Disclamer : Le monde d'HP appartient à Rowling
11/ Un poème de Baudelaire.
flash-back de Madurei…
Rei, d'apparence 12 ans, a du fuir sa patrie après avoir été condamnée à la peine capitale par son propre père.
Le ciel est noir comme l'œil d'un corbeau. Elle est partie trop tôt, sans doute ! Mais qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Elle venait de subir la pire des trahisons.
« Vous l'avez tuée ! »
Ce sont les derniers mots qu'elle leurs a dit… à elles… Joyce… Et Néréis….
Néréis, Néréis, d'un grand rêve tombée ! Quelle surprise cache ton effroyable asymétrie ? Ton visage sans cesse recouvert dissimule à jamais les marques de ta race ! As-tu honte de ton sang ?
Et toi Rei, tu as honte de ton sang ? Que fais-tu en pleine nuit à Londres ? Que fais-tu dans ces quartiers malfamés ? Tu-Sais-Qui est peut-être mort mais ce n'est pas une raison pour ameuter les loups. Cache ! Cache tes yeux verdoyants et ta chevelure affriolante !
- Tu cherches quelque chose ? Dit une vieille édentée.
Rei la contourne sans lui répondre. Malgré les ténèbres adjacentes, la rue grouille, empeste bizarrement de monde… Un monde toute ému, un monde tout tenu qui se réjouit encore de la disparition du Seigneur ténébreux…
« Néréis… » Se dit Rei, « comment as-tu pu me faire une chose pareille ? »
« Je croyais que tu m'aimais, et j'ai cru pouvoir te haïr après ça ! »
« Mais tu m'as prise ma jumelle, tu m'as volé Salana… Elle est morte ! »
« Et ce poème que tu me chantonnais tantôt ? Je croyais que tu m'aimais… »
« Ce poème… Il commençait comment déj ? »
Elle approche d'une rue plus rassurante mais l'obscurité règne toujours. Des silhouettes noires lui font signe, de l'autre côté d'une ruelle. Instinctivement, elle se tourne vers une auberge encore allumée. En rentrant à l'intérieur, elle ne pensait pas tomber sur un endroit aussi anim : des gens festoyaient toujours malgré l'heure tardive. Près d'un mois après la défaite de Lord Voldemort, le temps était encore aux réjouissances !
- Je n'enverrai jamais mon fils à Poudlard ! S'écrit un homme au comptoir.
Rei s'assoit dans un coin en toute discrétion.
- Pas si toi tu y es comme prof !
L'autre homme ne répond pas encore, Rei ne le voit pas, elle n'a même pas entendu l'homme du comptoir, elle est perdue dans ses pensées.
- Tu pourrais répondre, Sévérus !
Elle sursaute, c'est le nom d'un Mangemort, du Mangemort !
- Tes paroles ne sont que du vent ! Répondit l'homme aux cheveux gras d'un ton velouté, et je n'ai pas pour habitude de gaspiller ma salive pour un peu d'air… D'ailleurs, les gens comme toi ne sont pas toujours aptes à comprendre.
- Comprendre quoi ? C'est pas parce que tu as viré de bord au dernier moment qu'on peut te faire confiance…
Rei n'entend pas la réplique de l'homme, elle pense à nouveau… Salana elle-même ne l'avait-elle pas dit ?
« Cet homme est rempli de haine… Mais il y a autre chose en lui, un bouillonnement profond d'angoisse, de colère et de révolte. Il réalise maintenant que le fond de son cœur ne veut plus qu'une seule chose : la chute de cet Homme aux Yeux Rouges… »
Elle se lève, cherche à l'apercevoir : ils sont du même côté à présent !
Il se rend vers la porte en s'avançant avec hauteur, Rei voit rapidement son profil puis son dos se dessiner.
- Le poème, murmura-t-elle, il me revient…
Elle se précipite à sa suite… Il s'enfonce dans la ville basse, des mendiants sortis des ténèbres citadines entourent Rei en réclamant l'aumône.
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Elle les repousse avec violence et continue à courir. Merde ! Où est-il ?! Là-bas ! Cours !
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Ils étaient pareils, elle le sentait ! Cette valse mélancolique et ce langoureux vertige… Elle était seule, sans accroche : lui pourrait peut-être l'aider ! Lui pourrait peut-être !
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
- Et cet homme passa, haleta-t-elle en laissant son imagination travailler, d'une main fastueuse… Soulevant, balançant la cape et son ourlet…
La distance entre eux se creusait d'une façon alarmante. C'était comme si elle courrait dans le vide ! Ses pieds patinaient et lui… Il s'éloignait…
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Enfin, il lui sembla qu'elle reprenait le dessus en même temps que l'espoir. L'humidité nocturne imbibait ses lèvres essoufflées…
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Mais elle glisse et s'amoche salement. Redresse la tête ! Où est-il ?
Elle frissonne : elle l'a perdu !
Non ! Il a fait demi-tour, il n'est plus qu'à quelques mètres, il s'avance, il s'apprête à la croiser… Ses yeux s'inclinent vers elle, leurs prunelles se rencontrent :
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
Rei reste hébétée pendant cette seconde de profond silence. Le monde entier était mort tandis qu'elle se noyait dans cette noirceur, dans ces ténèbres limpides et peut-être malfaisantes, dans…
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Mais ils se croisent inexorablement et il continue sa route.
Un éclair… puis la nuit !
- Non ! Non ! Gémit-elle sans qu'il puisse l'entendre.
-Fugitive beauté
dont le regard m'a soudainement fait renaître,
Elle se remet debout et court comme une démente, il lui échappe… Les ombres s'agrandissent, dansent, le dérobent peu à peu à sa vue.
Ne te verrais-je plus que dans l'éternit ?
Non ! Non ! Non ! Elle doit le rattraper, il le faut ! Son affolement se traduit dans chacun de ses pas titubants, elle ne sent plus courir, elle ne sent plus souffler. La cape noire virevolte bien loin au-devant d'elle.
- Où vas-tu ? soupire-t-elle désespérée…
Ailleurs, bien loin d'ici !
Elle court, elle court, elle court, les rues se rétrécissent et s'élargissent en cadence à mesure que la nuit s'avance…
- Quand pourrais-je te revoir si tu t'échappes ?!
Trop tard ! jamais peut-être !
Il n'est plus qu'une silhouette noire à l'horizon. Un bref instant, il semble se retourner mais une troupe de jeunes fêtards passe devant lui. Et quand ils se retirèrent, il avait disparu.
Rei tombe à genoux.
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Il commence à pleuvoir… Si bien qu'on ne peut deviner si ce sont des gouttes ou des larmes qui ruissellent sur ses joues.
Ô toi que j'eusse aimée,
- Ô toi qui le savais ! Achève-t-elle dans un sanglot étouffé.
