissa retomber ses bras et dut s'adosser à la paroi pour se soutenir. Lisait-il en elle comme dans un livre ?
– Et maintenant ? demanda-t-elle d'une voix faible.
D'un geste désinvolte, il appuya sur le bouton du rez-de-chaussée. L'ascenseur descendit en flèche, et le moral de sakura l'imita : sans doute allait-il la licencier, mettant un point final à sa petite enquête.
– Maintenant, nous allons boire ce verre.
– Je n'ai plus soif.
– Bouderiez-vous, par hasard ?
Soucieuse de se ressaisir avant de quitter l'ascenseur, sakura ne répondit pas. Quand sasuké la prit par le bras pour la guider vers le night-club de l'hôtel, ils passèrent devant Lester Perkins, occupé à éponger le contenu d'un verre renversé sur le sol. Il leva la tête et les observa d'une manière qui la fit frissonner.
– Il semble s'intéresser énormément à nous, murmura-t-elle.
– Le pauvre diable me fait pitié, dit sasuké. Il ne cesse de s'inventer des aventures avec les créatures de rêve que sont les danseuses au lieu de se trouver une femme susceptible de le rendre heureux.
Cette remarque surprit sakura. Le patron du Caraïbes avait-il donc une âme sensible sous sa carapace d'arrogance ?
Elle n'eut pas le loisir de s'interroger davantage, car un serveur venait de surgir comme par magie. Il les plaça à la seule table libre dans un angle de la salle et prit rapidement leur commande. A peine eurent-ils le temps de s'asseoir que leurs boissons étaient déjà servies.
– Si vous vouliez des renseignements sur les relations que j'ai entretenues avec ino, pourquoi ne pas m'avoir interrogé ? demanda sasuké.
– M'auriez-vous répondu ?
– Essayez, vous verrez bien.
– D'accord. Qu'y a-t-il eu entre vous, au juste ? Quel était votre degré d'intimité ?
– Je n'ai pas été son amant.
Cette réponse inattendue provoqua chez elle une réaction également inattendue ; ce fut comme si on lui ôtait subitement un poids de l'estomac.
– Suis-je censée le croire ?
– Oui. Quoi d'autre ?
Tout en pressant un quartier de citron dans son gin, sakura se demanda s'il était sincère. Aurait-il pu dédaigner ino ? Un amateur de femmes tel que lui eût-il laissé passer cette perle rare ?
– Lui avez-vous demandé sa main ? demanda-t-elle, consciente qu'il attendait la suite.
sasuké renversa la tête et se mit à rire.
– Vous n'y êtes pas du tout. Je n'ai demandé qu'une seule fois la main d'une femme, il y a bien longtemps de cela, et je n'ai pas l'intention de renouveler cette erreur.
Cette précision la figea. Pourquoi éprouvait-elle un petit pincement au cœur, subitement ? Il se référait certainement à Mia Scudella, la jeune fille qui avait rompu leurs fiançailles sans explications. Peut-être en avait-il conçu une amertume inguérissable...
– Savez-vous qui ino devait épouser ? demanda-t-elle encore en buvant une gorgée de gin tonic.
– Je n'en ai pas la moindre idée.
– Et à votre avis, pourquoi aurait-elle pu disparaître ?
Il resta un moment silencieux, puis secoua la tête.
– C'est une histoire compliquée... Et cela ne va pas vous plaire.
Le cœur battant, sakura croisa les bras sur la table. Allait-elle enfin apprendre quelque chose ?
– Laissez-moi en juger. De quoi s'agit-il ?
– ino yamanaka est une voleuse.
– Que dites-vous ? s'exclama sakura. ino ne s'intéresse pas à l'argent.
– Je n'ai pas parlé d'argent.
Perplexe, sakura fronça les sourcils.
– Alors, de quoi s'agit-il, pour l'amour du ciel ?
– Je vous l'ai dit : c'est très compliqué. Et je ne souhaite pas entrer dans les détails aujourd'hui.
Devait-elle en déduire qu'il lui expliquerait un autre jour, si elle insistait ? De plus en plus déroutée, elle se cala dans son siège et le regarda boire son cocktail. Sasuké uchiwa était un homme complexe, redoutable et séduisant à la fois. Une combinaison qui pouvait se révéler fatale pour ses conquêtes.
– A mon tour, reprit-il enfin. J'ai quelques questions à vous poser. Et j'espère que vous me répondrez aussi franchement que je l'ai fait.
– Cela me semble équitable.
– Si ino n'avait pas disparu, auriez-vous postulé pour un emploi ici ?
– Peut-être. ino me conseillait vivement de venir tenter ma chance à Las Vegas. Une fois sur place, j'ai décidé de rester pour découvrir ce qui lui était arrivé.
– Et qu'a-t-il pu lui arriver, à votre avis ?
La vérité eût obligé sakura à lui révéler les soupçons qu'elle nourrissait à son égard. Aussi se borna-t-elle à hausser les épaules.
– Ne deviez-vous pas jouer franc-jeu ? dit sasuké.
– J'ai été aussi franche que vous, répliqua-t-elle. Quand vous m'aurez appris ce que ino a soi-disant volé, je vous dirai exactement ce que je pense.
Mais ce ne serait pas nécessaire, de toute évidence. Sasuké savait déjà tout ; son expression ne laissait aucun doute à cet égard. Il était également en colère contre elle. Lui en voulait-il parce qu'elle se trompait... ou parce qu'elle avait deviné juste ?
Réprimant un frisson, elle dissimula son trouble en buvant quelques gorgées de gin. Elle devait à tout prix garder ses distances avec sasuké. Et quand il s'offrit à la raccompagner jusqu'à sa voiture, un instant plus tard, elle déclina la proposition.
Pourquoi accepter une protection qui la rendait si vulnérable par ailleurs ? Cette fois, il n'insista pas.
– Demain, nous reprendrons les choses où nous les avons laissées, lança-t-il tandis qu'elle s'éloignait.
Elle rumina ces dernières paroles. De quelles « choses » parlait-il ? De leur conversation à propos de ino ? Ou bien de leurs relations personnelles ? Décidément, cet homme ne lui serait jamais indifférent, fût-il aussi dangereux qu'elle le craignait.
Cette question occupa son esprit tout au long du trajet de retour. Ses pensées ne s'orientèrent de nouveau vers ino qu'à l'approche de la résidence. Peut-être aurait-elle l'occasion d'en apprendre davantage sur cette mystérieuse affaire en parlant avec shino, le lendemain ?
Elle s'aperçut soudain que les réverbères s'étaient éteints pendant qu'elle garait la voiture sur le parking. Guidée par la lumière de quelques fenêtres encore allumées, elle entreprit de traverser le jardin, s'orientant d'après l'odeur de chlore qui émanait de la piscine centrale.
Un frôlement dans les buissons les plus proches attira son attention. Avait-elle dérangé quelque animal nocturne ? Le désert entourant Las Vegas fourmillait d'une intense vie sauvage, et elle n'avait eu encore aucun aperçu de cette faune exotique. Mais les nuages qui masquaient la lune l'empêchèrent de distinguer autre chose que l'ombre des immeubles et des palmiers.
Ecartant une impression désagréable qu'elle mit sur le compte de la nervosité, elle poursuivit son chemin. Le délai de quarante-huit heures qu'observait la police arrivait à son terme le lendemain, songea-t-elle. Allaient-ils enfin entreprendre des recherches ? sakura ne se berçait plus guère d'illusions. Elle était bien la seule à se soucier vraiment de la disparition de ino. Et à moins de fournir une preuve pour étayer ses soupçons, elle ne convaincrait personne de leur bien-fondé.
Soudain, une sorte de bruissement indistinct la fit tressaillir. Elle se retourna et fouilla en vain du regard l'obscurité autour d'elle. A quoi attribuer ce bruit étrange ? Inquiète, elle pressa le pas, déplorant que l'immeuble de ino fût le plus isolé du groupe. Puis elle entendit craquer des brindilles, sur sa gauche, cette fois. C'était comme si quelqu'un rôdait autour d'elle, déterminé à l'effrayer. Un nouveau mouvement furtif dans son dos lui fit dresser les cheveux sur la tête.
sakura connaissait par cœur les règles à observer en cas de danger. La principale consistait à éviter d'être choisie comme cible par un éventuel agresseur. Règle qu'elle avait délibérément transgressée en essayant de piéger sasuké uchiwa, son principal suspect, qui avait immédiatement déjoué une bonne partie de son plan. Avait-il déjà entrepris sa traque, déterminé à faire d'elle sa prochaine victime ?
Elle songea un moment à hurler au secours, mais les occupants de la résidence étaient déjà couchés à cette heure tardive. Son agresseur éventuel serait probablement le premier à réagir ; elle risquait simplement de précipiter les choses.
A proximité de la piscine, elle ôta rapidement ses chaussures et se mit à courir, vive comme l'éclair. Le cliquetis d'un objet métallique heurtant le sol résonna derrière elle, à quelque distance. sakura traversa en courant une plate-bande de plantes grasses qui égratignaient ses pieds nus, puis changea brusquement de direction, sous le couvert de petits arbustes dont le feuillage la dissimulerait plus aisément. Elle atteignit bientôt l'immeuble le plus proche et alla se réfugier dans un recoin, derrière le distributeur de boissons. Le dos collé au mur, elle essaya de se fondre dans la pénombre. Les chaussures qu'elle serrait dans ses mains moites pourraient lui servir d'arme improvisée, le cas échéant. Tâchant de se calmer, elle retint son souffle, tous les sens en alerte.
Plusieurs minutes s'écoulèrent. Parfaitement immobile, sakura prêtait l'oreille, mais aucun bruit furtif ne troublait plus le silence autour d'elle. Elle se détendit imperceptiblement, sans pouvoir néanmoins se résoudre à quitter sa cachette. Après une attente qui lui parut interminable, la fatigue commença à se faire sentir. Les jambes tremblantes, elle s'efforça cependant de rester attentive.
Brusquement, tous les réverbères du jardin se rallumèrent, l'inondant de lumière. Avait-il trouvé le disjoncteur, coupé l'électricité un quart d'heure plus tôt, puis décidé de la remettre en marche afin de dénicher sa proie disparue ?
Un bruit de pas résonna à proximité, confirmant ses craintes. D'un bond, sakura s'écarta du mur et prit une position de défense.
L'homme qui parut au coin de l'immeuble fut aussi surpris qu'elle de cette rencontre. C'était un septuagénaire, menu et voûté, en pyjama et pantoufles, muni d'une torche électrique et d'un trousseau de clés.
– Qui diable êtes-vous donc ? demanda-t-il.
Il s'agissait probablement du concierge, jugea sakura.
– J'occupe l'appartement 2C, dans l'immeuble du fond.
Le vieil homme esquissa une grimace.
– Vous n'êtes pas Mlle yamanaka, pourtant.
– Je suis une amie de ino. Je réside chez elle en son absence.
– Ah bon ! Eh bien moi, je suis Casper Johnson, propriétaire de cette oasis. Que faites-vous donc ici en pleine nuit, vos chaussures à la main ? demanda-t-il en plissant les yeux comme un homme accoutumé à porter des lunettes.
– Il y avait un rôdeur. Il a dû éteindre, puis rallumer les lumières...
– Non, ça n'a rien d'un sabotage ou d'une mauvaise plaisanterie, affirma Johnson, car la porte du compteur était intacte, et fermée à clé. Une surtension a dû déclencher le disjoncteur. Cela se produit parfois.
– Mais je suis sûre que quelqu'un marchait dans les jardins.
– Les animaux du désert viennent souvent boire l'eau de la piscine, la nuit. Apparemment, le goût du chlore ne les en dissuade pas.
Malgré tout, sakura n'était pas convaincue. Quelqu'un l'avait suivie, effrayée. Ou bien son imagination lui jouait-elle des tours ?
– Vous paraissez très inquiète. Voulez-vous que je vous raccompagne jusqu'à votre immeuble ?
– Volontiers, merci, dit sakura, soulagée.
Elle resta cependant sur le qui-vive et jeta un regard circulaire autour d'elle. Le jardin de la résidence, à présent presque aussi clair qu'en plein jour, était absolument désert. Pas une herbe ne bougeait. Evidemment, le rôdeur – quel qu'il fût – avait eu le temps de s'éclipser.
Au pied de l'escalier extérieur, sakura remercia M. Johnson.
– Je n'ai plus rien à craindre, maintenant. C'est très aimable de votre part de m'avoir accompagnée.
– C'est un plaisir que d'escorter une jolie femme. Reposez-vous bien et ne laissez plus galoper votre imagination.
– C'est bien mon intention.
Mais en dépit de son assurance, sakura savait qu'elle aurait du mal à trouver le sommeil.
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