Chapitre 1

Le capitaine Barbossa était un pirate type. Grand, laid, cruel, avide, aimant faire couler le sang et les pièces d'or, intraitable avec son équipage et doté d'une prime honorable de vingt mille berrys, ce qui lui permettait d'impressionner les esprits faibles mais était trop peu pour que les chasseurs de prime s'intéresse à lui.

La jeune femme qu'il avait en face de lui ne semblait pourtant pas inquiète, loin de là. Malgré les deux grosses brutes qui lui tenaient les bras pour l'empêcher de s'enfuir, elle souriait calmement. C'était un jolie brin de fille dans l'ensemble, ni trop petite, ni trop grande avec tout ce qu'il fallait là où il fallait, un joli visage, une peau crémeuse et une longue crinière noire. La seule chose qui dérangeait Barbossa, c'était ses grands yeux dorés qui exprimait tout le mépris qu'il lui inspirait.

"Tu sais pourquoi tu es devant moi ?" gronda-t-il d'une voix qui se voulait impressionnante.

"Pour voir parler un ours on dirait. C'est un spectacle rare, j'ignorais que les ours en était capable."

Un gifle sèche fut la réponse à son insolence.

"Tu as vendu à deux de mes hommes des pistolets qui leurs ont explosé entre les mains, les blessant gravement !"

Barbossa considérait qu'il était le seul à avoir le droit de blesser gravement ses hommes.

"J'en suis navrée, mais la maison n'assure pas le service après-vente."

Le pirate la frappa à nouveau. Elle ne pouvait donc pas être un peu sérieuse ? Une personne normale aurait eu peur en de telles circonstances !

"Dans ce cas, j'ai le déplaisir de t'apprendre que nous allons l'assurer nous-même, grogna-t-il. Pour commencer, nous allons prendre ton argent et tes marchandises. Ensuite…"

Un sourire peu rassurant apparut sur son visage, dévoilant quelques dents manquantes.

"Ensuite je pense que nous allons te prendre toi. Qu'en dis tu ?"

"J'en dis qu'il y a quelqu'un dans votre dos, très cher."

Comment pouvait-t-elle espérer qu'un truc aussi éculé prendrait sur le grand capitaine Barbossa ? Il n'y avait rien dans son dos, c'était certain. Pourtant, les deux hommes qui empêchaient la jeune femme de fuir semblaient très inquiet tout d'un coup… Pris d'un doute, le pirate se retourna et découvrit une minuscule jeune fille avec des cheveux rouges coupés courts et des yeux bleus lançant des éclairs qui tenait à la main un sabre beaucoup trop long pour elle.

"Que… ?"

"Relâchez mon amie, ou votre carrière de pirate miteux risque de tourner court," ordonna le modèle réduit.

Il éclata de rire.

"Laisse donc ce sabre, petite, c'est pas un jouet !"

"A votre place, je ne l'appellerai pas petite," conseilla sa prisonnière." Enfin, vous faites ce que vous voulez d'un autre côté."

"Ce n'est qu'une naine, je l'appelle comme je ve…"

Un sabre traversant son ventre l'empêchant de terminer sa phrase et il s'écroula par terre, un peu mort.

"Je répète, lâchez mon amie, "murmura la fille en récupérant son arme. "J'ai pas envie de tous vous tuer, mais si vous ne faites pas ce que je dis…"

Les hommes se regardèrent un moment, puis lâchèrent la jeune femme et partirent en courant prévenir le reste de l'équipage de la mort de leur capitaine. Un aussi bonne nouvelle, ils ne pouvaient la garder pour eux.

"Tu en as mis du temps," signala la fille aux yeux dorés lorsqu'ils furent partis. "Tu as eu un empêchement ?"

"Non, je me suis juste demandé si je devais vraiment te sauver cette fois encore. Tu savais que ces armes étaient défectueuses, pas vrai, Pol ?"

"Et alors ? Tu ne vas pas plaindre ces pirates quand même !"

"…"

"C'est bien ce que je pensais ! Allez, fais pas la tête Wenluin, un jour tu auras raison toi aussi. Mais pas aujourd'hui."

La fille aux cheveux rouges soupira.

"Tu me désespères… je me demande vraiment pourquoi j'ai accepté de faire équipe avec toi."

"Parce qu'on te l'a imposé," lui rappela son amie avec un grand sourire. "Tu es la Gardienne, tu ne peux quand même pas te balader sans protection !"

"Au cas où tu l'aurais oublié, c'est toujours moi qui doit te sauver la vie…"

"C'est un détail sans importance. Viens, allons récupérer nos marchandises et partons. Je voudrais pas que ces idiots changent d'avis et décident de venger leur capitaine…"

Leurs affaires comme disait Wenluin étaient en grande parties rangées dans une sorte de barque avec des roues qui était aussi maniable sur la terre ferme que sur la mer, à savoir pas beaucoup, et elles étaient en grandes parties composées des diverses marchandises que Pol s'amusait à vendre à des pirates crédules qui se laissaient aveugler par sa beauté. Après un an passé avec elle, la petite rouquine avait au moins appris une chose : il ne faut jamais faire confiance à une belle femme qui vous propose l'affaire du siècle.

"A quoi tu penses encore ?" lui demanda Pol en poussant leur embarcation à l'eau.

"Je pense qu'on a presque plus de provisions, il va falloir qu'on trouve une île avec une ville dessus."

"Tu penses vraiment trop. Et tu manges trop aussi."

"Et toi, tu dors tout le temps, c'est pas mieux…"

"J'y peux rien, c'est génétique. Allez, grimpe à bord ou je pars sans toi."

"Chiche," murmura l'adolescente en sautant dans la barque.