Orgueil et sentiments
Chapitre vingt-sept : Longue est la route.
« Surtout quand il fait chaud » Yugi Mutou
Yugi se retourna vers Mokuba et lui tendit la main pour l'aider à gravir les quelques mètres de colline qui restaient.
« Courage Mokuba. Nous en sommes déjà à la moitié du chemin. »
Le petit garçon aux cheveux coiffés en épis souffla un peu sous l'effort et acquiesça douloureusement. Tout ceci devenait pénible. Il se faisait du souci pour Mokuba qui commençait à vraiment donner des signes de fatigues. Yugi regarda le but qu'ils s'étaient fixés: la haute tour de pierre. Une tour donc un habitat. Et quelle que soit les personnes qu'ils y trouveraient, ils auraient un point d'ancrage.
« J'espère que les autres vont bien. » fit interieurment Yugi
« Il faut d'abord s'occuper de Mokuba. Il a l'air de ne pas tenir. » répondit l'esprit du puzzle.
« Mokuba? » demanda à haute voix Yugi d'un air préoccupé « Ca va aller? »
L'enfant releva un regard vide sur Yugi. Un bruit de ventre se fit entendre et Yugi réalisa alors qu'ils n'avaient pas manger depuis un bon moment.
« On va s'en sortir Mokuba. Fais moi confiance. »
Un sourire confiant se forma sur les lèvres de celui qui était devenu Yami Yugi. Mokuba acquiesça silencieusement: il n'avait plus la force de trop parler.
Ou était son frère à l'heure actuelle? En tout cas il avait du réussir ses duels. Seto n'en ratait jamais aucun. Comme il regrettait son manoir. Marie lui préparerait un bon sandwich à la crème de haricot rouge (1).
Mokuba délirait sur des bons plats de ramen lorsqu'il buta sur Yami Yugi.
« Qu'est-ce qu'il y a… »
Mokuba ouvrit la bouche effaré parce qu'il avait devant lui. Lui et Yami Yugi se tenait devant un vide impressionnant. Le gouffre s'étendant devant eux était vertigineux. Le seul lien entre les deux falaises résidait en un simple pont de lianes tressés. Certains endroits s'effilochaient déjà.
« On va pas devoir…? »
« J'ai bien peur que ce soit l'unique solution Mokuba. » fit sombrement Yami Yugi.
« Euh…vraiment? » fit interieurment la voix timide de Yugi.
« Nous n'avons pas le choix. Faire le tour pourrait nous prendre des jours et le temps nous ai comptés. Mokuba tu penses…? »
Mais Yami Yugi ne termine pas. Il eut un sourire en voyant la détermination de Mokuba qui s'approchait déjà, prêt, pour la traversée périlleuse.
« Ton frère serait fier de toi Mokuba. »
Ces quelques paroles semblèrent eveiller dans le jeune garçon un courage sans bornes.
« Merci Yugi. Ou qui que tu sois. »
L'esprit du puzzle se contenta de rire doucement.
Un pied puis l'autre. Lentement avec précision. Les deux mains solidement agrippés des deux cotés. La chaleur rendait les gestes moites et pesant. Le souffla rauque, Mokuba avança, sa main empoignant les cordes rêches. Lentement, la peur au ventre. Face au vide, les cartes ne pouvaient les aider.
Une odeur sucrée chatouilla le nez des deux garçons tandis qu'un vent léger balayait leurs cheveux.
« Nous y sommes presque Mokuba. Tu te débrouilles bien jusqu'ici. »
Des abeilles au reflet mielleux vinrent ennuyer le jeune Kaiba qui s'agita.
« Attention! » s'écria Yami Yugi.
Le pont tanguait dangereusement d'un coté à l'autre et les deux jeunes personnes s'accrochèrent aux cordes tressées de manière si violente que des stries ensanglantées se formèrent sur leurs mains. Un bruit sec se fit entendre comme du tissu que l'on déchirait.
« Cours! » hurla Yami Yugi.
Et le conseil fut bon. Quelques secondes plus tard les cordes lâchaient et le pont vacilla dans le vide.
Mokuba tourna un visage livide vers son compagnon. Personne. Il n'y avait plus personne derrière lui.
« Yugi. » murmura t'il paniqué et de manière inaudible. « Yugi tu es là? » répéta t'il plus nerveusement.
Des larmes perlèrent dans ses yeux violines.
« Je suis là Mokuba »
Un souffle de soulagement s'échappa de la poitrine de Mokuba qui s'élança face au précipice. Yami Yugi remontait vers lui, suspendue au dessus du vide éternel, grâce aux cordes tressées. Une fois sain et sauf, Mokuba se laissa glisser contre un tronc d'arbre et pleura. Des larmes d'épuisement et de peur. Il n'aimait pas cet endroit. Il voulait retrouver son frère.
« Calme-toi Mokuba. Nous retrouverons Seito. »
Lorsqu'ils arrivèrent à cette maison de pain d'épice, Yami Yugi et Mokuba étaient tout deux couverts d'ecchymoses et de griffures. Cette forêt était plus dense, plus épaisse, plus inhospitalière que celle d'au-delà du pont. Seul l'odeur sucrée qui flottait de manière entêtante parvenait à les revigorer.
Une silhouette fine aux cheveux roses bubble-gum, à la bouche pleine et aux joues rebondies se tenait sur le seuil de la porte sucrée.
Un sourire mielleux aux lèvres se forma et il fit un signe silencieux pour les laisser entrer. Yami Yugi posa une main sur l'épaule de Mokuba et celui-ci sentit tout le poids d'un prochain duel.
« Je suis Gourmandise. Je vous attendais. » se présenta le Pêché, un lueur d'amusement dans ses yeux chocolat.
La couleur caramel de sa peau, la gaufre de ses doigts, l'odeur fruité et même le croustillant nacrée de sa voix, tout était gourmandise chez Gourmandise et invitait à la dégustation.
Gourmandise s'installa avec grâce sur le siège en brioche ce que firent également Mokuba et Yami Yugi.
« Je suis honoré de la présence des deux items du Millénium en ma demeure. » ajouta le Pêché en posant ses cartes sur la table de galantine sucrée.
L'esprit du Millénium fronça les sourcils. Ce n'était pas ainsi que l'on jouait. Quand était-il du duel disque?
« Le duel-disque? » répéta Yami Yugi à haute voix trop surpris pour freiner sa curiosité.
« Oh nous n'en aurons pas besoin. Je n'ai jamais aimé la technologie sauf cas ultime. Le jeu sera simple. Et les créatures apparaîtront en miniature sur la table. »
Mokuba jeta un regard sur le gâteau crémeux qu'il y avait sur la table.
« Mes pâtisseries te plaisent? C'est très bien. »
Des lianes de vanille rampèrent autour des pieds et des mains de Mokuba sans qu'il ne s'en aperçoive au début.
« Mokuba! » s'exclama Yami Yugi en se rendant compte de la situation.
« Rasseyez-vous Mortel. » fit suavement Gourmandise d'une voix guimauve. « Je vais vous expliquer les règles. »
« Relâchez Mokuba! » gronda Yami Yugi.
« Oh mais je ne peux faire ce qu'il vous incombe de faire. »
« Comment ça? »
Un cri déchirant de douleur zébra la tension résidant dans la pièce et Gourmandise sourit avec un amusement non feint devant l'inquiétude présente sur le visage de l'homme qui essayait de couper les liens de Vanille.
« Mokuba! Mokuba! Pourquoi hurles tu? »
« Je suis le seul à pouvoir les défaire. »
« Alors fais-le! »
Mokuba bascula sa tête en arrière brusquement faisant sursauter Yami Yugi. Lorsqu'il rabaissa son regard, celui-ci était vitreux. Le jeune Kaiba prit dans sa main la cuillère d'argent dans un geste fantomatique et le posa de manière moelleuse dans le gâteau crémeux.
« A chaque perte de point, Mokuba mangera une part de cette délicieuse pâtisserie . »
Yami Yugi s'effondra sur sa chaise briochée, impuissant face à la zombification de Mokuba.
« Et ? »
« C'est un gâteau fourré par mes soins. Cœur de ciguë. »
Yami Yugi pâlit.
« Chaque cuillère l'approchera de la mort car le cœur fondant finira par couler. Prêt mortel? C'est l'heure du duel. »
Ainsi c'était là le plan de Gourmandise: le décontenance, le rendre nerveux afin d'affaiblir son jeu. Et que dire si ce n'est que cela fonctionnait? C'est tremblant que Yami Yugi, un œil sur Mokuba constamment, tira ses premières cartes.
Les premiers échanges furent terrifiants. Incapable de se maîtriser, Yami Yugi jouait mal et Mokuba plongeait à plusieurs reprises sa cuillère dans la crème appétissante.
« Et bien jeune mortel. J'aurais cru la partie moins facile. Maître Nécros m'avait pourtant promis un magnifique adversaire. Je suis déçu en vérité. »
Yami Yugi lança un regard noir à son adversaire. L'appellation « Maître Nécros » lui sembla familière une fois de plus.
8000 pts - 560pts
Cela n'était guère bon signe. Il fallait qu'il se calme. Il le fallait s'il voulait y parvenir. Il fallait croire dans le cœur des cartes. Yami Yugi ferma les yeux. La vision d'une salle dorée et d'un trône majestueux se profila devant lui. Le pâle et ravissant visage d'Anzu lui apparut également et le calma legerment. Il devait réussir. Pour Mokuba. Pour Anzu. Pour ses amis. Pour le petit Yugi.
« Ne pas avoir peur. La peur c'est la mort assurée. Je ferais face à ma peur. Je la laisserais passer à travers moi et quand la peur sera partie il ne restera plus que moi. » récita t'il d'une voix étrange.
Une lueur dorée émana du corps de Yami Yugi et lorsqu'il rouvrit les yeux, Gourmandise se tenait à genoux devant lui. Le puissant Pêché posa sa main sur son jeu par deux fois. Signe de soumission. Signe de capitulation. Les lianes de vanille se relâchèrent pour libérer Mokuba et tandis que le poison coulait lentement sur la cuillère, les yeux du jeune Kaiba reprirent leur teinte violine.
« Je me soumets à votre pouvoir Pharaon. Je serais votre fidèle serviteur. »
Yami Yugi fronça les sourcils. Il ne savait pas d'où lui était venu ses paroles. Son collier du Millénium et le Puzzle du Millénium brillaient d'une lueur boréale inhabituelle.
« Mokuba partons. » fit la voix de Yugi.
Mokuba cligna des yeux. Le petit Yugi était revenu.
« L'Esprit est épuisé. » expliqua t'il gêné.
« Il a parlé égyptien. J'en suis sur Yugi. »
Tout deux se levèrent et sans un mot quittèrent la maison maudite.
Gourmandise plissa ses yeux cacao mais ne dit rien laissant le silence filtrer l'air. Il les laissa partir comme si de rien n'était.
« Il est réel ment le Pharaon Orgueil. »
Une lumière blonde et une main altière bougea dans l'ombre.
« Tu es stupide. » cracha la voix hautaine. « Tu aurais pu gagner! »
Orgueil repartit dans l'obscurité pour disparaître.
« Mais j'ai gagné. » murmura Gourmandise, seul dans la pièce embaumant le sucre. « J'ai planté le trouble en son cœur. »
(1) La crème de haricot rouge c'est un peu le nutella pour les Japonais.
Merci aux reviewers et plus particulierment à Angel of Moonlight. C'est vraiment grâce à elle et à sa sœur que j'ai continué cette fic -. Thanks les filles ;).
