Protect-me
Chapitre 17
Crucify my love
J'en ai marre qu'il me tourne autour sans vraiment le faire! Il me chauffe puis s'en va, comme si de rien était! Sans jamais m'embrasser franchement, sans jamais me dire ce qu'il se passe! Et ce… ''A toi de me montrer ce que tu veux…'' Tu vas voir, Dray! Je vais te montrer, moi, ce que je veux!
Je pars d'un pas décidé vers ses quartiers personnels où je suis sûr de l'y trouver. Il prend toujours un bain après l'entraînement, et bain ou pas bain, je compte bien avoir ce que je veux! Je monte quatre à quatre les marches de l'escalier en colimaçon et ouvre brutalement la porte de sa chambre. Je le trouve au centre de celle-ci, torse nu, venant d'ôter son débardeur noir. Un sourire provocateur prend instantanément place sur ses lèvres tandis que je ne peux empêcher mon regard de glisser le long de son torse musclé et si fin…
Je me rappelle finalement pourquoi je suis venu ici: ne pas me laisser avoir une nouvelle fois par ses jolis mots et ses jolies excuses… Oh non, pas cette fois. Je m'approche alors dangereusement de lui.
''Dray…. Tu peux me dire à quoi tu joues avec moi?''
Mon ton est plus que suggestif et je le vois changer de couleur. Bien sûr, il a compris que cette fois, il ne m'échappera pas. La porte de sortie est dans mon dos, et même s'il veut emprunter le passage qui mène à ma chambre, je viens de fermer celle-ci via ma baguette. Je m'approche alors un peu plus de lui tandis qu'il recule et commence à tripoter nerveusement son débardeur… Je retrouve le petit enfant apeuré qui n'attend qu'une présence sécurisante. Oui, mais ma présence est devenue féline. Il bredouille alors une réponse.
''- Je ne joue pas… Je…
- Tu?
- Je… Ne pensais pas que tu prendrais au sérieux ce que je t'ai dit…
- Ah bon, tu pensais? Mais tu sais, mon très cher Dray, penser est une chose…''
Il se retrouve rapidement dos contre le mur, ne sachant que faire. Là, je pose les paumes de mes mains sur la tapisserie, de part et d'autre de son visage.
''S'amuser en est une autre. Dis-moi Dray… Tu es schizo ou tu joues la comédie?''
Il ne comprend pas ma question et sa respiration devient saccadée tandis que j'approche ma bouche de son visage. Je reprends mes explications.
''Non, je dis ça comme ça car à force de me chercher en grand séducteur que tu es, c'est ton côté enfant perdu qui est obligé d'assumer… Et là, j'ai envie de tes lèvres, Dray.''
Mes yeux sont toujours encrés dans les siens, ne voulant pas manquer ce changement de comportement de la part de mon colocataire. Ce dernier ne se fait d'ailleurs pas attendre. L'une de ses mains vient s'accrocher à mes cheveux tandis que ses lèvres viennent se poser avec fougue sur les miennes. D'un geste habile et précis, il poste son autre main sur mes hanches et me fait basculer. En quelques secondes à peine je me retrouve à sa place, dos contre le mur. Je me laisse aller à cette douce violence qui l'habite, un mélange de désir et de passion.
Il m'attire jusqu'à lui, me plaquant avec force contre son torse. Toujours ses lèvres collées contre les miennes, il approfondit notre baiser, laissant une vague de chaleur m'envahir. Je me sens quitter la terre ferme, flottant parmi une multitude de sensations. Il fait quelques pas en arrière, m'obligeant de ce fait à le suivre. Sa main reste toujours agrippée dans mes cheveux, pressant un peu plus ma bouche contre la sienne. Son autre main en profite pour découvrir la peau de mon dos, glissant avec empressement sous le tissu de mon débardeur noir. Sa paume est douce le long de mes reins…
Une nouvelle fois, il me fait basculer pour me faire atterrir sur son lit. Je rebondis mollement sur son matelas tandis que sa masse chaude ne m'a pas quitté une seule seconde. Cette dernière se colle davantage à moi, voulant s'imposer un peu plus. Pourtant je ne ressens aucune oppression…Non, comment se sentir écrasé par un corps d'ange aussi désirable que le sien? Je me laisse alors à ses douces caresses qui se veulent tendres mais aussi dominantes. Je me retrouve alors rapidement sans débardeur, sa bouche explorant avec sensualité mon torse.
Je réalise alors que je me laisse totalement maîtriser, totalement aller à ses moindres désirs… Non Dray, je ne te laisserai pas jouer en maître jusqu'à la fin ! J'ai trop d'orgueil pour cela, et sentiments ou pas, je ne me laisserai pas faire! Je tente alors de me relever, mais il m'en empêche d'une pression forte sur l'une de mes épaules. Son visage remonte lentement jusqu'à moi d'une façon féline qui me fait perdre toute raison.
''Non, mon petit 'ry. Ici, c'est moi qui commande…''
Sa voix est grave et embuée de désir, mais elle laisse tout de même ce ton supérieur qui me décide totalement. D'un coup de rein inattendu, j'arrive à le déséquilibrer et à l'emprisonner sous mon poids. Là, je m'applique à attraper ses deux poignets que je plaque avec force sur le matelas. Je reporte mon attention à ses lèvres que je capture entre les miennes. Pourtant je sens qu'il est contrarié… Pour sûr, monsieur ne domine plus…
''Tu croyais quoi, Dray? Que j'avais fait tout ce chemin pour servir de dessert et ne même pas en prendre un peu?''
Je me délecte une nouvelle fois de ses lèvres entrouvertes avant de me focaliser sur son cou. Ma bouche vient laisser de tendres baisers dans le creux de son épaule, profitant ainsi de la douceur de sa peau ainsi que de son odeur délicate… Quelques-unes de ses mèches de cheveux viennent chatouiller mon nez alors que je reviens prendre de ses nouvelles, fixant avec amour ses iris. Il semble plus docile qu'il y a quelque instant. Bien…
Je délaisse alors quelques instants ses poignets pour descendre un peu le long de son corps. Je le sens déjà réagir, s'apprêtant à se relever pour une nouvelle fois reprendre son dû, puis se détendre et se laisser doucement aller tandis que je commence à martyriser doucement ses tétons. Je l'entends réprimer un gémissement qui se transforme en un simple soupir de bien-être.
Ma langue glisse le long de sa peau fraîche et douce, tel un pétale de rose encore inexploré, jeune et si pure. Je déguste sa chair tant convoité, tant aimé. Mon sang cogne contre mes tempes à la vue d'un corps si parfait, si désirable et qui est là, à moi. Pourtant, je sais qu'à tout moment ce corps peut se défiler, reprenant le contrôle de ses gestes et ceci ne fait qu'accentuer la chaleur de mon sang. Doux liquide qui s'amuse avec mon cœur, chaud dans mes veines, chaud dans mon corps et mon désir…
J'arrive rapidement à la hauteur de sa ceinture, me gênant dans ma progression. Ma raison me crie de ne pas pousser trop loin mon inspection, que nous n'avons pour le moment rien construit et que… j'ai peur. Je suis mort de trouille face à ce qui va suivre, à nous deux. Puis-je seulement dire nous deux? Peut-être que ce n'est qu'une attirance physique pour lui, un simple désir. A ce dernier mot qui traverse mon esprit, mon cœur rate un battement, m'indiquant que son corps se relève doucement. Il a remarqué mon temps d'hésitation durant lequel ma main est venue instinctivement se poser sur son ventre plat.
Je ne le laisse pourtant pas se relever davantage, et de ma main déjà plaquée sur ses abdominaux, je maintiens fermement son bassin contre le matelas. Ma bouche vient rencontrer avec sensualité son nombril tandis que mon autre main s'affaire sur la boucle de sa dite ceinture. J'entends sa respiration s'accélérer, douce caresse à mes oreilles que de l'entendre gémir sous mes doigts qui glissent le long de son ventre pour se retrouver face à son pantalon encore là. Du bout de mon index, je frôle le tissu noir qui me sépare de sa virilité. Soyeux et en même temps souple et fin, je retrace dans ma mémoire les moindres de ses courbes, de ses détails…Je me décide finalement à dégrafer lentement sa braguette, avec trop de patience au goût de ma proie. Cette dernière commence à s'agiter d'une façon si sensuelle. Savoir que son corps est là, pour moi, offert par pur désir…
Mon index vient tirer légèrement sur l'élastique de son boxer noir. Sa peau blanche est là, à m'attendre patiemment, tandis que son propriétaire se laisse submerger par le contact de ma bouche sur sa hanche. Je descends lentement, suivant le pli tracé par son articulation. Je le sens frissonner davantage tandis que je pose mes lèvres à quelques millimètres au-dessus de son aine. Là, au creux même de cette zone délicate, des pigments noirs viennent contraster avec sa blancheur naturelle dans une harmonie exquise. Mon index ne peut s'empêcher de venir caresser avec douceur cette marque qui règne sur sa peau. Un sourire se trace sur mes lèvres alors que je me rends compte que cette dernière ressort tellement mieux sur lui. Ces lignes sombres qui s'entrecroisent au creux de son aine, endroit tellement tendre et chaud. Je repose finalement mes lèvres sur sa marque, surface plus sensible que n'importe quelle autre…
Il se relève vivement, m'obligeant à m'écarter de lui et de cette peau au goût si agréable. Je cherche son regard et je tombe sur ses prunelles inquiètent, affolées. Non… ne me dit pas que j'ai été trop loin, que tu m'en veux… Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils d'une façon contrariée et comprends que son comportement n'a rien à voir avec moi, avec nous. L'une de ses mains est posée sur son avant-bras, là où la marque du seigneur des ténèbres prend place de cette façon si malsaine. Mon désir s'est envolé avec son angoisse. Draco est bien plus important que d'assouvir mes envies. Ses doigts se crispent dans sa peau claire tandis que je me rapproche de lui. Je m'assois à ses côtés, replace une de ses mèches platine derrière son oreille dans un geste protecteur et attends qu'il se décide à se confesser. Cette dernière arrive rapidement, dans une voix affaiblie par la peur.
''Il veut me voir. Réunion… mission…''
Ses lèvres se crispent dans une grimace. Tel un enfant, sa main s'agrippe à mon avant-bras.
''Je ne veux pas y aller… me retrouver en face de cet homme froid et pervers… Il n'attend qu'une chose, faire souffrir les gens. Je … Je pourrais pas.''
Je comprends l'angoisse qu'il ressent, celle de se retrouver face à ses yeux si vides de toute compassion, face à ses prunelles remplies de haine, de sang…Savoir qu'à tout moment on peut se retrouver recroquevillé à terre, plié en deux de douleur sous ses désirs. Ce n'est pas un maître qu'il a, c'est un assoiffé de souffrance. Mes neurones fonctionnent alors à toute vitesse, tentant de trouver une solution à cet appel qui tombe mal. Je tente de réconforter mon amour en passant un bras autour de son épaule et en approchant tendrement ma bouche de son oreille. En un souffle, je lui indique ma présence, là, pour lui.
''Je te promets que tu n'iras pas. ''
Il hoche la tête lentement, comme pour se persuader lui-même que cette solution est possible. Puis il incline négativement la tête, se rendant compte que ce n'est pas réalisable.
''On ne peut pas. Si je n'y vais pas, il aura des soupçons, si ce n'est pas déjà fait. Tu sais, ça fait deux mois que je n'ai pas donné de nouvelles à mon très cher père, et excuse bidon de Dumbledore ou pas, ça m'étonnerais que ça soit très bien passé aux yeux de mon géniteur.''
Il n'a peut-être pas tort sur ce point, mais si tel est le cas, il l'appelle peut-être pour carrément mettre fin à ses jours. Je ne peux réprimer un frisson qui ne passe pas inaperçu aux yeux de mon colocataire.
''- Peut-être, mais il est hors de question que je te laisse y aller seul. Qui sait ce qu'ils peuvent bien te faire?
- On n'a pas le choix…
- Je refuse!''
En disant ces mots, je me suis relevé brusquement, appuyant un peu plus ma détermination.
''- Comme si j'allais te laisser te jeter à corps perdu chez ce taré!
- Tu l'as bien fait pour mon initiation.
- Oui mais non! C'était pas pareil!''
Son regard m'indique qu'il ne comprend pas en quoi la situation diffère…
''Parce que… Parce que là il est probable que Voldemort ait des incertitudes envers ton statut et puis parce que… Parce que c'est pas pareil, c'est tout!''
Je me détourne de lui. Je n'arrive pas à le lui dire de vive voix. Cela m'avait pourtant paru si facile de lui dire ce ''je t'aime'' en étant aphone. D'un côté, sans son, c'est moins s'engager, et laisser l'autre tirer les conclusions qui lui chante. Seulement là, lui dire de vive voix me semble…
Je sens sa main se refermer sur mon épaule.
''Dis-le-moi…''
Je fais volte-face avec vivacité et ancre mes yeux dans les siens. Comment résister à une voix si douce, si calme, et en même temps si suppliante. Ses iris sont brillants d'un espoir que je ne lui ai jamais vu, attendant patiemment ma confession. Il a fait tellement d'efforts dernièrement pour que je puisse le comprendre, sur lui et son enfance qu'il a plus ou moins du mal à accepter. Je laisse alors mon visage s'incliner légèrement vers le sol, quelques-unes de mes mèches glissant sur mon front et cachant ainsi mon regard qui fixe avec timidité le sol… Je ne laisse pas mes cordes vocales le dire pleinement, mais je laisse ces mots tomber avec assez de force pour qu'il l'entende et qu'il en ressente toute l'intensité.
''Parce que je t'aime.''
Quelques-uns de ses doigts viennent s'amuser avec les mèches brunes qui retombent devant mes yeux avant de passer ses bras autour de mes épaules. Il laisse son nez se poser dans mes cheveux puis il chuchote un simple ''merci''. Mon cœur se sert. Un mélange de frustration et de joie. Je sais qu'il ne peut me répondre, mais cette étreinte me prouve qu'il en est désolé. Désolé de ne pas savoir le faire, désolé de devoir se battre contre toutes ces années où il a dû ne rien laisser paraître de ses sentiments… Alors il ne peut que me prendre dans ses bras, chose qui me rend le plus heureux du monde.
On reste quelques instants comme cela, l'un contre l'autre, avant de décider de se préparer. Un long voyage, peut-être le dernier, s'annonce à nous. Je ne sais pas si notre projet est censé, mais nous n'avons pas le choix. Il se détache alors de moi, et tout en me prenant par la main, m'entraîne derrière lui. A quelques centimètres devant sa porte de chambre, il ressert un peu plus l'étreinte sur ma paume et m'avoue une dernière chose avant de réellement partir à la rencontre de notre destin.
''Si ça tourne mal et bien… si l'un de nous deux meurt, l'autre le fera inévitablement via le pouvoir de cette marque et… Je veux que tu saches que… S'il m'arrivait de te perdre, je préfèrerais te suivre dans la mort pour rester avec toi. Alors je n'ai aucun regret.''
C'est à moi de resserrer mes doigts autour des siens. Je les laisse même glisser entre les siens pour ensuite lui répondre en l'entraînant vers la salle d'entraînement.
''Aucun regret''
Arrivé dans la grande salle vitrée, je réclame quelques accessoires à la voix robotisée et on s'affaire à s'équiper du mieux que l'on peut. Il me tend des protections pour mes avants-bras et j'hésite à les prendre.
''- Et toi, tu vas mettre quoi?
Tu en as plus besoin que moi je pense. C'est toi que le Lord Noir veut voir mort depuis ta naissance et puis…J'ai confiance en toi. Je sais que tu me protégeras comme il se doit. Donc je n'en ai pas besoin.''
Il me répond avec un sourire sincère, sûr de lui, et confiant. J'attrape alors le morceau de cuir que j'attache soigneusement autour de mes bras. Il attrape une dernière épée avant de s'enfuir par la porte. Je le suis peu de temps après, un bâton de grand magicien dans l'une de mes mains. On claque la porte d'entrée derrière nous et, ne se souciant guère d'être vu par la plupart des élèves dans notre accoutrement de guerre, nous traversons l'école d'un pas décidé.
Arrivé au milieu de la cour, Dumbledore accompagné de Minerva et Severus nous rattrapent, à moitié affolés. Ils doivent sûrement se demander ce qui nous prend, de partir comme cela, sans un mot, dans un élan de courage.
'' Les enfants, où allez-vous ? Vous avez perdus la tête?'
Je vois alors Draco, mon Dray, s'avancer devant moi et relever la tête fièrement.
''Non, on est prêts monsieur.''
On voit Dumbledore hausser un sourcil, inquiet de savoir quelle mouche a bien pu nous piquer, mais sa surprise n'a pas le temps de s'exprimer.
''Oui, car on a trouvé la force de notre lien…''
Dray se retourne pour m'offrir un sourire tendre puis m'attrape une nouvelle fois la main et m'entraîne vers le grand portail pour transplaner jusqu'à notre gloire, ou notre mort… Ensemble.
