salut a tous un chapitre encor lol voila voila a vous de le lire

bonne lecture

Chapitre6

Tout en arpentant la devanture du café à en user ses semelles, Shino consulta sa montre pour la dixième fois. 4 heures moins le quart. Bon sang ! Elle ne viendrait plus.
Mais puisqu'il ne reprenait pas tout de suite son service, il pouvait attendre encore un peu. Les mains enfoncées dans ses poches, il se balança un instant sur ses talons et guetta l'arrivée de sakura, les yeux fixés sur le passage reliant le casino au music-hall. Cinq minutes plus tard, sur le point de renoncer, il aperçut la jeune femme qui arrivait au pas de course, se frayant un chemin dans la foule des joueurs.
Elle s'arrêta à un mètre de lui et reprit son souffle.
– Pardonnez-moi d'être en retard.
Manifestement, elle se moquait bien de l'avoir fait attendre. Et shino n'était pas un homme patient. Contrarié, il n'en laissa rien paraître.
– Ce n'est pas grave, répondit-il avec un sourire engageant.
Il pouvait être aussi hypocrite qu'elle.
– Je ne commence qu'à 5 heures. J'ai tout mon temps.
– Pour ma part, dit sakura en esquissant une grimace, je dois regagner le plateau dans vingt minutes.
– Allons vite commander nos cafés, dans ce cas.
Le Sandbar était presque vide à cette heure de l'après-midi, et la serveuse leur apporta rapidement leurs consommations.

shino gratifia sa compagne d'un sourire charmeur.
– Eh bien, comment se passent les répétitions ? demanda-t-il tout en sucrant copieusement son café.
– Tout va pour le mieux. A partir de demain soir, je figurerai avec les autres dans le premier et le dernier numéro du spectacle. En outre, je danserai une rumba en couple avec Lance... hum, son nom de famille m'échappe.
– Lance Anderson, précisa shino. Barbie l'a mentionné un jour.
– Oh, seriez-vous un ami de Barbie, par hasard ? s'enquit vivement sakura. Si ce n'est pas une question indiscrète, bien sûr.
sakura fronça les sourcils puis, rassuré par la candeur évidente de la jeune femme, se traita de paranoïaque. Toutefois, il ne pouvait renoncer à toute méfiance, puisque la prudence lui avait permis de sauver sa peau à plusieurs reprises. Au demeurant, cette fille souhaitait peut-être simplement savoir s'il était libre.
– Je la connais assez bien, dit-il en buvant son café à petites gorgées. Nous sommes allés dîner deux ou trois fois ensemble.
– Rien de sérieux, en somme. Ce n'est pas le choix qui vous manque, avec toutes les danseuses du Caraïbes.
– Je n'en connais pas tant que cela.
– ino yamanaka est-elle également une de vos amies ?
– Nous nous sommes rencontrés, répondit shino, se demandant où elle voulait en venir.
– J'aimerais pouvoir la rencontrer, moi aussi, dit sakura d'un ton de regret. Nous habitions ensemble à New York et depuis son départ, elle essayait de me convaincre de venir la rejoindre ici.
– Vous vous êtes donc finalement décidée, et elle vous a « posé un lapin », n'est-ce pas ?
– C'est à peu près cela. En fait, je suis venue assister à son mariage, mais les futurs époux ne se sont pas même présentés à l'église. Volatilisés, en quelque sorte... Barbie ne vous l'a-t-elle pas raconté ?
– Barbie ne me raconte pas tout. Qui était donc cet homme que ino devait épouser ?
– J'espérais que vous alliez me l'apprendre.
shino eut un rire bref.
– Le Caraïbes n'est pas un petit hôtel de province, vous savez. Toutes sortes d'intrigues s'y nouent et s'y dénouent, sans qu'on le proclame à la cantonade.
– J'imagine.
Mais elle n'avait pas l'air convaincue, songea shino. Tant pis. De toute façon, elle manquait vraiment de perspicacité. Il suffisait de voir comment elle se comportait avec uchiwa.
– A propos d'amis... Faut-il vous considérer comme la dernière conquête de M. sasuké ? demanda-t-il d'un ton faussement désinvolte.
– Je ne suis pas sortie avec lui.
– Vous n'avez pas tout à fait répondu à ma question.
sakura réfléchit longuement avant de se décider.
– sasu ne manque pas de charme, dit-elle enfin, mais aucun engagement ne me lie à lui.
– Vous feriez mieux d'en rester là.
– Pourquoi donc ?
– Parmi celles qui l'ont approché de près, certaines ont eu de graves ennuis, dit shino. Je ne voudrais pas que vous ajoutiez votre nom à la liste.
– Je me souviendrai de votre avertissement.
Il hocha la tête et lui décocha un sourire enjôleur.
– J'aimerais continuer à vous voir. Peut-être pourrai-je vous protéger de vous-même.
– shino, mon héros, dit sakura en riant.
– Non, je parle sérieusement. Sasuké uchiwa n'est pas une fréquentation recommandable. Il a commis des actes...
– Rien dont il ait été reconnu coupable.
– Cela ne prouve pas qu'il soit innocent, dit shino d'un ton plein de rancœur ; cela prouve seulement qu'il a su faire jouer ses relations. Vous n'ignorez certainement pas qui est son père, je suppose.
– Je sais qu'il est resté en détention pendant plusieurs années. Mais cela ne prouve rien non plus. Si M.Uchiwa jouissait d'une grande influence, il aurait échappé à la prison. D'ailleurs, je ne juge personne en fonction de sa famille ; ni en me fondant sur des rumeurs ou des hypothèses. A mon avis, chacun a le droit de se forger une opinion d'après sa propre expérience.
– Un droit que Uchiwa mettra à profit, tandis que vous ne vivrez pas assez longtemps pour regretter de le lui avoir accordé, répliqua shino en se levant pour prendre congé.

– Je ne sais pas où est passé mon téléphone portable, dit shika tout en cherchant entre les sièges à la fin de la répétition.

– L'aviez-vous quand vous choisissiez des accessoires ?
Il avait pu l'oublier dans le local situé au-dessous de la scène où il avait passé un moment, songea sakura.
– C'est possible. Je n'ai pas le temps d'aller vérifier maintenant. Je suis en retard. Tâchez de ne pas l'être demain, quant à vous.
sakura le gratifia d'un sourire mais évita d'acquiescer, sachant qu'il lui était presque impossible de tenir ce genre de promesse. Même en s'efforçant d'être à l'heure, elle arrivait toujours plus ou moins en retard. Comme avec Shino.
Tout en se dirigeant vers le vestiaire désert, elle se remémora les propos aigres-doux qu'elle avait échangés avec le croupier. Après avoir troqué son justaucorps contre une jupe légère et un petit débardeur sans manches, elle fourra ses affaires dans son sac de sport et entreprit de discipliner ses cheveux fous à l'aide d'un grand peigne.
D'où lui venait l'impression que shino en savait plus qu'il ne l'avouait ? Et qu'il faisait mine de s'intéresser à elle sans éprouver la moindre attirance à son égard ? C'était étrange. De violentes émotions bouillonnaient peut-être sous son calme apparent. Intriguée, sakura avait accepté le principe d'un prochain rendez-vous. Peut-être comprendrait-elle en outre pourquoi il s'était montré aussi réservé au sujet de ino.
Absorbée par ses réflexions, elle ne prêtait pas attention à ce qui l'entourait et faillit heurter un obstacle qu'une chemise hawaïenne aux couleurs éclatantes rendait pourtant bien visible.
– sasu, dit-elle en reculant d'un pas, soudain embarrassée. Que faites-vous là ?
Il la dévisagea, les paupières mi-closes.
– Je suis le propriétaire des lieux. L'auriez-vous oublié ?
Les avertissements de shino ajoutés à l'incident du soir précédent avivèrent la méfiance de la jeune femme.
– La répétition s'est bien passée, lui apprit-elle d'un ton faussement désinvolte. shika assure que je suis prête à monter sur scène demain soir. Il ne juge pas utile de me faire revenir avant 17 heures pour une dernière mise au point.
– Parfait. Ainsi, vous pouvez veiller aussi tard qu'il vous plaira.
– Je ne crois pas que ce soit dans mes intentions.
Elle s'apprêtait à poursuivre son chemin quand il la retint une fois de plus par le bras.
– Il ne tient qu'à vous de changer d'avis.
Les yeux fixés sur la main qui la tenait captive, le cœur battant, elle lutta contre un curieux mélange d'appréhension et de trouble érotique.
– « Harponnez-vous » systématiquement toutes les femmes que vous rencontrez ? demanda-t-elle. Ou bien me réservez-vous ce privilège ?
– Toutes les femmes que je rencontre n'essaient pas de me fuir, dit-il avec un sourire narquois. Dans l'ensemble, ma compagnie est même plutôt recherchée.
– Tant mieux pour vous. Puis-je m'en aller, maintenant ?
Il la libéra.
– Vous n'avez pas dîné.
– Je suis parfaitement capable de me nourrir, sasuké.
– Qu'est devenu sasu ?
– Pardon ?
– Je déteste qu'on m'appelle ainsi, avoua-t-il, mais si l'emploi de ce diminutif affectueux est instinctif chez vous, je m'y habituerai volontiers.
sakura réprima un soupir. Tant de choses échappaient à sa volonté, depuis quelque temps. Elle avait envie d'être avec lui, et pas seulement pour retrouver ino. Elle avait déclaré à shino qu'elle ne jugerait jamais quelqu'un en fonction de sa famille ou de sa réputation, mais si elle repoussait sasuké sans lui accorder la moindre chance, cela revenait à le condamner d'avance.
– En effet, sasu, je n'ai pas dîné, dit-elle en s'efforçant de maîtriser ses nerfs. Que suggérez-vous ?
La physionomie du jeune homme s'éclaira, et elle se sentit fondre d'attendrissement.
– Je pourrais vous emmener au Uchiwa's.
– En d'autres termes, chez vous ?
– Non, c'est le nom d'un restaurant qui appartient à ma famille. Vous serez toutefois confrontée à la curiosité de mon père et de ma sœur cadette. ayamé m'a reproché de les négliger complètement.
– Et vous souhaitez que je vous accompagne ? dit-elle sans masquer son étonnement.
Car n'importe quel homme eût évité à tout prix de présenter à sa famille une femme qu'il connaissait à peine, songea sakura. Mais sasuké n'était pas n'importe quel homme.
– Pourquoi pas ? demanda-t-il.
Pourquoi pas, en effet. Elle aurait ainsi l'occasion de voir sasuké dans un contexte différent, et de juger de son degré d'intimité avec le criminel notoire qu'était son père.
– Très bien, dit-elle enfin. Je vous servirai de bouclier.
sasuké haussa les sourcils mais ne protesta pas.
– Aimez-vous les spécialités italiennes ?
– Je raffole de tout ce qui est italien, répondit sakura sans prêter attention à la façon dont on pouvait interpréter cet aveu.
Quand elle en prit conscience, elle s'empourpra.
– Hum, mais je dois d'abord aller me changer.
– Est-ce vraiment nécessaire ? J'aime beaucoup ce que vous portez.
– Ma journée n'a pas été de tout repos, dit-elle, incapable de se rendre au restaurant dans cette jupe moulante que sasuké semblait tellement apprécier. J'ai vraiment besoin de faire un brin de toilette. Donnez-moi l'adresse, et je vous retrouverai là-bas.
– Et si je vous suivais jusque chez vous ? J'attendrai ensuite que vous soyez prête.
– Inutile de me suivre, puisque vous connaissez le chemin, répliqua sakura en se dirigeant vers la sortie.
sasuké lui emboîta le pas.
– Et quel est ce chemin ? lui murmura-t-il à l'oreille.

Elle s'arrêta au beau milieu du casino pour le regarder et le sonder, car ou il jouait la comédie, ou ce n'était pas lui qui l'avait suivie la veille.
– Pour le moment, je suis installée chez ino, lui précisa-t-elle, surveillant sa réaction.
Il tressaillit imperceptiblement, comme si la nouvelle le contrariait. Mais sa surprise semblait bien réelle. A moins que...
– Je croyais que vous le saviez, ajouta-t-elle, incapable de dissimuler ce qu'elle avait sur le cœur.
– Comment le saurais-je, selon vous ?
Elle respira à fond avant de lancer :
– Quand je suis partie, hier soir, vous m'avez suivie, n'est-ce pas ?
– Hier soir, je n'ai pas quitté l'hôtel, affirma-t-il tranquillement. Auriez-vous pris vos désirs pour la réalité ?
– Ne vous méprenez pas sur mon compte. Je garde ma lucidité en toute circonstance, rétorqua sakura, indignée par tant d'arrogance.
sasuké haussa les sourcils.
– Oh, vraiment ?
En entrant dans le jeu, sakura craignit d'oublier son objectif. Bien décidée à connaître le fin mot de l'histoire, elle se campa devant lui et ne bougea pas d'un pouce quand un joueur essaya de passer devant elle pour atteindre la table de blackjack.
– Quelqu'un m'a suivie hier jusqu'à la résidence, sasu. A moins qu'il ne m'y ait attendue. Qui que cela puisse être, il m'a causé une belle frayeur en rôdant furtivement autour de moi dans l'obscurité du jardin.
sasuké parut se figer. L'intensité de son regard la fit frissonner.
– En êtes-vous certaine ?
– Si ce n'était pas vous, insista sakura, qui d'autre ?
– Je n'en ai pas la moindre idée.
Il avait hésité une fraction de seconde avant de répondre, comme si, au contraire, un soupçon lui venait à l'esprit. Tentée de le croire innocent, sakura décida de lui accorder le bénéfice du doute.
– Bon, n'en parlons plus ! conclut-elle. Il est temps de partir...
En se retournant, elle aperçut shino qui ratissait les mises à une table voisine tout en les surveillant du coin de l'œil. Quand leurs regards se croisèrent, shino reporta vivement toute son attention sur ses clients. Avait-il pu saisir des bribes de leur conversation ? se demanda sakura. Il se trouvait à portée de voix, et ni sasuké ni elle n'avaient particulièrement chuchoté.
Vaguement ennuyée, sakura gagna le parking, serrée de près par son compagnon. Ils prirent chacun leur voiture, mais sasuké s'arrangea pour ne pas la perdre de vue une minute. La laisserait-il au moins seule pour s'habiller ? Des images érotiques défilèrent soudain devant ses yeux, et elle eut toutes les peines du monde à les écarter.
Mais une fois chez ino, sasuké s'installa immédiatement dans un fauteuil, la télécommande à la main.
– Je vais regarder le sport pendant que vous vous changez.
Décidément, les hommes étaient tous les mêmes, songea sakura en s'attardant sur le seuil de sa chambre tandis qu'il « zappait » sans ménager les touches. Il se sentait manifestement à l'aise ici. Combien de fois s'était-il assis devant ce poste de télévision en attendant ino ?
Cette idée la perturba tandis qu'elle se déshabillait, puis entrait sous la douche. Pouvait-elle croire sasuké quand il prétendait ne pas avoir eu de relations sexuelles avec ino ? C'était tout de même assez peu vraisemblable. Mais elle avait tort de se poser tant de questions. Pour le moment, elle devait laisser les événements suivre leur cours, et se comporter comme une femme qu'un homme invite à sortir pour la première fois.
Exceptionnellement, elle eut envie de s'habiller de noir. Ce n'était pas son habitude, et sa valise regorgeait de vêtements de couleurs audacieuses, mais comme ino et elle avaient toujours échangé les pièces de leurs garde-robes, elle décida de se servir dans la penderie de son amie.
Après s'être frictionné énergiquement tout le corps, elle dénicha ainsi un simple fourreau noir qui la moulait comme une seconde peau. Le col montant et les emmanchures américaines mettaient en valeur ses épaules, mais la jupe lui arrivait à peine à mi-cuisses. Aussi enfila-t-elle un de ses caleçons de Lycra noir, transformant ainsi la robe en tunique. Accoutumée à échanger ses bijoux avec ino, elle lui emprunta également son collier de perles, puis rassembla ses cheveux sur la nuque et les retint par un nœud de velours noir. Un soupçon de maquillage, un dernier coup d'œil au miroir... Elle était prête.
sasuké avait éteint le téléviseur et tourné le fauteuil vers la chambre pour ne pas manquer de la voir en sortir. Il la détailla sans dissimuler son admiration.
– Eh bien, qu'attendez-vous ? demanda-t-elle en se dirigeant vers la porte afin de masquer son embarras.
– J'essaie de me calmer un peu, répondit-il. Le vertige me guette.
Une bouffée de chaleur monta aux joues de sakura. Elle fronça les sourcils.
– Allons, venez.
Il s'exécuta, s'approchant presque à la toucher. Déjà dans la coursive, elle dut maîtriser le tremblement de ses mains pour fermer à clé.
– A quelle heure sommes-nous... pardon, êtes-vous attendu ?
– Tout de suite.
– Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit ?
– Vous êtes assez nerveuse comme cela.
– Moi, nerveuse ? Pas du tout.
– Menteuse.
Incapable de nier l'évidence, sakura se tut et se laissa guider jusqu'à la décapotable rouge qu'il avait garée devant la résidence. Amateur de véhicules de collection, elle reconnut une Corvette Mako Shark datant de 1968, avec ses chromes étincelants et un intérieur garni de cuir noir. La capote était descendue, et le téléphone bien en vue entre les sièges baquets.

– Ne craignez-vous pas de laisser un bijou comme celui-ci à portée de toutes les convoitises ? demanda-t-elle, cherchant des yeux un système d'alarme probablement inexistant.
– Si quelqu'un s'avisait d'y toucher, il le regretterait, croyez-moi.
– Mais s'il ne le sait pas d'avance, où est l'effet dissuasif ? répliqua sakura, se demandant jusqu'où irait la vengeance d'un uchiwa.
Elle s'interrogeait encore quand sasuké emprunta un raccourci sinueux lui permettant d'éviter le Strip. Si sasuké était un criminel, il se débarrasserait d'elle dès qu'il la jugerait trop encombrante.
– Dites-moi, quelles rumeurs vous a-t-on rapportées ? questionna sasuké.
– A propos de quoi ? demanda-t-elle, brusquement tirée de ses réflexions.
– Ne faites pas l'innocente.
Supposant qu'il faisait allusion à sa famille, sakura lui jeta un rapide coup d'œil.
– J'ai appris que votre père avait passé quelques années en prison.
– C'est exact. Et ensuite ?
– Que vous avez pu rénover le Caraïbes grâce aux largesses de ses relations.
Sur ce point, sasuké s'abstint de tout commentaire.
– Et puis ?
Attendait-il qu'elle évoquât les meurtres ?
– Y aurait-il autre chose ? demanda sakura.
– Non. Il n'y a rien de plus. Mais les gens ne peuvent s'empêcher de jaser à tort et à travers. C'est humain, je suppose. Et personne ne veut croire qu'un délinquant puisse s'amender. C'est une erreur.
Parlait-il de son père, ou de lui-même ? se demanda sakura.
sasuké en resta là pour le moment. Quelques minutes plus tard, ils s'arrêtaient devant le uchiwa's, l'un des rares restaurants du Strip indépendants des grands casinos hôtels. Sa devanture élégante se distinguait parmi les façades tapageuses éclairées au néon.
Un employé en livrée conduisit la voiture au garage tandis que sasuké emmenait sakura, enlaçant sa taille d'un bras possessif. Une ambiance feutrée régnait dans la vaste salle au décor raffiné, avec ses murs en plâtre ciré, ses tables juponnées de lin et ses lumières tamisées.
Ils se dirigèrent vers un box légèrement surélevé et un peu à l'écart, d'où l'on pouvait surveiller discrètement tout ce qui se passait dans la pièce.
Un homme que sakura identifia à première vue comme le patron était déjà installé dans l'une des banquettes à côté d'une jeune femme. A sa grande surprise, sakura reconnut la belle brune aux yeux noirs qui semblait s'intéresser à eux plutôt qu'à sa machine à sous, la veille, au Caraïbes. A une table proche du box, trois hommes à la carrure impressionnante dînaient en silence. naruto uzumaki était l'un d'entre eux. Et cette fois encore, il ne la quittait pas des yeux.
Le père de sasuké se leva pour les accueillir et la détailla presque aussi attentivement que l'avait fait son fils.
– sasuké, mon garçon, tu ne manques pas de goût, dit-il avant de lui tendre la main. Je me présente, ajouta-t-il en s'inclinant devant sakura, M.Uchiwa.
Ils échangèrent une poignée de main.
– Sakura Haruno. Je suis heureuse de faire votre connaissance.
Si elle se l'était figuré sous les traits d'un parrain endurci, au visage couturé de cicatrices, elle en était pour ses frais. En lui ôtant quelques rides et pas mal d'embonpoint, on obtenait en fait trait pour trait le portrait de sasuké. Mais il teignait manifestement ses cheveux en noir.
– Et voici ma fille, ayamé, ajouta M.Uchiwa.
La jeune femme lui adressa un sourire plein de fiel.
– Comme c'est gentil de vous joindre à notre petite réunion de famille, persifla-t-elle.
Déconcertée, sakura regarda le papa.
– J'espère que je ne vous dérange pas.
– Pas du tout, répondit-il avec empressement. Je me félicite que mon fils ait enfin pris l'initiative d'amener une superbe créature dans mon restaurant. Et une belle femme comme toi, ayamé, n'a aucune raison d'en prendre ombrage, ajouta-t-il.
– Merci du compliment, père.
sasuké aida galamment sa compagne à s'installer sur la profonde banquette entre son père et lui, en face d'une ayamé visiblement furieuse.
Mais qui exactement lui inspirait cette colère ? se demanda sakura. Elle ou sasuké ? Décidée à en avoir le cœur net, elle engagea la conversation.
– Le peigne qui retient vos cheveux est un bijou remarquable, dit-elle en admirant l'objet d'écaille serti d'émeraudes et de diamants qui scintillait dans les boucles de jais.
– Je lui en ai offert une paire, dit M.Uchiwa, comme sa fille restait muette, mais elle préfère les coiffures asymétriques.
Il désigna ensuite le menu.
– Me permettrez-vous de commander pour vous ? lui demanda-t-il.
sakura acquiesça de bonne grâce.
– Mon père aime commander, dit sasuké, assez fort pour être entendu de lui.
– Et mon fils aime passer outre.
Sous le ton de la plaisanterie, sakura discerna une tension contrôlée probablement liée à un différend de longue date. M.Uchiwa n'avait sans doute jamais tout à fait réussi à dompter son fils, ce qui n'avait rien d'étonnant compte tenu du caractère de celui-ci.
– Apparemment, sasu n'a pas hérité uniquement du physique séduisant de son père, dit-elle afin d'apaiser les esprits.
M.Uchiwa se mit à rire, et sasuké esquissa un sourire.
– sasuké héritera un jour de tout autre chose, en effet. Est-ce cela qui vous intéresse ?
– ayamé...
– Non, sasuké, laisse-la répondre, répliqua sa sœur.
sakura regarda la jeune femme bien en face.
– Désolée, mais je ne juge pas les gens en fonction de ce qu'ils possèdent. Sauf en ce qui concerne les bonnes manières.

M.Uchiwa s'esclaffa de bon cœur et étreignit brièvement l'épaule de son invitée.
– Voilà une femme qui dit ce qu'elle pense. J'espère que tu sauras l'apprécier, mon fils.
– Je l'apprécie déjà, répondit sasuké avec conviction.
Mais ayamé ne se départit pas de son air venimeux.
Pendant l'heure qui suivit, sakura savoura tout un assortiment de délicieuses spécialités italiennes – antipasta, cœurs d'artichauts farcis, linguini à la toscane et autres gourmandises –, tout en répondant aux questions du père de sasuké à propos de son enfance passée dans le Queens. Originaire de la même banlieue new-yorkaise, M.Uchiwa lui raconta à son tour qu'il avait travaillé au champ de courses d'Aqueduct. Cet épisode de sa vie était-il à l'origine de sa « carrière » ? se demanda sakura. Mais elle s'abstint de formuler la question.
En dépit du milieu dans lequel il évoluait, cet homme lui était en somme plutôt sympathique. Elle ne pouvait en dire autant de ayamé. La cadette de sasuké ne participait que très rarement à la conversation, et uniquement pour décocher à sakura quelque flèche empoisonnée. Son père et son frère la menaçaient du regard sans parvenir à l'intimider. En vraieUchiwa, elle demeurait indomptable.
Le dessert achevé, sakura pria les autres convives de l'excuser et gagna les toilettes, le regard de naruto rivé sur elle tandis qu'elle traversait la salle. L'agressivité constante de ayamé lui était pénible, et elle prit tout son temps pour se laver les mains, puis rafraîchir son maquillage, assise devant la coiffeuse. Elle rangeait son poudrier quand elle aperçut ayamé dans le miroir, derrière elle.
– Que voulez-vous ? demanda sakura en refermant son sac. Votre cible favorite commençait à vous manquer, sans doute ?
– Je ne prétendrai pas que vous me plaisez sous prétexte de rassurer mon frère.
– A mon avis, aucune des amies que sasu pourrait amener à votre table ne vous plairait.
– Son nom est sasuké. Il déteste qu'on l'appelle sasu.
– Je n'ai rien remarqué de tel, affirma négligemment sakura.
ayamé fit mine d'arranger son précieux peigne dans ses cheveux.
– Vous n'êtes pour lui qu'une distraction passagère, vous savez.
– Cela me suffit peut-être.
Toujours dans son dos, ayamé s'approcha d'elle.
– C'est ce qu'elles disent toutes, au début. Puis elles se rendent compte...
Elle laissa sa phrase en suspens comme si le reste allait de soi.
– Elles se rendent compte de quoi ? demanda sakura. De qui il est le fils ? Je le sais déjà.
– Mais il y a tant de choses que vous ne savez pas ; et que vous devriez continuer d'ignorer, murmura ayamé, les yeux mi-clos. Eloignez-vous quand il est encore temps.
Furieuse, sakura se tourna brusquement vers elle.
– Serait-ce une menace ? dit-elle. Si c'est le cas, j'en parlerai à sasu.
– Ne vous gênez pas, répliqua ayamé avec un imperceptible sourire. sakura se leva. Même avec des chaussures plates, elle dépassait d'une bonne tête la sœur de sasuké perchée sur des talons aiguilles. Tentée de la gifler, elle se domina. Elle n'était pas d'un naturel violent, et son éducation lui interdisait de s'emporter telle une vulgaire mégère. Aussi se borna-t-elle à lui rendre son sourire, avant de quitter la pièce comme si cette conversation la laissait totalement indifférente.

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