Chapitre 12

"Encore des ennuis on dirait," commenta Tagath. "Ça faisait longtemps remarque, je commençais à m'ennuyer, ça me fera du bien de bouger un peu. Oh, j'oubliais : vous préférez peut être prendre le large ?"

"C'est une solution qui ne me déplairait pas," soupira Pol, "mais je doute qu'ils nous laissent faire. Ces types de la marine sont tellement ennuyeux, il faut toujours qu'ils s'accrochent."

Wenluin ne répondit pas, se contentant de scruter le navire ennemi. C'était étrange, il lui disait vaguement quelque chose… Elle l'avait peut être déjà croisé quelque part… Lorsqu'elle en fit la remarque à sa co-équipière, celle-ci regarda à son tour le vaisseau et eut une moue dégoûtée.

"Quand on parle du loup, on en voit le bout de la queue !" grogna-t-elle. "Bien sûr que tu le reconnais, c'est celui de cette traîtresse de Nico Robin, je reconnaîtrais entre milles celui là ! Tu sais, tu avais peut être raison, crétin, on dirait qu'ils viennent à nous. Seulement, c'est pas franchement bon pour nous."

"Robin ne nous fera jamais de mal !" objecta la petite rouquine.

"Elle, peut être pas. Les types à ses ordres, c'est moins sûr."

La petite adolescente voulut protester, mais Tagath coupa court à toute discussion.

"Pol a raison ! Même si la Vice-Amirale ne vous voulait aucun mal, vous êtes recherchées toutes les deux, et je ne dois pas être dans une meilleure situation. Ses hommes voudront profiter de l'occasion pour faire un coup d'éclat dans l'espoir d'une promotion."

"Toi, je te préférai en crétin."

"Non, tu me détestais moins, nuance. Bon, on fait quoi alors ? On s'enfuit ?"

"Je pense que ça ne servirait à rien," soupira la femme aux yeux dorés." Nos deux pauvres petites barques ne pourront jamais battre un tel bateau à la course. Tu te sens d'attaques pour une bonne petite bagarre, Tagath ?"

"Moi ? Toujours, pourquoi cette question ?"

"Parfait. Wen… files-moi ton sabre."

La jeune fille lui jeta un regard outré, totalement choquée par la question. Son sabre ? A elle ? Son sabre ? Un sabre, c'était comme une brosse à dent, ça ne se prêtait pas, Pol aurait dû le savoir avec des antécédents familiaux comme les siens !

"Qu'est ce que tu en ferais ?"

"Je veux me couper les ongles, mais j'ai perdu mes ciseaux. Je veux me battre, pauvre idiote ! Je suis vaguement censée te protéger, tu te souviens ? Contre des pirates ou des monstres marins, je te laisse te débrouiller seule, mais là, c'est la Marine tout de même ! Alors file-moi ce sabre en vitesse. C'est moi qui te l'ai offert, tu peux bien me le prêter, pauvre andouille !"

A contre cœur, la petite rouquine obéit et lui tendit l'arme dans son fourreau blanc avec un regard qui signifiait 'gare à toi si tu me le casse' qui, naturellement, n'impressionna absolument personne, comme toujours. Cela dit, Pol se jura mentalement de faire attention à ne pas le rayer ou quoi que se soit.

"Tu sais te battre au sabre ?" s'étonna Tagath.

"J'ai ça dans le sang. Je ne suis pas excellente parce que je manque d'entraînement, mais je me défend quand même. Si tu veux, un jour, je te montrerai. Et tu te prendras la raclée de ta vie."

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa

Le thé… qu'y avait-il de plus agréable qu'une bonne tasse de thé bien chaude ? Le thé, ça vous lavait de tout soucis, ça vous faisais vous sentir bien… Nico Robin adorait le thé. C'était devenu sa drogue. Certains fumaient, d'autres buvaient de l'alcool, et bien elle, elle buvait du thé. Des litres de thé chaque jour. Parce qu'il n'y avait que cela qui la faisait se sentir bien. Il n'y avait que cela qui la faisait se sentir un peu moins coupable.

Cet après-midi là, elle en était à sa cinquième tasse depuis le réveil lorsqu'un de ses sergents entra en courant presque dans sa cabine, sans même prendre la peine de frapper à la porte. Ce devait être important pour qu'il se permette d'oublier la politesse, aussi la femme décida-t-elle de l'écouter.

"Nous avons repéré des suspects !" déclara-t-il." Ils sont trois, dans des barques !"

"Et bien arrêtez les si cela vous amuse. Vous n'avez pas besoin de moi pour ça j'imagine."

L'homme resta un instant perplexe devant son manque d'intérêt, puis décida de lâcher l'information la plus importante.

"Vice-Amirale, l'un d'eux est Lupus D Tagath, le Capitaine Corsaire qui vient d'être démis de ses fonctions ! Et il y a aussi quelqu'un qui ressemblerait à Roronoa Poledra qui est recherchée en temps que membre d'une organisation secrète visant à renverser le gouvernement ! L'état Major a prévenu qu'il fallait absolument les arrêter, et…"

"Et bien qu'attendez-vous dans ce cas ? Arrêtez-les. Si vous ne vous en sortez pas, je viendrais vous aider."

Désespéré d'obtenir la moindre réaction normale de la part de son supérieur, le sergent sortit de la cabine, laissant Robin seule avec son thé. Enfin, presque seule, puisque d'un recoin sombre un jeune homme se leva de son fauteuil.

"Tu as entendu, Robin ?"

"Oui. C'est d'ailleurs pour cela que je lui ai répondu tu sais."

"Ce n'est pas ce que je voulais dire !"

"Dans ce cas, que voulais tu dire ?"

"Tu ne trouves pas ça étrange ? Que Roronoa et Lupus voyagent ensemble ?"

"Il a toujours eut de drôle de goût en matière de femme, je te l'accorde. Et alors ?"

L'adolescent poussa un soupir excédé.

"Tu ne pourrais pas être sérieuse ?"

"Je suis sérieuse, mon garçon. Parfaitement sérieuse. Et oui, je vois ce que tu veux dire… Mais ce qui m'inquiète, ce n'est pas ces deux là. Quand Poledra est là, Wenluin n'est jamais loin, et qu'elle soit en présence du dernier D est un signe qui ne trompe pas… Peut être que les choses se sont enfin mises en mouvement…"

Les yeux jaunes du garçon se mirent à briller, et un sourire peu encourageant se dessina sur ses lèvres, ce qui n'échappa pas à Robin.

"Soyons clairs : nous allons les arrêter tous les trois… Mais si tu embêtes trop Wenluin, je te fais mettre aux fers. Compris ?"

Son sourire disparu, mais Robin était convaincue qu'il cherchait à présent un moyen qui lui permettrait de mettre la petite rouquine hors d'elle sans s'attirer d'ennuis avec sa protectrice. Cette dernière soupira, puis se leva pour se rendre sur le pont et aider ses hommes qui avaient déjà dû se faire écraser à l'heure qu'il était. Un mince sourire apparut sur son visage en imaginant la tête que ferait ses trois futurs 'invités' dans quelques instants.