Chapitre 5

Lorsqu'au bout d'une demi heure, Pol vit Wenluin ressortir de la forêt, elle ne put s'empêcher de sourire. Elle avait beau savoir que cette petite était plus difficile à tuer qu'un cafard, ça faisait plaisir de la revoir saine et sauve. Ce qui lui fit beaucoup plaisir en revanche, c'est qu'elle avait manifestement réussit à retrouver le garçon qu'elles étaient venues chercher.

"Tu as préparé le repas ?" constata Wenluin. "Bonne idée, je meurs de faim. Ah, tant que j'y pense, je te présente Tagath. Tagath, je te présente Pol."

"Je n'arrive pas à croire que tu as réussi à le retrouver… Bien, tu veux partager notre repas ?"

"Avec plaisir," s'exclama le géant en souriant d'un air idiot. "Je suis mort de faim, il n'y a presque rien à manger sur cette île !"

"Il y a une ville de l'autre côté, rien ne t'empêchait dit aller, crétin," grogna Wenluin.

"Quelque chose m'en empêche au contraire. Je suis l'un des Sept Puissants Capitaines Corsaire," expliqua-t-il d'un ton pompeux. "Et le plus jeune depuis un siècle par dessus le marché."

Wenluin le toisa du regard. Elle ne s'intéressait pas tellement aux lécheurs de bottes du gouvernement, mais elle connaissait un minimum les critères de sélections, à savoir une certaine célébrité chez les pirates, une intelligence reconnue et prouvée et surtout un talent au combat qui soit difficile à remettre en question. Tagath, à première vue, ne remplissait aucune de ces conditions. Mais maintenant qu'il en parlait, elle se souvenait qu'au tout début de son association avec Pol, elles avaient entendu parler de la nomination au poste modérément envié de Capitaine Corsaire d'un tout jeune pirate tellement idiot qu'il montrait à lui seul qu'il n'y avait plus de bons flibustiers dans le monde.

"C'est fascinant," railla l'adolescente." Ils ont besoin d'un clown pour les occuper pendant leur réunion maintenant ?"

"Je te demande pardon ?"

"Non, c'est bon, laisse tomber…"

Le repas que leur servit Pol était une sorte de ragoût dont l'ingrédient principal devait être des carottes. Du moins, Wenluin l'espérait, car dans le cas contraire elle se demandait d'où venait la couleur orange de la mixture, ou plus exactement elle préférait ne pas le savoir. Son amie avait des tas de défauts, et entre autre celui d'avoir un talent de cuisinière des plus contestables.

"Au fait, Tagath, quel est ton nom complet ?" demanda la petite adolescente après avoir vidé son assiette. "Tagath, c'est juste ton prénom, pas vrai ?"

"Je m'appelle Tagath, point final," déclara-t-il d'une voix sèche. "Si vous n'en êtes pas contente toutes les deux, j'en suis navré, mais c'est comme ça."

"Si, si, on est très contente," le rassura Wenluin. "Mais, comment dire… les gens sans nom de famille, c'est rare…"

"Dans ce cas, on va dire que j'ai renié ma famille, et que je ne veux pas que leurs anciennes connaissances puisse faire le lien."

La petite rouquine lui jeta un regard surpris. Il était devenu si sérieux tout d'un coup… difficile de croire que c'était bien lui qui avait acheté les gadgets les plus stupides de Pol.

"D'accord, je peux le comprendre, ne t'en fais pas. Mais…"

"Mais ? Inutile de me poser des questions, je ne dirais rien."

"Dis donc, on ne t'as quand même pas suivit jusqu'ici pour rien !" protesta Pol. "Tu vas nous dire ce qu'on veut savoir, et un point c'est tout ! Est-ce que tu es un D ?"

Il regarda la jeune femme d'un air parfaitement stupide, ce qui eut au moins le mérite de rassurer Wenluin. C'était bel et bien le même type qu'à Alabasta…

"C'est quoi cette question ?"

"Nous voulons juste savoir si ton nom complet comprend un D majuscule…"

"Ben, oui… comment vous le savez ? Oh, et puis peu importe en fait. Ma grand-mère disait que c'est une sorte de marque, ou quelque chose dans ce goût là. Mon grand-père l'avait aussi dans son nom, tout comme ma m…"

Il s'interrompis brutalement, comme s'il avait dit quelque chose qu'il n'aurait pas dû. Wenluin ne voyait cependant pas ce que cela pouvait être… ce crétin l'ignorait probablement, mais les D étaient plus nombreux que ce que l'ont croyait, alors le fait qu'il y en ait eut dans sa famille n'aurait pas tellement aidé les deux filles à découvrir qui il était réellement, en supposant bien sûr que cela les ait intéressées. Ce qui n'était pas exactement le cas, loin de là.

"Et voilà, j'avais raison, une fois de plus," déclara la jeune fille. "Ecoute, Tagath, il faudrait que tu nous accompagnes jusqu'à… où est le magasin le plus proche, Pol ?"

"Mock Town, mais je doute que ce soit très prudent. Disons plutôt Thgil, même si c'est plus loin. De plus, là-bas, il n'y aura aucune erreur possible, ce sont des pros, nos meilleurs éléments."

"Parfait. Tu dois donc nous accompagner jusqu'à Thgil, pour qu'on puisse vérifier deux ou trois petites choses, d'accord ?"

"Non."

"Tu as mal compris," ricana Pol." Ce n'était pas une question, c'était un ordre… Capitaine Corsaire ou pas, il est particulièrement déconseillé de ne pas céder aux caprices de ma petite amies ici présente… Ou en tout cas, pas si on tient à la vie."

"Ah. Il fallait le dire plus tôt. Dans ce cas, je serais ravi de venir avec vous, mesdemoiselles."