Protect-me

Chapitre 7

Sueur et jalousies

Je sens une douce chaleur me balayer le visage, s'amusant avec mes paupières qui tentent de rester closes. D'être dans ce lit est un vrai délice, une tentation de plus qui m'éloigne de mon devoir… Pourtant, les paroles de Draco me reviennent en tête et je ne peux m'empêcher d'y obéir. A vrai dire, je ne sais pas vraiment ce qu'il me prend de réagir comme ça car je n'ai aucun compte à lui rendre, mais c'est comme instinctif, comme si mon tatouage guidait chacun de mes pas.

Une fois avoir ouvert péniblement les yeux, je tire les draps qui se prélassent gentiment sur mon torse pour m'asseoir sur le rebord de mon lit. Je n'ai pas pris la peine hier soir de fermer les rideaux rouges et or qui sont censés m'entourer une fois sous mes couvertures, étant trop accablé par cette fatigue. Je m'étire tout en baillant, faisant craquer au passage quelques os de mon dos. Les évènements de la veille me reviennent petit à petit en mémoire, me rappelant qu'à quelques pas de moi, Draco est lui aussi dans son lit, ou peut-être déjà en train de se préparer. Partager ses appartements avec son rival…Qu'elle idée ! Je me demande pourquoi j'ai parlé de tout ça aux autres. Si je n'avais rien dit, tout ceci ne serait jamais arrivé, et à l'heure actuelle, je serais tranquillement endormi dans le dortoir des Gryffondors. D'ailleurs, je m'étonne moi-même en m'apercevant toutes les conditions que j'ai accepté. Soit. Je dois supporter Malfoy, je supporterai Malfoy….

Me frottant sans trop d'énergie les yeux de mes paumes encore endormies, je me décide de quitter définitivement mon lit pour aller prendre mon petit déjeuner. J'attrape un tee-shirt qui traîne sur la commode et l'enfile avant de descendre rapidement les escaliers pour assouvir ma faim. Je retrouve Draco face à son café au lait, déjà habillé. Il me scrute d'un œil mauvais, étant apparemment contrarié de ma tenue. C'est vrai que je ne suis peu habillé, ne portant sur mon dos que ce maillot et ce boxer, mais en quoi ça le regarde ? Je ne vois pas en quoi cela peut-il déranger monsieur qui ne me supporte pas et donc qui n'est pas censé me reluquer de la sorte. Qu'à cela ne tienne ! Si cette vue matinale le dérange, il risque d'en profiter régulièrement ! Pas que cela me flatte qu'il me porte un tant soit peu cette attention soudaine, juste que j'aime à le faire enrager sur des terrains où il ne peut venir me rivaliser, son éducation l'en empêchant.

''- Tu es obligé de te balader à poil dans NOS appartements Potter ?

- Pourquoi, cette vue te fait de l'effet, mon petit Draco ?

- Dans tes rêves Potter. ''

Il se renfrogne et reporte son attention sur son café au lait qui fume légèrement. Fawny apparaît alors, me servant à mon tour et déposant soigneusement mes tartines toutes les plus alignées que les autres. Je m'assois face à mon colocataire préféré qui semble déjà de très bonne humeur et mort dans mon premier morceau de pain, ignorant totalement sa présence.

''N'empêche que tu pourrais au moins t'habiller ! Tu n'as donc aucune décence ?''

L'ignorant toujours, je laisse la bouilloire chauffer seule et lentement. J'ai toujours su que Draco préférait les hommes, ça se voyait dans son regard lorsqu'il croisait certains Serpentards de son équipe de Quiditch, mais de là à m'imaginer que la vision d'un Harry Potter, le Survivant qui l'exaspère depuis toujours, lui ferai un tel effet… D'un côté si, je crois qu'en fait ça me flatte. Et ça m'amuse beaucoup… Il n'ose même plus relever le visage vers moi, et j'en souris. Je viens de trouver une faiblesse à la carapace froide de Malfoy : la chair fraîche, douce et sensuelle.

Je termine mon repas tandis que Draco traîne à boire son café. Il semble ailleurs, perdu dans ses pensées. J'en profite alors pour reposer ma cuillère dans le bol et pour me lever. Faisant racler les pieds de ma chaise contre le sol, je joue avec sa curiosité et attire son attention jusqu'à moi. Je vois ses yeux se lever, me regarder avec dédain puis descendre lentement jusqu'à la limite de mon tee-shirt. Il détourne rapidement le regard, secouant énergiquement la tête.

''Je t'attends dans 10 min dans la salle d'entraînement. N'oublies pas de mettre les fringues prévues à cet effet…''

Je ne m'attarde pas plus longtemps et remonte rapidement dans mes quartiers. En fait, je ne sais pas si j'apprécie vraiment de n'être que de la chair pour lui…

En rentrant dans ma chambre, j'aperçois les habits d'entraînements posés sur mon lit, sûrement une douce attention de Fawny. Je les attrape et m'applique à les enfiler. Elles ressemblent plus à des fringues moldues qu'à des robes de sorciers. Ainsi vêtu d'un débardeur et d'un pantalon légèrement moulant, je redescends et me dirige directement vers la salle remplie d'armes en tout genre. Draco est là, adossé au mur, m'attendant patiemment et portant le même uniforme d'entraînement que le miens. Le noir de son débardeur joue avec la couleur pâle de sa peau, contrastant avec goût. Malfoy a toujours su porter les moindres de ses habits avec classe, se tenant de cette façon si hautaine…

''- Avant de commencer, il faut déjà savoir qui devra protéger qui….

- C'est moi qui ai la plus petite marque, Potter. C'est con, pour une fois ce n'est pas toi qui seras le héros…

- Montre la moi.''

Il a un moment de recul durant lequel je le vois défaillir et faire un pas en arrière. Il est troublé et je ne comprends pas vraiment pourquoi. A la limite, j'ai une marque similaire sur mon omoplate et je ne vois pas pourquoi j'en aurai honte ! Il reprend vite contenance, me tenant tête.

''- Pourquoi, tu n'as pas confiance en moi, Potter ? Si tu ne me croies pas sur parole, je ne vois pas comment nous allons pouvoir nous entendre.

- Ok, je te croie.''

De toute façon, je n'ai pas vraiment d'autre choix que d'accepter cette fatalité. Mais ce n'est pas plus mal. Je n'aurais pas à me jeter dans la bataille à corps et âme perdus ! Mon devoir sera de le protéger…Pourquoi pas. J'ai tout de même un petit problème : je n'ai jamais réellement protégé quelqu'un et là je vais devoir protéger la vie de celui qui m'horripile. D'un autre côté, si je veux survivre, je n'ai pas d'autres alternatives qui s'offrent à moi.

''- Et maintenant, on fait quoi ?

- J'en sais rien Potter. Je pensais que comme tu savais tout, tu allais pouvoir nous renseigner sur la question...

- Et bien à vrai dire, non, je ne sais pas, mais il doit bien y avoir un endroit où quelques indications nous sont adressées. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais ces lieux ont l'air d'avoir été conçus sur mesure pour nous accueillir. Peut-être que les architectes ont aussi envisagés cette situation..''

Tout en parlant, je commence à faire le tour de la pièce, observant les moindres détails présent sur les parois des murs. Draco m'observe, n'ayant nullement bougé et me suivant des yeux. Il doit sûrement se demander ce que je fais. En réalité, je me demande moi-même ce que je cherche, mais je suis persuadé qu'une indication quelconque est là, sous nos yeux. Bredouille, je rejoins Malfoy à l'entrée et en profite pour me déchausser tout en observant l'entrée.

Je me lève subitement sous l'œil perplexe de mon colocataire. Là, juste à droite de la porte d'entrée, il y a un petit recoin dans le mur, juste assez pour faire passer une main. J'y introduis l'une des miennes, une lumière intense s'empresse d'envahir le recoin et une voix mélodieuse emplit la pièce.

''- Bonjour très chers élus. Quelle est votre requête ?

- Heu..''

Je commence à bredouiller des mots inaudibles, cherchant du regard la provenance de cette voix et étant surtout surpris et désorienté. Draco s'avance de moi, voulant lui aussi prendre part à cette découverte.

''- Nous aimerions savoir ce que nous devons faire…

- Cette requête n'est pas dans le registre, élu..''

Ça se complique. J'ai l'impression de parler à une machine automatique moldue qui refuse toutes autres éventualités en dehors de ce pourquoi elle a été programmée. Laissant toujours ma main dans le petit socle prévu à cet effet, je vois mon colocataire réfléchir à son tour pour formuler une requête connue du registre.

''- Nous aimerions débuter notre premier entraînement.

- Requête enregistrée. Combattant, veuillez insérer votre main droite dans le socle prévu à cet effet.''

Je regarde Malfoy tout en retirant ma main. Je pense que la voix féminine et douce qui s'adresse à nous veut parler de lui lorsqu'elle appelle le ''Combattant''. Je le vois qui hésite puis son orgueil prend le dessus et il fait ce qu'on lui demande de faire dans un air supérieur et sûr de lui.

''Bien. Monsieur Draco Malfoy, je vous souhaite la bienvenue. Votre rôle consiste donc à éliminer la menace qui s'abat à l'heure actuelle sur votre monde. Je suppose que vous êtes conscient des risques que vous prenez et donc des responsabilités que nous vous avons confié. Voici le manuel numéro 1 de compétences magiques pour votre apprentissage. Suivez-le bien, ceci est pour votre survie.''

Dans un petit 'poc' sonore, un livre semblable aux manuels scolaires vient s'écraser sur le bout de ses doigts, arrachant un petit cri de douleur à Malfoy. Retirant vivement sa main, il se masse les doigts rougis par le choc et attrape rageusement le bouquin qui attend patiemment. La voix calme et limite robotisée reprend son cours.

''Protecteur, veuillez insérer votre main droite dans le socle prévu à cet effet.''

Supposant avec une forte probabilité que le soit disant ''Protecteur'' n'est autre que moi, j'insère une nouvelle fois mes doigts dans le recoin. Comme précédemment pour Draco, la voix reprend son discours.

''Bien. Monsieur Harry Potter, je vous souhaite la bienvenue. Votre rôle consiste à veiller nuits et jours sur monsieur Draco Malfoy, ici présent. Je suppose que vous savez déjà que votre vie repose entre ses mains et vice versa. Voici le manuel numéro 1 de compétences magiques pour votre apprentissage. Suivez-le bien, ceci est pour votre survie.''

Je retire ma main précipitamment avant que le livre ne m'écrase les doigts et récupère ce dernier une fois arrivé. La lumière disparaît progressivement, me laissant seul avec Malfoy et ces deux manuels. On se regarde, un peu fasciné et toujours un peu surpris de cette méthode d'apprentissage. Je décide finalement d'aller m'asseoir sur l'un des tapis de judo et ouvre le bouquin pour découvrir la première page.

Les lignes sont écrites dans une encre vermeille très foncée. Les lettres soignées sont incrustées dans le papier et les phrases sont apparemment claires et faciles à suivre. Elles expliquent les méthodes et techniques à utiliser pour développer de bons sorts de défense. Parcourant rapidement ce premier manuel, je m'aperçois que je connais la plupart des sorts présents dans ses pages. Je me relève alors et attrape ma baguette, voulant débuter par les sorts les plus faciles. Draco ayant lui aussi parcouru rapidement ses pages, relève la tête vers moi. Il n'a pas l'air d'apprécier une nouvelle fois que j'ai fini avant lui.

Maintenant que je suis prêt à passer à la partie pratique, la salle d'entraînement semble réagir en fonction de mes besoins. Des objets ressemblant à de grands écrans ont pris place dans la pièce. L'un est pour Draco, l'autre pour moi. Je suis surpris de voir de tels instruments pour nos entraînements alors que la voix robotisée nous adresse à nouveau la parole pour quelques précisions supplémentaires.

''Très chers élus, voici vos moniteurs d'entraînements magiques. Lancer sur ces moniteurs les sorts que vous voulez améliorer. Une note vous sera attribuée à chaque essai pour vous aider à vous évaluer. En fin de séance, une moyenne vous sera attribuée à chacun.''

Malfoy me sourit avec son habituel air mesquin. S'il espère obtenir de meilleurs résultats que moi, il se fourre le doigt dans l'œil ! Je compte bien le battre et ne lui laisser aucune chance de m'égaler. Attrapant mon manuel d'une main, le feuilletant de l'autre tout en gardant ma baguette coincée entre deux de mes doigts, je choisis mon premier sort et débute ma série d'entraînement. Etant l'un et l'autre au coude à coude, je surveille du coin de l'œil ses résultats. Pour l'instant, j'ai une légère avance, mais il ne se laisse pas abattre et redouble de vitesse pour lancer ses sorts, chose primordiale dans la note globale attribuée. Deux rivaux qui s'affrontent offrant un terrible spectacle contre deux moniteurs d'entraînements.

Au bout de quelques instants d'efforts durant lesquels mon rythme cardiaque n'a fait qu'être accentué, je m'arrête pour reprendre mon souffle. Draco, lui, préfère continuer. Je ne sais pas ce qu'il a en tête, peut être veut-il gagner par le nombre… ?

Je m'assois sur le rebord d'un tapis et l'observe tout en choisissant mon nouveau sort, d'un niveau légèrement supérieur. Je dois avouer que mon petit colocataire ne se débrouille pas si mal que ça. Il lance ses attaques une à une avec grâce et souplesse mais aussi avec précision et force. Son style n'est pas si mal, pour un gosse de riche qui voit tous ses moindres caprices exaucés. Lui aussi devrait se reposer quelques instants, des gouttes de sueur commence à perler le long de sa tempe tandis que je retire mon débardeur, profitant de la fraîcheur de l'air sur ma peau. Je reprends mon entraînement, étant plus concentré que jamais.

La fin de la matinée continua son cours. Nous avons décidé de s'octroyer une pause d'une petite demie heure le midi pour recharger les batteries mais pas plus. Malfoy estime que le Lord Noir ne nous attendra pas et que nous devons savoir maîtriser le plus de choses possibles. A vrai dire, pour la première fois de ma vie, je suis d'accord avec lui. Nous reprenons alors nos séries de sorts. J'avoue que c'est assez lassant à force, mais je suppose que nous devons absolument passer par cette étape avant de débuter d'autres choses plus sérieuses.

L'après-midi se déroule donc similairement à la matinée. Nous attendons avec impatience nos moyennes pour savoir qui de nous deux pourra faire enrager l'autre le reste de la soirée. Finalement, quelques minutes avant 18h, la voix robotisée reprend sa place dans la pièce, nous informant la fin de notre journée dans cette pièce. Elle précise aussi que nous devons avant tout penser à notre santé et donc à bien nous reposer. Les moyennes arrivent rapidement et j'apprends avec horreur que Draco me bat de deux centièmes. Certes, je suis plus doué en attaque qu'en défense, mais cela m'énerve tout de même.

''Alors Potter, tes facilités en défenses contre les forces du mal n'arrivent pas à s'épanouir ?''

Draco me cherche, mais je suis las d'insultes fusantes et blessantes. Après en avoir supportés durant toute l'après-midi, j'en suis fatigué…Je n'ai pas la force ce soir de lui répondre. J'attrape mon débardeur sans grandes convictions et sort de la pièce, laissant mes chaussures aux soins de mon colocataire. Ce dernier est encore plus vexé du fait que je ne lui réponde rien. Sur que parfois ça fait plus mal de ne poser aucun mot sur la réalité : il tente de chercher mon attention. J'avoue ne pas comprendre pourquoi, mais tel est le cas. Il n'est plus le même lorsqu'il n'est pas entouré de toute cette masse de Serpentard près à dresser leur hit-tops des meilleures insultes lancées durant l'une de nos habituelles engueulades. Ces sarcasmes ne sont pas aussi froids, pas aussi blessants et vexants, ils sont là juste pour me crier la présence de Malfoy…

L'idée d'un bon bain suivit d'une visite chez mon parrain me remplit de joie. Au moins, cela me remontera sûrement le moral… Je regagne vivement mes appartements et laissant traîner ma tenue d'entraînement en compagnie de mon boxer, je plonge vivement dans cette eau douce et chaude. Mes muscles qui viennent d'être mis à rudes épreuves se détendent petit à petit tandis que le mécanisme des bulles moussantes se met en route. Je savoure cet instant de pur bien être et laisse mes pensées vagabonder une nouvelle fois, repensant à l'attitude surprenant de Draco. C'est vrai, qu'est-ce qui lui prend de jouer l'adolescent gêné face à la réaction de ses hormones ? Et puis c'est quoi sa manie de vouloir toujours me chercher comme un gamin en manque, voulant toujours tenter un contact quelconque. A croire que le coup où je l'ai plaqué contre la bibliothèque lui a plus… J'avoue que cette instant reste le plus surprenant que j'ai jamais vécu : j'étais en totale symbiose avec sa suffocation, cette pression que j'exerçais moi-même sur son cou et par la même occasion sur le miens… Comme si j'avais fait partie intégrante de lui, comme si à ce moment précis j'avais été…lui.

Je quitte mon bain et m'essuyant rapidement, je sors de la salle d'eau, ma serviette autour de la taille. Arrivant dans ma chambre, je vois mon colocataire qui est là, attendant contre l'embrasure de la porte, mes chaussures accrochées au bout des doigts. Je m'arrête, trop surpris de le voir dans mes quartiers, me ramenant piteusement mes godasses. Ses yeux se posèrent alternativement sur mon torse encore constellé de quelques gouttes et sur ma petite serviette blanche… Il tente de ne pas montrer sa nervosité, mais je sais que la vue d'un homme aussi dénudé lui fait de l'effet puisque ses joues commencent à s'embraser légèrement. Il me tend finalement le pourquoi de sa visite tout en évitant de regarder à certains endroits trop tentants pour ses yeux gris pâles. Je vois ses iris trop nerveuses pour rester à un endroit précis tandis que je le remercie brièvement. Il se retourne pour me murmurer un bref ''pas de quoi'' et repart sûrement comme il était venu, par la porte qui mène au corridor qui relie nos deux chambres.

Je m'habille et soigne mon style vestimentaire avant de revêtir par-dessus le tout ma robe de sorcier de Gryffondor. Sortant de notre tourelle, je commence à revivre normalement, goûtant à cette liberté de simple étudiant à Poudlard. Cette utopie ne dure pourtant guère de temps puisque des 5 années se jettent littéralement sur moi. Les questions commencent à fuser, certains s'agrippant littéralement à moi avec une poigne nerveuse et désespérée.

''- Pourquoi tu ne viens plus en cours, Potter ? Il paraît que c'est parce que Tu-Sais-Qui va bientôt venir attaquer Poudlard… c'est pas ça, hein ? Dit moi que c'est pas ça !

- On a entendu dire aussi que Mlafoy était avec toi. C'est pour ça qu'on ne vous voit plus en cours ? C'est parce que vous ne voulez pas vous afficher ensemble ? Ou alors la rumeur comme quoi Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est vraiment revenu ?

- C'est vrai que les partisans de Tu-Sais-Qui ont tué Draco Malfoy ? J'avais aussi entendu dire que toi aussi t'y étais passé, mais moi je l'avais pas cru ! T'es le meilleur, celui qui nous sauvera ! Pas vrai Potter, que tu nous apporteras la félicité !''

Un groupe de Serpentards s'approche à son tour dont Parkinson qui me jette un regard noir remplis de sous-entendu ''Tu as touché à celui dont je rêvais, tu vas le regretter…''. Je n'y fais pas vraiment attention, mais certains de ses amis m'assassinent à leur tour de questions, souhaitant avoir des nouvelles de leur leader de maison, Malfoy. Je ne sais que répondre à toutes ces remarques et rumeurs toutes plus invraisemblables les unes que les autres. Quoique, le 5ème année qui prétend que Voldemort revient n'a pas totalement tort… Finalement, je décide de ne rien répondre à tout cela et tente tant bien que mal de sortir de cette petite foule qui m'oppresse. De vivre coupé de ce petit monde m'avais presque fait oublier ma notoriété en tant que ''Survivant''. Une chose qui m'étonne tout de même est le fait que Dumbledore n'est pas pensé à leur sortir une quelconque excuse pour expliquer l'absence de deux personnes aussi médiatisées au sein de Poudlard que Malfoy et moi-même.

Me faufilant avec prudence dans les couloirs et évitant de croiser la moindre personne, j'arrive en début de soirée chez mon parrain, toquant comme à mon habitude, timidement. Il ne tarde pas à venir m'ouvrir et je me jette dans ses bras, trop heureux de retrouver sa chaleur et son réconfort. Il me caresse les cheveux, content lui aussi de me voir. Me serrant fort contre son torse, je me sens vivre, mon cœur se gonflant de cette sensation si agréable. Il prononce dans un souffle mon prénom et je relève la tête, lui offrant mes lèvres avec plaisir et tendresse. Il m'embrasse plus intensément qu'à son habitude, posant une main sur mes hanches et me rapprochant vivement de lui. On se sépare finalement. Il m'indique qu'il se doutait que je passerai et donc souhaite se rattraper des œufs ratés de la dernière fois avec un petit dîner aux chandelles. J'accepte vivement, trop enjoué pour m'apercevoir que la moitié des plats ne devaient sûrement pas être fait par ses mains si maladroites.

Après avoir retiré ma robe de sorcier, je m'assois sur la chaise qu'il vient de me tirer. La table est bien soignée, accueillant une nappe bordeaux, un service impeccable et fin ainsi que deux chandeliers comportant chacun cinq bougies dégageant une lumière diffuse et tamisée. L'ambiance qui se dégage de cette préparation est vraiment sublime et je sens déjà mes pieds quitter Terre et retrouver la romance de mon cher compagnon. D'ailleurs ce dernier me regarde avec un regard rempli d'amour qui me fait totalement craquer.

Il va me chercher les plats les uns après les autres et ces derniers sont tous les uns plus somptueux que les autres. Présentation soignée, finesse des saveurs… Je n'ai rien à redire si ce n'est que je passe un agréable moment en sa compagnie, lui me questionnant sur ma journée et ma relation houleuse avec Draco. Je résume rapidement son comportement tandis qu'il me fait les gros yeux lorsque je lui raconte les passages où je suis légèrement dénudé. Cela me fait sourire qu'il soit jaloux sur les bords. Le dessert arrive, avec mon gâteau préféré : un savarin à la chantilly. Ce chef d'œuvre et accompagné de deux coupes remplies d'un champagne aux bulles légères tandis qu'il me regarde, ne loupant aucun de mes mouvements.

''Et au fait, Ron et Hermione vont bien ? Je n'ai pas pu les voir car des cinquièmes années m'ont sauté dessus pour obtenir des informations. Toi qui les vois en cours, tu devrais avoir quelques nouvelles, non ?''

Il ne réagit pas à ma question, me laissant parler seul, comme la plupart de notre dîner d'ailleurs, et reste là, face à moi, à me fixer.

''- Hey ! Tu m'écoutes ?

- Oui oui…

- Qu'est-ce qu'il y a, j'ai de la chantilly sur le nez ?

- Non, non c'est juste que… J'ai envie de toi.''

Un gros blanc prend possession de la pièce tandis que ma cuillère retombe sur l'assiette dans un petit bruit sonore. Je vois mon parrain se lever tout en ne me quittant pas des yeux, une lueur de désir pointant au fond de ses iris. Il me prend la main et me lève pour me plaquer contre lui en plaçant une main sur mes reins. Me retrouvant à quelques centimètres de lui, il m'embrasse sensuellement et je me sens partir sur un nuage, quittant le monde de la réalité et focalisant mes sens sur ses gestes. Il commence à me caresser le bas du dos puis mes fesses dans des gestes remplis de désirs. Passant une de ses mains sous mon tee-shirt, il me plaque un peu plus contre lui, nos deux corps étant désormais collés l'un à l'autre dans une étreinte sensuelle. Ne souhaitant pas rester inactif, j'attrape sa nuque et passe mes doigts dans ses cheveux doux et soyeux tout en lui appliquant une légère pression pour approfondir notre baiser. Il me happe les lèvres avec désir tandis qu'il me dirige lentement jusqu'à son canapé qui occupe sa salle à manger. Une fois m'avoir allongé dessus, il retire mon tee-shirt tout en découvrant avec satisfaction mon torse qu'il couvre de baiser. Débutant de mon nombril avec lequel il joue gentiment, il vient titiller mes tétons en m'arrachant quelques gémissement de plaisir et termine par me dévorer le cou, laissant de douces sensations chaudes après son passage. Ses lèvres sur ma peau deviennent mon obsession…

Ma marque me brûle. Draco tape dans le mur de sa chambre, secoué de légers sanglots de rage. Sirius est au-dessus de moi et me domine tandis que je retombe dans la dure réalité. Je repousse mon parrain fermement pour me retrouver debout, face à lui qui est toujours planté au fond de son canapé, ne comprenant rien à ma réaction. Il s'approche une nouvelle fois de moi, tentant d'embrasser ma clavicule mais je le repousse avec une poigne déterminée.

''- Non Sirius, je ne veux pas. Pas au bout de deux jours.

- Mais pourquoi…

- J'ai dit non !''

J'attrape à la volée mon tee-shirt et ne prends même pas la peine de l'enfiler, passant à la hâte ma robe de sorcier et plantant mon parrain dans sa salle à manger. Je cours dans les couloirs vides de Poudlard à cette heure si tardive. Je sens une larme couler le long de ma joue silencieusement. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de me laisser faire comme ça ! Et puis Draco qui s'est blessé en tapant contre ce mur… Je ne sais pas si c'est la douleur de savoir que Sirius ne me voit que comme un corps ou plus par inquiétude, mais j'accélère l'allure, arrivant à bout de souffle à l'entrée de notre tourelle.

J'entre essoufflé après ma course et trouve Malfoy dans le hall, m'attendant. J'essuie rapidement d'un revers de main les restes de ma larme, mon colocataire me scrutant d'un air légèrement dégoûté, rageur. La pointe de son pied vient se poser régulièrement sur le sol, dans un rythme qui traduit sa nervosité. J'aperçois le long de sa main blanche un petit filet de sang.

''T'étais où, Potter ? Avec ton cher et tendre, n'est-ce pas ? Pourquoi n'es-tu pas allé jusqu'au bout ? Ça avait l'air pourtant si bien.''

Oui, à la vision de sa main presque à moitié ensanglantée, je m'inquiète. Et le pire dans tout ça, c'est que face à sa crise de jalousie, je baisse la tête…