Disclamer : Je me base sur le monde de Rowling.

Je ne publierai qu'une seule sous-partie cette semaine-ci. J'en explique les raisons dans le prologue.

Rewiew : Merci Ssteckyrs !!!! T'as déjà tout lu ? La vache ! lol

Angie : Oui, on n'attend plus que l'Ecarlate… J'espère qu'elle ne va pas vous décevoir… On verra vite qu'un drôle de lien l'unit à Néréis.

Lady Volderine : Kikooooo ! j'ai bien lu ta rewiew et j'ai pris des dispositions (cf Prologue). Tu peux toujours me rewiewer quand même, même si tu n'en es pas au dernier chapitre publié, ça me fait toujours très très très plaisir ! Bonne lecture !!! Ne te presse pas. Selon mes estimations, on en a jusqu'au mois d'Avril si je poste un chap par semaine… (Glups !)

Ryannon : mdrrrrr !!!

Pauvre Caïn ! C'est vrai que je l'affuble d'adjectif qui ne lui rendent pas hommage. Mais bon, comme j'ai bcp de persos qui ont le sang chaud. (Madurei qui s'énerve pour un rien, Joyce qui va nous péter sa crise (le chap 19, c que le prélude), l'Ecarlate qui…. Bah ! Je ne sais même plus ce qu'elle est celle-là, lol), j'ai voulu faire le gros contraste… Haem…

Ce n'est pas la maman néréide qui a choisi le prénom de sa fille, mais son père. Sir Frédéric a aussi choisi celui de ses autres filles. Pourquoi alors qu'il n'en avait cure ? C'est bien simple : pour lui, sa femme et ses filles n'étaient que des objets, et il est normal que le propriétaire d'un objet choisisse son nom et son utilisation.

Quant à Madurei « jalouse de ne pas avoir le role de la fille puissante qui resiste au mal et qui accomplit les exploit » (dixit Ryannon)… Ce n'est pas tellement ça, parce que Néréis ne sait pas résister au mal, et d'un. Et quant à ses exploits, c'est plutôt des catastrophes. Il faut se replacer dans le contexte. Si Madurei a réappris à aimer « Joyce Happer » dans le présent, en ce qui concerne ce flash-back, elle en est encore au stade de la haine. Madurei n'est pas jalouse, mais seulement pleine de mépris : elle ne jugeait pas Néréis digne d'une telle charge.

« Pour qui sont ces Serpents qui sifflent sur vos têtes ? » J'ai oublié de préciser la source : C'est bien Racine, Ryannon, mais ce n'est pas Bérénice… C'est dans Andromaque, parmi les derniers vers.

Allez ! Nous allons avoir un dernier Flash-Back qui nous montrera la scène avant que Madurei ne rejoignent Néréis et l'Ecarlate : c'est à dire la première rencontre de Néréis et de Caïn.

Dîtes-moi ce que vous pensez de cette Néréis que l'on voit….

Bon, fan-fiction m'empêche de mettre des lignes pour séparer mes paragraphes, alors je mettrais des """""" (lol, ma dernière trouvaille)

A/ Je ne sais pas qui est la vraie Néréis...

Cette fois, Rogue s'était réveillé brutalement. Après Madurei : Néréis ! Un rêve semblable au premier : une enfant se trouvait devant une tombe, et à la fin, elle révélait sa véritable identité. Il tenta de se remémorer en entier cet étrange discours… Alors, ainsi, Néréis ne ressemblerait pas du tout à sa jumelle en réalité et elle aurait pris son apparence. Il s'en doutait déjà, car il avait vu ses étranges cheveux bleus foncés lorsqu'il l'avait sauvé de l'Agamina… « Joyce Happer » avait-elle si honte de son vrai visage ? « Je tuerai l'Ecarlate… » Les mots résonnèrent sinistrement dans sa tête… Mais non ! Impossible, ce n'était qu'un rêve ! Son imagination devait le travailler. Il tira un trait sur cette réflexion et se rendormit.

Au même moment, d'autres personnes revivaient quelques cauchemars à travers leurs rêves. Des cauchemars provenant de souvenirs enfouis…

Il courait sous les voûtes sombres. Quelques éclats de lumières illuminaient tantôt sa tête lorsqu'il passait à proximité d'une meurtrière. La nuit règne, toujours, et l'orage la couvre d'un manteau éphémère.

Il courait, poussé par l'angoisse et la curiosité. C'était un jeune homme, il devait avoir quinze ans, mais sa vie lui avait parut infiniment longue. Et vide surtout : ni parents, ni famille, ni amis. Juste une voix… Une voix qu'il entendait depuis toujours au-dessus de lui, une voix descendant de la tour d'Ivoire et qu'il avait longtemps pris pour le chant mélancolique d'une muse.

Ses pieds le portèrent au travers d'un seuil, élancé qu'il était, il crut s'envoler mais il atterrit dans une cour circulaire. Aux extrémités, une rangée d'arbres touffus et incroyablement sombres rappelait les légendes moyenâgeuses de forêts mystérieuses. Au centre, une fontaine aux reflets violacés représentant Icare qui pointait le ciel avec son doigt. Dessus : une apparition.

Il retint son souffle : une femme, non une fille… Si, une femme… Une robe blanche et traînante la rendait terriblement voyante dans ce décor sombre. Elle se balançait avec nonchalance et grâce sur le bras de la statue. Le tissu découvrait ses jambes selon les aléas de son corps léger, comme pour lui offrir le caractère vaporeux d'une illumination céleste.

Le regard du garçon remonta, évita avec gêne la poitrine dont on devinait les rondeurs sous l'étoffe volage, et se plaqua tout contre son visage. Ses cheveux lui évoqua de façon frappante ceux de Lady Madurei : raide, souple, et flottant… Excepté qu'ils étaient noyés d'une couleur azur, un bleu sombre comme celui d'un ciel d'été, sans étoile, mais qui semblait cristallisé sous les reflets de la lune. Et elle portait un masque : un de ces masques de carnaval qui ne cache que les yeux. Pointu aux extrémités qui s'étendaient au-delà de sa chevelure, il soutenait, incrustées là où aurait du apparaître les yeux, un milliers de petites pierres rouge-sangs. Le reste de la monture était d'un blanc immaculé. Autant dire qu'il conférait à l'apparition un aspect diabolique tandis que ses cheveux dansaient sous le vent comme des serpents.

- Q-Qui êtes vous ? Demanda notre jeune homme.

La créature se mit debout et posa un pied sur le doigt de la statue :

- Tiens donc, c'est bien la première fois que l'on me demande « qui » je suis et non pas « ce que » je suis !

Il tressaillit en entendant sa voix : c'était bien la voix qu'il entendait depuis toujours ! Elle souleva sa chevelure d'une main provocatrice.

- Qui suis-je ? Réfléchis donc ! Je suis belle, ô mortel ! Comme un rêve de pierre !

C'était un vers de Baudelaire qu'elle avait récité de mémoire, elle s'esclaffa de rire : elle ne le prenait pas au sérieux. Jamais elle ne s'était trouvée belle. Elle proposa donc une autre définition plus proche de ce qu'elle pensait en gardant un accent hautain :

- Je file dans la nuit comme un fantôme blanc, je promène deux mains fratricides au bout de mes bras et j'étrangle les oiseaux au clair de lune parce qu'ils me dérangent : Je suis Néréis, bien sûr !

Elle poussa un râle de nostalgie.

- Et toi, jeune imprudent, qui es-tu ?

Le jeune homme fixa les joyaux rouges avec hébétude.

- Je… je me nomme Caïn…

- Caïn ? S'écria-t-elle en gesticulant, le nom du premier assassin de l'histoire de l'humanité ? Sois le bienvenue ! Enfant indigne ! Sois le bienvenu, il n'y a que des parias ici !

A force de s'agiter, elle finit par vaciller et elle chuta en avant. Caïn eut juste le temps de la rattraper. Comme elle était légère, comme un tas de plumes revêches ! Néréis parut troublée d'abord mais d'un coup elle le repoussa férocement : il trébucha et sombra dans la fontaine. Comme il s'était relevé, il s'essuya les yeux que les éclaboussures d'eau avaient embué : Néréis paraissait étrange, elle suffoquait en râlant d'une voix rauque :

- Ses serviteurs sont déjà auprès de lui !! Ses serviteurs ! Jédusor !

Des échos féminins arpentèrent les couloirs : ils transportaient dans l'air nocturne le nom de « Néréis », il emplit bientôt la cour entière :

- On vient, cria Néréis, cache-toi !

Caïn contourna la statue et se tapit dans l'ombre. L'Ecarlate fit son entrée, trempée de sueur :

- Madurei… Haleta-t-elle, Madurei est là… C'est elle qui t'a libérée ?

Néréis s'était agenouillée et griffait le sol de ses ongles acérés.

- Croirai-je qu'un mortel avant sa dernière heure… peut pénétrer des morts la profonde demeure ?

Cette fois-ci, c'était deux vers de Racine qu'elle avait lâché. Sa voix semblait toujours aussi enrouée, la jeune fille au masque de sang exhalait des sons toujours plus rauques.

- Qui, Néréis ? demanda l'Ecarlate à bout de souffle, qui ?

- Jédusor ! Il était si proche de mourir ! Lui seul a vu les bords sombres de la mort d'aussi près, lui seul a su en revenir ! Est-il vraiment IMMORTEL ?!!!

Elle avait poussé un mugissement tellement grave. L'Ecarlate tremblotait sur ses jambes faiblissantes.

Mais Néréis parut se calmer. Sa respiration se fit moins haletante, et sa voix devint un murmure flottant :

- Celui qui étudie les monstres doit prendre garde à ne pas en devenir un, car… lorsque tu regardes au fond de l'abîme…

Elle tourna la tête vers sa jumelle, les pierres lui servant de regard étincelèrent d'un éclat toujours plus sanguin :

- … l'abîme aussi regarde en toi…

Le frisson de l'Ecarlate vint se nicher jusque dans ses yeux bleus, la jeune fille accourut vers sa sœur en bredouillant :

- Assez philosophé… Tu parles de Jédusor ? L'abîme, c'est lui ? Quitte ce masque ! Grande sœur ! C'était une mauvaise idée, tu ne dois plus essayer de t'introduire dans l'esprit de l'Homme aux Yeux Rouges… Retire ce masque ! Arrête de l'imiter !

- … Trop …tard… Siffla Néréis entre ses dents serrées.

Néréis se releva d'un geste brusque en levant le bras d'une façon magistrale :

- Trop tard ! Rien n'échappe à Jédusor ! Je suis contaminée !

- Songe, s'alarmait l'Ecarlate, songe à…

L'Ecarlate perdait confiance : le jeu allait-il s'arrêter ? (Autant préciser tout de suite que lorsqu'elle parle de « jeu », l'Ecarlate entend par là, dans son esprit dérangé, la « vie ».) Aussi, elle fut forcée… Ha ! Elle se maudissait déjà ! Elle préférerait avaler sa propre langue ! Elle fut forcée de dire :

- Pense au Rouge-Gorge !

Néréis pâlit, ce qui releva la rougeur de son masque :

- Le… Rouge-Gorge.

Elle éleva le ton :

- Ne sois pas ridicule : cet homme n'avait rien d'un oiseau…Moi, j'étrangle les oiseaux !

- C'est faux, cria l'Ecarlate, tu aimes les oiseaux !

- Non ! Néréis est mauvaise, elle les étrangle !

- Non, elle les adore ! Elle les enterre avec amour !

Finalement à cours de réponse sensée, Néréis rugit comme un animal malade.

- ROGUE !! Hurla-t-elle, Tu peux l'appeler par son nom : SEVERUS ROGUE !! Dois-je vraiment croire ce qu'en disait Salana ?! cet homme a-t-il fini par trahir Jédusor !?

L'Ecarlate s'éloigna, les yeux écarquillés, éblouies par cette folie qui s'emparait de sa jumelle.

- S-Si… bafouilla-t-elle D'après ce que j'ai entendu dire par des messagers, il serait à P-Poudlard…

Néréis cria de plus belle :

- Comment pourrais-je croire qu'un homme puisse descendre dans l'abîme et en revenir ! Comment a-t-il pu affronter le regard de Jédusor et en sortir indemne alors que moi, rien qu'en sentant son aura, je deviens FOLLE !???

L'Ecarlate réprima une envie de vomir à la pensée de ce qu'elle allait dire :

- Et bien si, il a réussi…

Néréis tomba à genoux, désemparée :

- L'on peut donc en revenir…

- Oui, grande sœur, chuchota l'Ecarlate en retenant ses larmes, tu peux y arriver… je t'en prie, quitte ce masque…

- QUITTE CE MASQUE ! Hurla une autre voix.

L'Ecarlate fit volte-face, Madurei se tenait derrière elle, apparemment furieuse.

Joyce ne se sentait pas bien… Ses nuits étaient de plus en plus agitées. Elle commençait à se souvenir : elle avait décidé volontairement de perdre la mémoire, elle portait un masque pour imiter Jédusor, elle avait rencontré Caïn le jour de sa renaissance.

Caïn !

Elle se retourna, il la suivait placidement à travers les couloirs : il paraissait lui aussi très fatigué.

- Mauvais rêves ? Demanda Joyce.

- Non, fit-il, rêve tout court…

Il avait revécu sa première rencontre avec elle, et ce ne pouvait être un si mauvais souvenir.

- Toujours fâchée avec le professeur Rogue ? murmura-t-il pour lancer une conversation.

- Fâchée ? Soupira Joyce : j'ai honte plutôt, honte de moi… Comment veux-tu que je le regarde après ce que je lui ai dis ?

- Demande-lui pardon.

Les yeux de Joyce irradièrent de colère :

- Non ! Pas tant que lui il ne se sera pas excusé de ce qu'il a dit : « je ne vais pas me coltiner les cousines… » Comment a-t-il pu dire ça ? Et comment a-t-il pu remballer Rei, hier ?

- Hier ?

- …

Joyce lui raconta brièvement ce qu'il s'était passé. Mais le jeune homme se montra un tantinet choqué :

- Tu espionnais ta sœur ?

- Non ! répliqua Joyce en écarquillant les yeux, je ne voulais pas ! Je suis tombée sur eux par hasard… En fait, je cherchais…

Elle cherchait la Présence qui hantait l'école : cette Présence qui la forçait à se remémorer ses plus pénibles souvenirs.

- Caïn, murmura Joyce.

Sa voix était devenue chevrotante, elle hésitait grandement :

- Est-ce que par hasard… On ne se serait pas connu… avant ? Avant Poudlard ?

- Si… Répondit-il en baissant les yeux.

Il fit un soubresaut de surprise, Joyce l'avait agrippé au bras :

- Et… T-tu as vu à quoi je ressemblais ?

Il sembla enfin se réveiller sans toutefois vouloir répondre.

- Je t'en prie, Caïn ! Je veux savoir… Quel genre de personne étais-je ?

En cherchant à se débarrasser de son étreinte, Caïn chuchota d'un ton lugubre :

- Pourquoi ces questions ? Pourquoi maintenant ?

Parce que c'était le bon moment ! Justement ! Tout lui revenait en mémoire : elle se devait de comprendre !

- Caïn, je t'en supplie !

Ses mains se refermèrent férocement sur l'avant-bras de son ami, Caïn sentit sa chair s'enflammer de douleur sous la force pressante.

- Caïn ! Continua Joyce, paraissant de plus en plus malade, je me vois danser avec un masque aux yeux rouges ! Dis-moi, dis-moi, je t'en supplie : je n'ai jamais voulu rejoindre les Mangemorts ? Je n'ai jamais voulu rejoindre Voldemort, hein ? Dis !

- … Non, tu te moquais de lui, finit-il par lâcher à cause de la souffrance, c'est tout ce que tu faisais… Tu le provoquais. Aussi loin que je me souvienne tu l'as toujours méprisé.

Joyce le lâcha enfin, visiblement soulagée. Il massa doucement son bras endolori.

- Pardonne-moi Caïn ! Souffla-t-elle en le voyant toujours silencieux.

- … Tout est pardonné…

Il s'apprêtait à rejoindre sa classe mais l'adolescente en quête d'identité l'interrompit :

- Encore une fois : à quoi je ressemble en réalité ?

Pour la première fois, elle aperçut une nuée obscure dans les yeux de Caïn. Les lèvres du garçon se desserrèrent et laissèrent échapper ces quelques mots :

- A un voile de Saphir entourant une Emeraude et une Améthyste incandescentes…

- Vous m'avez faite appeler, Albus ? S'enquit Madurei en pénétrant dans le bureau du directeur.

- Oui, lady, asseyez-vous…

Sévy junior dormait sur le perchoir de Fumsec (Le phénix étant absent, il avait toute la place pour lui tout seul). Rogue était là. Rei ne perdit pas contenance, elle prit place sur un siège en balançant ses cheveux d'un geste sec.

- Avez-vous… parlé avec Néréis comme vous le souhaitiez ?

- Non, je n'en ai pas eu l'occasion : elle m'a consciencieusement évitée. Selon Korée : elle ne confit même plus à elle, ni à Malicia Clint ou Shun Deedo. Pas même à la bande du petit Potter.

Rictus de Rogue.

- Il se peut qu'elle parle à Caïn, mais ce garçon sera muet comme une tombe, même si c'est moi qui l'interroge : pour lui, c'est Néréis avant toute chose.

Albus tripota la plume avec laquelle il écrivait :

- Je préférais attendre que Severus se soit calmé avant de reprendre cette conversation. La dernière fois à l'infirmerie, nous avions tous les nerfs à fleur de pot…

- Mais je ne sais pas comment réagir avec elle, Albus, rétorqua Rei, nous aurons beau discuté à tête reposée, cela ne changera rien. Cette fille est presque une étrangère pour moi. Avant ma condamn…

Elle s'interrompit : ce mot ne devait pas lui échapper…

- Avant mon départ, reprit-elle, c'était une enfant geignarde et craintive. Quand je l'ai libérée, elle était devenue une… bête aigrie par des années d'emprisonnement, un animal prêt à mordre et fallacieux de surcroît, une créature dangereuse et séductrice (il n'y a qu'à voir l'effet qu'elle a eu sur Caïn…) Et ensuite, elle a tenu elle-même à boire une potion d'oubli, pour devenir soi-disant « une fille normale » : elle s'est transformée en cette adolescente maladroite que nous connaissons tous mieux sous le nom de Joyce Happer. Je ne sais pas qui est la vrai Néréis : est-ce l'enfant qui pleure, la bête qui mord ou l'adolescente qui enchaîne maladresse sur maladresse ? Je n'en sais rien.

Dumbledore considéra Rogue avec lassitude. Celui-ci aussi semblait exténué.

- Alors, grogna le maître des potions, vous n'êtes même pas fichue de comprendre votre propre sœur ?

- Facile à dire quand on est fils unique.

- Ne détournez pas la conversation ! Continua Rogue, et puis qu'est-ce que cette histoire de condamnation ?

« Le moindre lapsus et il bondit dessus comme un chien enragé ! » Râla la jeune femme. Elle pesa chacun de ses mots. Elle ne voulait pas se confier, mais elle ressentait qu'elle leur devait au moins quelques explications, elle maquilla donc juste un peu la vérité :

- Disons que lorsque Jédusor a été terrassé par le petit Potter, prise par un élan d'enthousiasme, j'ai brisé l'effigie de la marque des ténèbres qui se trouvait dans notre grande salle. Mon paternel n'ayant pas apprécié, j'ai malencontreusement reçu un coup de hache de sa part. L'instant d'après, ma tête était mise à prix à travers tout le pays.

Elle s'étonna de l'air troublé que prit le visage de Rogue. Elle ne savait qu'il venait de réaliser que son rêve était donc vrai… La jeune Madurei qu'il avait aperçue dans ce cimetière avait dit la vérité…

- Elan d'enthousiasme ? Murmura-t-il doucement, ne serait-ce pas plutôt parce que vous portiez le deuil de votre jumelle ?

La figure de Rei se décomposa :

- Qui vous l'a dit, siffla-t-elle blessée à mort, Néréis ?

Il préféra garder le silence : il n'avait jamais vu Madurei avec une telle hargne dans les yeux. Elle n'était pas simplement furieuse : la détresse et le courroux se mélangeait en elle pour donner naissance à la haine la plus vile.

- Hé bien, Severus ? S'étonna Dumbledore, vous aussi vous nous faîtes des cachotteries ?

Mais Madurei se releva précipitamment. Comprenant qui elle s'en allait ainsi quérir, Rogue l'interpella une dernière fois :

- Néréis ne m'a jamais parlé de ça.

- Mais oui, bien sur ! Cria Rei exaspérée, vous l'avez sans doute rêvé !? Ne me prenez pas pour une imbécile !

Rogue ne dit rien à Dumbledore, il ne savait pas comment expliquer ses deux étranges rêves et ne souhaitait pas disserter là-dessus. Il pensa un instant que c'était peut-être Néréis elle-même qui lui avait envoyé ces visions pendant qu'il dormait mais comme elle avait été le sujet du second rêve, il réfuta finalement cette hypothèse. Il opta alors pour l'Ecarlate… Mais cela restait étrange tout de même : chacune des deux protagonistes avait confié dans leur rêve respectif des détails très personnels de leur vie. L'Ecarlate ne lui aurait pas permis de voir tout cela, pourquoi l'aurait-elle fait ? A ce que Rogue voyait, la plus jeune fille de Sir Frédéric le haïssait : jamais elle ne se mettrait en contact avec lui.

Sur les coups de 11 heures, alors qu'il n'avait pas de cours à donner, les deux acolytes de Malefoy vinrent le trouver avec empressement : leur petit maître avait été renversé par un centaure furieux et « agonisait » à l'infirmerie (Enfin, il devait se tordre de douleur en brandissant une égratignure : on a vu mieux comme martyr)… Rogue se précipita dehors, de forte mauvaise humeur : que venait faire un centaure à Poudlard et surtout comment osait-il attaquer un élève ?

Il ne chercha pas longtemps : A peine dehors, le quadrupède surgit devant lui comme un taureau furieux et se cabra en rugissant. Ses lèvres écumaient de rage, ses prunelles tourbillonnaient dans ses yeux fous. Sur son dos, il y avait une jeune fille :

- Happer ! gronda Rogue en pensant la reconnaître.

Mais non… Elle lui ressemblait mais… elle était différente. D'abord sa tenue le frappa : veste de cuir noir avec une énorme étoile satanique peinte dessus en rouge-sang, une robe coupée à moitié dans le sens vertical, laissant voir un pantalon trop grand pour sa taille. Sa chevelure semblait un peu plus longue que celle de Joyce et était ramenée au sommet de son crâne en un petit bananier de cheveux châtains.

Le centaure fit des soubresauts de plus en plus violents mais la gamine tenait bon. Rogue s'aperçut alors que la créature était soumise à l'Imperium. Il avait déjà sorti sa baguette depuis un moment et la pointait sur la cavalière et sa monture. La jeune fille fixa ses yeux exempts de pupilles sur lui :

- Va me chercher Dumbledore, Rouge-Gorge ! J'accepte son invitation !

- Sur un autre ton ! Grogna Rogue sans baisser sa garde, descendez de là !

Mais le centaure s'affaissa lui-même, ivre mort de fatigue. En un petit bond, la jeune fille se propulsa sur le sol, à deux mètres de Rogue :

- J'accepte l'invitation, répéta-t-elle, où est ma Néréis ?

Elle était juste derrière eux. L'Ecarlate rougit de plaisir en l'apercevant. Mais Joyce Happer paraissait bien incommodée : la terreur se lisait sur son visage, puis elle s'étiola dans une amère exécration.

Joyce se précipita alors sur sa jumelle, ou plutôt sur son avant-bras.

- Quoi ? fit l'Ecarlate avec un sourire perfide, tu veux voir si j'ai la Marque des ténèbres ? Non, grande sœur…

Elle dévoila un bras blanc et immaculé :

- …Je ne suis pas marquée. Contrairement à certains

- J'ai l'habitude de ce genre de réflexions, déclara Rogue sans se laisser intimider, tu ne me manipuleras pas.

En les observant l'une et l'autre, il fut quand même saisi d'une grave appréhension : « Je suis remplie de haine… Je tuerai l'Ecarlate ! » C'est ce que Néréis ressentait tout au fond de son cœur.