Chapitre III

Le soleil ne déclinait pas dans le ciel bleu, pur, vide de sens. De son trône d'azur, il ne semblait pas vouloir abdiquer sa place au Mauvais Temps et à la Nuit qui bientôt gagneraient du terrain en ce doux mois d'octobre, irrémédiablement.

Au troisième rang, moi, j'écoutais. J'essayais du moins. La voix grave de McGonagall ne m'aidait en rien. Pourtant, je luttais. Contre le sommeil, les rêves, et la peur.

Ce jour-là, comme tous les autres jours, depuis le terrible événement, je perdais. Les cris, le sang, la sueur, les visages me revinrent, précisément.

Il faisait chaud dans cette triste salle de cours aux couleurs rouges et ors, du dernier mauvais goût. Je transpirais abondamment sous l'uniforme austère de l'école, mes mains et mon visage étaient moites et pourtant j'étais ravagé de tremblements. Nourri à l'inquiétude et à l'absence de sommeil, mon corps perdait peu à peu sa force, et moi mon envie de vivre.

Vous trouvez que j'en fait trop. Je le sens, dans cette façon que vous avez de me regarder. Vous ne prenez pas au sérieux. Vous ne m'avez jamais pris au sérieux depuis le début de cette histoire. Qui n'est qu'une histoire parmi tant d'autres ! Vous avez votre vie, tranquille, et vous écoutez la mienne, pour vous divertir, vous détourner de vos propres angoisses.
Peut-être vous a-t-on ordonné de venir ici, où peut être est-ce tombé sur vous par hasard. Cependant, dans le fond, vous et moi, nous savons que c'est un plaisir malsain qui vous retient à écouter tous ses témoignages, de toutes ces personnes, jusqu'au bout, alors qu'il ne tiendrait qu'à vous….

Je n'en rajoute pas. Croyez moi et ne froncez plus les sourcils. Soyez gentil et restez tranquille. Voulez-vous ?

Le cours touchait à sa fin et j'en étais heureux. Je fis tomber maladroitement un crayon qui s'abattit lourdement sur les lattes en bois du parquet.

La résonance affreuse de la chute me vrilla aux oreilles.

Fébrilement, je me baissais pour le ramasser, laissant ma main tremblante attraper le maudit crayon. Je me relevais chancelant et fit fasse à un ouragan aux yeux révulsés et aux lèvres plissées dans une moue désapprobatrice.

McGonagall hurla contre mon inattention devant une classe ébahie et paniquée. Pourquoi parla –t- elle de mon père, de mon sang ?

Est ce la guerre qui faisait rage ? Est ce les morts ? Ou simplement la haine qui la poussa, elle, cette femme mature et grave, à m'accuser des pires fléaux humains, de me reprocher mon existence. Je ne sais.

Quelque chose se fissura en moi.
La première larme coula facilement sur mes joues, brûlantes.

Puis, une deuxième.

Puis une troisième.

Et je me levais prestement.

Et la cloche sonna.

Et je courus.

Je n'ai jamais couru ainsi, aussi vite, avec une telle envie de simplement courir, de ne pas m'arrêter. Une porte dans l'obscurité. Elle s'ouvrit. Elle se ferma. Je m'écroulais sur le sol.

Des sanglots bruyants couvrant le silence de la pièce.

Je suis resté prostré de longues minutes ainsi. Le temps s'était figé autour de moi. J'étais tout entier à ma douleur.

J'en avais pour mon argent. J'en profitais pleinement avec innocence confondante.

Un bruit me détourna de ma tristesse. Je me levais et lançais un regard humide vers la porte. Un garçon se tenait dans l'embrasure, grave et immobile.

Harry Potter.


Je le fixais longtemps, sans trouver rien à dire. J'étais pétrifié de terreur. Il savait… Dans ses yeux, une compréhension que je n'avais vu dans nul autres regards. Je frissonnais et me levais. Un sortilège nous emprisonnait tous les deux. Je n'osais bouger de peur de le réduire à néant.

Mal fagoté, le visage blême. Silencieux. Terriblement. Point pas respect pour une douleur dont il se moquait parfaitement mais par nature, par mauvaiseté.

Nous avons toujours su mutuellement nous faire du mal. C'était un don inné que nous partagions. Je connaissais les mots qui le blessaient, lui brûlaient le cœur à petit feu. Il savait les attitudes qui me faisaient souffrir, me tuer doucement.

Le silence était prémédité donc.

Silence que je ne pouvais supporter.

Vous savez, vous, ce que s'est d'être enfermé, enferré, cloisonné, dans une obligation de silence, nommé autrement … secret ? Mais je m'égare. Je suis ici pour vous parler d'Harry et vous contez cette histoire … de sexe… de haine… de tendresse aussi… Pas pour vous confier ce poids qui m'étreint l'âme à chaque instant et qui me brûle tandis que je parle.

Je me jetais sur lui, brusquement. Son corps percuta violemment la porte. Sa tête cogna celle –ci dans un bruit sourd qui raisonna dans le silence.

Il ne parla pas. Ne bougea pas.

Je lui attrapais le col de sa chemise, et je le secouais violemment, grisé par le bruit qui se répandait dans la pièce.

Et je recommençais, une fois, deux fois, trois fois…

Eperdu, les larmes me brouillant le regard, satisfait par cette violence, euphorique, j'oubliais ma douleur

Son sang coula abondamment. Je m'en réjouis, bestialement.

Je continuais. Encore et toujours. Sentant dans mon corps se répandrent cette douce hébétude qui succède aux plaisirs charnels. Une fatigue consolatrice s'empara de moi, puissamment.

Mais je ne pouvais point m'arrêter.

La sensation était trop agréable.

Mes bras endoloris et le fluide chaud et écarlate sur mes mains m'y obligèrent.

Nous tombèrent tous les deux, assis sur le sol.

Harry, froid comme la pierre. Moi, épuisé et heureux.

La fatigue était trop difficile à combattre. Ma tête tomba lourdement sur son épaule, tandis que mon poids sur ses cuisses se fit plus lourd. Avant, cependant, je croisais son regard sauvage et brûlant.

Deux flambeaux émeraudes, brillant dans cette obscurité insaisissable et étrange que l'on nomme la vie.

J'avais besoin d'un guide, d'une lumière, d'un phare dans cette tempête effrayante.

Il était là, juste devant moi, à ma portée, cette échappatoire, ce seigneur tant espéré, cet amour jamais rêvé mais toujours désiré.

L'enfançon malheureux avait trouvé ce qu'il n'avait jamais cessé de chercher et il s'en réjouit, abandonnant ses dernières défenses. Seul le Malefoy en moi, se révolta.

Cependant, la fatigue était trop grande et je m'endormis.

Harry était devenue mon monde, et moi, Drago.

Simplement Drago.


Réponses :

Sahada: Voui, voui, un peu noir … mais pourquoi pas?

Shetane: Merfi beaucoup, je suis contente que cela te plaise hoche vigoureusement la tête

Vif d'or: C'est vrai que quand je relis singulière leçon –qui est terminé, pitié, ne me tuer pas …- et cette fic, je me rend compte du pont. C'est assez différent. Mais peut être est-ce du au genre. J'essaye de trouver une façon d'écrire qui me convienne totalement. Je crois avoir de la marge. Il est difficile de ne pas être ni trop sombre, ni trop niais. J'espère trouver une bonne et juste mesure. Je suis contente que vous trouviez cela intéressant et je vous en remercie.

Lovely A: Voui, ce qui s'est passé air mystérieux et éthéré niark, niark, niark ….

Merci pour ta review.

Crackos: (marrant ton pseudo ) Merfi et je continue ne t'inquiète pas.

Lilyep: Ta review m'a beaucoup, mais vraiment beaucoup touché. Je suis heureuse que cela te plaise et que tu aimes ce que j'écrives. Réussir à récréer les sentiments, et les ambiances est une chose importante pour moi. Je sais pour l'orthographe et j'en suis réellement désolée. Cela me joue continuellement des tours. J'aspire à les diminuer ….

Merci encore … Vraiment

Onarluca/ Tout d'abords, je viens de lire le dernier chapitre de ta fic … bravo, il est génial. Ta fic est d'un rare romantisme …. J'aime beaucoup. J'irais t'écrire une petite review … bientôtMerfi pour ta review.