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CHAPITRE II
Tout a commencé par la sensation de froid. C'est étrange mais cette brûlure glacée à toujours été présente dans mes souvenirs.
Ma mère m'a raconté que je suis né en plein cœur de l'hiver, lors d'une très fameuse tempête de neige. La maison de campagne où elle avait pris refuge pour la nuit n'avait aucune source de chaleur.
Seule dans une chambre trop grande, les draps collant sa peau pâle, sous le regard hautain d'une belle mère honnie, elle a dû lutter pour moi et pour elle même, petit roseau abandonné.
Lorsqu'elle m'a conté cette anecdote, il n'y avait aucunes émotions dans sa voix. Elle énonçait froidement un fait qui appartenait à un passé révolu.
J'étais, j'existais.
De sa douleur, de sa solitude, elle ne m'a rien dit.
Même le froid, elle ne me l'a pas décrit.
Je n'ai pu que supposer, plus tard, l'horreur de cet accouchement de douze heures pour cette enfant de seize ans.
Je ne sais plus très bien quand, cette voix si profondément posée, distante et sentencieuse m'avait murmuré cela…
C'était comme un avertissement pour le petit garçon de huit ans que j'étais.
Un constat … mêlé de fierté et de remords…
Mon enfant, je vois en toi la force de cette tempête mais aussi la fragilité de cette petite fille que j'étais alors…
J'aimerais te réchauffer mais je ne le peux point.
Ma mère n'a plus jamais traité ce sujet.
J'ai gardé au fond de mon cœur cette histoire. Le souvenir de cette lueur dans les yeux de ma mère est toujours aussi vivace dans mon âme (même maintenant alors que…)
C'est, je crois, la plus belle déclaration d'amour que cette femme ne m'ai jamais fait . La seule qui a été juste.
Il y a eu également mon père. Le 'baiser du soir'…
Rituel stupide que j'effectuais avec un plaisir certain et qui consistait à donner un dernier baiser à mon père avant d'aller me coucher.
C'est le premier souvenir que j'ai de cette sensation étrange de solitude, d'incompréhension, et surtout de mal être.
Je devais être très petit et très enfantin pour avoir l'audace et l'innocence de rentrer dans son bureau comme je l'ai fait dans ce souvenir.
Lorsque je me remémore ce rituel immuable qui avait commencé dès mon plus jeune âge (et qui ne s'évanouira jamais tout à fait) j'ai cette impression déconcertante qui m'envahit : une sorte d'allégresse et de confiance totale en cet autre qui était mon père.
En un autre.
Je me revois poser ma menotte sur la porte, celle ci s'ouvrir lourdement.
Je n'avais aucune espèce d'appréhension.
Papa ( pas père, pas Lucius Malefoy, pas le Chef des Mangemorts, non, seulement papa) était là tout près…
J'allais lui dire bonne nuit, poser mes lèvres fraîches sur ses joues piquantes, et lui offrir mon sourire le plus sage et le plus chaleureux.
J'ai cinq ou six ans.
Et j'étais encore capable d'aimer les yeux fermés.
Je suis pied-nu et je sens au fur et à mesure que j'avance dans l'obscurité de la grande pièce, le froid s'infiltrer dans mes chevilles.
J'entends un bruit et je me retourne vers la porte entrouverte… vers la lumière de la nuit, vers les bruits étranges…
Papa
…
Plus rien.
Le souvenir s'évapore.
Je me revois seulement les larmes aux yeux devant la cheminée. J'ai froid parce que Père…
C'est un secret…
Je ne dois rien dire.
Je ne me souviens plus de ce qui s'est passé exactement.
Ce que j'ai vu, je l'ai oublié. Je me rappelle seulement le regard de mon père et cette voix, ce serment qu'il m'a fait proférer.
Sans le vouloir je crois, il m'a condamné au silence et au mensonge.
Les autres souvenir sont sans importance… Ils nous emmènent tous, finalement, vers le même point c'est à dire cette nuit d'automne à Poudlard.
Il faisait froid, très froid dans le dortoir des Serpentards. Pourtant, mon lit se trouvait à quelques pouces de la cheminée.
Privilège oblige.
Je ne sais pas si vous connaissez les principes de cette digne maison de Poudlard?
Tout marche ainsi par avantages plus ou moins durement acquis.
Vous êtes fort et l'on vous respecte, vous êtes faible et on vous lynche.
Heureusement, derrière le petit et frêle blondinet que j'étais, pesait la puissance des Malefoy et l'œil attentif du professeur Rogue.
J'étais donc un petit « chouchou » pour reprendre l'expression de Weasley et j'adorais cela. J'usais et j'abusais de tous les passes droits qu'il était possible d'avoir. J'avais l'impression trompeuse de compter un peu pour…
J'arrête cela. Les plaintes, le mélodramatique, les mauvaises larmes, le mièvre, tous cela est bon pour un Weasley…. Pas pour un digne descendant de la famille des Malfoy.
Il n'y avait aucun autre sentiment que la crainte et le respect de mise chez les Serpents.
Ne contez pas que je me plaigne de cette situation. L'idée de chercher de la poésie dans des personnes tel que Crable et Goyle ne m'a jamais effleuré.
On ne peux être ami qu'avec son égale or j'étais de par mon sang et de par mon éducation le supérieur de tous.
La solitude était toujours présente au plus profond de moi, comme une contrepartie à ma situation dans cette école. Je ne trouvais pas cela chèrement acquis.
Tout petit déjà, Père m'avais fait comprendre que tout avantage à son prix à payer.
Le refuser était la chose qui vous menez le plus sûrement dans les méandres du malheurs et du désarroi.
Cette nuit là, pourtant, je regrettais cette solitude.
Les larmes insensiblement et malgré ma volonté continuaient de couler sur mes joues. Les sillons qu'elles traçaient sur ma peau, ce nez rougi par les pleurs, tout cela, étaient les preuves éclatantes de ma faiblesse.
Ce triste constat ne faisaient qu'intensifier mes sanglots.
Ils s'arrêtèrent pourtant. Quant on a personne pour se faire consoler, le don des larmes est inutile.
Je me levais et posais doucement mes pieds sur le sol. J'avais besoin d'y voir clair dans mes idées. Je fis le moins de bruit possible et je m'assis près de la cheminée.
Je regardais les bûches de bois flamboyer avec force. Le spectacle des couleurs chaudes m'apaisais. Mes larmes s'évaporaient doucement tandis que mon visage se mit lentement puis violemment à brûler.
J'aimais cette sensation douloureuse sur ma peau. J'aimais la chaleur glacé qui prenait possession de mon corps.
J'en oubliais presque mes cauchemars.
Depuis que j'étais rentré à Poudlard, il y avait trois semaines de cela, je revoyais la scène se dérouler devant mes yeux.
C'était un enfer en soi.
Voir son père…
Je me levais brusquement. Je me mis à arpenter la pièce.
J'avais lutté de toutes mes forces pour que cela se termine. J'avais tenté de l'oublier, d'occulter cette nuit comme je l'avais fait avec d'autre semblable dans leur noirceur et pourtant si différentes.
Elles, ces autres, appartenaient à un passé glacé et autre, alors que cette .. nuit était encore présente dans ma tête.
Jusque là, cela avait été si simple
J'avais oublié facilement les regards froids de mon père, la tristesse de ma mère, les bruissements de soie dans ma chambre, les disputes, la haine.
C'est si facile, vous savez, d'effacer des images quant aucun mot ne vient matérialiser vos peurs. Celles ci restent là présentes et absentes en même temps.
Rassurantes.
Pourtant, cette fois ci j'aurais aimé que Père, après m'avoir vu, après avoir fait cela, après avoir finit cela, vienne me voir, se dirige vers moi, insensiblement, avoir cette lueur dans les yeux, et me dise …
Je ne sais pas quoi. J'aurais tant aimé qu'il prononce des mots.
De simples mots m'auraient suffit et aurait banni la peur.
Une excuse quelconque m'aurait permit de dormir cette nuit là et toutes les autres nuits sans l'aide des caresses de Potter, sans avoir besoin de me vautrer sur son corps pour oublier…
Son corps…
Vous me menez vers des chemins que je ne désire pas emprunter.
Potter…
Je n'ai pas parlé de Potter, c'est étrange.
Cette nuit là aussi je pensais à lui.
Il avait toute ma haine.
Il était tout ce que j'aurais aimé être… C'est ce que vous voulez m'entendre dire, n'est ce pas ?
Et bien non, Potter n'était en rien une personne que j'enviais.
L'homme que j'admirais, était tellement mieux que lui, plus beau, plus raffiné, et bien plus intelligent…
Potter avec ses cheveux en bataille, ses yeux verts, et ses lèvres trop pâle n'avaient rien que je ne pouvais avoir. La célébrité ? En naissant Malefoy, j'avais acquis celle ci aussi durablement, et injustement que lui. L'intelligence ? J'étais au moins aussi roué que ce gamin des rues
La beauté ?
Je vois votre regard amusé.
Vous, vous attendez à ce que je chante les louanges de ce sang-mêlé ? Après avoir passé tant de nuits à pétrir son corps, il serait donc logique que je le trouve merveilleux.
Non, il n'est pas beaux.
Trop mince, trop brun, ses yeux verts lui dévorent son visage triste, et blême.
Harry a le physique d'un enfant malade, d'une plante en serre.
Est il désirable ?
Voilà, la vraie question à me poser…
J'anticipe encore…
Cette nuit là, mes idées ne s'aventuraient pas au delà de la haine.
Que j'envie cette époque, où tout était si simple !
Je pensais à lui par divertissement dans le premier sens de ce mot.
Celui ci me détournait de ma peur.
J'imaginais son air mélancolique au petit déjeuner quand il serais forcé de constater que lui vit, alors que l'autre, cet autre qui fut tout pour lui n'ai plus que poussière.
Je tirais une jouissances incommensurable à savoir que je n'étais pas seul dans la souffrance.
Lui aussi en bavait, lui aussi regardais l'astre du jour avec reproche.
Lui aussi…
Je me couchais donc avec au cœur un sentiment de réconfort qui me permit cette nuit là -du moins- de dormir un peu.
Je vous épargne le récit des semaines qui suivirent, longues et monotones. Les cours étaient tous les même. L'ennui m'aurais gagné si j'avais pu suivre ces effroyables leçons prodiguaient avec un soin si méticuleux qu'il en devenait pervers.
Je ne dormais pas.
Cette phrase vous paraît banal.
Un sujet, un verbe à la forme négatif.
Aucune velléité de style…
Constat.
Pourtant, je n'ose la dire, cette phrase si plate , qu'en tremblant.
Je ne dormais pas.
Aucune torture, aucun endoloris, ne me paraît pire que cette impossibilité de s'abandonner à la douceur de l'inconscience, à cette semi mort plus délicieuse encore que la vrai.
Chaque nuit, la même scène, plus d'autres encore que j'inventais sûrement, me revenait à la mémoire.
Les cernes qui marquaient mon visage étaient effroyables.
Tous les matins, j'étais forcé de recouvrir ma peau très pâle d'une épaisse couche de poudre de riz.
C'était d'ailleurs le seul moment de la journée qui me paraissait vivable.
J'entrais dans la douche et j'ouvrais le robinet. L'eau sortait brûlante, et poignante. Doucement, je remontais la pomme de douche et son flux d'eau brûlant sur mes jambes fines.
Immédiatement, ma peau se marbrait de plaques rouges.
Je continuais ce martyr qui me prouvait que j'étais vivant.
Après les jambes, le bas ventre, le torse, la nuque, et enfin, les cheveux.
Quelques gouttelettes glissaient doucement sur mes épaules jusqu'à mourir à la chute de mes reins.
Je me cabrais voluptueusement, parfois.
Un gémissement s'échappait de mes lèvres.
Rien de plus.
J'étais très pur, vous savez ? Il ne me serait jamais venue à l'idée de glisser ma main jusqu'à la brûlure de mon bas ventre. Je savais que cela se faisait mais de là, à ce que moi même je m'abaisse jusqu'à …
J'étais innocent.
C'est pour cela que j'ai pu descendre si bas dans les profondeurs de la perversion.
Il faut avoir dans les yeux cette espèce de flamme, de pureté pour réussir à réinventer l'amour charnelle, pour se croire les premiers, pour goûter tant de plaisir à s'abandonner à l'autre.
Harry et moi nous possédions cette innocence.
Je n'allais pas tarder à le découvrir.
Voila j'espère que vous avezaimé et que je ne déçois pas trop "vos espérances"!
Excusez moi pour les fautes
