Voilà la deuxième partie de l'épisode du manga. Bonne lecture


Chapitre 4 : le repas

Les filles avaient fini par revenir, pour le plus grand malheur de Sanzo qui se serait très bien vu partir en compagnie de ses "compagnons de route". Aujourd'hui il n'avait pas le cœur à les appeler ses serviteurs. Mais ils n'étaient pas partis et ces fichues filles étaient revenues. Elles étaient venues le chercher dans sa chambre. Il était tranquillement assis à la fenêtre en train de se fumer une cigarette qu'il venait d'aller acheter quand la plus vieille avait frappé à la porte. Il l'avait autorisée à entrer en utilisant son ton le plus froid possible et l'avait regardée comme s'il s'agissait d'un insecte répugnant et non d'une belle jeune fille. Ce qui l'attira tout de suite chez elle fut son regard. Elle semblait triste, perdue, même si son sourire tentait de masquer son air abattu. Elle avait l'air pris au piège de quelque chose qu'elle ne pouvait contrôler.

Elle lui avait demandé de le suivre pour aller rejoindre leurs amis dans la salle du restaurant de l'auberge. Il n'avait pas été en mesure de refuser face à son regard qui, d'une certaine manière, lui rappelait le sien quand il se regardait dans une glace le matin ces derniers jours. Il l'avait donc suivit sans rien dire, avec un simple hochement de tête.

Ils avaient rejoint leurs amis qui les attendaient autour d'une table ronde mise un peu en retrait par rapport aux autres clients de l'établissement.

Ils avaient commencé leur repas dans un calme relatif, troublé par les bruits de mastication de leur singe national. Il ne fallu pas plus de deux minutes au moine pour se rendre compte que quelque chose changeait par rapport à leur repas habituel. Gojyo. Gojyo et le saru ne se battaient pas pour avoir de la nourriture. Non. Le rouquin était tranquillement assis sur sa chaise et faisait les yeux doux à la fille qui se trouvait face à lui. C'était encore cette peste au décolleté si impressionnant. Gojyo avait entamé sa fameuse technique d'approche destinée aux jolies filles. Il la draguait ouvertement sans aucune considération pour le moine. A se rythme là il allait finir par obtenir ce qu'il désirait : ils allaient finir par coucher ensemble ! Et lui, bah ça lui faisait mal, même s'il aurait préféré se jeter du toit de l'auberge plutôt que de se l'avouer.

Le moine se mit à grignoter, sans trop en avoir conscience, le peu de nourriture qui se trouvait dans son assiette. Il n'avait pas faim. Le spectacle qui s'offrait à lui avait le don de lui couper littéralement l'appétit. Gojyo, non content de draguer la jeune fille, poussait le sadisme à son maximum en lançant de temps à autre des petits coups d'œil discrets en direction du bonze afin de s'assurer que ce dernier le regardait bien faire. Sanzo faisait mine de ne rien remarquer à son manège, mais son cœur se serrait. Il se devait de rester impassible, comme il en avait l'habitude, ces cheveux blonds venant cacher son regard meurtrier.

Goku se resservit une nouvelle fois en nourriture. Ce gamin ne savait décidément pas se tenir, même en compagnie de nanas il fallait qu'il mange comme un porc.

- Alors comme ça vous êtes quatre sœurs ? demanda Goku en avalant le contenu de son assiette comme s'il s'agissait du dernier repas qu'il aurait à faire dans sa vie.

Sanzo laissa retomber ses bras le long de son corps. Bien évidement, les voyageurs savaient déjà que ces jeunes filles étaient sœurs, mais c'était une façon comme une autre d'entamer la conversation.

- Oui, répondit la plus jeune des quatre. Et nous sommes très proche les unes des autres.

Le moine regarda son assiette en silence. Mais bien sûr. C'était les meilleurs amies du monde et elles étaient toujours prêtes à s'entraider ! Pffiou n'importe quoi ces nanas. En attendant cette petite se la jouait solo là ! Mais quand arrêterait-elle de faire les yeux doux au singe ?

- Alors si j'ai bien compris vous êtes des explorateurs, des voyageurs ?

Bien... Elle comprenait vite ! Elle était vraiment très intelligente cette gonze !

C'était la jeune fille vêtue d'un habit traditionnel de la région, qui venait de parler. Hakkai l'avait tout de suite remarqué d'après ce qu'avait pu en voir le bonze. Ces filles allaient-elles lui prendre tous ses pseudo-amis?

- Euh, oui, on peut le dire. C'est un peu tous les jours les vacances !

Non mais où avait-il vu que c'étaient les vacances de voyager vers l'ouest lui ! Il n'allait pas si mettre lui aussi à jouer les imbéciles ?

Sanzo se tourna vers Gojyo qui semblait être en train de faire du pied à la jeune fille qu'il draguait.

"Gojyo, non ! Ne la regarde pas avec ses yeux là je t'en pris. Ce regard tu devrais le garder uniquement pour moi !"

- Mais parfois il doit vous arriver de vous retrouver dans des situations dangereuses ?

Oh, mais ce que cette jeune fille était également douée de parole dite moi !

- Ah que oui, répondit le rouquin à sa jeune beauté, c'est pas la joie tous les jours...

Sanzo se déconnecta totalement de la conversation. Les yeux de la femme face à lui l'intriguaient au plus haut point. C'était l'aînée des quatre sœurs. Elle était belle. Mais Sanzo jugeait qu'elle l'aurait été d'avantage si ces yeux avaient exprimé de la joie. Elle aurait pu sourire, comme savait si bien le faire ses trois jeunes sœurs, même si c'était uniquement pour donner le change, mais elle ne le faisait pas, ne prenant même pas la peine masquer sa détresse.

- Sans compter quand les monstres nous attaquent, continua le saru en mangeant.

La tristesse qui émanait du regard de la femme s'intensifia. Et cette tristesse semblait être communicative, car le moine pu soudain la retrouver dans chacun des regards des quatre sœurs. Et dire que les autres ne se rendaient compte de rien. Il fallait pourtant être aveugle pour ignorer ces appels à l'aide silencieux.

Ces filles seraient-elles des... ?

- Cette taverne n'a pas l'air de te plaire ?

L'aînée parlait enfin ! Elle n'était donc pas muette ? Bien... Miracle ? Plutôt malédiction. Sur le moment, Sanzo la vit telle une araignée face à sa proie, le regard de chien battu en plus.

- J'ai pourtant entendu dire que c'était la meilleure de toute la ville !

Sa voix qui se voulait douce, cette manie de vouloir le mettre à l'aise, en confiance, ce regard... C'était mauvais. Etait-ce un piège ?

Un ange passa au dessus de la table. Gojyo lança un regard noir au bonze. Ce fichu moine caractériel ne pouvait-il donc pas se montrer gentil rien qu'une fois dans sa vie ?

Le dit moine remarqua le regard de son ancien amant. Il lui fit mal. Non, pas maintenant, il fallait qu'il se concentre sur la possibilité d'un piège et non sur la possibilité de se retrouver de nouveau dans ses bras !

- Excusez moi...

Le moine se leva et sortit de la pièce sans attendre de réponse.

L'air frais de l'extérieur lui fit du bien. Il lui remettait les idées au clair. Ces femmes étaient-elles vraiment des dé... ? Non, ce n'était pas possible, il l'aurait ressenti. Et si elles étaient vraiment ce qu'il pensait alors pourquoi n'avaient-elles pas perdu l'esprit comme les autres de leurs races ?

- Hé, toi !

Le moine se tourna vers l'origine de la voix. Il voulait réfléchir, et pour ça il devait être seul ! Quel imbécile pouvait avoir envie de l'interrompre au risque d'y perdre la vie ?

- Gojyo...

Mais bien sûr. Qui d'autre aurait put être assez fou pour tenter de l'approcher ?

- Que me veux-tu ? demanda froidement le moine.

- Tu pourrais être un peu plus serviable avec ces demoiselles. Elles nous ont tout de même conduit jusqu'à la ville, nous ont trouvé une auberge et nous ont invité à dîner ! Et toi, la seule chose que tu trouves à faire pour les remercier c'est de te casser de table en plein repas ! Franchement tu...

- Je quoi ? Avoues, la seule chose qui te dérange dans tout ça c'est que tu ne peux pas draguer comme tu le voudrais !

- Tu n'es qu'un... Qu'un pauvre moine frustré. Jamais personne ne voudra de toi tu es trop, trop...

- Trop ? Trop quoi ? Vas-y, finis ta phrase. vas jusqu'au bout de ta pensée Gojyo ! Un peu de courage kappa !

- Trop coincé, trop froid, trop nul au plumard ! Voila ! C'est ce que tu voulais entendre ?

Sanzo reçut la dernière phrase de Gojyo en plein cœur. Mauvais au plumard, froid, coincé ? C'est donc pour ça qu'il l'avait jeté ?

Le moine se ressaisit vite. Le kappa n'eu même pas le temps de voir la tristesse voilée son regard que son masque d'indifférence à tout avait reprit sa place sur son beau visage pâle.

- Tu n'as jamais rien compris ! Tu m'as toujours poussé à dire des choses que je ne pensais pas... murmura le rouquin si bas que le moine ne l'entendit pas.

- Tu disais ? J'ai du mal à comprendre quand tu marmonnes !

- Tu ne vois donc pas que je... Que je... bredouilla Gojyo. Que je t'aime ?

Le moine fut déstabilisé pendant quelques secondes...

"Tu m'aimes ? pensa-t-il furtivement. Vraiment Gojyo, tu penses ce que tu dis ?"

Avant de se ressaisir une nouvelle fois. Il plongea son regard froid dans celui de feu de son "ami".

- Vraiment ?

"Mais qu'est ce qu'il m'a pris de lui dire ça ? Mais pourquoi ai-je dis ça ?"

Face à ce regard froid, le rouquin regrettait ses mots qui avait franchi ses lèvres contre sa volonté.

- Bien sur que non. Qui pourrait jamais t'aimer pauvre moine dépravé ?

Un lourd silence s'installa sur les deux hommes. Gojyo ne savait plus quoi faire ni quoi dire pour rattraper sa connerie. Il n'aurait jamais dû dire ça. Jamais. Mais avait-il rêvé ou était ce vraiment de la douleur et de la tristesse qui venaient de traverser le regard de son bonze ?

Hakkai arriva à la porte de la porte. Il dévisagea rapidement ses deux amis qui se tenaient l'un en face de l'autre. Ils venaient encore de se prendre la tête non ?

- Allons les gars, on se calme. Je vous rappelle qu'une très charmante compagnie nous attend à l'intérieur. Allez, retournons à table...

Le moine hocha rapidement la tête. Il passa devant le rouquin sans lever la tête et s'engouffra dans la chaleur de la taverne sans un seul regard pour le brun qui lui avait bien sauvé la mise au final. Si Hakkai n'était pas venu... Oui, s'il n'était pas venu il aurait sortit son flingue et peutêtre que pour une fois il n'aurait pas raté sa cible. Oui, peutêtre aurait-il flingué son rouquin rien que pour se détendre. Pour ne plus le voir jouer les jolis cœurs auprès de cette fille...

Quand le moine fut entré dans l'auberge, Hakkai se tourna vers son ami qui lui tournait toujours la dos.

- Tu vas m'expliquer ce qui s'est passé ou...

Le rouquin se tourna vers son ami et plongea son regard dans le sien. Il sourit et entra dans l'auberge à son tour. Un sourire triste, pâle copie de ceux qu'il lui adresse en temps normal. Le brun poussa un soupir et le suivit à l'intérieur.


à suivre...

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