Disclaimer : le monde d'HP appartient à Rowling.
Chapitre 6/ Chien noir et Mangemort.
Un mois s'était écoulé depuis cette petite aventure. Mais Joyce ne se faisait aucune illusion : si le hasard n'avait pas voulu qu'elle apprenne la mort de son père le jour même, la réaction de Rogue aurait été sans doute plus violente. Non seulement il ne lui avait posé aucune question mais en plus il s'était radouci pendant quelques semaines. Ce changement cependant avait opéré chez tous les profs. Ce n'est que lorsque Joyce parvint à faire son deuil que tout redevint normal : Rogue lui enlevait des points, Macgonagall la collait quand elle faisait une malheureuse réflexion, Trelawney la retenait à chaque fin de cours pour lui faire entendre raison…
En outre, elle avait la sensation désagréable que Rogue l'observait désormais sans cesse, mais pas dans le bon sens du terme : il se « méfiait ». Joyce n'en avait pas totalement conscience mais lui, il n'avait pas oublié la voix dure et glaciale qui avait prononcé ces mots : « l'Homme aux Yeux Rouges… » En outre, la faux de Joyce accaparait son esprit : il savait que cette arme peu commune lui avait permis de transplaner, le soir où elle avait volé ses ingrédients, mais il ne pouvait expliquer la provenance d'un tel instrument. Dumbledore lui avait demandé de lui faire confiance et de ne plus insister là-dessus. De son côté, Joyce faisait moins de cauchemars et les Yeux Rouges avaient désertés ses songes. Elle n'essaya même pas d'écrire à sa grande sœur pour savoir pourquoi elle ne lui avait pas parlé de la mort de leur père.
A la fin du cours de potion, Joyce fut une nouvelle fois retenue par Rogue. « Je n'ai pourtant rien cassé aujourd'hui… » Se dit-elle avec inquiétude.
- Vous êtes au courant de cette sortie spéciale à Londres au chemin de traverse ? dit calmement le professeur, vous sortirez avec moi…
Joyce ouvrit grand la bouche mais aucun son ne sortit…
- Vous « VIENDREZ » avec moi… Ajouta-t-il précipitamment devant cette réaction stupide, j'ai besoin d'un porteur. Vous me devez bien ça… Je sais que vous appréciez jouer avec mes ingrédients.
- C'est pas un petit chantage ça ?
- Pardon ?
- Je dis que ça m'enchantera.
- Parfait.
- Super… Dit-elle à Korée alors qu'elle se rendait vers la salle de repas. Dire que je voulais justement ce jour-là : 1/ me débarrasser de ma boule de cristal infestée de magie noire (hé oui ! Je ne l'ai toujours pas fait !) 2/ M'acheter discrètement une baguette. (sait-on jamais, si ma faux venait me faire défaut à nouveau) Le problème c'est que la discrétion ne sert à rien face à la sinistre vigilance de Rogue.
La fillette-lapin détournait dédaigneusement ses yeux dorés :
- Je ne vois pas où est le problème, vous êtes vachement intime maintenant…
- Fais pas ta jalouse ! Je n'ai pas envie de me lancer dans une telle discussion… Que le dépit t'étouffe vieille Harpie !
Comme elle disait ces mots d'un ton royal, Joyce sentit des gros filaments visqueux tomber sur elle, des gros machins ondulant et grouillant, qui s'emmêlaient dans ses cheveux, l'un d'eux se glissa même dans sa chemise.
- DES S… S…
Des serpents… Elle sautilla dans tous les sens en couinant comme une souris prise au piège. Des dizaines de mains s'abattirent sur elle pour la dépêtrer. Joyce sortit celui qui s'enfonçait de plus en plus dans son dos et le jeta loin d'elle. Elle aperçut parmi l'assistance ceux qui lui étaient venu en aide : Londubat, Potter, Hermione et d'autres qu'elle ne reconnaissait pas.
- Là, tu exagères Malefoy ! Cria Granger.
Mais ce dernier riait aux éclats. Joyce avait encore les larmes aux yeux :
- TU-AS-HEURTE-MA-SENSIBILITE ! Dit-elle en soufflant entre chaque mot.
Les rires de Malefoy redoublèrent, suivis de près par ceux de quelques autres serpentards qui passaient par là.
- Je n'ai rien fait, fit-il hypocritement, que pouvez-vous prouver ?
Potter était occupé à faire disparaître les couleuvres. Les gryffondors huèrent au scandale. Joyce s'avança fermement :
- Ma SENSIBILITE…
Korée ne semblait pas mécontente de cette mésaventure et fixait Malefoy avec un sourire sadique.
- Une syllabe, une baffe… Ricana-t-elle.
Malefoy n'eut pas le temps de réagir : Joyce l'avait hâtivement saisi par sa cravate et commença à lui administrer des gifles.
- Ne paf re-paf-fais paf plus paf ja-paf-maispaf ça ! paf Lai-paf-sse paf ma paf sen-paf-si-paf-bi-paf-lipaf-té paf en paf paix ! (Illisible et inaudible, arf !)
Elle le lâcha enfin, il y eut quelques applaudissements. Les joues de Malefoy avaient pris une teinte rouge vif, mais on n'y voyait aucune marque de doigt, c'était simplement comme s'il s'était passé du fard à paupière…
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Rugit Rogue.
Il avait accouru en apercevant Potter et cherchait déjà un prétexte pour lui nuire.
- Qu'avez-vous Malefoy ? Dit-il, vous…
- C'est un coup de chaleur, intervint Joyce en enlaçant Malefoy, mais qui ne le serait pas avec une admiratrice telle que moi ?
Si cela avait été possible, Malefoy serait devenu encore plus rouge, pas sous le joug de la timidité mais à cause de la colère qui bouillonnait dans ses veines au sang soi-disant pur.
- Tu préfères lui dire qu'une fille t'a mis ta pâtée ? lui chuchota-t-elle en fronçant les sourcils.
Malefoy la repoussa d'un mouvement sec :
- On s'amuse professeur, murmura-t-il.
- Vous vous amusiez ? Dit Rogue sur le ton de « en voilà une bonne plaisanterie… » Happer ! Il est interdit de s'exhiber dans les couloirs, j'enlève dix points à Gryffondor.
- C'est permis où exactement ? lança Korée.
- Et dîtes à votre « chose » de se calmer. Acheva-t-il.
La fillette montra les dents. Rogue les dépassa sans rien ajouter. Malefoy partit dans son sillage en mimant légèrement Joyce quand elle essayait d'échapper aux serpents. Les élèves, mise à part Neville, Potter et ses deux amis se dispersèrent. Etrangement pour Joyce (car elle ne partageait pas leur aversion pour Rogue), ils paraissaient soulagés. Elle secoua sa main en râlant, ses doigts lui faisaient un peu mal.
- Tu as eu de la chance, lui dit un petit rouquin qui s'avérait être Ron Weasley, que ses deux gorilles n'étaient pas là.
- Ils sont en retenu, expliqua Potter.
- Ils ont essayé de transformer Neville en cochon au cours de métamorphose.
Joyce jeta un œil sur Londubat et remarqua que ses narines s'étaient un peu arrondies…
- Je vous remercie, dit-elle en songeant aux serpents, d'avoir imposé à vos mains innocentes le toucher de ces reptiles perfides dans le seul but de me sauver…
- Ce… Ce n'était rien, répondit Hermione gênée. Bon ben, on espère de revoir un jour au club.
Le quatuor s'en alla en trottinant.
- Ils sont bizarres… Constata Joyce.
- Tu l'as dit, ô pauvre victime des reptiles perfides ! répliqua ironiquement Korée. Tu es obligée d'avoir parfois un vocabulaire aussi …
- …Et puis Potter n'a presque rien dit, l'interrompit Joyce en ignorant la remarque… Et il y avait une carte qui dépassait de sa poche.
Bien entendu, la curiosité naturelle de Joyce s'enflamma. Elle avait flairé une étrange vague d'énergie provenant de ce bout de papier (qui était, comme vous l'auriez deviné, la carte du Maraudeur) et payerait cher pour y jeter ne serait-ce qu'un simple petit coup d'œil. Aussi le jour de la sortie (sortie réservée uniquement aux élèves de 5ième, 6ième et 7ième année) elle convia Shun, Malicia ainsi que Korée à rechercher avec elle le wagon d' « Harry Potter ».
- Alors toi aussi tu veux absolument connaître ce fameux personnage ? Dit Shun un peu piqué.
Shun ressentait une légère jalousie face à la renommée du jeune garçon. Malicia quant à elle déplorait tous les points qu'il leur faisait perdre mais elle se consolait en pensant à tous ceux qui leur faisait prendre in extremis quasiment à chaque fin d'année.
Quant Hermione vit Joyce apparaître à la porte de leur compartiment, elle lui adressa un grand sourire et l'invita à s'asseoir. Shun et Malicia se mirent face à face et commencèrent à parler d'un exposé qu'ils avaient à préparer. Joyce s'installa en face d'Harry et d'Hermione, à côté de Ron.
- J'ai cru comprendre que vous n'appréciez guère Malefoy, dit-elle pour lancer une conversation.
- Parfaitement ! S'enflamma aussitôt le rouquin, il est insupportable.
- Je ne l'aime pas du tout, acquiesça Joyce pour caresser le chat dans le bon sens du poil (quoiqu'elle n'avait pas besoin de se forcer, elle détestait effectivement Malefoy, mais c'était par jalousie vis à vis de Rogue)
- Chaque fois qu'il prend peur, cette poule mouillée, continua Ron de plus en plus fougueux, il va se réfugier sous les jupons de Rogue. Je n'aimerais pas, moi, voir ce qu'il cache sous sa robe.
Joyce eut l'impression de recevoir une douche froide.
- Quelque chose ne va pas ? Demanda Hermione.
- Non, non, ça va, répondit-elle en imaginant qu'elle étranglait Ron.
- C'était à Harry que je parlais.
Ce dernier en effet frottait tenacement son front en plissant les yeux :
- Ce n'est rien, dit-il.
Cependant, Joyce trouvait son comportement bizarre :
- Tu es sûr que ça ? (elle se pencha vers lui et effleura doucement sa cicatrice avec ses doigts…) On dirait que tu as de la fièv…
Il hurla brusquement, Joyce sauta en arrière comme si elle avait reçu une décharge électrique. A présent, Ron et Hermione la regardaient d'un air soupçonneux.
- Excuse-moi ! Gémit Joyce, je ne savais pas que ça te faisait si mal !
- Non, ça va… murmura-t-il encore.
Même Shun et Malicia lui adressèrent un regard de reproche. « Bon sang ! » S'écria Joyce intérieurement, « ils pensent que je l'ai fait exprès ou quoi ? »
- Ca ne m'étonne pas, dit Korée pour briser la glace, Joyce porte la poisse. Ron, serre-lui la main, tes doigts sécheront dans la soirée et ils se flétriront.
Malicia éclata de rire, ce qui détendit l'atmosphère. Mais la porte s'ouvrit et l'ambiance revira dans le plus pur style « complainte pour un cimetière ».
- Happer, appela Rogue, vous n'avez pas oublié…
- Non, monsieur, répondit-elle aussitôt, où dois-je vous retrouver ?
- Devant Ollivanders, pour votre baguette.
Elle déglutit : mais comment a-t-il pu être au courant ? Ron risqua de s'étouffer et paraissait davantage suspicieux à l'endroit de Joyce : serait-elle (tadaaa) une complice de l'affreux professeur Rogue ? Joyce, s'en apercevant, eut une vision étrange : elle se voyait portant une ceinture multifonction et un badge 0.00007 avec en face d'elle Rogue, portant la moustache et assis à un bureau de verre, qui lui présentait sa nouvelle mission…
Un gros chien noir se glissa brusquement entre les jambes du professeur en poussant un lourd grognement. Potter, Hermione et Ron sursautèrent. Rogue referma immédiatement la porte dans un horrible rictus.
- Sniffle, dit Hermione.
Mais elle n'ajouta rien d'autre, trop méfiante vis à vis de Joyce. Celle-ci commençait d'ailleurs à se sentir mal à l'aise. Elle n'aimait pas ce chien et brûlait d'envie de retoucher la cicatrice du jeune garçon. Elle secoua la tête : « Qu'est-ce qui te prends ma vieille ? Réveille-toi ! »
En descendant du train, Joyce aperçut deux hommes descendre du train et suivre Potter : deux hommes qu'elle avait d'ailleurs entrevu dans le compartiment voisin du leur. Il s'agissait en fait de deux Aurors chargés de la sécurité du Survivant. Après les avoir observés descendre la rue, Joyce s'adressa à Shun et Malicia en ces termes :
- J'apprécie votre sollicitude mais nous pouvons nous séparer…
- Mais on n'avait pas l'intention de venir, répondit Malicia.
- Ben oui, on ne veut pas se retrouver avec Rogue au basque toute la journée, soupira Shun. Bye, bye !
Korée s'apprêta à s'envoler mais Joyce lui jeta un regard implorant :
- Resssste avec moi ! Imagine qu'il me pose des questions !
- Réjouis-toi, grogna la fillette, s'il ne fait que ça !
Rogue ne s'était pas encore rendu chez Ollivanders. Joyce en profita pour faire son achat mais un problème de taille se posa : après avoir mis le magasin sans dessus-dessous, tout saccager, renverser, retourner etc.… Le vendeur ne lui trouva aucune baguette.
- C'est étrange, on dirait que votre main (son regard s'attarda sur le gant) ne se laisse pas dompter.
- Vous ne pouvez rien faire ? Geignit-elle.
La sonnette d'entrée résonna. Rogue s'approcha du comptoir :
- Des soucis, Happer ?
- Impossible de trouver ce qu'il lui faut, professeur, dit Ollivanders.
Les méninges de Joyce remuèrent frénétiquement sous l'action de leur patronne. « Réfléchis, réfléchis… » Pensait-elle. Son esprit s'éclaira soudain.
- Je peux emprunter vos toilettes ?
Elle fila vers le fond de la salle et s'enferma dans un petit cabinet. Au bout d'un cours instant, alors que Rogue discutait avec le vendeur, elle passa sa tête en entrouvrant la porte et siffla :
- Korée, psss, Korée !
- Qu'est-ce qu'il y a ? Fit celle-ci agacée, tu n'y arrives pas toute seule ?
Un lourd silence s'installa radieusement (enfin façon de parler…)
- Oui, dit Joyce avec un ton furieux, j'ai besoin de ton aide…
Korée dévoila une immense grimace dégoûtée et rejoignit son amie. Rogue parut soudainement très intéressé par le dernier modèle d'Ollivanders…
- Idiote ! Maugréa Joyce, tu avais besoin d'en rajouter ?
Elle enleva sa veste et ouvrit sa robe, cherchant à dénuder son dos.
- Je ne peux pas les déployer entièrement ici, alors dès que tu vois un bout sortir, arraches-en une !
- Tu veux mettre une de tes propres plumes dans ta baguette !
- Tu connais un autre moyen pour que ma main soit « domptée » ?
- Mais ça ne marchera jamais !
- Je suis une demi créature magique, on peut m'utiliser comme ingrédient Joyce a une haute opinion d'elle-même !. En fait, c'est ce que les sorciers ont longtemps fait avec mes ancêtres…
Le visage de Joyce se crispa tandis qu'elle se concentrait : en réalité, elle n'avait jamais déployé ses ailes jusqu'à présent. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, son père ne lui en avait jamais laissé l'occasion. Quant à s'y risquer à Poudlard, elle ne souhaitait pas être mise au banc des êtres hybrides…
- C'est bon, j'en tiens une ! Cria Korée.
Joyce se rhabilla vite fait et fit couler de l'eau pour faire croire qu'elle se lavait les mains. Quand elles sortirent, elles trouvèrent les deux hommes en pleine discussion technique, traitant d'ingrédients et de formules dont Joyce n'avait jamais entendu parler.
- Essayez ça, dit Korée en tendant une plume noire au marchand, ça devrait marcher.
« Pas si vite ! » songea l'adolescente avec une telle force qu'elle le murmura presque, « Rogue risque de comprendre ! »
Ollivanders saisit la plume entre ses doigts osseux et l'examina sous toutes les coutures.
- Revenez ce soir avant de repartir, dit-il.
Joyce se voyait ravie dans un sens car Rogue ne semblait pas vouloir taper la causette. Malheureusement, c'était elle qui voulait parler maintenant :
- Comment avez-vous su que j'avais besoin d'une baguette ?
- Vous avez une légère tendance à parler trop fort en sortant de mes cours, et on n'échappe pas si facilement « à la sinistre vigilance de Rogue. » D'où sortait cette plume ?
« Tu l'as bien cherché, Joyce, t'aurais du fermer ta grande g… »
- Nous avons vu un ange passer, tôt dans la matinée. Chantonna Korée.
- Faîtes attention, répliqua Rogue d'un air narquois, à vous promener ainsi le nez en l'air, vous finirez par les rejoindre, vos anges…
Ils passèrent toute la journée à courir à droite et à gauche, Joyce finit chargée comme un baudet. Elle se traînait péniblement à la suite de Rogue qui ne lui accordait pas un seul regard. « Il me fait payer au centuple pour la fois où j'ai saccagé son bureau… » Pensa-t-elle.
- Je ne peux pas faire léviter vos courses, professeur ? Risqua-t-elle.
- Non, vous me les enverriez je ne sais où et puis c'est bon pour votre santé.
Elle angoissait à vue d'œil. En outre, le poids de sa poche lui rappelait qu'elle avait une boule de cristal à « perdre ». Mais il fallait attendre que Rogue s'en aille.
Finalement, vers 5 heures du soir, il lui laissa quartier libre :
- Vous pouvez vous rendre chez Ollivanders, j'ai fini.
Il sortit sa baguette et fit planer ses affaires. « Trop aimable… » Pensa Joyce avant de filer. Korée cependant ne l'accompagna pas, préférant rentrer plus tôt.
Lorsque Joyce pénétra dans la boutique, Ollivanders tenait à la main une baguette noire de 30 cm à la main. Elle était pointue, un peu trop même, le bois paraissait aussi dur que sec. « Si je la peins en rose » se dit Joyce, « elle ressemblera peut-être moins à la canne de Jack l'éventreur. »
- Je vous dois combien ?
Pas de réponse.
- Mr ?
Ollivanders la posa devant lui et murmura :
- C'est très mal ce que avez fait…
Joyce fronça les sourcils, ne voyant pas où il voulait en venir.
- Cette plume… n'est pas normale. Cela va jusqu'au narcissisme.
- Pardon ?
- La baguette est la meilleure alliée du sorcier. Il y a une relation presque amant/amante entre eux. Comprenez-vous ? L'union est totale… Mais quand je vous imagine, vous, tenant cette baguette, un long frisson d'horreur me parcoure l'échine, j'y ressens l'inceste…
Mais pour qui se prenait-il ? Elle tapa du poing sur la table :
- Je vous donne un travail, vous le faites et c'est tout !
- Surveillez vos manières !
- Il n'y a rien à surveiller ! Je suis maître, je parle, allez, obéissez !
Sa voix était devenue grave, elle toucha sa gorge avec horreur, elle ne reconnaissait plus ses propres mots. C'était vraiment elle qui parlait avec tant d'autorité ?
- Combien je vous dois ? Répéta-t-elle mais en tremblant cette fois-ci.
- Rien du tout, hors de ma vue, je ne veux plus jamais vous revoir, néréide !
Elle prit la baguette et s'enfuit à toute jambe.
La nuit tombait déjà mais Joyce ne se souvenait plus d'où elle était venue. Il n'y avait plus d'élèves dans les rues. Elle pensa qu'elle avait raté le train, et se demandait bien où elle pourrait se procurer de la poudre de cheminette à cette heure-ci.
Toujours plongée dans ses préoccupations, elle s'enfonça dans les bas quartiers. Des sorciers aux airs blafards et aux habits crottés fixaient chacun de ses mouvements. Elle vagabondait avec inquiétude, les mains dans les poches, l'une jouant avec la boule de cristal, l'autre frictionnant sa baguette toute neuve…
Une présence connue hantait les lieux, elle accéléra le pas. Une main la saisit brutalement mais il faisait trop sombre pour qu'elle puisse distinguer son assaillant : dans la panique, elle saisit la boule et la lança de toute ses forces derrière elle. Un râle se fit entendre, la main la lâcha. Partie en courant dans tous les sens, Joyce ne savait plus où donner de la tête, elle maudissait Korée de l'avoir laissée toute seule.
Elle percuta soudainement une femme drapée de noir. Elles roulèrent l'une sur l'autre, propulsées par le choc, Joyce crut voir un bref instant quelque chose de tatouer sur son bras.
- Tu ne peux pas faire attention ! Grogna la femme en se cachant la figure… Attends, souffla-t-elle en se ravisant, ton visage m'est familier…
Joyce se releva et s'épousseta :
- Je ne crois pas Madame… Au revoir.
Mais la femme le retint par le menton et la hissa pour scruter ses yeux :
- Ces yeux… Tu ressembles à ton père !
- Je ne vous connais pas ! Répéta Joyce de plus en plus paniquée.
Elle n'avait plus qu'un idée en tête : s'éloigner le plus possible de cette femme. Joyce recula brusquement avant de reprendre sa course. A son grand soulagement, l'étrange femme prit une autre direction, soudainement désintéressée.
Joyce fit une pause et se regarda dans la vitrine sale d'un commerçant en pleine faillite : elle était toute rouge d'avoir couru, sa veste traînait à moitié et sa cravate de Gryffondor qu'elle avait oublié d'enlever pendait devant elle. Elle s'appuya sur ses genoux pour souffler. Un chien noir surgit de nulle part (si, en fait il arriverait de la ruelle de gauche mais ça fait plus classe de marquer ça) et mordit la cravate, entraînant Joyce après lui.
- Hé ! Cria-t-elle, Arrête ! Mais Arrête ! Sale cabot ! Fils du diable !
Il ouvrit une porte avec ses grosses pattes sans lâcher prise. Joyce se retrouva dans une petite pièce noire, la porte claqua, une forme humaine s'éleva devant elle. Sa baguette d'abord lui fut arrachée puis on la souleva au dessus du sol par le col.
- Qui es-tu ! Gronda une voix menaçante.
- Lâchez-moi !
- Pas avant de savoir qui tu es !
- Virginie Grant ! clin d'œil à la fic de Cristal que j'ai adorée !
- Menteuse, je sais que tu t'appelles Joyce Happer !
- Mais pourquoi vous me le demandez alors !
Elle se débattait pour mieux respirer, ses pieds frappaient vainement l'agresseur qui ne poussait seulement quelques grognements gênés par moments.
- Tu es avec eux ? Sale gosse ! Hein ? Tu es avec eux ?
- Avec qui ?
- N'essaie pas de faire l'innocente ! Harry a souffert quand tu as touché sa cicatrice et je t'ai vu parlée avec cette Mangemort !
- Quelle Mangemort !
- Cette femme : Bellatrix Lestrange !
- C'était pas Kof voulu ! Mais toi, vieux timbré, kof qui es-tu ?
- Ton maître ne te l'a pas dit ?
Comprenant qu'elle ne tirerait rien de cet ahuri, elle cria en pointa sa main droite (celle qui portait le gant et donc la faux) vers lui :
- Stupéfix !
L'homme s'écroula sur le dos. Joyce ramassa sa baguette et illumina la pièce : il avait les cheveux longs et bruns, des dents jaunes et les yeux d'un alcoolique (vision très subjective de Joyce). Elle chercha le chien en vain et en déduisit qu'il était ressorti avant qu'il ne referme la porte.
- Ciao bambino, ricana-t-elle, je m'en vais détruire l'univers ! Tu pourras rebouger d'ici une heure, ainsi soit-il, amen !
En sortant, elle aperçut avec bonheur la devanture d'un magasin qu'elle avait vu en arrivant. A partir de là, elle pouvait déduire la direction de Poudlard et utiliser sa faux comme un balai. Quoique, elle songea à la première et dernière fois qu'elle avait tenté une telle chose : elle volait à merveille mais ne savait pas atterrir… Elle s'imagina volontiers s'écrasant en plein banquet, devant la table des professeurs.
Ses pensées furent écourtées par une ombre massive qu'elle reconnut comme étant celle du gardien des clés.
- Et tâchez de ne plus vous perdre, dit Hagrid en la laissant devant la porte.
Joyce le remercia et se précipita vers la tour des gryffondors. Elle croisa Potter qui en descendait, accompagné de ses amis de toujours.
- Potter, haleta-t-elle, tu connais un type aux cheveux longs, un espèce d'ivrogne qui a un gros chien noir… Le chien noir d'ailleurs qui était dans le train.
Hermione joignit ses mains d'horreur, Ron la fusilla du regard.
- Non, répondit Potter, c'est juste un… chien errant qu'on croise de temps à autre entre ici et le pré-au-lard.
- Bon très bien…
Devinant qu'il mentait, elle prit la direction des cachots pour tirer cela au clair.
Rogue n'avait pas très faim ce soir-là… Les copies qu'il corrigeait relevait de tant de niaiseries qu'il aurait pu vomir dessus même en étant à jeun. C'est à ce moment-là que Joyce tapa furieusement contre sa porte.
- Entrez, grogna-t-il.
- Professeur, dit Joyce en ouvrant la porte et la refermant aussi sec, je peux vous parler ?
- Pourquoi seriez-vous là sinon ? Allez-y…
- Vous savez qui est le maître du chien noir qu'on a vu dans le train ?
Réaction instantanée, Rogue lâcha sa plume. Un tic nerveux raidit son épaule droite.
- Pas exactement, Happer, qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ? dit-il d'un ton aigre.
- Cela me gêne beaucoup mais je ne veux pas que si ce type se présente ici, il m'accuse encore d'être une Mangemort.
Le professeur parut plus intéressé que jamais et invita son élève à s'asseoir. Joyce lui raconta tout dans les moindres détails (mise à part le fait qu'elle s'était débarrassée de son assaillant sans baguette et que la Mangemort semblait la connaître). Jamais elle ne le vit si ravi ce qui la froissa quelques parts : « je me fais attaquée et c'est tout ce que ça lui fait ? », elle ne savait pas qu'en fait elle venait de lui fournir à la fois le gâteau et la cerise : Sirius Black, la haine de sa vie, avait agressé une élève de Poudlard sur des suppositions hâtives.
- Je parlerai au directeur, ne vous inquiétez pas, dit le professeur de son timbre le plus doucereux.
- Mais je ne m'inquiète pas… Ha, professeur, au fait… Pour éviter que j'en bouscule un autre, à quoi reconnaît-on un Mangemort ?
- A la Marque des ténèbres, répondit Rogue en paraissant brusquement excédé.
Son humeur avait subitement changé, son sourire s'était évanoui et il toucha inconsciemment son avant-bras. Joyce sursauta en voyant cela, elle venait de se souvenir du dessin qu'elle avait brièvement aperçu au bras de la femme, de ceux qui ornaient les hommes en noir qui tuaient Rogue dans son rêve. Ses ongles s'enfoncèrent dans les accoudoirs.
Rogue leva hâtivement la main de son bras et fixa Joyce droit dans les yeux. Il avait remarqué son trouble. Ce geste apparemment anodin du professeur avait plus que mis la puce à l'oreille de Joyce : elle avait compris. Et il avait compris qu'elle avait compris. Elle avait compris qu'il avait compris qu'elle avait compris (quel bazar !). Joyce eut l'impression d'avoir fait un saut dans le passé et toute confiance la quitta. Elle devinait dans les yeux noirs de Rogue qu'elle n'était plus la bienvenue et surtout plus que tout : elle avait peur…
C'était une sensation confuse, comme si brusquement elle avait retrouvé quelques lambeaux de mémoire : Elle devait avoir entre 6 et 7 ans, elle était agenouillée dans l'herbe. A quelques mètres : des silhouettes noires, un homme aux Yeux Rouges, un autre aux cheveux noirs et gras. C'est lui ! Il l'a, il a… Il m'a… Les mains de l'enfant ruissellent de sang…
- J-Je vous laisse, bredouilla Joyce en chassant ce cauchemar, au revoir…
Rogue se leva subitement :
- Attendez Happer !
Mais elle était sortie et il l'entendit partir en courant. Il frappa son bureau en émettant un « merde ! » retentissant.
