Disclamer : Oui, le monde d'HP appartient à Rowling... C'est elle qui a inventé le Magnifique Rogue, ha ! La Sainte femme !

A l'origine, les chapitres Rogue forever, and Rogue again et Severus game étaient un seul chapitre.... Mais je les ai scindé en trois, c'était trop long, lol !!!

15/ Rogue forever !

Poudlard, toujours Poudlard… Il est 4 heures de l'après-midi. La température est de 16 degré Celsius, la pression atmosphérique est normale. Musique de fond : Amélie Poulain. Deux formes s'agitent devant nous : il s'agit de deux gryffondors : Potter et son fidèle Weasley.

- Bon sang ! Dit Harry, on l'a échappé belle, hier !

Celui qui avait survécu à Celui dont on ne doit pas prononcer le nom s'exaspérait de voir les adultes lui faire encore et toujours des cachotteries. Il avait donc décidé, grâce à la science de Hermione Granger, de créer un psychonaute, sorte de petite créature spirituelle qui jouerait pour lui le rôle d'espion. Seulement voilà, en vue de cette laborieuse réalisation, il devait d'abord effectuer un petit écart dans le bureau de Rogue afin de se pourvoir des ingrédients nécessaires. Et c'est là que ça avait foiré. Alors qu'ils étaient drapés de la cape d'invisibilité en pleine nuit, devant le bureau du maître des potions, ils heurtèrent un mur invisible : elle était arrivée, le teint morbide et le cerveau écumant de rage : Joyce Happer.

- Que cherchez-vous à faire dans le bureau de Rogue ! Avait-elle glapi, suppôts de Satan !

Bien sur, cette demoiselle n'avait pas eu l'honnêteté de leur avouer qu'elle-même cherchait à dérober des ingrédients afin de concocter un philtre d'amour (visant à réunir Séverus et Madurei pour le meilleur et pour le pire). La confrontation aurait fini dans un bain de sang si Caïn, qui accompagnait sa chère et tendre, n'était pas intervenu :

- Au lieu de nous mettre des bâtons dans les roues, avait-il déclaré, pourquoi ne pas nous entraider ?

Silence consterné, puis intéress : une union eut lieu. Potter et sa troupe exposèrent donc leur dessein. Joyce fut très intéressée : elle aussi en effet souffrait du manque de confiance des adultes. Elle laissa donc tomber son idée de philtre pour soutenir activement Potter, à condition seulement que le psychonaute ne serve pas à espionner Rogue, et qu'on ne force pas non plus le bureau de ce dernier pour le fabriquer.

- Elle est gonflée, s'exclama Harry, je suis sur qu'elle aussi complotait quelque chose d'illégal, hier.

- Je pense aussi, renchérit Ron, mais elle a l'air de savoir comment on peut construire le psychotruc, on peut peut-être lui faire confiance.

Il fit une grimace :

- Même si de toute évidence, elle est avec Rogue !

Le bruit d'une démarche légère les tira de leur réflexion. Hermione apparut en sautillant allégrement :

- Devinez quoi ! clama-t-elle fort heureuse, je viens de doubler les effectifs de la S.A.L.E…

(Je pense que tout le monde se souvient que c'est sa société pour la libération des Elfes de maison.)

- Ha oui ? dit sarcastiquement Ron, elle est passée de « un » membre à « deux » ?

- Hum… Fit la jeune fille un peu froissée, en effet dit comme cela, ça paraît moins exceptionnel. Enfin bon, sachez que Joyce m'a rejoint.

Les deux gryffondors mâles sursautèrent :

- Attends ! Dit Harry, déjà qu'on va l'avoir sur le dos pour le psychomachin, tu ne vas pas te l'enticher non plus !

- Pourquoi pas ? Dit Hermione, elle est sympa, et intelligente ! Elle voit à quel point les elfes ont besoin de nous. Elle n'a pas cessé de renifler du nez quand je lui ai présenté leurs conditions de travail.

- Parce qu'il y a des gens qui reniflent de la bouche selon toi ? demanda Ron.

- C'est pas ça ! répliqua Potter sans prendre gade à la note humoristique de Ron, mais tu sais bien que nous en fait, on veut surtout utiliser le psychonaute pour espionner Rogue, elle ne nous laissera pas faire !

A ce moment-là, Joyce était loin de se douter de ce qui se tramer. Elle attendait avec Rei et Caïn devant la grande porte de Poudlard pour accueillir un nouveau venu.

- Il s'appelle Ethius, expliqua le professeur de défense, et c'est un Ksri. Je crois que le ministère a peur que notre « peuple » ne se joigne à Jédusor. Il souhaite établir des liens avec nous. Cet Ethius va servir d'ambassadeur à Poudlard. Il y en a d'autres comme lui éparpillés au ministère et dans différentes écoles de sorcellerie.

Mais Joyce se moquait bien de cela. Elle posa la question qui lui tenait vraiment à cœur :

- Comment ça se passe avec Rogue ?

- Bien, répondit Rei, je reste de mon côté, il reste du sien. Et basta !

« J'aurai du faire ce philtre ! » râla la jeune fille in petto. La main de Caïn se posa sur son épaule, elle lui sourit.

Enfin, le dénommé Ethius fit son entrée : il devait avoir dans les 25 ans, châtain, yeux marrons verts, un air goguenard.

- Bonjour la compagnie, lança-t-il avec un enthousiasme immense.

On entendit les mouches volaient.

- Toujours pleine d'entrain, Lady Madurei !

Il voulut lui faire un baisemain mais Rei refusa avec hauteur :

- Suivez-moi, dit-elle en fronçant les sourcils, le directeur veut vous parler.

- Mais j'ai… une malle pour vous, quelque chose pour vos cours de défense.

- Joyce et Caïn se chargeront de la porter dans mon bureau.

Les deux adolescentes acquiescèrent. Le coffre était énorme et lourd mais Caïn n'avait pas osé le réduire ou le faire voler : il sentait qu'il y avait une créature magique à l'intérieur et mieux valait ne pas tenter le diable. Ils la traînèrent donc tant bien que mal dans le bureau de Rei.

En la déposant sur le sol, Joyce souffla de soulagement. Elle aperçut une étiquette qui pendait à la poignée :

- … Fantasmard, lut-elle.

Elle écarquilla les yeux :

- C'est quoi ?

- Ho, répondit Caïn, c'est le même principe que l'épouvantard, sauf que ça prend la forme de ton fantasme le plus fou.

Ils se regardèrent avec une gêne croissante.

- Bon, ben, on va y aller, proposa Joyce.

Mais elle trébucha et tomba bien entendu sur le coffre. Caïn allait se pencher pour la relever quand le fantasmard jaillit de l'ouverture.

- HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !

Ce rire venait d'exploser de la gorge de Korée : la lapine était entrée dans la pièce juste après eux sans qu'ils la voient et avait failli s'étrangler de rire : le fanstasmard s'était focalisé sur les émotions de Joyce et avait pris la forme de… Caïn… De Caïn, portant les habits de Rogue

Joyce resta médusée, Caïn parut étrange :

- Saveudirkoiça ? parvint-il difficilement à articuler.

- C'est pas ce que tu crois, hurla Joyce, pas du tout !

Comble de l'humiliation : Rei venait de les rejoindre. Sa bouche pendit devant les deux Caïns.

- C'est… un fanstamar, hulula Korée au bord de la suffocation.

Et Madurei en comprenant s'exclama bruyamment en songeant à Ethius :

- Mais ce type est un con ! Je ne vais pas proposer ça à mes élèves !

Et là le fantasmard croisa le regard de la jeune femme et il se métamorphosa en Rogue : un Rogue qui avait une lueur sauvage et sexy dans les yeux. Rei rougit de colère et se rua sur l'apparition pour la pousser dans le coffre et l'y enfermer. Juste à temps car le vrai Rogue venait d'arriver :

- Qu'est-ce que tout ce chahut ? S'enquit-il.

Caïn le dévisagea avec rancœur avant de passer devant lui à toute vitesse pour s'enfuir, Joyce lui courut après en susurrant mille excuses. Korée les suivit avec des ricanements épouvantables.

- Qu'est-ce qui leur prend ? S'étonna Rogue.

- Ce n'est pas important, répondit Madurei. Excusez-moi deux secondes.

Elle cacha la malle dans le cagibi pour éviter tout incident.

- Ils ont fini d'arranger une chambre pour Black, annonça le professeur de potion avec un air ravi, vous allez pouvoir regagner vos quartiers.

- Pas trop tôt ! répliqua Rei d'un ton encore plus « joyeux ».

Rogue fronça les sourcils : il voulait en fait la provoquer. Il ne savait pas très bien pourquoi, mais il ressentait l'envie irrépressible de la taquiner.

- Enfin, dit-il d'un petit accent sournois, ravi que vous ayez été correct, conformément à vos dires.

Rei se souvint alors de quoi il voulait parler. Elle lui avait en effet lancé pour plaisanter qu'elle ne « lui sauterait pas dessus. »

- Pourquoi m'en parlez-vous ? demanda-t-elle, vous avez des regrets ?

Rogue observa ses cheveux noirs s'écoulant avec grâce sur ses épaules et le long de son dos, flirtant avec la courbe parfaite de ses hanches. Il se renfrogna :

- Vous m'excuserez, mais vous êtes un peu trop jeune pour moi…

Elle s'approcha de lui, pointa son nez sur le sien et lui murmura, d'un ton vexé et droit dans les yeux :

- Vous oubliez que je suis à moitié néréide, je suis plus vieille que vous en fait…

Rogue sourit narquoisement, visiblement amus :

- On essaie de faire sa petite voix menaçante, Madurei ? dit-il avec ses airs doucereux.

Il la poussa en appuyant sur ses épaules et la plaqua contre le mur. Rei se retrouva coincée contre lui, leurs regards s'entrecroisaient à une distance des plus limitées. Elle sourit sournoisement à son tour :

- Vous croyez me faire peur ? Qu'est-ce que comptez faire maintenant ? Vous n'oserez jamais…

Il réprima un petit ricanement :

- Moi, je ne vous ai rien promis…

Leur bouche n'était qu'à quelques millimètres l'une de l'autre, il ne lui suffisait que d'un petit mouvement pour…

- Lady Madurei ! Cria Dumbledore en entrant, j'ai une bonne…

Il allait dire « nouvelle » mais il se figea sur place : Rogue n'avait pas eu le temps d'embrasser sa collègue mais leur position était plus qu'équivoque…

- ça alors, dit-il, ça alors…

Mais Rogue s'éloigna de Rei comme s'il risquait d'attraper la peste. Celle-ci rechercha une explication avec ardeur :

- J'avais quelque chose de coincée, dit-elle en ne trouvant plus ses mots, dans… entre… entre…

- Entre les dents, acheva Rogue.

- Oui, c'est ça !

- Et vous vous apprêtiez à retirer ce quelque chose avec vos dents à vous, Severus ? s'enquit malicieusement Dumbledore.

Silence perplexe.

- Ou alors, continua le directeur, vous alliez utiliser votre bouche comme une ventouse et…

- Bon, ça va, Albus, on a compris ! Râla Madurei.

La barbe de Dumbledore semblait s'emplir de la bonne humeur de son propriétaire :

- Vous serez heureux, dit celui-ci, car je n'ai plus une bonne nouvelle à vous annoncer : après ce que je viens de voir, c'est une supra méga BONNE NOUVELLE.

Rei et Rogue redoutèrent le pire…

- Ethius va loger là où Sirius aurez du coucher à partir d'aujourd'hui, annonça-t-il gaiement, vous resterez ensemble encore quelques jours alors. Je croyais que cela vous dérangerait mais en fait…

- Monsieur le directeur ! prononça Rogue avec une voix dure.

Le maître des potions avait revêtu sa mine des mauvais jours :

- Il ne s'est rien passé, dit-il avec autorité, et il ne passera jamais rien. Ne basez pas votre jugement sur…

- … un incident stupide, conclut Madurei.

Les deux hommes la considérèrent, elle reprit la parole avec un visage neutre :

- Il y a des choses beaucoup plus importantes à régler, comme la montée en puissance de cette vermine de Jédusor.

- Cela ne doit pas vous empêcher de vivre, Madurei, répondit le directeur.

- Le travail avant tout, rétorqua Rogue.

Dumbledore, vaincu, les abandonna l : ces deux têtes de mules ne changeraient jamais d'avis !

- L'incident est clos ? demanda Madurei.

- L'incident est clos… Approuva son confrère.

- Non, redit Joyce pour la énième fois, nous ne cambriolerons pas le bureau de Rogue !

La joyeuse troupe (à savoir : composée de Joyce, Caïn, Korée, Potter, Weasley, Granger, ainsi que Shun et Malicia que Joyce avait conviés) était réunie dans la salle commune des gryffondors. (La grosse dame avait un peu râlé en voyant un serpentard entrer, mais Joyce lui avait donné le mot de passe) Vu le beau temps qui régnait à l'extérieur, ils étaient seuls.

- Comment on va faire alors ? s'exaspéra Ron.

- Ecoutez, reprit Joyce d'un ton ambiguë, vous êtes peut-être sympas, mais Rogue vous déteste. Je n'ai pas du tout envie qu'il m'associe à vous.

« Quelle franchise déconcertante » pensa l'inséparable trio.

- On n'a qu'à attendre la prochaine sortie au pré-au-lard, proposa Caïn, je me chargerai de trouver ce qu'il nous faut.

- Heureusement que super Headcliff est là, plaisanta Shun.

Malicia lui donna un coup de coude. Caïn ne broncha même pas. Joyce se demandait s'il avait vraiment digéré le coup du fanstasmard… En tout cas, il n'y avait fait aucune allusion de la journée.

- Bon dans ce cas, déclara Hermione, nous te laissons faire, Headcliff, on fera une autre réunion une fois que nous aurons les ingrédients…

Et elle s'en alla avec ses deux amis. Une fois dans le couloir, elle prit un air mystérieux et calculateur :

- Je doute que Caïn puisse trouver tout ce qu'il nous faut au pré-au-lard… Et nous n'aurons pas de sortie à Londres avant longtemps. Surtout depuis que V-Voldemort a attaqué Joyce…

- Tu proposes qu'on mente à Happer et qu'on aille se servir chez Rogue ? demanda Ron.

Et ils se dévisagèrent sans rien dire.

Pendant ce temps, dans la salle commune, Shun et Malicia s'enquirent de quelques explications sur cette chose : le psychonaute.

- C'est assez simple, dit Joyce, en fait c'est une créature crée à partir de trois potions qu'on mélange : une potion de feu, une potion d'eau, et une potion d'air…

- Pourquoi pas avec une potion de terre ? Demanda Malicia.

- Ça ne marcherait pas, l'élément terre est trop ancré dans la réalité. Il lui faut des substances spirituelles… Comme son nom l'indique, « spycho » le rapporte à l'esprit, et « nautes » veut dire navigateur. Cette créature est lié à l'esprit de son créateur et dépend totalement de lui.

Ils écoutaient, assez intrigués. Caïn poursuivit :

- Vous en avez un bon exemple devant vous : Korée.

- Korée est une psychonaute ?! S'exclama Shun.

- Pas tout à fait, avoua Joyce tandis que la fillette-lapin arborait une mine fière, elle est beaucoup plus élaborée : elle n'a pas à m'obéir. Il y a plusieurs types de psychonautes. Elle, elle fait partie de la branche la plus indépendante. En fait, j'ai juste fait éclore son œuf, mais je ne l'ai pas crée moi-même. Comme c'est quand même moi qui lui ai permis de venir au monde, nos esprits ont une petite liaison. Cependant je ne peux pas communiquer avec elle par la pensée, je suis juste en mesure de ressentir son aura plus fortement que celle des autres…

Shun s'empressa de demander :

- Alors pourquoi c'est pas elle qu'on envoie espionner ?

- Korée est trop voyante, soupira Joyce, et beaucoup trop grosse…

Réaction immédiate : la fillette écrasa la tête de sa maîtresse. Caïn dut intervenir pour l'empêcher de l'étouffer.

Le lendemain, les 3 gryffondors avaient décidé de mettre leur plan à exécution. Ils avaient bien calculé leur coup. On était mardi et ce jour-là, Rogue passait toujours une heure à la bibliothèque pour effectuer quelques recherches ou simplement lire. Hermione avait décidé de se charger du sale travail (elle seule était capable de prendre les ingrédients sans se tromper.) tandis que ses deux amis allaient faire le guet. Les deux garçons ne s'inquiétaient pas et causèrent négligemment en jetant de temps à autre un coup d'œil au bout du couloir, là où Rogue devait faire son apparition pour aller chez Mme Pince. Et là, que ne fut pas leur surprise ! Au lieu de se rendre à la bibliothèque, Rogue se dirigeait droit vers son bureau. Ron et Harry tressaillirent : ils ne l'avaient pas prévu et n'avaient plus le temps de prévenir Hermione.

- Les cachots son trop loin, chuchota le rouquin, et si on essaye de retenir Rogue, il va flairer le piège.

Mais que faire ? La réponse leur apparut quand ils virent Joyce apparaître à son tour : c'est elle qui détournerait l'attention de Rogue.

- Joyce, haleta Harry, il faut que tu nous aide !

Rogue venait déjà disparaître dans les escaliers, les deux jeunes garçons transpiraient de peur : Joyce ne les aiderait pas si elle savait ce qu'ils faisaient en réalité.

- C'est Hermione, continua Ron, elle… a volé un livre de la réserve pour avoir plus d'informations sur le psychotruc mais on a vu Rogue prendre sa direction, s'il la voit, elle va se faire tuer !

- Mais, dit Joyce étonnée, qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Hermione a du prendre ses précautions, non ?

- Joyce, dit Harry avec ferveur, tu sais combien Rogue est intelligent, il lira sa culpabilité sur son visage même.

Harry se maudissait de louer ainsi son prof détesté mais la ruse prenait : le visage de Joyce s'éclaira :

- Enfin, vous le reconnaissez !

Mais elle parut soudainement inquiète :

- Mais je ne sais pas où Rogue se trouve, et je n'ai pas envie de provoquer sa colère…

- Une petite réunion de looser ? dit la voix traînante de Draco Malefoy.

Harry eut un mouvement brusque vers son rival de toujours mais Joyce le retint :

- Voyons Potter, railla-t-elle avec une lueur entendue dans le regard, tu sais très bien qu'une terrible malédiction s'abat sur tous ceux qui s'en prennent à Malefoy !

- Quelle malédiction ? demanda Ron alors que Draco faisait une horrible grimace.

Joyce décoiffa ses cheveux d'un geste bourru, croisa les bras en laissant ressortir ses deux pouces et prononça d'un ton doucereux :

- Five points from Gryffindor, Potter! Je retire 5 points à Gryffondor Potter !

Les deux gryffondors éclatèrent de rire tant cette imitation de Rogue était parfaite. Malefoy démarra au quart de tour et se précipita vers les cachots pour rapporter cela au professeur.

- Merci infiniment, Joyce, dit Harry en rigolant encore, Hermione est sauvée ! Rogue va arriver comme un boulet de canon.

Mais Joyce était devenue pâle comme la mort :

- J'ai insulté Rogue, murmurait-elle comme si elle avait commis le pire péché, j'ai insulté Rogue, j'ai insulté Rogue…

- Ne t'inquiète pas ! Bredouilla Harry plein de remords, écoute… Heu… On doit te laisser, si Rogue te voit avec nous, ce sera pire… Je suis sûr que tu trouveras une bonne excus…

- J'ai insulté Rogue, répétait Joyce en écarquillant les yeux.

Ron et Harry aurait bien voulu la consoler, mais ils entendirent des pas précipités et préférèrent donc décamper. Rogue apparut au bout du couloir, l'air furieux, avec Malefoy à ses côtés qui montrait Joyce du doigt.

- Vous voulez bien vous approcher ? Ordonna Rogue en la fixant méchamment.

Joyce scruta son professeur, un peu hagarde, et prit sa décision en une seconde : elle fit volte-face et partit en courant.

- Non mais je rêve ! S'exclama Rogue.

Il avait autre chose à faire que courir après une gamine !

- Je vais la rattraper ! Cria Malefoy en partant à sa poursuite.

Mais Malefoy n'avait pu tenir cet engagement. En franchissant une allée, il n'eut pas le temps de voir le poing de Caïn (que Joyce avait averti) se figer dans sa figure. Il tomba, raide évanoui. Il n'avait même pas aperçu son agresseur.

Joyce considéra son petit-ami avec appréhension : il savait se montrer violent…

- L'amour donne des ailes, lui dit-il comme s'il avait deviné ses pensées.

Il se gratta nonchalamment la tête avant de reprendre avec tendresse :

- Bon, Néréis, je pense que tu devrais aller voir Rogue avant que ce ne soit lui qui t'attrape…

Elle était soulagée de voir qu'il ne pensait plus au fanstamard.

- Tu veux bien m'accompagner ? J'ai peur de sa réaction…

Ils arrivèrent devant le bureau de Rogue : la porte était ouverte et on entendit la voix enragée du professeur. « C'est quand même pas à cause de moi qu'il hurle ? » S'angoissa Joyce. Caïn la poussa doucement à l'intérieur et ferma discrètement la porte derrière eux.

- Bon sang, s'exclamait Rogue en pensant être seul, encore, encore… Je vais les tuer ces petits merdeux !

La porte de son armoire était ouverte, il semblait inlassablement recompter ses ingrédients. Joyce, en voyant cela, fit lentement le lien dans sa tête : Potter Ron lui demandant de l'aide Hermione se livrant à quelques illégalités cambriolage chez Rogue.

- Ils m'auraient MENTI ??!! S'exclama-t-elle.

Caïn sursauta et lui fit une mimique outrée. Rogue se retourna violemment :

- Vous voilà, VOUS ! Espèce de sale petite…

- Attendez professeur, intervint Caïn, ce n'est qu'un malentendu.

- Restez en dehors de ça, Headcliff, et décampez de mon bureau, j'ai à parler avec cette demoiselle.

Mais Joyce agrippa fermement le bras de son petit copain :

- Je ne reste pas si vous êtes aussi énervé, s'alarma-t-elle.

- C'est moi qui commande ici, Headcliff, sortez !

- Néréis, dit celui-ci dans leur langue natale, tu veux vraiment que je reste ? C'est comme tu veux…

- Je ne sais pas… Il est vraiment déchaîné… Bon ce n'est pas grave, je vais me débrouiller seule… Merci pour ton aide.

- Et arrêtez de parler cette langue ! Beugla Rogue exaspéré, si vous avez quelque chose à dire, vous me le dîtes en face !

Caïn sortit, mais il resta derrière la porte pour attendre son amie. Rogue s'avança vers Joyce d'un air menaçant :

- Alors, on fait de l'humour devant Potter et son fidèle Weasley ? On se fait de bons amis à mes dépends ?

- … Attendez que je vous explique, je me suis faite avoir !

- Vous êtes la victime, comme toujours.

- … Je suis coupable, sans l'être, tout en l'étant !

Il la saisit par sa veste et la traîna devant son armoire :

- ça vous dit quelque chose, ça ?! demanda-t-il durement.

- Oui, je dois dire…

- VOUS avez comploté avec POTTER pour ME voler…

- Je n'étais pas au courant, brailla-t-elle tandis que Rogue resserrait la pression et lui écrasait l'épaule. Je vous le jure ! Potter m'a fait croire que Hermione avait volé un bouquin à la bibliothèque… J'étais loin de me douter que c'était de votre bureau dont il s'agissait en fait !

- Je ne vous crois pas !

- Et bien faîtes-moi boire du véritasérum ou fixez moi dans les yeux, je sais que vous savez déceler quand les gens mentent, comme Jédusor…

Rogue n'apprécia pas du tout la comparaison et la bouscula : elle heurta son bureau mais parvint à rester debout.

- Vous avez donc pu vous rendre compte à quel point Potter était perfide, poursuivit le professeur. J'espère que vous surveillerez mieux vos fréquentations à l'avenir.

Il se mit à sourire :

- Enfin, vous n'aurez qu'à me répéter tout ce que vous venez de me dire au directeur et…

- Non.

Son visage se figea, puis se dégrada en un énorme rictus :

- Je vous demande pardon ? dit-il d'une voix pleine de promesses.

- Je ne témoignerai pas auprès du directeur.

Joyce fit le tour du bureau pour se mettre hors de portée.

- Ha oui, dit lentement Rogue… Pensez-vous avoir le choix ?

Il effectua un brusque écart pour l'attraper mais Joyce vint se mettre à nouveau de l'autre côté du meuble. Il était encore plus furieux, si c'était possible, ses mains tremblaient. Ils les posa avec force sur son bureau et se mit à rugir :

- J'avais une meilleure opinion de vous, miss Happer ! Puisque vous le prenez comme ça, je vais devoir…

- Je ne suis pas comme ce sale Malefoy ! Je n'ai pas besoin de me cacher derrière un prof !

Les yeux de Joyce se gonflèrent de larmes :

- Je déteste ce gamin ! Je suis sure qu'il l'a raconté à son père que j'avais peur des serpents, et lui il l'a dit à Jédusor… je sais que c'est un Mangemort !

Rogue resta sans voix : il ne s'attendait pas à ça.

- Ne pleurez pas, murmura-t-il en essayant de se maîtriser, écoutez, je…

Elle baissa la tête, le professeur se sentit étrangement pris au dépourvu. Il tendit la main pour la consoler cependant…

- Mais c'est le passé, déclara Joyce en redressant un visage souriant, maintenant que vous êtes calmé, je peux vous proposer mon id…

Et Rogue en la voyant aussi vite réconfortée s'emporta :

- VOUS VOUS ETES FOUTUE DE MOI ! Beugla-t-il.

Il la saisit par le col pour la secouer :

- Arrêtez, gémit Joyce, on dirait Rei !

Il la lâcha, elle recula en trois enjambées terrorisées :

- Je veux me débrouiller sans vous, expliqua-t-elle en reprenant son souffle, Potter m'a menti, à moi… Et il va me le payer, mais vous ne devez pas intervenir.

S'apercevant que sa requête était trop autoritaire, elle ajouta d'un ton aigu :

- Siouplaît !

Rogue la regarda de travers :

- Vous croyez sincèrement que je vais vous laisser vous occuper de ça ? Et puis quoi encore !?

- J'ai juste besoin d'un peu de… nectar d'églantine… Si je le mets dans la potion que Potter veut préparer, il va avoir une sacrée surprise…

- Comment ça ? Vous savez donc ce qu'il compte faire ?!

- Heu… Presque…

- Espèce de sale…

Et hop ! Le manège autour du bureau recommença.

- Je vous trouve bien familière avec moi en ce moment, gronda Rogue en essayant de l'empoigner sans succès. N'oubliez pas que je suis votre professeur !

Joyce chercha vite une idée pour détourner la conversation, ou plutôt un moyen pour le forcer à accéder à sa demande.

- Et moi, dit-elle, je vous trouve bien familier avec ma sœur.

Elle n'avait rien trouvé de mieux.

- COMMENT ? S'exclama Rogue en s'immobilisant.

- Vous avez bien entendu, continua-t-elle, le dos ruisselant de sueur, je sais qu'elle vous… heu… Vous voyez quoi.

Mais Rogue avait totalement perdu son teint pâle et ne respirait plus que exhalaison de rage.

- Dîtes-moi, chuchota Joyce d'un ton de petite fille pour enfoncer le clou, vous n'avez rien fait à ma grande sœur ?

- Mais qu'est-ce que vous…

- C'est juste que deux adultes partageant les mêmes quartiers, seuls au milieu de la nuit… ça laisse quelques soupçons !

Après que son visage fut passé par toute la gamme des couleurs de l'arc-en-ciel possibles, Rogue se dirigea droit dans son armoire, en sortit une fiole violette et la tendit à son élève :

- Voici votre églantine, brailla-t-il, prenez-la ! Et ne vous gênez pas ! Faîtes-en voir de toutes les couleurs à Potter, tuez-le même… Eparpillez ses os aux quatre vents, crevez-lui les yeux : je m'en moque ! Mais sortez de ce bureau et surtout, surtout : ne revenez jamais !

Joyce attrapa le flacon au vol (il lui avait lancé à la figure !) et sortit précipitamment. Quand la porte eut claqué, Rogue lâcha ces mots en reprenant son calme :

- Ou du moins ne revenez pas de cette journée-ci…

Chaque fibre musculaire de Joyce, chaque neurone de son cervelet en fureur criaient vengeance !

- Ils m'ont menti ! S'écriait-elle encore, alors qu'elle était seule avec Caïn et Korée.

- Je ne pense pas, intervint nonchalamment Caïn, que ce soit une bonne idée de verser de l'églantine dans la potion…

- Caïn, dit Joyce en levant les sourcils, tu as certainement beaucoup de qualité, mais tu es un peu trop passif à mon goût.

Pour toute réponse, il la prit par la taille et l'embrassa. Korée ferma les yeux.

- Tu es mignonne quand tu es en colère, avoua-t-il, mais je dois aller travailler à la bibliothèque. Ne prends pas mes conseils en compte, à ta guise, mais je t'aurai prévenue.

Joyce prit un air vexé puis lui donna à son tour un baiser avant de le laisser vaquer à ses occupations.

- Ce n'est pas grave, dit-elle, si Caïn ne veut pas m'aider. Je peux compter sur toi, Korée ?

La fillette acquiesça. Etape n1 : engueuler Potter et ses amis. Cela ne ferait pas naturel si elle laissait passer ça. Elle déboula donc en trombe dans la salle commune des Gryffondors. Elle brama, beugla, rugit, miaula, aboya, vociféra et contempla ses interlocuteurs noyés sous une nuée de postillons :

- On… On te demande pardon, dit Potter.

- Seulement pardon ?! Brailla Joyce, Rogue m'a foutue hors de son bureau par votre faute ! J'ai refusé de vous dénoncer parce que je ne suis pas une traître, mais si vous avez le malheur ne serait-ce qu'une seule fois de…

- Non, fit Hermione, nous ne te mentirons plus.

Ils se scrutèrent.

- On fait la paix ? Proposa Harry.

Joyce soupira :

- Je suis encore assez en colère… Mais maintenant que nous avons les ingrédients nécessaires, nous devons nous mettre au travail le plus vite possible : alors oui, on fait la paix.

Ils se serrèrent la main, Korée fit des petits bonds de joie. « Parfait » se dit Joyce avec une extase machiavélique, « le piège se referme… Potter ! Tu as trouvé ton maître ! »

C'est Granger qui se dévoua pour préparer la potion. Joyce leur dit qu'elle interviendrait à la fin pour permettre la formation de l'œuf d'où surgirait le spychonaute. Tandis que Korée était allée dehors jouer avec quelques élèves qui s'entraînaient au quiddich (son jeu préfér : attraper le vif d'or pour exaspérer les apprentis attrapeurs), Joyce s'en retournait à travers les couloirs en chantonnant, peut-être dans l'intention de rejoindre Caïn. Mais elle aperçut brutalement Sirius, un bouquet de fleurs à la main.

- Hé Black ! Cria-t-elle, tu n'es pas au travail ?

L'Animagus, dans l'école, faisait un peu figure d'homme à tout faire, un coup aidant Hagrid, un coup surveillant les élèves, mais il n'était jamais très sévère.

- Non, dit-il, c'est ma pause.

La position de Joyce était ambiguë à son égard, d'un côté, elle ne l'appréciait pas du tout, mais d'un autre, il lui avait quand même sauvé la vie, elle lui devait un peu de reconnaissance.

- Je ne te savais pas aussi champêtre, continua-t-elle en observant le bouquet.

- Ce n'est pas pour moi, dit-il, c'est pour ta sœur.

Figure dépitée de la jeune fille :

- Quoi !!! Mais ! Mais ! Tu peux pas faire ça !

- Pourquoi pas ? Elle est bien célibataire, non ?

- NAN !

Il lui pinça le nez avant qu'elle ait pu continuer :

- Idiote ! Se moqua-t-il gentiment, c'est Mme Chourave qui m'a dit de les apporter à Pomfresh pour égayer l'infirmerie. Tu démarres vraiment au quart de tour.

- Idiot toi-même ! Cria-t-elle en se dégageant, on n'a pas gardé les cochons ensembles !

Sirius se gratta le sommet du crâne en baillant :

- Tu es bien rancunière, gamine. Si tu continues comme ça, tu vas devenir comme Rogue.

- Ce ne serait pas un mal !

- … Et puis pour ta sœur, si tu es si jalouse, c'est d'Ethius dont tu devrais te méfier… D'ailleurs… Que fait-il en ce moment ? Si j'étais toi, je vérifierai…

La figure juvénile vira à l'orange sanguine, elle fit volte-face et se rua vers le bureau de Rei.

- Elle démarre vraiment au quart de tour, acheva Black d'un ton satisfait.

Toc ! Toc ! Toc ! Joyce avait presque défoncé la porte.

- Entrez ! Cria Rei fâchée de voir que l'on s'acharnait ainsi contre sa porte.

La poignée tournoya et Joyce se précipita à l'intérieur mais stoppa net : Rogue était là. Fausse alerte. « Black m'a dit n'importe quoi » songea l'adolescente.

- Qu'est-ce que tu veux ? demanda sa grande sœur d'un ton agressif.

Joyce sortit sans même répondre, ils l'entendirent partir en courant.

- Elle va de moins en moins bien ! S'écria Rei, je ne la reconnais plus !

Rogue acquiesça doucement. Il était venu pour parler justement de Joyce, histoire de savoir si Rei avait une petite idée de ce qu'elle tramait avec Potter. Mais Madurei lui avait expliqué que sa sœur ne s'était pas confiée à elle.

- Vous n'avez qu'à laisser faire, lui conseilla-t-elle, si Joyce est dans le coup, cela va tourner à la catastrophe, comme d'habitude, et vous pourrez enfin épingler Potter…

La discussion s'achevant, Rogue s'en alla : il n'aimait pas rester en tête à tête avec sa consoeur depuis « l'incident ». Il frémit à l'idée de ce qui aurait pu se passer la fois dernière, si Dumbledore ne les avait pas interrompus. En plus, le directeur n'arrêtait pas d'y faire allusion maintenant. Finalement, il se dit qu'à se faire prendre en flagrant délit, il aurait mieux valu qu'il puisse aller jusqu'au bout, goûter un peu à ces lèvres provocantes qui ne savaient s'entrouvrir que pour le narguer davantage. Il secoua la tête : « Allons bon, Séverus ! Ressaisis-toi ! »

Et la potion fut prête, en même pas une semaine. Rei avait à présent regagné définitivement ses appartements, au grand désespoir de Joyce. Notre adolescente, d'ailleurs, avait bien réussi son coup pour ce qui était de gagner la confiance du fameux trio. Depuis qu'elle s'était « sacrifiée » vis à vis de Rogue, les trois amis lui faisaient davantage confiance. Potter lui avait même montré la carte du maraudeur. Joyce avait voulu la lui emprunter tous les soirs pour voir ce qu'il advenait de Rogue et de sa grande sœur mais une réflexion de Korée, qui était du genre : « Tu t'attends à quoi ? A ce que les deux points portant leur nom se chevauchent ? » l'avait profondément dégoûtée et elle renonça à cette idée.

Joyce avait leur confiance, mais elle était toujours déterminée à se venger sans que cela ne lui donne mauvaise confiance.

Hermione lui avait remis la potion, comme prévu. Joyce s'empressa d'y verser l'églantine : cet élément inopportun rendrait le spychonaute incontrôlable. Au bout d'un après-midi, la liqueur se condensa jusqu'à former une boule gluante qui durcit progressivement en vue de former un œuf. Une fois arrivée à ce stade, Joyce y traça un pentagramme qui la représentait elle-même. Elle apposa ses mains dessus et fit le vide dans sa tête : cet instant était primordial : ses pensées refoulées détermineraient la forme de son psychonaute. Quant elle eut enfin fini, elle le cacha sous son lit. « Il sera certainement dans le même genre que Korée » songea-t-elle.

De son côté, Rogue se demandait bien quand il aurait le plaisir de voir Potter réduit en charpie. Mais en tant qu'enseignant, il ne pouvait pas poser la question directement. Il avait quand même quelques scrupules (depuis quand un prof laisse ses élèves se taper sur les doigts sans intervenir ? Surtout quand il est presque complice ?) Comment avait-il pu abandonner sa vengeance au soin de Joyce ? « Tu vieillis, Sévérus… » Se dit-il. « Bah ! J'espère que Happer fera un bon usage de cette églantine. » Quoique… Joyce faire un bon usage de quoi que ce soit ? C'était une antithèse ! Tout comme dire « Joyce maladroite » était un pléonasme. Et si jamais elle ratait son coup et que la bande de Potter lui tombait dessus ? Ils lui feraient subir ce que lui a subi de la part de James ? Non, Harry Potter n'était peut-être qu'un petit garnement stupide, Rogue ne le voyait pas pendre une jeune fille par les pieds devant une cour infestée d'élèves.

Joyce, Joyce, Joyce… Quelle drôle de fille… Rogue avait fini par se faire à ses excentricités. Et ils avaient pas mal de point en commun, de même qu'avec Madurei : un passé douloureux, un père tyrannique… Mais ils n'avaient pas eu tous la même façon d'y faire face. Joyce avait « oubli » et cherchait à prolonger les douces chimères de l'enfance le plus longtemps possible. Madurei se cachait sous la colère et la beauté. Contrairement à lui qui s'était essayé à paraître le moins engageant possible, voire détestable, comme si la crainte, la haine et le dégoût étaient devenus le seul miroir dans lequel il pouvait se reconnaître. Si les autres lui montrait de la gentillesse : il ne comprenait pas, il ne connaissait pas, il s'en foutait. Mais elle, Madurei, semblait avoir trouvé d'autres armes (bien qu'elle n'était pas non plus un exemple de sociabilité). Elle avait certainement eu la volonté de ne pas entièrement sombrer dans la solitude. Bien qu'elle n'eût pas d'amis et qu'elle n'essayât pas de tisser des liens plus amples avec les autres professeurs de Poudlard, il y avait un petit quelque chose dans les yeux de la jeune femme qui montrait qu'elle ne souffrait pas de cette solitude ; une étincelle que Rogue avait vu dans toute sa splendeur à deux reprises : le soir où Joyce s'était réveillée in extremis après avoir bu l'Aganima et lorsque cette même enfant avait survécu à l'attaque de Lord Voldemort. Rei portait l'espoir en elle sans en avoir véritablement conscience. Pourquoi ? La réponse s'imposa instantanément à Rogue : lui n'avait personne à protéger, mais Rei avait encore deux petits sœurs. C'était cela qui lui avait permis de ne pas toucher le fond.

Bon, il saisit un paquet de copie d'élèves et s'efforça de penser à autre chose. Et comme à chaque fois qu'il essayait de se concentrer sur rien, Potter et son air goguenard lui apparaissait en tête. « Attends, toi ! Je t'aurai ! » Pensa-t-il en écrasant sa plume. Mais ce sale gosse lui passait souvent entre les mains, notamment à cause de sa foutue cape. Cape ? Une idée de génie éclaira son œil noir ! Il n'avait qu'à demander à Madurei de lui prêter sa « tente » d'invisibilité. « Et comme ça, ça me donne un prétexte pour la voir. » se surprit-il à penser. « Non ! J'y vais simplement pour coincer Potter, et rien d'autre ! »

Pendant ce temps, Joyce s'était rendue au bureau de sa grande sœur. Cette dernière n'y était pas, mais cela valait mieux pour elle, car notre adolescente souhaitait se confronter à nouveau au fantasmard. Même si Caïn ne lui en parlait plus, elle s'en voulait. Il fallait qu'elle règle ce problème et que le fantasmard prenne l'apparence de Caïn, vêtu en Caïn. Elle sentait bien que son petit-ami avait été blessé. Elle avait essayé de demander quelques conseils à Rei mais sa grande sœur ne s'avéra pas fort utile :

- Comment tu faisais avec ton mec quand vous vous disputiez ? Avait questionné l'adolescente.

Rei avait paru prise au dépourvu :

- Hé bien, je…

- Grande sœur, avait dit Joyce en plissant deux yeux rieurs, ne me dis pas que « vierge » n'est pas seulement ton signe astrologique !

La jeune femme, rouge comme l'enfer, avait écrasé le premier bocal qui lui était tombé sous la main.

- Rei, avait continué Joyce sur son impitoyable lancée, tu as déjà embrassé quelqu'un au moins ?

- Mêle-toi de tes affaires !

- Je ne comprends pas, avait ricané Joyce, pourtant ton physique compense largement ton caractère de cochon !

Et finalement, Rei l'avait foutue dehors. Joyce pouffa à ce souvenir puis fit face à la malle, qui détenait le fantasmard, avec détermination. Elle l'avait déjà entrouverte quand on toqua. Surprise, elle recula et renversa un encrier qui se brisa sur le sol. De l'autre côté de la porte, Rogue avait entendu le petit bruit de verre brisé et en l'absence de réponse, il entra sans plus de cérémonies. Mais il n'y avait personne… (Joyce s'était glissée en boule sous le bureau.)

- Madurei ? Se hasarda-t-il. Vous êtes l ?

- Séverus ! Fit une voix féminine.

Il fit volte-face, Rei avait apparu devant le placard.

- Je ne vous avais pas vue, dit-il lentement, je…

Il n'arrivait plus à parler : elle paraissait… changée, étrangement changée… Ses cheveux, plus sauvages que d'habitudes, soulignaient les courbes de ses épaules dénudées, elle portait un débardeur moulant décolleté et une jupe longue fendue de façon provocante.

- Vous me rendez visite de plus en plus souvent, souffla-t-elle avec une sensualité narquoise. Cela ne me déplaît pas, bien au contraire…

« Ma sœur a un drôle d'accent ! » pensa Joyce avec angoisse, « on dirait une chienne qui se trémousse, qu'est-ce qu'il lui arrive ? Elle n'est pas comme ça d'habitude… Ha non ! Ce serait le… Non ! Il faut que je prévienne Rogue. Non, il me tuerait ! Bon sang, je fais quoi ? » Elle se mit sur le dos et avança la tête, son front dépassa légèrement du bureau, mais au moins elle pouvait les voir.

« Rei » se jeta subitement dans les bras de Rogue et l'embrassa à pleine bouche. Joyce se retint d'hurler. Etonné par cette initiative, le professeur de potions n'avait pas encore eu le loisir de réagir : ce n'était pas la Madurei qu'il connaissait !

Et puis d'un coup, « Rei » se métamorphosa en Rogue… Cette fois, Joyce ne put s'empêcher de gémir : Rogue qui embrasse Rogue ! La vrai Rei, habillée de noir et d'une tenue certes moulante mais la couvrant entièrement comme d'ordinaire, était en fait sur le pas de la porte et le fantasmard s'était transformé à cause d'elle. Cette fois, Rogue avait réagi à la vitesse de la lumière et avait envoyé valdinguer le fanstasmard à l'autre bout de la pièce.

- Rogue ! Hurla Madurei, je peux savoir ce que vous faisiez avec « moi », puis avec « vous » ?!

- Avec qui ?! S'exclama-t-il, c'était quoi ce truc ? C'est lui qui m'a sauté dessus !

- Et vous ne la repoussiez pas ! N'importe quelle chaudasse peut sauter dans vos bras ?!

Joyce se mordit les lèvres : les propos s'emballaient.

- Pas n'importe laquelle ! Beugla-t-il, je croyais que c'était vous !

- Quoi ?!

Rei se pétrifia : son regard avait changé et s'était irradié de douceur. Mais elle se ressaisit et scruta Rogue sans rien ajouter.

- Bon, dit celui-ci en lorgnant sur son double KO par terre, qu'est-ce que cette chose ?

- Un cadeau stupide d'Ethius, murmura-t-elle, je vais lui demander de le jeter immédiatement.

- Je trouve étrange que vous soyez calmée si vite, Madurei.

Rogue la jaugea sournoisement :

- Je ne connais que deux sortes de créature qui agissent comme cela. Cette chose pourrait être un épouvantard…

- Ce serait logique, poursuivit Rei en fronçant les sourcils, on ne peut pas se sentir tous les deux.

- Oui, c'est vrai, continua Rogue avec ironie, quand vous êtes à moins de 20 mètres de moi, je suis parcouru de convulsions de frayeur.

« Mais à quoi ils jouent, l ? » s'énerva Joyce, « ils peuvent pas sortir que je puisse enfin m'évader ? Mince ! Je ne peux même pas transplaner, ils verraient la fumée rouge que je laisse derrière moi ! »

- L'autre solution, c'est que ce soit un…

- J'ai compris ! se renfrogna Rei, arrêtez de vous moquer de moi ! Le fantasmard a peut-être pris votre apparence devant moi ! Mais il a fait pareil avec vous ! Même pire…

- C'est amusant, dit-il en se rapprochant d'elle, le premier jour que nous sommes rencontrés, j'aurais juré que vous me haïssiez…

- … Ce n'était pas la première fois que nous nous rencontrions.

- Si, quand je suis venu chez votre père, je ne vous avais pas vu.

- Ce n'était pas la première fois, dit Rei. Vous ne vous en souvenez pas ! Et c'est pour ça que je vous en ai voulu lors de mon arrivée ici !

Joyce avait compris. Elle se souvint de la scène flash-back qu'elle avait vu dans les pensées de Rei, lorsqu'elle était sur l'île de métal à la merci des Mangemorts. Rei avait tenté « d'accoster » Rogue dans les rues de Londres mais celui-ci l'avait croisée sans la remarquer. Pourtant, pendant quelques secondes, ils s'étaient bien regardés dans les yeux : Rogue devait être vraiment ailleurs à ce moment-là, sans doute pensait-il à la chute de Voldemort et à la « nouvelle vie » qui s'offrait à lui.

- Je ne vois toujours pas de quoi vous voulez parler, dit-il (il était maintenant juste devant elle), mais peut-être pourriez-vous me rafraîchir la mémoire…

- … Joyce est sous le bureau, souffla Rei qui venait de s'en apercevoir.