Voilà, le chapitre deux...


Chapitre 2 : La dispute


Hakkai sortit de la tente qui leur servait de salle à manger et de cuisine, une bassine en plastique bleu entre les mains. Autour de la table posée au milieu du campement, ses trois amis jouaient tranquillement aux cartes.

L'emplacement de camping des quatre jeunes hommes était plein à craquer. Il arrivait tout juste à contenir leurs trois tentes qui leur servaient de chambres, la tente centrale qui les avait abrités lors de leur repas pendant l'orage quelques jours plus tôt et la table sur laquelle ils prenaient leurs repas et où ils jouaient actuellement.

Le jeune homme brun déposa violemment sa bassine sur la table bleue, juste sous le nez de Goku qui sursauta. Le môme laissa tomber ses cartes sous l'effet de la surprise. Gojyo leur jeta un coup d'œil intéressé. Ce gamin avait un bon jeu, heureusement qu'il ne savait pas jouer sinon le rouquin aurait été battu à plate couture sous les yeux de son petit ami.

- Ha... Hakkai ?... bégaya le gamin en regardant la bassine sans trop comprendre.

- J'EN AI MARE ! Depuis qu'on est arrivé tu n'as pas fait une seule fois la vaisselle! Même Sanzo y est passé !

- Tu veux dire quoi par là? demanda le blond en prenant un ton menaçant.

- Alors aujourd'hui c'est à ton tours, reprit Hakkai en ignorant délibérément le pion.

Le brun retourna dans la tente bleue et en ressortit immédiatement, une éponge et du produit vaisselle à la main. Il tendit l'éponge au petit brun qui la regarda d'un air perplexe.

- Et tu veux que j'en fasse quoi de ça moi? demanda-t-il innocemment.

- Tu laves ouistiti, tu laves, répondit mécaniquement Gojyo en posant une carte sur la table.

- Je suis pas un ouistiti... Et puis... J'ai jamais fait ça de ma vie, marmonna le môme en baissant la tête.

- C'est pourtant pas bien difficile, répliqua le blond, même l'autre imbécile serait capable de le faire.

Il appuya sa dernière phrase d'un coup d'œil à l'imbécile en question qui n'était autre que son petit ami. Gojyo releva sa tête de son jeu de cartes et lui lança un regard outré, comme il se devait. Discrètement, en faisant bien attention à ce que ses deux amis ne le remarquent pas, le rouquin monta son pied droit le long de la jambe du blond face à lui. Sa façon de le punir. Le jeune homme sursauta à ce contact imprévu, mais plus qu'agréable. Il releva la tête et se mit à rougir violemment quand son regard croisa celui de son vis à vis. Ces yeux avaient le dont de le faire fondre sur place.

- Vas... Vas faire la vaisselle, réussit à articuler le pion sans lâcher le regard de son ami.

- Mais Sanzoooooooooo... gémit le môme.

- C'est quand même pas difficile de laver une assiette, reprit le brun qui tenait toujours le produit vaisselle et l'éponge dans ses mains.

- Hakkaiiiiiiiiiiiiiii...

Le gamin leva alors sur son aîné un regard où semblait briller deux petites étoiles. Il avait l'air sur le point de fondre en larme dans les bras du jeune homme qui se tenait face à lui.

Hakkai poussa un soupir de découragement face à ce spectacle. Jamais il n'aurait la volonté de résister à un mioche en larmes. Et le regard que le petit lui lançait... Ce n'était pas humain. Un robot n'aurait pas su y résister ! Il posa l'éponge dans la bassine et la mit dans les mains de son ami avec fermeté. Le petit allait fondre en larme.

Le brun retourna dans la tente et en ressortit immédiatement avec une nouvelle éponge à la main.

- Allez, je viens avec toi...

- Hakkai, Hakkai, Hakkai, marmonna Gojyo en secouant la tête, les yeux mi-clos. Tu n'as aucune volonté propre mon pauvre...

Les deux bruns quittèrent le campement, laissant les deux amants seuls. Le rouquin reposa ses cartes sur la table et se leva doucement. Il se dirigea à pas de loup vers le blond. Le jeune homme le regarda faire sans rien dire, un vague sourire flottant sur ses lèvres.

Gojyo se trouva enfin face à son ami. Il passa une jambe par dessus celle de son pion et s'assit à califourchon sur lui. Il se pencha en avant, toujours sans un mot, et lui déroba ses lévres pour un doux baiser. Sanzo monta une de ses mains le long du dos de son ami et la posa sur sa nuque, où ses doigts se mirent à jouer avec ses longs cheveux rouges. De son autre main il l'attira un peu plus à lui afin d'approfondi son baiser.

Gojyo se dégagea de l'étreinte de celui qu'il aimait plus que tout au monde et se releva, créant un gémissement de protestation de la part du beau pion. Il tendit une main à son ami. Sanzo y déposa délicatement la sienne. Elle était fine et blanche. Une vraie beauté.

Sanzo se sentit tirer en avant et il se retrouva dans les bras de Gojyo qui passait une main autour de sa hanche pour le tenir un peu plus près de lui.

- Où veux-tu m'emmener?

- Les douches doivent encore être vides à l'heure qu'il est... Cela te tente ?

- Je n'ai pas besoin de prendre de douche ! répliqua Sanzo en prenant une mine boudeuse.

Gojyo sourit en passant une main attendrie sur les lèvres pincées du pion. Elles étaient si rouge... Elles contrastaient violemment avec le reste de son visage au teint si pale. Il était si bien là, son pion boudeur dans ses bras. Lui seul avait le droit à cette petite mine d'enfant vexé, ou encore à ces petits sourires qui venaient de temps à autre éclairer son visage. Il se sentait comme privilégié et il aimait ce privilège.

Discrètement, sans lâcher le regard du pion une seule seconde, il attrapa le verre de jus d'orange qui traînait malencontreusement sur la table à ce moment là. Il sourit au pion et renversa son verre sur sa tête tout en se reculant pour ne pas être mouillé. Le jeune homme se recula d'un bond en râlant, du jus d'orange coulant sur ses beaux cheveux blonds et le haut de son tee-shirt blanc lui collant à la peau.

- Non, mais ça va pas toi !

Gojyo reposa le verre et s'approcha de lui. Il attrapa rapidement son amour qui risquait de s'enfuir à tout moment. Il passa ses bras autour de sa hanche et le teint fermement collé contre lui.

Il posa ses lèvres sa joue fraîche avant d'y passer un léger coup de langue. Sa peau avait goût d'orange. C'était sucré, frais, un délice. Il captura de nouveau les lèvres du pion et recula son visage. Il plongea son regard carmin dans celui améthyste qui s'offrait à lui.

- Maintenant, je pense que tu as vraiment besoin d'une douche.

Sans attendre de réponse, Gojyo entraîna le pion vers le bloque sanitaire le plus proche. Le grand bâtiment blanc se trouvait à deux cent mètres de leur emplacement de camping. Comme l'avait prévu le jeune homme, il était encore vide à cette heure ci. Il ouvrit violemment la première porte qu'il vit et s'engouffra dans la cabine avec son pion.

Le blond cola violemment son ami contre le mur et s'approcha de son oreille.

- Je t'aime Gojyo...

- Moi aussi mon beau... je t'aime plus que tout.


Sanzo se réveilla. La fenêtre laissait passer la lumière du soleil qui venait balayer son visage et celui qui partageait son lit. Il resta sans bouger dans le lit, le corps chaud du kappa encore collé au sien. Doucement, en bougeant le moins possible pour ne pas trop faire bouger le lit, il se rapprocha du corps de son ami qui devait encore dormir. Il posa sa tête sur son torse et ferma les yeux. Il se laissa bercer par le rythme léger de la respiration de son amant qui faisait monter et descendre son torse à intervalles réguliers.

Ses pensées se mirent à divaguer, comme souvent le matin. Il se sentait tellement bien dans ses bras si forts... Il aurait aimé ne plus avoir à en bouger, jamais. Pourtant il savait que Gojyo ne tarderait pas à se réveiller, et tout serait fini, du moins pour cette nuit.

Un soupir se coinça dans sa poitrine. Avant Gojyo restait toujours au lit avec lui avant de se lever. Ils restaient dans les bras l'un de l'autre sans parler. C'était toujours lui, Sanzo, qui se levait le premier. Il n'aimait pas tellement perdre du temps au lit.

Mais depuis quelques jours, le rouquin se levait toujours le premier. Dés qu'il ouvrait les yeux il se levait sans faire attention à son ami. Il attrapait rapidement ses vêtements et sortait de la chambre sans un regard pour le blond.

Il retint un nouveau soupir tout en se blottissant un peu plus contre le corps de son amant. Il avait tellement besoin de lui, pourquoi le laissait-il toujours seul ?

Oui, Sanzo avait besoin de quelqu'un. Lui, le moine solitaire avait besoin de la chaleur que dégageait le corps de Gojyo. Il s'était pourtant promi de ne jamais dépendre de quelqu'un...

Le bonze sursauta. Ne venait-il pas de sentir le corps du rouquin bouger contre lui ? Serait-il déjà en train de se réveiller ? Non pas maintenant, pas si tôt.

" Encore quelques minutes mon amour je t'en prie..."

Comme tous les matins, Gojyo voulut se lever. Mais cette fois-ci Sanzo n'était pas d'accord. Il resta allongé sur son ami, appuyant de tout son poids sur son torse pour l'empêcher de se lever.


Gojyo ouvrit les yeux. Il lui fallut quelques minutes avant de se reconnecter avec la réalité. Il était dans la chambre du bonze et son ami dormait encore contre lui. Il avait poser sa tête sur son torse. Sa peau était si douce...

Le cœur du rouquin s'emballa. Non, il ne fallait pas qu'il reste dans ce lit. Il fallait qu'il en sorte, qu'il quitte cette chambre. Jamais il ne pourrait rester si près de son amour sans lui crier tout ce qu'il avait sur le cœur. Il l'aimait tellement... Cette situation allait finir par le rendre fou.

Il voulut se lever, comme il le faisait tous les matins, avant qu'il ne se penche pour l'embrasser, mais il sentit le moine qui tentait de l'en empêcher. Voilà qui était nouveau. Jamais il n'avait fait ça auparavant.

Timidement, il glissa un bras autour de la hanche de son beau blond. Le bonze fut surpris de le sentir trembler. Ca ne lui ressemblait pas !

- Go... Gojyo...

- Sanzo... Bonjour... Bien dormi ?

Le rouquin ne savait pas vraiment quoi dire. Il ne s'était pas vraiment préparé à lui parler.

- Oui...

- Sanzo...

Il leva une main vers les cheveux du moine et les caressa pendant quelques secondes. Il se leva d'un bond. Les paroles que lui avait dit le bonze au début de leur histoire tournaient dans sa tête. " Jamais tu ne seras capable d'aimer. Et ça tombe bien, je ne veux pas de ton amour. Moi non plus je ne suis pas capable d'aimer."

- Ne te sauve pas encore, ordonna le blond sur un ton plus sévère qu'il ne l'aurait voulu.

- Sanzo je n'en veux plus. Tu ne comprends pas. Tu ne comprends rien.

- De quoi tu parles ? Qu'est ce que je ne peux pas comprendre ?

- De nous. de ça...

Il ne pouvait pas lui dire. Les mots restaient coincés au fond de sa gorge. S'il lui disait il le perdait. Il aurait tellement aimé lui dire pourtant ces trois petits mots qui lui nouaient la gorge et qui lui faisaient comme une boule au creux de l'estomac.

- Tu veux... Qu'on arrête ?

- Ca serait peut-être mieux !

NON ! Ce n'est pas ça qu'il avait voulu dire ! Pas ça du tout même ! Il voulait juste lui dire qu'il l'aimait. Être si prés de lui sans pouvoir le lui avouer le rendait dingue.

- Pourquoi ? Je ne suis peut-être pas un coup assez bien pour le grand Sha Gojyo ! T'en as peut-être marre des mecs, tu veux retourner auprès des nanas ?!

- Ouais voilà, t'as mis dans le mille. Allez à tout à l'heure, il doit bien y avoir une ou deux filles qui seront folles de mon corps dans cette auberge.

Le blond leva des yeux brûlants de rage sur son ami. Jamais il n'aurait pensé ça de lui! Il rejeta la couverture et attrapa son pantalon noir. Il l"enfila sous le regard interrogateur du rouquin qui restait planté là, sans rien dire.

Quand il vit son amour sortir vers la porte son cerveau se remit à fonctionner normalement. Il fallait qu'il l'arrête. Si Sanzo sortait tout était perdu., Pourtant, le moine sortit avant qu'il n'est eu le temps d'ouvrir le bouche.

Quand Gojyo entendit la porte de la chambre claquer, il ne put rien faire d'autre que de s'effondrer sur le lit. Pourquoi n'avait-il pas fermé sa grande gueule et tout simplement profité du moment présent ?

Dans le couloir, Sanzo s'écroulait silencieusement contre la porte close. Il cola sa tête contre le battant de bois et soupira enfin. Mais maintenant, c'était les larmes qui menaçait de le submerger. Il aurait dû le laisser partir comme il en avait pris l'habitude.


à suivre...