Disclaimer : le monde d'HP appartient à Rowling
J'ai proposé mes treize premiers chapitres d'un coup, ce qui fait que je n'ai pas pris le temps de marquer des petits mots à chaque fois...
Comme certains pourront le remarquer, je suis très fan de manga et je n'ai pas hésité à truffer cette fic d'allusion. Par exemple Korée est le sosie physique de Nyoséka, le personne du manga Alice 19th de Yuu Watase, et quant à la chanson du Rouge-Gorge, elle est à l'origine issue des contes de ma mère l'oie, mais en fait Kaori Yuki, the best of the mangaka, s'en est servie pour illustrer un chapitre de son oeuvre : Compte Caïn. (Cette bonne femme est véritablement mon auteur préféré de BD japonaise, elle a écrit entre autre Angel Sanctuary, un vrai bijou !)
Chapitre 13/ La déplorable race de Salazard Serpentard.
Simples racontars : « L'on raconte, par de-là notre contrée, une légende fort étrange. Le jour de la naissance, un ange vient trouver le futur né et lui donne pleine conscience du monde qui l'entoure, pour seulement quelques minutes, lui permettant même de voir et d'entendre à travers la chair maternelle. L'ange lui pose alors cette simple question :
- A quoi veux-tu ressembler ? Confie-le moi, et tu naîtras tel que tu l'as souhaité.
Il fut dit que Salana Serpentard, la fille aînée de Sir Frédéric, troublée par la clarté de la lune, demanda à ressembler à la lueur vacillante de cet astre. Elle naquit ainsi avec une chevelure argentée et des prunelles violettes, rappelant la voie lactée parant la sphère sélénite. L'on raconte aussi que Madurei, sa jumelle, inspirée par l'odeur âcre des entrailles de la terre, exigea de ressembler à Perséphone, la déesse grecque des Enfers, telle que lui apparaissait cette redoutable divinité. Elle vint au monde, brune comme les nuits infernales, les yeux brûlants d'un vert marécageux, semblables aux eaux du fleuve Styx, baignant le monde souterrain.
Joyce Serpentard alias l'Ecarlate, qui était la benjamine et la moins terre à terre, aurait été plus attirée par l'aura paternelle.
- Je veux ressembler à mon père ! couina-t-elle.
Elle eut donc de fins cheveux châtains, comme Sir Frédéric, et de larges yeux bleus.
Quant à Néréis, quant à « Joyce Happer »… Elle eut une requête des plus insolites :
- Ho ! Si vous me le permettez, j'aimerais tant tenir de ces trois visages qui se suspendent, inquiets, au-dessus de moi… J'aimerai m'imprégner de la nonchalance de celle que je devine comme étant ma mère, de la tendresse de cette jeune fille pleine d'éclats d'argents et de la détermination de celle dont la noirceur éclipse toutes les lumières.
Ressembler à votre mère et vos deux sœurs aînées ? Ainsi soit-il… Néréis naquit donc avec un aspect des plus étranges. »
Des volets entrouverts laissaient entrer quelques rayons dans la chambre. Rogue les ouvrit complètement, permettant au soleil d'éclater derrière les vitres. Il était à l'hôpital Ste Mangouste. Devant lui les deux sœurs dormaient dans un lit séparé. A force de remuer parce qu'elle se croyait encore torturée par le sortilège Doloris, Joyce avait fait tomber ses couvertures. Il la recouvrit en passant une main ferme sur son front : Non, elle n'avait plus de fièvre.
Et il reposa son attention sur Rei qui était à sa droite. Il était beaucoup plus agréable de la regarder pendant son sommeil. Comme ça au moins, l'on ne risquait pas de se heurter à une de ses crises de colère. Il se pencha vers elle et dégagea une mèche de cheveux qui jouait sur la ligne sombre que dessinait ses cils, ses doigts s'attardèrent, s'enroulèrent autour.
- Professeur ?
L'adolescente s'était réveillée, Rogue retira sa main avec vivacité et se tourna vers elle comme si de rien n'était. Mais Joyce le scrutait d'un air soupçonneux.
- Vous êtes morts ? Demanda-t-elle.
- Je vous demande pardon ? répliqua-t-il surpris.
- Est-ce que vous êtes mort ? En fait, sommes-nous tous morts ?
Il soupira en comprenant sa méprise :
- Non, miss Happer, je suis vivant, vous êtes vivante, nous ne sommes pas dans l'au-delà.
- Et l'Homme aux Yeux Rouges ?
- Il a certainement transplané avec ses serviteurs après votre brillant coup d'éclat. Répondit Rogue dans un rictus.
Elle parut choquée :
- J'étais désespérée, que pouvais-je faire d'autre ?
- En tout cas pas vous jeter ainsi dans la gueule du loup ! Gronda-t-il.
Le ton du professeur était devenu beaucoup plus dur. Les mains de la jeune fille se crispèrent sur les draps :
- Je ne risquai rien. Ma faux ne peut pas se retourner contre moi ! Quand j'ai percuté le Monstre Aux Yeux Rouges, tout a explosé en une lumière blanche, j'ai été propulsée par dessus lui. Récupérer ma faux dans mon tatouage est tout ce que j'ai pu faire avant de m'évanouir. Mais je savais que les dégâts qui s'ensuivraient forceraient cet homme à fuir avec toute sa clique… J'avais peur que Rei… Où est Rei !
Rogue se décala légèrement pour lui permettre de contempler le visage encore ensommeillé de sa grande sœur. Joyce voulut se lever mais une douleur à la cuisse, puis au bras, la retint sur place.
- Elle se réveillera bientôt, précisa Rogue, ne vous inquiétez pas.
- Comment a-t-elle été blessée ?
Le professeur marqua une hésitation avant de lâcher :
- Par esprit d'équipe…
Cependant l'adolescente ne se contenta pas de ce semblant d'explication :
- Vous ne dîtes pas tout, vous savez, j'ai entendu…
- Qu'avez-vous donc ouïe de si important ?
La voix de Rogue marquait son impatience, elle le lassait et il avait grandement envie de quitter la pièce.
- Qu'importe ! s'énerva Joyce.
Cette fois-ci, elle se leva en dépit de la douleur. Elle avait entendu lorsque Rei avait reçu l'impact, malgré la distance, elle avait même entraperçu cette scène de flash-back qui l'avait assaillie en même temps que le coup presque mortel. « Ainsi, Rei avait déjà retrouvé Rogue au moins une fois, après avoir été chassée de chez nous. » Rei l'avez protégé, Joyce n'en doutait pas. La suspicion et la jalousie se mêlèrent dans son esprit.
- Où allez-vous ? La réprimanda Rogue, restez couchée !
Elle ne répondit pas et fit face à la porte qui s'ouvrit brutalement, frôlant son nez avec puissance.
- Ha ! Clama Dumbledore, elle s'est réveillée ! Tenez !
Il chargea ses bras de chocogrenouilles. Elle tituba sous le poids, une main rassurante la retint : Rémus Lupin, accompagné de son chien noir. Rogue croisa les bras en signe de malvenue.
- Nous vous avons amené de la compagnie, annonça le directeur, j'ai pensé que cela pourrait vous remontez le moral.
Shun et Malicia apparurent sur le pas de la porte, avec un bouquet de fleur. Joyce se surprit à espérer la venue de Caïn, sans trop savoir pourquoi. Elle les accueillit avec un sourire forcé, l'image de Voldemort dansait encore devant ses yeux et elle avait du mal à retrouver une relative sérénité. Sa surprise fut grande quand Potter et ses amis débarquèrent à leur tour.
- Voilà, dit maladroitement Harry, c'est pour te remercier…
Il lui tendit un paquet cadeau.
- Me remercier de quoi ? Demanda Joyce en acceptant le présent avec stupeur.
Sirius reprit forme humaine en souriant. C'est Lupin qui se chargea d'annoncer la bonne nouvelle :
- c'était juste après l'effondrement de l'île : quand je suis arrivé avec les gars du ministère que j'avais pu trouver, nous avons découvert un Mangemort qui n'avait pas encore eu le temps de transplaner : Queudver !
- Hein ?
- Il a fui en se transformant en rat, poursuivit l'Animagus, mais comme des témoins du ministère avaient pu le voir de leurs yeux, j'ai été innocenté !
- Innocenté de quoi ?
Joyce ne comprenait toujours rien.
- On t'expliquera plus tard, intervint Malicia. En tout cas c'est génial. Si tu n'avais pas fugué cette nuit à cause de cette dispute, jamais on…
- Mais je n'ai pas… riposta Joyce. Aïe !
Sirius lui avait écrasé le pied :
- Ta sœur s'est fait un sang d'encre pour toi ! Ria-t-il en frictionnant ses cheveux, lui tordant le cou au passage. Petite polissonne ! Evite de t'égarer dans la forêt avec des centaures furieux aux trousses à l'avenir.
Notre héroïne fort peu héroïne arborait un air abruti des plus abrutis.
- Les enfants, proposa Dumbledore, allez donc faire un tour à proximité, je crois que votre camarade a encore besoin de repos.
Les 5 gryffondors sortirent. Sirius balaya ses cheveux noirs et s'offusqua en direction de Rogue :
- Tu ne l'avais pas encore mis au courant de notre version des faits ?
- Oups, admit Rogue d'un ton narquois.
- Ce n'est pas grave, affirma Lupin. Joyce, nous avons raconté que tu t'étais disputée avec Rei. Folle de chagrin, tu t'es aventurée en forêt en pleine nuit, mais tu es tombée sur des centaures. Tu as alors gagné une île artificielle en bouts de bois au milieu d'un lac. Or cette île s'avérait être la cachette de Queudver, le Mangemort…
- Shun et Malicia, marmonna Joyce les yeux grands ouverts, ont vraiment cru qu'un Mangemort se trouvait au beau milieu du lac, par le plus grand des hasards ?
- Ben oui, admit Lupin en rougissant, laisse-moi finir : L'eau était agitée et l'île a sombré avec toi. Rei, qui te cherchait, t'a repêchée et a failli se noyer. Voilà, c'est tout.
- Mais vous me faîtes passer pour une ado geignarde et puérile. S'indigna l'intéressée.
- Ne vous en faîtes pas, intervint Rogue, personne ne verra la différence.
- Harry et ses deux amis connaissent néanmoins la véritable histoire, précisa le directeur, mais tu peux leur faire confiance.
Sirius s'assit victorieusement sur un siège et lorgna sur son ennemi de toujours :
- Tu n'as pas fini de t'acharner sur cette petite, Séverus ? Je ne te suffis plus au quoi ?
- Elle a commis une imprudence des plus graves, rétorqua Rogue. Je dis ça pour son bien !
- Ne parlez pas si fort, supplia Joyce, vous allez déranger Rei !
- Je ne dors plus depuis déjà un bon moment.
La jeune femme se rehaussa sur un coude et dévisagea l'assemblée.
- Vous faisiez semblant de dormir ? Demanda Rogue un peu piqué.
Elle le regarda droit dans les yeux, saisit une mèche de ses cheveux (celle qu'il avait justement caressée) et l'enroula autour de son doigt. Rogue comprit immédiatement l'allusion et la fusilla du regard. Rei eut un sourire malveillant mais elle n'en fit rien et se contenta de s'asseoir.
Joyce avait rougi comme un coquelicot. Sa grande sœur arbora un visage plus grave en regardant Dumbledore. Celui-ci acquiesça :
- Nous devons vous entretenir sur un sujet très important, Joyce, cela concerne Voldemort.
Joyce s'empourpra à nouveau, mais cette fois-ci sous l'effet de la honte. Elle songea à Rogue avec angoisse : il détestait Harry Potter parce qu'il haïssait son père (elle le tenait d'une rumeur). Que penserait-il d'elle s'il apprenait qu'elle était la cousine de Voldemort ?
- Vous deviez vous y attendre, continua le directeur, il s'agit de Jédusor, votre cou…
- Rei ! Coupa violemment Joyce en se retournant brusquement vers sa sœur, j'ai un message de lui pour toi, pour moi, pour nous toutes : « je suis le seul et unique héritier de Serpentard. Toi et le reste de ta famille allaient vite comprendre que vous avez pris le mauvais chemin en passant me faire concurrence… »
- Joyce… Murmura Lupin pour l'apaiser.
L'adolescente tremblait de la tête aux pieds et fixait sur Madurei deux yeux rancuniers :
- De toute façon, je l'avais bien dit qu'il reviendrait… Mais père n'a pas voulu écouter… Toi non plus d'ailleurs.
- Si, répliqua Madurei, je t'ai tout de suite cru mais…
Mais juste après Salana est morte et…
Joyce se laissa tomber sur le bord du lit. Elle se rendit compte alors qu'elle tenait toujours le cadeau de Potter. Elle l'ouvrit sans trop y prêter attention et émit un drôle de son : c'était le recueil de Baudelaire, « les Fleurs du mal ». Un petit mot était accroché : « Caïn Headcliff nous a soufflé que cela te ferait plaisir, nous te souhaitons tous un bon rétablissement. »
- Père me l'avait brûlé après la mort de maman, balbutia Joyce, ça faisait longtemps que j'en voulais un autre…
Elle commença à feuilleter le bouquin, totalement absorbée par les vers que ses yeux survolaient.
- Joyce, reprit le directeur avec douceur, je pense qu'il est important de discuter.
- Je ne veux pas parler de Jédusor.
Rei poussa un soupir de lassitude :
- Tu ne vas pas nous faire un caprice !
Un sourire sadique illumina le visage de Joyce, elle étreignit son livre de poésie en murmurant :
- Père avait promis ma tête à Voldemort, et le meilleur, c'est qu'à l'époque j'ai accepté avec joie. Parce que je croyais que ce serait une mort rapide et indolore. Mais l'Homme aux Yeux Rouges m'a détrompée, il me fera cuire à petit feu.
Enfouissant son visage dans ses mains, elle lâcha un rire sourd et démentiel. Ses yeux s'étaient vidés de leur substance, elle se balança d'avant en arrière en fredonnant dans sa langue natale. Dumbledore resta interdit. Lupin eut un regard compatissant.
- Qu'est-ce qu'elle raconte ? s'enquit Rogue en regrettant momentanément d'avoir été si dur avec elle.
- La chanson du rouge-gorge, répondit Rei (elle considéra Rogue avec dureté), ne l'interrompez pas, vous réveilleriez un dur souvenir.
Rogue n'apprécia pas cette remarque, il regrettait amèrement que Joyce et Madurei l'aient connu à cette époque, alors qu'il était encore un Mangemort. Il fixa Joyce qui semblait toujours en transe mais elle redressa soudainement son buste, prête à bondir en cas de danger. Ses doigts gesticulèrent comme pour se dégourdir. (Rogue ne put s'empêcher de penser que c'était justement aux mains qu'il l'avait blessée lors de leur première rencontre) Enfin elle reprit ses esprits :
- Je ne veux pas parler de Jédusor, répéta-t-elle, ça porte malheur de parler de Jédusor.
Sirius paraissait décontenancé et Rogue s'appuya sur le mur en signe d'exaspération.
- Et que voulez-vous ? Demanda Dumbledore, conscient que Joyce ne se remettait pas encore de sa rencontre avec le Seigneur des Ténèbres.
- Je veux… Je veux…
Elle parut réfléchir intensément :
- Je veux… un grand plat de riz.
Tous firent une moue de surprise.
- Je veux du riz, continua-t-elle, et des nems… et du sushi… Je veux aller manger dans un vrai resto chinois !
La figure du directeur s'éclaircit et son sourire sembla remonter des tréfonds de sa barbe :
- En voilà une idée ! fit-il enthousiaste. Je vous invite tous ! Allons nous remettre de nos émotions !
Et où trouver le meilleur resto chinois sinon sur le continent asiatique ? Dumbledore entraîna la joyeuse troupe plus quelques autres invités sur un chemin de traverse « made in china ». (Cependant, Potter, ses deux amis ainsi que Shun et Malicia furent ramenés à Poudlard où Korée était déjà retournée depuis un bon moment car elle craignait que Joyce ne lui fasse quelques remontrances pour sa lâche conduite.) Un vieux sorcier vêtu d'un kimono de cérémonie accueillit chaleureusement le directeur de Poudlard et tous s'installèrent. Rogue avait d'abord refusé de venir mais l'insistance de son supérieur le força à les honorer de sa présence. Pour éviter les incidents, on l'éloigna de Sirius. Rei était venue, malgré le désaccord des médecins. Elle s'était parée d'une large robe blanche afin que le tissu n'appuie pas sur sa blessure fraîchement pansée. Rogue lui avait rendu son épée, et Rei, après avoir récité une formule, transforma celle-ci en un petit bracelet très fin et discret aux pierreries vertes qu'elle mit tout de suite à son bras. Ils étaient assis autour d'une table circulaire. Dans l'ordre : Dumbledore, Madurei, Joyce, Rogue, Maugrey (qui voulait en savoir plus sur le compte des deux sœurs) Lupin, Sirius, et Macgonagall.
- Si vous commenciez par nous raconter votre histoire Madurei ? demanda Fol-œil. Il semblerait que vous ayez « omis » de nous donner quelques précisions.
- Je tiens à préciser, intervint Dumbledore, que j'étais au courant. Et il ne tient qu'à Lady Madurei de décider si elle veut, oui ou non, décliner sa véritable identité.
Rei remplit son verre de saké et examina l'assistance. Tous à cette table étaient membre de l'Ordre du Phénix et elle n'avait rien à redouter. Joyce ingurgita un nem au crabe, le cœur battant : elle ne voulait pas en parler mais que faire d'autre ?
- Mon vrai nom, déclara Rei d'un ton indifférent, est Madurei Serpentard.
- Et moi Néréis Serpentard, lâcha Joyce comme on arrache un pansement d'un coup.
Sirius hocha la tête : sa propre cousine, Bellatrix, était une Mangemort, il savait ce que c'était que d'avoir une famille peu recommandable.
- Le nom de votre ancêtre n'a pas été perdu ? Demanda Lupin un peu incrédule.
- Non, répliqua fermement Rei, grâce à la consanguinité.
Elle continua avec un profond mépris :
- Les frères avec les sœurs, les parents avec l'enfant quand ils n'avaient qu'un seul héritier. C'est comme ça que notre lignée s'est perpétrée, c'est comme ça que notre famille a soi-disant gardé un « sang pur ».
Elle avala son verre rageusement.
- Après la création de Poudlard, continua Joyce dont l'estomac garni avait ravivé un peu d'espoir, notre ancêtre s'est fâché avec Godric Gryffondor. Il s'est alors exilé dans le nord où il a entrepris de créer une société de sorcier au sang pur.
- Il a construit un château pour ses héritiers… Dit Rei.
- Et des murailles pour garder ses sujets, acheva Joyce.
Sans sourciller, Rogue les coupa dans leurs précisions :
- Ce sont les Ksris ? Arf ! Ce mot est imprononçable.
Rei ne parut pas étonnée :
- Vous n'êtes venu qu'une fois mais vous vous en souvenez toujours, Rogue. En effet, tous les sorciers qui ont accepté de suivre notre ancêtre pour ensuite être asservis par notre famille ont porté ce nom étrange.
- Ce nom, expliqua Joyce, a une origine onomatopéique. Il n'y a qu'une porte officielle pour entrer dans le « royaume ». Et elle pousse un crissement strident quand on l'ouvre. C'est pourquoi les habitants sont les Ksriiiiiiiiiiiiiis !
- C'est marrant ça ! Aboya presque Sirius avec bonne humeur.
Le directeur rechargea l'assiette de sa voisine d'un peu de riz.
- C'est tout ce qui a d'intéressant à dire, conclut Rei. Quand vint la génération de mon père et de ma tante Carmina, ils ont refusé de se marier entre eux. Elle est partie et a rencontré, pour notre plus grand malheur, un certain Jédusor. Notre père a épousé une néréide.
- Ce qui nous a valu, dit Joyce en agitant ses baguettes, l'heureux surnom des « 4 bâtardes ».
Petit silence… Rogue enchaîna sur une autre question :
- Qu'est-ce que le seigneur des ténèbres exigeait en échange de Joyce ?
- L'héritage de Serpentard, répondit Rei en soufflant d'un air excédé, et grâce au ciel, il ne sait pas en quoi il consiste exactement.
- Et il s'agit de… ?
- Je vous dirai tout un jour dans les détails, promis.
- Madurei ! Gronda Rogue, qu'est-ce que vous nous cachez…
- Laissez Severus, dit Dumbledore, Lady Madurei nous en parlera quand elle jugera que c'est nécessaire.
- Elle ne nous fait pas confiance, Lady Madurei ? Rétorqua Rogue d'un ton aigre tandis que Sirius lui grognait après.
- Nan ! Répondit Rei, c'est simplement qu'elle ne voit pas pourquoi elle devrait tout dire maintenant.
Les révélations faites, l'ambiance retomba sensiblement, chacun ingérant ce qui avait été dit. Joyce tapotait son assiette avec ses baguettes.
- Tu veux dire quelque chose, Joyce ? Dit Rei exaspérée par le bruit.
- Oui, Rei. Quel était le rapport exact entre Jédusor et notre père ?
Avant que sa grande sœur ne réponde, elle s'enflamma :
- Oui, parce que je me souviens que tantôt il disait que c'était le véritable héritier de Serpentard, qu'il valait plus que nous, que c'était un honneur que de lui remettre l'héritage de notre ancêtre. Et pourtant parallèlement à ça, il le traitait de… Sang-De-Bourbe, c'est d'ailleurs ce que je lui ai dis…
- Tu as dit quoi ! S'exclama Rei.
- Ben à Jédusor, reprit Joyce d'une toute petite voix, j'y ai dis que notre père voulait pas traîner avec un Sang-De-Bourbe.
- Vous avez traité le Seigneur des ténèbres de Sang-de-bourbe ! Beugla Rogue.
- Je ne suis pas arrivée à lui cacher la vérité, gémit la jeune fille, il me regardait avec ses gros yeux.
- Et qu'a-t-il répondu, s'inquiéta Sirius à cette pensée.
- Heu… Il m'a dit « endoloris »…
Un silence s'installa, Joyce le rompit :
- C'est un gros rancunier. Je hais ce sale type !
Elle était totalement sortie de sa torpeur, de son délire et de sa peur. Elle ne respirait plus que colère et engouement.
- C'est comme ça que j'aime t'entendre parler, renchérit Rei en lui tapotant le dos, mais à l'avenir évite de jouer les kamikazes.
- Dans ce cas, arrange-toi pour me sauver au lieu d'agoniser sur la plage !
Pour toute réponse, Rei lui planta ses baguettes dans le dos de sa main.
- Allons, allons, coupa Dumbledore, ce qui compte, c'est que vous soyez toutes les deux saines et sauves.
Les deux sœurs se jaugèrent en murmurant un « ouais, ouais » peu convaincant.
- Et ensuite ? demanda Rogue, qu'est-il arrivé à votre père exactement ?
- Un suicide. Dit glacialement Rei.
L'adolescente regardait une peinture au fond de la pièce, représentant Susanowo, le dieu japonais de l'orage et de la mer, combattant le terrible serpent à huit têtes pour sauver sa promise : la princesse Kushinada. Elle soupira :
- Père n'était pas aussi mauvais avant la venue de Jédusor.
- Mais il était incroyablement lâche et faux-cul, répondit sa grande sœur, ça a suffi à faire pencher la balance.
Joyce ne dit rien… Comment avait-elle pu oublier ça ?
C'était confus… Après que leur père eut chassé Madurei, leur mère est morte. Et elle, Néréis, fut enfermée dans la tour d'ivoire. Pendant très longtemps, elle a attendu dans le noir, rêvant au jour où elle échangerait sa place avec sa jumelle détestée : « Oui, moi, Néréis, je deviendrai Joyce ! Et celle-ci pourrira à ma place dans les geôles…. » Néréis, vous êtes une méchante fille ! C'est quand même votre petite sœur !
« Mais je la hais ! Mais je la hais ! »
Si je le dis à Madurei, elle ne sera pas contente de toi !
« Je la hais ! »
Retour à Poudlard : Sirius et Lupin les avait accompagnés pour saluer le petit Potter une dernière fois. Madurei avait tenu à revenir tout de suite, fuyant l'ambiance hospitalière qu'elle jugeait trop oppressive. Malheureusement, elle ne s'attendait pas à trouver Mme Pomfresh sur le seuil, armée d'une potion bourrée de laxatifs.
- Tout va bien, lui dit Rei, inutile d'essayer de me droguer !
- Je serai plus tranquille, répondit l'infirmière, si vous veniez passer votre nuit à l'infirmerie.
- Non merci.
- J'insiste.
- Non.
- Si !
La discussion s'envenima et elles commencèrent à élever la voix. Si Dumbledore tenta de les calmer, Rogue passa sans les voir.
- Un corbeau ! Cria Joyce en pointant un oiseau noir du doigt.
L'imposant volatile se posa sur l'épaule de Rei :
- Silfrid ! S'exclama-t-elle.
- C'est ton corbeau ? Demanda Joyce.
Les corbeaux étaient les coursiers officiels des Ksris, au même titre que les hiboux. L'animal se mit à croasser d'un ton féroce.
- C'est mauvais signe, annonça Madurei en lorgnant sur la bête.
Elle se tourna vers Dumbledore :
- Je l'avais enfermé dans la volière « chez nous ». S'il a pu s'enfuir, c'est que « quelqu'un » a réussi à pénétrer notre demeure. Et ce n'est pas l'Ecarlate.
Resserrant ses poings sur sa poitrine, Joyce adressa un regard implorant à ses interlocuteurs, mais elle n'osait parler devant l'infirmière.
- Dans mon bureau, proposa le directeur.
- Ho non ! Cria Pomfresh , je n'accepterai aucune excuse bidon, cette femme a besoin de soins !
- Il y a deux hommes, s'alarma Joyce, je le sens ! Deux Mangemorts sont entrés dans la demeure de notre père !
Mais Jédusor n'était pas avec eux.
- Nous n'avons pas trouvé l'Ecarlate… Ajouta Rei. Mais je n'ai pas senti sa présence auprès des Mangemorts.
- Moi non plus, dut admettre Joyce, et je n'ai aucune idée de l'endroit où elle a pu aller.
Dumbledore était accoudé à son bureau et les fixait à travers ses lunettes en demi-lune :
- Madurei, pensez-vous que l'arrivée de Voldemort dans le château de votre ancêtre puisse nous être nuisible ?
Un air très confiant passa sur le visage de la jeune femme :
- Non, car ce qu'il cherche (elle jeta un coup d'œil sur la main gantée de Joyce) ne s'y trouve déjà plus.
- Pensez-vous que votre sœur, l'Ecarlate, ait pu le rejoindre ?
Cette fois-ci, Rei sembla hésiter. Finalement elle haussa les épaules :
- Je n'en sais rien du tout.
La situation n'évoluerait pas plus, il ne restait plus qu'à attendre. Attendre que l'Ecarlate se manifeste à nouveau, ou que Voldemort le fasse. Une fois ses invitées parties, Dumbledore resta un long moment seul, devant l'éclat de sa cheminée, le feu ruisselant sur les verres de ses lunettes. Quelqu'un frappa, Rogue entra :
- Il m'appelle.
Le directeur redressa la tête, l'air inquiet :
- Severus…
C'était risqué, très risqué… Ces derniers temps, Voldemort s'était montré distant vis à vis de lui : Qu'est-ce que cela cachait ? Avait-il compris ?
Sachant que de toute façon, rien ne ploierait la décision de Rogue, Dumbledore se contenta de lui souhaiter :
- Bonne chance…
Rogue débarqua en plein cimetière. Voldemort était installé sur la tombe de son père, les jambes croisées, l'air furieux. Ses Mangemorts l'entouraient à respectable distance. La dépouille de Nagini gisait aux côtés de Bellatrix qui paraissait avoir reçu quelques sortilèges Doloris.
- Espèce d'imbécile, soupira le Seigneur des Ténèbres avec un dédain profond, ne pouvais-tu pas dire que cette fille pouvait lancer le sort mortel sans baguette !
Sa voix s'était parsemée de pointes inhumaines et dures.
- Je… J'ai cru que ce n'était qu'un tour de passe-passe, prononça difficilement la Mangemort.
Elle reçut une autre décharge. Son hurlement se perdit dans les arbres dénudés. « Il accorde plus d'attention à son serpent qu'à ses serviteurs… » Songea Rogue. C'est alors que son maître le remarqua :
- Severus, toujours en avance ! Approche !
Rogue s'avança en se contrôlant du mieux qu'il pouvait. Son maintien était des plus exemplaires car il avait l'habitude de résister aux menaces. Il ne se laissait pas impressionner, que les yeux de son interlocuteur aient la rougeur du sang ou le vert des marécages infernaux.
- Tu ne te demandes pas pourquoi je ne t'ai pas parlé de notre opération d'hier ?
- Je suppose que si vous ne l'avez pas fait, c'est que vous aviez de bonnes raisons.
- Exactement Severus, ricana-t-il, exactement.
Il rehaussa un genou, y posa son coude pour tenir son visage où flamboyaient ses yeux.
- Alors, soupira-t-il en transe, elle a souffert ?
Les traits de Rogue exprimèrent un étonnement sincère.
- Je te parle de Madurei, reprit Voldemort avec une douceur toute relative, elle a hurlé quand cette naïade l'a touchée ? Je veux entendre ses cris… Je veux que tu me décrives les moindres convulsions de son corps agonisant…
Devant l'expression stupéfaite de son serviteur, Voldemort éclata d'un grand rire glacial. Les autres Mangemorts n'osaient l'imiter, abasourdis de voir leur maître aussi… euphorique alors qu'ils avaient perdu une bataille.
Il se leva d'un coup et toisa le ciel d'un regard qui pouvait tout se permettre. Il repensa aux ailes noires qu'il avait vues, parant le dos de sa cousine :
- Ainsi donc, ricana-t-il, voici l'une des raisons pour lesquelles mon oncle s'est suicidé : il avait épousé une néréide, il a donné naissance à quatre bâtardes. L'une d'elle est déjà morte. Il en reste trois. Il vous faudra être patient, mes chers Mangemorts, il me les faut vivantes … ceci dit… Je n'ai besoin que de leur vie physique. Tourmentons, torturons, à tout heure du jour et de la nuit ! Je veux que cette garce de Madurei perde cet air arrogant qui affirme sa beauté, je la veux défigurée à mes pieds. Je prédis des pleurs éternels dans les yeux bâtards de Néréis et la couronne de fleurs des sacrifiés pour Joyce !
Et il continua à rire.
Vous comprendrez alors pourquoi… pourquoi on les surnomme la déplorable race de Salazar Serpentard ! Ils ne savent qu'entraîner le malheur autour d'eux ! Et Rei, Et Joyce, Et Néréis !
Tourmentons, torturons, tuons !
Fin de la section II
