Protect-me

Chapitre 3

Résolution

Je me sens las, faible et l'esprit endormi, comme si j'étais parti dans un autre monde fait de brume et de lenteur. Une douce chaleur me caresse le visage et j'ouvre enfin les yeux avec difficultés et découvre cette clarté éblouissante. Je me demande bien quelle heure il peut bien être puis m'aperçois finalement que je ne me trouve pas dans mon lit à baldaquins rouge et or. Je me relève aussitôt avec force, trop rapidement pour laisser le temps à mon sang d'abreuver toutes les parties de mon cerveau. Sentant une douleur sourde dans le haut de mon crâne, je porte mes mains pour soutenir ma tête qui s'alourdi légèrement. Je la secoue doucement pour laisser le flux de sang parcourir les moindres de mes vaisseaux pour me soulager rapidement.

Je tire la couverture qui me recouvre et pose délicatement mes pieds conte le parquet tiède et doux. Je fais le tour de la pièce de mes yeux entrouverts et reconnais cet endroit faiblement meublé mais agréable au quotidien. Sirius est là, devant sa fenêtre de chambre, perdu dans sa contemplation tandis que je suis toujours assis sur son lit dans lequel il m'a sûrement déposé préalablement. Je me demande tout de même la raison de ma présence en ces lieux, ayant du mal à faire fonctionner totalement mes neurones.

Draco mangemort…Draco devenant un partisan de Voldemort, obéissant aux moindres de ses doucereuses paroles toutes les plus sadiques les unes que les autres. Cette idée me rend malade et c'est bel est bien ce qui m'a amené jusqu'ici. Je n'arrive pas à croire qu'il arrive à s'abaisser à ce point, obéir à des ordres débiles et qui ne viennent même pas de lui. Je n'arrive pas à comprendre sa réaction. Pourquoi est-ce que cela lui fait tellement plaisir de ne devenir qu'un pion par mis tant d'autres ? Ca ne ressemble pas au Draco que j'affronte chaque jour, avec son orgueil et sa prétention qui me rendent hors de moi.

Je me sens plus que contrarié. Je n'arrive pas à déterminer la cause d'un tel sentiment, même si j'ai un petite idée. Je sais en fait pourquoi je n'arrive pas à sourire pleinement, pourquoi je suis irrité… Malfoy n'aurait pas dû réagir de la sorte. Quels plaisirs peut-il ressentir à assouvir la soif de sang de son nouveau maître ? Na-t-il pas comprit qu'un jour, ça sera à son tour d'avoir les veines ouvertes pour abreuver Voldemort ? Je ne sais pas vraiment ce qu'il me prend pour vouloir défendre à ce point ce gosse immature qui ne pense qu'à sa notoriété et son image. Est-ce le fait qu'il ne choisisse pas le bon chemin qui me met dans cet état ou le fait de devoir m'entendre un jour ou l'autre avec lui ? Peut-être que je le porte plus dans mon estime que je ne le pense…Après tout, en le voyant devenir mangemort, je pers d'une façon ou d'une autre mon rival. Non, c'est à cause de cette marque que je le perds, et non à cause du fait qu'il devienne officiellement mon ennemi !

Je sais que je m'embrouille tout seul dans mes pensées alors je me lève calmement et silencieusement. Je m'approche de mon parrain qui se tient là, debout dans le rayon de soleil qui l'éclair. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il est beau et que j'en suis fier. Après tout, c'est le seul à savoir me protéger de mes propres angoisses, je lui dois bien cette admiration. Il observe le parc qui s'offre à lui dans une apparente sérénité et j'aime à le voir de la sorte, paisible. A quelques centimètres derrière lui, je pose délicatement et avec hésitation mon front contre son omoplate. Je le sens frissonner sous ce contact doux et intime mais il ne bouge pas. Il me laisse me reposer sur lui, tel un enfant ayant besoin de contact physique pour être rassuré par la présence de l'autre.

''Je suis désolé Sirius de te déranger avec tout ça. J'ai toujours quelque chose qui m'arrive et c'est toujours sur toi que ça retombe…Je ne devrais pas me décharger autant sur toi et me débrouiller seul, mais je ne peux m'empêcher de venir chercher ton secours. C'est comme si j'en avais…..besoin.''

Je le sens réagir à mes paroles et je l'entends relever la tête de sa contemplation silencieuse. Il dégage son épaule de mon appui et se retourne délicatement pour me faire face. Je continue à bredouiller quelques excuses presque inaudibles tandis que deux mains fraîches viennent encadrer mon visage pour me le relever. Je tente de fuir son regard mais il arrive tout de même à encrer ses yeux dans les miens. Une forte bouffée de chaleur m'envahit, je me sens rougir comme un collégien tandis qu'il m'observe simplement et calmement, détaillant mon visage de ses pupilles.

Je m'entends encore prononcer quelques excuses sur le fait que j'ai manqué de respect à ses compétences et sens deux pouces venir me caresser les lèvres de leur doux contact. Je m'arrête aussitôt dans mes murmures confus, restant moi-même déstabilisé par cet acte d'affection. Je ne sais pas vraiment ce qu'il se passe ni quelles réactions je dois avoir. Pourquoi agit-il de la sorte ? Je vois mon parrain perdu dans la contemplation de mes lèvres, un regard presque rempli de désir. Il se ressaisit au bout de quelques temps et me lâche aussitôt le visage.

Il me propose de déjeuner ici, avec lui, dans ses quartiers personnels pour éviter tout débordement de situation au cas où certaines personnes immatures viendraient me causer des troubles. J'accepte volontiers et l'observe attentivement alors qu'il tente de faire le repas. Je vois bien qu'il n'est pas habitué à de telles préparations, mais il fait tout ce dont il est capable, voulant me faire plaisir du mieux qu'il puisse. Cette idée me fait esquisser un léger sourire poli qui ne passe pas inaperçu à ses yeux.

''- Qui a-t-il ?

- Rien, tu me fais rire… Tes œufs sont en train de cramer et tu les regardes sans rien faire… Laisse-moi les sauver !''

Je sais que je l'ai gêné, mais d'un côté, ça l'amuse lui aussi plus qu'autre chose. Je termine la cuisson de nos œufs brouillés pendant qu'il met la table. Je me sens sondé par son regard mai ne dit rien. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ose même pas me retourner pour vérifier mes impressions. Peut-être qu'en fin de compte, cela me plait.

On s'installe tous les deux, face à face, tandis qu'il continue à m'observer alors que je le sers. Il me remercie avec amusement d'avoir récupérer son incapacité à faire la cuisine alors que je commence à manger. On s'observe silencieusement, ne disant mot et appréciant ce calme. Finalement, on débute tout de même une conversation basée sur la marque et les solutions que nous pourrions y apporter. Nous arrivons au bout du compte à la même conclusion.

''Harry…Je pense sérieusement que la seule solution est d'aller parler à Draco. De toute façon, tu n'as rien à y perdre et je sais très bien que cela ne t'enchante pas, mais c'est la seule chose que tu puisses faire à l'heure actuelle : essayer de le raisonner.''

Sirius est dans le vrai…. Je devrais un jour ou l'autre être confronté aux yeux gris clair de Draco et quitte à l'être, autant l'être le plus tôt possible. Je termine le repas en sa compagnie, ayant pris comme résolution d'aller rencontrer Malfoy juste après ce doux moment passé en ces lieux. Je remercie vivement mon parrain pour l'agréable repas qu'il m'a offert et m'apprête à partir lorsqu'il me retient par le bras. Je suis à quelques centimètres de sa porte alors qu'il s'approche de moi, me plaquant presque contre le bois.

''Je…je….''

Je le vois pour la première fois chercher ces mots, bredouiller, ne sachant que dire. Il reste bloqué sur ce ''je'' alors qu'il devient de plus en plus gêné par la position suggestive qu'il nous impose. Moi, le dos dorénavant complètement collé contre la porte, et lui à quelques centimètres de mon torse, sa respiration me balayant sensuellement le visage. Il sait qu'il ne peut plus faire demi-tour, qu'il ne peut plus faire comme si rien ne s'était passé et comme s'il n'était pas attiré par moi… Il approche alors de plus en plus son visage du mien, frôlant de ses lèvres les miennes, ses cheveux venant caresser mes joues. Mon cœur s'emballe, tapant contre ma cage thoracique à une vitesse folle. Je n'arrive plus à bouger, je suis comme hypnotisé. Je me laisse alors aller à ce doux baiser approfondie par ses lèvres chaudes et douces et ferme les yeux.

Sirius rompt le baiser pour m'observer. Il me caresse délicatement le front pour replacer une mèche rebelle puis se dégage de son étreinte. Me voyant surpris de ce changement de réactions, il me prend par la main, ouvre la porte et me pousse légèrement au dehors, m'encourageant à aller trouver Malfoy. Je pense qu'il est autant surpris que moi de ses propres actes, mais dans le fond, il a raison. Je dois aller trouver Draco au plus vite.

Je parcours un à un les couloirs vides de l'école à la recherche de cet abruti fini. J'ai tout de même le cœur plus léger qu'auparavant. Je n'arrive pas encore à mettre de significations sur ce baiser, mais je sais que c'est une situation qui ne me déplait pas. Je n'ai donc aucune raison de repousser Sirius, même si le fait de sortir avec son parrain qui plus est son professeur des défenses contre les forces du mal est plus que gênant. Je pense seulement alors à une relation intime avec lui mais connue seulement de nous deux. Un amour interdit caché aux yeux de tous, notre jardin secret…Tout pour me plaire davantage, moi qui trouve ça plus qu'enivrant d'avoir cette peur d'être découvert.

Je trouve Draco seul, assit à une table de la bibliothèque. Il n'y a aucune trace de 'mione et Ron, ni de quelconque élèves à par lui en cette heure de déjeuner. Je prends la chaise qui se situe face à son regard froid perdu dans des pensées troubles. Il m'aperçoit et me lance un regard plus que dédaigneux, me demandant avec hargne ce que je lui veux. Ça commence déjà bien, mais à vrai dire, je m'y attendais. Quoique, il a l'air plus calme qu'à l'ordinaire, plus….triste. Je lui réponds calmement que j'ai besoin de lui parler et que ce n'est point pour parler sentiments. Il se radoucit et me laisse alors débuter mon discours.

''Ecoute Draco, je vais être franc avec toi et je vais aller droit au but. Depuis cette nuit, j'ai une marque qui est apparue au niveau de mon omoplate droite. Cette dernière me fait extrêmement mal lorsque tu ressens des émotions trop fortes et me met en liaison direct avec ce que tu ressens. Je t'annoncerai que cela me déplait plus que fortement, mais c'est comme ça. Je suppose que tu as une marque similaire, toi aussi.''

Je le vois hocher la tête en signe d'approbation alors qu'il m'écoute attentivement. Cela m'étonne d'ailleurs de sa part de suivre mes dires alors qu'il a pour habitude de démonter systématiquement tout ce qui sort de ma bouche.

'' Ces marques nous ont été attribuées pour une bonne et simple raison et elle est expliquée ici, sur ce morceau de parchemin. ''

Je lui tends le bout de papier jauni et lui laisse le temps de lire les quelques lignes concernant notre ''destinée'.' Quoiqu'il en soit, je le vois grimacer à la lecture des derniers mots, indiquant que nous sommes l'un et l'autre liés pour la vie.

''C'est pour cela que je viens te demander d'arrêter de faire l'enfant et de chérir ton honneur en tant que Malfoy. Je sais que tu viens de recevoir ta première mission en tant que mangemort, mais dit toi une chose : pour Voldemort, tu n'es qu'un pion par mis tant d'autres qui offrira sa mort pour seulement des idées non fondées. Il ne sera jamais reconnaissant de tout ce que tu endureras pour lui, ne t'offriras jamais rien en retour. Et puis…où as-tu foutu ton orgueil, bordel ? Je ne m'étais jamais imaginé que toi, Malfoy, se mette au service de quelqu'un d'autre comme un vulgaire petit servant !''

Il me fixe d'un air mauvais. Je crois que j'y suis allé un peu fort, mais c'est la vérité. Voldemort ne fait pas plus attention à Draco qu'à n'importe quel chat qui se baladerait dans la rue.

''Tu ne peux pas savoir à quel point je te hais Potter. Et le pire dans tout ça, c'est que t'as raison.'