Bonjour, bonjour, encore un nouveau chapitre ! Avec cette fois quelques petites révélations… enfin, vous verrez bien !
Sinon, Miss Goupil, ne t'en fais pas pour les fautes, je suis du genre maniaque, ce qui énerve un peu mes copines à forces… (ze passe plus de temps à corriger leurs fautes qu'à lire ce qu'elles écrivent…)
Chapitre 9
Depuis la découverte de la boutique en flammes, Wenluin n'avait plus dit un seul mot. Le feu… pourquoi avait-il fallut qu'ils utilisent le feu ? Il y avait tant de façons de tuer les gens, tant de manières plus humaines, en supposant qu'un meurtre puisse être considéré comme humain, alors que le feu était la pire de toutes. Celui qui meurt par le feu souffre longtemps… Ses parents avaient longtemps soufferts. Elle en savait quelque chose, elle qui les avaient retrouvés, à moitié carbonisés, dans le jardin où leur assassin les avaient jeté une fois son crime accompli. Jamais elle n'oublierai les rictus de douleur de ce qui avait été leurs visages.
"Wen ? tout va bien ?"
Si tout allait bien ? La petite adolescente aurait presque eu envie de tuer son amie pour avoir osé poser une question aussi stupide. Elle revoyait très nettement les cadavres de ses parents, et Pol lui demandait si elle allait bien ?
"Wen, tu m'entends ? Ecoute, ce n'est pas le moment de faire l'idiote, tu…"
"Je… ça va," bredouilla-t-elle. "C'est juste… je pensais à mes parents…"
Pol ne répondit pas. Jusque là, Wenluin n'avait même jamais prononcé le mot 'parents' devant elle, et elle ne parlait jamais de ce qui lui était arrivé avant qu'elle ne rejoigne l'organisation. Il fallait que l'incendie ait réveillé de sales souvenirs en elle pour qu'elle se replonge dans son passé… Des souvenirs qu'elle n'avait pas l'air de vouloir partager, à en juger par son regard perdu dans le vague. La femme aux yeux dorés décida de respecter sa décision, et en profita pour repenser aux siens, de parents. Morts depuis un moment tous les deux, ils lui manquaient parfois… Deux des plus grands épéistes que la terre ait connu, qui avaient donné à leur fille une éducation... originale on dira. Elle aurait apprécié que sa mère soit encore là etlui explique comment s'y prendre avec une adolescente chroniquement dépressive. Pas que cette dernière ait été une fine psychologue, mais ça aurait toujours été mieux que maintenant.
Quelques minutes passèrent dans un silence pesant uniquement rompu de temps à autre par des bruits venant du lieu de l'incendie, puis, enfin, Tagath arriva, l'air tranquille et les mains dans les poches. Il n'avait pas l'air de quelqu'un qui venait d'assister au meurtre d'une famille d'innocent, songea Pol. Comme si ce genre de choses lui passaient largement au dessus de la tête, comme s'il n'était qu'un gamin ne comprenant pas ce qu'était la mort. Et, au vu de ses aptitudes mentales, cette hypothèse n'était pas à exclure.
"Tu en as mis du temps !" l'accusa-t-elle. "On se serait presque inquiété."
"Je vous ai dit que j'avais pas l'intention de mourir aujourd'hui, non ? Fallait pas vous en faire pour moi."
"Ben voyons… allez, dépêches-toi de monter au lieu de jouer les durs !"
"Même pas vrai," grogna-t-il en sautant à bord de son voilier. "Au fait, c'est quoi la prochaine étape ?"
"Partir. Loin. Très loin. Pour le reste, on verra après."
Tandis que leurs bateaux s'éloignaient de l'île, Tagath s'approcha de Pol qui s'était effondrée dans un coin et s'assit à côté d'elle.
"Alors ?"
"Alors quoi ?"
"Maintenant… j'ai le droit de savoir ? Ce soir, ou demain au plus tard, vous aviez promis. Je veux comprendre dans quoi je me suis embarqué."
"C'est assez normal je dois dire," soupira la jeune femme. "Pour dire simple, nous sommes, ou plutôt étions une organisation dont le projet final était de faire tomber le gouvernement actuel, ou au moins les dirigeants actuels, et ce par tous les moyens mis à notre disposition. Comme couverture, nous utilisions le commerce. Dans chaque île où le gouvernement a peu d'influence, nous avions des magasins qui avaient été créé dans ce seul but ou dont nous avions ramené les propriétaires à notre cause."
"Comme à Thgil ?"
"Comme à Thgil," confirma Pol. Ceux qui travaillaient dans ces magasins servaient de point d'ancrages et de lieu d'information pour les agents de terrains qui, comme Wenluin et moi, jouaient les marchands ambulants. Grâce à cette couverture, nous pouvions rencontrer des gens dans le monde entier qu'ils soient pirates, membre de la marine ou simple villageois, et s'ils se révélaient partager nos opinions, nous vérifions leurs antécédents avant de leur proposer de faire partie de notre organisation. Tout ça n'a vraiment commencé qu'il y a une dizaine d'année, mais l'organisation originale a plusieurs siècles. Autrefois, il s'agissait d'une sorte de secte je crois, et elle rendait grâce au Dieu des mer. Certaines mauvaises langues, comme moi, disaient que c'était cette secte qui était à l'origine des fruits du démon."
"Et le D, qu'est ce qu'il vient faire dans tout cela ?"
"Ceux qui portent le nom de D pourraient mourir pour leur rêve, ou bien changer le monde entier pour l'accomplir. Ce sont des gens précieux à avoir auprès de soit lorsqu'on entreprend justement de tout changer. Lorsque nous en rencontrons, nous les amenons de gré ou de force à l'un des magasins, et là les agents en postes leurs posent des questions pour voir si leur rêve peut s'accorder d'une façon ou d'une autre avec nos projets."
"Oui, je vois le genre… Et si ce n'est pas le cas, vous leurs faites tout oublier, et ils peuvent rentrer tranquillement à la maison. C'est plutôt bien ficelé toute cette histoire," conclut Tagath." Mais si vous prenez de telles précautions, comment ont-ils pu tout découvrir ?"
"Oh, j'ai ma petite idée là-dessus," lui assura-t-elle. "Nous avons des gens dans les rangs de la marine, il n'est pas improbable que l'un d'eux ait été pris de remords et ait tout déballé à ses supérieurs. Ou pire, l'un d'eux se sera servit de cela comme d'un tremplin pour sa carrière en prétendant s'être infiltré dans une organisation criminelle et dangereuse au péril de sa vie. Je connais une femme en particulier à qui j'aimerai bien poser quelques questions…"
"Hum… et Wenluin ? Quel est son rôle exactement ? Ce n'est pas un simple agent ambulant, n'est ce pas ? Elle est la… la Gardienne comme vous avez dit. Qu'est-ce que ça veut dire exactement ?"
Pol soupira. Ce type était censé être le dernier des crétins, alors comment pouvait-il tout comprendre aussi vite ? Il devait faire semblant, ce n'était pas possible autrement…
"Pour être parfaitement honnête… je ne sais pas trop. La Gardienne est l'héritage de l'époque où notre organisation était une secte. Elle est le lien entre passé, présent et futur, entre ce qui est, ce qui n'est plus et ce qui sera. C'est la femme la plus forte du monde, la plus invulnérable, celle qui a accès à tous les secrets… Tout du moins, elle le devrait. Mais on dira ce qu'on voudra, il n'y a pas plus fragile que Wenluin, je me demande vraiment comment elle a pu devenir la Gardienne…"
Silencieusement, ils se tournèrent tous deux vers la petite adolescente qui s'était recroquevillée dans le fond de la barque et dormait à poings fermés. Plus que jamais, elle ressemblait à une enfant, et Tagath se demanda lui aussi où quelqu'un avait pu voir de la force en elle…
