Protect-me

Chapitre 2

Réconfort

Hermione me voit arrêter ma lecture et fronce les sourcils. Je sais qu'il reste un paragraphe, mais je ne sais pas si j'ai simplement l'envie de connaître la suite. D'être simplement lié à Draco par une quelconque raison m'horrifie déjà largement. Je ne peux finalement qu'entendre ces dernières phrases lue par la douce voix de mon amie.

''Si l'un des deux, du protecteur ou du combattant, arrive jusqu'à la mort, l'autre ne pourra lui- même survivre sans cette liaison qui le tenait en vie. De ce fait, ils doivent prendre soin de l'un de l'autre pour.''

Je ne peux en écouter davantage et crie frénétiquement à 'mione d'arrêter, de se taire, que je ne veux plus entendre ces mots... Sur le coup, je sais que je l'ai vexée, mais peu m'importe ! Jje me tiens désespérément la tête, souhaitant me réveiller d'un long cauchemar plus que réel. La voix qui lisait machinalement s'est radoucie, tentant d'être chaleureuse tandis qu'un bras s'agrippe à mon épaule.

''Ecoute Harry, il faut que tu saches tout à ce sujet pour pouvoir y remédier. Je ne fais pas ça pour t'embêter, juste pour trouver une solution. Et puis cette marque n'est pas si laide que ça et ce qui en découle n'est pas si terrible. Toi qui ne voulais plus de ton statut de survivant affrontant Voldemort, tu as grâce à tout ça une nouvelle destinée. Ce n'est pas plus mal, non ? ''

Je vois avec horreur Ron acquiescer les dires de mon amie. Ils ne comprennent rien à rien, ne peuvent même pas imaginer dans quelle situation je suis… Comment peuvent-ils essayer de juger cette situation qu'ils ne vivent même pas ? D'ailleurs, ça ne change absolument rien à la situation : quoiqu'il advienne, je suis quand même embrigadé dans cette histoire d'éradiquer le Mal, et ce dernier n'est autre que Voldemort lui-même !

Ma main se place à l'extrémité supérieure de cette feuille intitulée ''prophétie opaque'' et, dans un geste précipité, j'arrache ce bout de papier jauni par le temps. Je le froisse maladroitement et le fourre rapidement dans ma poche avant que quiconque ne me contredise. J'inspire alors longuement avant de fixer un à un mes amis tout en me levant lentement. De ma hauteur, ma rage contenue dans mon désespoir éclate.

''Oui bien sûr, vous faites comme si vous me comprenez, mais comment osez-vous me l'assurer alors que vous ne faites que semblant ? Ce n'est pas vous qui avez cette marque qui brûle et qui vous fait ressentir les moindres émotions fortes de Malfoy ! De toute façon, vous ne m'avez jamais compris! Vous dédramatisez toujours les choses, mais c'est sûr, c'est toujours moi qui risque ma vie, alors qu'est-ce que ça peut bien vous foutre!''

Je referme avec force le livre, faisant échapper un petit bruis sec et quelques poussières. Je ne regarde même pas leur expression et m'enfuit d'un pas pressé dans les couloirs. Je ne veux pas avoir à leur expliquer mes sentiments perdus dans mes propres peurs et désirs. Et puis je pense qu'ils n'ont même pas envie que je leur explique.

Je me retrouve désormais seul dans les grandes allées de Poudlar. Les élèves sont sûrement dehors en train de profiter du soleil resplendissant de ce début du mois de mai. Ce n'est pas plus mal car je n'ai envie de voir personne. Et ce calme est réellement bénéfique pour me calmer et réfléchir un peu plus longuement sur tout ceci.

Pourquoi cette marque m'a choisi moi ? J'ai déjà un statut plus que responsabilisé, pourquoi vouloir me rajouter ceci ? D'être le Survivant m'amène plus de problèmes qu'autre chose…

Je caresse du bout des doigts le parchemin chiffonné dans ma poche avec une mélancolie bien prononcée. Pourquoi est-ce Draco qui est lui aussi destiné à suivre cette prophétie ? Dire que je dois faire équipe avec un fils de mangemort, j'aurais franchement tout vu dans ma vie ! La première chose que ce débile mental fera, ça sera de me livrer simplement et efficacement à son père qui lui-même me mènera jusqu'à son maître. Je vois déjà mon futur défiler : enfermé dans un cachot sans la moindre lumière et le minimum vital pour survivre… Quoique, là je suis trop optimiste. Il me tuera froidement. Merci prophétie opaque, je te revaudrai ça !

J'avance toujours, ne sachant point qu'elle destination choisir, je divague seulement dans les couloirs, avançant pour poser un pied devant un autre. Je relève finalement la tête et m'aperçois que je suis devant un bureau bien connu de mon esprit. Je lis machinalement les lettres dorées inscrite sur la lourde porte en bois massif : ''Sirius Black, professeur des défenses contre les forces du mal''. Je crois être venu ici inconsciemment, mais je pense que ce fut plus par automatisme qu'autre chose. Je recherche simplement du réconfort auprès de mon parrain qui est le seul à me comprendre. Je tape quelques coups contre la paroi qui me fait face et entends un faible ''entrez''. J'ouvre alors la porte timidement et pénètre dans son bureau aménagé avec soins. Je relève le regard pour apercevoir mon aîné délaisser les parchemins qu'il était en train de corriger. En me voyant, il fronce les sourcils, anxieux d'apprendre mes nouvelles péripéties. Pour une fois que je n'ai pas cherché d'ennuis…

Je m'assois en face de lui, dans le fauteuil qui est prévu à cet effet. Je sais qu'il sait mon état psychologique. Il se lève alors lentement et s'approche de moi, prenant place sur l'accoudoir de mon siège. Il m'incite alors à me confesser, chose que je fais en lui tendant simplement le bout de parchemin que je triture depuis déjà quelques temps. Il le lit rapidement, me fixe puis se relève et passe derrière mon dos. Avec une simple demande de sa part, je retire ma robe de sorcier, me retrouvant en jean, debout devant lui. Il pose l'une de ses mains sur ma nuque et observe de près cette marque. Je sens son souffle chaud me caresser l'omoplate tendrement alors que mon esprit se laisse à divaguer dans un bien être incontrôlé. J'aime être en sa présence protectrice. Cela me donne l'impression de vivre pleinement et d'être en sécurité, comme si rien ne pouvait m'arriver.

Son inspection est close et il en arrive aux même conclusions que moi tandis que je me rassois: cela n'est point facile à gérer d'autant plus que mon coéquipier est censé être tout bonnement Draco. Il ne me cache pas que mes prochaines années risque d'être difficiles à vivre si Malfoy ne change pas d'idéologie, mais que lui serait là.

''Ecoute Harry, j'aimais beaucoup ton père et je lui ai promis en devenant ton parrain que je veillerai sur toi. J'ai toujours été là pour James, je serais toujours là pour toi, quoiqu'il arrive. Je ne te laisserai pas tomber, Harry, pour rien au monde. Je tiens trop à toi pour faire une telle chose, et s'il le faut, je donnerai ma propre vie pour te protéger''

Ses paroles me touchent alors qu'il reprend sa place à mes côtés sur l'accoudoir. Une de ses mains passe dans mes cheveux et glisse le long de ma nuque, pour s'égarer ensuite sur mon épaule, me poussant légèrement contre son torse. Je me laisse aller à cette douce étreinte qui ne me déplait pas, mais dont je n'arrive pas à comprendre toute sa signification.

Ma marque me brûle. Je me dégage rapidement de l'étreinte de Sirius, mais je m'agrippe tout de même à son bras que je serre avec possession. Draco ressent. Draco ressent, et moi j'ai mal. Il est euphorique, tenant une lettre officielle dans ses mains presque tremblantes. Je le vois, Malfoy, ce nom écrit sur ce parchemin suivit d'une demande de son père. Je crois avoir compris : le jeune serpentard vient de devenir mangemort et de recevoir ses premiers ordres…

Tout se brouille dans ma tête tandis que je suis fou de haine à l'idée de devoir faire équipe avec lui. Comment faire pour combattre Voldemort si je dois suivre et veiller sur la vie d'un de ses partisans ? Ma vision se trouble tandis que je sens ma tête s'alourdir de plus en plus. Des bras forts viennent me prendre tendrement dans une douce étreinte puis je me sens partir dans un autre monde, celui de l'inconscience.