Protect-me
Chapitre 18
Aucun regret
(A la vie; A la mort)
Une grande porte en bois noire se dresse devant nous. Lugubre dans toute sa splendeur, elle attend patiemment que l'on tire sur son lourd anneau de fer à moitié rouillé. Dray est à mes côtés, un peu inquiet, mais en même temps impatient d'en finir. En ce qui concerne mes propres états d'âmes, je ne sais pas vraiment dans quel état je suis. Un peu partagé entre mon devoir et la peur… Pourtant, je n'ai aucun regret. Je sais que quoiqu'il arrive, je serais toujours avec lui, mon amour.
Ses cheveux blonds bougent au rythme de la légère brise fraîche et un peu sinistre, puis je vois mon ange pencher la tête sur le côté. Je crois qu'il s'inquiète de voir que je le fixe de cette façon, de mon regard remplit de tendresse et d'inquiétude. Il ne comprend pas que je veux admirer les moindres de ses courbes, une dernière fois. On ne sait jamais, si ça tourne vraiment mal…
Il pose sa main sur mon épaule, et ancre ses iris dans les miens, confiant de lui-même. Il veut me faire revenir à la réalité qui nous attend: le combat final. Et pour ce, je me dois d'être complètement attentif.
''Prêt Harry?''
Je hoche positivement la tête, décidé à le protéger corps et âme, comme il se doit. Sur ce, il se retourne, réajuste son épée dans le creux de sa main et pose son autre paume sur l'anneau rouillé. Dans un grincement lugubre, la lourde porte tourne sur ses gonds tandis qu'elle nous ouvre la voie sur l'antre de Lord Voldemort.
Le lieu est glauque, sombre et humide. Une odeur de renfermé règne dans le hall où nous sommes, la porte vient de claquer derrière notre passage. Les pas de Dray résonnent dans la grande pièce tandis que je n'ose bouger. Du moins pas encore, pas avant d'avoir réalisé que mon ange s'avance sans m'attendre, allant affronter à corps perdu le danger. Alors, lorsque je vois sa silhouette se dessiner dans l'embrasure de notre future destination, je prends peur pour sa vie et j'accours jusqu'à lui. Là, je pose une main sur son épaule et lui dit de se mettre derrière moi.
''-'Ry… Je connais le manoir de Voldemort mieux que toi…
- Hors de question! C'est moi le protecteur. Je me dois de…
- Et tu comptes aller où? Tu sais même pas où est son trône!
- Et bien heu…
- Aller, laisse-moi te montrer le chemin dans les catacombes…
- Catacombes?''
Il hoche lentement la tête devant ma surprise. Je ne savais pas que ce genre de dédalle existait encore de nos jours. Soit, s'il veut vraiment jouer les guides, je ne le laisserai pas être éperdument en première ligne et me positionne avec insistance à ses côtés. Il sourit en constatant mon entêtement et continue sa progression le long du couloir. A son extrémité, nous passons une nouvelle porte et commençons à descendre les escaliers qui s'offrent à nous.
Dans ma petite vie d'adolescent, je ne pensais pas trouver un endroit aussi humide, froid, et glauque. Quoique, si on y réfléchit bien, certains auteurs sont doués pour cela, et accompagné de la bonne bande musicale, une scène peut se révéler très sinistre. Et celle qui s'annonce là, droit devant nous, ne semble pas vraiment joyeuse.
Nos premiers pas dans les catacombes résonnent avec froideur, seul bruit présent dans les lieux. Un long couloir s'étend devant nous, nous offrant ses multiples croisements et dédalles. Je sens ma tête commencer à tourner dans cet univers fermé et surtout sombre… Mes pieds se posent aux côtés de ceux de Dray, soulevant sous leur passage l'épaisse couche de poussière et de terre séchée qui s'y trouve. Des torches aux murs dallés nous éclairent de leurs faibles flammes magiques et éternelles. Au bout de quelques mètres, Dray s'empare de l'une d'elle pour rassurer notre avancée.
''- C'est.. Encore loin?
- Chut!''
Ma voix court le long du long couloir et s'engouffre dans les multitudes de voies parallèles. Ok, ce n'était pas malin de ma part pour faire une entrée discrète. D'autres voix se font entendre après la mienne, suivant elle aussi l'air humide et frais pour venir jusqu'à nous. Je sens une main se plaquer contre mon épaule et me tirer en arrière. L'occipital de mon crâne se retrouve rapidement écrasé contre les dalles murales d'un couloir parallèle au premier. La main de Dray est restée sur mon épaule, se crispant légèrement. Il jette au loin la torche qu'il avait récupérée quelques instants plus tôt et me fait comprendre d'être silencieux. La pression se fait sentir dans nos artères qui ne cessent de recevoir le sang à une allure folle. La discussion de ces voix se rapproche lentement jusqu'à ce qu'on puisse en entendre les moindres détails croustillants.
''- Il paraît que le jeune Malfoy nous prépare un sale coup…
- Vous y croyez, vous, que Lucius n'attend que le moment de voir couler sur ses joues des larmes rouges de sang?
- Vu comment il est avec les moldus, ça m'étonnerait pas. Il m'avait fait par du mal qu'il s'était donné pour éduquer son sale môme, quand on en voit le résultat.
- Pas assez de fermeté.
- Le maître commence tout de même à trop s'impatienter à mon goût.
- Pour?
- Pour cette affaire concernant ce jeune adepte et surtout ce foutu Potter.''
Le son s'éloigne au fur et à mesure que les mangemorts se rapprochent de la sortie. Apparemment un conseil vient de se tenir à notre sujet même, et d'autres disciples passent à leur tour, tous par petits groupes de cinq ou six... Lugubre cortège parlant pour la majorité de la trahison de mon propre partenaire ainsi que de sa mort proche. Je cherche alors à tâtons la main de Dray et une fois l'avoir trouvé, je la serre avec force entre mes doigts pour finalement la plaquer contre mon cœur. Ce dernier bat toujours autant la chamade au contact de sa peau claire et froide.
La voie est désormais libre. Nous nous en réjouissons d'avance: après un conseil, Voldemort reste bien souvent sous garde peu rapprochée, le temps de faire un point bref et précis sur ce qui a été dit ou oublié volontairement. Dray attrape une nouvelle torche pour repartir. Suivant cette petite tête blonde tellement chère à mes yeux, j'emprunte à nouveau l'allée principale et atteins au bout de quelques minutes son autre extrémité. Avant de continuer, je me retourne pour observer le véritable labyrinthe que nous venons de traverser. Tellement simple en soit, d'aller tout droit, et tellement tentant que d'aller s'y perdre en empruntant l'un de ses croisements.
De nouveaux escaliers s'offrent à nous. Ils semblent moins poussiéreux. Peut-être arrivons-nous simplement à destination? Un grand hall nous accueille avec froideur, toujours avec très peu de lumière et aucune couleur, à part peut-être un vert délavé au mur. Quoique, avec le peu de clarté qui règne dans cet antre, on ne distingue pas grand-chose. Une nouvelle porte en chêne trône devant nous, somptueuse, garnie de quelques gravures en or. Devant celle-ci, Dray s'arrête. Il porte lentement sa main jusqu'au lourd anneau puis attend quelques secondes.
''Tu es prêt, 'Ry?''
Dans un signe de tête, je lui assure que oui puis pose ma main sur la sienne pour l'aider à pousser cette porte. L'intérieur semble luxueux, confortable voire…non, pas agréable. L'air possède une odeur de sang et de chair fraîche à peine endolorie. Les derniers serviteurs de Voldemort sont là, pour nous accueillir, à quelques pas de nous. Ils ne nous ont pas encore vu, pensant peut-être que c'est l'un des disciples revenu pour une quelconque affaire. Pourtant, lui, sur son trône, il nous sent. Je vois d'ici ses yeux perçants, si brillant d'une lueur malsaine nous jauger. Il semble ravi, bien qu'un peu surpris d'une telle arrivée mais…
''Bien, bien, bien… Quand on parle de sang, nos victimes accourent jusqu'à nous.''
Sa voix est froide et grésille. Aucun timbre amical, aucun sourire si ce n'est cette grimace sur ses lèvres qui n'attend que de s'abreuver de nos dépouilles. Je ressers mon emprise autour de mon bâton de mage, tente de replacer une mèche qui gêne ma vue et avance vers lui, à grands pas. Je sais que Dray me suis, lui aussi, plus déterminé que jamais. Je suis conscient aussi que le peu de ces disciples nous encerclent lentement. Ils ne veulent pas qu'on l'approche, qu'on le frôle ou le blesse. Qu'est-ce qu'un esclave terrorisé par son maître peut bien offrir pour un peu de reconnaissance?
De son trône, il donne lentement les ordres à l'aide de gestes dédaigneux. Sous ses directives, certains vont prévenir l'armée restante tandis que d'autres restent nous affronter. Je me retrouve rapidement dos contre celui de Dray. Ce dernier analyse rapidement nos adversaires qui ne font qu'office d'apéritifs avant de me plaquer dans ma main libre une de ses dagues.
''Je sais exactement qui on en a en face. Pas la peine de sortir la grande assemblée pour cela alors… Fonce dans le tas. Si besoin, tu sais quoi faire.''
J'ai l'impression d'être un enfant qui écoute mot pour mot sa mère, pourtant je lui fais confiance et empoigne mon arme avec force. Un bâton dans une main, une dague dans l'autre… Si je suis assez rapide, je ne devrais pas me prendre de sort…
Je sens le dos de Dray décoller du mien avec une intense impulsion. Il s'est jeté sur ses adversaires, me laissant seul au centre. Les sorts commencent à fuser, mais grâce à l'entraînement au corps à corps que nous avons suivis avec assiduité, j'arrive à éviter la plupart. Mais, malgré mes efforts, l'un d'entre eux arrive jusqu'à moi et me percute l'épaule. Le long de mon bras, mes muscles se tendent de douleur. Qu'importe. Cette blessure est loin d'être la dernière, et je compte bien reprendre mon poste auprès de mon compagnon.
Alors que Voldemort commence à s'intéresser réellement à la tournure des choses en se relevant de son trône, nous avons décimé la majorité de nos assaillants. Seulement, nous commençons à peine à avancer vers notre cible et les renforts de sa majesté déboulent avec hargne dans la salle. A nouveau encerclés par une bonne trentaine de mangemorts, nous commerçons à revoir notre tactique de défense. Je ne laisse pas le temps à Dray de s'occuper de moi et laisse tomber ma dague pleine de sang sur le sol. De toute façon, je n'ai plus la force de la tenir, ni-même de la manier. L'adrénaline s'empare lentement et toujours avec une dose un peu plus forte dans ma chair et me fait oublier la douleur de mon épaule.
Je tente de faire un bilan rapide: je suis blessé et il semble que mon partenaire aussi, puisque du sang coule le long de son corps. Soit, il nous faut de l'aide. Un sourire emplit mon visage tandis que ma mémoire me rappelle d'une formule d'invocation tout à fait appropriée. Je ne l'ai encore jamais pratiquée, mais je dois un peu compter sur la chance… Après tout, la vie n'est faite que d'opportunités, et celle de détruire Voldemort est là, devant nous.
Je me rapproche alors de Dray, lançant au passage sur son corps un sort de soin. Arrivé à quelques pas de lui et évitant les sorts qui tentent de me toucher, je lance une large carapace magique, ralentissant ainsi les jets magiques adverses.
''Avec ça, tu devrais pouvoir tenir quelques temps… Couvre-moi. J'invoque.''
Je vois sa nuque me faire signe que c'est ok. Qu'il me soutiendra. Qu'il n'a aucun regret.
Je laisse mon esprit faire le vide autour de moi, ne plus entendre ces cris qui remplissent mes oreilles, à ses sorts qui me frôlent. Juste penser à mon esprit et à celui que j'appelle… Mon corps commence la danse avec harmonie et parfait accord. Mes pieds quittent lentement terre, et tel une plume, je deviens semi-transparent, lévitant au-dessus du combat qui se passe sous moi. Je sens le regard de Voldemort sur moi, sûrement ébahit d'un tel acte si ancien, décrit seulement dans les légendes…
Au bout de quelques secondes de concentration supplémentaire, j'aperçois dans mon esprit le doux visage de celle que j'appelle et je l'attrape d'une pensée. ''Yuna! Vient à moi!'' Je vois ses yeux se poser sur moi, l'un bleu, l'autre vert et spiralé, pour me sourire et me venir en aide. Une brise douce et calme s'amuse avec mes cheveux tandis que je redescends avec légèreté sur terre. Je reviens rapidement aux côtés de Draco pour le soutenir comme je peux.
Les longues manches claires de Yuna virevoltent avec grâce autour d'elle tandis qu'elle nous lance plusieurs sorts de guérison. Son grand bâton de magicienne s'incline devant nous avec respect et nous l'en remercions grandement. Ses sorts prennent forme en une petite brise qui caresse chacune de nos blessures et les referme avec douceur. Les tissus abîmés se reforment, empêchant nos corps de perdre plus de sang. Bien évidemment, cela ne nous donne pas plus de force, mais nous aide au moins à aller de l'avant : sans ses douleurs qui nous empêchaient de bouger nos membres, nous retrouvons une mobilité essentielle pour faire face à cette dure épreuve. Ainsi, nous arrivons petit à petit à reprendre le dessus sur nos assaillants, quoique encore trop nombreux pour que nous puissions nous en sortir.
'' Dray, invoque! Yuna ne tiendra pas longtemps et nous non plus! On ne peut pas se fatiguer davantage avant le duel final!''
Je sais qu'il a compris. Qu'on a besoin de celui qui ne quitte jamais ma propre invocation, si douce, si belle, et en même temps si fragile. Je vois alors mon ange se préparer, tandis que je me prépare moi-même à faire face à nos attaquants. N'étant pas entraîné à attaquer, je tente de défendre Yuna et mon propre partenaire en cours d'invocation comme je peux. Je dois aussi éviter les sorts qui fusent de toute part, mais je ne peux m'empêcher de penser avant tout à ce corps qui lévite désormais au-dessus de nous.
'' Mais abattez-le! Vous voyez pas qu'il est en train d'invoquer, bande de cons?''
Voldemort perd patience, et cette tension qui prend place dans la salle ne peut être que favorable. Tous les yeux des mangemorts se rivent instantanément sur Dray, mon Dray, et je sais que si je ne fais rien pour les en empêcher, ils vont le tirer comme un lapin. Ce qui me laisse un sourire mesquin sur les lèvres est le fait qu'ils n'ont toujours pas compris que la plus vulnérable est Yuna. Non, au lieu de penser à l'éliminer de ce champ de bataille, ils pensent plutôt à leur traître.
A ce moment, j'échange un simple regard avec Yuna qui comprend instantanément. Je lance un sort de lévitation sur mon corps pour me positionner devant cet homme que j'aime. Je sais, faire bouclier humain n'est sûrement pas la meilleure chose à faire, mais j'ai confiance en mon invocation. Je sais que son pouvoir curatif sera assez puissant pour me faire tenir en vie. Du moins, jusqu'à ce qu'il termine son invocation. Enfin, je l'espère de tout cœur. Car, maintenant que je virevolte devant Draco pour le protéger de ma présence, les mangemorts ne se gênent pas le moins du monde. Ils ont là, face à eux, le Survivant offert sur un plateau d'argent. Je n'ai pas réellement de protection, et les sorts qui me sont lancés sont impossibles à tous détourner. J'arrive bien à en dévier quelques-uns, mais la majorité s'écrase sur moi dans une finalité douloureuse. Mes tissus s'entaillent, mon sang coule avec abondance le long de mes jambes. La souffrance est telle que je ne peux plus réellement bouger. Mes sens sont trop à vifs pour que je puisse les commander. Mais tout ceci m'est bien égal ! Si Draco peut finir d'invoquer… Si Draco va bien !
Je retombe au sol, l'abdomen en sang. Dray fait de même, accourant vers moi. Il ressent sûrement la douleur qui me vrille les chairs et tandis qu'il pose une main sur mon épaule pour s'inquiéter sur ma propre santé, je le repousse fermement.
''Va les défoncer! C'est tout ce que je te demande!''
Je suis presque recroquevillé sur moi-même, tellement cette souffrance est insupportable. Mon visage est en sang, mon corps aussi. Ma tête tourne lentement, j'ai du mal à me rendre compte de ce que je viens de vivre, avec les sorts curatifs de Yuna qui soignaient mes blessures dès qu'elles s'ouvraient peine. Je crois me souvenir que la concentration des sorts fut trop intense et que… Je n'ai fait que résister le temps qu'il l'invoque.
Les pans de la jupe de Yuna viennent frôler mon front dans une douce caresse. Le jeune esprit pose sa main sur mon épaule pour me lancer un nouveau sort de guérison. Mes nerfs s'apaisent lentement, la douleur reflue… Je me relève lentement, je vacille. J'ai perdu tout de même pas mal de sang et… Il faut que je reprenne mes esprits. Le combat est loin d'être terminé, et j'ai une tâcher à continuer. Attrapant avec détermination ma baguette, je me concentre à aider du mieux que je le peux Draco.
A ses côtés, aux côtés de mon ange, un jeune homme blond se tient fièrement, une longue épée bleutée à la main. Les sourcils froncés de concentration, il ne quitte les adversaires des yeux avant de se jeter à nouveau dans la bataille. Sa grande lame donne de terribles coups tout autour de lui, alors qu'il maîtrise parfaitement ses gestes. Draco fait de même, lui aussi armé d'une longue épée, et de nombreux corps reposent sans vie à leurs pieds. Les dégâts du côté du Lord Noir sont considérables avec ces deux attaquants et moi-même les aidant en compagnie de Yuna.
Nos assaillants voient leur nombre décroître rapidement tandis que l'un d'eux, sûrement plus intelligent que les autres, comprend enfin notre faiblesse: nos invocations n'ont que trop peu de résistance, surtout pour Yuna. Un sort touche de plein fouet cette dernière. Tidus, l'invocation de Dray, se retourne alors effrayé. Il a senti la douleur qui a transpercé le corps de sa compagne… Ses yeux bleus se posent sur elle avec un désespoir révélant son amour sincère alors que mon invocation se replie lentement sur elle, se laissant mourir lentement. Elle commence à disparaître, devenant semi transparente.
Yuna offre un dernier regard à son amour et lui sourit tendrement avant de disparaître avec légèreté. Tidus détourne alors le regard avec détermination. Il lui a promis silencieusement de nous aider avant de pouvoir la retrouver. Les invocations ne seraient inévitablement que des rêves?
Le moment fatidique où Dray doit se confronter à son propre père arrive…Deux perles grises s'affrontent en duel, se tournant autour comme deux prédateur se traquant. Et ici, le terrain de jeu est un champ de bataille, avec au sol cette marre de sang aussi liquide que poisseuse. La plupart de nos assaillants ont reçu un coup de lame entre les côtes, d'autres, la marque d'un sort perdu par l'un de ses propres partenaires.
Le combat entre fils et père débute rapidement, le plus âgé ne pouvant tenir face à l'arrogance de son cadet, de sa propre chair qu'il a éduqué…Il aurait tant aimé voir son fils devenir comme lui, image de la grandeur. Pourtant ce dernier n'en fait qu'à sa tête, le défiant même d'un regard fier. J'entends la lourde épée de Dray percuter le sol violemment: il l'a lâché délibérément, voulant affronter son propre père à armes égales, baguettes magiques traditionnelles en main. Je ne préfère pas voir le duel. De toute façon, je sais qu'il en sortira vainqueur, qu'avec toutes ces heures d'entraînements, il ne peut que le surpasser. Pourtant... J'entends des noms de magies noires et je sais que ces dernières lui ont été enseignées par son très cher père. Soit, s'il veut l'affronter avec ses propres armes, sa propre souffrance, c'est son choix. Je respecterai toujours ses décisions.
Je reste derrière Tidus, toujours protégé par sa présence, tandis que le restant des mangemorts en état de combattre se retourne contre nous. Ils ont tous peur de l'influence de Lucius sur leur maître et le laissent donc affronter son fils comme il se doit, dans un duel respectueux de nobles. Peut-être, mais en attendant, je n'ai guère de moyens pour me défendre, à par l'invocation de mon partenaire. Tidus est d'ailleurs très habile de son épée, et je lis à travers sa force celle de son invocateur. Parce qu'une entité appelée tire toujours sa force de celle qu'elle a choisi de servir... De ce fait, ce grand blond aux yeux clairs qui me protège corps et âme ressemblerait à mon Dray? Je me pose trop de questions, seulement je sais que ma place n'est pas à être là, terré derrière lui. Je me relève alors fièrement, empoignant fermement ce bâton de mage dans ma paume et m'applique à le protéger le mieux possible. J'en profite aussi pour dévier quelques sorts qui foncent sur nous via une brise magique puis je jette un coup d'œil à mon partenaire.
Un regard en coin, un quart de seconde, pas plus, mais assez long pour que mon cœur se serre. Il est en difficultés, presque plié en deux, boitant légèrement et le visage crispé de douleur. Mes yeux retournent alors sur cette vision qui m'inquiète. Je ne peux le voir dans cet état et en même temps… Je ne peux me résoudre à aller l'aider. Je sais qu'il m'en voudrait à jamais, d'avoir triché contre son père.
Ses yeux restent toujours aussi brillants, de leur étincelle de vie. Pourtant la main qui tient sa baguette reste si faible, se laissant retomber dans le vide sans force ni détermination. Mais, alors que je n'y croyais plus, cette dernière se relève rapidement, dans un geste précis et brusque, pour se poser face au torse de son géniteur. Là, elle laisse un éclair vert toucher le corps de son adversaire qui retombe lourdement au sol. Il sait qu'il l'a gravement blessé mais que cela ne suffira pas à le tuer. Je vois Dray s'approcher de son père et poser son regard sur lui. De sa hauteur, il surplombe le corps de son aîné sans aucun regret, avec presque du dédain et peut-être aussi un peu de fierté.
''Vous m'aviez toujours dit de ne jamais sous-estimer son adversaire, père… Mais je vois que vous-même n'arrivez pas à suivre vos propres directives. Je ne veux plus que vous m'approchiez. Ne venez plus dans ma vie, ou la prochaine fois je vous achèverai.''
Il laisse son dernier mot en suspens dans cette air déjà lourd. L'odeur de sang n'est que présente et le reste des mangemorts met fin à l'invocation de Dray. Tidus s'envole lentement pour retrouver son âme sœur tandis que nous nous retrouvons tout deux contre le petit groupe qui reste. Ce dernier semble déjà largement affaibli, trois des cinq survivants qui nous font fassent étant blessés gravement. Alors que l'un des disciples du Lord Noir allait se jeter sur nous, une voix froide et autoritaire envahit le champ de bataille.
''Stop! Laissez-les moi…''
Les serviteurs s'inclinent alors respectueusement devant leur grandeur tandis que cette dernière empoigne sa baguette avec haine et s'approche de nous à grands pas.
''Voyons voir si le jeune Potter réussira a… Survivre une deuxième fois à ce sort…''
Il lève sa baguette majestueusement, je ne bouge pas. J'attends. Dray semble avoir du mal à se tenir en place, mais il sait la patience que j'ai eu lors de son propre duel. Le mien va se dérouler maintenant, face à mon passé, celui qui a changé toute ma vie.
Le sort arrive avec une vitesse fulgurante, mais à mes yeux il reste lent… Tellement prévisible et flottant parmi l'air que je m'en amuse. Un sourire prend place sur mes lèvres tandis que je ne fais qu'un seul geste précis: je relève mon avant-bras et me protège ma cicatrice de mes protections en cuir. Le sort s'y écrase, me brûle légèrement la peau puis s'estompe lentement. Oui, très cher Voldemort, j'ai développé une résistance à tes propres sorts… Mes boucliers magiques semblent te dépasser, mais je ne compte pas te sous-estimer.
Je fais un signe de tête à mon partenaire. Il peut y aller. Attaquer sans relâche, penser à cette chaire humaine en sang, imaginer ce corps sans vie… Laisser seulement cette haine l'envahir tout comme elle coule entre mes veines. Je m'étais promis de ne jamais être comme lui, seulement… Je ne peux m'empêcher de revoir le sourire de mes parents dans ce miroir et me dire que c'est cet homme qui m'a pourri la vie. J'aurais pu être heureux et vivre dans une famille. J'aurai pu, oui, s'il n'avait jamais existé.
Dray se jette littéralement dessus, arme au point. Voldemort reste désemparé, ne sachant que faire d'une épée venant sur lui. Il lance alors quelques sorts, déviant la trajectoire de mon partenaire puis tentant de le blesser. Seulement je suis là, moi, et je ne compte pas laisser une quelconque goutte de sang tacher son si doux visage. Alors il comprend: je ne sais que protéger mon amour, ne pensant qu'à sa vie, et non à la mienne. Le lord noir se retourne vers moi, me fait face avec ce sourire si morbide et ose me lancer un sort de magie noire. Il sait que mes sorts de protection sont désormais tous concentrés sur Draco et que… Je suis devenu la cible idéale. Je vois le sort arriver sur moi, et je reste immobile une fois de plus. Je n'ose pas retirer les sorts que j'ai placés sur la vie de mon partenaire car je sais que Voldemort serait assez rapide pour le blesser lui aussi. Alors j'attends. J'attends que ce sort vienne me percuter, trop rapide pour que je l'évite, et qu'il me blesse. Peut-être m'enlèvera-t-il carrément la vie ?
Je ferme lentement les yeux. Fermement. Je n'ai aucun regret. Un courant d'air fait bouger quelques une de mes mèches brunes. J'attends toujours ce sort qui ne vient pas. Le temps se serait-il allongé pour que je voie ma mort arriver d'un pas lent et morbide? J'ose ouvrir clamement les yeux et aperçoit devant moi une nuque claire et fine… Dray, que fais-tu là?
Je comprends alors qu'il a voulu me protéger de son corps lui-même préservé par mes propres sorts. Je souris lentement à cette ironie du sort: un protecteur protégé par son attaquant… Mais peut-être est-ce là toute la force de notre marque. Draco a encore compris avant moi. Et avant que je n'ai le temps de le remercier, son corps s'élance déjà sur sa cible, ne laissant pas le temps à Voldemort de réagir. Son poignet est précis, et j'entends la lame s'enfoncer lentement dans cet abdomen régit par la haine et le sang.
Le liquide carmin, celui qui abreuve les veines du Lord Noir, glisse le long de la lame et arrive jusqu'aux doigts clairs de Dray. Glissant le long de ses mains et de la paume de l'épée, il finit par goûter doucement au sol. Ces doigts pâles s'ouvrent lentement et laisse tomber l'épée au sol. Elle rebondit sur le carrelage déjà tâché dans un bruit sourd. Mon ange ne bouge plus. Ses yeux sont rivés sur ce corps qui tombe au sol.
Je sais alors qu'à cet instant il a besoin de moi. Je m'approche alors lentement de son esprit meurtri et me place face à lui. Là, je prends sa nuque entre mes mains et l'oblige à me regarder. Après avoir rencontré ses deux prunelles, je ferme les yeux et pose avec tendresse mon front contre le sien. Je sens ses sanglots monter lentement le long de sa corps puis il s'effondre sur mon torse. Un simple murmure m'indique qu'il n'a pas perdu la raison…
''A la vie…''
