Orgueil et Sentiments
Chapitre sept : Révolte
« Une part de notre âme finit toujours par se révolter. » Marik Ishtar
Les employés de la Kaiba Corporation sont très gentils avec moi. Surtout la réceptionniste. Tout le monde doit savoir que je suis dans la même école que les Kaiba. Même Domyouji l'un des chauffeurs m'a gentiment proposé de venir me chercher les jours de tutorat sans que sempai ne le sache. Mais j'ai refusé : j'aurais trop peur qu'il se fasse prendre et punir à cause de moi.
J'ai été heureuse de parler avec Yugi et j'essaye de me souvenir de tout ce qu'il m'a dit tandis que je pousse le bouton du dernier étage. J'espère vraiment que Kaiba est de bonne humeur aujourd'hui. En général quand je sors de chez lui je suis à bout de nerfs mais ça ne dure pas. Je sais bien que Yugi a raison. Je l'ai toujours sentit. Il y a quelque chose de plus derrière ce visage polaire au regard méfiant.
Je crois que c'est parce que mon frère lui en veut autant que j'ai envie de le comprendre. Je sens bien que malgré ses paroles, Joey a un profond respect pour Kaiba au moins en tant que duelliste. Kaiba est vraiment une énigme et la curiosité me pousse à savoir. J'ai demandé à Tristan ce qu'il savait de Kaiba et j'ai à peu prés saisi qu'il avait été tyrannisé par son père adoptif. Je comprends mieux son attachement à Mokuba. Un peu comme mon frère à cause de notre père. Finalement Joey et Kaiba se ressemblent bien plus qu'ils ne veulent l'admettre.
Mais je n'ai plus le temps d'y penser et j'entends déjà la voix de Kaiba dans le bureau. Les choses me seraient bien plus simple s'il n'était pas aussi ...
Serenity attendit visiblement nerveuse à la porte du bureau du président de la Kaiba Corporation.
« Tu comptes rester planté là combien de temps ? » demanda abruptement le jeune homme aux cheveux bruns.
« Bonjour à toi aussi sempai ! » fit Serenity sèchement.
Visiblement Kaiba était d'une humeur massacrante.
« Je ne suis pas ton frère et tu es dans mon bureau ! Tu seras prié de me témoigner un peu de respect sinon tu peux ressortir immédiatement. Pour ce que ça changera au niveau de tes notes. »
Serenity ferma un instant les yeux puis s'avança vers Seto en lui collant à la figure une feuille de papier. Silencieusement et avec un grand effort, la jolie jeune fille retourna à sa table et s'y installa ne quittant pas des yeux Kaiba.
Cette fois-ci Seto fut surpris. Cela faisait des jours et des jours qu'il l'ennuyait sans qu'elle ne réplique un mot et voilà qu'elle lui collait une page en pleine tête ? Il jeta un regard dangereux sur le visage de porcelaine qui avait du mal à contenir sa fureur et un mince sourire se dessina sur son visage.
La feuille était le dernier devoir d'anglais de Serenity et la note y était maximale, avec en prime un commentaire du professeur sur les nets progrès de la jeune fille.
« Je pense que tu pourrais me remercier non ? » fit Seto, toujours de net mauvaise humeur, en s'approchant de Serenity.
« C'est uniquement parce que j'y ai travaillé ! » fit-elle en se levant et se retrouvant nez à nez avec lui.
C'était tout le contraire de ce qui avait été prévu avec Yugi. Il ne fallait pas s'énerver, il ne fallait pas lui donner cette satisfaction.
Kaiba croisa les bras et ses yeux bleus étincelants laissèrent percer une nette arrogance.
« Tu refuses d'admettre que c'est grâce à moi ? »
Serenity pâlit le germent. Elle n'avait pas l'habitude qu'on lui crie dessus. Et il ne fallait pas. Elle savait très bien où il l'entraînait. Rassemblant toute ses forces, elle tâcha de se calmer.
« Je n'ai pas dit ça sempai mais tu t'occupes si peu de moi que j'ai l'impression d'être abandonnée. C'est juste quatre heures dans la semaine après tout. »
Kaiba fut surpris. Les mots sonnaient faux et le tremblement de son corps n'allait pas du tout avec la fragile et gracile voix qu'elle avait. Presque implorante.
« Quatre heures de trop. » ne put-il s'empêcher de lui dire sèchement
Serenity releva lentement son visage vers Kaiba avec un air triste et celui- ci, pour la première fois se sentit gêné. Il détourna son attention sur le dos de son ordinateur comme s'il réfléchissait.
« Je ne pensais pas…si tu veux j'irais voir Monsieur Kataro. Nous changerons les groupes d'études et. »
« Mon Dieu tu es aussi stupide que ton frère si ce n'est plus ! »
Serenity sursauta. Kaiba fit un pas de nouveau vers elle et son regard polaire avait quitté l'ordinateur. Il avait reprit un total contrôle.
« Penses-tu réelment que je suis sévère uniquement parce que c'est toi ? Mais le monde ne tourne certainement pas autour de Serenity Wheeler tu le sais au moins ? Je serais toujours comme ça avec celui qu'on m'assignera et ce quel qu'il soit. Tu n'as pas droit à un traitement de faveur ! Vous m'ennuyez tous avec vos histoires de tutorat ! »
Ca faisait du bien. Mais la pauvre petite m'avait presque fait pitié tout à l'heure et il fallait qu'elle paye. C'est donc avec un plaisir non dissimulé que je vis deux gouttes d'eau perler au coin de ses yeux. Elle était si « rose bonbon ». Je n'avais dit que l'exacte vérité. Elle se pensait persécuter alors que au contraire, j'avais été nettement plus coulant avec elle que je ne l'aurais été avec un autre. Qu'on ne se méprenne pas : j'avais été moins sévère avec elle non pas par affection ou autre bêtise de ce genre. Si je l'avais été c'est parce que je pensais tout simplement qu'elle n'était pas apte à l'encaisser. Elle avait un air trop fragile, trop aérien. J'avoue en tirer un mince sentiment de satisfaction. Par rapport à sa note d'anglais j'entends bien. Revoir toute les règles de grammaire lui a été bénéfique.
« Je suis désolée. »
Sa voix avait parfois des intonations hypnotisantes.
« D'être si ennuyeuse pour toi. »
Cela sonnait comme une excuse et une légère accusation aussi. Kaiba fronça les sourcils et étendit son bras sur le mur de sorte à avoir Serenity quasi collée à lui, coincé entre son corps et le mur. Il l'obligea à le regarder en relevant son menton. Visiblement elle était effrayée.
« Tu n'écoutes pas ce que je dis ? Je parle dans le vide maintenant ? » fit- il dans un murmure parfaitement audible pour elle.
Serenity rougit. Le parfum entêtant de Kaiba provoquait une étrange alchimie en elle. Ses yeux si bleus qu'ils étaient difficilement soutenables. Avec ses simples yeux noisettes elle ne devait pas faire le poids se disait- elle. Il était bien trop grand pour elle. La jeune fille ferma un bref instant les yeux mais contrairement à ce que pensait Kaiba, ce n'était pas par frayeur mais pour essayer de se soustraire à son magnétisme. C'était la première fois qu'elle était autant attirée par un garçon. Mais ça ne servait à rien de fermer les yeux. Le parfum était là, son souffle caressant sa joue et même la pensée qu'il s'agissait du garçon le plus arrogant, froid et insensible de la ville n'arrêtait pas son propre corps de répondre à la pression. Elle ne pouvait pas le regarder et Kaiba pensa subitement qu'elle devait réelment avoir peur de lui. Il s'éloigna de quelques pas et roula des yeux exaspérés. Franchement il n'y avait pas de quoi avoir l'air aussi confuse tout de même.
« Quel est le texte que tu dois étudier en Littérature ? » demanda-t-il calmement et en retournant à son bureau.
Serenity, la main sur le coeur fixait encore le sol.
« Raisons et Sentiments de Jane Austen. » répondit-elle d'une petite voix en se laissant tomber sur le siège.
« Un navet » commenta Kaiba « Enfin.là je ne peux pas.mais prépare la prochaine fois un compte-rendu de lecture. »
Serenity ramassa ses affaires et partit en courant sans un mot, renversant pratiquement Mokuba qui entrait à ce moment là.
« Quelque chose ne va pas grand frère ? Serene n'avait pas l'air dans son assiette. Tu ne lui as pas fait peur au moins ? »
Mokuba jeta un regard accusateur sur son frère et Seto haussa les épaules mais eu du mal à se concentrer ce jour-là. Les états d'âmes d'une gamine ne le concernaient pas.
