Disclaimer Le monde d'Harry Potter appartient à Rowling
Chapitre 2/ Faux, magie noire et premières erreurs…
Au bout d'un mois, Joyce avait repris des couleurs et des rondeurs : elle n'avait plus rien à voir avec la jeune fille pâle et maigre qui était rentrée à Poudlard. Elle avait retrouvé un poids et un teint normal. Elle enleva son gant gauche, mais refusa de retirer celui de sa main droite, prétextant qu'elle gardait une cicatrice affreuse qui la complexait. Devant sa détermination, personne n'essaya de la convaincre de la montrer.
D'un autre côté, Joyce gagna en convivialité. C'était même elle qui souvent animait la table des Gryffondors. Mais elle n'avait établi que des liens superficiels avec ses camarades, même avec Shun. Ils plaisantaient, riaient ensemble, mais Joyce ne se confiait jamais à eux. Elle se faisait plaisir en les entretenant de chose et d'autre mais elle n'avait jamais envisagé de se faire de vrais amis. Après tout, n'avait-elle pas Korée ?
La fillette était lasse de rester toujours cachée et de devoir voler sa nourriture en catimini. Elle donnait de plus en plus l'impression de vouloir rechercher de la compagnie. « ha, non ! » disait toujours Joyce, « ils te mettraient dehors s'il te découvrait ! Sois raisonnable ! »
Pour ce qui était de ses déficiences culturelles, Joyce s'était soigneusement documentée à la bibliothèque, en toute discrétion. Elle connaissait à présent l'histoire de Voldemort et de Harry Potter mais elle était surprise que cette légende locale n'ait jamais traversé la frontière de son pays.
Du côté des cours, c'était moyen-moyen. Autant elle avait des notes excellentes en cours de métamorphose et de sortilèges, autant en potion et en divination elle obtenait des résultats horribles. Dans le cours de Trelawney, elle ne voyait jamais la même chose que sa rivale de prof et dans celui de Rogue, elle tremblait tellement qu'elle répandait ses potions partout. D'ailleurs, ce dernier ne manquait pas une occasion pour lui enlever des points et surtout pour lui donnait des punitions : « Vous avez oubliez le cœur de rat dans votre potion d'Orguè ? Et bien peut-être que faire un exposé sur les origines de sa recette et ses principaux effets vous aiderait à vous en souvenir… » Joyce écopait d'au moins une punition par semaine. Elle battit son record la semaine du 5 décembre, quand elle avait dissout son chaudron pour la cinquième fois et en avait renversé les ingrédients (5 litres de liqueur de limace et sang de chauve-souris environ) sur la cape de Rogue : 50 points en moins et 5 devoirs supplémentaires. Ce jour-là, Joyce comprit que le chiffre 5 ne lui portait pas bonheur, contrairement à ce que lui disait Trelawney. Exaspérée, cette dernière avait fini par dire : « Ma chérie, si vous voulez la note maximale, il vous suffit de me faire, ne serait-ce qu'une seule fois, une prédiction exacte et précise… »
Dans les autres matières, Joyce parvenait cependant à assurer la moyenne.
Joyce n'avait pas digéré sa première rencontre avec le professeur de divination, elle ne songeait qu'à lui prouver qu'elle était plus capable qu'elle en ce qui concernait la lecture de l'avenir !
- Franchement, lui dit Korée, alors qu'elles étaient seules dans la salle d'étude en plein milieu de la nuit, c'est pas Rogue qui t'a le plus humiliée ce jour-là ?
- Heu… certes, mais il a des circonstances atténuantes…
- Lesquelles ?
- Son regard assassin (doublé d'un charisme renversant !)…
La jeune fille possédait un vieil oracle qui ne fonctionnait quasiment pas.
- Il était à ma sœur, commenta-t-elle en l'étalant sur la table, elle l'a complètement démagnétisée… qu'est-ce que je vais pouvoir faire avec ça ?
Korée, flottant au-dessus des chandeliers, roula des yeux machiavéliques :
- Je connais un moyen radical…
Joyce parut effarée :
- Nooon ?
- Siiiiiii !
Elle fit une grimace en joignant les mains :
- Impossible, Korée, n'importe qui peut nous surprendre ici.
- Vas-tu laisser la méchante professeur faire sa loi ? « ma chérie, vous n'arrivez à rien décidément… »
Joyce devint écarlate. Elle se leva, regarda l'heure : deux heures et demi du matin. Elle venait souvent dans cette salle avec Korée pour pouvoir discuter tranquillement. Elle savait que y rester aussi tard n'était pas vu d'un très bon œil mais elle prenait un soin méticuleux à ne réveiller personne.
- Ils dorment tous, souffla la fillette, qui pourrait-te voir ?
Joyce acquiesça d'un air mystérieux et se plaça au milieu de la pièce. Lentement, elle retira son gant. Il n'y avait pas de cicatrice mais un étrange tatouage noir. Un cercle traversé par un éclair serpentant et entouré par des signes représentants tour à tour la lune, le soleil, la terre et l'Hadès, le monde souterrain. Le signe de la terre était en fait un volcan, symbolisant le lien entre le ciel et les profondeurs du monde. Et dans ce cercle, deux mots bien distincts, écrits dans un alphabet inconnu, et qui se lisaient :
- Avada Kedavra !
Une lueur verte entoura Joyce, ses pieds décollèrent du sol tandis que sa main tremblait sous la puissance du sort. Son tatouage vira au rouge sang : une lame le transperça et brusquement, une faux jaillit de la plaie dans un nuage de sang. Joyce la saisit de la main gauche pendant que sa blessure se refermait et que le sang disparaissait comme rosée au soleil.
Korée resta muette, fascinée par l'arme mortelle : le manche en bronze devait faire environ 2m50, le haut de la lame, couleur d'ébène avec des reflets sanguins, dépassait largement Joyce et descendait jusqu'à sa taille dans une courbe plantureuse. Joyce la reprit dans sa main droite et la pointa vers son jeu de cartes :
- Ornare rursus !
Il s'agissait d'un sort de rechargement magique. Les cartes scintillèrent de mille feux en volant dans tous les sens. (Non, je ne parodie pas Sakura…) Enfin, elles reprirent leur place et leur couleur originelle. Mais une carte se détachait du lot : celle de la « Chute ».
- Bon sang ! s'écria Joyce.
La faux se transforma en une volute verte de fumée et réintégra le tatouage. Joyce récupéra son gant et ses cartes et, précédée de Korée, elle courut tout en faisant le moins de bruit possible vers les chambres. La carte lui avait donné un avertissement : quelqu'un avait du l'entendre. Korée s'arrêta à mi-chemin et se cacha au plafond pour épier en silence. Joyce était parvenue à n'éveiller personne et s'était glissée sous ses draps.
Vers six heures du matin, Korée vint la réveiller :
- C'était Rusard, haleta-t-elle, une chance que ce type ne soit qu'un cracmol ! Il n'a rien senti ! Malgré, malgré…
Elle n'eut pas besoin d'expliquer davantage. En pénétrant dans la salle d'étude, Joyce faillit s'évanouir de peur : ça puait la magie noire à plein nez !
- Mais ça ne fait jamais ça d'habitude ! S'exclama-t-elle.
- Parce que « chez nous », rétorqua la fillette, tout est déjà empesté de magie noire. Joyce, si les élèves s'aperçoivent de quoi que ce soit, il suffira que Mcgonagall mette un orteil ici pour qu'elle comprenne que non seulement un sortilège impardonnable a été utilisé, mais qu'en plus il a été joint avec la magie noire la plus vile qui soit !
Joyce passa ses doigts gantés sur son menton en réfléchissant. Mais où s'était-elle encore fourrée ?
- Bravo Korée, grogna-t-elle, merci pour tes judicieux conseils ! Je savais qu'il ne fallait pas utiliser ma faux !
- Hé ! Je propose, tu disposes !
« C'est ça, arrange-toi… »
- Je ne vois qu'une solution, conclut-elle, comme mes cartes ne peuvent plus rien aspirer, je vais sacrifier ma boule de cristal.
Comme Korée levait un sourcil, elle lança :
- Ce ne sera pas une grande perte…
Elle s'en alla en trottinant et revint avec une balle de verre. Effectivement, elle était plus qu'usagée (elle avait aussi appartenu à la grande sœur) et on voyait déjà apparaître des fissures à l'intérieur. Joyce se concentra et récita quelques prières antiques. Un souffle chaud sembla parcourir la salle, en direction de la boule, il s'y engouffra avec langueur. Le vent cessa soudainement. Korée dilata ses narines à fond pour respirer :
- C'est beaucoup mieux !
Joyce sourit en agitant la sphère. Elle se tourna vers la sortie et tomba face à face avec Shun :
- Qu'est-ce que tu faisais ? demanda-t-il d'un regard inquisiteur.
Korée s'était cachée derrière une voûte. Ne sachant ce qu'il avait vu ou entendu, Joyce répondit le plus naturellement du monde :
- Rien, je m'apprête juste à surpasser ma prof préférée…
Shun ne fit aucune remarque à ce sujet. Joyce en conclut qu'il n'avait rien vu. Quant à la boule, elle la cacha au fond de sa valise : lorsqu'elle recevrait l'autorisation d'aller au pré-au-lard (c'est à dire dès que sa grande sœur/tutrice aurait daigné la lui envoyer) elle la jetterait dans la première poubelle venue.
Dans la journée, Joyce sembla être frappée par un coup de génie. Elle se cloîtra dans la bibliothèque après les cours avec la ferme intention d'y rester jusqu'au souper.
- J'ai eu une intuition, dit-elle à un Shun désemparé, prépare-toi, obscur voile de l'avenir, Joyce va te percer !
- … Je ne vois pas en quoi faire une dissertation sur « Causes et effets de la mandragore sur les organismes aquatiques » va t'aider.
- Tu verras en temps voulu.
Shun laissa tomber et fit pencher sa chaise pour se balancer. Il tomba brusquement par-terre.
- Voilà ce qui arrive quand on est maladroit. Marmonna Joyce.
- Un l-lapin ! S'écria son camarade.
La jeune fille sursauta, pivota sur sa chaise et n'eut le temps d'apercevoir que le voile rouge de Korée qui disparaît derrière la porte.
- Ha ! Seigneur dieu ! Hurla Joyce, mais c'est quoi ça !
« Qu'est-ce qu'elle me fait là !»
Ils se levèrent en même temps et poursuivirent l'apparition. En déboulant dans un couloir, Joyce proposa qu'ils prennent chacun une direction. Débarrassée de Shun, elle put retrouver Korée en se fiant à son aura.
La fillette flottait à quelques centimètres du sol avec un air rêveur. Joyce lui sauta dessus et la maintint calée contre le sol :
- Qu'est-ce que tu fais ! T'es devenue DINGUE ?
- C'est que, répondit-elle en rougissant, j'ai rencontré un garçon…
- KOAAAA ?
Figée par la surprise, Joyce la lâcha. Korée s'envola et dessina des cœurs dans les airs :
- Il a les mêmes goûts que moi, on s'entend vachement bien !
Mais Joyce n'était pas au bout de l'horreur, elle atteint certainement un niveau d'exaspération quand elle vit surgir une ombre familière :
- PEEEEEEEVES !
Elle se releva, prit sa tête entre les mains, gémit et cria d'une voix hystérique :
- Mais enfin, Korée, Korée ! On peut lui faire confiance à lui !
- Tu prends du bon temps, alors moi aussi…
- Comment ça ? Je TRAVAILLE, moi !
- A régler tes petits comptes ? Je n'appelle pas ça travailler, Joyce, tu t'AMUSES. Cela te plaît, de triompher des obstacles qu'on met sur ta route ! Serpentarde déguisée, va !
- Tais-toi, on pourrait t'entendre !
Un pétard éclata soudainement devant le visage ahuri de Joyce. Peeves et Korée ricanèrent en chœur. La jeune fille sortit sa baguette d'un air menaçant, l'esprit frappeur et sa toute nouvelle complice s'enfuirent. Joyce se lança furieusement à leur poursuite. Elle les perdit rapidement de vue. Puis d'un coup, elle entendit un bruit sourd suivi d'une chute. « Ils ont du se prendre une porte ! » Pensa-t-elle euphorique. Mais sa joie resta de courte durée : Korée était devant la salle des professeurs, incrustée dans la figure de Rogue. Peeves, quant à lui, se remettait de l'impact, accroupi par-terre…
- Ko… Ko… Bafouilla la jeune fille.
La fillette se décolla du visage du professeur et tomba au sol.
- Ko… Co-mment, comment est-ce possible ? Y a deux esprits frappeurs à Poudlard maintenant ?
Elle s'aperçut alors qu'elle avait sa baguette à la main, elle s'empressa de la ranger.
Le teint de Rogue vira au lait caillé :
- Miss Happer ! Vous connaissez cette chose ?
La « chose » se rétablit d'un coup et s'envola à tire d'ailes. Rogue allait sortir sa baguette mais Joyce, avec une promptitude étonnante, bondit dans ses jambes. Il s'écroula sur elle dans un bruit de craquement d'os.
- Qu'est-ce que vous…
- J'essayais juste, aïe ! D'attraper Peeves ! Ouille !
Effectivement, elle avait bien écrasé Peeves en même temps. Rogue était furieux, il se releva mais le professeur Mcgonagall les rejoignit avant qu'il ait pu commettre l'irréparable.
- Que se passe-t-il ? Demanda-t-elle sévèrement.
Rogue lui répondit avec une voix méprisante :
- Ce n'est qu'une nouvelle bévue de Miss Happer.
Puis se tournant vers Joyce :
- Puisque cela vous amuse de vous rendre utile, que diriez-vous d'un autre travail supplémentaire ? J'ai l'impression que vous n'en avez jamais assez !
Il réfléchit à un nouveau sujet et grogna sourdement :
- Pourquoi pas une dissertation sur les causes et effets de la mandragore sur les organismes aquatique ?
Ca avait marché ! Joyce fixa les feuilles qu'elle avait déjà écrites dans une émotion grandissante : elle avait prévu avec exactitude quelle punition Rogue allait lui donner ! Il ne lui restait plus que de le prouver à Trelawney. Et pour cela, elle avait un plan… Shun était revenu, accompagné de quelques autres gryffondors qui avaient des devoirs à finir.
Joyce tapait tranquillement la table de son stylo quand Korée lui revint brutalement en mémoire. Elle quitta la bibliothèque sous précepte qu'elle avait oublié des cours dans sa chambre et fila vers le toit. Elle sentait la présence de son amie comme un phare en pleine mer.
- Encore bravo ! S'exclama-t-elle en la trouvant auprès d'un vieil hibou, je ne comprendrai jamais comment tu fonctionnes ! Parfois, tu as l'air de quelqu'un de sérieux, voire soucieuse et « mâture » et d'un coup, tu agis comme, comme…
- Une amoureuse, Joyce, mais toi, tu ne comprendras jamais ce que je ressens, MOI !
Joyce gratta sceptiquement son front plissé par l'incrédulité. Korée lui tendit une lettre :
- Elle vient d'arriver, c'est pour toi…
La jeune fille s'en saisit avec appréhension et la décacheta doucement :
« Néréis, plus rien ne va depuis ton départ. Je n'ai pas à te ménager : c'est la débâcle.
Ta jumelle cherche à te retrouver, par tous les moyens. Tu ne dois pas entrer en contact avec elle. Je ne suis pas encore parvenue à la persuader de nous rejoindre. Méfie-toi, elle est encore main dans la main avec notre père.
Evite de faire parler de toi. Ils ont déjà fouiné dans les registres de Poudlard mais comme prévu, ils n'ont pensé qu'à jeter un œil sur ceux de Serpentard pour gagner du temps. A l'heure qu'il est, ils doivent te rechercher en Europe orientale.
Attention, si jamais tu venais à recevoir une lettre de ta sœur ou de notre père, ne pense pas qu'ils t'ont forcément trouvée. Les hiboux sont des animaux habiles, ils peuvent dénicher quelqu'un même sans adresse. Et surtout, ne crois pas un mot de ce qu'on pourrait te raconter. Pas un !
R. »
- Le plus simple, soupira Korée, ça aurait été de changer de nom ! Pourquoi ne l'as-tu pas fait ?
Joyce leva les yeux, dévoilant d'énigmatiques prunelles :
- J'ai déjà changé de nom, Korée, mais j'ai pris celui de ma jumelle. Je me suis déjà à moitié trahie quand j'ai fui ma terre… Je ne voulais pas perdre tout ce qui me restait de celle que j'étais…
Noël arrivait à grand pas. Joyce s'était encore documentée pour savoir exactement en quoi consistait cette coutume.
- Je ne comprends pas, avait-elle dit à Korée alors que celle-ci n'était plus momentanément sur son nuage rose, il y a deux versions. La première c'est que c'est une fête en l'honneur de la naissance d'un type qui a fini crucifié, et l'autre, c'est un vieux barbu (je soupçonne largement Dumbledore) qui distribue des cadeaux pendant toute la nuit !
De son côté, la fillette s'était bel et bien alliée à Peeves pour l'aider dans ses farces. Elle agissait toujours dans l'ombre, ce qui laissait à l'esprit frappeur tout le loisir de se fabriquer un alibi. Rusard était au bord de la crise de nerf, n'arrivant pas à faire face aux évènements. Joyce faisait tout son possible pour essayer de les raisonner mais elle ne parvenait qu'à s'attirer les foudres de Peeves.
Joyce passait tout son temps à la bibliothèque ou dans la salle commune. Travaillant inlassablement sur son auguste projet. Le premier jour des vacances, le château se déserta soudainement. Joyce ne pouvait pas rentrer chez elle mais elle fut soulagée de voir qu'elle n'était pas la seule : Shun et quelques élèves de cinquième année et plus étaient encore là.
Vu le nombre réduit de convives à table, on n'avait préparé qu'une seule table. En entrant dans la salle, Joyce vit avec une indescriptible joie vengeresse (elle en fait pas un peu trop là ?) que le professeur de divination était là. « Les dieux sont avec moi » se dit-elle, « d'habitude on la voit jamais au repas…. » En fait, tous les professeurs, y compris le directeur étaient présents. Tandis qu'elle s'avançait vers la table, elle reconnut deux garçons qu'elle connaît seulement de vue : le fameux Harry Potter et son ami Don, ou Ron, elle ne savait plus.
Elle s'assit tout sourire juste en face de Rogue… Si son visage rayonnait, elle se sentait totalement glacée à l'intérieur: il fallait, ses cartes le lui avaient montré, qu'elle parvienne à faire en sorte que Rogue la punisse pour qu'elle puisse arriver à ses fins. Mais comment y parvenir en présence de Dumbledore ? Rogue oserait-il seulement lui donner une punition devant tout le monde ?
« Pas de souci, il est assez sadique pour… »
Shun, suivi d'une autre fille de la classe, Malicia, s'assit à ses côtés. L'adolescente, dont les cheveux clairs étaient tressés, tourna ses yeux d'amande, serties de lunettes, vers Joyce.
- Il faut que je te parle de…
Mais elle s'arrêta net, craignant la présence de Rogue. En effet, Malicia était obsédée par les points que récoltait sa maison. Elle passait son temps à se lamenter sur ceux que les élèves, en particulier Joyce, perdaient. Pour lui faciliter la tâche, Joyce pencha la tête vers elle.
- Comment on va récupérer les 20 points que tu as perdu juste avant les vacances ? Chuchota Malicia. (Joyce avait éternué dans sa potion de Caliginis et en avait aspergé une fille de Serpentard)
- Haaa…. Fit Joyce en haussant volontairement le ton, tant qu'il existe des cours où les élèves sont tous traités en toute EGALITE, il y a de l'espoir.
Un terrible silence s'ensuivit. Le professeur Mcgonagall semblait choquée, Rogue (qui avait bien compris à qui la remarque s'adressait) réagit promptement :
- Ce n'est pas parce que nous mangeons tous à la même table que vous pouvez vous permettre d'être aussi irrespectueuse ! J'enlève 30 points à Gryffondor !
« Merde… Je l'avais pas prévu ça… »
- Et vous me ferez un compte-rendu sur le traitement du sang de licorne chez les gobelins. Je veux au moins six rouleaux sur mon bureau dès demain matin !
Joyce se leva avec une telle excitation que sa chaise tomba à terre.
- Ca a marché ! Ca a marché ! Jubilait-elle, professeur Trelawney, vous avez bien entendu ?
Le professeur de divination semblait couler dans l'incompréhension la plus totale. Shun et Malicia ne savait plus du tout où se mettre, Harry Potter et son ami restaient médusés. Les autres professeurs eurent un lourd regard de reproches.
- Quand allez-vous cesser de vous conduire comme une élève de première année, Happer ! Glapit Rogue.
Joyce ouvrit son énorme sac et posa sur la table un devoir intitulé « traitement du sang de licorne chez les gobelins » dans un bruit sourd. Rogue regarda avec étonnement le paquet feuille qui trônait devant lui.
- Vous avez vu, dit Joyce en s'adressant à Trelawney, j'y suis arrivée, j'ai fais une VRAI prédiction, vous m'aviez promis la note maximale, vous vous souvenez ?
Rogue repoussa dédaigneusement le devoir en soufflant d'une voix mielleuse :
- Je n'apprécie pas que l'on puisse m'utiliser pour ce genre de sottises. Puisque ce travail est déjà fait, vous m'en ferez un sur l'origine de l'aganima.
Joyce sourit encore plus largement, si c'était possible. Elle sortit un autre tas de parchemins :
- Voilà, professeur…
Rogue devint écarlate, Joyce le devança et les mains en prière :
- Je sais ce que vous allez dire, vous allez me donner un devoir sur l'action des chrysanthèmes fossilisés…
Son sourire s'évanouit complètement :
- Mais là, ce sera moins drôle pour moi, parce que je n'ai pas eu le temps de le faire.
- Et bien, répondit Rogue en reprenant son calme, ce sera pour demain…
- Voyons, Sévérus, dit Dumbledore qui paraissait réellement amusé, vous voyez bien que ce n'était qu'une mise en scène, elle n'a jamais eu l'intention vous injurier.
La jeune fille prit son petit air de chien battu :
- Merci monsieur, mais je crois que je l'ai bien mérité…
Elle prit son sac encore ouvert dans les bras et fit mine de s'en aller dans une démarche défaitiste. Brusquement, elle fit volte-face et jeta une pile de feuilles avec marqué en gros : « l'action des chrysanthèmes fossilisés ». Avant que Rogue ait pu répliquer quoi que ce soit, elle prit ses jambes à son cou, complètement affolée.
En même pas trois secondes, Joyce avait parcouru toute la distance qui la séparait de la grande porte et s'était volatilisée. Tous les convives à table s'observèrent avec un indescriptible sentiment de gêne. Trewlaney, qui ne voulait pas être laissée pour compte, murmura dans une tonalité affirmative :
- Je savais qu'elle ferait des progrès. J'ai bien fait de la stimuler. En effet, sa première prédiction avait été complètement ridicule, mettez-vous à ma place, figurez-vous qu'elle croyait qu'un « lapin » avait ravagé le cours de potion…
Rogue tourna la tête vers sa collègue et de son ton le plus doucereux :
- Vraiment, c'est ce qu'elle a dit ?
Joyce n'eut pas réellement le temps de savourer sa soi-disant victoire. Comme le lui avait fait remarquer Korée, pour parvenir à se jouer de Trelawney, tout ce qu'il lui aura fallu, c'était d'avoir au moins rédigé une soixantaine de pages. A ce stade-là, c'était presque du masochisme. Joyce regretta presque d'avoir gâché tout son temps libre à cette laborieuse entreprise qui risquait en fin de compte de lui attirer des ennuis.
Elle s'était assoupie sur son lit quand Malicia la réveilla, l'air outré :
- Rogue veut te voir immédiatement dans son bureau !
Joyce sursauta, ce n'était pas prévu ça !
Elle descendit péniblement la tour de Gryffondor en s'appuyant contre les murs. A mesure qu'elle avançait vers les sous-sols, elle se sentait prise de nausée et c'est les jambes tremblantes qu'elle parvint devant la sinistre porte. « Quelle piètre Gryffondor je fais… »
Elle frappa et entra sans attendre l'autorisation de Rogue. Réalisant ce qu'elle avait fait, elle se renferma dehors et cogna de nouveau à la porte :
- Arrêtez ce cirque ! Rugit Rogue qui était assis à son bureau.
Elle se glissa fébrilement à l'intérieur, le teint pâle.
- Asseyez-vous ! ordonna-t-il.
Elle s'affaissa dans le fauteuil en face du bureau, la bouche close comme si elle s'apprêtait à vomir.
- Je suppose que vous êtes fière de votre petit jeu. Prononça la voix implacable du professeur. Cependant puisque Dumbledore pense que cela n'avait rien d'insultant, je vais vous entretenir sur un autre sujet.
La jeune fille s'agrippa aux accoudoirs de telle sorte que même un ouragan n'aurait pu la faire lâcher prise.
- Vous vous souvenez de cette créature que nous avions rencontrée en compagnie de Peeves ? C'est elle qui a détruit les échantillons d'aganima le jour de votre arrivée. Votre professeur de divination nous a fait part de votre opinion à ce sujet…
- Je… Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, professeur.
- Je vous avais déjà prévenu de ne pas me prendre pour un imbécile ! Beugla-t-il, vous connaissez cette « enfant », vous nous mentez depuis le début !
Quelqu'un frappa.
- Entrez Rusard, dit Rogue avec une voix plus calme.
Le cracmol entra la mine victorieuse, il tenait une cage à la main où se trouvait…. Korée !
- Joyce, hurla celle-ci, tu m'as vendue ?
- Non ! Répondit la jeune fille en se levant brusquement, idiote ! c'est toi qui viens de nous trahir ! A l'instant, là !
- Comment ça ? Et ce vieux fou, rétorqua-t-elle en désignant Rusard, comment a-t-il su que j'étais sous ton lit !
La fillette crachota et continua toujours aussi furieuse :
- En tout cas, mes félicitations, mademoiselle je-sais-tout : « Moi je peux prévoir avec exactitude le titre de ma prochaine punition, mais les trucs vachement importants, comme ceux que nous vivons à l'instant, là ! Je peux pas ! Vous comprenez, quand je mets le doigt sur un sujet épineux, je ressens comme des palpitations, je peux pas aller plus loin ! » Crétinoïde !
- Et moi, répliqua Joyce, « je suis tellement amoureuse de Peeves que je lui arrange tous ses coups foireux en douce. Ha ! Quelle preuve d'amour ! franchement, je m'épate ! »
Rogue tapa du poing sur le bureau. Les deux accusés se turent et fixèrent leur juge avec frayeur. Un sourire mauvais ornait son visage. « Il doit se réjouir d'avoir retourné la situation, vieux sadique ! J'aurais du aller à Serpentard ! Je suis sure qu'il m'aurait ADOREE si ça avait été le cas… »
- Très bien, dit-il, si ça ne tenait qu'à moi, ce serait le renvoi simple et définitif, mais…
- Attendez, cria Joyce d'une voix chevrotante, tous les élèves ont droit à un animal de compagnie…
- Merci, grogna Korée.
- Et moi, si je l'ai pas montrée à la vue de tous, c'est que je suis très timide.
Rogue caressa son menton d'un air désabusé :
- Timide… Vous vous jouez de deux professeurs devant toute une assemblée. Timide… Vous n'hésitez à m'agresser pour permettre à votre « animal de compagnie »…
- Hé ! Cria Korée.
- … De fuir, et vous êtes timide ! Nous n'avons sans doute pas le même dictionnaire. Je vais vous donner quelques synonymes de votre vrai personnalité : impétueuse, irresponsable, prétentieuse, maladroite et puérile.
- Tout ça en même temps ? Souffla l'intéressée catastrophée.
- Silence !
Mais sachant que de toute façon elle ne pourrait pas tomber plus bas, Joyce reprit la parole :
- Je veux demander au directeur la permission de la garder auprès de moi.
- Le directeur, mademoiselle, répliqua Rogue avec mépris, a autre chose à faire. Il n'a pas de temps à perdre avec vos petites histoires…
- VOUS n'êtes pas le responsable de MA maison, professeur. Lança-t-elle en se penchant vers lui. Techniquement vous…
- JE VOUS PRIERAI DE ME PARLER SUR UN AUTRE TON !
La jeune fille retomba lourdement dans son fauteuil. Son cœur avait fait un bond dans sa poitrine : « y va m'tuer ! »
- J'enlève 20 points à Gryffonfor et vous nettoierez les bassins de l'infirmerie pendant deux mois ! Rugit Rogue de plus en plus furieux, et sans vous aider de la magie ! Quant à ça, Rusard, (il désigna Korée) jetez-la dehors !
Rusard eut un geste vers la porte mais Joyce bondit sur la cage :
- Naaan ! Vous pouvez pas faire ça… C'est… C'est ma petite sœur !
- Ha bon ? Dit la fillette… ha, si ! Oui ! J'suis sa sœur !
- Comment expliquez-vous que votre sœur ait de telles oreilles ? grogna Rusard.
Joyce rechercha frénétiquement une bonne idée, puis quand la lumière fut dans son cerveau poussiéreux, elle empoigna vigoureusement les deux oreilles en piaillant :
- Ce sont des fausses !
Un hurlement strident de Korée plus tard, Joyce « s'aperçut » de la terrible vérité :
- KOOOA ? Elles sont VRAIS ! Mais, Korée, tu m'as menti alors ! t'es pas ma sœur !
- Sois maudite ! Vociféra la lapine, rouge de colère. L'enfer le plus vil attend les menteuses !
En voyant que les oreilles de Rogue avaient rougi à leur tour, Joyce se racla la gorge en marmonnant :
- Bon, très bien, j'avoue : c'est pas ma sœur, mais j'y tiens beaucoup !
Rogue était véritablement excédé, elle posa ses mains sur le bureau en braillant presque :
- Je vous en prie, professeur, laissez-moi une chance de me rattraper… Ou alors il faudra me jeter avec !
- Cela me convient parfaitement, rétorqua Rogue.
La porte claqua. Joyce se retrouva dehors, dans le froid hivernal. Sans veste, sans bagage, chargée d'une Korée tremblante dans les bras. Elle entendit le ricanement de Rusard et les miaulements satisfaits de Miss Teigne à travers le bois épais. Musique mélodramatique dans le fond
- Ils ont le droit de nous mettre à la porte comme ça ? Geignit la fillette.
- Je s-sais
pas… Répondit son amie en claquant des dents.
Elles durent rester au moins cinq bonnes minutes à regarder l'entrée d'un air abruti, n'osant plus bouger. Des bruits de pas se firent entendre. Joyce baissa la tête vers la serrure pour essayer de voir quelque chose. La porte s'ouvrit brusquement et elle prit la poignée dans l'œil.
- Miss Happer ! Cria le professeur Mcgonagall, le professeur Rogue m'a prévenue de…
Elle s'arrêta net en voyant la jeune fille en train de se tordre de douleur par terre.
Une heure plus tard, Joyce sirotait tranquillement une tisane à l'infirmerie tandis que Korée dormait paisiblement en boule sur ses genoux. Le professeur Mcgonagall revint, la dévisagea longuement et frémit quelque peu devant son œil injecté de sang. Enfin, elle rompit le silence :
- J'ai parlé avec le directeur, il est d'accord pour que vous gardiez votre amie comme si c'était un animal ordinaire.
Les oreilles de Korée tiquèrent à cette appellation.
- Cependant, elle ne doit plus détériorer ne serait-ce qu'une seule salle ou perturber un seul cours, Miss Happer. Faites bien attention. Le concierge était tout à fait contre la décision de la garder.
- Merci, professeur, dit Joyce en souriant. Je vous présente quand même mes excuses pour…
- Oui, je sais, que cela ne se reproduise plus à l'avenir.
Joyce frissonna : et si un jour ils découvraient qu'elle avait manipulé le choixpeau ?
- Professeur, reprit la jeune fille en baissant la voix, savez-vous si le professeur Rogue est toujours fâché contre moi ?
Macgonagall eut un demi-sourire :
- Il n'a pas levé votre punition. Moi-même à sa place je ne l'aurais pas voulu, vous verrez qu'au bout de trois jours, lavez les bacs de l'infirmerie vous ôtera l'envie de vous amuser… Essayez néanmoins de faire perdre un peu moins de points à ma maison à l'avenir.
L'adolescente secoua la tête en toussotant, en l'espace d'une journée (de vacances qui plus est !), Gryffondor avait perdu 50 points à cause d'elle… Un détail la troubla : le professeur Macgonagall avait bien dit « ma » maison, et non pas « notre » maison : était-ce innocent ?
« Elle n'a pas du faire exprès » se dit Joyce en elle-même, « sinon elle aurait beaucoup plus insisté… »
Joyce se vit affublée d'un « bandeau de pirate » pour le reste des vacances. A chaque fois qu'elle croisait Rogue, son œil endolori la picotait, après tout c'était sa faute ! Quand les cours reprirent, Korée devint la mascotte des Gryffondors. Tous étaient ravis d'avoir leur esprit frappeur à eux. Le couple Peeves/Korée ne résista pas plus longtemps. En effet, depuis que celle-ci ne lui était plus d'aucune utilité, il s'était montré moins affable, ce qui déplût fortement à l'irritable lapine. Shun reprocha à Joyce de ne pas lui avoir présenté Korée plus tôt. L'adolescente ne trouva rien à redire, lassée de ses propres mensonges.
Le passage avec Korée dans le bureau de Rogue est ungros clin d'oeil au manga Alice 19th de Yuu Watase. (Korée est le sosie physique d'un des personnages : Nyoséka) Vive les mangas ! ;-)
