Disclamer : Everything is the possession of Rowling, God save her !!!!!!!!!!!

Kikooooo ! Voici le dernier chapitre de la troisième section : Glissement.

Comme son nom l'indique, il va y avoir une fausse note. lol

On pourrait se demander pourquoi j'ai fais une section humoristique pour enchaîner sur une section dramatique au lieu de mélanger les deux, afin d'obtenir quelque chose de plus équilibrée. La raison est simple : le comique de cette section présente surgit surtout d'un élément primordial : l'innocence de Joyce. Or, pour provoquer les évènements de la Section 4, cette innocence doit disparaître. (Aïe ! lol) En effet, vous verrez bientôt la vraie Néréis apparaître dans des scènes de flash-back et on verra très vite qu'elle est très différente de «Joyce Happer »…

Merci Pauline et Angie Black, pour votre fidélité, ça me fait plaisir que vous prenez encore du plaisir à lire cette fic.

Selon le souhait de Ryannon , je vais faire un petit point sur le personnage d'Ethius, et surtout sur les Ksris. Je n'ai pas vraiment pris la peine de vous offrir des détails sur ce personnage car comme il n'était pas d'une importance capitale, je suis restée dans le vague.

Les Ksris sont les sujets de la famille Serpentard, non pas leurs « esclaves »… C'est vrai que là encore je n'ai pas du préciser leur mode de vie etc… Quelques précisions seront distillés à travers les deux prochaines sections mais je vais déjà en donner quelques unes :

le territoire Ksri est immense, et le château de Salazar est très mal placé, lol, il se trouve sur la partie ouest, avec des caveaux souterrains encastrés dans des montagnes infranchissables. De ce fait, la famille Serpentard ne contrôle pas toujours tout ce qui se passe. Il ne faut pas croire que tous les Ksris sont des tire-la-gueules, tristes et mélancoliques comme Caïn. Ils sont plus ou moins libres, tant qu'ils ne se dérobent pas à la volonté des Serpentards.

Cependant, les Ksris sont dispersés en petits villages insignifiants, ce qui les rend assez vulnérables. La majorité de la population, il est vrai, est pauvre et sombre.

Il n'y a qu'une seule grande ville : Ruax-Polis, au centre du royaume. Au cours des dernières décennies, elle avait pris de plus en plus d'importance, poussée par une autre famille très puissante : les Headcliff. Et les Serpentards ont fini par en avoir eu assez. Ils ont organisés une petite descente dans la ville, ont massacré la famille Headcliff (les survivants ont été traînés jusqu'au Château de Salazar pour vivre comme des chiens sous leurs fenêtres) pour donner un exemple, et la moitié de la ville pour l'amour du sport. Depuis, Ruax-Polis a retrouvé une certaine prospérité mais les habitants se tiennent à carreaux. Lol

Ethius vient de Ruax-Polis. Il n'a jamais rencontré Sir Frédéric. Madurei, après avoir fui le pays pour échapper à la mort et s'être retrouvée à Londres, a commencé à parcourir le monde et est revenue quelques fois dans sa contrée, afin de se tenir au courant. C'est là qu'elle a croisé Ethius, mais ce sont de simples connaissances.

Si Ethius passe pour un perso enjoué et gai, c'est parce que je voulais juste qu'il soit dans le ton de la section. (Je n'avais pas besoin de Caïn n2)

La différence qu'il y a entre Caïn et Ethius réside aussi dans leur passé : Ethius à Ruax-Polis menait une vie plutôt confortable avec sa famille et ses amis. Au contraire, Caïn ne se souvient même pas du visage de ses parents, il a vécu comme un mendiant au pied de la tour d'Ivoire, il a subsisté en volant dans les villages alentours et en faisant les poubelles. Sa vie s'est améliorée quand il a rencontré Lady Madurei, alors de passage dans la région, elle l'a engagé de suite comme espion et lui a fourni l'argent nécessaire pour bien se nourrir et se vêtir. (Il devait avoir dans les 8 ans). C'est aussi la raison pour laquelle Caïn la respecte énormément et qu'il lui est loyal…

Alors que Ethius, lui, ne doit rien à Madurei. Les Ksris en général ne respecte la famille Serpentard que sous une couche d'hypocrisie. (après ce qu'ils leurs ont fait) En plus Madurei, Néréis et Joyce sont perçues comme des déserteuses et sont peu appréciées, même si les Ksris les voient encore comme leurs maîtres légitimes. Ethius n'est pas hypocrite, mais il ressent un malin plaisir à se montrer familier avec des personnes devant lesquelles il aurait du baisser le front dans d'autres circonstances.

Une question qu'on peut se poser c'est pourquoi que maintenant que Sir Frédéric est mort, les Ksris ne se révoltent pas… En fait, après avoir vécu longtemps sous l'hégémonie de quelqu'un, il est difficile de devenir indépendant. Après la mort de Sir Frédéric, les Ksris ne se sont pas demandés ce qu'ils allaient faire maintenant qu'ils étaient libre mais ils ont plutôt voulu savoir QUI allait le remplacer. Et c'est ça leproblème. En plus, ils savent que Lord Voldemort, l'Homme Aux Yeux Rouges, est un descendant de Salazar, et ils attendent de voir s'ils devront suivre l'une des lady survivantes (qu'ils maudissent et attendent en même temps, voyez bien le truc de fou, lol) ou s'ils suivent ce nouveau venu.

Je me suis souvenue d'une question que tu m'avais posée, Ryannon, à la fin du chap 12 : « Cousines de Lord Voldemort » Pourquoi Voldemort dit que Sir Fréd s'est suicidé parce qu'il avait épousé une néréide ? En fait, il faut bien extrapoler cette réplique : Sir Frédéric s'est suicidé par peur de la colère de Voldemort. Et bcp d'éléments ont pu suscité cette colère : le fait de jouer double-jeu, le fait de le traiter de bâtard dans son dos, lol etc… Sans compter que Voldemort étant pour la pureté de la race des sorciers, épouser une non-humaine n'était pas très malin. (Imagine qu'un Mangemort ait épousé une moldue pendant qu'il croyait Voldemort HS, tu crois que ça lui aurait plu ? C'est vrai que Sir Fred était marié avant que Voldemort n'apparaisse en tant que tel, mais Fred était devenu paranoïaque) Si Voldemort parle seulement de cet aspect-là, c'est parce qu'il venait de voir les ailes de Néréis et qu'il y pensait encore… D'un autre côté en plus, Lord Voldemort aurait préféré que ses cousines soient de vraies sorcières pures souches, ça lui aurait permis de se faire sa petite cours versaillaise, lol…


Ps : à partir de maintenant, je mettrais des lignes horizontales pour séparer ce qui devrait être mes paragraphes. Enfin plus ou moins... Lorsqu'ils se suivent presque chronologiquempent, je ne mettrais peut-être rien. Bonne lecture !

18/ Glissement.

- Pov'Potter ! Lança Joyce en songeant que Harry était toujours puni, sans pour autant paraître très compatissante.

Elle se trouvait au Pré-au-lard et étreignait la main de Caïn dans la sienne. Elle se sentait particulièrement enjouée : la fête que Dumbledore voulait préparer pour amadouer Fudge approchait à grand pas. Tous les élèves étaient conviés : on danserait, on s'amuserait… Et cela lui permettrait d'oublier que Rogue lui en voulait à mort depuis que la maison Serpentard s'était retrouvé à - 1042 points… D'un autre côté, la colère du maître des potions était compensée par le regain « d'amitié » des gryffondors : il ne lui en voulait pas d'être une serpentarde dans l'âme maintenant qu'ils étaient sûrs de remporter la coupe des maisons… Caïn regarda une robe bleue pastel entourée d'un chandail blanc :

- Tu ne voudrais pas porter ça ? demanda-t-il, ça irait bien avec tes yeux…

Joyce rougit : elle se souvenait qu'en réalité, ses yeux n'étaient pas bleus. Quelle était alors leur couleur ? Elle ne parvenait pas à se le remémorer. « Quand le polynectar avancé prendra fin » se dit-elle, « je vais avoir une sacrée surprise… Snif… »

Ils passèrent devant les trois balais où Rogue buvait un café. Il avait rendez-vous avec…

- Severus, dit une voix veloutée.

- Assis-toi, Lucius, répondit Rogue en reposant sa tasse.

Malefoy senior s'installa avec un certain confort :

- Alors, souffla-t-il d'un ton qui se voulait amical, tout se passe bien ?

- Oui, aucun souci de mon côté.

Mais Lucius ne paraissait pas enchanté de cette réponse :

- Aucun souci ? J'ai entendu dire que tu t'amusais bien…

Rogue haussa un sourcil :

- Je résiste tous les jours à la tentation d'étrangler Potter, cela n'a rien de très réjouissant…

- Je te parle de cette « lady » Madurei.

Le professeur de potion ne se laissa pas décontenancer, il sourit narquoisement.

- Mon fils m'a dit, continua Malefoy, que vous étiez souvent ensembles, que tu l'aidais parfois dans ses cours…

- Ne m'en parle pas ! soupira Rogue. Effectivement, je l'ai toujours sur le dos, celle-là ! Elle est vraiment insupportable… Elle tente de m'amadouer, mais je sais très bien qu'elle se méfie de moi.

Rogue se pencha vers son « ami » et baissa le ton :

- Je ne comprends pas qu'il ait tant insisté pour qu'on la garde en vie…

- Moi aussi… fit Malefoy ravi.

Visiblement, Lucius avait bu les paroles de Rogue et semblait soulagé.

- Je suis rassuré, dit-il doucereusement, j'ai cru un moment que tu… Mais non ! Au diable ces soupçons…

Mission accomplie pour Rogue : « Mon coco » pensa-t-il, « ce n'est pas demain que tu perceras ma couverture… »

- Pourquoi nous as-tu rejoint ? siffla une voix trop connue aux oreilles du maître des potions, j'étais enfin seule avec Caïn !

Joyce était entrée dans le bar avec Korée. Elle avait laissé Caïn devant une presse de revue magique et était venue pour acheter trois bièraubeurres.

- Une fois que tu auras ta boisson, dit-elle à la lapine, tu t'en vas !

« Pourvu qu'elle ne me voit pas » songea Rogue avec force, « Dieu seul sait ce qu'elle pourrait encore inventer ! ».

- Tu sais Séverus, parlait Malefoy qui tournait le dos à Joyce, je pense que tu devrais essayer de gagner la confiance de cette femme… Et celle de la gamine aussi, il serait plus facile pour nous de…

Ses propos se perdaient dans des desseins machiavéliques. Rogue gardait un œil sur Joyce en espérant toujours qu'elle s'en aille.

- Je sens quelque chose ! S'exclama doucement Korée dont les oreilles s'étaient dressées.

- Quoi ? demanda Joyce accoudée au comptoir.

- Et ensuite, disait toujours Malefoy, nous blablabla, blablabla…

- La marque des tén… couina la fillette.

Joyce intriguée retraversa la pièce, et s'arrêta instinctivement derrière Lucius :

- Heu… Fit-elle sans avoir remarqué Rogue qui la fusillait du regard (mais elle se sentait quand même bizarrement mal à l'aise), on ferait mieux de sortir…

- Mais ça put le Mangemort ! Grogna Korée.

- Vraiment ? fit Joyce perplexe.

Au mot « Mangemort », Malefoy avait sursauté mais il ne se retourna pas : il n'avait pas envie de se faire remarquer.

- Est-ce que « qui je pense » est derrière moi ? demanda-t-il à Rogue en fronçant les sourcils.

Rogue acquiesça lentement. Mais Joyce venait de reconnaître la voix de Malefoy comment étant celle de l'un des Mangemorts de la plate-forme. Et en plus, elle avait enfin vu son professeur et comprit tout le danger de la situation.

Quelques clients s'étaient retournés vers elles. Pour meubler le silence, Joyce frappa fermement Korée sur le crâne :

- Il n'y pas de mages noirs ici, idiote ! Arrête de crier au loup pour rien ! Je vais chercher mes bières !

- Hé Happer !

Malefoy fils était entré avec ses deux gorilles.

- Bonjour « Sang Pur », dit Joyce, ton hémoglobine baigne-t-elle toujours dans la sainteté la plus totale ?

« C'est le bouquet ! » pensa Rogue.

- Père, dit Draco en apercevant son géniteur, c'est la fille dont je t'ai parlée.

Lucius dut bien se lever cette fois.

- Ho ! Fit Joyce en feignant une petite surprise, bonjour professeur Rogue. Je ne vous avais pas vu…

- Vous n'avez pas perdu votre sens de la répartie, miss Happer, si vous voulez provoquez un scandale, je…

- Laisse, Severus, annonça Malefoy, je m'occupe de cette demoiselle.

Il fit face à Joyce, la dominant largement. Elle levait la tête pour le regarder en ayant cette détestable impression d'être en position d'infériorité.

- Draco m'a déjà parlé de vous, dit-il dans un murmure velouté.

- Vous l'avez déjà dit, affirma Joyce en serrant les dents.

« Mon fils m'en a parlé. » : C'était les mots exacts qu'il avait employé pour s'adresser à Voldemort, Joyce n'oublierait jamais. Rogue, toujours assis, appuyait férocement sur le sol avec ses pieds : il résistait à l'envie de se lever et de la gifler de toutes ses forces.

- Ha bon ? Minauda innocemment Lucius, je ne me souviens pas de vous avoir déjà vu pourtant.

- Vous avez la mémoire courte, monsieur, c'est mauvais signe à votre âge.

- Fermez-la Happer ! Rugit Rogue. Jusqu'ici vous venez m'empoisonner ?!

- Laisse, Severus ! Répéta le Mangemort avec une pointe d'irritation.

- Je dois me tromper alors, reprit Joyce. Je dois vous confondre avec quelqu'un d'autre.

Draco se réjouissait d'assister à cet échange, surtout que son père semblait avoir l'avantage…

- Je suis prêt à pardonnez votre méprise, reprit Malefoy senior avec condescendance, si vous présentez humblement vos excuses…

Le regard de Joyce croisa celui de son professeur : elle baissa la tête par peur. Ses tempes battaient. Une sensation étrange s'empara d'elle, remontant même jusqu'à son cerveau : l'Ecarlate allait à nouveau se manifester !

- Je m'excuse, prononça Joyce malgré elle alors que ses yeux avaient perdu leur pupille, je me suis bien trompée, vous n'avez rien à voir avec le sang-de-bourbe…

Draco tiqua sans comprendre de quoi elleparlait. Rogue se leva brusquement, trop surpris pour dire un mot.

- Pardon ?! siffla Lucius.

- Le Sang-de-bourbe, cria soudainement la jeune fille tandis que Korée tremblait, TOm Jédusor !! Mais puisque vous n'avez rien à voir avec lui, ça ne vous fait rien, n'est-ce pas, que je l'insulte ? Vous vous en foutez ! Jédusor ! Jédusor ! Un nom de moldu pour un fils de moldu !

Peu de gens connaissait le vrai nom de Voldemort. Ainsi, les clients ruminèrent juste parce que les cris de Joyce les gênaient pour boire et discuter entre eux.

Mais Malefoy senior, le regard soudainement étincelant d'une étrange lueur, avait levé sa canne, et l'aurait probablement écrasée sur le crâne de Joyce si Rogue ne l'avait pas saisie à temps :

- Du calme, cria-t-il, tu serais certainement content de voir ta photo en première page demain matin : « Lucius Malefoy arrêté pour avoir brisé le crâne d'une tête de linotte. »

- Et les oiseaux ont la tête fragile, père, railla Draco.

Celui-ci poussa Joyce si fort qu'elle s'écroula sur le sol. Elle revint à elle : l'Ecarlate était partie.

- Joyce !

Soulagement pour celle-ci : Hermione, suivie de Weasley venait d'entrer. Ils se précipitèrent vers elle pour l'aider à se relever. Rogue les considéra avec mépris. Etrangement, la porte se referma seule : « Potter » se dit le maître des potions.

- Disparaissez de ma vue, grogna glacialement Malefoy senior.

Joyce, soutenue par Hermione et Ron, secoua sa tête endolorie. Elle ne savait pas exactement ce que l'Ecarlate lui avait fait dire, mais elle se doutait que ce n'était pas des marques de politesse.

- Je m'en vais, dit-elle, pas la peine de râler !

Elle avança brusquement mais heurta… rien… Elle s'était cognée dans le vide.

- Aïe ! Fit-elle.

« Bravo Potter, toujours aussi c… » Pensait Rogue. Mais il était trop furieux après Joyce pour s'attaquer à potter. Pourtant, il n'avait qu'à faire un mouvement, arracher la cape et… Mais non, Lucius ne devait pas savoir que Potter avait une cape comme celle-là. Quoique, il devait le savoir, Draco avait du lui raconter cet incident survenu lorsqu'il était en troisième année : alors qu'Harry portait sa fameuse cape, Draco avait aperçu sa tête (sortant alors momentanément de sa cachette invisible) qui flottait dans les airs….

Malefoy utilisa sa canne pour battre le vide d'un air soupçonneux, Harry eut juste le temps de se coucher à terre.

- Qu'est-ce qu'il vous prend ? Bouda Joyce, vous croyez qu'il y a un fantôme ?

- Joyce ! Caïn commence à s'impatienter.

Rogue retint une exclamation d'horreur (enfin, façon de parler…) : Madurei venait d'entrer. C'était un véritable défilé ! Et il resta béat devant sa tenue : elle portait un débardeur en cuir noir, ouvert en bas en dégradé, ce qui laissait voir son ventre. Un pantalon taille basse de même matière épousait parfaitement la forme de ses jambes. Elle avait rejoint sa chevelure au sommet de sa tête avec une barrette d'argent représentant un serpent. Ses cheveux retombaient de part et d'autre en filaments d'ébènes.

- Père, dit Draco avec enthousiasme, laisse-moi te présenter mon professeur de Défense Contre Les forces Du Mal : Mademoiselle Madurei.

- Mad… S'étonna son père.

Rei s'avança vers eux, ses cheveux dansants autour d'elle. Quelques hommes sifflèrent en observant son petit déhanchement.

- Tu ne m'avais pas dit… souffla Lucius en se tournant brièvement vers Rogue, tu ne m'avais pas dit…

- Quoi donc ? s'énerva Rogue.

- … Que c'était une bombe sexuelle !

Il avait bien sûr dit ça à voix basse pour ne pas être entendu de la jeune femme. Celle-ci s'arrêta juste devant Harry qui priait pour ne pas être piétiné.

- Je vois à ta tête, dit Rei à sa petite sœur, que l'on t'a fait des misères.

Et elle tourna deux yeux furieux sur Malefoy senior. Rogue se rembrunit : c'était presque le regard qu'elle lui avait lancé lors de son arrivée à Poudlard : la même haine s'y dessinait. Cependant il y avait cette fois-ci le dégoût en prime. Ce détail réconforta Rogue quelque part, il n'y avait pas jamais eu de répugnance à son égard dans les yeux de Rei…

- Je ne vous serre pas la main, dit-elle d'une voix dure et écartElée, il ne faudrait pas que mon sang « impur » salisse le votre, vous en crèveriez !

« Non ! » Hurla Rogue dans sa pensée, « elle ne va pas s'y mettre elle aussi !!! »

- C'est bien toute l'arrogance que j'attendais de votre part, avoua Malefoy dans un épouvantable rictus, les yeux en forme de fente, vous ne manquez pas d'impudence…

- Mademoiselle Madurei, chantonna Draco, vous êtes resplendissante aujourd'hui !

- Draco ! S'écria son père, tu ne vois pas que cette femme m'insulte ?

- Merci jeune homme, dit Rei d'un ton narquois et doux qui visait à exaspérer le père, mais dois-je comprendre que je ne le suis pas d'habitude ?

- Ho non ! Je veux seulement dire que chaque jour qui se fait, vous approchez de la perfection !

- Bon garçon ! Ricana Rei.

- Il suffit ! Gronda Malefoy senior, vous l'avez envoûté ou quoi ?!

- Arrête de regarder ma sœur comme ça, Draco, piailla Joyce, ou je te crève les yeux !

- Ne t'alarme pas Joyce, intervint Madurei, tu oublies que je n'ai pas le « sang pur »… Pas trop déçu, mon petit Draco ?

- Ho, fit celui-ci, je ne doute pas que votre sang a été mêlé avec celui d'une déesse !

- Comme il sait se rattraper, applaudit Rei d'une voix faussement chaleureuse, il fera des ravages dans les cœurs, celui-là !

Mais le visage de Madurei redevint brusquement grave, elle s'adressa à nouveau au père :

- Je vous conseille de ne plus jamais aborder ma sœur ou je vous le ferai regretter !

Et elle voulut rejoindre Joyce mais trébucha sur Harry. Elle parvint néanmoins à garder l'équilibre et examina le sol d'un air inquisiteur.

- Qu'est-ce… murmura-t-elle.

Nouveau réflexe meurtrier : elle affréta une jambe en arrière, montrant clairement qu'elle comptait donner un coup de pied de toutes ses forces.

- Stop !!! Hurlèrent Ron et Hermione à l'unisson.

Rei croisa les bras en prenant une profonde inspiration de colère. On entendit quelque chose ramper. Une chaise bougea toute seule, puis une autre. Le bruit de quelqu'un qui se relevait se fit entendre, puis ce furent des pas précipités. Enfin, la porte s'ouvra et claqua, toute seule.

Il s'ensuivit un silence pour le moins gêné. Hermione regardait le plafond, Ron ses pieds, à la recherche de l'inspiration.

- Bon, susurra Madurei, si on allait manger une glace ?

Ron et Hermione la suivirent avec joie. Joyce lui emboîta le pas, poussée par Korée.

- Je viens avec vous !! S'exclama Draco.

- Naaan, beugla Joyce, toi, tu dégages !!!

Et ils disparurent dehors dans un chaos de cris et de piaillements.

Lucius se rassit : son teint était aussi rouge que le sang qui battait dans ses tempes :

- Tu avais raison !! souffla-t-il furieusement à Rogue, cette femme est infecte ! Ha ! Je comprends ce qu'il a voulu dire en parlant de cet « orgueil qui affirme sa beauté… ». Et sa merdeuse de sœur m'a reconnue.

Rogue allait parler, mais il ne trouva rien à dire. Lucius, qui prit cela pour de l'inquiétude à son endroit, continua :

- Ne t'inquiète pas, Severus. C'est vrai que ça aurait été mieux que tu gagnes la confiance de « Happer » mais on ne peut pas tout avoir. De toute façon, cette fille ne fera rien contre moi, ni contre toi. Elle a des choses à se reprocher. Je ne t'en dis pas plus.

Il s'apprêta à s'en aller. Rogue tenta de le retenir mais Lucius préféra conclure :

- Néréis a une grande faiblesse… Et nous allons très prochainement l'exploiter. Il a un plan…


Rei, Joyce et Caïn s'étaient installés sur une petite estrade où on servait des glaces. Hermione et son ami rouquin étaenit partis, certainement pour retrouver Harry. Korée devait être chez Honey Dukes pour dérober quelques friandises. Quant à Malefoy, il était mystérieusement passé au travers d'une bouche d'égout. Seul indice : Joyce avait éclaté d'un gros rire diabolique juste après… Joyce et son ami avaient commandé une glace pour deux. Devant l'unique paille incrustée dans le dessert sacré, ils s'adonnaient à un petit jeu « gnangnan » :

- A toi l'honneur, chuchota une Joyce rougissante en penchant la paille vers Caïn.

- Non, fit celui-ci en la ramenant de son côté, à toi…

Madurei les regardait ainsi faire.

- Non, à toi….

- Mais non, voyons…

« Et bien » se dit Rei, « l'amouR peut rendre complètement débile… »

Tandis que Joyce rabattait une fois de plus la paille vers son bien-aimé en minaudant d'une voix fluette, une main brusque s'abattit sur la coupe de glace. Elle leur fut ravie, sous leurs yeux ébahis.

- Merci…

Rogue commença à boire sans leur prêter attention.

- REI ! Couina Joyce, y me pique ma glace !

- Elle a déjà commencé à fondre, se justifia Rogue.

Et il lui lança un regard si mauvais que Joyce n'osa plus se plaindre.

- J'aurais à vous parler de votre brillante prestation de tout à l'heure, murmura-t-il avec des accents menaçants. Mais pour le moment, dégagez !

Caïn lui prit la main et les deux adolescents s'en allèrent. Rogue prit place face à Madurei.

- Vous ne craignez pas qu'un de vos « amis » vous voient en ma compagnie, Rogue ? demanda Madurei en lisant un magazine.

- Lucius est parti, répondit Rogue, l'air furieux, et je ne commets aucun crime de trahison en discutant avec une collègue de travail.

Madurei paraissait anormalement absorbée par sa lecture :

- Je vois que Joyce a encore fait des siennes…

- … Quelle est la faiblesse de Néréis, Madurei ?

La jeune femme ne leva toujours pas les yeux, feignant l'indifférence la plus totale.

- Les faiblesses, vous voulez dire… Elle n'en manque pas…

- Lucius a laissé entendre que le Seigneur des ténèbres pourraient s'en servir… ARRETEZ DE LIRE !

Il lui arracha son magazine d'un geste brusque. Cette fois, Madurei fut bien obligée de le regarder :

- C'est très préoccupant en effet, siffla-t-elle en colère, mais je ne sais pas ce qu'il a voulu dire !

Rogue devinait qu'elle mentait.

- Dîtes-moi la vérité… Qu'est-ce que vous me cachez encore ?

Elle détourna ses prunelles vertes pour les poser au sol. Acculée contre un mur invisible de haine, elle n'avait pas d'autre choix que fuir : elle ne voulait pas que Rogue la perce à jour. Son visage cependant paraissait toujours aussi serein et passif, ce qui exaspéra le professeur de potion :

- Et puis merde ! S'exclama-t-il en donnant un coup sur la table, allez au diable !

Il se redressa d'un coup mais comme il voulait s'éloigner, Rei saisit promptement sa main. Un peu surpris, il se retourna pour l'observer : ses joues étaient pâles et ses lèvres tremblaient. Mais cet état de trouble ne dura qu'une seconde : Rei le lâcha et reporta son attention sur un oiseau qui se balançait sur l'écriteau face à elle.

- je la soupçonne de meurtre, murmura-t-elle faiblement.

Rogue fit un léger sursaut mais elle se ravisa aussitôt et eut honte d'avoir lâché ces mots :

- Faîtes comme si je n'avais rien dit, tenta-t-elle de se rattraper, cela ne vous concerne pas.

- Mad…

- NE VOUS EN MELEZ PAS ! C'est une histoire de FAMILLE…

Elle était toute retournée contre elle-même, mais c'était la faute de Rogue : il était parvenu à lui faire peur en se mettant en colère. Elle posa une main sur son cœur tandis qu'elle s'éloignait à grands pas du maître des potions : c'était la première fois qu'elle perdait son sang-froid de cette façon… « Non » râlait-elle in petto, « ce n'est pas la première fois… Rappelle-toi de la naïade… » Quand elle lui avait servi de bouclier : elle n'avait pu faire autrement. Lorsqu'elle avait aperçu Rogue coincé et cette naïade au-dessus de lui, son corps de lui-même s'était jeté au-devant lui. « Je savais qu'il ne fallait pas que je vienne à Poudlard… Je savais que ce type me ferait perdre complètement la tête, complètement ! »


Le lendemain, les préparatifs de la fête allèrent bon train. Et c'est dans une allégresse grandissante que tous les élèves sortirent de cours. Tous ? Non, une élève échappe encore et toujours à la règle en se faisant chopper par « l'envahisseur ». Joyce avait redouté ce moment toute la journée : Rogue allait l'entretenir sur l'incident survenu au pré-au-lard.

Alors qu'il venait de fermer la porte, la jeune fille prit les devants en faisant une moue catastrophée :

- Quoi que j'ai dis, ce n'était pas moi ! C'était l'Ecarlate…

- Silence !

Il la poussa sur une chaise où elle s'abattit lourdement.

- L'Ecarlate ! S'exclama Rogue, ce n'est pas une excuse ! Etes-vous donc si faible ? Fermez-lui votre espRit !

- Mais je ne peux pas !

- Vous ne voulez pas plutôt.

- Il y a un lien éternel entre nous : c'est ma jumelle… Nous sommes unies, quoi qu'il se passe. Mais vous n'avez certainement jamais ressenti une telle union.

Petit regard meurtrier en coin lancé à Joyce : elle se recroquevilla. « Est-ce que vraiment une gamine me parlant de lien éternel avec une telle candeur serait une meurtrière ? » songea-t-il en se remémorant l'accusation de Rei.

- Si l'Ecarlate peut vous manipuler avec une telle aisance, reprit Rogue, le Seigneur des ténèbres en fera de même…

- Jédusor ne pourra…

- Ha ! La FERME ! siffla-t-il.

Elle fit un petit bond de frayeur : qu'est-ce qui lui prenait ?

- Nous allons commencer par là, annonça-t-il d'un ton sévère, ne dîtes plus son vrai nom. N'employez même pas le surnom qu'il s'est donné. Dîtes : « Vous-Savez-Qui »…

- C'est lui faire trop d'honneur ! S'écria Joyce, le teint rougissant d'indignation, il mérite qu'on lui rappelle qui était son père : Jédusor !

- JE VOUS INTERDIS DE DIRE CE NOM !! Hurla-t-il.

Une lueur presque démente passa dans ses iris noirs :

- Visiblement, vous SOUS-ESTIMEZ le Seigneur des ténèbres ! Serait-ce votre faux qui vous rend si hardie ? Pauvre idiote ! Même avec cette arme, vous n'avez pas le quart de ses pouvoirs. Ne suivez pas l'exemple de cet imbécile de Potter ! NE PRONONCEZ PLUS SON NOM !

Elle en avait les larmes aux yeux, c'était terriblement injuste.

- Jé… souffla-t-elle.

Rogue se pencha sur elle, les yeux plus mauvais que jamais.

- Vous dîtes ? Dit-il lentement sur un ton de défi.

- J'ai compris, acheva Joyce.

Il esquissa un sourire de triomphe et revint au milieu de sa classe. Puis il commença à parler en lui tournant le dos comme s'il donnait des instructions de cours.

- Après-demain, quand le ministre de la magie viendra, vous avez intérêt à ne pas vous faire remarquer…

- Oui, professeur.

- … Et vous ne parlerez plus jamais du Seigneur des ténèbres, ni ne vous en préoccuperez…

- Oui, professeur.

- Contentez-vous de faire votre scolarité à Poudlard comme une gentille petite fille et ne me mettez plus jamais dans une situation aussi embarrassante devant un Mangemort…

- Oui, professeur.

- Et si l'Ecarlate vous contrôle à nouveau, où si n'importe qui d'autre venait à le faire : je veux être informé.

Comme la réponse de Joyce tardait, il lâcha d'une voix cinglante :

- Alors, Néréis ?!!!

- Oui, sir…

Elle serra les dents : étrange, ce lapsus… En fait, c'était son père qu'elle était contrainte d'appeler « sir » à l'époque : Sir Frédéric…

Rogue se tourna légèrement pour l'observer : elle semblait totalement déconfite, les joues rouges et les lèvres pincées comme si elle se retenait d'exploser.

- Vous pouvez disposer, lança-t-il négligemment comme si toutes les formalités avaient été réglées.

- Je dispose en effet… murmura-t-elle dans sa langue natale.

- Pardon ?! S'enquit-t-il avec suspicion.

- …Merci, professeur, au revoir.

Une fois dehors, elle arpenta les couloirs en quête de ses amis. Elle avait l'habitude d'être sermonnée par Rogue mais là… Il faut dire que dans la routine, ils s'opposaient souvent sur des sujets qui ne lui tenait pas à cœur. Comme Potter par exemple. Après le coup du vol, et du psychonaute, elle en avait bien ri, elle trouvait ça marrant. Mais Jédusor… C'était une autre affaire. Dire seulement Vous-Savez-Qui ? Elle avait l'impression que Rogue l'avait amputée. C'est quasiment prendre la défense de Jédusor que d'interdire de prononcer son nom !

Elle entendit un froissement d'étoffes. Dumbledore parvint à sa hauteur, des guirlandes flottaient tout autour de lui :

- Vous voulez bien dit-il dans un sourire, m'aider à les transporter ?

- Vous vous débrouillez très bien sans moi.

Elle savait que c'était un prétexte pour entamer une conversation, et elle n'aspirait qu'au silence pour le moment.

- Vous croyez ? Dit le directeur, perplexe, j'en ai pourtant deux ou trois à la traîne…

Effectivement, quelques guirlandes choyaient à ras du sol. Il fallait se rendre à l'évidence, quand Dumbledore veut taper la causette, il y arrive coûte que coûte.

- Wingardium leviosa, soupira Joyce.

Ils marchèrent côte à côTE.

- Vous avez parlé avec le professeur Rogue ? demanda le vieux sorcier.

- Parler ? s'exclama Joyce… Il gueule, j'écoute… C'est comme ça qu'on communique chez lui…

- Voyons…

- ça m'a rappelé quand j'ai échappé à… Vous-Savez-Qui… Il était aussi furieux, il m'a traitée d'imbécile, comme s'il aurait mieux agi que moi ce jour-là.

- Le professeur Rogue est peut-être sévère avec vous, mais c'est uniquement parce qu'il est inquiet…

- Mon père aussi était inquiet, mais ça n'a pas duré longtemps.

Dumbledore entrouvrit la bouche comme s'il venait d'avoir une révélation :

- Vous ne seriez pas en train de chercher à ressusciter votre père à travers Severus ? Vous n'y arriverez pas… Ne faîtes plus de telles comparaisons.

- Je ne compare rien du tout, s'emporta la jeune fille, mon père était un monstre. Rogue est juste un tantinet étouffant !

- Etouffant comme un père ? C'est bien ce que je pense, vous êtes… en crise d'adolescence contre Severus…

« C'est cela ! » Pensa-t-elle cyniquement, « dans ce cas, on a qu'à dire que la courte période où j'ai été jalouse de Rei c'était mon complexe d'Œdipe. » Mais elle se ravisa : en effet, c'était bien cela…


- Severus… Mon brave Severus… Décidemment, vous n'êtes pas doué avec les enfants…

Dumdledore s'était assis face à Rogue et nettoyait ses lunettes avec un brin de lassitude. « Mon brave ? » pensa ce dernier, « c'est bien la première fois qu'on utilise cet adjectif avec mon nom derrière ! »

- Que se passe-t-il, Mr le directeur ? Si c'est encore Potter ou Londubat, je suis payé pour faire cours à cette bande de zouave, et non pas pour les aimer…

- … Non, Severus, je vous parle de la petite Happer…

Le vieil homme remit lentement ses lunettes :

- Vous vous souvenez qu'après m'avoir raconté cet incident avec Mr Malefoy, vous m'avez déclaré que vous… l'inciteriez à être plus prudente. Je ne suis pas sur qu'elle ait vraiment saisi le message.

- … Elle est venue pleurer dans votre bureau ?

- Non, c'est moi qui suis allé lui parler, elle paraissait déprimée. Mais finalement, elle a fini par se mettre en colère et m'a respectueusement envoyé au diable.

- Je la fais appeler tout de suite !

- Non, Severus… Je ne sais pas comment vous vous y êtes pris mais elle semble terriblement déçue… Elle se sent lésée…

- Je lui ai seulement dit de ne plus se mêler des affaires des Mangemorts. Le Seigneur des ténèbres a l'intention de lui tendre un piège. Nous avons déjà assez à faire avec Potter qui nous file entre les doigts tous les ans pour finir dans une salle secrète, une cabane hurlante ou un cimetière, en compagnie d'individus toujours plus louches ! Happer ne va pas s'y mettre aussi !

Les deux hommes se dévisagèrent en silence.

- Severus, vous pensez vraiment que vos recommandations suffiront à la préserver de son cousin ? Néréis est inconsciemment obsédée par Voldemort. Comprenez bien : Son père a toujours été odieux avec elle, mais elle l'aimait. Même si à présent elle le traite de monstre, même si elle se rend compte à quel point il était mauvais, elle l'aime… Il est des victimes qui se passionnent pour leur bourreau.

- Mais le Seigneur des ténèbres…

- … est le bourreau de son bourreau. Trois cas de figure sont envisageables : la gratitude, l'idolâtrie ou la révolte…

Comme s'il se sentait subitement écrasé par ce qu'il venait dire, Dumbledore préféra se lever et commença à tourner doucement en rond :

- Ne le prenez pas mal Severus… mais il se peut que ce soit la marque des ténèbres qui a attiré Néréis dans un premier temps vers vous. Après tout, n'êtes-vous pas le Rouge-Gorge, le bourreau d'un jour ?

Rogue avait du mal à accepter ce qui venait d'être dit :

- On nage en plein délire ! s'exclama-t-il.

- Heu… Oui, excusez-moi, bredouilla Dumbledore, je me laisse peut-être trop porté par mon intuition…

Le vieil homme eut l'air exténué et s'arrêta là… De l'autre côté de la porte, Joyce, qui les avait écoutés en cachette, baissait la tête, le teint pâle et les lèvres pincées.

Les propos de Dumbledore fusèrent dans son esprit et elle grava chacune de ses paroles au fer blanc dans sa tête avant de décamper, les tempes bouillonnantes.


Le surlendemain, dans la soirée, le petit bal eut lieu comme prévu. Joyce était restée en compagnie de ses amis et de Caïn, bien entendu. Le petit groupe faisait un peu tapisserie. Joyce n'était pas du tout d'humeur à mettre de l'ambiance et les autres étaient trop intimidés pour danser. Harry observait Cho Chang avec désespoir. Ron évitait le regard d'Hermione en prétextant avoir mal aux pieds, Shun et Malicia scrutaient le plafond et commentaient les décorations.

- Tu n'as pas l'air bien, constata Caïn en observant sa compagne.

Joyce pencha la tête et la cala sur son épaule en serrant son bras.

Fudge, après avoir dansé avec le professeur Chourage, vint s'asseoir aux côtés du directeur. Il le félicita pour son initiative :

- Vraiment, Dumbledore, voilà une heureuse idée ! J'en ai plus qu'assez d'entendre parler de ces Ksris, des Mangemorts et de Vous-Savez-Qui.

Dumbledore se força à sourire : ça allait être plus dur que prévu.

De son côté, Rogue s'était retiré sur un balcon, afin de rester à l'écart de toute cette smala. L'air frais de la nuit naissante lui paraissait plus sain que cette convivialité malvenue. Comme s'ils n'avaient que ça à faire ! Danser ! Et Voldemort qui gagnait en puissance ! Si ça ne tenait qu'à lui, il saisirait Fudge à la gorge et le mettrait devant les faits : il est plus que temps de prendre des mesures énergiques. Mais cette résolution serait impropre pour un ancien Mangemort. Combien de personnes se méfiaient encore de lui ?

Il soupira en entendant les rires de deux tourtereaux qui se prélassaient quelques mètres en bas, sur le gazon. Cela lui rappelait qu'il n'avait même pas pris la peine de choisir une cavalière…

Rei non plus.

Elle le rejoint. Ses cheveux lisses longeant son dos, elle portait une robe de soirée classique et, comme à son habitude, noire. Elle s'appuya sur la rambarde, juste à côté de lui et constata, en voyant qu'il s'était revêtu des mêmes habits que d'accoutumée, qu'il portait à cette fête le même intérêt qu'elle.

- C'est mal parti pour Fudge, lui annonça-t-elle, Albus essaye de trouver le moment opportun pour lui donner « quelques conseils » mais notre cher ministre semble trop subjugué par la tenue en jupon de Chourave.

Rogue grommela pour toute réponse.

- Rogue… Continua-t-elle tandis que ses yeux se plissèrent, de quel droit interdisez-vous à ma sœur de prononcer le nom de Jédusor ?

Visiblement, Joyce s'était plaint…

- … Mon… dieu… Blasphéma-t-il lentement, même vous, vous ne comprenez pas ?

Il s'inclina doucement sur elle, sa voix ne devint qu'un murmure mystérieux et doucereux :

- Ne trouvez-vous pas Néréis trop jeune pour finir les bras en croix sous la marque des ténèbres ? Vous n'avez pas idée de ce dont il est capable… Vous ne le connaissez que par votre haine et sa renommée : vous n'avez jamais eu affaire à lui, ni à son regard de sang… Il ne se contenterait pas de votre mort physique, il vous détruira totalement, complètement…

- C'est ce qu'il a fait avec vous ? C'est pour ça que vous l'avez suivi ?

Il arrêta de respirer pendant une seconde, le temps de sentir sa marque le brûler. Non pas parce que Voldemort l'appelait, mais à cause de la honte qu'elle lui inspirait.

- Ça, ça ne vous concerne pas, répliqua-t-il froidement. Je ne me mêle pas de vos affaires de « famille », alors restez en dehors des miennes !

- Ça ne tient qu'à vous pour que cela devienne aussi mon problème, souffla-t-elle déterminée.

Surpris, il tourna la tête et scruta ses yeux pour apercevoir deux émeraudes incandescentes. Elle abaissa doucement ses cils comme un voile sacré et pudique, puis fit un pas léger pour s'approcher de lui, sa fine taille suivit son mouvement hésitant. Son visage se rapprochait de celui de Rogue. Comme poussé par un instinct soudain, il baissa la tête vers elle et… BAOUM ! Elle lui donna un coup de boule :

- Je vais prendre l'air ailleurs ! Râla-t-elle.

Il n'avait rien compris, mais qu'est-ce qu'il lui prenait ?! « Cette femme a le diable en elle ! » grogna-t-il en lui-même. Son humeur était aussi versatile que la sienne. Il suffisait d'un mot, d'un battement de cœur de travers pour POusser Madurei dans ses derniers retranchements.

- Bien joué ! Severus, s'exclama Sirius qui le rejoignait, un cocktail à la main, la seule fille potable de la soirée et tu la fais fuir !

Lupin arriva à son tour :

- Que s'est-il passé ? Elle avait l'air furieuse…

- C'est pour ça qu'on ne te sortait pas, James et moi, tu aurais fait fuir le gibier.

- Non mais quel culot ! Black ! S'exclama Rogue, je te conseille vivement de changer de ton avec moi ! Si tu veux voir Madurei, elle ne doit pas être loin, fous-moi la paix et va donc la retrouver !

« Non, non… » Pensait-il avec force, ce n'était pas du tout ce qu'il voulait. Il rentra dans la salle pour se débarrasser de Sirius et de Lupin mais ceux-ci, à son grand damne, le suivirent. L'Animagus, d'ailleurs, s'apprêtait à le prendre au mot et à retrouver Madurei quand une petite forme ronde et familière tournoya entre eux :

- Peeves ! S'écria Lupin, Dumbledore t'a formellement interdit de gâcher la soirée !

- Il m'a interdit, déclara solennellement l'esprit frappeur, de jeter ou de renverser quoi que ce soit. De toute façon, je n'en avais pas l'intention. C'est à un nouveau Peeves que vous vous adressez, anciens élèves de Poudlard.

- Explique-toi… Proposa Black sceptique.

- Finis les jets d'assiette ! Finies mes courses hystériques à travers le couloir ! Je fais dans le social à présent… J'ai nommé ça : la psychologie du pire…

Il ne manquait plus que ça ! Rogue chercha refuge dans un silence oppresseur, redoutant ce que pourrait dire Peeves. Seulement voilà, ce n'était pas lui la victime :

- Alors comme ça Sirius, se mit à hurler le fantôme, tu vas te taper Madurei ???

Un bruit étouffé résonna à l'autre bout de la salle alors plongée dans le calme que jeta cette annonce, des pas précipités le suivirent. Sirius, rougissant, n'eut pas le temps de réagir et reçut un violent coup de pied dans les tibias :

- Ne prétends pas t'emparer de ma sœur, glapit Joyce en brandissant ses poings, tu es trois fois plus vieux qu'elle !

- Rogue a le même âge, siffla l'esprit frappeur.

La jeune fille fit un geste craintif vers l'intéressé sertie d'une moue catastrophée :

- Vous êtes trois fois mieux conservé, ça compense.

Rogue leva les yeux au ciel. Mais il ramena aussitôt son attention sur la jeune fille, inspiré par une sensation étrange. Le temps de battre des paupières et le regard de Joyce avait changé : cela n'avait même pas duré un millième de seconde mais… Avait-il bien vu ? Dans les yeux de Joyce, il avait pu lire… de la haine.

- Peeves raconte n'importe quoi ! Geignit Sirius. Je ne suis pas aussi vulgaire !

- Ouaf ouaf ! Aboya Joyce au sens littéral du terme. Je te croyais du genre à lever la patte …

Rogue croisa les bras avec perplexité : la jeune fille était pourtant comme d'habitude, mais cette froide rancœur dans ses yeux, il ne l'avait pas rêvée !?

L'esprit frappeur éclata de rire, mais son esprit machiavélique reprenant le dessus, il continua :

- Vous connaissez le jeu de mot qu'a inventé Joyce sur sa grande sœur ?

- Quoi, quel jeu de mot ? S'étonna l'adolescente.

- « Rei est vierge mais ce n'est pas seulement son signe astrologique ! »

Joyce se transit d'horreur :

- Je ne l'ai dit qu'une ou deux fois !! Et c'était pour rire, même si c'est vrai !

C'en était trop… Sirius était plié de rire : une main sur le genoux, il tentait de se soutenir avec peine. Rogue monta encore d'un cran sur l'échelle de l'exaspération.

- Ne rigole pas, Black ! Hurla Joyce, c'est pas drôle !

- Madurei est… Ha ! Je ne le crois pas !

- Mais arrête ! Ce n'est pas sa faute ! Elle n'a jamais aimé personne…

- Bwahahahahahaha !

- Ferme-la !!

Sirius lui posa une main sur la tête et appuya fortement, Joyce agita ses bras comme un ventilateur :

- Que se passe-t-il, rase-mottes ? marmonna-t-il en ricanant toujours, t'as un problème ?

Rogue les regardait non sans quelques réserve… Joyce avait bien l'air « naturelle » mais quelque chose ne collait pas. Elle évitait son regard à présent avec un certain mépris mêlé à la crainte.

- Arrêtez de faire votre cinéma, Happer, dit Rogue, et retournez avec vos camarades.

- Oui, professeur, répondit-elle sans se retouRNer vers lui.

- La politesse exige que l'on regarde ses interlocuteurs, grogna-t-il.

Elle pivota vers lui mais garda la tête baissée de sorte que sa longue frange cache ses yeux.

- Je vais rejoindre mes amis, si cela ne vous dérange pas…

Elle fit volte-face et s'engouffra dans la foule.

- Tu fais même fuir la petite sœur, constata Sirius, t'es fâché avec toute la famille ?

- Ha, ha, ha, fit sobrement Lupin en fronçant les sourcils, ce n'est pas drôle, Sirius.


Rei était directement descendue dehors.

- Je t'en foutrais des « Restez en dehors de mes affaires… » maugréa-t-elle, comme si elle ne se souvenait plus qu'elle-même l'avait envoyé paître l'avant veille…

Et puis, n'importe qui aurait pu les voir sur ce balcon. Elle s'était laissée aller, elle avait voulu l'embrasser : il aurait pu avoir l'intelligence de la repousser !

Elle déambula parmi les arbres, longeant les allées buissonnées. Soudain, elle entendit des grognements encore plus furieux que les siens. Elle se dissimula dans l'obscurité d'un chêne.

- Je t'en foutrais des « t'es fâchée avec toute la famille ? » !

En reconnaissant Rogue, Rei sortit légèrement de l'ombre. La voyant à son tour, le professeur de potion s'approcha à grand pas :

- Vous voilà ! Je peux savoir ce qu'il vous a pris ?!

- … Je ne sais pas, répondit-elle, narquoise, je suis d'assez mauvaise humeur aujourd'hui…

Elle avait une épaule appuyée sur l'arbre. Ses yeux se promenèrent aux alentours : ils étaient seuls, personne ne pourrait les voir.

- Et bien bonne nuit ! lança-t-il méchamment.

- Attendez…

Elle se décolla du chêne.

- Je ne voulais pas vous vexer quand je vous ai demandé de rester en dehors de nos histoires de famille…

Rogue, considérant que nulle âme qui vive n'était à proximité, n'hésita pas à répondre ainsi :

- Quelle importance ? Je comprends bien qu'il serait détestable qu'un étranger, et surtout un ancien Mangemort, intercède dans vos affaires…

- Je n'ai jamais…

- C'est bien ce que vous m'avez reproché quand nous nous sommes rencontrés ?

- Ce n'est pas…

- L'avez-vous dit, oui ou non ?

Une certaine fureur se faisait sentir dans ses répliques. Le noir de ses yeux prit un reflet nocturne des plus vindicatifs.

- Je me suis déjà expliquée là dessus, soupira Rei… Je ne pensais pas réellement ce que je disais…

- Ha oui ? J'aimerai bien savoir ce que vous pensez réellement !

Il lui tourna royalement le dos pour s'en aller. Mais d'un coup, deux épaisses nuées blanches l'entourèrent, le figeant sur place. Deux nuées blanches, avec des plumes qui virevoltent, deux ailes blanches. L'extrémité d'une plume caressa son visage, traçant un cercle de tendresse sur l'une de ses joues. Il pivota lentement, les ailes le recouvraient entièrement, il ne pouvait même plus apercevoir ni la lune, ni les étoiles… Si, il y avait deux étoiles dans ce cocon blanc, deux étoiles vertes qui le fixaient et qui finirent par s'éteindre : Madurei avait fermé les yeux. Elle glissa ses bras sur ses épaules et avant qu'il ait pu réagir, ses lèvres avaient rejoint les siennes.

Cela ne dura qu'un instant : elle s'éloigna de lui, ramenant ses ailes avec elle.

- Voilà, murmura-t-elle, c'est ce que je pense de vous…

Elle ajouta en déployant ses ailes :

- Mais je n'attends pas de réponse…

Et elle s'envola brusquement. Rogue tendit une main pour la retenir mais il ne put saisir qu'une plume solitaire…

Sans doute cela aurait été un final parfait : une plume blanche qui virevolte, l'amant solitaire au pied du château, la damoiselle qui s'envole…

- Quel romantisme affligeant, murmura un mauvais dieu qui pensait tout haut.

Joyce était au sommet de la tour d'astronomie et avait délaissé momentanément ses amis. « Néréis est inconsciemment obsédée par Voldemort. »

Mais pour qui se prenaient-ils pour affirmer une telle chose ?

« Il est des victimes qui se passionnent pour leur bourreau. »

Elle paraissait si perturbée ?

Se passionner pour un bourreau… Se passionner pour un Rouge-Gorge ?

- Non, non, gémit Joyce en croisant les bras sur sa poitrine en regardant Rogue s'en aller. Un père ne bat pas ses enfants sans raison. Un père ne tue pas ses enfants sans raison. Je l'avais mérité ! Je l'avais certainement mérité. Sinon tout ça n'a plus aucun sens !

« Mais le Seigneur des ténèbres… est le bourreau de son bourreau. Trois cas de figure sont envisageables : la gratitude, l'idolâtrie ou la révolte… »

Il faut bien le reconnaître…

- Comprenez bien murmura-t-elle d'une voix d'outre-tombe comme si elle se décidait enfin à répondre dans le vide, que je ne suis qu'une enfant… Et une enfant, tant qu'elle ne se sera pas brûlée, continuera à courir après le feu. Je ne m'assagirai pas tant que le Seigneur des ténèbres lui-même ne m'aura pas conviée à sa marche funèbre. Et si je meurs en ayant recherché la mort : hé bien tant mieux ! Car l 'enfer attend les suicidés. Je pourrai enfin posé à mon père les seules questions qui me tiennent vraiment à cœur…

Et Néréis ne se doutait pas que, quelques parts, le Seigneur des Ténèbres avaient entendu sa lourde prière, et dans sa magnificence cet homme resplendissant décida de… l'exaucer…

Fin de la troisième section.


La semaine prochaine, la Section 4 commence....